Romantique ou pas. (Pv : Elin Hamilton)

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Elin & Zain

On était vendredi, les parents de Zain l’avait prévenus qu’ils sortaient dîner au restaurant avec des amis. Finalement Zain se retrouva donc seul chez lui, il était 19h30 et ni sa sœur ni son frère n’avaient prévus de rentrer avant tard dans la soirée. Cela faisait longtemps que Zain n’avait pas vu Elin, sa petite amie. Enfin, ils s’étaient vus au lycée mais surtout croisés en coup de vent sans vraiment avoir de moments à eux pour parler et tout simplement être ensemble. Il lui avait envoyé un texto il y avait quelques minutes pour lui proposer de venir passer la soirée chez lui, ce à quoi elle venait de répondre que c’était d’accord. Il était désormais 20h quand la sonnerie de son téléphone retentit. Elin prévenait Zain qu’elle arrivait devant chez lui. Le temps que Zain sortit de la cuisine où il se trouvait et se rendit à la porte d’entrée afin de lui ouvrir, Elin était là, sur le palier de la porte et Zain l’accueillit par un baiser des plus romantiques. Il lui sourit et la fit entrer.

ZAIN ▬ Ca va ? Il attendit alors un instant avant d’ajouter : On va dans ma chambre ? Je n'aime pas rester au salon.

En effet, même s’il n’y avait personne dans la maison, par habitude il lui proposa d’aller dans sa chambre. En effet sa chambre était en quelque sorte son monde et là bas il s’y sentait bien, et beaucoup mieux pour parler. La plupart du temps, Zain et Elin se posait sur la moquette, entre la fenêtre et le lit de Zain, et se munissaient de multiples petits coussins. Zain proposa donc à Elin de monter dans sa chambre par soucis de confort. Il prit soin de fermer la porte d’entrée, prit la main d’Elin et les deux jeunes se suivirent vers la chambre de Zain qui se trouvait à l’étage. Ils entrèrent dans sa chambre de ce dernier. Zain avait préparés leur « coin » avec un rassemblement de petit coussin confortables posés par terre entre le lit et la fenêtre entre-ouverte, en effet il ne faisait ni trop chaud ni trop froid dehors ce qui était tout à fait agréable.

Zain avait beaucoup attendu ce moment surtout avec en quelque sorte les tensions ou du moins la distance que les deux semblaient avoir pris l’un envers l’autre et Zain avait donc envie d’en parler avec Elin tout en passant un moment romantique, ce dont ils avaient bien besoin. Zain laissa entrer Elin puis alla pour fermer la porte mais Elin se montra plus rapide que lui…

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Elin s’était ruée sur le verrou de la porte afin de la fermer le plus vite possible. Sans perdre plus de temps, elle fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec Zain qu’elle s’empressa d’embrasser, posant ses lèvres sur les siennes et lui offrant un baiser brulant de désir. Sans se faire attendre, elle ne tarda pas à plonger sa langue au plus profond de la bouche du jeune homme et l’embrassa goulument. Elle se sentait comme un animal qui se laissait aller à ses pulsions, et elle aimait ça. Elin poussa Zain et alors qu’elle retirait son haut, elle déclara en contenant un petit rire :

- J’ai envie de toi…

A peine eut-elle dit ces mots que ses lèvres s’emparèrent à nouveau de celles du jeune homme, ne laissant le temps de respirer à aucun des deux adolescents.
Dès qu’elle avait reçu l’invitation de Zain, Elin avait été prise d’une chaleur extrême, d’un feu si puissant qu’elle savait que la seule façon d’en venir à bout était de se rendre aussi vite que possible chez son petit ami pour lui faire l’amour. Et elle ne comptait pas se faire prier… Ni une ni deux, elle s’était précipitée hors de chez elle pour se rendre chez les Richardson. Elle qui d’habitude prévenait lorsqu’elle sortait, même si tout le monde savait très bien que c’était pour aller chez Zain, ne prit même pas la peine de dire au revoir à qui que ce soit. D’ailleurs, elle se trouvait bien trop préoccupée pour prêter attention à une quelconque présence dans la maison. Peut-être que Nora Jane était dans la cuisine. Elle n’en savait rien. Il lui semblait qu’à part elles, il n’y avait personne mais elle s’en souciait peu. Les deux sœurs ne s’étaient pas beaucoup parlé aujourd’hui.

