La nuit touchait à peine à sa fin, la lune commençait à disparaître dans le ciel et le ciel en question commençait à s'éclaircir, il devait être dans les environs de 6h du matin, et la jeune demoiselle Spencer était sortie. Elle avait été invité à une soirée et comme elle n'avait rien à faire ce soir là, elle décida de ne pas décliner l'invitation.

Elle avait décidé de ne pas rester trop tard, mais l'ambiance étant au rendez-vous, elle ne vit pas le temps passer et quitta la soirée à 5h30.

En arrivant devant la porte d'entrée, elle enleva ses chaussures avant de franchir le pas de la porte, elle n'avait aucune envie de faire réveiller sa famille et d'avoir même à se justifier, certes, elle était majeure et vacciné, mais il ne fallait pas non plus oublier qu'elle vivait encore chez ses parents et jusqu'à preuve du contraire, elle est encore sous leurs responsabilité.

Elle n'alluma même pas la lumière et ouvrit la porte avec son sac sous le bras et ses chaussures dans une main. Elle grimaçait lorsque la porte grinça, il fallait vraiment qu'ils fassent quelque chose pour cette porte, à cette allure, on prendrait la maison des Spencer pour la maison de la famille Adams rien qu'avec ce grincement.

Enfin bref, fermant la porte derrière elle, elle se pencha en avant pour poser ses chaussures par terre puis se dirigea vers l'escalier en marchant sur la pointe des pieds. Bien évidemment, avec la fatigue et l'obscurité, elle manqua de se ramasser le sol quelque fois et se cogna aussi une ou deux fois. C'est dans ces moments qu'on se rend compte que le chemin qu'on a l'habitude d'emprunter se retrouve être le plus dur quand on est pas dans son état normal, si ça ne tenait qu'à elle, Eli serait parti s'affaler sur le canapé, mais vu l'heure, elle n'aurait pas beaucoup dormi à cause du soleil qui l'aurait réveillé et en plus, rien ne vaut son lit moelleux qui l'attendait à l'étage.

Elle n'eut pas le temps de monter les escaliers qu'au moment où elle posa le pied sur la première marche, la lumière s'alluma toute seule. Cette fois, c'était mort, à tout les coups elle allait devoir se justifier. Soufflant un bon coup avant de se retourner, elle ferma les yeux pendant une bonne dizaine de secondes et les rouvrit, faisant en sorte que ses yeux s'habituent à la lumière.

Elle se tourna tout doucement, et lorsqu'elle vit qu'il s'agissait de son père, elle resta planter là. Elle ne savait pas très bien ce qu'elle devait dire, elle ne savait même pas si elle devait parler même, elle se contenta alors de le fixer, attendant qu'il parle.

3h30. Toujours pas rentrée. Je zappai nerveusement, tombant sur du foot. J’adorais le sport. A fortiori le baseball que nous avions pris l'habitude de disputer le dimanche après-midi après un bon pique-nique au bord du lac. Ses après-midi d'été ensoleillés me manquaient terriblement. Enfin, ce soir même le sport ne parvenaient pas à ma distraire. Elle n'était toujours pas rentrée. Ok elle était majeure, mais bon, elle vivait toujours sous mon toit! J'avais tout de même mon mot à dire non? Je jetais un nouveau coup d'œil à l’horloge digital du décodeur, 32. J’allais devenir fou. Le couvre-feu était largement dépassé, lui était-il arrivé quelque chose ? Et où était-elle d’abord ? A table elle avait parlé d’une fête. Non je ne voyais pas ça d’un très bon œil. Qu’elle sorte. C’était légitime tout de même ! Arsinoé ne disait rien, mais enfin les parents doivent être plus inquiets tout de même. Si Scarlett sortait je m’inquiéterai également ! C’est le rôle d’un père… Je regardai à nouveau l’heure, 35. Décidemment le temps joué avec moi. Il fallait que je bouge. Je me levai donc, m’en allant vers l’escalier pour rejoindre les chambres au premier. Je commençai par vérifier celle de Carl. Mon ainé dormait paisiblement, son iPod abandonné près de son oreiller, toujours en marche. Je m’en allai l’éteindre avant de remettre bien la couverture sur lui. Je quittai ensuite la pièce m’en allant vers la chambre de Scarlett. Elle était exactement dans la même position que Carl, dormant paisiblement, mes deux enfants avaient décidemment pleins de points communs. Je remarquai son journal ouvert par terre. Je le ramassai, le rangeant dans sa table de nuit avant de déposer un baiser sur son front. Je quittai alors ma cadette, retournant dans ma chambre. Arsioné dormait elle aussi, je n’avais pas envie de m’allonger, de la réveiller. Je restai là quelques instants, observant le lit conjugal et ma femme allongée dessus. Un coup d’œil au réveil, 43. Allez, elle ne tarderait pas à revenir, il fallait que je me calme. Je fis demi-tour tombant nez à nez avec min reflet. Impeccable, dans mon t-shirt blanc tendu sur mon torse et mon short bleu. Le mari parfait, le père parfait.
Je retournais en bas, m’installant en biais sur le fauteuil. Je tendais le bras vers la télécommande, la saisissant rapidement pour zapper à nouveau. Un film. Deux amants se chevauchaient dans d’ultimes soupirs. Je ne pus m’empêcher de regarder à nouveau l’heure, 47. Mais où était-elle bon sang ? Je priai pour que personne ne lui ait fait du mal. Mais peut être… Peut-être était-elle en train de découcher… L’imaginer comme cette actrice couchait avec un homme, l’imaginer avec un inconnu en train de… Mon cœur se serrait. Je respirai calmement. Il parait que les pères ne pouvaient se calmer en imaginant un homme abuser de leur fille. C’était dur avec Elisabeth. J’éteignis la télé et fermai les yeux ne voulant plus voir la suite de la scène.

