Joy && Julian


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Depuis la mort de notre mère, la relation que j’entretenais avec ma sœur avait complètement changé. En général, il y avait des jours où je tentais de lui parler. Mais en vain, ça ne servait à rien. Elle n’écoutait que ce qu’elle voulait entendre, et la plupart du temps, elle ne me faisait pas cet honneur. Vraiment, je ne la comprenais pas, on devrait se serrer les coudes, et se soutenir comme le ferait une famille banale. Mais le problème était bien là, nous n’étions pas une famille banale. Nous étions même la pire famille du quartier, et j’avais franchement honte d’être un King. Même si ce nom avait une signification glorieuse, je trouvais qu’il m’allait très mal, et je ne méritais pas ce genre de titre. Ce qui me qualifierais le mieux, serait quelque chose comme bouffon ? Ou peut être le fou du roi ? A la rigueur, le bouffon ou le fou du roi, c'était la même chose, mais j'étais selon moi, ce genre de pourriture de la hiérarchie.

La musique de Joy résonnait avec puissance. C’était comme si le son cherchait à transpercer les murs de notre maison. A croire qu’elle cherchait à détruire ce qui nous restait de commun… Mais à travers cette attaque terroriste du son, je me demandais ce qu’elle pouvait bien faire pour se cacher dernière la férocité de la musique. Je quittais donc mon lit, où j’y étais allongé depuis une bonne heure, et quitta ma chambre pour atteindre le pallier, et frapper à la porte de sa chambre.

- Joy ? Sérieux, arrête de faire trembler la maison de la sorte, tu vas énerver papa.

Ouais tu parles, énerver le père. Déjà, si on arrivait à le rendre plus humain, je pense qu’on mériterait ce genre de médaille qu’on remettait aux héros de guerre. Il était devenu ce qu’on appelle une coquille vide, et ça me rendait malade de voir un homme comme lui devenir si.. Si rien.

- Joy !!!

Ma voix avait augmenté d’un ton et se faisait plus féroce. J’étais un imbécile ! Comme si elle pouvait m’entendre avec tout ce vacarme. Il fallait donc utiliser la manière forte et entrer dans sa chambre sans rien lui demander. Quand j’ouvris cette fameuse porte, la puissance du son semblait être le double de ce que je pouvais entendre dans la maison.

- Mais tu vas arrêter un peu de te faire remarquer n’importe comment ?! Baisse le son !

La journée avait commencé vers 14H30 quand Joy s'était enfin décidée à lever ses fesses de son lit. Encore une fois, la jeune brune était rentrée complètement éméchée. C'était une soirée d'enfer d'ailleurs mais enfin.
Alors qu'elle avait petit-déjeuné, déjeuné et peut-être encore autre tout à la fois, elle était montée dans sa chambre et directement avait allumé la musique. Une personne normale allumerai à un volume respectable mais Joy ne voulait pas penser et pour ne pas penser, un seul moyen mettre au maximum. Par la même occasion si un autre King était dans la maison ça l’ennuierait au plus haut point et Joy serait d'autant plus heureuse ! Enfin heureuse, pas dans le sens que vous l'entendez, ah ça non ?

Bientôt Joy se coucha sur son lit et regarda le plafond puis commença à envoyer des sms avec lui ou elle... La petite brune avait l'impression d'entendre quelque chose en dessous de la musique mais c'était peu probable, en fait elle ne savait pas si un des King était à la maison et elle s'en fichait un peu, pour ce que ça aurait changé de toute façon...

Ensuite, Joy posa son portable et commença à danser dans sa chambre, en petite culotte et un sweat à capuche pour seuls vêtements. Puis d'un coup, Julian entra dans sa chambre ! Là, c'était trop. Elle prit la télécommande de sa chaîne puis coupa le son.
"- Mais tu vas arrêter un peu de te faire remarquer n’importe comment ?! Baisse le son !"
Il était énervant avec son air supérieur de je me la pète et rien ne m'atteint. Joy prit un coussin et le lança sur son frère.

- Dégage, dit-elle simplement sans crier.

Joy ne voulait plus le voir, elle en avait plus qu'assez que Julian se prenne pour le chef, pour celui qui contrôlait tout. Que voulait-il à la fin ?