Ce fut une drôle de coïncidence de recevoir ce message au moment précis où la jeune fille songeai à sa relation avec le garçon. A vrai dire, elle n’avait cessé d’y penser de la journée, et il s’agissait d’une des raisons pour lesquelles elle s’était mise à broyer du noir si soudainement. Si en apparence elle n’était qu’une adolescente frivole et complètement déconnectée des réalités qui l’entouraient, une part de lucidité lui faisait comprendre qu’elle agissait parfois de façon pathétique et que cela risquait de mettre en péril sa relation avec Zain, déjà fragilisée par leurs différences trop prononcées. Elin n’avait jamais voulu de quelqu’un qui lui ressemblait et elle était la première à penser que les contraires s’attirent, mais maintenant qu’elle était sérieusement impliquée dans cette relation avec son total opposé, elle n’était plus sûre de ce qu’il fallait en penser. Des personnalités différentes pouvaient se compléter et trouver une harmonie qui ne ferait que les rapprocher.

Mais sa relation avec Zain lui semblait vouée à l’échec. Les proches du jeune homme ne l’aimaient pas, tout le monde la voyait d’un mauvais œil. Au contraire, Zain était apprécié par tout le monde et ne faisait pas remarquer. Il subissait sans doute une pression de son entourage, que ce soit par leurs questions, leurs réactions et leur apparente incompréhension quant au couple qu’il formait avec la jeune Hamilton. Tout le menait plutôt vers une fille comme Katie, ou Nora Jane à la rigueur. Une fille discrète avec qui il vivrait en paix, sans se poser trop de questions. Une relation pure basée sur l’amour uniquement. Des rapports sexuels doux et presque chastes. Loin de la pornographie que lui offrait Elin. Elle s’était d’ailleurs toujours demandée s’il serait capable de la suivre au lit, et elle n’avait pas trop tardé à avoir la réponse puisque peu après le début de leur relation la jeune fille avait pris les devants, se montrant très entreprenante et n’attendant pas longtemps avant de céder à ses pulsions. Pourquoi après tout ? Il n’était pas son premier, elle n’avait pas peur de ce qu’elle allait voir et ressentir. Elle était loin d’être une pucelle.
C’était peut-être ce qui faisait défaut à leur relation : le manque d’écoute. Elin n’avait pas vraiment demandé l’avis de Zain. S’il n’avait pas voulu, il l’aurait fait comprendre, mais bien qu’il se soit laissé faire et qu’il ait eu plutôt l’air d’apprécier, elle avait fait passer son plaisir avant celui de Zain. Pourtant, elle avait eu l’impression de partager un moment avec lui, et ainsi d’être à son écoute. Elle voulait aussi lui faire plaisir. Mais il était vrai qu’elle avait sûrement brusqué la chose. Elin n’avait jamais osé lui demander s’il avait eu des relations sexuelles avant elle, mais elle était persuadée que non. Par question de fierté masculine, elle n’osait pas trop remettre en doute cette question, bien qu’elle le voyait mal réagir comme un macho piqué au vif dans sa virilité. Mais par prudence…

De toute manière, le jeune homme était loin d’être puceau aujourd’hui. Ce soir encore, elle allait en avoir la preuve. Elin ne remarqua même pas les petits coussins posés avec soin par Zain au sol et le jeta sur celui-ci au risque de lui faire mal. Elle se rattraperait toujours par la suite, en lui offrant quelques douceurs…
Toujours en embrassant son compagnon, elle se mit à califourchon sur lui. Elle lâcha enfin ses lèvres pour lui faire face et le regarder droit dans les yeux. Il ne devait pas comprendre ce qui arrivait mais ce n’était pas l’incompréhension ni même la confusion qu’elle lisait dans son regard. A vrai dire, elle n’y lisait rien de ce que pouvait ressentir le jeune homme. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle l’aimait et qu’elle avait terriblement enfin de lui. Se mordillant la lèvre inférieure comme pour réprimer une autre pulsion, sa respiration se fit haletante. Elle porta ses mains au bas du t-shirt qu’elle avait choisi pour sa facilité à être retiré rapidement et se retrouva bien vite en soutien-gorge. Elle plongea à nouveau ses lèvres sur celles de Zain puis se mit à le couvrir de baisers dans le cou. A la voir, on aurait pu penser que c’était la fin du monde et qu’elle vivait ici son dernier rapport sexuel.

- Si tu savais comme tu m’as manqué… dit-elle entre deux bisous dans le cou. Ce manque se faisait clairement ressentir, encore plus lorsqu’elle fit glisser sa main le long du torse du jeune homme pour finalement empoigner son entrejambe. Après l’avoir tâtée, elle fit pénétrer sa main dans les sous-vêtements de Zain alors que de l’autre elle dégrafait son soutien-gorge.