Je sursautai. Un bruit de clé. Je me relevai d’un coup sur le fauteuil. J’entendis distinctement le bruit de la porte qui se refermait. Je me levai dans le noir, silencieusement. Elle se cogna deux fois, je ne pus m’empêcher de sourire, elle était vraiment maladroite. Elle rejoignit l’escalier alors que je m’approchais de l’interrupteur, allumant d’un coup. Elle se figea, moi tout autant. Je devais essayer de l’engueuler, de correspondre parfaitement à mon rôle de père. Elle se tourna lentement vers moi. Je tentai de rester calme lui demandant de la manière la plus énervée possible qui s’avérait être plutôt froide et détachée :

« T’as vu l’heure ? Je peux savoir ce que tu as fait jusqu’à présent ? »

Elle le fixait toujours et lui en faisait de même, à cet instant précis, Eli ne savait pas très bien comment se sentir. Le silence qui régnait dans la pièce n'était pas des plus agréable, il était même pesant, par chance, ce fût Thomas qui rompit le silence en premier et d'ailleurs, vu ce qu'il avait dit, on ne pouvait pas vraiment appeler ça de la chance.

Il semblait énervée mais pas comme d'habitude, il semblait... Différent, c'était surtout sa colère qui était différente...

« Je suis... désolée !? » dit-elle en arquant un sourcil.

Elle avait hésité avant de prononcer ces quelques mots, elle ne savait pas quoi dire et d'ailleurs, à une heure pareil, la pauvre jeune fille n'allait dire que des bêtises et au mieux si son cerveau fonctionnait correctement, elle allait s'énerver et par conséquent énerver son père et ils allaient se prendre la tête pour rien. Ne voulant pas en arriver là, Eli prit les devants et avant même qu'il ne réponde, elle dit :

« Écoutes, je suis désolée, j'ai pas vu l'heure passer et je suis très fatiguée, donc, évitons-nous une dispute inutile et allons dormir tu veux. »

Elle passa une main dans ses cheveux en attente d'une réponse et savait très bien qu'il n'allait pas en rester là, Thomas est un Spencer et dans cette famille, quand on a quelque chose dans la tête, on ne l'a pas dans le pied, malheureusement.

« Au pire, tu m'engueuleras demain en précisant même à maman l'heure à laquelle je suis rentrée pour qu'elle s'y mette aussi tiens ! » dit-elle en s'asseyant sur la marche de l'escalier.

Elle le fixait toujours, elle n'avait pas remarqué, mais il était en short. A cette vue, elle ne pu réprimer un sourire qu'elle tenta de dissimuler tant bien que mal en faisant semblant tousser, mais l'homme qui se tenait debout devant elle la connaissait tellement qu'il savait bien que quelque chose la faisait rire, tant qu'il ne pensait pas qu'Elisabeth se moquait de lui, c'était bon pour elle.

Et voilà la confrontation mise en route. Je lui fis mes premiers reproches, amer, la douleur au ventre. Elle répliqua immédiatement, arquant un sourcil, avec un faux désolé. Je ne m'en frustrais que davantage. A quoi elle jouait?? Non mieux à quoi on jouait là?? Désolée??? Mais de quoi. Ma mâchoire se crispait en même temps que mes poings. C'est fou, jamais je n'avais montré de tels traces de colère, il fallait que ça se présente ce soir. Je me relâchais doucement, un peu honteux. Je n'eus pas le temps de réagir verbalement qu'elle reprenait s'excusant plus sincèrement et me demandant de nous arrêter là et d'aller nous coucher. Je ne pouvais pas aller me coucher. Je repris plus vivement, piqué au vif parce chacun de ses mots qui raisonnaient en moi autant comme un affront que comme une proposition:

"Mais tu crois quoi?? Moi aussi je suis fatigué, je n'ai fait que t'attendre! Et regardes-toi, complètement bourré! Mais t'as foutu quoi bon sang??"

Ça devenait une obsession chez moi. Je voulais savoir. Qu'avait-elle fait? Avec qui? Et pourquoi elle revenait dans cet état?? Elle devait se douter que je l’attendrais? Alors pourquoi jouer à ce jeu-là?? Elle continuait dans son idée me disant que je l'engueulerai demain, et même que je pourrai cafter le tout à Arsinoé pour qu'elle s'en mêle. Elle ne comprenait rien, je trouvais cela vraiment pesant et même dur à digérer. Elle n'avait vraiment aucune considération pour moi?? C'était douloureux pour moi. De devoir la voir sortir, rentrer dans un état pareil, me faire des films à n'en plus finir.
Elle se laissa choir sur la première marche, totalement out. Et là, un rire en fausse-toux. C'était quoi ça encore. La colère me délaissa un moment, remplacée par le questionnement. Qu'est-ce qu'il y avait de drôle? Je cherchai rapidement avant de me souvenir que nous nous disputions. Je repris alors mi-vexé mi-énervé:

"Je peux savoir ce qui te fais rire?"

