Like A Prayer

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Qu’allaient-elles faire ? Chanter du gospel avec des blacks à la voix puissante ? Fantasmer sur Saint Martin de Porres ? Danser dans un champ de crucifix enflammés ? Non, elle avait bien peur que ce ne soit pas le cas… Et pourtant, elle gardait espoir.
Alors qu’elles avançaient dans les rues pour se rendre à l’église, la voix cassée et arrogante d’Elin se fit enfin entendre. On aurait pu penser qu’après un aussi long silence, elle allait débiter des âneries typiques de chez elle, mais elle se mit à… chanter !

- When you call my name, it’s like a little prayer, I’m down on my knees, I wanna take you there !

Plongée dans une véritable comédie musicale, elle se fichait du regard des passants, comme si tout le monde était censé se mettre à jouer du talon pour l’accompagner dans sa chanson. Mais ce n’était pas vraiment le cas, et sûrement pas celui d’Angelique, car si la jeune fille avait le droit de regarder la télévision ou consulter tout autre genre de média dans sa prison, elle ne pourrait que reconnaitre un titre condamné par le Vatican : Like A Prayer de Madonna.
C’était du blasphème, et elle s’en donnait à cœur joie, surtout qu’elles approchaient de l’église et qu’elle commençait à en voir le bout derrière d’autres bâtiments.

Alors qu’elle continuait de pousser la chansonnette en poursuivant certains passants qui la regardaient avec un peu trop d’insistance, elle se mit à sautiller et à faire des cercles autour d’Angelique avec l’air puéril d’une enfant qu’on amène dans un magasin de joie. Elle en rajoutait à l’excitation pour éviter de penser à l’ennui profond qu’elle allait ressentir, car la jolie blonde ferait probablement preuve de moins de patience dans sa seconde maison…

Elle s’arrêta devant son « amie » et, marchant à reculons, lui demanda d’un ton enjoué :

- Oh lala, est-ce que t’es aussi excitée que moi ? Je me sens comme Madonna qui va tourner un clip, sauf que je suis plus jolie et plus jeune et qu’on est en 2010 !

Elle n’en pensait pas un mot. Niveau physique, elle était loin d’égaler la superstar. Il fallait dire qu’elle ne disposait pas d’assez d’argent pour avoir recours à la chirurgie esthétique, mais là n’était pas le problème : le fait est qu’elle était petite, ronde, frêle et totalement banale, loin de la carrure élancée et vive de la Madone. Cette simple pensée la mina, c’est pourquoi elle passa rapidement à autre chose en faisant allusion à la surveillance constante des sœurs McClair :

- Dis au fait, tu veux pas appeler tes parents pour leur dire que tu rentres pas maintenant ? à moins que t’avais déjà prévu de les retrouver à l’église ? ça ne m’étonnerait pas, après tout. Pensant que la jeune fille pourrait penser qu’on se moquait d’elle, elle s’empressa d’ajouter, l’air tout à fait naturel :[/i] - Vous savez rendre grâce à Dieu…

Elle oubliait seulement un détail : le père McClair était pasteur. Il était probable qu’il soit à l’église en ce moment même.
L’adolescente se demandait si Angelique avait un portable… Elle en doutait ! Cela devait avoir un effet satanique sur les petites saintes ni touches dans son genre. Ses parents l’enverraient prier dans un placard pendant une semaine, jeûne inclus, parce qu’elle avait reçu un message de son opérateur…
La vie des McClair, Elin se l’imaginait réellement comme dans le film Carrie, sauf que les filles n’éprouveraient pas autant le désir de quitter cette maison et autant de haine envers leur mère folle. D’ailleurs, leur mère avait l’air beaucoup plus frivole que celle de l’œuvre de Stephen King : c’était une des commères du coin. En fait, elle ressemblait davantage à Helen Lovejoy, la femme du révérend des Simpson. Oui, c’était carrément ça, même !

Les deux jeunes filles se rapprochaient toujours plus de l’édifice pour finalement lui faire face. Il semblait narguer la fille Hamilton de toute sa grandeur et toute sa beauté. Elle, elle le regardait avec une lueur de défi dans le regard, comme si elle préparait un sale coup… Le vent qui souffla fit s’envoler sa chevelure sombre et donna un air théâtral à la scène, en accord avec la respiration que prit la brunette qui semblait soudain victime d’une crise d’asthme. En fait, elle mimait le stress.
Elle attrapa soudainement sa comparse et lui demanda, l’air paniqué :

- Mais une fois rentrée, qu’est-ce que je fais, hein ?! Je… Je dois leur faire le baisemain, me mettre à genoux ? Je dois faire quoi, hein ? QUOI ?!

Des larmes menaçaient de surgir à nouveau. Elle serra les dents et passa les mains sur le visage. Alors qu’elle était cachée, elle tira un petit sourire narquois : elle se rappelait tout à coup d’un petit truc qu’elle avait lu quelque part, sûrement dans une bande dessinée, et qui serait assez embarrassant mais plutôt marrant ! Il ne restait plus qu’à attendre que l’autre se décide à entrer, car vu l’état dans lequel était Elin, il n’y avait qu’Angelique qui pouvait faire le premier pas et ouvrir les portes mystérieuses de l’antre du seigneur…

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- Madonna ?

- Ah oui... Enfin, non ne parle pas d'elle ici. Ce n'est pas bien vu.

- Je pense que mon père sera à l'église, nous pourrons donc lui adresser un petit coucou. On pourrait croiser Gaëlle aussi. Je crois qu'elle fait un tri pour une collecte de vêtements.

- Calme toi Elin ! Tu agis normalement. Je pense que pour commencer on peut aller allumer un cierge. Ainsi tu pourras Lui adresser une prière.

- Surtout ne crie pas, ne t'exclame pas. C'est un lieu saint, où tu dois être respectueuse. Promet-moi de ne pas en faire qu'à ta tête Elin. C'est important.

Invité

Elle n’en revenait pas. Angelique n’était pas coupée du monde ? Waouh… Avec un peu de chance, elle connaissait d’autres stars autres que Jésus. Au nom de Madonna, surtout prononcé par cette fille, Elin poussa un petit cri de joie et fit face à sa comparse en claquant dans ses mains, l’air tout à fait superficiel d’une Barbie sortie d’un Disney, tout en gémissant et dit :

- Oh tu la connais ?! Elle est super, en plus elle porte un crucifix et son mec s’appelle Jesus et il est juste… Ah…

Elle posa sa main sur son cœur et leva la tête au ciel pendant que, dans sa tête, des images du top model défilaient. Mais apparemment, il était déconseillé de parler de la chanteuse à l’église. Pourquoi donc ? Parce qu’elle montrait son cul sur scène ? Mais ce n’était que le corps que lui avait donné dieu, non ? Ou plutôt ses parents, selon la jeune fille athée.
En parlant de ça, Elin le montrait beaucoup, son corps : elle portait en effet une tenue pour le moins courte qui ne pourrait faire que tâche dans un tel contexte religieux. Elle ne doutait pas un seul instant que tous les regards allaient se poser sur elle une fois qu’elle aurait franchi les portes du QG des crétins et plutôt que d’éprouver de la honte, elle ressentait à ce moment là de la satisfaction : celle d’être au centre de toutes les attentions, ce qu’elle cherchait toujours sans réellement y parvenir, ou dans le mauvais sens du terme.
On ne pouvait pas dire que les gens la regardaient d’un très bon œil mais c’était comme ça, et chaque occasion de se faire remarquer était bonne selon elle. Après, on pouvait l’insulter de tous les noms, ça lui était bien égal car on parlait d’elle, et c’était ça, le plus important.