Fallait-il s’étonner qu’en entrant dans sa chambre, Joy ait décidé de me jeter comme un vieux torchon sale ? Disons que ça ne m’étonnait pas, c’est du elle tout craché. Pendant un instant, je l’observais. Elle était simplement vêtue d’une petite culotte et un sweater bien trop large pour elle. Peut être m’avait-elle demandé de sortir mais au moins, j’avais réussit à lui faire éteindre sa musique. Aussi stupide que ça l’étais, j’en étais plutôt fier, comme si je me prouvais que je pouvais un peu me faire respecter d’elle. Alors, pensant que j’avais pris un bon élan, j’en profitais pour lui parler.

- Qu’est-ce que t’as prévu de faire ce soir ?

Vu comme ça, c’était vraiment une demande soupçonneuse. En réalité, je voulais juste savoir si elle n’allait pas risquer bêtement sa santé dans des jeux d’alcools et de drogues. Ayant perdu ma mère, je n’avais pas envie de vivre le même scénario tragique avec elle. Mais je ne pensais pas qu’elle le voyait de cet œil.

- Enfin je te demande ça comme ça. C’est juste que si tu vois Clyde, fais attention. Ce type n’est vraiment pas normal. Il va t’embarquer dans ses délires, et ça va t’attirer des ennuis. Tu le sais bien, qu’on n’a pas besoin de ça en plus.

Même si mes paroles avaient des allures de sermon, en réalité, j’étais en train de m’inquiéter pour elle. J’avais vraiment peur qu’elle s’embarque dans une aventure que la détruirais petit à petit. J’aurais beaucoup de mal à le supporter si ça lui arrivait.

Ce truc qu'avait Julian de toujours devoir vous faire la morale, le regard qu'il vous jettait, avec lui on avait toujours l'impression qu'on ne valait pas grand chose.. du moins Joy le voyait de cet oeil...
Lui était posté près du mur quand à Joy elle se trouvait à l'autre bout de la pièce, comme si tout ce qu'ils étaient avant n'existait même plus dans leurs souvenirs. Mais la petite King n'arrivait plus à s'imaginer parler à Julian comme avant, elle le voyait plutôt comme celui qui voulait absolument garder une bonne image...
« Qu’est-ce que t’as prévu de faire ce soir ? »
Maintenant il jouait à celui qui était responsable, Joy détestait qu'il s'occupe d'elle. Ce qu'elle faisait ne le regardait pas.. Pourtant elle répondit:

- Tu sais pas ? Je vais me défoncer, boire et bien d'autres encore ! L'image des King va être moche maintenant, hein ?

Joy se doutait qu'il allait se mettre en colère ou même qu’il serait choqué mais c’était justement le but. C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle provoque son frère. Au fond d’elle, il restait tout de même Julian, le complice des quatre cents coups mais pour l’instant Joy et Julian n’était plus d’accord sur rien.
« Enfin je te demande ça comme ça. C’est juste que si tu vois Clyde, fais attention. Ce type n’est vraiment pas normal. Il va t’embarquer dans ses délires, et ça va t’attirer des ennuis. Tu le sais bien, qu’on n’a pas besoin de ça en plus. »De quoi se mêlait-il ? Il fallait qu’il se mêle de tout, Julian ne pouvait penser à autre chose que sa réputation ? C’était vraiment un idiot ! Joy s’approcha de son frère. Bientôt elle fut à sa hauteur et elle lui dit :

- Julian, ce que tu penses je m’en fiche, Clyde est un de mes amis, je l’adore et on se comprend. Alors occupe-toi de tes affaires, ok ? Et arrête de penser à ta putain de réputation Julian ! On a pas besoin de ça non plus ! Ce que les gens pensent je m’en fiche, ok ? C’ était ce que maman pensait alors fais pareil au lieu de te planquer comme un lâche ! Je te rappelle que tu es un King, ok ?

Joy détestait parler avec son frère, il arrivait toujours à l’énerver, à lui faire remonter tous les sentiments qu’elle essayait d’enfouir au plus profond d’elle. Joy n’avait pas besoin de l’aide de son frère, ah ça non…

La conversation n’avait commencé que depuis quelques secondes, et pourtant, Joy s’énervait déjà. Sincèrement, je m’inquiétais pour elle, mais elle semblait ne pas avoir ce même ressenti. Ça me manquait, l’époque où nous pouvions nous parler de tout et de rien. On pouvait se confier sans craindre quoique ce soit. Mais tout ça n’était qu’un lointain souvenir que devenait de plus en plus flou dans mon esprit.

Lorsque je lui demandais ce qu’elle avait prévu de faire ce soir, elle opta pour une réponse choc. Bizarrement aujourd’hui, au lieu de me mettre en colère, je me mis à soupirer, montrant la lassitude que j’avais pour cette vie. Pour qui me prenait-elle ? Pour un étranger peut être ? En tout cas, elle me parlait comme si j’étais un de ses sales types qui avaient en tête de la violer après une soirée bien arrosé.

