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14 Mai 2015

Toujours les mêmes maisons, les mêmes bâtiments. Magnolia n'avait pas changé d'un pouce depuis son départ. Il avait débarqué il y a peu dans cette ville, remplie de souvenirs aussi joyeux que douloureux. Jay n'avait pas encore été voir ses amis, il doutait de toute façon que ce statut soit encore d'actualité après ce qu'il avait fait à Savannah. Le remord le rongeait, mais il n'avait pas eu d'autres choix que d'avancer avec ce nouveau poids sur ses épaules.

Il n'avait bien sur pas pu résister à l'envie de savoir ce qu'était devenue son ancienne maison, celle qu'il avait partagé avec les trois mecs de sa vie. Au loin, il avait guetté, juste pour les apercevoir quelques secondes. Noah, Adam étaient toujours là mais aucune trace de Shawn. Il avait fini par comprendre que Alix et Cinzia avaient rejoint les deux autres.
Pour l'instant Jay était sans un sou, avec seulement sa valise de quelques affaires. Pas de quoi s'offrir le luxe d'aller chez le coiffeur. Il était resté quelques heures dans la réserve du bar, merci au propriétaire de ne pas avoir changé le verrou de la porte de derrière, loin, au calme. Il avait pas vraiment envie d'être reconnue ou même devoir parler à des connaissances. Même les inconnues s'en prenait à lui. Alors qu'il allait demander à une jeune femme si elle savait où habitait Shawn Crawford, celle-ci l'avait agressé avec son sac à main.
Bon d'accord, son physique était loin d'être accueillant. Ce n'était pas son reflet dans l'eau bénite de l'église qui allait lui dire le contraire. Son temps il le passait aussi là bas. Jay n'était pas vraiment croyant mais il savait que cet endroit était le paradis pour les âmes perdues. Et puis l'ancien chanteur n'allait pas cracher sur de la nourriture gratuite généreusement offerte par les habitants de Magnolia.
D'ailleurs aujourd'hui c'était le jour J, et avec quelques camarades défavorisés il attendait la nourriture, sagement.

Il l'a vit alors arriver, cette jeune femme au sac à main, avec un panier dont émanait une délicieuse odeur de muffins. Il voulut se cacher, et ne trouva rien d'autre que d'enfoncer sa casquette sur son crâne, ses longs cheveux étant noué en un chignon pour avoir moins chaud. Il espérait que la visière lui permettrait de ne pas être reconnue, et que la jeune femme lui donnerait des muffins.

Jay & Liv'

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Si il y avait bien une chose dont Olivia n'avait jamais manqué, c'était de bonté. Que se soit pour les démunies, les malades, ses clients ou son entourage, elle prenait toujours le temps d'aider du mieux qu'elle pouvait toutes personnes ayant besoin. En dépit de son altruisme sans limite, Liv' avait malheureusement tendance à tirer des conclusions trop hâtives sur les gens. C'est ainsi qu'elle avait "agressé", à l'aide de son sac-à-main, un homme d'une trentaine d'année environ (dont l’hygiène laissait à désirable) car elle l'avait pris pour un cambrioleur. Ian ayant entendu du bruit devant la maison était sorti et avait attrapé la rousse hystérique par le bras afin de la faire rentrer à la maison.

Aujourd'hui était un jeudi ordinaire. Comme tous les jeudis soirs depuis son arrivée à Magnolia Cresent, Liv' se rendait à l'église. Mais pour une fois, ce n'était pas pour prier. L'église avait instauré depuis peu les "Jeudis pour les défavorisés". Une soirée qui, comme  son nom l'indiquait, était réservée aux personnes démunies qui n'avaient pas de quoi se payer eux-même leur nourriture. Si tous les paroissiens avaient été priés de faire un don, seuls quelques fidèles avaient été conviés à la distribution de la nourriture. Alors quand le prêtre Donovan avait demandé à Olivia son aide, la petite nouvelle du quartier avait été certes très surprise, mais surtout particulièrement touchée.
Elle entrait donc dans la demeure de Dieu, habillée d'une tenue simple. Elle rejoignit les autres paroissiens, enfila un tablier et une petite toque et prépara les tables. Chaque détail devait être soigné : Aucun plis sur la nappe, aucune trace de doigts sur les verres, aucune tâche sur les couverts n'était tolérés ! Ces personnes étaient peut-être pauvres, mais elles méritaient un minimum de respect.