En réalité, Elin se dévalorisait constamment, et toute cette attention qu’on lui accordait lui donnait l’impression d’être importante aux yeux des autres. Elle ne réalisait pas qu’elle dégradait son image et par la même occasion, celle de toute sa famille, car sur le moment elle ne pensait qu’à elle et à l’autosatisfaction que cela lui apportait.
C’était ça d’admirer des starlettes que seule la provocation faisait connaitre : on finissait par adopter le même mode de pensée, à savoir la provocation gratuite dans le seul but d’être un minimum populaire.
Il y avait également le fait qu’elle n’était pas la jumelle de Nora Jane. Elle aimait profondément sa sœur, mais il était hors de question de rester la deuxième sœur toute sa vie. Elle avait carrément pris une longueur d’avance par rapport à l’autre moitié, mais souvent, l’histoire de la course entre le lapin et la tortue lui revenait à l’esprit. Cette histoire l’avait traumatisée. Elle craignait d’être le lapin qui se reposait de ses efforts, à cause justement de sa longueur d’avance, et qui se faisait bêtement dépassé par la tortue durant un moment d’inattention. C’était mesquin envers sa sœur, mais Elin ne pensait pas faire du mal du moment que cela l’avantageait elle.

Mais à ce moment-là, elle n’avait ni tortue, ni lapin en tête. Tout ce à quoi elle pensait, c’était les vêtements qu’Angelique avait énoncés. Elle voulut sauter de joie mais réagit pour le moins stoïquement, l’air presque laxiste, affirmant sans aucune honte avec un semblant d’optimisme :

- Ça tombe bien, j’avais besoin de vêtements.

Angelique était comme dire… une vraie mère poule. C’était presque attendrissant et Elin aurait pu éprouver l’envie de la prendre dans ses bras tant c’était mignon si seulement elle ne détestait pas qu’on lui donne des ordres et n’éprouvait pas constamment l’envie d’entraver les règles. Et puis, pour une chrétienne, elle semblait oublier quelque chose d’essentiel.

- Mais tu es bête ou tu le fais exprès ? Comment veux-tu qu’Il m’entende si je ne parle pas fort ? Tu t’es mis en tête de me faire brûler en enfer ou quoi ?

Elle avait pris un air outré, comme si on lui avait menti depuis le début. Puis, d’un ton grave, elle poursuivit :

- Non, je ne prendrais pas ce risque… Mais promis juré sur la tête de dieu, je n’en ferais pas qu’à ma tête !

Bien consciente de se contredire, elle poussa bruyamment les portes de l’édifice, se faisant déjà remarquer. Elle resta un moment sur le seuil, le temps de voir quelques fidèles lever les yeux vers elle. Les plus fervents croyants, eux, ne daignaient pas décrocher de leur prière. Eh bien c’est ce qu’on allait voir…
Elle se mit à avancer, roulant généreusement de l’arrière train et faisant claquer volontiers ses talons au sol. Elle se rendit ainsi compte qu’il y avait beaucoup d’échos ici, et que ce serait la honte assurée pour Angelique si elle criait « putain ». Le résonnement de ce mot ferait se suicider les personnes ici présentes. Elle se retourna alors et demanda à Angelique, un peu derrière elle, à voix haute :

- Il est où le cierge ?

Voyant alors un prêtre passer devant elle, elle l’agrippa par l’épaule et, se plaçant devant lui, prit une pose de prostituée qui racolait sur le trottoir. Son regard était pour le moins explicite et descendit vers l’entrejambe du vieil homme.. Il était maigrelet et franchement laid, mais Angelique lui avait dit d’allumer un cierge. C’était ce qu’elle faisait, et elle n’y pouvait rien si son vocabulaire religieux n’était pas au point. Elle n’était pas bête à ce point, mais pouvait jouer la stupidité avec un réalisme déstabilisant. Après tout, n’était-ce pas ce que l’on pensait d’elle, qu’elle était conne ?

- Vous savez… murmura-t-elle d’un ton langoureux, tout en faisant glisser sa main le long du bras du prêtre. J’adore Dieu.

Discrètement, la jeune fille fit un clin d'œil complice à la blonde comme pour lui faire comprendre qu'elle maitrisait la situation, malgré l'air quelque peu embarrassé du vieil homme.

Invité

- Ce n'est pas pour toi. Ce sont pour les plus démunis.

- Ce sont les bougies qui se trouvent là-bas.

- Mon Père, laissez moi vous présenter Elin. Elle est un peu perdue. J'essaie de l'aider du mieux que je peux, mais les mauvaises habitudes sont tenances.

- Voyons Elin, ce ne sont pas des manières.

Invité

Le vieil homme tentait tant bien que mal de répondre, et la jeune fille ne le lâchait pas des yeux, bien au contraire : elle le déshabillait littéralement du regard. En apparence seulement, car elle n’avait pas très envie de s’imaginer son vieux corps flétri en-dessous de cette soutane. Non, il était déjà bien assez laid habillé, pas la peine d’amplifier le massacre…

Heureusement, sainte Angelique intervint alors pour sauver le vieux religieux de la crise cardiaque. L’idée de mourir ne devait pas le perturber tant que cela, car il devait s’être fait une raison à son âge. Et surtout, il savait qu’il rejoindrait les cieux et pourrait jouer à la pétanque avec son pote Dieu. Ce qui était déplorable n’était pas l’ignorance d’Elin, qu’elle feignait même si on ne pouvait pas dire qu’elle soit une lumière, mais bien cette religion et de ce qu’elle engendrait : l’ignorance, justement.
En parlant d’ignorance, la jeune fille n’en avait pas finit et comptait bien continuer à exaspérer le plus possible la vierge effarouchée qui se trouvait en sa compagnie, et qui s’excusa d’ailleurs à sa place.

En parlant d’Elin, Angelique donnait réellement l’impression de désigner un fléau, un fléau d’ignorance, de vulgarité, de débauche, de connerie pure et simple. Mais ce dernier mot était trop vulgaire pour sortir de la bouche d’une fille qui n’osait pas dire sans honte et sans peur de l’enfer « préservatifs ».
Si c’était ce qu’elle voulait croire, alors elle allait être servie par l’air ébahi que prit la jeune fille, comme si une révélation venait d’être faite en direct du Jerry Springer’s show. Elle mit ses deux mains devant sa bouche, lui donnant un air de nunuche tirée d’un Disney et fit un petit sourire gêné au vieillard.