Aucune autorité décidemment! Je préférais transmettre de l'amour, que de la colère. Mais bon, là je n'avais plus trop le choix. Je repris haussant un peu plus mon énervement:

"Et puis je peux savoir ce que t'as foutu jusqu'à cette heure-ci??"

Cette fois c'était clair, elle ne l'avais jamais vu dans une pareille colère, mais qu'est-ce qu'il espérait de plus ? Il voulait qu'elle se mette à genoux pour s'excuse d'être rentré trop tard ? Et malgré tout ce qu'il pouvait dire, croire, penser ou autre, elle n'était pas bourrée, c'était juste la fatigue qui faisait qu'elle avait l'allure d'être saoule.

Si il y avait bien quelque chose qu'elle avait à tout prix envie d'éviter ce soir-là, c'était bien la confrontation, mais apparemment, ce n'était pas le cas de Thomas, il n'arrêtait pas de poser des questions qui voulaient tous dire la même chose : elle avait foutu quoi pendant la soirée.

« Écoutes... Je t'ai dis que j'étais désolée, je vois vraiment pas c'que je peux faire de plus. »

Il n'en avait décidément rien à faire de ses excuses, il voulait des explications, point ! Eli posa sa tête sur ses genoux et écoutait son père parler. Lorsqu'il haussa le ton, la jeune demoiselle releva la tête et ne put s'empêcher de grincer des dents. Il voulait savoir ce qu'elle avait fait et pourquoi elle était rentrée si tard ? Eh bien, il allait être servit.

« Puisque tu insistes tellement... », dit-elle en se mettant debout sur la marche. « Bah c'est simple, j'ai passé la nuit avec un mec et une fois qu'on a fini, je lui ai demandé de me raccompagner avant que le soleil se lève, mais apparemment c'est pas gagné. Tu veux les détails ou je passe ? » dit-elle en posant ses mains sur ses hanches.

Elle venait de dire ça avec tellement d'assurance qu'on aurait crû qu'il s'agissait de la vérité, bien sûr, elle venait de mentir pour que l'homme debout en face d'elle cesse de l'embêter. L'assurance dégagé dans sa voix n'était autre que la colère, lorsqu'elle était en colère, miss Spencer pouvait mentir plus facilement, c'était quelque chose qu'elle n'avait jamais comprit, mais si on passe le stade de la compréhension, elle devait avouer que ça lui est très utile sur ce coup.

Elle n'aimait pas mentir, mais l'attitude de son père l'agaçait au plus haut point ! Parfois elle avait l'impression de se retrouver en prison parce qu'elle était constamment surveillée, elle avait 21 ans merde ! Qu'on lui laisse un peu de liberté !

Des excuses, des excuses et encore des excuses. Mais quoi de sincère là-dedans? Je ne l'avais pourtant pas élevée dans cette optique. En fait je ne l'avais j'avais vraiment élevée. La fibre paternelle ne m'étais venue qu'à partir du moment où Scarlett était née. Avec Elisabeth, j'avais eu plus de mal. Nos relations familiales ne sans trouver que plus abimée de ce fait. Il y avait plus de connexions avec Scarlett et Carl. Je m'en voulais mais c'était ainsi. Mais je l'aimais vraiment! J'aimais Elisabeth, même je n'avais pas été aussi proche en tant que père qu'avec mes deux enfants plus jeunes.
Je clamai ma colère, mais rien n'y faisait, à l'intérieur je bouillonnais de frustration et d'abattement. Quand pourrais-je passer à autre chose? Avancer? Tout cela n'était plus vraiment de mon âge. Il fallait que je me fasse une raison, que je la laisse vivre. Après tout elle avait toute sa jeunesse devant elle. Je n'avais pas le droit d'interférer dedans ou de l'empêcher de faire quoi que ce soit.
Doucement la résignation me gagnait. Elle ne dura pas cependant, car suite à ma question un peu vive, Elisabeth finie par capituler. Elle se leva doucement, puisque j'avais insisté, et d'un coup me déballa sans vergogne sa soirée. J'étais sillé, incapable du moindre geste. Juste là regarder comme ça, le visage laissant apparaître mon cœur meurtri. Elle se jouait vraiment de moi! Mais que lui avais appris Arsinoé bon sang??

Je baissai une seconde la tête, énervé. Je ne pouvais pas rester de marbre face à une telle insolence. J'avais quand même le doble de son âge! Je n'allais certainement pas me laisser faire par cette gamine. Je relevai brusquement la tête la couvant d'un regard glaciale:

"Tu veux jouer les grandes? C'est pas gagné? Et ben ok ça va pas être gagné et on va jouer jusqu'au bout!"

Je l'attrapai fermement par le bras, la tirant dans le salon avant de refermer la porte derrière. Etape suivante le canapé. Je ne m'attardai pas sur ses réticences la poussant sur le canapé, avant de reprendre d'un ton ferme:

"T'as voulu découcher ben pas question que tu dormes! Ça t'apprendras à faire ta Marie-couche-toi-là!"

Je m'asseyais à côté attrapant la télécommande pour re-zapper sur mon film qui était apparemment terminé. Dans ma tête ne résonnaient que mes mots, avais-je été trop dur?

Se tenant debout face à lui, elle était plutôt fière d'elle, lorsqu'elle avait fini sa phrase, Thomas n'avait rien rétorqué, trop choqué sans doute. Lorsqu'il baissa la tête, elle comprit qu'il essayait de se calmer, elle l'avait déjà vu faire ce geste des millions de fois et avait fini par comprendre qu'il était plus que furieux à ce moment-là.