- Joy… Je m’en fou de la réputation de notre famille, parce que franchement, tu crois encore qu’on peut parler de famille à l’heure actuelle ? Papa est devenu une espèce d’hermite qui déprime dans son coin, toi tu as décidé de nous renier, et moi…

Pas besoin de faire un monologue sur ce que je pouvais bien pensé de moi, étant donné que tout ça n’était pas bien glorieux. Je n’avais pas envie de me dévaloriser face à ma petite sœur et je préférais encore qu’elle me croit fier que pitoyable. Même si dans le fond, je devais déjà l’être pour elle.

A présent, elle était à ma hauteur, et comme si elle n’avait pas pris en compte ce que je venais de lui dire, elle continua de cracher son venin. Quand elle évoqua notre mère, mon cœur se serra me laissant une lourde douleur sur la poitrine. Au tac au tac, je réagissais à ses propos, en posant vivement mes mains sur ses frêles épaules, et mon regard se plongea dans le sien, histoire de l’inciter à m’écouter. Le problème, c’est que dès qu’on me parlait de maman, je perdais mon sang froid.

- Maman n’est plus là Joy !

Voilà ce que je lui avais répondu d’une voix ferme et agressive, le regard furieux plongé dans le sien. Elle devait être ravie de m’avoir plongé dans cet état en à peine dix minutes.

- Elle n’est plus là, et elle ne reviendra jamais ! Alors King ou pas, si tu veux continuer à pourrir ta vie comme tu le fais, continue ! Qu’est-ce que tu vas y gagner ? Rien du tout Joy ! Mis à part les médisances des autres. Tu t’en fou de ce qu’ils pensent ? C’est bien, je suis ravi pour toi ! Mais moi, je ne veux pas te retrouver à moitié morte sur le trottoir à cause des conneries que tu prends, c’est valable pour maintenant, mais aussi pour dans cinq ans, dix ans, et tout le reste de ta vie !

Joy ne put s’empêcher de soupirer. L’idée de parler avec son frère l’énervait, la déprimait. Cela ne servait à rien de parler avec lui, il était … bizarre. Il faisait trop attention aux regards des autres, il faisait son gars perdu mais il était loin d’être cela. Joy avait l’impression qu’il s’écrasait devant les autres alors qu’il n’aura vraiment pas du agir de cette façon, c’était aller à l’encontre d’Alicia.
Joy chercha à le mettre en colère, à la place Julian laissa échapper un soupire qui fit bouillonner Joy. Elle ne répliqua rien, pour une fois elle l’écouta jusqu’au bout.
« Joy… Je m’en fou de la réputation de notre famille, parce que franchement, tu crois encore qu’on peut parler de famille à l’heure actuelle ? Papa est devenu une espèce d’hermite qui déprime dans son coin, toi tu as décidé de nous renier, et moi… »Et voilà, Julian avait exagéré, il allait trop loin. C’était la preuve qu’il ne savait rien, Julian ne comprenait pas alors ? Joy pensait que c’était lui qui aurait pu la comprendre mais visiblement non. La jeune fille aurait voulu se confier à lui mais elle ne savait plus comment agir face à lui, c’était trop difficile, de le regarder sans repenser à la nuit où… Alicia était morte.

- Julian ! Je ne renie pas la famille, pas du tout ! Je ne peux juste plus vous regarder, je n’y arrive plus. Tu ne peux pas essayer de comprendre à la place de ressembler à une larve ? Papa ne comprend, je ne comprends, tu ne comprends pas alors comment veux-tu que tout roule ? J’ai envie de rire, j’ai envie de sourire mais je ne peux pas, c’est… Ce n’est pas correct, essaye de comprendre, merde !

