Minnie était une de ces rares personnes sur terre à susciter de la curiosité et de la méfiance dans ce bas monde. J’ajouterai même qu’elle est la personne la plus étrange dans Magnolia Cresent. Personne ne la connaît vraiment, personne ne la voit : elle est quasi inexistante. Pourtant, il n’y à pas un jour ou on relate les faits de Minnie, cette étrange jeune adulte qui réside depuis 3 ans maintenant dans ce quartier si paisible. Paisible ? Si on oublie les meurtres, la drogue et les gigolos. Non, je n’exagère pas et tout ce petit peuple, n’est pas très bon pour la santé mentale de Minnie mais la vie est faite ainsi.

Ce soir, comme la plupart des autres soirs, Minnie était sortie de la maison par la fenêtre de sa chambre. Tout ca pour éviter qu’on la suive et qu’on lui pose encore trente six questions sans queue ni tête. Elle avait 21 ans, elle était assez grande et assez lucide (si si si !) pour savoir ce qu’elle faisait et où elle allait et comment elle rentrera.

Etre seule. C’était un besoin vital de Minnie qui appréciait peu la compagnie et détestait la foule. Elle aurait voulu terminer sa soirée seule à continuer de boire, se coucher dans les sous-bois et regarder les étoiles à travers les branches et repenser à ce jour qui lui à fait perdre la tête. Elle était appuyée contre un tronc, bouteille à la main, les yeux à moitiés fermés et en chantonnant une petite chanson glauque quand elle l’entendit arriver. Ho non, pas lui. Elle apercevait la silhouette de son frère « adoré » se faufiler entre les arbres. Quand il fut devant elle, elle se doutait à quoi il pensait et ses paroles approuvèrent ce qu’elle devinait. IL essaya de lui prendre la bouteille des mains, mais Minnie garde toujours ses réflexes quand elle est morte soule. Qui sait ? Quelqu’un pourrait venir la tuer elle aussi. Elle dissimula donc la bouteille dans ses bras et émis un petit rictus. Elle le regarda d’un air de défi. Il ne fallait pas qu’il la fasse chier sinon, la situation pourrait très bien vite s’envenimer.

Il l’avait appelée par son prénom. Grave erreur. Ho ho ho, grave erreur. Elle ne se leva pas tout de suite pour rassembler ses neurones et se concentrer sur l’usage de ses jambes qui étaient aussi molles que du coton. Mais, tu t’enfonces mon petit… Cameron tenta de jouer à l’hypocrite. Grave erreur. Ho ho ho Grave erreur.

Minnie se leva, ses cheveux pendaient devant elle. Elle avait la tête baissée pour économiser de l’énergie et s’approcha à pas lent de son putain de frère, la bouteille dans la main qui balançait au rythme de ses pas.

« Comment m’a tu appelée ? » Dit-elle d’une voix lente et sombre. « Comment ? Hein ? Dit comment ? » Elle sera plus fort la bouteille. « Tu adorerai marcher avec moi petit Cameron ? Hooo qu’elle gentillesse… Minerva se fera un PLAISIR de marcher avec toi… »

Si ce gosse avait un minimum de lucidité, il devrait deviner que ce n’était pas le moment de la chercher. Surtout que comme elle était là, elle ne rigolait pas du tout et s’il la cherchait encore, c’est la bouteille sur la gueule qu’il trouverai.

Vous avez déjà été bourré à un point que vous ne tenez plus droit ? Vous avez déjà ressenti cette impression que vous n’étiez plus bourré du tout quand quelqu’un que vous trouviez insupportable vous cassait les pieds ? Eh bien Minnie oui. Aujourd’hui, là à cet instant même, oui. Elle le regarda d’un air las. Qu’est ce que ca pouvait bien lui foutre qu’il la laisse là ? d’ailleurs, elle ne demandait que ca : qu’on la laisse tranquille et qu’on lui laisse vivre sa vie.

« Tu sais, je n’ai pas besoin de toi pour rentrer. Je n’ai pas besoin d’un baby-sitter qui à peur de se salir les manches… En fait, tu ne sers à rien d’autre en fait ? Ben oui, je me le demande bien souvent. Que fais-tu appart me courir après tous les soirs ? Tu as peur que je me fasse mal ? Tu sais, je n’ai pas peur de m’écorcher le visage avec une branche, ni de tacher ma chemise de sang. » Passer devant lui ? Pour qu’il reluque son cul comme il venait de reluquer sa poitrine ? Ha non. « Non Cameron, je ne passerai pas devant toi, ni derrière toi d’ailleurs. Je vais rester ici et si ca ne te plait pas, c’est pareil. Quoi qu’il en soit, à ma santé ! »

Elle but une longue gorgée de vodka. Le taux d’alcool avait brutalement diminué et elle n’avait vraiment plus de vodka. Elle referma la bouteille et détacha ses cheveux qui étaient attachés en queue de cheval. Elle faisait toujours ca au cas où elle vomirait. Mais comme elle ne voulait plus boire, autant les lâcher. Elle fit basculer sa chevelure blonde en arrière et s’abaissa pour ramasse son sac et y rangea la bouteille. Elle se reposa par terre et fit une moue à son frère genre « quoi qu’est ce que tu regardes ? Bouffon. » Elle sortit de son sac un tout petit sachet en plastique qui contenait un « truc » vert. On ne dévoilera pas ce que c’est car tout le monde se doute de ce que c’est. Elle prit ensuite tout son matériel et commença à rouler. En l’allumant, elle lui lanca :

« Tu comptes rester debout comme un piquet longtems ? tu m’a déjà gaché ma soirée, j’ai pas fort envie que tu continues. Enfin, je m’en fous. Ca doit te faire plus chier que moi. Tu dois surement aller te recoiffer et parler à ton beeeeau reflet dans le mirroir non ? »

Elle tira une bouffée et attendit qu’il s’en aille.