Lorsqu'il releva la tête, Eli pu apercevoir les éclairs dans ses yeux, cette fois c'était clair, elle ne l'avait jamais vu dans un état pareil, même lorsqu'il se disputait avec sa mère, il n'avait jamais été dans un tel état, elle commençait à regretter ses paroles.

Au moment où il lui agrippa le bras, elle posa sa main sur celle de son père pour essayer de se libérer, mais au lieu de ça, il la tira dans la direction du salon. Il la balança sur le canapé et s'assit juste à côté en prenant possession de la télécommande en même temps.

Elle ne fixait pas l'écran, non, au lieu de ça, elle fixait le visage de l'homme présent dans la même pièce qu'elle, elle avait du mal à le reconnaître. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi avait-il réagit comme ça ? Et surtout, d'où venait cette violente colère ? Oui, la jeune fille savait qu'elle y était allée un peu fort avec son histoire de mec – histoire qui rappelons-le était à la base pour énerver son père – et à présent, elle regrettait, elle aurait voulu lui dire que c'était un mensonge, mais n'allait-elle pas empirer son cas en le faisant ?

Baissant la tête, elle cherchait quelque chose pour qu'elle puisse se tirer d'affaire, elle était déjà cuite et si elle devait faire une nuit blanche... Soyons franc, elle ne tiendrait pas le coup, la fatigue était tellement pensante qu'elle aurait bien pleuré, tout ça juste pour pouvoir gagner son lit et ne plus jamais en sortir.

Elle ouvrit la bouche et tenta de dire quelque chose, mais dans la situation dans laquelle elle se trouvait, elle devait absolument réfléchir avant de dire quoi que ce soit.

« Tout ceci est...ridicule... » dit-elle en leva la tête en direction de son père.

Elle venait de marquer un point, tout ceci était ridicule, ça n'avait aucun sens et à cause de sa bêtise, elle risquait d'être privée de sommeil.

« Je monte me coucher moi. »

Si elle tenait tête ? Du moins elle essayait, elle avait sommeil et voulait dormir, elle n'avait pas les idées claires. D'ailleurs, lorsqu'elle se réveillerait dans la journée, elle allait probablement regretter son attitude, mais pour ça, fallait-il encore qu'elle dorme !

Elle me mettait à bout. Pourtant j'étais de nature sympa et chaleureuse. Mais non, il fallait que madame s'insurge et se foute de ma gueule. Le seul ennui c'est que cette fois je ne me laissais pas faire. Ni une, ni deux, je la trainais jusqu'au canapé; la poussant avant de m'asseoir à côté d'elle. Ma sanction tombait. Elle découchait, elle ne se coucherait pas du tout. J'étais résolu. Je zappai rapidement! Un film romantique, super! Quoi de mieux pour finir sa nuit sans sommeil?? Je restai là, égal à moi-même, c'est-à-dire calme dans mon état d'énervement. Je la retenais sérieusement! Raaaah! J'avais envie de mordre dans un coussin tellement j'avais la rage! Mais bon, tout ça ne se passait qu'à l'intérieur, j'étais bien incapable de m'énerver réellement, enfin mise à part il y a 5 minutes.
Je continuai donc de regarder ce film inutile, essayant de me noyer l'esprit pour calmer autant mes nerfs que mes interrogations sans fin. Un con! Voilà ce pour quoi elle me prenait! J'étais pourtant gentil avec elle! Qu'est-ce que je pouvais faire de plus que ce que je faisais déjà pour lui prouver mon soutien et mon amour?? Elle me défiait sans arrêt, jouait au plus malin avec moi. J'avais 'passé l'âge' de jouer à ces petits jeux ridicules. Enfin, plus le temps passait, plus j'avais l'impression d'être resté sur ma trentaine plutôt que sur mes quarante ans passés.

La voix d'Elisabeth me fit quitter mes pensées. Elle trouvait tout cela ridicule. Haha! Qu'elle était drôle cette petite! Je rétorquai direct du tac au tac d'une voix calmée:

"C'est ton comportement qui est ridicule"

ET toc. Oui j'étais bien un vieux gamin immature de temps en temps. Mais bon, d'un autre côté mon rôle de père me donner dans la majeure des situations une maturité plus que suffisante et exemplaire. J'avais bien le droit de me relâcher de temps en temps. Elle reprit néanmoins, affirmant qu'elle montait ce coucher. What? Je tournais enfin la tête vers elle, lâchant définitivement le film des yeux. Je ne la regardais pas méchamment, d'ailleurs plus aucune colère ne se lisait dans mes yeux. Je la fixai simplement, droit dans les yeux, avant de lui dire d'un ton qui se faisait sans appel:

"Tu ne bouges pas d'ici"

Elle l'avait cherché, ce n'est pas moi qui lui avait dit d'aller coucher dehors qui plus est avec n'importe qui. Dans la vie il fallait assumer ses actes et je comptais bien lui apprendre cette règle sans plus attendre.

Le ton de sa voix était intransigeante, froide voire glaciale, dans un moment pareil, il valait mieux ne pas l'énerver, Eli ne l'avait jamais vu en colère et ce soir elle a vu une partie de sa colère et même si ça ne semblait pas grand chose, pour Eli c'était déjà beaucoup.

