« And that’s why Shakespeare made this - »

La rousse fut interrompue par la sonnerie, et très vite, les élèves, toujours dans le même brouhaha qui les caractérisait, eurent fini d’évacuer la salle. Katlina avait rejoint son bureau et s’était assise sur la chaise, rangeant lentement ses affaires. Une fois installées dans son sac, elle fixa la salle vide, avant de prendre sa tête entre ses mains. Elle lâcha un long soupir, heureuse pour l’instant que la porte soit fermée. Elle était fatiguée, certainement encore plus névrosée que la veille. A vrai dire, elle se sentait nulle. Elle avait l’impression d’avoir échoué avec ses enfants, son mari, sa vie .Elle jouait toujours des apparences mais elle doutait que les gens ne s’y arrêtent, pour son plus grand malheur. Son égo était cependant trop important pour avouer aux autres ses problèmes ; et puis elle ne l’avait jamais fait, et la perceptive que quelqu’un serait mis au courant de … Non, tout cela ne l’inspirait guère. Elle finit par se redresser, remettant rapidement en place ses longues mèches rousses, et soupira. Elle n’avait pas envie de sortir de sa salle, d’ouvrir cette porte, de voir ces gens qu’elle n’appréciait pas, et qui l’agaçaient. Ces élèves, soi-disant intelligents, intéressés. Quelle blague ! Rien que leur attitude était insultante pour Katlina. Elle n’avait jamais compris pourquoi la sonnerie contrôlait leurs vies, et leurs cours. Elle ne pouvait jamais finir ses phrases, ses idées, elle était interrompue par ce bruit strident qui semblait tant apprécié des élèves. Soupirant à nouveau, elle se leva et attrapa son cartable, prenant son sac à main sur l’avant bras. Même si elle ne le voulait pas, il fallait qu’elle sorte, au moins pour aller prendre un café, et affronter les prochaines heures sans étouffer le premier qui la contredirait.

Elle ouvrit alors la porte et s’engouffra à l’extérieur, hochant vaguement la tête à chaque fois qu’elle croisait quelqu’un. Evidemment, les couloirs étaient pratiquement déserts au vu du soleil à l’extérieur, et sans mentir, ça arrangeait bien la rousse. Elle n’avait pas à sourire, ce qui reposait ses joues. Elle passa une main dans ses cheveux, geste devenu un de ses tics, et l’agita légèrement, espérant lui redonner du volume. Elle enleva ses lunettes, rapidement, les replaçant dans son sac. La machine à café était loin de sa salle, et bien sûr, comme elle n’avait pas de chance, elle devait traverser la cour centrale pour s’y rendre. Soupirant encore une fois, elle laissa un léger sourire étirer ses lèvres fardées et sortit à l’extérieur, plissant légèrement les yeux à cause du soleil. Elle rendit quelques bonjours à des étudiants, ralentit le pas à cause des graviers. Les talons sur les graviers n’a jamais été une chose agréable, après tout. Veillant donc à ne pas se casser la cheville tout en mimant une maîtrise parfaite – elle ne s’habituerait sûrement jamais à toutes les caillasses de cette cour – elle avançait, accélérant à nouveau le pas en franchissant le passage délicat. Elle s’arrêta quelques secondes pour écouter l’élève qui l’abordait, hochant vaguement la tête en prenant son essai. Encore une chose agréable tiens. Devoir lire un essai, très certainement minable, sur la visée d’un texte. La rousse était persuadée que seulement un millième des élèves était capable de comprendre un texte, la méthode de l’auteur, son but ; et lire des textes totalement hors-sujet, ou bien encore plats et inintéressants, était quelque chose qui ne l’intéressait pas. Enfin, elle arrivait dans la salle des profs. C’était le plus bel endroit de cette faculté, le plus reposant. Elle salua quelques uns de ses collègues et, posant ses affaires sur un canapé, alla se servir un café. Buvant dans sa tasse, elle balaya la salle de regard avant de faire un signe de main à Orlane, cette jeune surveillante tout à fait aimable.