- Oh nom de dieu, c’est ton père ? Excusez-moi monsieur McClair, je ne vous avais pas reconnu. Vous m’avez l’air… en pleine forme !

Elle n’eut pas le temps d’enfoncer un peu plus la blonde que celle-ci la tira avec énergie pour éviter d’autres âneries. Cette petite coincée prenait tout à coup de l’assurance et même la brunette le remarquait. Elle était en effet plus dans son élément qu’au super market et elles jouaient désormais sur son terrain. Elin ne lâchait cependant pas l’affaire : elle allait se l’attribuer, détrôner la sainte patronne de l’église et faire régner l’anarchie !
C’était d’ailleurs marrant de se rendre compte à quel point elle semblait heureuse ici. Seulement, elle n’était pas seule, mais la deuxième moitié des sœurs Hamilton avait bien remarqué les sourires qu’elle avait lancé à d’autres personnes, qui devaient être selon Elin toutes aussi niaises que la jolie blonde.

Elle en venait presque à se demander si Angelique avait toujours été comme cela. N’avait-elle jamais rêvé d’un grand magasin de jouets ? C’était tout de même affolant de se l’imaginer sauter de joie à l’idée d’aller à l’église, plutôt qu’au cinéma ou au restaurant… Tout ça pour écouter quelqu’un lire des versets de la bible, ce qu’on pouvait faire, confortablement calé dans un canapé, chez soi.

La vierge Marie lui dit alors de surveiller ses manières, encore une fois. La sainte tapineuse acquiesça honteusement, la tête baissée. Elle donnait l’impression d’un enfant qui se faisait gronder, et comptait bien attendrir la nonne de cette façon. En tout cas, le ton doux d’Angelique avait parvenu à atteindre l’impassible idiote qu’était Elin. Elle prenait conscience qu’elle pouvait lui faire tous les pires coups du monde, sa voisine prenait tout de même soin de la jeune fille égarée. La petite brune se doutait bien qu’au bout d’un moment, elle l’exaspérerait tellement que la blonde ne voudrait plus lui adresser la parole ou avoir quoi que ce soit à faire de près ou de loin avec elle, mais elle réalisait les efforts de sa part. Mais Elin aussi faisait des efforts considérables pour se rendre aussi stupide qu’elle en avait l’air, et surtout devait redoubler d’imagination pour embêter l’autre.

- Ok, donc les cierges c’est pas ton père, c’est les bougies, hein ? Alors on y va ! dit-elle d’un ton enjoué, se mettant alors à courir jusqu’au dit cierge.

Une fois arrivée, elle leva les bras en signe de victoire et les contracta pour montrer ses muscles plutôt discrets, ressemblant davantage à des piqures de moustique. Elle la nargua ensuite en se retournant tout en mettant en avant ses fesses, qu’elle agita en chantant :

- J’ai gagné les doigts dans le NEZ ! Tu as perdu les doigts dans le CUL !

Comme si elle réalisait son erreur, elle mit ses mains devant sa bouche en cul de poule et leva les yeux au ciel tout en se signant d’un geste maladroit et pas forcément correct. Elle s’exclama :

- Je vous prie Seigneur de m’excuser, je sais que vous êtes cool après tout.

Baissant alors les yeux vers Angelique, elle sourit de toutes ses dents et lui dit :

- Je crois qu’il m’excuse !!

Se trouvant devant toutes ses bougies, elle prit une moue interrogatrice et demanda à Angelique, l’air naïf :

- C’est l’anniversaire de qui ?

C’était juste hilarant et Elin se lâchait complètement. Elle faisait preuve d’une imagination sans limite et s’épanouissait totalement dans cette blague. Vraiment, elle allait adorer la religion et serait sûrement la première à attendre devant l’église le dimanche.

- Aaaah j’ai compris. T’as été au super market pour lui acheter un cadeau, c’est ça ? dit l’adolescente comme si la vérité lui était enfin révélée, tout en levant un index pour accentuer l’effet. J’espère quand même que c’est un beau cadeau parce que la pauvre va pas tarder à mourir et à rejoindre notre ami, non ? demanda-t-elle en référence au nombre élevé de bougies. Tu crois qu’elle va réussir à toutes les souffler ?

Tout à coup, elle plaça ses mains à son entrejambe et commença à sautiller.

- Rho lala j’ai envie de pisser là… Je reviens.

Elle se dirigea alors d’un pas décidé vers le confessionnal et fit un clin d’œil qui se voulait complice à Angelique en en fermant la porte, même si la jeune femme l’interpréterait sûrement comme une sorte de sort jeté par une sorcière.

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Gaëlle était de nature généreuse, elle aimait aider les gens et les plus démunis surtout. C'est pourquoi cela ne lui posait aucun problème de devoir trier ses vêtements qui ne lui allait plus pour les offrir à une association. Aider son prochain... c'était écrit dans la Bible. Ou encore : "Beaucoup de gens flattent l'homme généreux, Et tout le monde est ami de qui fait des présents." Sauf qu’elle ne le faisait pas pour une amitié en particulier, non elle le faisait parce que c'était bon. Car comme on lui avait toujours dit : "un jour peut-être tu seras dans le besoin, et les personnes que tu n'auras pas voulu aider par pure égoïsme te passerons devant..." Un jour en effet, ce sera peut-être à leur tour de l’aider. Mais comme le voulait la logique de la religion : quand on donne on ne demande rien en retour, c'était ainsi.

La famille McClair donnait des vêtements à peu près 2 ou 3 fois par an... Mais maintenant que Gaëlle avait 18 ans, il était difficile de trouver des vêtements qui ne lui allait plus... Elle ne grandissait plus, alors toute son armoire pouvait rentrer sur elle. Pourtant ces parents lui obligeaient tout de même de donner, à elle et ces sœurs aussi, c'était un sorte de rituel. Elle devait faire un choix consciencieux. La jeune femme ne se devait plus de donner des choses qui ne lui allait plus mais plutôt qui ne lui plaisait plus... Enfin bon, elle devait s'estimer chanceuse d'avoir le quart de se qu'elle possédait dans son armoire, il y avait des personnes encore plus dans le besoin qu'elle...
Alors l'armoire ouverte, elle soupira longuement avant de retirer ses piles de vêtements parfaitement repassées et pliées.

*Bon alors, commençons...*

Parmi la pile de vêtement, il y avait ses vêtements pour aller à la messe... C'était dur de se séparer d'un de ses beaux ensembles, ou d'une de ses longues robes. Le choix était beaucoup plus difficile à faire qu'elle ne le pensait, car bizarrement elle tenait à chacun de ses bouts de tissus... Ne serait donc t-elle pas prête à partager ? N’était-elle donc pas aussi généreuse qu’elle le prétendait ?