Se rasseyant, elle fixa l'écran droit devant et faisait semblant de regarder le navet qu'une quelconque chaîne diffusait à une heure tardive. Elle se triturait le cerveau pour essayer de trouver un moyen pour monter se coucher, elle n'allait pas jouer les filles rebelle qui tenaient tête, ça ne servait à rien sauf peut-être à empirer son cas. Mais, elle avait peut-être trouvée un moyen pour que son père la laisse dormir.

S'enfonçant dans le canapé, elle croisa les jambes et regarda l'écran pour de vrai cette fois. L'atmosphère de la pièce n'était pas des plus agréables, mais en même temps, elle devait avouer qu'elle l'avait un peu cherché, bien que la réaction de Thomas était un peu exagéré à son goût... Toujours les yeux scotchés sur le poste de télévision, elle se faisait la situation dans la tête mais en inversant les rôles, avec exactement le même contexte, tout exactement pareil...

Elle venait de réaliser à quel point elle était stupide, à quel point sa réaction à elle avait été puérile dés le départ. Tournant la tête vers son père, elle prit une profonde respiration et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortit, pour changer... Elle ne savait même pas quoi dire, elle n'allait pas s'excuser encore une fois, les précédentes excuses n'avaient fait qu'empirer la situation et elle n'avait pas le cran de tout balancer d'un seul coup, elle allait donc se contenter de ne rien dire et d'essayer de calmer le jeu par des gestes.

Revenant à la réalité, elle secoua la tête brièvement et discrètement avant de prendre la couverture qui se trouvait sur le dossier juste derrière elle, et se couvrit avant de se blottir contre Thomas. Elle ne savait pas comment il allait interpréter ce geste, si il voulait, il avait tous les droits de la repousser, mais elle espérait tout de même qu'il ne le fasse pas, qu'ils enterrent une bonne fois pour toute ce qui venait de se passer il y avait à peine 10 minutes...

Suite à ma dernière remarque, Elisabeth ne trouva rien à redire. Ca me tuait. Je ne voulais pas qu'on en vienne là. Mais où allions nous de toute façon? Je ne savais plus sur quel pied danser avec elle. Juste le mal que ça me faisait. Depuis peu, j'avais l'impression que tout déraillait. Et pas seulement ma vie, ma relation avec mes proches, avec Elisabeth notamment. Je n'étais pas vieux jeux et je savais m'éclater. Mais tout de même, je ne l'avais jamais vu aussi à cran et énervé avec moi. Alors, problème de karma? Pertes mensuelles? Je ne crois pas. Et puis je la trouvais plus imbuvable que ronchonne. Enfin, malgré son ardeur à faire (apparemment) tourner nos relations au vinaigre, je n'arrivais pas à lui en vouloir. Je m'accrochais à elle en quelque sorte, je ne voulais pas qu'elle s'en aille. Je ne savais pas si l'idée l’avait oui ou non réellement effleurée, mais je ne voulais pas prendre le risque. Je voulais juste que... être heureux. Juste ça, m'épanouir à nouveau. Et même si ça ne l'enchantait apparemment pas, elle avait son rôle à jouer là-dedans. Je ne lui demandais pas l'impossible. Enfin, vu le contexte actuel, rien ne me paraissait vraiment impossible, c'était juste compliqué. Si la famille, ma famille, était mon plus grand bonheur, c'était aussi la plus grosse source de tracas de ma vie. Pas d'extrême, que de demi-mesures, il me fallait accepter le mal avec le bien.
Je restai assis. Elle ne me dit plus rien, ni n'émit plus la moindre protestation. J'avais vaincu ce duel? J'étais venu à bout de sa rebelle-attitude? Pas certain. Elle prit alors une couverture, l'enroulant autour d'elle, avant de se blottir contre moi. Euh... ok. Nous n'étions pas fâchés là? Non? Oui? Réconciliés? A moins qu'elle veuille m'amadouer... Elle ferait semblant d'être à nouveau proche de moi?? Non... Manquait-elle d'affection? Ca non! Pas du tout! Vu qu'elle rentrait d'une douce nuit! Je me figeai. Je ne voulais pas y croire. Ca faisait mal. Je ne pouvais pas empêcher ses hommes de lui faire du mal. Si au moins, elle ne voulait pas... Je voulais au moins qu'elle trouve quelqu'un de bien pour elle. Je devais la laisser quitter le nid.

Je rentrais un peu mon épaule la laissant glisser la tête posée sur mes cuisses. Je gardai mes yeux rivés à l'écran, me sentant flancher. Je me mis alors à caresser doucement ses cheveux. J'étais dur avec elle. Il fallait me rattraper, je lui murmurai alors doucement:

"Repose-toi si tu en as envie"

Contradictoire? Oui certainement. Mais je n'avais pas envie de la laissé plus longtemps au bord du gouffre du sommeil. Elle était jeune, pas aussi résistante que moi, elle avait besoin de sommeil.

Lorsqu'elle posa sa tête sur ses genoux, elle avait sentit qu'il s'était raidi, c'était compréhensible, il y avait à peine quelques instants ils étaient en train de se disputer et pas de manière les plus douces. Elle s'était figée à son tour en bloquant sa respiration, et si elle venait de faire quelque chose de mal en faisant ça ? Ce ne fût que lorsqu'elle sentit Thomas se détendre en caresser ses cheveux qu'elle fut rassurée et qu'elle lâcha un soupir de soulagement.

