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| Sujet: Bye bye baby Jeu 11 Aoû - 2:44 | |
| Une châtelaine. C’était ainsi que Diana se percevait par moments. En effet, son attitude était digne d’une vraie maitresse de château qui snobait ses voisins en ne daignant leur adresser un regard lorsqu’elle allait chercher son courrier, s’empressant de rejoindre sa demeure pour retourner à l’abri. La distance qu’elle imposait entre sa personne et ses voisins était sûrement la raison pour laquelle était si peu entourée. Mais la jeune femme était loin de s’en plaindre : lorsqu’elle voyait certains de ses voisins du même âge qu’elle zoner avec des adolescents et agir de façon tout à fait immature en se lançant des remarques affectueuses à en vomir, elle ne regrettait pas d’être une marginale. En fait, elle s’en félicitait même. Aussi mesquin que cela puisse paraitre, Diana se jugeait largement supérieure à la totalité de ce quartier. Elle ne saurait pas définir le degré de pathétisme que lui inspiraient certains habitants de Magnolia Crescent. Pour cette raison, elle préférait rester éloignée de ces adultes qui ne parvenaient pas à sortir de leur crise d’adolescence. Sur ce point, Diana Ciccone était une vraie châtelaine. Toujours propre sur elle, elle n’aimait pas se mélanger à la masse. Pourtant, contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, elle aimait beaucoup faire des rencontres. Mais qui y avait-il d’intéressant à rencontrer à Magnolia Crescent ? Peu de monde, vraiment peu. Entre les jeunes qui l’indifféraient et les adultes qui l’exaspéraient, Diana ne trouvait pas son bonheur. Pourtant, c’était dans ce quartier que la jeune femme avait bâti les relations les plus solides qu’elle ait connu. En dehors de ses fréquentations new-yorkaises qui avaient beaucoup influé sur la personne qu’elle était devenue, c’était à Magnolia Crescent que Diana avait fait ses rencontres les plus marquantes. Pour commencer, il y avait eu Peter Mayfield, sa première histoire sérieuse. Elle avait connu des hommes auparavant, beaucoup, mais jamais quelque chose d’égal à sa relation avec le professeur. Pour la première fois, elle avait eu l’impression d’être pleinement investie dans quelque chose de sérieux, du concret. C’était également ce qu’elle ressentait pour Liam Parker, son fiancé et la deuxième personne à laquelle elle tenait le plus dans ce quartier. Cela pouvait paraitre étrange, mais Diana ne pouvait pas comparer sa relation avec Peter et celle qu’elle entretenait avec Liam. À ses yeux, sa relation avec Liam avait quelque chose de plus adolescent et de moins mature que le couple qu’elle avait formé avec Peter. Elle n’en était pas moins amoureuse de son fiancé, mais préférait ne pas comparer les deux hommes, craignant d’en favoriser un au profit de l’autre. Quant à sa troisième et dernière rencontre marquante à Magnolia Crescent, elle préférait l’oublier. Elle ne valait vraiment pas la peine qu’on s’y attarde, et Diana avait déjà fait une croix dessus.
Ce genre de réflexion venait souvent à l’esprit de la jeune femme lorsqu’elle s’apprêtait par exemple, comme en ce moment, à aller chercher le courrier. Elle anticipait le moindre de ses mouvements, ses actions étant devenues mécaniques. Diana savait qu’elle se dirigerait d’un pas assuré vers la boîte aux lettres. Si par mégarde elle croisait le regard d’un voisin, elle l’ignorerait soigneusement, le méprisant peut-être même un peu à l’occasion. Elle ouvrirait la boîte aux lettres, prendrait le courrier. Puis, après y avoir jeté un coup d’œil, elle ferait demi-tour pour retourner s’enfermer dans son château, loin du peuple. Diana n’avait jamais réellement souhaité s’intégrer à la populace. Surtout pas à celle de ce quartier, qui l’avait rejetée dès son arrivée. Elle n’était qu’une jeune fille de dix-huit ans au moment où elle avait débarqué à Magnolia Crescent, et elle s’était immédiatement attiré les foudres de ses voisins sans avoir cherché comme aujourd’hui à se donner des airs de femme distinguée. Une haine qui n’était pas fondée, et qui avait intimement convaincue Diana qu’elle devait les méprisait en retour et surtout réussir afin de faire taire les mauvaises langues qui pensaient qu’elle ne ferait pas long feu dans le voisinage. Six ans après, elle en avait fait du chemin, la gamine que tout le monde détestait. Et, par pur orgueil et aussi avec un certain désir de vengeance, elle se sentait désormais obligée d’exhiber sa réussite. Elle savourait sa revanche, mais au fond elle n’était jamais réellement parvenue à gagner la sympathie du quartier, ce qui aurait été une vraie victoire. Seule la gent masculine semblait s’intéresser un minimum à son cas. Aux yeux des femmes de Magnolia Crescent, elle avait dû rester une espèce de petite allumeuse qui se donnait des airs de bourgeoise. En apparences, elle se persuadait que cela ne la gênait pas de passer pour une salope aux yeux de ses voisins, et elle s’appliquait même à tenir ce rôle, adoptant une philosophie qui était plus que douteuse : du moment que l’on parlait d’elle, que ce soit en bien ou en mal, elle était satisfaite. C’était assez faux, car au fond elle restait frustrée qu’on ne cherche pas à la connaitre davantage pour se faire une opinion d’elle. Mais Diana avait bien trop d’amour-propre pour le reconnaitre.