Dans un sens, Elin se servait du sexe pour maintenir Zain à ses côtés. Si elle agissait de façon tout à fait instinctive en ce moment, il lui arrivait d’adopter différentes attitudes lorsqu’elle couchait avec lui. Parfois, dans un instant de sagesse, elle adoptait le rôle de la fille naturelle et même un peu pudique, mais qui se sentait en sécurité avec son petit copain en qui elle avait confiance. Elle le laissait donc mener la danse. Au contraire, le lendemain, elle était capable de lui offrir une performance à en faire pâlir une actrice porno. Son but était vraiment de le combler et selon elle, leurs rapports sexuels était un aspect déterminant de leur relation où elle pouvait faire démonstration de ses talents. Elle voulait lui montrer qu’elle était unique en son genre et qu’il ne retrouverait jamais une fille aussi douée qu’elle. C’était une bien pauvre stratégie pour garder à ses côtés un garçon si peu porté sur la chose que Zain, mais il s’agissait de son seul atout.
Clairement, Elin avait beau être très douée à l’école parce qu’elle était une élève assidue, ses notes n’étaient en aucun cas une preuve d’intelligence. Il suffisait de voir le peu de jugeote qu’elle avait et l’attitude provocante qu’elle adoptait pour se rendre compte qu’elle ne faisait qu’apprendre ses leçons avec rigueur. Elle n’était pas non plus particulièrement attentive ou gentille. En soi, elle n’avait aucune réelle qualité qui la différenciait des autres et elle se sentait souvent médiocre à cause de cela. Aucun aspect de sa personnalité n’était attachant, on pouvait même dire que tout y était détestable. Le sexe était son dernier espoir.

Et dans l’espoir de combler son partenaire, Elin leva le t-shirt de celui-ci jusqu’à son menton, lui embrassant le torse pour s’approcher de son entrejambe.

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Zain n’avait même pas pu fermer la porte de sa chambre seul, qu’Elin s’était pour ainsi dire jetée sur la poignée. Et tout d’un coup, Elin se mit à couvrir Zain de baisers avant de le « jeter » sur son lit et de se mettre dessus, à califourchon. Zain ne comprenait plus rien, répondant à ses baisers et l’embrassant aussi de la manière la plus tendre possible, Elin au contraire semblait pressée. Pressée d’aller plus loin ? Cela en était presque désagréable. En vue de la position de l’engouement d’Elin, Zain ne mit pas longtemps à comprendre ses intentions. Elin lui lança qu’elle avait envie de Zain. Zain ne répondit pas, il n’en eut pas le temps puisque de suite elle se remit à l’embrasser.

Zain et Elin avaient déjà fait l’amour plusieurs fois cependant, c’était une des premières fois où elle se montrait si impatiente et par conséquent si peu romantique. Leur première fois était plus ou moins la première fois de Zain. Il n’avait pas du tout pensé que cela arriverait le-dit soir et Elin s’était montré très entreprenante, mais tout en gardant une touche de romantisme et de passion. Zain avait clairement pu remarquer que ca n’était pas sa première fois à elle, et s’il était plus ou moins sure qu’il avait été à la hauteur des attentes d’Elin, elle se montrait très –voir trop– sexuelle.

Zain n’eut pas le temps de réfléchir, Elin se déshabillait et l’embrassait fougueusement, une fois l’étreinte des lèvres terminée, celle-ci embrassa le cou de Zain avec une passion très prononcée. Puis elle glissa ses mains dans le caleçon de Zain tout en soulevant le tee-shirt de ce dernier et en dégrafant son soutif. Ses intentions étaient claires et Zain décida de la stopper. Il reprit ses esprits, flous à cause de la rapidité des évènements et se releva avec vivacité tout en prenant la main d’Elin qui dégrafait son propre soutif avant de l’empêcher. En se redressant il avait par conséquent coupé Elin et celle-ci n’avait pas l’air de comprendre ce qu’il se passait. Zain rebaissa son tee-shirt et tendit celui d’Elin qu’elle avait lancé au pied du lit. Devant l’air interloqué de sa petite amie, Zain enchaîna :

ZAIN ▬ Mais qu’est-ce que tu fais ? Je voulais qu’on parle de nous j’avais préparé un truc romantique et toi tu te jettes sur moi comme un animal ?

