Quand Gloria eut vent de l'arrivée de cette écrivain, quelques mois plus tôt, elle n'y avait guère porté attention. A vrai dire, elle ne pensait pas avoir besoins de ses talents et services, ou du moins pas si rapidement. Alors qu'elle confiait ses difficultés à rédiger l'éloge qu'elle réciterait à l'enterrement de son époux, son impossibilité à mettre des mots sur ses émotions, une amie lui conseilla de demander l'aide de cette récente nouvelle voisine. Gloria approuva l'idée et voilà qu'elle se rendait chez ladite écrivain, un panier de muffins à la main comme le veut la coutume dans ce quartier. Jenna lui avait préparé les petits gâteaux, la veuve n'ayant pas la force de le faire. Elle remerciait le ciel de lui avoir apporté Jenna. Bien sûr, ses filles étaient également très présentes pour elle, mais elles avaient également chacune leur propre deuil et chagrin à porter. Par la force des choses, Jenna était devenu un soutien de poids ces derniers jours, ce qui confirmait d'ailleurs l'opinion que Gloria avait forgé à son propos. C'était une bonne petite, bien élevée et pas égoïste, il ne manquait plus que son fils se réveille et voit les sentiments qu'il avait pour elle. Gloria les lisait sur son visage, mais ne disait rien. Là n'était pas le rôle d'une mère.

Arrivée chez sa voisine, elle sonna et lui tendit le panier de petites gourmandises à peine la porte ouverte.

« Bonjour, je suis votre voisine j'habite un peu plus loin dans la rue » Elle indiqua du doigt l'emplacement de sa maison. « Je ne pense pas que nous nous soyons déjà rencontrées, je suis Gloria Farnsworth »

Elle lui sourit, persuadée que son nom évoquerait un sentiment de sympathie de la part de cette jeune femme. Peut-on fermer la porte au nez d'une veuve ? C'était malvenu d'utiliser sa perte pour profiter des gens, mais Gloria préférait formuler sa demande en privé, à l'intérieur une fois la porte fermée. Au fond, elle avait honte, d'être incapable de rendre hommage correctement à son mari. Celia ne cessait de lui répétait qu'elle prenait cette tâche trop à coeur, qu'elle était trop exigeante avec elle même et que Victor aurait simplement voulu de vraies paroles. Mais Gloria n'était toujours pas satisfaite de ses essais. Elle avait vraiment besoin de cette Kim.

Kim se considérait presque femme au foyer. Cloitrée chez elle, elle ne faisait pas grand-chose de ses journées. Oh bien sûr, officiellement, elle bossait sur ta prochaine pièce de théâtre, mais si vous regardiez ses fichiers Word, il n’y en avait nul la trace. Depuis son emménagement, son inspiration débordante s’était tassée, et Kim n’arrivait plus du tout à écrire. Un comble pour un écrivain ! Elle passait ses journée à surfer sur Internet, espionner la vie de ses petits voisins sur Facebook et faire du lèche vitrine virtuel. Espionner la vie de ses petits voisins. Certes, dis comme ça, ça ne semblait pas très glorieux mais grâce au trombinoscope Facebook, elle pouvait aujourd’hui mettre un visage sur un nom de tous les habitants du quartier. Elle était au courant de l’actualité Magnolia Cresent grâce à Dirty Secret, en prenant soin de cacher elle-même son secret. Après tout, tout le monde avait des mauvais démons. C’est donc avec surprise qu’elle leva tête vers la porte lorsqu’elle entendit sa sonnette. Lilia était da, sa chambre, prétextant un mal de tête et avait renvoyé tous les enfants. Peut-être qu’une mère n’avait pas eu le message. Mais à son grand étonnement, la porte s’ouvrit sur Gloria Farnsworth, un paner de muffins à la main. C’était un peu tard pour lui souhaiter la bienvenue, non ?

KIM – Oh bonjour Madame Farnsworth, oui bien sûr je sais qui vous êtes.

La jeune femme l’invita à entrer et en parfaite hôte, lui proposa un thé. Elle avait ce service à thé depuis son mariage et n’avait jamais eu l’occasion de l’utiliser. Maintenant qu’elle avait dans sa salle à manger la classieuse Gloria Farnsworth, elle pouvait jour à la dinette avec son service en porcelaine. Elle fit chauffer de l’eau pour le thé, mit des feuilles dans la boule à thé et apporta le tout sur la table, sans ouvrir le sucre et le lait. Kim fit le service en souriant doucement, se demandant bien quelle était la raison de cette visite. Depuis la mort de son mari, Gloria était autant sortie que Kim : c’est-à-dire jamais. Une fois le thé brulant devant les deux femmes, Kim regarda Gloria et un silence gênant s’installa entre elles. Kim se racla la gorge et présenta ses condoléances pour briser le silence.

KIM – Toutes mes condoléances, si je peux faire quoi que ce soit …