« Hum... Non ça va... » dit-elle en mettant bien la couverture sur elle.

A cet instant précis elle se sentait bien, elle se sentait mieux, la position qu'elle avait prise la faisait se sentir bien mais c'était surtout à cause de l'atmosphère de la pièce qui s'était adoucie.

Elle était fatiguée mais n'avait pas envie de bouger de peur de gâcher ce moment, même si ils ne s'étaient presque rien dit à par 2 ou 3 phrases, ce qu'Eli venait de faire avait une symbolique, symbolique que seulement eux deux pouvaient comprendre. Depuis ces quelques temps, la situation n'était pas toujours facile à gérer chez les Spencer, mais il fallait pourtant faire en sorte que ce soit le cas.

Soupirant, elle passa un main dans ses cheveux pour glisser une mèche derrière son oreille. Elle n'allait pas tarder à dormir et ça se voyait rien qu'en la regardant, de toute façon, si elle s'endormait vraiment, son pire la porterait jusque son lit, ou la laisserait dormir sur le canapé au pire...

Fermant les yeux, elle se rappela de ce qu'elle avait dit à son père, elle se demandait si elle devait encore dire la vérité, si il était trop tard ou si elle devait attendre encore un peu. De toute façon, même si elle le disait, il n'allait rien pouvoir faire, certes, c'était ce mensonge qui était un peu à l'origine de tout cet énervement, mais il l'avait cherché un peu !

Et puis zut, elle ne dirait rien, du moins pas pour le moment, elle attendrait lorsqu'elle serait bien réveillée, que son père soit bien luné et qu'elle soit aussi en présence de témoins au cas ou il se fâche, mais elle ne put s'empêcher de lâcher un petit « Je suis désolée, encore une fois... » avant de se taire.

Finalement nous atteignons enfin une strate de paix. Tellement bon après ce moment de tension, qui, je le rappelle ne me ressemblait vraiment pas. Moi qui étais toujours joyeux, plein d'entrain et sympathique à l'égard des autres. Je m'étais vraiment laissé aller là. Enfin, je commençais à caresser doucement les cheveux d'Elisabeth, lui proposant de se reposer pour me rattraper un peu plus de mes mauvais pas. Elle refusa, tirant mieux la couverture sur elle. Je ne pipai mot. Je me sentais vraiment crevé et pas que, une sorte de malaise se tenait en moi, indiscernable parmi le flou total de mes émotions. Colère, peur, envie, fatigue, tristesse. Trop pour une petite tête comme la mienne. J'avais besoin d'oublier tout ce que je ressentais.
Je tentai de me replonger dans le film, caressant toujours ses cheveux, comme pour m'empêcher de faire autre chose et de rester là éveillé sans bouger. Je saisi un prénom, Brenda. Bon ok ça parlait d'une Brenda, qu'avait donc-t-elle fait qui justifie ce film? Pour l'instant elle rentrait tard chez elle après une dure journée de travail. La suite m'en dirait peut être davantage. La blonde montait les escaliers. Elisabeth s'excusa. Je me raidis un peu plus. Ça, ça ne faisait pas parti du film. Je n'osai pas trop la regarder et me contentai de balbutier quelques mots gênés:

"Laisses tomber, je n’aurai pas dû m'énerver comme ça..."

Bien voilà, aucune pédagogie! Je ne tenais pas la moindre de mes colères éducatives! Mes mots étaient sortis tous seuls, juste comme un mécanisme logique. Lui signifier que je l'aimais quoi qu'il arrive et que je préférais qu'on passe à autre chose. Enfin là, il s'agissait seulement d'un mensonge. Je n'avais aucune envie de passer à autre chose. Je voulais qu'elle soit vraiment désolée, je voulais qu'elle m’explique en quoi elle était désolée exactement, que je sache si je pouvais ou non lui pardonner. Mais maintenant c'était trop tard, je venais de minimiser la chose. J'étais vraiment stupide. J'appuyais ma tête en arrière, sur le dossier, détournant mon visage d'elle pour ne pas qu'elle voit les rougeurs sur mon visage alors que je lui demandais:

"Tu t'es protégée au moins... J'espère..."

Je sentais mes joues me bruler. Atroce, que je lui parle de ça alors que ma seule envie était de buter le sale con avec qui elle avait couché. Enfin, j'avais quand même le droit de demander, j'avais bien l'excuse de m'inquiéter pour sa santé, pas que le gars lui ait refilé un truc. Et aussi que je ne voulais pas qu'elle se ramène en cloque à la maison. Surtout à son âge.

Elle ne l'écoutait plus que d'une oreille, sentant le sommeil la gagner peu à peu, elle se contenta de dire « Hum » à tout ce qu'il disait. Mais suite à sa dernière phrase, elle ne pu faire autrement que de réagir.

Ouvrant brusquement les yeux, elle regardait en face d'elle en cherchant quoi répondre. Mais c'était quoi son problème ? Pourquoi avait-il fallut qu'il demande ça ? Pourquoi maintenant surtout, la tension de la pièce venait de se calmer alors quel intérêt de faire en sorte que tout ça soit gâché ? Ok, il s'inquiétait pour Eli et tout et tout, mais même !

