Ca faisait une semaine que Kim travaillait sur son nouveau projet. Le producteur de Broadway avec qui elle avait travaillé pour le script de sa comédie musicale l’avait recommandé à un de ses confrères pour qu’elle l’aide à adapter un film en comédie musical. Elle n’était pas dans l’équipe projet sur la partie musicale, mais sur la réécriture du script. Un nouveau projet pour s’occuper, c’était ce dont elle avait besoin. Ca lui faisait du bien de sortir la tête de sa propre pièce de théâtre, qui restait un peu au point mort. Elle avait façonné les personnages, le contexte mais écrire au fil de l’eau et visualiser le paysage théâtrale n’était pas une chose simple.

L’avantage de ce métier était qu’elle pouvait travailler de chez elle. Elle n’avait pas eu de job où elle devait travailler dans un bureau, et en était bien heureuse. Elle savait que ce n’était pas pour elle. Faire des horaires fixe, aller à un bureau bosser sur un ordi, entretenir un lien social avec ses collègues. Non, très peu pour elle. Même lorsqu’elle était conférencière, elle avait son propre emploi du temps, certes dicté par les horaires de ses interventions, mais libre la plupart du temps. La recherche ne s’organisait pas chronologiquement.

Ses journées étaient quand même bien routinières. Elle se levait relativement tard, faisait toutes ses tâches administratives, courriers, mails, factures etc avant de cuisiner le diner qu’elle préparait en avance. Le midi n’était généralement qu’une rapide salade devant les infos. Et enfin, elle pouvait commencer sa journée de travail et ouvrir son manuscrit, jusqu’à ce que Derek, Lilia ou Greg ne claque la porte, annonçant la fin de journée de travail.

C’était donc avec surprise qu’elle entendit sa sonnette retentir. Ses amis ne la dérangerait généralement pas en journée ayant ils avaient eux-même un job. Elle se leva du canapé et la surprise devint une mauvaise surprise lorsque la tête d’Olivia Meyer se trouva à l’encadrement de sa porte. Merde. Ne pensait-elle jamais à regarder dans le judas avant d’ouvrir ? Kim se demanda bien ce qu’elle lui voulait, cette morue. La jeune femme dévisagea la rousse au pas de sa porte, attendant qu’elle prenna la parole. Après tout, c’était elle qui était venue toquer.

Il n'y avait que deux choses au monde qu'Olivia détestait pleinement. Les deux étaient d'ailleurs en relation étroite. La première était l'hypocrisie. Liv' détestait que les gens usent de faux-semblants pour parvenir à leurs fins. Bien sûr, utiliser des mots peu distingués ou la violence n'est en rien une solution. Le mieux était encore d'éviter soigneusement la personne du conflit et garder toute sa classe. Et nous arrivons donc à la deuxième chose qu'Olivia détestait : Kim Carrington. Pourtant toutes les deux nouvelles à Magnolia Cresent, les deux femmes n'ont jamais pu se supporter. Enfin, au début, les deux trentenaires ne se remarquaient pas particulièrement. Puis une remarque fit tout basculer et la haine s'installa. Profonde, violente, indéniable, le genre de haine qui ne passe pas inaperçue. C'était aussi une de raison pour laquelle Liv' détestait Kim. Elle avait nuit à sa réputation de femme appréciée de tous et ça Olivia ne pouvait le supporter. Et ce qui était encore plus dur à supporter pour elle, c'était de devoir demander de l'aide à cette diablesse. Elle dit alors simplement, sans émotion particulière dans la voix :

-Bonjour Kim.

A cet instant précis, Olivia eut envie de partir en courant mais cette sortie était exclue. Ian allait avoir le plus bel anniversaire de la décennie et ce n'était pas une "guéguerre" qui allait gâché ça ! Bien sûre, cette situation n'était agréable pour aucune de deux femmes. Alors Liv', voyant que Kim n'allait pas lui répondre, continua calmement.

-J'espère que vous allez bien. Je m'excuse de vous déranger à une heure si incongrue mais j'aurais grandement besoin de votre aide. Ma voiture est tombée en panne et j'ai une course urgente à faire. Serait-il possible que vous m'y emmeniez ? C'est à Philadelphie.

La situation était cocasse. Deux ennemies qui se demandaient mutuellement des services. On pourrait presque en rire, enfin presque...