Ce n’est pas le fait qu’Elin veuille coucher avec lui qui dérangea Zain après tout ils n’en étaient plus à leur première fois mais particulièrement cette sensation de manque qu’elle dégageait. Comme si Zain était un morceau de viande et qu’Elin était un animal. Juste non ! Il ne la reconnaissait même pas. Il ne savait pas quoi lui répondre. Leur couple allait mal en ce moment, ils se disputaient sans cesse, son comportement était étrange et Zain voulait mettre les choses à plat alors qu’Elin n’avait manifestement qu’envie de coucher avec Zain, comme si elle pensait que le sexe allait arranger tout cela et que Zain allait oublier ces bas que connaissait le couple.

La déception et l’étonnement de Zain se lisait sur son visage. Il voulait retrouver l’Elin qui l’avait plut tout au long de l’année, celle qui l’avait surpris et qui l’avait fait changer d’avis sur tout ce qui disait sur elle, celle qui avait donné envie à Zain de la défendre contre toutes ces rumeurs. Et au final, c’est comme si elle lui donnait une raison de plus de croire ce que les autres lui disaient. Oui les amis de Zain ne sautaient pas de joie à l’idée de cette relation mais si Zain était heureux, ils respectaient cela et ils ne l’avaient jamais encouragés à rompre s’il ne le voulait pas. Zain respectait les amis d’Elin, et s’il était toujours en couple avec elle après autant de temps, c’est bien une preuve que Zain se fichait de l’avis des autres. Elin aurait du le savoir. Il n’était pas le genre de mec qui n’attendait dans une relation que de prendre son pied au lit. Au contraire, il privilégiait bien d’autres choses. Aujourd’hui, pour une des premières fois, il se demanda s’il ne c’était pas tromper. Pour autant il n’allait pas rompre, pas là, pas maintenant après cet incident, il voulait parler avec Elin, savoir tout ce qu’elle pensait elle, mettre les choses aux clairs, pour l’instant, ces sentiments étaient toujours là.

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En aussi peu de temps qu’il avait éveillé en elle ce puissant désir qui l’avait prise, Zain calma les ardeurs d’Elin, l’empêchant de se déshabiller et d’aller plus loin dans les préliminaires. Apparemment, son petit numéro n’avait pas eu l’effet attendu sur le jeune homme. Elin ne comprenait pas. Elle avait toujours été plus ou moins bonne pour mettre un garçon dans le bain et ne s’attendait pas à une telle réaction de la part de son petit ami. Complètement refroidie, la jeune fille le regardait perplexe, osant à peine le défier du regard. Ce n’était plus du tout la même Elin à qui Zain avait désormais affaire : l’adolescente paraissait troublée, presque vulnérable. Elle arborait un regard de chien battu qui n’était même pas volontaire, et dont elle se serait bien passée. Désormais, il fallait avoir l’air forte. Elle ne devait pas montrer le moindre signe de trouble mais elle était trop sous le choc pour contrôler ses émotions. Elle venait de se faire rejeter, ni plus ni moins. Cela n’augurait rien de bon.
Encore abasourdie, Elin répéta :

- Un animal ?

Le fait de le dire elle-même, de le répéter, de reprendre ce mot prononcé par Zain lui permettrait peut-être de comprendre la portée de son acte. Et en effet, elle avait agi comme un animal, mais elle ne voyait pas le mal qu’il y avait là-dedans. Allait-elle reproche à Zain d’être niais parce qu’il n’était pas assez sexuel et un peu trop fleur bleue ? Non. Elle en voulait au jeune homme de réprimer ses envies de façon aussi violentes. Elle ne se serait jamais permise de lui faire cela, de lui reprocher une quelconque attitude. La sienne était certes plus fine.
Fronçant les sourcils par mécontentement comme une enfant capricieuse qui n’a pas obtenu ce qu’elle voulait, Elin se réaffirmait clairement face à Zain. Elle ne voulait pas montrer que sa remarque l’avait atteinte. Se réfugier dans son rôle de peste était encore le meilleur moyen de paraitre insensible.

- Excuse-moi si tu m’as manqué… Bon… Alors je t’écoute, répondit-elle, toujours en soutien-gorge. Elle refusait de se rhabiller, elle ne voulait pas donner tout à fait raison à Zain. Après tout, elle ne voyait rien de mal dans son comportement, qui n’était rien d’autre qu’une preuve d’amour contrairement à celui du jeune homme. Excuse-moi d’avoir… cassé ton trip romantique, ajouta Elin en pouffant.
Elle riait nerveusement mais Zain prendrait sûrement cela pour une moquerie. Tant pis ! Elle ne voulait même pas faire d’effort pour le ménager, il n’avait après tout pas pris de pincettes avec elle. Et pourtant, elle était bien déterminée à faire des efforts pour faire survivre leur relation, mais il ne fallait pas trop lui en demander. Elle était prête à se dévouer corps et âme pour son couple mais tout de même, elle ne pouvait pas encaisser tous les coups sans réagir. Elle en souffrait bien assez.