Une heure plus tard, les premiers arrivants commençaient à faire la queue. La jeune rousse châtain leur servait avec un grand sourire leur dîner lorsqu'un homme aux allures familières entra dans l'église. Le cambrioleur. se souvint-elle. Elle fut alors emparée d'un sentiment de crainte, mélangé à la surprise de revoir cet inconnu qu'elle avait si violemment attaqué avec son sac à main.
Sa louche en tomba par terre, répandant de la soupe partout, en particulier sur les vêtements du "voleur"...

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14 Mai 2015

L'opération camouflage n'avait apparemment pas fonctionné. A moins que la jeune femme soit maladroite naturellement ou surprise de voir autant de personne. Non, vu la tête qu'elle affichait c'était plus de retrouver son "bourreau" ici. C'était quand même bien la veine de Jay de retomber sur elle. En plus le bas de son jean était à présent fichu, déjà qu'il avait dix milles vêtements si en plus maintenant les autres les tâchaient. Normalement il se serait mit en colère, parce que après ça aurait été Shawn qui l'aurait disputé mais pas aujourd'hui.
En cette nouvelle ère l'ancien psychopathe se contenta de se baisser pour ramasser la louche qui était tombé avant de la tendre gentiment.

- Faites attention, ça serait dommage de gaspiller...

Conseilla t-il avec un petit sourire qui se voulait rassurant sur ses bonnes intentions. Au final n'en ressortait que fatigue et un vide de sentiment. C'était tout simplement un sourire faux qui ornait son visage malgré sa bonne volonté de vouloir bien faire les choses.
Jay attrapa un bol et le tendit à son interlocutrice pour qu'elle le remplisse. En espérant que cette fois ci elle ne fasse rien tombé.
Son regard louchait aussi dangereusement sur le panier qui sentait bon les muffins. Si elle avait été un animal, il aurait eu les babines pleines de baves. Mais là ce fut juste son estomac qui gronda, lui rappelant que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé de bonnes pâtisseries.

Jay & Liv'

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Olivia n'étais pas du genre peureuse. Mais lorsqu'elle avait revu cet homme aux allures effrayantes, elle avait été tétanisée. Après tout, elle s'était trompée sur son compte, mais rien n'effaçait ce qu'elle avait fait... Elle avait bien compris, grâce aux explications d'Alana et de Summer, que cet personne n'étais pas un délinquant mais bien un simple voisin sortant de l'hôpital.

-Je-Je suis sincèrement désolée, monsieur.

Bégaya-t-elle en nettoyant difficilement les dégâts de la soupe. Elle retira le panier de muffin lorsqu'elle vit l'homme fortement loucher dessus et se força à sourire à l'homme puis repris sa louche. Au fond, c'était elle la coupable et elle ne devait pas encore le faire payer pour un mauvais jugement.
En parlant de jugement, elle ne pouvait s'empêcher de se trouver ridicule pour avoir jugé une personne en fonction de préjugés stupides mis au point par des vieillards arriérés morts depuis des siècles et suivis aveuglement par la société, qui ne savait même plus pourquoi elle pensait tout cela.

-Merci...

L'homme partit s'installer à une table et elle reprit sa distribution de soupe. Une heure plus tard, tous les défavorisés avaient été servis. Elle enleva son tablier et sa mini-toque puis s'assis, épuisée. Elle observait de loin l'homme aux cheveux longs. Ces cernes creusés, ces yeux vides, cette barbe délaissée et cette bouche triste. Il ne semblait pas aller bien. Et Liv' n'avait rien fait pour aider ce malheureux.
Elle le rejoignit doucement, son panier de muffins à l'odeur alléchante en main.

-Je peux m’asseoir avec vous ?

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14 Mai 2015

Il essayait d'être rassurant mais visiblement ce n'était pas encore ça. La jeune femme était tétanisé, il avait vraiment le gros rôle du méchant. C'était quand même moche de juger au physique. Jay préféra donc couper court au traumatisme de son interlocutrice et partie s'asseoir avec son bol de soupe. Tant pis pour les muffins, ils étaient sans doute pas aussi bon que ceux de Shawn.
Il fallait être réaliste, ses amis lui manquaient. Pendant un an il n'avait vu personne, ni de nouvelles. Les seuls visages qu'il avait croisé étaient ses camarades et sa psychologue de là bas. Autrement dit, pas vraiment des personnes saines d'esprit.