*Ôtes toi ça de la tête Gaëlle...*

Ce n'était pas bien ce qu'elle faisait, elle se surprenait elle même à avoir des réactions de filles purement superficielles qui ne pensaient qu'à leur apparence. Pensée complètement égoïste qu'elle avait là... Prenant son courage à deux mains, elle mit de côté une partie de ses vêtements comme prévu et voulu. Ils auront surement plus de valeur et de mérite d'être portés sur des gens qui n'ont même pas de quoi s'acheter une baguette pour le repas du soir...

Elle mit le tout dans un sac et se prépara à aller à l’église. Son père lui avait dit qu’une fois finit elle devait déposer le tout là bas et eux se chargeraient de la distribution. Elle s’exécuta alors et partit en direction de l’église. Elle traina le sac qui avait son petit poids tout de même jusqu’à l’arrière de l’église. Elle salua un prêtre au passage, qui allait à contre sens d’elle. Elle souffla une fois arrivée et déposa le sac parmi d’autres qui contenait des vêtements et des boites de conserves. Certains partaient à des associations, aux orphelinats, ou parfois l’église organisait des journées de dons auprès des SDF habitués du jeudi. Une fois ceci fait, elle sortit par la porte qui joingait l’église. Un sourire aux lèvres elle aperçut Angelique, sa sœur ainée. Accompagnée de... Elin ! Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Du peu qu’elle connaissait d’Elin, elle savait qu’elle n’était pas du tout le genre de fille à aller prier...

La scène qu’elle vu de loin choqua la jeune McClair. Elle vit la brunette caresser le bras du prêtre qu’elle avait croisé juste avant, sa façon de faire était complètement irrespectueuse et déplacée. Heureusement que Angelique la ramena à la raison et la fit s’éloigner. Quelle honte ! Alors que Gaëlle se rapprochait des jeunes femmes, Elin s’éclipsa en vitesse. Elle se précipita alors vers sa sœur l’air indignée et lui demanda :

« Je peux savoir ce que Elin Hamilton fait ici ? »

Elle regarda cette dernière s’en aller.... vers le confessionnal. Mais à quoi jouait-elle ? Miséricorde, elle allait maintenant se "confesser", quelle bonne blague !

« Mais qu'est-ce qu'elle fait ? » fit-elle, surprise, en se retournant vers sa sœur.

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- Ce n'est pas mon père. On désigne les prête par ce nom "Mon Père".

- Tu le fais exprès ou quoi ? Ne crie pas ! Et surtout des mots comme ça !

- Personne ne fête son anniversaire. Ces bougies sont réservées au culte. On ne les souffle pas non plus. Elin tu n'es jamais rentrée dans une église on dirait. C'est inquiétant.

- Je l'ai rencontré au Super Market, elle n'avait pas l'air bien. Je lui ai proposé de venir ici, tu sais pour aller mieux... On dirait qu'elle ne comprend rien. Je suis dépassée Gaëlle !

- Elle voulait aller aux toilettes.

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Enfermée dans le confessionnal, la diablesse en profita pour rire en silence, versant quelques larmes au passage. Décidemment, pourrait-elle trouver pire cruche que cette Angelique ? Si la jeune fille était idiote, sa voisine battait alors des records de débilité mais surtout de naïveté. N’importe quel être humain censé aurait flairé la mascarade orchestrée par Elin, mais pas cette blonde, dont la nature de sa chevelure prenait tout son sens. Comme quoi, Dieu pouvait être un sacré enfoiré capable de lui coller le pire des fléaux. Mais elle, elle continuait de l’adorer, préférant garder en tête l’idée qu’ils étaient tous des Sims contrôlés par un super joueur. Vive l’estime qu’elle avait pour elle, sérieux.

Après avoir éclaté de rire un bon coup, elle essuya ses larmes, qui avaient d’ailleurs fait couler un peu de mascara et baissa sa jupe pour se retrouver en culotte, sans pour autant enlever totalement le bas, qu’elle gardait au niveau de ses genoux.
Elle sortit ainsi du confessionnal, feignant la surprise à la vision de Gaëlle, qu’elle avait en réalité vue venir.

- Oh Gaëlle, bonjour ! Pas la peine de faire la queue, il n’y a pas de papier ici.

En culotte devant toute une assemblée de fidèles, elle releva lentement et fastidieusement sa jupe, poussant un cri de hargne pour l’enfiler. Ce n’était pas très flatteur de sous-entendre qu’elle avait un gros cul, mais elle voulait attirer le plus de regards possibles sur ses doigts habiles reboutonnant le bouton de sa jupe, peut-être pour qu’ils pensent qu’elle s’était masturbée dans le confessionnal. Ça, c’était digne d’un clip de Madonna, et la jeune fille fut fière de son imagination. Peut-être qu’un jour, elle deviendrait aussi célèbre et scandaleuse que la chanteuse… Même si scandaleuse, elle l’était déjà !

- Franchement, je sais pas ce que c’est que ces toilettes, mais tu devrais en toucher un mot au patron de l’église parce qu’en plus de ne pas trouver de trou, il y avait un type à côté qui me demandait de lui parler. Je pensais pas me retrouver dans les WC d’un restoroute plein de pervers !

L’air franchement déçu devint bien vite arrogant lorsqu’elle passa sa chevelure décolorée derrière ses épaules d’un coup de tête vif et maitrisé. Elle la caressa et fit quelques pas en avant. Il y avait bien quelque chose quelque chose qu’elle n’avait pas encore tenté, d’autres objets chiants à détourner pour en faire quelque chose de fun. Peut-être qu’elle pouvait dessiner des tétons à une statue de la vierge ou un sexe à Jésus ? Non, c’était vraiment gamin et pas assez suggestif pour être jubilant.

En tout cas, Angelique, elle, devait jubiler d’avoir trouver une alliée. Elin était seule contre toute l’église et s’en sortait très bien, alors la petite sainte avait dû se réfugier dans sa famille, à défaut de trouver un fidèle pour lutter contre le démon, qui les regardait l’air un peu perdu. Après tout, il fallait bien se rattraper après toutes les gaffes – volontaires certes – qu’elle avait faites.
Autant dire qu’Elin éprouvait désormais de la rancune envers la première blonde de la famille, pour la prendre pour une idiote finie. C’était inquiétant qu’elle n’ait jamais mis les pieds dans une église ? Non, ce qui était inquiétant, c’était qu’elle ait mis les pieds dans une église, en particulier aujourd’hui, et elle allait lui prouver. Comment cette fille, niaise, débile, coincée et adoratrice d’une image pouvait lui faire de tels reproches ? Elle l’avait vraiment mauvaise et allait tout faire pour la faire enrager le plus possible, jusqu’à lui faire complètement péter les plombs. Gaëlle ? Elle ne devait pas en penser moins que sa sœur, mais n’avait pas encore exprimé son opinion… Et son opinion, elle ne voulait pas l’entendre. C’est pourquoi, avant qu’une des deux jeunes filles puissent réagir, elle leur sourit et les invita à la rejoindre pour être à ses côtés lorsqu’elle brûlerait son premier cierge.