- Moi je suis tout à fait disposée à parler ! J’ai jamais prétendu le contraire. Bon, alors quoi ?

Elle se promenait dans la chambre, s’arrêtant devant le miroir pour rajuster sa poitrine dans son soutien-gorge, examinant par la même occasion celle-ci. Concrètement, elle avait un joli corps, loin des kilos en trop qu’elle s’imaginait. D’un point de vue objectif, il manquait juste un peu de muscle pour tonifier l’ensemble, la jeune fille étant un peu molle et par conséquent paraissait enrobée. Mais il n’en était rien. A ses yeux pourtant, elle était convaincue d’être trop grosse. Elle ne se faisait pas encore vomir, mais cette obsession prenait de telles proportions qu’elle n’allait sûrement pas tarder à tourner à la boulimie. Cependant, pour se donner un air détaché, Elin se forçait à affronter son reflet dans le miroir, comme pour atténuer le poids des mots de Zain. Il valait mieux pour elle qu’elle se concentre sur autre chose : ses seins, notamment.
En continuant de ses les toucher sans pudeur et de se regarder sous différents angles, ne quittant pas le miroir du regard, elle surenchérit d'un ton tout à fait neutre, ne laissant transparaitre aucune émotion :

- J’imagine qu’on a beaucoup de choses à se dire… depuis le temps. Et depuis la dernière fois qu’on a parlé tranquillement, aussi.

Elin avait beau paraitre déconnectée de la réalité, elle n’en restait pas moins consciente de la fragilité de son couple. Elle se donnait tout simplement un air de cruche pour ne pas montrer qu’elle était affectée, voire bouleversée par moments.
Elle était également provoquée par Zain. Elin ne pouvait le contrôler : celui-ci lui ayant reproché d’agir comme un animal, c’était comme si elle exagérait ce trait afin de lui donner une raison de la désigner ainsi, de justifier cette comparaison. Comme si elle voulait l’exaspérer, le pousser à bout. Avoir l’air d’une conne. Elle aimerait pourtant agir avec intelligence, se rhabiller et écouter attentivement Zain puisque de toute évidence, une discussion s’imposait entre les deux jeunes. Mais elle était Elin Hamilton, et ne pouvait pas aller contre sa nature même si elle le voulait.

Ne laissant pas à Zain le temps de lui répondre, elle enchaîna sans attendre :

- Moi, je suis tout à fait disposée à dialoguer ! avait répété la jeune fille d’un air tout à fait naturel et spontané, exagérant quelque peu ce dernier trait. Elle leva les yeux au ciel pour inverser les rôles et faire passer Zain pour le méchant. C’est vrai, regarde. C’est toi qui t’énerves. Pas moi.

Puis elle s’avança vers lui, un sourire aux lèvres comme pour l’amadouer. Elle posa une main sur la joue de celui-ci et, lui lançant un regard pénétrant, conclut :

- Alors ? De quoi est-ce que tu voulais parler ?

Elle retourna aussitôt à ses occupations, à savoir fouiner dans la chambre par-ci par-là, se mirant parfois dans la glace et surtout en examinant chaque objet comme si elle était tout à fait passionnée par la décoration. Il lui arrivait même de lire les inscriptions au dos d’un déodorant. Il fallait qu’elle s’occupe l’esprit, sans quoi elle deviendrait dingue. Elle semblait prise d’une sorte d’hyperactivité, comme si elle ressentait le besoin imminent de parler, de dire toute sorte de sottises et de bouger sans aucun prétexte. Ce rejet de la part de Zain fut si violent pour la jeune fille qu’elle trouvait un réconfort dans la bêtise dans laquelle elle semblait se complaire.

- Au fait, c’est quand même joli, ce que tu as fait pour nous. J’ai toujours aimé m’asseoir sur les coussins avec toi ! ajouta Elin en se jetant au sol puis en éclatant de rire. Elle s’allongea dans les coussins et invita Zain à faire de même.

La jeune Hamilton ne savait plus elle-même où elle voulait en venir. Elle essayait de trouver du réconfort en agissant n’importe comment mais ne le réalisait pas, cette attitude était presque instinctive. En apparence, elle avait plutôt l’air de vouloir embrouiller l’esprit de son petit ami.