Perdue dans ses pensées, Jay n'avait pas touché à sa soupe, la cuillère se contentant de tourner en rond dans le liquide. Ce n'est que lorsqu'une voix féminine se fit entendre tout proche de lui qu'il revint sur terre.

- Pardon ? Ah oui si vous voulez...

Elle devait vraiment être bizarre pour vouloir s'asseoir avec lui. A moins qu'elle soit du genre à opter pour l'affrontement de ses peurs. En tout les cas, il ne se rappelait pas l'avoir vu avant son départ.

- Vous êtes nouvelle dans le quartier ? Vous ne me dites rien...

Demanda t-il, curieux, penchant la tête sur le côté comme si la voir sous un autre angle allait lui rafraichir la mémoire.

Jay & Liv'

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Lorsqu'elle avait huit ans, Olivia avait été martyrisée et attaquée par un garçon de la classe supérieure à qui elle avait refusé de donner sa barre chocolaté. Vexé et blessé par cet affront de haute importance pour son avenir , l'enfant pris un malin plaisir à toujours lancer son ballon sur Liv', à lui détacher ses jolies tresses et à lui voler ses billes de verres. Elle avait très mal vécu ce tiraillement. Puis un matin de mars, alors qu'elle partait pour l'école élémentaire à pied en chantonnant l'air de Old MacDonald Had a Farm, ce même garçon qui l'attaquait sans cesse surgit soudainement. Il saisit la petite Olivia par les cheveux et lui vola sa petite boite à déjeuner avant de s'enfuir en courant. Honteuse et déprimée la petite fille qu'était Olivia n'avait pas mangé le midi et était rentrée chez elle bredouille. Depuis ce jour précis, Liv' choisis de ne plus jamais être maltraitée par qui-que-ce-soit. Alors quand elle crut que cet homme, apparemment prénommé Jay, allait l'attaqué pour la voler, elle n'hésita pas et la frappa violemment avec la première chose qui lui tomba sous la main.

Elle s'assit doucement près de l'homme et l'observa discrètement. Il ne semblait pas si mauvais que ça quand on prenait plus de dix secondes pour le juger. Liv' posa son panier sur le bord de la table en bois vernis de l'église.

-Oui effectivement. Mon mari, Ian, et moi sommes arrivés en début d'année. Nous étions à New York avant.  

En effet, le jeune couple avait démangé à Magnolia Crescent en février. Ce n'est pas que la vie new-yorkaise ne leur plaisait, plus mais ils avaient été forcé de partir pour des raisons qui ne regardaient qu'eux... Ce nouveau quartier leur plaisait bien, enfin surtout à Liv' qui avait toujours préféré le calme de la campagne à l'agitation des grandes villes. Ian lui, pur new-yorkais, s'habituait, lentement mais surement. C'était surtout les petits choses inutiles comme les hot-dog à deux heures du matin qui lui manquait. Mais bon, comme on dit, "On fait avec ce que l'on a" !

-Et vous ? Mes amies m'ont dit que vous étiez également de Magnolia...

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14 Mai 2015

C'était étrange de quitter une aussi jolie que New York pour venir s'installer à Magnolia. Ce n'était pas du tout la même ambiance et surtout les mêmes personnages. Du moins Jay pensait qu'à NY il n'y avait pas de site comme Dirty Secret prêt à vous gâcher la vie.
Ce n'était pas ses affaires, si son mari et elle avait décidé de déménager. C'était juste intriguant. Pas étonnant en voyant Jay qu'elle l'ait prit pour un voleur, il avait pas du tout le même look soigné que ses anciens voisins. Maison propre, pelouse propre et lui venait juste de sortir de sa cage blanche.

- Bienvenue alors

Bienvenue chez les fous, serait plus exact mais il ne tenait pas à faire encore une fois peur à la jeune femme. Surtout que c'était elle qui détenait le panier à muffins. Pas certains qu'il le mériterait si il lui disait qui il était réellement.