Sans attendre de réponse, elle se retourna et avança cette fois-ci d’un pas calme, ne se faisant alors pas du tour remarquer par le bruit des talons sur le sol. Elle tentait d’adopter une démarche similaire à celle des McClair, et son derrière la démangeait, la priant de le faire rouler, mais elle refoula cette envie. Profondément contrariée, elle gardait tout de même un sourire serein et lançait des regards bienveillants à toutes les personnes présentes.
Une fois devant les cierges, elle leva ses yeux humides au ciel. De nouvelles larmes menaçaient de couler et cette fois-ci, c’était la frustration : celle de ne pas avoir les arguments nécessaire pour prouver qu’elle n’était pas idiote. Elle le savait. Elle connaissait son potentiel mais ne faisait rien pour l’exploiter ou seulement montrer qu’elle en avait. Elle était fatiguée de cette réputation qui était la sienne, mais détenait pour seule réponse la provocation, afin d’exaspérer encore plus ceux qui la jugeaient. Ceci-dit, pour l’heure, elle agissait en exemple, lançant tout de même des regards inquiets à Angelique : elle avait peur de s’y prendre maladroitement en allumant le cierge, ou de ne pas prier correctement.

- Si on dit un vœux à voix haute, il ne s’exauce pas. J’espère que ce n’est pas vrai, parce que j’aimerais que vous puissiez vous rendre compte de toute ma bonté intérieure… Est-ce que je peux parler à voix haute ?

Non, elle ne comptait pas hurler une fois de plus. N’attendant pas de réponse, pour ne pas changer, elle commença.

- Mon Dieu, j'ai un très grand regret de Vous avoir offensé, parce que Vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché Vous déplait. Je prends la ferme résolution avec le secours de Votre sainte grâce de ne plus Vous offenser et de faire pénitence.

Vous ne rêvez pas, Elin Hamilton venait de réciter l’acte de contrition. Sans avoir à se retourner pour constater les réactions de ses comparses, elle se doutait qu’elles devaient être littéralement sur le cul. Ce n’était peut-être pas le moment approprié pour cette prière, mais c’était suffisamment surprenant de l’entendre sortir de la bouche de cette jeune pêcheuse. Pourtant, ce n’était pas si extraordinaire que ça, et elle le devait à Madonna, qui l’avait repris dans une chanson. Elle espérait que les sœurs McClair ne la connaissent pas, et en était presque sûre : elle n’était pas connue.
Elle reprit d’une voix toute aussi posée, fermant les yeux comme si cela allait l’aider :

- Je m’excuse auprès de Vous pour avoir couché avec Zain, même si ses caresses me font monter au septième ciel, me rapprochant ainsi de Vous. Je suis désolée d’avoir couché avec Clyde Ainsworth, et je le regrette du plus profond de mon âme car il n’en valait strictement pas la peine. Je regrette d’avoir couché avec A…

Elle s’arrêta et ouvrit soudainement les yeux. Elle ne voulait pas continuer. Bien sûr, Elin n'avait jamais fait quoi que ce soit avec Clyde, mais le souvenir des sœurs McClair assistant à une des nombreuses conversations salaces entre le jeune homme et la brunette l'avait incitée à citer ce-dernier.

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Gaëlle se demandait ce qu’Angelique pouvait bien faire avec une fille pareille, franchement ! Elle eut la réponse bien assez tôt. La jeune Gaëlle espérait du fond du cœur que le prêtre scandalisé par le comportement d’Elin n’y touchera pas mot à Nicholas... Angelique allait se faire réprimer sinon, et Gaëlle aussi par la même occasion car c’était bien une demande à l’aide que sa sœur lui faisait là. Bien sûr, elle ne la laissera pas tomber et l’aiderait du mieux qu’elle pourrait, même si elle n’était pas certaine de lui être d’une grande aide.

« Tu savais très bien qu'elle n'était pas digne de confiance ! » lui dit-elle en chuchotant.

Elle sourit faussement aux personnes qui les regardait comme pour leur dire « c’est bon, tout va bien », alors que non. Elles ne contrôlaient pas du tout la situation et Gaëlle étant arrivée en court de route était d’autant plus perdue. Les mots qui sortaient de la bouche d’Angelique fusaient à toute vitesse. Gaëlle tenta de comprendre le tout rapidement, car il fallait agir et vite avant que ça ne dégénère. « Elle voulait aller aux toilettes » lui dit-elle. Toilettes ? Au Confessionnal ? Elle eut du mal à comprendre et ce n’est que quand Angelique l’agrippa par le bras et tenta de rattrapa la jeune Elin - en vain - qu'elle réalisa. Celle-ci s’y était déjà enfermée une fois arrivée.

« Génial... » souffla t-elle, complètement hallucinée par la situation.

Elle soupira et passa une main dans ses longs cheveux. Qu’allaient-elles faire à présent ? Attendre ? Heureusement, elle ne mit pas longtemps à sortir. Finalement, à la vision de sa culotte, elle aurait préféré qu’elle y reste. Ebahie, elle regarda la jeune Hamilton d’un air septique.

« Bonjour Elin ! » fit-elle avec un demi-sourire, essayant de rester le plus aimable possible.

Cette dernière remonta sa jupe devant les quelques regards, à croire qu'elle n’avait vraiment honte de rien celle là ! Cette situation était plutôt humiliante car sans le savoir Elin salissait quelque peu l'image des jeunes McClair...
Quand celle ci évoqua le papier toilette, Gaëlle tenta de rester calme en lui disant poliment.

« Je sais à quoi sert un confessionnal moi, mais merci... » dit-elle d’un air détaché.

Elle croisa le regard de sa sœur en lui témoignant son inquiétude, incroyable comment elle était douée dans ce rôle de petite inculte chieuse et provocante à souhait. Le peu qu’elle ait vue de Elin en action lui suffisait déjà amplement, Gaëlle était à deux doigts de se barrer en courant. Mais elle n’était pas sadique au point de laisser sa pauvre sœur en sa compagnie. Même si après tout, c’était Angelique l’ainée. D’un air déçu Elin sortit des propos plus bêtes qu’elle-même. C’était le comble. Un restoroute plein de pervers, vraiment ? Elle n’eut même pas le temps de répliquer que Elin les embarqua et elles se retrouvèrent toutes les trois devant les cierges à allumer. Elle leur demanda si elle pouvait prier à voix haute mais encore une fois elle n’attendit pas leur réponse pour le faire. C’est alors qu’elle récita l’acte de contrition, mots pour mots. Étonnée, Gaëlle échangea un regard à Angelique et la jeune brune enchaina avec une prière. Elle se stoppa net, s’arrêtant donc au prénom du garçon mystère commençant par la lettre A... Ce n’était pas qu’elle n’était pas curieuse, mais à vrai dire la vie sexuelle de la jeune femme ne l’intéressait pas plus que ça. Ces propos en étaient même déplacés, allant à l’encontre du Seigneur. Elle ne tenta même pas de savoir qui pouvait bien être le fameux « A ».