J'en avais assez d'entendre mon réveil le matin. Il faisait trop chaud et trop beau pour travailler ! Bon, le temps n'allait jamais puisque trop chaud ou trop froid, ça n'allait pas. J'aimais mon travail par dessus tout, adorant chaque élève qui m'accordait sa confiance, chose que je tâchais de ne jamais trahir. Je n'aimais pas faire du mal aux gens, ce n'était pas dans ma nature. en revanche, si l'on tentait de me faire du mal ou à mon entourage, je savais sortir les griffes et faire payer les coupables. Chose très paradoxale certes, mais je n'ai jamais dit être pacifique non plus ! Certains se souvenait des fois où ils m'avaient blessé... Mais il y avait tellement de gens méchant dans ce monde qu'on ne savait plus où donner de la tête ! A commencer par tous ceux qui considérer mon couple comme une abjection ! Je ne pouvais pas ne pas les écouter, comme Jane, j'étais trop envahit par mes souvenirs de lycée et les espèces de tortures de mes camarades, que je ne pouvais faire autre choses...
Mais la vie ne pouvait se résumait à ça. aussi, il fallait savoir aller de l'avant, s'entourer de gens biens et en qui on peut avoir confiance. C'est ce que j'avais maintenant.

Et la plupart de ces amis, à commencer par celui que j'appelais mon petit frère, suivaient des cours à l'Unversity Of Arts ! C'était une petite motivation pour me lever. Parfois je faisait le voyage avec eux, ça nous mettais de l'entrain pour affronter nos journées bien longues souvent, surtout l'été... Donc, il fallait se lever ! J'éteignis mon réveil et sortis du lit, prenant soin de ne pas réveiller ma petite-amie qui avait travailler en soir. Pauvre créature si belle... Comme j'aurais souhaité rester à ses côtés. Mais non ! C'était mon tour de bosser un peu ! Je n'avais pas à me plaindre, je finissais à trois heures, sans avoir besoin de surveiller les permanences !

Après ma bonne douche revigorante, j'enfilais une robe légère, arrivant au-dessus du genou, avec mes ballerines. Je n'avais pas besoin de mettre de talons, j'étais assez grande pour la journée ! Maquillée, coiffée, habillée, j'embrassais ma Jane tendrement sur la joue avant de quitter la pièce silencieusement, descendant jusqu'au garage pour y trouver ma voiture. Je m'arrêtais de bailler en passant les grilles de la fac', allant trouver ma place de parking. Il faisait un peu trop chaud, même pour un matin. Heureusement, ça allait être calme ! Juste les billets à collecter et les retardataires à sermonner. Enfin, si tenté qu'il y en est... Vu le soleil, ceux qui n'étaient pas déjà présents en cours ne viendraient certainement pas de la journée, entament ainsi leurs vacances un peu précocement. Je saluais ms collègues en entrant dans la salle de repos. Les professeurs quittaient la salle pour entamer leur journée. Je leur lançais un sourire encourageant, n'ayant pas plus envie qu'eux de travailler...

- Pouaaaah !

On m'entendis soupirer en m'affalant dans le canapé de la salle des professeurs. La matinée avait été un peu plus rude que je ne l'aurais pensé ! La chaleur attisait les jeunes esprits et les rendaient malade ou violents. Nous devions nous occuper de tout ici, c'était pesant par moment, mais la satisfaction du devoir accompli me rendait heureuse ! Mon collègue de ce matin eut la gentillesse de me servir un café. Grand Dieu que je l'aimais sur ce coup là ! Je n'avais pas eux à bouger. Et je sirotais ce poison avec plaisir, pensant qu'il manquait juste une cigarette pour compléter le tableau parfait. Je n'avais pas fumer ce matin qui plus est, trop fatiguée pour m'en rendre compte ! Buvant mon café, j'entendis la porte s'ouvrir, bien après la sonnerie de reprise des cours. Levant les yeux, cette crinière rousse ne passa pas inaperçue. Katlina Evans venait de faire son entrée, semblant exténuée. Peut-être avait-elle passé une mauvaise nuit et que les cours ne l'avaient pas emballé. Je la vis me saluer, je lui rendis son salut avec un sourire, changeant de place afin de lui parler.

- Bonjour Katlina. Comment allez-vous ce matin ? Vous semblez fatigué, tout va bien j'espère.

Oui, je m'inquiétais même pour mes collègues ! et oui, je vouvoyais tous les professeurs. Hormis Peter, certes, mais ce dernier étant mon voisin et hébergeur e mes meilleur amis, nous avions développé ne relation plus amical. Par contre, Katlina dégageait une aura étrange qui me retenait de me faire trop proche avec elle, sans que rien de mal n'en soit la cause, juste un ressentis personnel. Un bâillement m'échappa, que je couvris de ma main rapidement. La nuit avait été bien courte oui.