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Lorsque Zain avait plus ou moins stoppé les envies d’Elin, il put lire sur son visage un air de déception mêlé à de la surprise. « Animal », oui le terme était peut-être un peu fort mais bon, en même temps c’est vraiment ce que Zain avait ressenti sur le moment. Ces moments « personnels » avec Elin ne l’avait jamais dérangé cependant vu les disputes qu’ils avaient en ce moment, il était clair pour Zain que cette soirée ne devait pas du tout débuter de cette manière. Zain se sentait lui aussi déçu qu’Elin se braque par la suite, après tout il n’allait pas faire comme si cela ne le dérangeait pas de se sentir comme ça ; il n’était pas du genre à oublier tout ce qu’il se passait « sur l’oreiller ». Au contraire il voulait parler avec Elin et faire de cette soirée une soirée romantique, comme ils n’en avaient pas eus depuis longtemps, cependant cela semblait plutôt mal parti. Lorsqu’Elin répété le mot « animal » que Zain avait alors prononcé plutôt pour désigner l’attitude d’Elin, il vit que celle-ci était assez mécontente de cette appellation par son expression du visage : sourcils froncés entre autres.

Toujours en soutien gorge, ne ressentant manifestement pas l’envie de se rhabiller tout de suite, Elin rétorqua alors d’une manière étrange qu’elle était « désolé d’avoir cassé ton trip romantique ». Autant dire que cette phrase ne plut pas vraiment à Zain. Depuis quand le côté romantique de Zain la dérangeait ? Au contraire, les deux avaient souvent l’habitude de passer des soirées tous les deux, plus romantiques les unes que les autres et le fait qu’Elin lui dise cela ne fit que le conforter sur le fait qu’il la trouvait différente en ce moment. A moins que ca soit Zain qui veuille voir quelque chose de différent pour se trouver des excuses ? Peut-être mais pour le coup, la remarque d’Elin n’était pas une invention.

ZAIN ▬ Mon trip romantique ? D’accord très bien.

Zain jeta un coup d’œil aux coussins posés délicatement par terre puis revint poser le regard sur Elin. Il remarqua qu’elle n’avait même pas approché son tee-shirt d’elle comme si elle ne voulait pas se rhabiller pour le moment. Pourtant, si les deux devaient avoir une conversation sérieuse, le fait qu’Elin soit habillée serait plus de circonstance. De plus, vu comment la soirée était partie, c'est-à-dire de manière tendue, il n’était pas certain que cette soirée se termine de la même manière qu’ils l’avaient imaginés.

ZAIN ▬ Je pense que tu devrais remettre ton tee-shirt Elin. J’aimerai bien que l’on parle.

Zain n’avait pas pris un ton d’énervement depuis le début. Il avait su garder son calme qu’il métrisait parfaitement malgré qu’Elin le soit moins. Il avait donc prononcé cette phrase sur un ton plus ou moins doux même s’il se doutait qu’Elin ne le prendrait pas aussi sereinement. D’ailleurs, sur le même ton qu’elle avait parlé du « trip romantique » en se moquant à moitié, elle continua en demanda à Zain de quoi il avait envie de lui parler. L’entendre parler de la sorte ne lui donnait même plus envie d’être romantique avec elle de toute manière.

ZAIN ▬ Ah parce que je suis le seul à remarquer que en ce moment on se dispute presque chaque fois que l’on se voit et qu’on est de plus en plus distant l’un avec l’autre ? C’est de cela dont j’avais envie que l’on parle afin de régler ce qui ne va pas mais j’ai l’impression d’être le seul à m’en préoccuper Elin…

Il avait prononcé la dernière phrase comme avec une note d’espoir, il voulait lui prendre la main en même temps mais il avait remarqué la distance des deux sur le lit de Zain. Décidemment. Sur un ton totalement neutre, Elin confirma que les deux avaient bel et bien des choses à se dire depuis le temps. Elle enchaîna presque aussi tôt en prétendant que c’était plutôt Zain qui s’énervait et qui n’était pas apte à discuter.

ZAIN ▬ Tu me connais suffisamment pour savoir que ca ne marche plus avec moi Elin, je te connais trop.

Elin se leva alors, Zain pensa d’abord que ca dernière phrase avait fait comprendre à Elin que les deux se connaissaient tellement depuis ces derniers mois ensemble qu’ils pouvaient tout à fait parler sereinement tous les deux. Il la regarda s’asseoir sur les coussins qu’il avait « préparé » et finit par la rejoindre, en s’asseyant à côté d’elle. Cependant leur conversation n’était pas terminée.