Mais encore une fois, Diana allait donner raison aux mégères du quartier : elle ouvrit la porte et accomplit son petit rituel. Heureusement elle ne croisa aucun voisin et ne snoba donc personne sur son chemin pour aller à la boîte aux lettres. En général, elle ne faisait pas cela par plaisir et était réellement agacée à l’idée de devoir sourire à une personne dont elle se fichait éperdument. Mais de temps à autre, il lui était agréable de couper quelqu’un qui s’enthousiasme trop vite dans son délire. Une fois devant la boîte aux lettres, Diana l’ouvrit et en sortit le contenu, l’examinant d’un rapide coup d’œil. Rien d’intéressant en somme. C’était ce qu’elle pensait jusqu’à ce qu’elle tombe sur sa fiche de paye. Son courrier préféré ! Le seul qui lui arrachait un sourire sincère, bien plus qu’une lettre d’elle ne savait qui. Le reste n’était pas très intéressant. Elle fit vite le tri en mettant les prospectus et autres publicités débiles en dernier, laissant ce qui l’intéressait au début de la pile. Puis elle referma la boîte aux lettres, s’apprêtant à rentrer. En effectuant ce geste, la jeune femme eut le malheur de jeter un regard sur sa droite. Un mouvement qu’elle ne put contrôler, et elle s’en voulut amèrement : Jersey Livingstone marchait dans sa direction.
Eh merde… pensa-t-elle instantanément. Jersey était cette fameuse troisième personne qui avait compté pour elle dans le quartier. Mais Diana avait préféré tirer un trait sur elle lorsque celle-ci avait décidé de quitter Magnolia Crescent pour tenter sa chance à New-York. Décision qui s’était avérée judicieuse et payante : elle était désormais un mannequin plutôt en vogue, d’après ce qu’elle avait entendu dire. Diana la détestait. La simple vision de son visage parfait l’insupportait. Jersey avait quelque chose de lisse et d’adorable qui contrastait avec le métier qu’elle exerçait et son tout nouveau statut de top-modèle. Oui, Diana en était convaincue : cette fille n’était pas nette. Elle lui évoquait une adolescente qui jouait les saintes-nitouches alors qu’elle n’était plus vierge. Le contraste entre son aspect attachant et son physique de femme fatale était trop louche pour lui inspirer confiance. Pourtant, un an plus tôt, c’était sa meilleure amie. Diana ne saurait pas elle-même expliquer exactement pourquoi elle méprisait désormais Jersey. Elle avait souffert de cette séparation et surtout de cette façon dont elles avaient toutes les deux cessé d’être en contact. Sa mémoire était sélective à souhait et afin de se conforter dans sa haine, Diana était capable d’oublier volontairement certains souvenirs concernant son ancienne amie. Cela dit, elle ne se rappelait pas qu’elle lui ait passé un coup de fil. Il y avait également un peu de jalousie de la part de la Ciccone. Un an. Un an avait suffi à Jersey Livingstone pour s’imposer en tant que mannequin de renommée. Elle n’en revenait pas. Entre elles, Diana avait toujours pensé qu’elle était la plus ambitieuse et la plus coriace des deux. En tout cas, elle fut assez surprise d’apprendre que Jersey avait réussi. Non pas qu’elle lui souhaitait de s’écraser lamentablement et d’échouer, elle ne s’y attendait tout simplement pas. Un an avait également suffi à Diana pour construire une nouvelle vie et tourner la page sur son passé, mais tout de même, elle pensait avoir plus trimé que Jersey et celle-ci s’en sortait mieux qu’elle et avait tous les regards braqués sur elle, on l’adorait. Diana méritait tout autant de reconnaissance, voire plus. Seulement, elle n’agitait pas son petit cul d’anorexique sur un podium.