Elin venait d’avouer avoir couché avec 3 garçons et à haute voix en plus. Un manque de tact qui n’étonnait même plus la jeune McClair. La blondinette lui dit tout bas, pour en finir une bonne fois pour toute :

« Te sens pas obliger de continuer... Je crois que ça devrait aller pour aujourd'hui Elin... », tout en faisant un clin d’œil complice à Angelique.

Car malgré les efforts de la jolie brune, il y avait tout de même de forte chance qu'elle reprenne ces bonnes vielles habitudes d'un instant à l'autre.

Invité

- Elin tu ne m'avais...

- Oui Gaëlle a raison. Tu as très bien avancé aujourd'hui. Tu devrais t'en aller, méditer là dessus chez toi, et revenir.

Pas dans cette église !

Invité

Comme elle s’y attendait, les deux jeunes filles furent surprises par la récitation de l’acte de contrition. Elle ne se retourna pas pour constater toute l’ampleur de leur choc, mais elle le comprit bien évidemment par logique mais aussi par la phrase qu’avait dite Angelique, et qu’elle n’avait d’ailleurs pas pu finir sous l’effet de la stupeur. Elin restait modeste et n’avait pas réagi.

Alors qu’elle comptait en sortir une bonne, Gaëlle la stoppa net. Pff… Pourquoi maintenant ? Elle était bien mignonne, mais elle n’avait pas à la couper. Elin prit un air surpris et démuni, et dit d’une voix naïve :

- Pourquoi ? Dieu ne m’a pas encore pardonné pour mes avortements. Mais je suis fière d’avoir progressé ! Je suis sûre que j’irais au paradis.

Si elle avait réussi à toucher la corde sensible de cette sale petite garce d’Angelique, alors là, ce serait le pompon ! Surtout que la jeune fille l’avait incitée à aller dans une autre église. Elle la prenait vraiment pour une conne, à croire qu’elle goberait ça facilement et ne comprendrait pas qu’elle tentait de se débarrasser d’elle. Elin était bien contente d’être parvenue à la faire chialer. Enfin presque. Elle ne serait satisfaite qu’une fois qu’elle aurait vu ses larmes couler sur ses petites joues rondes.
Quelques minutes plus tôt, elle éprouvait une certaine compassion pour elle. Angelique avait beau la mépriser, elle tentait de l’aider et lui accordait un peu de son temps, ce qui était tout à fait généreux de sa part même si Elin se moquait d’elle. Mais toute trace de bons sentiments avait complètement disparu chez l’adolescente, qui voulait désormais faire souffrir celle qui l’avait faite souffrir en la prenant pour une idiote finie, tout en ignorant que c’était elle qui se faisait complètement niquer.

- Vous pensez que je devrais partir ? Vous avez peut-être raison… J’y vais, dit-elle d’un ton qui laissait transparaitre sa déception. Elle fit une petite moue et se força à sourire, donnant plus de réalisme à son jeu. Elle fit quelques pas vers la sortie mais s’arrêta brusquement, se retournant avec un sourire radieux.

- Mais il me reste encore quelque chose à faire !

Elle retourna d’un pas vif mais maladroit vers les cierges et en alluma un autre. Elle prit les deux qu’elle avait allumés et jeta un regard à un crucifix accroché à un mur.

- J’aimerais les mettre sur la tête de Jésus pour rapprocher mes prières de Dieu et des cieux.

Elle eut envie d’éclater de rire. Elle prenait en gros Jésus pour un sapin de noël au sommet duquel on accrochait une étoile ou un ange. La jeune fille, plutôt petite, ne pouvait pas y arriver : le crucifix était disposé bien trop haut pour qu’elle puisse l’atteindre même sur la pointe de ses talons. Elle bondit alors soudain sur Angelique et l’attrapa par les épaules, la forçant à s’incliner, tout en tenant fermement les cierges dans ses mains pour ne pas enflammer la chevelure d’or de la jeune fille.

- Fais-moi la courte échelle pour m’aider.

Toujours sans attendre aucune réponse, elle grimpa sur le dos de la blonde, tentant de lui monter sur les épaules. Apparemment, sa comparse n’était pas trop d’accord et se débattait pour faire lâcher la brunette, qui était tout de même tenace. Elin tentait de la calmer à coups de reins et flots de paroles.

- Tâche de te contrôler Angelique, je fais ça pour mon salut !!

Elle ne semblait pas vouloir l’écouter. Donnant toujours des coups de reins comme si elle sodomisait celle dont elle se servait comme d’un cheval, elle tentait de se rapprocher du crucifix pour le décorer de ses deux cierges brulants. Alors qu’elles s’en rapprochaient, Angelique continuait de protester et fit un demi-tour qui expédia la jeune fille hors de son dos.
Les bras toujours levés vers le ciel, Elin ne se rendit pas compte que les flammes de ses cierges commençaient à consumer un rideau tombant du mur où se trouvait le crucifix. Bien vite, les flemmes se répandirent jusqu’à enflammer complètement le rideau, qui prit contact avec du bois, propageant encore plus de flammes à travers l’église.

La jeune Hamilton était terrifiée mais également perplexe : qu’est-ce que c’était que ce tissu de merde inflammable aussi rapidement ? Choquée mais agréablement surprise, elle ressentit ses lèvres se déformer en un rictus machiavélique. Si elle souhaitait réellement pourrir la vie des McClair, elle venait d’y parvenir, sans le faire volontairement de surcroit.

Les flammes prirent rapidement l’allure d’un réel incendie qui requérait plus d’un petit extincteur pour l’éteindre. Les personnes se trouvant à l’intérieur de l’église se mirent alors dans un brouhaha hystérique à quitter les lieux à la vision du plafond qui prenait feu et des flammes qui tombaient sur les cartons de vêtements récoltés, amplifiant le feu.
Elin, elle, restait debout à regarder les flammes jaillir comme un artiste contemplerait son travail enfin fini. Elle était à la fois satisfaite, fascinée mais aussi terrifiée.

Invité

Quand Elin évoqua ses « nombreux avortements », Gaëlle toussota en échangeant un regard amer à Angelique qui semblait plus que choquée. Elin ne se rendait pas compte à quel point ses comportements étaient indignes et immorales. L’avortement consisterait à tuer un enfant. Le meurtre était un acte pratiquement impardonnable ! Cet acte était bien évidemment banni par la religion et elle osait en parler ouvertement et avec une aise insupportable, qui plus est dans une église ! Jamais Gaëlle n’aurait pensé qu’Elin pouvait être si irresponsable, enfin si elle disait vrai. Quant à son assurance d’aller au paradis, elle se mettait le doigt dans... l’œil. Ce n’était pas aussi simple que cela et si ces avortements étaient vrais, il faudra qu’elle fasse bien plus qu’une simple prière pour se racheter.

« Je ne suis pas aussi sure que toi. Ce que tu as fait est mal Elin, tu devras vraiment songer à te confesser pour de bon et demander pardon au Seigneur jusqu’à la fin de ta vie ! »

Enfin la jeune femme pensa à partir ! La jolie blonde soupira de soulagement en la voyant se diriger d’un pas las vers la sortie.