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Apparemment, son petit trait d’esprit avait fait mouche. Zain n’avait pas l’air de l’avoir apprécié… Mais Elin n’allait pas le plaindre. Il en était hors de question, après le rejet qu’il venait de lui infliger. La seule chose dont elle se préoccupait sur le moment, c’était elle-même. Elle tâchait de garder son sang-froid et de ne pas hurler à Zain tout ce qu’elle avait sur le cœur. Pour qui se prenait-il, à la juger ? Pensait-il à se reconvertir, à devenir un McClair ? Elin s’amusa en y pensant. Il était blond, il était beau. Il ferait le fils McClair idéal ! Surtout maintenant qu’il avait fait vœu d’abstinence en la présence d’Elin et qu’il se refusait à elle. Soit ! Mais la jeune Hamilton savait bien qu’il n’était pas un sain. Alors pourquoi voulait-il se donner une telle image ?
Mais au lieu de diaboliser Zain, Elin prenait sur elle afin de ne pas se retrouver en tort. Cela dit, elle se sentait prise d’un incontrôlable désir de le piquer à vif et de lui désobéir rien que pour l’agacer. Elle ne pouvait et ne voulait même pas lutter contre cette envie. C’est pourquoi elle lui répondit avec autant d’arrogance possible :

- Me rhabiller ? Pour quoi faire ? Tu les as déjà vus, au cas où tu l’aurais oublié…

Zain la dépitait, réellement. Pourquoi cherchait-il à se donner une conscience de puceau alors qu’il ne l’était plus ? Ce qui agaçait également Elin, et bien plus que la nouvelle conduite de son petit ami, c’était cette façon qu’il avait de la critiquer, de la juger et de la faire passer pour la dernière des salopes. Elle le trouvait vachement culotté et se confortait dans l’idée que depuis le début, c’était lui qui faisait fausse route.
Cependant, consciente de la position dans laquelle elle se trouvait et de l’image qu’elle renvoyait – celle d’une cruche qui était prête à se lancer dans une conversation sérieuse vêtue d’un soutien-gorge – elle enfila son t-shirt non sans manifester un certain mécontentement, comme pour ne pas donner entièrement raison à Zain. Son égo l’en empêchait, sa fierté en avait déjà pris un gros coup après avoir essuyé le refus de son petit ami. De toute façon, elle ne supportait pas de laisser ses bourrelets à l’air… Elle les sentait toujours, se confinant entre sa poitrine et sa ceinture alors qu’elle était assise, mais au moins elle les savait camouflés. Elle avait presque l’impression de ne pas être grosse. Si cette impression pouvait être partagée par Zain, alors elle voulait bien se rhabiller.
Toujours avec la même arrogance, la jeune fille déclara :

- Voilà. J’ai recouvert mes seins, tu peux parler maintenant ou il faut que je cache autre chose ?

Agir ainsi n’était pas la meilleure façon de faciliter le contact entre les deux jeunes gens, mais Elin ne comprenait pas l’attitude de Zain. En réalité, son comportement l’écœurait même. C’était comme s’il cédait à la pression de ses amis et que son jugement était influencé par le leur. Il commençait donc à la trouver vulgaire et à juger son attitude de déplacée, alors que d’ordinaire il n’aurait sûrement pas bronché si Elin avait manifesté une quelconque envie de coucher avec lui. Mais le temps révélait les fragilités de leur relation, et l’entourage de Zain en était sans doute le plus gros grief.
D’ailleurs, en écoutant le jeune homme parler, Elin réalisait qu’il la reléguait réellement au second plan et qu’il semblait de plus en plus céder à l’opinion publique au sujet de leur couple, à savoir que c’était une mauvaise idée, qu’ils n’allaient pas ensemble et qu’Elin se fichait un peu de leur relation. Elle n’avait jamais compris comment certaines personnes pouvaient se permettre d’émettre de telles critiques lorsqu’ils n’avaient aucune idée de l’intimité du couple. Elle ne voulait pas le laisser les croire, c’est pourquoi elle enchaîna aussitôt qu’il eut fini de parler de la distance qui les séparait de plus en plus chaque jour.

- Mais je demande qu’à être proche de toi, moi ! dit-elle en posant serrant ses poings serrés contre sa poitrine. Se rendant compte du ridicule de la situation et ayant de plus en plus l’impression d’être dans une pièce de théâtre, elle continua : C’est toi qui viens de me rejeter. C’était l’occasion d’être proches là, tu crois pas ?

Puis, après avoir levé les yeux au ciel, elle concéda finalement en remuant la tête :

- Ou alors on peut aussi parler, oui, ça marche aussi !