Se redressant, elle s'accroupit sur la place à côté de Thomas et le regarda consterné avant de s'apercevoir que celui-ci semblait gênée. Elle ne pu s'empêcher de rougir à son tour, elle sentait ses joues qui commençaient à virer au rouge, se reprenant un prenant une grande respiration, elle regarda son père et lui sortit :

« Non mais sérieux, tu veux vraiment que je te réponde ? » dit-elle avec une voix consternée et énervée à la fois.

S'asseyant sur le canapé, elle regarda le sol en grinçant des dents, quand elle était fatiguée, elle avait tendance à être à fleur de peau, en gros, lorsqu'elle était énervée, ça avait tendance à faire surgir tous les défauts de la jeune demoiselle.

Même si ce n'était pas exactement le cas, Eli avait comme l'impression que son père faisait tout pour l'agacer et ça juste quand elle était calme et sereine, finalement, elle ne regrettait pas de ne pas lui avoir dit la vérité, au moins comme ça ils seront deux à être énervé ce soir, c'est donc dans cet objectif qu'elle rétorqua :

« De toute façon, que ce soit le cas ou pas, tu veux vraiment que je te parle de ma vie sexuelle ? » dit-elle sur un ton sec.

Elle savait que d'ici peu, Thomas allait rétorquer mais et alors, il l'avait cherché !

Et voilà ! Je ne manquais vraiment aucune occasion pour l’énerver. Etait-ce de ma faute si cette gamine faisait vraiment n’importe quoi ?? Elle s’était redressée à côté de moi, me fixant ce que je me sentais réciproquement incapable de faire. Mais le mal avait été fait dès lors que je lui avais posé la fameuse question. Elle ne tarda alors pas à me demander d’une voix énervée si je voulais vraiment qu’elle me réponde. Je me redressai, détournant mon visage d’elle en pinçant les lèvres, le regard douloureux et coupable. Ça avait était plus fort que moi. Je gâchais toujours tout décidemment. Mais je ne voulais pas de ça pour elle. Je voulais lui offrir une vie merveilleuse, loin de tous ces idiots qui la courtisaient comme si elle était un morceau de viande ! Je voulais son bonheur, le mien, celui de cette famille factice. J’aimais bien sûr Scarlett et Carl, mais ça ne pouvait plus durer comme ça. J’avais trop attendu, tellement attendu, veillant sur elle et maintenant elle me faisait ça ?? Pourquoi ?? Je la révulsais donc autant ? Je ne pouvais plus, sans parler de mes aléas de couple.
Eli reprit alors la parole me rappelant qu’elle avait sans doute attendu ma réponse qui n’était pas venue. Qu’elle ce soit protégée ou non, est-ce que je voulais vraiment qu’elle me parle de sa vie sexuelle ? Je vis rouge, malgré notre relation rien ne lui permettait de me parler comme ça ! N’oublions pas que j’avais 25 ans de plus qu’elle ! 25 ans… putain de 25 ans. Je me retournai vers elle furax à ma façon c’est-à-dire toujours moins que n’importe qu’elle autre personne de mon âge. J’attrapais durement son poignet entre mes doigts la tirant plus vers moi :

« Dis-moi à quoi tu joues exactement. »

Je ne rigolai plus. Un temps pour moi et ma limite avait déjà était largement dépassée. Je ne comptais plus y aller avec des pincettes, surtout qu’elle avait décidé de me rendre furax. Je me savais extrêmement doux et gentil mais si elle se foutait de ma gueule comme ça y avait pas moyen pour que je reste calme. Je repris sur le même ton dur, précisant ma pensée :

« Ça te plait de me faire ça ? Tu sais très bien ce que j’en pense. Alors excuses moi, excuses moi de ne pas vouloir te voir entre les mains de ces sales types ! »

Je sais que ça ne tournait pas rond chez moi, je n’avais pas à agir ainsi mais j’espérais sincèrement qu’elle me comprenne une bonne fois pour toute. Même si j’étais le pire des maris et le pire des pères qui existe, je voulais juste qu’elle me comprenne.

Décidément, les choses ne s'arrangeaient pas du tout, la tension de la pièce n'avait cessé de s'agrandir plus ça allait et au moment où Elisabeth pensait que ça allait être un peu plus calme, mais en fait, non...

La jeune demoiselle qui pensait que son père allait se taire et qu'elle n'aurait qu'à crier un bon coup puis monter s'enfermer dans sa chambre, n'était pas au bout de ses surprises, bien au contraire, celui-ci agrippa le poignet d'Elisabeth qui posa sa main instinctivement sur la sienne pour essayer de se libérer de sa poigne, mais c'était peine perdue et elle le savait très bien d'ailleurs.

« Lâches-moi, tu me fais mal. » dit-elle en l'implorant presque.

Elle réalisait que son mensonge qui au début avait été balancé pour énerver son père, prenait des tournures plutôt effrayantes, elle aurait peut-être dû lui dire la vérité lorsqu'il était encore temps, mieux encore, elle n'aurait peut-être pas du tout lui dire ce mensonge...

« Et pour les sales types comme tu dis, vas falloir t'y habituer ! Et d'ailleurs, lâche moi et calme toi un peu ou tu va finir par réveiller toute la maison.» dit-elle en plantant son regard dans celui de Thomas.


C'était même bizarre de voir que personne ne s'était encore réveillée à cause de tout le bruit qu'ils faisaient depuis un moment déjà.