« Oui il serait temps Elin... » avait-elle dit alors que Elin s’en était aller sans même l’avoir écouter.

Puis elle se stoppa net et se retourna, tout sourire, en disant qu’il lui restait encore une chose à faire. A cet instant les jeunes Mc Clair avaient raison de penser au pire... Sans attendre, elle partit allumer un autre cierge et récupéra le précédant. Les deux blondes la rattrapa le plus rapidement possible et Elin leur dit « J’aimerais les mettre sur la tête de Jésus pour rapprocher mes prières de Dieu et des cieux. » Gëlle pensait qu’elle plaisantait en premier lieu, mais non ce n’était pas le cas. La voyant s’agripper à Angelique, la jeune Mc Clair lui cria :

« Non Elin fais pas ça ! »

Elle monta sur les épaules de sa pauvre sœur, manquant de lui enflammer les cheveux. Gaëlle la tira par une jambe pour la faire tomber, inquiète de faire mal à sa sœur par la même occasion.

« Descends de là Elin ! » dit-elle en levant la voix comme elle pût.

Déstabilisée, et Angelique l’expédiant la jeune Elin tomba et enflamma les rideaux par la même occasion. Les cris se firent entendent de toute part. Angoisée, elle prit soudainement la main d’Angelique et l’entraina loin des flammes, laissant Elin se débrouiller seule. Elle vit la jeune brune rester figer devant les flammes, comme fascinée au lieu de prendre ses jambes à son cou. Elle était tarée ! De nature peureuse, la jeune Gaëlle cria « au feu, au feu !! » comme si que cela ne se voyait pas; puis courra vers la sortie avec sa sœur. Apeurée et pris de panique, elle demanda à sa sœur une fois sortie de l’église :

« Tu vas bien ? Tu n’as pas été blessée ? »

C’était bien la seule chose qu’elle voulait savoir pour l’instant, ne se souciant même pas de jeune Hamilton qui était encore à l’intérieur. On entendit les sirènes des pompiers arrivés de loin, ils avaient fait vite ! Les idées confuses elle lâcha :

« Elle a essayé de nous tuer ! Elle est malade ! Papa va nous tuer ! Je... je....»

Puis elle s’effondra au milieu de la foule qui grandissait de l’extérieur, faisant un malaise face à la gravité de la situation.

Invité

- Je... Je... Je ne sais pas quoi te dire.

- Tu vas mieux ?

- Détruit, tout est détruit !

Invité

La jeune fille, même si elle savait pertinemment qu'elle n'allait pas mourir car c'était tout bonnement inenvisageable de perdre la vie aujourd'hui, alors qu'elle était si jeune, contemplait son travail avec une lueur de fierté mais aussi d'effroi dans le regard. Elle ne bougeait pas et se contentait de rester immobile face au brasier, la bouche entrouverte. Elle n'osait pas faire un seul mouvement de peur de se blesser et surtout par crainte de rater un seul moment de cette scène jouissive. Car oui, malgré la terreur qui s'était emparée d'elle, l'adolescente était heureuse d'avoir enfin pu régler son compte à cette petite connasse d'Angelique, qui la prenait pour une idiote alors que c'était elle l'imbécile, qui n'avait désormais plus de cour de récréation. Elle se surprit même à avoir un petit rire, qui résonna d'ailleurs entre les murs de l'édifice comme celui du diable, en entendant cette imbécile de Gaëlle hurler qu'il y avait le feu.

* Non, sérieux ?! Heureusement que t'es là, j'avais pas vu * pensa Elin.

Malgré la catastrophe qu'elle avait en quelque sorte provoquée et la haine qu'elle s'était attirée, surtout celle des saintes pucelles, elle espérait qu'on viendrait la tirer de cet endroit. Leur bonne conscience ne pourrait pas les résoudre à la laisser plantée là, au milieu des flammes, près de la mort. Elle n'eut pas le courage de tourner la tête. Ce qu'elle aurait vu l'aurait définitivement achevée : elle n'aurait pas supporté la vision des deux blondes, se soutenant mutuellement et la laissant crever ici la gueule ouverte. Elle les comprenait en fait un petit peu, mais elles ne pouvaient s'en prendre qu'à elles-mêmes : emmener Elin à l'église, lui faire boire leurs paroles religieuses de rédemption et lui reprocher sa franchise quant à ses avortements, qui n'avaient d'ailleurs jamais eu lieu, alors qu'elle faisait tout – pour rire, certes – afin de se racheter. Pourquoi la faire se confesser si elle n'avait pas le droit de parler d'avortements et d'autres erreurs qu'elle aurait pu commettre ? Car si la jeune fille n'y croyaient pas, les deux cruches, elles, devaient non pas marcher mais courir !

Bien vite, les sirènes des camions de pompiers retentirent. Ils avaient en effet été rapides. Ils devaient être de mèche avec les McClair. Une conspiration religieuse, un peu comme celle des nazis qui avaient instauré leurs idéaux par la force et la terreur. C'était un peu ça, la religion, à ses yeux. Mais bon, qui disait pompiers disait beaux mecs. Bizarrement, Elin trouva le courage de se mouvoir un petit peu, ne serait-ce que pour se coucher à terre et mettre sa poitrine en avant. Elle entendit un pompier hurler s'il y avait encore quelqu'un à l'intérieur. Elle était seule et craignait que les complices du complot religieux dirigé par les McClair ne réponde par la négative, espérant ainsi que la jeune fille serait brûlée par les flammes purgatives de l'enfer. Heureusement, elle entendit une voix niaise, aigue et carrément stressante confirmer qu'il restait une fille à l'intérieur. Elle en fut carrément soulagée et remercia intérieurment la voix du salut qui l'avait sauvée.

Un pompier rentra en catastrophe dans l'église et, voyant la brunette à terre, la prit dans ses bras afin de la sortir. Sa combinaison avait beau être encombrante, elle sentait chacun de ses muscles se contracter à chaque mouvement qu'il faisait. Elle passa ses bras autour de son cou et posa sa petite tête contre les pectoraux saillants de son sauveur. Elle répétait à tue-tête « oh mon héros, mon héroooos ». Elle semblait complètement hystérique mais était bel et bien consciente.