Enfin bon. La frustration de Diana n’était pas seulement due à un besoin de reconnaissance. Elle était incapable de mettre un doigt sur ce qui clochait chez elle. Elle avait adoré Jersey, et aujourd’hui elle la détestait. Peut-être était-ce simplement un caprice et qu’il ne fallait pas chercher plus loin. Mais au fond, elle savait que c’était plus compliqué.
Diana fit mine de ne pas l’avoir vue et continua son chemin. |
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| Sujet: Re: Bye bye baby Ven 12 Aoû - 13:21 | |
| Jersey, accoudée à sa fenêtre, fumait discrètement une cigarette, loin du regard de sa mère. Dire qu’elle avait bientôt vingt-quatre ans et qu’elle vivait encore sous l’autorité de Judith… Ah, elle regrettait l’époque où elle habitait New-York, là bas personne ne lui dictait comment vivre sa vie, et certainement pas sa mère. Pourtant, il avait fallu qu’elle revienne ici, et depuis elle ne se sentait pas quitter une nouvelle fois sa famille… Trop de choses la retenaient. Laissant son regard se balader de maison en maison, Jersey éprouvait un sentiment de fierté. Certes, c’était loin d’être aussi grand et prestigieux que New-York ici, mais à Magnolia comme nulle part ailleurs, elle se sentait reconnue de tous. C’est vrai, on ne pouvait le nier, dans le quartier la jolie brune était une vraie star, alors qu’à New-York elle n’était qu’un mannequin parmi d’autre. Certes, ici aussi le quartier avait ses mannequins, comme Mya Cleavers, Eliza O’Conell ou London Sheppard… Mais ces filles-là n’égalaient en rien Jersey. La raison était simple, voilà plus de quinze ans que la jeune femme habitait Magnolia, elle était apréciée de tous, et notamment des adultes. Elle se considérait elle-même comme la petite princesse du voisinage, et était sans aucun doute la jeune femme la plus enviées du quartier. En même temps, elle avait tout pour plaire. Tout d’abord, c’était une femme qui avait réussi, sortant pourtant d’une petite ville méconnue du New Jersey elle était parvenue à réalisé son rêve d’enfant, devenir mannequin et était maintenant l’un des tops models les plus prisés du milieu. C’était aussi une femme agréable et souriante, ayant toujours le mot pour rire. Elle était sérieusement satisfaite de l’imagine qu’elle renvoyait d’elle. N’importe qui dans le quartier devait être persuadé que la jolie Livingstone possédait l’une des vies les plus parfaites de Magnolia. Bien sûr, ce n’était en rien le cas, mais Jersey adorait se dire que l’on puisse penser pareille chose à son sujet. Constamment afficher un air de sûreté, ça lui venait sans aucun doute de sa mère. Et pourtant, la jeune femme qui ressemblait en bien des manières à sa génitrice n’appréciait guère celle-ci. Les deux femmes faisaient comme si elles entretenaient la meilleure relation mère fille devant le voisinage, pour que l’on garde une bonne image d’elles. Mais, rien de cela n’était vrai, à peine avaient-elles franchi le seuil de la maison numéro vingt et une que la mère et la fille se lançaient des piques… Mais Jersey devait bien l’avouer, elle perdait trop souvent ses batailles contre Judith, laissant celle-ci finalement lui dicter quoi faire. Et c’était bien la seule qui y arrivait, Jersey n’était certainement pas le genre de fille à se laisser dominer aussi facilement. Elle laissa son mégot tomber dans un des rosiers de sa mère, rejoignant ceux qu’avaient laissée Christian et William avant elle. Ah, dire que Judith cherchait à entretenir l’image de la parfaite petite famille bourgeoise. Elle était bien naïve, seulement un coup d’œil suffisait au tableau familial pour comprendre que ça ne serait jamais le cas. Tout sonnait trop faux chez les Livingstone, il fallait être bien bête pour ne pas le remarquer. C’était triste, à force, elle finirait par la détruire cette famille… Ces membres semblaient tous si écartés l’un des autres. Le père se laissait dominer par la mère, tandis que cette dernière jouait les mères exemplaire alors qu’elle était loin du résultat, Christian, lui, était là sans être là, toujours fourré dans sa chambre, et William était constamment chez sa petite amie Sara, à l’horreur de Judith qui dès que son fiston avait le dos tourné lançait quelques moqueries à l’égard de sa petite amie et surtout à la mère de celle-ci. C’était dans ces moments-là que Jersey avait une envie folle d’étrangler