- C'est ça, j'étais partie prendre des vacances...Je suis Jay, on peut se tutoyer ? On doit avoir un peu près le même âge

Et puis ça lui faisait bizarre d'être vouvoyer. Il était pas un ancien encore pour que lui donne une marque de respect. Et puis vu comment leur première rencontre avait été chaotique, pas besoin de mettre de politesse entre eux deux.
Après avoir entendu son nom, elle allait sans doute faire un lien étant donné que ses amis lui avaient parlé de lui. Jay avait quand même une sacrée réputation, mais pas dans le bon sens. Ce n'était plus celle du coureur de jupons.

Jay & Liv'

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Sartre a dit un jour : « Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut, mais on est responsable de ce que l'on est. » Une phrase pleine de bon sens mais qui résidait sur un paradoxe des plus complexe. Le début affirme que nous ne sommes pas maîtres de notre destin, que les choses se font sans avoir notre "accord", mais pourtant il se contredit dans la suite en racontant que l'Homme s'est lui-même façonné et qu'il est le seul à avoir créé ce qu'il est, par ses actes. L'Homme d'un côté ne peut rien décider et de l'autre, il choisit (ou du moins devient à la suite de ses choix) ce qui le défini...
Olivia, malgré de longues heures de philosophie au lycée, n'avait jamais réussi à comprendre cette idée. Pour elle les choses étaient soit comme ceci, soit comme cela.
Et puis le temps passa, les coups dures arrivaient en masse, les joies d'une vie adolescente simple et claire partirent petit-à-petit. C'est ce que les gens appellent généralement le passage à l'âge adulte.
La vie continua et évolua, de plus-en-plus dure, de plus-en- plus vraie chaque jour. Mais ce qui rendit la théorie de Sartre totalement nette, limpide, transparente et logique aux yeux de la rousse fut cet incident. Une étape tragique, douloureuse, marquante et a jamais gravée dans la mémoire des Meyers. Ce même incident qui avait poussé le couple à quitter la Grande Pomme pour cette petite ville du New Jersey où une menace invisible semblait pétrifier tout le monde.

Liv' trouva touchant que l'homme qu'elle avait attaqué lui souhaite la bienvenue. Incongrue et étonnant vu la situation, mais touchant. Elle lui sourit alors chaleureusement et répondit :

-Oh des vacances, vous avez été à l'étran...

Mais Liv' ne termina pas sa question. Jay. Ce nom semblait familier à ses oreilles. Pas familier comme le nom de famille du présentateur météo ou comme le titre d'un des films de Julia Roberts, non, pas familier comme ça.  Le genre de mots que les gens murmurent dans la rue avec un frisson dans la voix.
Le nom familier d'un criminel connu et craint.
Olivia se souvint qu'Alana et Summer lui avaient parlé de l'homme qu'elle avait agressé, elles avaient dit que c'était en réalité quelqu'un de bien, mais n'avaient jamais mentionné son nom. Trois commères lui avaient une autre fois parlé d'un ancien assassin qui vivait à Magnolia Cresent mais avait depuis peu été interné dans un hôpital psychiatrique du coin. Ce tueur s'appelait Jay.
Jay le tueur était donc l'homme qu'elle avait attaqué. Jay le tueur était en face d'elle.

En comprenant tout ça, la rouquine aurait pu paniquer mais cela ne servait à rien. L'homme devait déjà s'en prendre pleins la tête et ses amies lui avaient bien expliqué que sa victime était une personne très sympa avec juste beaucoup de problèmes. En plus, elle avait de la peine pour lui. Tous les deux avaient le même âge. Il n'étaient pas si différent que ça. Ils devaient surement avoir les mêmes références musicales et avaient dû regarder les mêmes séries. Au fond, peu de choses les séparaient.
Alors, Liv' fit le choix d'oublier tout ce qu'elle savait et, comme pour signifier que tout était pardonné et en guise d'excuse, tendit un muffin de son panier à Jay et dit en souriant :

-Oui, ce serait mieux de se tutoyer. Désolée, mes parents m'ont donné cette habitude du vouvoiement.

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14 Mai 2015

Olivia s'arrêta en pleins milieu de sa phrase ce qui fit hausser les sourcils de son interlocuteur. Jay se demandait ce qui lui arrivait. A moins qu'elle ait compris que ses vacances n'avaient pas la même définition que celles des autres. Ca avait été loin d'être détente, mer et plage...Mais bon, il allait pas dire qu'il venait juste de sortir de l’hôpital psychiatrique, ça ne faisait pas bonne impression.