Qu’il était dur d’admettre qu’elle pouvait avoir tort. Cela dit, Elin ne voyait rien de mal à son comportement. Elle avait eu envie de coucher avec lui aussitôt qu’elle l’avait vue, ne laissant aucune place au dialogue alors certes, c’était un peu précipité. Surtout lorsque le couple rencontrait autant de problèmes, mais après tout, il aurait pu suffire d’un peu de sexe pour oublier tous ces malentendus. Mais la jeune fille ne voulait pas perdre plus de temps à faire comprendre cela à son petit copain s’il n’était pas capable de l’admettre.

- Non, t’es pas le seul à le remarquer. Et si tu crois que je ne me sens pas concernée…

Elle ne finit pas sa phrase tant la déception l’attristait. Elle se rendait compte que Zain avait une très mauvaise image d’elle et la jugeait presque autant que ses amis, qui étaient les ennemis de l’adolescente. Cette dernière s’était toujours imaginée une relation compliquée qui lui procurerait du divertissement, une histoire d’amour qui la plongerait dans une réelle fiction. Si on lui avait dit qu’elle rencontrerait autant de problèmes avec l’entourage de son petit ami, Elin aurait trouvé la situation excitante. Se faire voir d’un mauvais œil, s’attirer les foudres des amis de sa moitié à cause d’une attitude trop provocante… Une romance impossible. Le simple fait d’évoquer un tel contexte aurait réjoui la jeune fille friande de drame. Mais elle réalisait que lorsque cela arrivait réellement, il s’avérait beaucoup moins plaisant de le vivre. À l’heure actuelle, elle opterait même pour quelque chose de bien mièvre et mignon. Mais Elin avait un don pour aggraver son cas, comme si elle aimait s’enliser dans une merde pas possible. Elle savait que personne ne l’appréciait et ne faisait rien pour alors qu’elle souhaitait être adulée. Elle voulait rendre ses parents fiers mais était consciente qu’elle n’avait pas les qualités humaines qui pouvaient les attendrir contrairement à sa sœur, et pourtant, au lieu de chercher une solution pour s’améliorer en tant que fille elle repoussait les limites de leur patience à coups de provocations et de vulgarité. Elle était en réel décalage avec ce qui l’entourait, et c’était ce dont elle avait toujours rêvé. Mais dans ses rêves de petite fille et de pré-adolescente, toute cette haine qu’elle s’attirait avait plus l’air de quelque chose de passionnant comme dans un film que ce qu’elle vivait actuellement.
Aujourd’hui, un autre paradoxe s’imposait à elle : elle voulait sauver sa relation mais ne faisait rien pour. À ses yeux pourtant, elle se démenait autant qu’elle le pouvait. Ne serait-ce qu’en éloignant Zain de ses amis. Cette intention qui pouvait paraitre égoïste était, de la part d’Elin Hamilton, une réelle preuve d’amour. Elle était consciente de l’obstacle que représentaient les proches du jeune homme pour leur relation, et le fait de les empêcher de s’entendre n’était rien d’autre que l’instinct de survie d’une fille pas très douée en relations sociales mais amoureuse qui voulait entretenir la flamme de son petit copain. Ses intentions étaient bonnes, elle était tout simplement maladroite dans la démarche. Et elle ne voulait surtout pas exposer sa façon de penser à Zain. Elin se voyait très mal lui avouer : au fait, tu sais, si je t’éloigne de tes amis c’est parce que ce ne sont rien que des cons qui veulent mettre fin à notre relation et qui n’attendent que ça ! C’est par amour que je fais ça, alors ne t’en fais pas.
Non, vraiment, elle allait garder ça pour elle…

Elin passa ses bras autour du cou de Zain, qui l’avait désormais rejoint sur les coussins disposés au sol, et l’embrassa avant de déclarer, toujours à proximité de lui et sans relâcher son étreinte :

- Bon… Alors si on se connait si bien, parlons-en…

Ce geste tendre n’était cependant pas tout à fait sincère : l’heure de la tendresse était expirée pour Elin, et ce dès que Zain l’avait rejetée. Sur le moment, le geste qu’elle aurait aimé avoir envers son petit ami était plutôt une petite gifle histoire de se défouler un peu, mais le reste de lucidité qui l’habitait l’en empêchait. Il était bien plus intelligent et judicieux de sa part de jouer la carte de la petite copine éperdument amoureuse et tout à fait disposée à un échange. Elle forçait bien entendu sur la tendresse qu’elle y mettait, elle n’était pas tout à fait hypocrite dans l’amour qu’elle manifestait en ce moment. Tant que ça marchait, elle le forcerait volontiers sur ce qu’il fallait.

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Romantique ou pas. (Pv : Elin Hamilton)

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