sa mère. Dire qu’elle l’avait autre fois aimée et admirée, mais tout ce qu’elle disait, tout ce qu’elle faisait, semblaient sonner si faux et mesquins ! Jersey avait beau être une belle hypocrite dans son genre, toujours à arborer ses airs de mannequins supérieurs, elle essayait de se montrer sincère, elle. Quand elle n’appréciait pas quelqu’un, elle n’allait pas faire genre « nous sommes les meilleurs amis du monde » comme Judith en était facilement capable. Enfin bon, cette mère elle ne l’avait vraiment pas choisi, mais pour l’instant elle ferait mieux de faire avec, si elle ne voulait pas détruire à tout jamais l’ambiance familial qui restait pour l’instant assez stable, mine de rien. Son regard se posa sur une demeure, trois maisons plus loin, le numéro quinze, celle des Ciccone. Une boule se forma au creux de son ventre, s’il y avait bien une maison qu’elle avait du mal à regarder, c’était celle-ci. Sa propriétaire, Diana Ciccone, avait autrefois une très bonne amie, voire même sa meilleure amie, venant presque à dépasser Bethany Hoskins dans le cœur de Jersey. Et pourtant, Diana avait beau avoir été aussi importante aux yeux de Jersey, ce n’était plus du tout le cas aujourd’hui… Tout ça à cause de son départ, lorsqu’elle avait voulu se lancer dans le mannequinat. Jersey n’avait pas tellement trouvé le temps de prendre des nouvelles des habitants de Magnolia, hors mis quelques coups de fils à sa famille. Elle avait en quelque sorte mis sur pause ses relations dans le quartier, le temps de se faire une renommée dans le milieu. Seule Bethany avait réussi à garder contact avec la jolie brune… Mais ce n’était pas étonnant, Bethany avait toujours été si aimante, jamais elle n’aurait laissé là distance lui retirer Jersey. Pourtant, tout le monde ne pensait pas comme la jolie blonde, et certainement pas Diana. Cette dernière avait finalement perdue le contact avec Jersey. Et au retour du jeune mannequin, elles n’avaient pas réussi à récupérer leur ancienne amitié… Ou du moins, Diana ne l’avait pas voulu, selon la jolie brune. Celle-ci culpabilisait amèrement depuis, le bon vieux temps passé avec Diana lui manquait, et elle s’en voulait de ne pas avoir fait de son possible pour entretenir leur amitié, même loin. Peut-être qu’aujourd’hui, les deux jeunes femmes seraient encore aussi complices qu’avant… Jersey aurait voulu, et au final cette histoire l’a touchait beaucoup. Observant donc la maison de son ancienne meilleure amie, elle fût prise d’une envie folle : venir sonner chez elle, et faire comme si jamais rien ne les avait fait se détester, faire comme si elles étaient toujours les meilleures amies du monde ! Elle savait que Diana lui rirait au nez, sans même prêter attention à ses efforts, mais Jersey croyait aux miracles. C’est pourquoi, quelques minutes plus tard, nous retrouvions Jersey en train de traverser Magnolia Street en direction du numéro quinze. Seulement, à peine avait elle mit un pied dehors que Diana en fit de même, allant apparemment chercher son courrier. Jersey s’arrêta dans son élan, hésitant finalement. Mais après une courte réflexion, elle reprit sa marche. Au pire, elle ça ne lui coûterait rien d’essayer. Hors mis peut-être sa dignité. Diana était en train de relever son courrier quand Jersey arriva enfin devant chez elle. La jolie brune s’approcha de la jeune femme, lui faisant un signe de la main que la belle Ciccone ne sembla par remarquer, ou du moins ignorer. Puis, la jeune femme fit demi-tour, commençant à rentrer chez elle. L’interpella Jersey, sur le ton du supplice quasiment. Et finalement, elle en vint à attraper le poignet de la grande brune pour la retenir. Voilà à quoi elle devait en venir pour attirer son attention ! Elle se sentait pitoyable, réellement. « S’il te plait, m’ignore pas ! » Elle se sentait vraiment conne. Mais il fallait bien si elle voulait arriver à quelque chose… Elle se souvenait d’une Diana qui aimait dominer. Jersey aussi aimait ça, mais quand il fallait elle savait jouer les dominés, ne serait-ce que pour amadouer quelqu’un. Et c’était à ce moment-même ce qu’elle était en train de faire, avec Diana. Elle se sentait indigne d’elle-même, mais ne cessait de se répéter que c’était pour la bonne cause et rien d’autre. Qui sait, peut-être que cette entrevue allait se finir positivement ? Jersey ne perdrait pas espoir.