- Non je suis retourné dans ma ville natale

Ce n'était pas un mensonge, la bâtiment hospitalier où il avait été interné plusieurs fois se trouvait à Trenton, là où il avait grandie. Comme quoi on n'échappait pas à ses racines. Quelque part ça lui avait fait aussi du bien de s'éloigner de Dirty, de tous ses regards qu'on jetait sur lui. D'ailleurs, d'après ce qu'il avait saisie, DS avait disparue de la circulation. C'était une bonne chose bien que Jay doutait qu'on puisse s'arrêter comme ça d'un coup. Le commérage c'était une sorte de drogue pour certains. Impossible de passer une journée sans parler des voisins.

Il était difficile de savoir que Jay avait un problème si on n'avait jamais entendue parlé de lui. Certes son look actuel laissait à désirer mais il ne se baladait pas avec un couteau. Il ressemblait plus à un tout jeune SDF, ce qu'il était au fond. Olivia n'avait plus l'air d'avoir peur de lui et lui offrit même un muffins. Jay le prit délicatement dans ses mains comme si il s'agissait du Graal, ses yeux pétillèrent comme un enfant devant son cadeau de Noël.

- Merci...

Souffla t-il. Il était à deux doigts de pleurer, et sourit à Olivia.

- C'est une très bonne habitude, tes parents ton bien élevé...Tu as des enfants aussi ?

La personne qui l'avait arrêté l'autre jour devait sans doute être son mari ou son petit ami tout du moins.

Jay & Liv'

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Sans le savoir, Jay avait touché la corde sensible d'Olivia, un de ces deux plus importants points faibles : Les enfants (l'autre étant son défunt frère). Elle ne su quoi répondre. Certes elle n'était pas encore mère, mais la véritable question était, "le serrait-elle un jour ?". Le sujet était un tel tabou avec Ian qu'elle s'interdisait même d'y penser, ne serait-ce qu'une seconde. Pourtant il y avait ce moment, tôt le matin, où la rousse s’autorisait à laisser son esprit divaguer dans l'océan infini des espérances. Sans grande conviction, Liv' répondit avec monotonie dans le ton qu'elle avait acquis lors de procès particulièrement horribles :

-Non. Pas pour le moment en tout cas. Et vous -enfin tu - as des enfants ? Ou peut-être une personne dans ta vie avec qui tu en prévoies ?

Olivia sourit à son nouvel ami. Que penseraient les femmes de bonnes réputation en si elle étaient au courant qu'elle copinait avec celui qu'elles devaient surement surnommer le "malade du quartier" ? Ces petites coincées mettraient sans aucun doute la jeune avocate sur leur liste noire à la seconde où elle l'apprendraient. A bien y réfléchir, elle s'en fichait totalement. Le regard que les autres pouvaient bien lui porter ne l'atteignait plus depuis fort longtemps. Comme si une carapace avait recouvert toute sa peau afin d'empêcher n'importe quelle émotion qui pourrait lui nuire de sortir. C'était surement à cause de cette protection psychologique que les gens trouvaient Liv' froide et distante. Mais, pour se protéger, elle acceptait d'être mal jugée. Elle se dit que Jay aussi devait ressentir ça. Le regard des autres, pensant sur ses épaules, à affronter à chaque fois qu'il sortait dans la rue...
C'est ce qui donna à Olivia la volonté d'aider à réhabiliter Jay. Et quand Olivia veut quelque chose, elle l'obtient.

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14 Mai 2015

Manifestement, le sujet des enfants était tabou pour Olivia vu sa tête et le ton sur lequel elle répondit à Jay. Cela dit ce dernier n'aimait pas trop non plus aborder ce sujet. Si il avait bien compris que c'était mieux pour Hope qu'elle soit loin de lui, la séparation était tout de même difficile. Il s'était habitué à ce petit bout, même si il n'était clairement pas son père. Il n'avait aucun droit sur elle. Il avait été juste là pour aider sa mère à l'élever plutôt que de la laisser se débrouiller seule.

- Ni l'un ni l'autre...

Pas d'enfants, pas de personne dans sa vie. Il était seul et le resterait sans doute éternellement. C'était mieux pour tout le monde. Il était un danger public après tout, c'était ce que les gens pensaient. Il l'avait bien vu dans leurs yeux. Qui voudrait de ça dans sa vie ? Qui serait assez fou être avec un fou ?

