23H56. Je terminais mon service dans très exactement deux heures et quatre minutes. J'en avais assez d'être là, en voiture, à tourner dans les rues de Magnolia à la recherche de quelqu'un à arrêter. Mais c'était mon travail. Je n'étais qu'un jeune policier, arrivé fraichement dans l'unité, et c'était la seule chose qu'ils étaient en mesure de me donner. J'étais donc là, assis dans ma voiture, à écouter un album de Pink Floyd, à siroter un soda étrange que j'avais acheté sur la route. Les rues de Magnolia étaient sombres, seules les lumières permettaient d'entrevoir les trottoirs à éviter. Je soupirais. Visiblement, absolument rien ne se passait dans ce coin ci du quartier. Je me penchais donc et remis le contact avant de rouler doucement. Je regardais autour de moi, pensif. Je ne savais pas de quelle manière m'était venue l'envie d'être flic. Mais ce métier me plaisait. J'avais la rapidité, la carrure et l'autorité pour. Je pensais à Stacy. Elle avait changé ma vie, m'avait permis d'avoir une fille, un toit. Une nouvelle vie. De la même manière que je m'étais toujours occupé d'elle, elle avait toujours été là, et avait su m'écouter lorsque j'en avais besoin. J'aimais ma sœur, et même si le sang qui coulait dans nos veines n'était pas le même, elle était comme ma sœur. Une véritable sœur. Ce que je pensais ne jamais avoir, mais que j'ai trouvé, un jour, alors que j'avais six ans. Je levais les yeux. Au loin, une silhouette se dessina. Une jeune femme était là, debout, short, talons, débardeurs. Elle attendait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Ce n'était pas la première fois que je me retrouvais confrontée à une prostituée. Je posais donc mon soda et avançais. C'est alors que je reconnus la silhouette. Amy Hopper.
Lorsque nous étions au lycée, je traînais avec son frère, Maximiano. Tous deux étions inséparables. Nous avons nourri notre popularité, nous nous sommes amusés, avons déconné. Et puis un jour, nos chemins se sont séparés : nous sommes devenus rivaux. Mais pour autant, je n'ai jamais oublié sa jolie sœur, qui venait le voir de temps à autre entre deux heures de cours. Elle était canon, et étrangement, je n'ai jamais eut le courage de réellement l'aborder. Je garais donc ma voiture près d'elle. Elle ne me reconnu pas tout de suite, mais je vis à son regard qu'elle sentait les ennuis arriver. Je sortais de la voiture, et m'avançais vers elle.  « Amy. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz sera retenu contre vous. Vous pouvez faire appel à un avocat ou en demander un d'office. » Déclarais-je en attrapant ses mains et en lui mettant les menottes. Pour être honnête, je n'avais aucune envie de l'arrêter, mais c'était mon travail, et je ne pouvais la laisser là. De toute manière, j'étais convaincu que je lui apporterai mon aide. Je l'emmenai jusqu'à la voiture et la fis monter à l'arrière. J'entrai à mon tour et posais la main sur la clef. « Hopper, tu m'expliques ce que tu fous là à faire le trottoir au lieu de t'éclater en boite de nuit? Tu sais, t'as pas besoin de ça pour te faire baiser. En plus... C'est toujours des gros dégueulasses qui s'arrêtent...» Je démarrais la voiture en soupirant et la regardais dans le rétroviseur. Magnolia regroupait des dépravés, des menteurs, des tricheurs, des tueurs. Et pourtant, la police n'y faisait rien. Nous n'étions là que pour des rondes, pour arrêter des petits malfrats à deux balles. Mais les enquêtes n'avançaient pas. Après des années de harcèlement, personne n'avait trouvé qui était Dirty Secret, Nous restions là, passifs, à attendre que ce monstre se dévoile à nous sans que nous ayons à demander quoique ce soit. C'était pitoyable. Mais c'était ainsi. Et moi même n'étais pas prêt à déplacer des montagnes pour trouver l'auteur de ces actes. Je reportais mon attention sur Amy. Elle était là, derrière, à râler. Mes yeux se baladèrent sur son corps fin. Un corps qui aurait pu être gâché ce soir si je ne l'avais pas trouvé. Je soupirais. Il y avait d'autres moyens pour se faire remarquer.

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