stay, we have some stuff to solved

L’enterrement de son père avait eu lieu quelques jours auparavant et pourtant, l’humeur du chef de brigade ne faisait que se dégrader. Avec lui, ses coéquipiers marchaient sur des œufs à longueur de journée ou en tout bien plus encore que d’habitude. Ils savaient parfaitement que le premier qui l’ouvrirait sans bonne raison valable ramasserait des jours voire des semaines de frustration et de colère de plein fouet. On lui avait proposé de prendre quelques jours pour se reposer, réfléchir mais il avait catégoriquement refusé. Il préférait au contraire se noyer dans son travail et surtout se retrouver le moins souvent que possible chez lui si ce n’était pour dormir après une journée ou une nuit de travail acharné. Aujourd’hui n’a pas fait exception. Dans les vestiaires du commissariat Gabriel dépose ses effets dans son casier et récupère sa veste qu’il ne tarde pas à enfiler. Il ne veut pas s’attarder ici, croiser des gens qui lui demanderont comment il va alors qu’ils s’en fichent. Il n’a tout simplement pas envie de parler, ni même de s’intéresser à qui que ce soit juste par politesse à vrai dire. Aller dans un bar, boire, rentrer, dormir, travailler, aller dans un bar et ainsi de suite. C’était plutôt un beau plan de vie non ? Regardant sa montre, il remarqua qu’il était déjà vingt trois heures. Il comprenait mieux pourquoi on l’avait gentiment encouragé à raccrocher sa plaque et son arme. Cela faisait presque vingt quatre heures qu’il n’avait pas dormi ou peut-être même que cela les faisait déjà. Il n’en avait aucune idée et cela l’importait peu. Il n’était pas prêt de fermer l’œil de toute façon. Poussant les porte des vestiaires puis du commissariat, Gabriel s’engagea dans la rue juste en face. Il était venu à pieds, ne parvenant pas à trouver le sommeil et préférant faire quelque chose d’utile de son temps et maintenant il devait en payer les conséquences. Ce n’était pas plus mal. La brise, le calme, le silence. Dans ses pensées il ne fit même pas vraiment attention aux rues qu’il empruntait avant de ne relever la tête et de regarder autour de lui. La rue était sombre, plus étroite que certaines autres. Seulement éclairée par un panneau publicitaire pour un pub à quelques pas et un lampadaire, elle était déserte. Enfin déserte si on ne comptait pas le mec affalé dans les débris de pack de bières et qui ronflait comme un ours. Continuant son chemin sans y prêter attention, le Farnsworth fronça les sourcils et plissa les yeux. Quelqu’un d’autre venait de s’engager dans cette même rue. Grand, cheveux long. Pas possible. A mesure qu’il avançait vers le peu de lumière, Gabriel distinguait le fou. Il ne comprenait pas bien comment on avait pu le laisser sortir aussi vite après tout le mal qu’il avait fait mais ce n’était pas plus mal. Les deux hommes avaient quelques affaires à régler. Un sourire qui ne présageait rien de bon au coin des lèvres, Gabriel ne fit rien.. Jusqu’au moment où il arriva à la hauteur du Black. Pensait-il vraiment s’en sortir aussi aisément ? Pas le plus délicatement du monde, le policier l’agrippa par le bras l’obligeant à s’arrêter. « Black tu tombes bien. » Commença-t-il en relâchant le bras du pseudo chanteur à qui il faisait maintenant face. Il aurait mieux fait de ne jamais revenir à Magnolia et il comptait bien le lui faire comprendre. « Alors comme ça on t‘a laissé sortir de l‘asile pour fous ? C‘est assez inespéré. » Voire carrément pas croyable. Ces gens étaient-ils tellement naïfs pour croire qu’il changerait ? Il avait éclaté la tête de sa petite amie avec une bouteille, tenté d’égorger une fille et en avait frappé à mort une autre quasiment à mort et il retrouvait sa liberté comme si de rien n’était ? La seule chose que voyait Gabriel en le regardant était l’image de Savannah à l’hôpital. « C‘est courageux d‘être revenu après ce que t‘as fait. Tout le monde n‘aurait pas eu le cran. »  Courageux ? Non, complètement con. Surtout s’il espérait s’en sortir à si bon compte. « Surtout en sachant que plupart des habitants ont peur de toi. Quant aux autres, ils te détestent probablement. » Était-il nécessaire de préciser de quelle partie des habitants il faisait partie ?