- C'est mieux comme ça après tout

Continua t-il d'un air désigné avant de mordre dans le muffins. Il était délicieux, Oilivia pouvait se féliciter d'être une bonne pâtissière. Il pourrait aisément manger le panier tout entier, mais il ne fallait pas être égoïste et en laisser pour les autres démunis.

- Il est très bon !

Finit il par déclarer avec un petit sourire.

Jay & Liv'

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La peine et la compassion qu'Olivia ressentait pour Jay s'intensifia lorsque celui-ci lui avoua qu'il n'avait ni femme, ni enfant. La vie était tellement difficile, tellement sombre et cruelle que l'affronter seul n'était pas concevable. Liv' pris la main de Jay et la serra doucement. Depuis "l'incident" Ian et elle traversait une mauvaise passe. Non, pas une mauvaise passe. Plutôt une période de guerre conjugale. Chaque discussion privée était froide et sans réelle profondeur. Leur relation était vraiment au plus bas, mais même durant ces périodes sombres, la jeune avocate ne pouvait pas s'imaginer - même pendant une seconde - vivre sans son époux. Bien sûr, la religion jouait aussi un rôle là-dedans. Beaucoup de personnes auraient déjà arrêter de se battre. Mais la volonté de satisfaire son Dieu tout puissant était plus forte que tout. Enfin, pas plus forte que son amour pour Ian. Malgré les épreuves difficiles et les conflits, Olivia était intimement convainque que les choses allaient s'arranger. Et pour ça, elle serait prête à faire n'importe quoi, même si cela l'obligeait à faire des choses illégales ou moralement incorrectes.

-Tu trouveras. Tu es quelqu'un de bien.

Olivia était une excellente cuisinière. A l'image de la "femme des années 50", elle cuisinait toujours ce qui plaisait à son mari. Faire plaisir aux autres était son plus grand plaisir. A New York, même après une semaine épuisante, elle organisait toujours des brunchs avec ses amis le dimanche. L'idée de retrouver toutes les personnes qui lui étaient chères lui rappelait la vie à la ferme, avec ses frères et sœurs. Mais depuis le déménagement à Magnolia, Olivia ne pouvait plus organiser ses repas amicaux, et cela lui manquait atrocement. Bien sûr, il y avait sa nouvelle amie Summer avait qui elle s'entendait à la perfection. Il leur arrivait même de se faire passer pour des sœurs lorsqu'elles allaient manger au restaurant ou faire les boutiques. Mais à part elle, Olivia n'avait pas vraiment d'amis à inviter à ses petits déjeuner mondains. C'est alors que lui vint une idée : elle allait organiser un brunch géant avec tous les habitants du quartier, y compris Jay pour l'aider à se réhabiliter et elle en profiterait pour mieux connaître ses voisins.

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14 Mai 2015

Quelqu'un de bien ? C'était si inattendue qu'on lui fasse ce genre de compliment que Jay éclata de rire. La pauvre Olivia ne semblait pas être au courant de l'être qu'il était sinon elle ne lui aurait jamais sortie. Elle ne serait même pas venue s'asseoir à côté d'elle. Il doutait aussi sérieusement de trouver quelqu'un d'assez fou pour se mettre en relation avec un meurtrier. Certes, les habitants de Magnolia était un peu givré mais pas au point d'aller jusque là, pas au point de le comprendre.

- C'est gentil, mais si tu me connaissais tu ne dirais pas ça ce genre de chose...

Jay le méritait bien après tout, d'être seul. C'était mieux ainsi, aucun risque de faire souffrir à nouveau quelqu'un. Il avait déjà fait suffisamment de dégâts autour de lui. Il finira mort avec sa solitude comme compagnie ou peut être entouré d'un chat. Rien de très positif en soi mais c'était pour le bien commun. Il était cependant content d'avoir rencontré quelqu'un qui lui parlait. Il était pas certains que ses anciennes connaissance l’accueillent avec joie. Il avait quand même tabassé Savannah, connue du quartier et qui en plus sortait avec un policier. De quoi se mettre en plus à dos les flics, qui ne l'appréciait pas déjà à la base.

- Merci. Ca fait du bien de pouvoir parler aussi...simplement

Finit il par déclarer en regardant Olivia avec un petit sourire.