La foule présente, fort heureusement, l'avait dissimulée des deux sœurs du paradis, dont elle entendait les lamentations. Bon, elles avaient dû la voir sortir, mais une fois posée au sol par le beau gosse, elle s'éloigna le plus vite et le plus consciencieusement possible afin de ne pas subir le terrible courroux d'Angelique et Gaëlle. Elin se faisait violence afin de retenir le petit sourire narquois qui menaçait de déformer ses lèvres, renforçant l'effet démoniaque de la situation. À travers les fidèles de l'église de feu. Décidément, c'était dangereux la religion ! Mais même Elin Hamilton était assez censée pour comprendre la gravité de la situation : elle avait, involontairement certes, mis le feu à l'église. Elle risquait gros pour cela, et si ce n'était pas elle, ce serait sa famille. Elle avait beau ne pas aimer ses parents, elle ne voulait pas leur infliger cela, surtout pas après la mort de Tessa. Si pour éviter cela elle devait mentir, alors soit : elle avait déjà sa petite version. Après tout, elle n'avait pas souhaité provoqué cet incendie, et s'il avait eu lieu, c'était uniquement de la faute de Gaëlle mais aussi et surtout à cause d'Angelique, qui avait gigoté et mené l'église à sa perte. Elles pouvaient bien se faire battre par leur père, cela lui importait peu désormais. Elles l'avaient manipulé. Elle n'aurait qu'à dire ça, oui, la manipulation ! Elle lui avait fait croire qu'elle aurait une chance de recevoir le salut du seigneur, tout cela pour se moquer d'elle. Elles l'avaient forcée à se confesser devant elles, elles l'avaient ridiculisée. Elin, crédule, aurait souhaité enlacer Angelique. Celle-ci l'avait poussée, écoeurée par la ridicule petite brune. Elle avait ensuite tenté de les suivre lorsque le feu s'était déclaré, mais elles l'avaient poussée. Oui, c'était elles, les fautives. Sa version tenait parfaitement la route.

Sans un mot, Elin s'eclipsa aussi vite que possible. Une telle situation méritait une sortie d'égale qualité. C'était très théâtral. Les pompiers avaient beau se démener, quelques flammes persistaient, consumant encore plus le sanctuaire sous les yeux impuissants de ses fidèles. Elle préférait largement déguerpir et conserver un certain mystère que risquer de gâcher l'atmosphère romanesque de la chose en faisant une boulette. Enfin, elle en avait déjà fait une très grosse...

Invité

Elle voyait des étoiles danser partout dans un grand ciel bleu... mais aussi un bruit de fond désagréable orné de cris et de sirènes. Elle était tombée lâchement et durant son court malaise ce fût le néant... jusqu’à son réveil. Un pompier de son côté droit et Angélique, apeurée, de l’autre. Elle reprit connaissance et se redressa. Non, ce n’était pas un cauchemar toute cette agitation autour d’elle. Tout cela semblait bien réel. L’église en feu, Gaëlle se remémora les évènements.

« Oui... je vais mieux merci... » Dit-elle mollement à sa sœur qui s’inquiétait.

Elle se releva en remerciant le pompier qui re vaqua à ses devoirs et ne pût que constater le chef d’œuvre dirigé par le maestro nommée Elin. Elle était forte, vraiment. Tout ce qu’elle entreprenait relevait d’un manque de jujotte inquiétant ou alors d’une malice avec supplément artifice. Elle ne savait pas trop sous quel angle placé Elin à vrai dire. Les deux peut-être... En tout cas ce qui était sure c’était qu’elle ne s’en sortira pas comme cela, il fallait assumer maintenant.

« Un désastre ! » ajouta t-elle aux mots d’Angélique.

Comment tout cela a-t-il bien pût arriver ? Les évènements avaient tournés à la catastrophe dès que Elin avait franchit la porte de l’église. Gaëlle guetta du coin de l’œil la jeune Hamilton mais aucune trace de la brunette. Se retournant vers sa sœur et discrètement elle lui demanda :

« Tu l’a vu ? »

Peut-être qu’elle l’aurait croisée durant sa courte perte de conscience qui sait ? Mais vu les regards d’Angélique elle semblait épier la coupable tout comme elle. Mais où était-elle bien passée ? Elle avait pourtant entendu un pompier dire à son collègue qu’il n’y avait plus personne à l’intérieur et pendant que ces derniers éteignaient le feu ce fût au tour des voitures de police de se ramener. Me*** ! Qu’allaient-elles bien leur dire ? La vérité surement... après tout elles n’étaient pas chrétiennes pour rien, elles se devaient de dire la vérité soit de dénoncer Elin.

Les deux McClair échangèrent un regard inquiet quand un policier vint interroger le fameux prêtre qu’Elin avait abusivement séduit, celui-ci les montra au loin du doigt. Le traitre ! Il allait tout avouer, lui dire que c’était avec Angélique que l’autre s’était ramenée. Malheur ! Ils allaient peut-être les accuser de complicité si ça se trouve. Gaëlle se faisait de nombreux scénarios les plus horribles les uns des autres en un temps record, tout défilait dans sa petite tête et on pouvait lire la crainte dans son visage. Se mettant dos au policier et au prêtre elle demanda à sa sœur :

« Qu’est-ce qu’on va faire ? »

C’est vrai quoi elles pouvaient avouer toute la vérité si elles le voulaient mais qu’en était-il d’Elin et de sa version des faits ? Après tout mentir sur cet incident ne devait pas être très difficile pour elle après ce qu’elle venait de faire. Mais bon elles étaient quand même 2 contre une, ils seront obligés de les croire. Et puis qui allait croire une petite vicieuse comme Elin plutôt que deux chrétiennes habituées du lieu ? C’était perdu d’avance pour elle. Et puis elle l’avait bien cherché ! Le Seigneur ne lui avait donné que ce dont elle méritait quitte à sacrifier ce lieu sacré.
En lui posant la question Gaëlle espérait chercher du réconfort auprès de son ainée. Qu’elle lui dise de ne pas s’en faire, que tout allait s’arranger. Le genre de réplique qu’on entendait souvent dans les séries télés en fait. Mais Angélique eut à peine le temps de lui répondre que le policier de tout à l’heure s’approcha d’elles.

« Bonjour mesdemoiselles. Apparemment le père dit vous avoir vu assister à la scène, est-ce bien le cas ? » leur fit-il.

Il avait son petit carnet de note et un stylo à la main comme au bon vieux temps. Qu’est-ce qu’ils pouvaient être ringard les policiers de nos jours !
Gaëlle regarda sa sœur puis se contenta d’hocher la tête positivement. Elle espérait qu’Angélique aurait assez de cran pour tout raconter, c’était elle l’ainée et puis c’était en partie sa faute d’avoir laissé le diable entrer dans leur cher église.
Tout ce cirque commençait vraiment à l'insupporter, si elle voyait Elin dans les parages Dieu seul sait ce qu’elle lui ferait !

Invité

- Elle n'a pas pu disparaitre quand même !

- Je m'en charge ne t'en fais pas.

- Bonjour mesdemoiselles. Apparemment le père dit vous avoir vu assister à la scène, est-ce bien le cas ?

- Ecoutez monsieur, tout cela n'est qu'un terrible accident. Il se trouve que j'étais venue avec une voisine, Elin Hamilton qui réside à Magnolia Cresent, le quartier tout proche..

- On ne plaisante pas avec ses choses là. Vos accusations sont très graves. Etes-vous certaines de vouloir mettre ainsi en cause la dénommée Elin Hamilton ?

» When you call my name, it's like a little prayer ♣ Jersey

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