Elle devait essayer de se calmer car justement, elle ne voulait pas que quelqu'un se réveille et voit ce qu'il se passait, la situation était bien assez étrange comme ça pour tous les deux pour en rajouter avec un membre de la famille qui viendrait se mêler à leur histoire.

Prenant une profonde respiration pour se calmer, elle fit :

« Écoutes papa... » dit-elle en accentuant sur le papa, « Je propose qu'on se calme tous les deux... et qu'on aille se coucher, on aura sûrement les esprits plus clair après un bon repos... »

Elle était déjà fatiguée à l'origine et la dispute qui venait d'avoir lieu il y avait à peine quelques instant.

J’avais attrapais son poignet à bout de nerfs, avant de lui demander à quoi elle jouait au juste. Elle ne fit que me demandais de la lâcher sur un ton implorant parce que je lui faisais mal. Mais je n’écoutais plus. Je restais juste là, crispé et blessé par cette gamine qui jouait avec moi comme si j’étais un de ses potes. Je reprenais furax lui disant qu’elle savait ce que je pensais et que je ne voulais pas la voir entre les mains de sales types. Elle me rétorqua alors, mettant le mot «papa» en exergue que je devais m’y habituer, puis qu’il fallait que je me calme au risque de réveiller toute la maison, que nos esprits seraient plus clairs le lendemain matin.
Je restais en suspens. Ce n’est pas parce que je m’énervais avec elle que je devais oublier mes enfants qui dormaient à l’étage. Quel père j’étais, qu’est-ce qu’elle faisait de moi ! Jamais je ne m’étais autant énervé avec sa mère, jamais ! Même alors que les occasions n’avaient pas manqués. C’est simple, ce soir elle me mettait hors de moi, de celui que j’étais en règle générale. Cependant la fin de sa phrase avait fait tilt dans ma tête. Nos esprits seraient plus clairs après un bon repos, demain, un autre jour en somme.
Je lâchai sa main, la repoussant presque, avec une mine dégoutée, me relevant en lui jetant morne et résigné :

« En ce qui me concerne tout est très clair à présent. »

Sans un mot de plus je tournais les talons et m’en allait à grandes enjambées vers la porte d’entrée que je claquai sans merci une fois à l’extérieur de la maison. Je fis quelques pas, me frottant intensément le visage avec les mains, avant de me poser, assis, par terre. L’intérieur de la maison devenait trop étouffant pour moi. Je me retrouvais coincé et immobile entre un mariage qui battait de l’aile, un amour extatique et à côté de ça, en deuxième des enfants que j’aimais et pour qui je ne pouvais me libérer de tout ce qui me pesait. J’en venais presque à préférer la morgue salutaire, au moins il n’y avait pas de conflits d’intérêt avec les morts.

Lorsqu'elle prononça le mot « papa » Thomas comprit qu'il devait arrêter. Comme quoi, on aurait dit que c'était le mot magique pour que le calme revienne, du moins pour quelques temps car avec ces deux là, le calme ne durait jamais bien longtemps, pouvant même aller jusqu'à gâcher les moments familiaux qui n'avaient pourtant rien à voir avec ce qui se passe entre ces deux-là, du moins, c'était ce qu'Eli pensait à chaque fois qu'elle voyait sa mère à la limite de l'explosion lorsque les deux Spencer levaient la voix pour des fois des choses qui n'en valaient même pas la peine, un peu comme ici...

Lorsqu'il la lâcha pour dire qu'en ce qui lui concernait, tout était clair à présent, sans savoir pourquoi, Eli avait ressenti comme une sorte de pincement au cœur, comme si ces paroles l'avait touché au point de lui faire mal alors que cela ne devrait pas être le cas, elle aurait dû être contente que ce soit fini, mais non. Et à vrai dire, elle ne savait même pas trop ce qu'elle devait ressentir, les mots qu'il venait de dire avait été dit sur un ton qui laissait entendre beaucoup de choses, que devait-elle comprendre à ça ?

Lorsqu'il se leva pour se diriger vers la porte, elle ne bougea pas du canapé, elle ne prononça même pas un mot même après le fait qu'il soit parti, se contentant de fixer la porte qui venait à l'instant d'être ouverte pour laisser passer un homme en colère. Était-elle allée trop loin cette fois ? Avait-elle franchit la limite ? Qu'allait-il se passer par la suite ?

Toutes ces questions lui vinrent en tête les unes après les autres, mais malheureusement, en plus de ne pas avoir les réponses, elle était bien trop fatiguée pour se triturer les neurones dans le but de pouvoir dormir sur ses deux oreilles... Elle allait devoir se contenter de dormir sur sa faim et demain elle irait peut-être lui parler pour voir ce qu'il en était, en espérant qu'il veuille bien lui adresser la parole bien sûr.

Se levant doucement, elle resta une bonne dizaine de seconde sur place en prenant une profonde respiration et alla éteindre le post de télé qui jouait toujours, parfois elle aurait bien aimé être une télé, on pouvait vous façonner à votre façon, on pouvait même vous éteindre lorsqu'on en avait marre, vous rallumez lorsqu'on le voulait et lorsque quelque chose nous gênait, nous réparer pour que nous n'ayons plus aucun souci, bref, la vie de la jeune Spencer était bien compliqué même si cela ne se voyait pas aux premiers abords....

Bref, après cette petite parenthèse sur la télé, elle se dirigea vers la même porte qu'avait franchit son père quelques minutes plus tôt et monta dans sa chambre pour pouvoir enfin se reposer.