Joy essayait tant bien que mal de retenir ses larmes, elle ne voulait absolument pas pleurer devant Julian. Elle avait du mal à le regarder dans les yeux, à chaque fois, elle se rappelait de cette nuit et elle devait se foutre en l’air pour mieux oublier. Il fallait vivre avec, c’était ainsi.
Quand Joy évoqua sa mère, Julian éclata et ça fit mal à la petite King.
« Maman n’est plus là Joy ! » Rien que cette phrase fut comme un Xième coup de poignard dans le cœur de la jeune King. « Elle n’est plus là, et elle ne reviendra jamais ! Alors King ou pas, si tu veux continuer à pourrir ta vie comme tu le fais, continue ! Qu’est-ce que tu vas y gagner ? Rien du tout Joy ! Mis à part les médisances des autres. Tu t’en fou de ce qu’ils pensent ? C’est bien, je suis ravi pour toi ! Mais moi, je ne veux pas te retrouver à moitié morte sur le trottoir à cause des conneries que tu prends, c’est valable pour maintenant, mais aussi pour dans cinq ans, dix ans, et tout le reste de ta vie ! » Là ce fut trop, Julian n’avait donc pas de limite. Joy sentit sa main partir et s’écraser sur la joue de son frère. Une fois qu’elle se rendit compte de son geste, elle resta la main en l’air ne sachant pas quoi faire, ni dire. Elle était à deux doigts de pleurer. Joy le regarda et lança juste :

- Tu sais bien ce que c’est de retrouver les gens mort, pas vrai ?
Elle avait envie de lui faire du mal, pas volontairement mais juste par vengeance de ce qui lui faisait endurer. Joy aurait voulu qu’il comprenne mais il s’entêtait à faire son pommé…

J'étais énervé contre Joy. J'étais énervé qu'elle se bousille la santé avec toutes les conneries qu'elle se prenait, les gens douteux avec qui elle trainait. Et je venais de lui balancer tout ça à la gueule. Je voulais retenir mes paroles, les gommant d'un coup de gomme comme si je venais de les écrire sur du papier, oublier cette instant. Je venais de lui faire du mal, je le voyais dans ses yeux. Je m'en voulais. J'étais son grand frère, je devais faire attention à elle et la protéger. Seulement elle aimait m'exaspérer, et ça se finissait tout le temps comme ça. Lorsque j'étais énervé, je n'avais pas de limite, et devenait blessant. La réaction de ma sœur ne se fit pas attendre, et je sentis sa main s'écraser sur ma joue. Je ne réagis pas sur le moment, apportant ma main à ma joue à présent endolorie, trop surpris pour faire quoi que ce soit d'autre. Je comprenais sa réaction, étant allé trop loin, mais elle aussi était allée trop loin. Nous traversions une période sombre, et au lieu de nous serrer les coudes, nous nous disputions sans cesse. Moi, je voulais juste lui parler, être à son écoute, mais je ne savais apparemment pas comment m'y prendre, jouant au grand frère inquiet et sur protecteur, ce qui ne lui plaisait vraiment pas apparemment. Mais ce n'était pas de ma faute, j'étais comme ça.

Comme si cela n'était pas assez, elle me lança une phrase cinglante au visage, me disant que je savais bien ce que c'était que de retrouver des gens morts. Là, ça en était trop. Elle allait beaucoup trop loin. Je sentis mon cœur se serrer, me rappelant le jour où j'avais découvert le corps de notre mère baigner dans une mare de sang, inconsciente dans mes bras. Ma mère, que j'aimais plus que tout, étendue sans vie devant mes yeux horrifiés. Et s'il n'y avait pas eu que ça ? Je lançais un regard noir à Joy, la détestant de me rappeler ce souvenir que je maudissais plus que tout, et profitait que mes mains étaient toujours sur ses épaules pour la pousser sans ménagement contre le mur juste derrière elle, avant que mon poing ne s’abatte à quelques centimètres de son visage, s'enfonçant dans le mur. Elle venait de me mettre hors de moi. Une veine pulsait sur mon front, et un demi-sourire s'étala sur mes lèvres, avant que je ne lui dise d'une voix dangereusement calme.

Julian . Ouais, tu peux pas savoir. Ne me rappelle plus jamais ce souvenir petite sœur..

Je crachais pratiquement le "petite sœur". Là, elle avait vraiment abusé. Elle avait réussi à me faire sortir de mes gonds. Et je savais que ça lui faisait énormément plaisir. Je n'avais pas voulu lui faire de mal pour autant, et c'est pour ça que j'avais tapé dans le mur, pour me défouler, car je savais que je ne ferais jamais de mal à ma sœur quoi qu'elle me dise. Je me calmais donc, reprenant une contenance, comme s'il ne s'était rien passé quelques instants plus toi, et lâchais son épaule. Je la regardais dans les yeux, soutenant son regard, attendant sa réaction. J'avais simplement voulu lui faire peur, ne voulant plus jamais qu'elle évoque ce souvenir. Elle pouvait me reprocher tout ce qu'elle voulait, m'en vouloir même, mais surtout ne plus jamais reparlé du jour où j'avais découvert notre génitrice dans un bain d'hémoglobine.