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| Sujet: Re: Bye bye baby Sam 13 Aoû - 3:20 | |
| Fuir. Le plus vite possible. Malgré l’interpellation de Jersey, elle ne devait pas dévier de son chemin et surtout ne pas se retourner. L’affrontement effrayait Diana, bien qu’elle essayait de se persuader que ce n’était pas le cas. Qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ? Et puis d’abord, pourquoi est-ce que cette anorexique lui courait après ? Qu’espérait-elle ? Elles n’étaient plus amies, un point c’est tout ! Diana se mit réellement à paniquer lorsque Jersey lui attrapa le poignet, la forçant à s’arrêter. En apparences, Diana semblait imperturbable et l’air qu’elle arborait exprimait toute l’indifférence qu’elle souhaiter signifier à la jolie brune. En réalité, elle était tout ce qu’il y avait de plus angoissée. Elle aurait aimé être capable d’être aussi cruelle que possible, en se défaisant de l’emprise de Jersey et en l’envoyant bouler un peu plus loin pour ensuite la mépriser du regard et pourquoi pas lui lancer un petit pique pour souligner à quel point elle avait l’air pathétique. En fait, la seule carte qu’elle était en mesure de jouer était celle de la petite peste. Elle maitrisait ce terrain et était imbattable lorsqu’il s’agissait de se montrer vache envers quelqu’un. Oui, elle aurait très bien pu sourire à Jersey et lui lancer d’un air enthousiaste : « Oh, mais c’est Jersey ! qui semble avoir eu assez pitié pour daigner venir me parler. Désolée, mais t’as raté ta chance. Bye bye bébé, c’est à ton tour de pleurer. » Mais en son for intérieur, ce n’était pas ce qu’elle voulait. Se montrer dédaigneuse à l’égard de celle qui avait été sa meilleure amie ne l’enchantait guère. Enfin, il fallait prendre une décision car pour l’instant, elle se contentait de fixer l’horizon d’un air blasé, comme si elle attendait que quelque chose les sépare. La sécurité, peut-être. Oui, Diana avait l’allure d’une star désabusée qui attendait que son incompétent garde-du-corps vienne la libérer d’un fan encombrant. Ce qui était drôle, car entre elles deux désormais c’était Jersey, la star…
Dis quelque chose bordel, s’ordonna Diana. Elle fit alors face à Jersey, tournant lentement son visage vers la jeune femme. L’air glacial qu’elle arborait désormais lui donnait un aspect effrayant. Elle avait l’allure d’un cyborg dévastateur et increvable dans un mauvais film d’action cliché. Ne souhaitant pas s’attarder sur cette comparaison plus que douteuse, Diana étira ses lèvres en un charmant sourire comme pour montrer que malgré la haine qu’elle ressentait à l’égard de sa voisine, elle voulait rester polie.
- Maintenant, lâche-moi… dit-elle d’un ton patient, presque amusé, en s’emparant de la main de Jersey et en la forçant à lâcher prise sur son poignet. Sans trop de difficultés, d’ailleurs. Elle ne savait pas exactement si Jersey se laissait faire ou si elle s’était montrée plus forte qu’elle mais en tout cas, Jersey et son petit corps frêle ne faisaient pas le poids face à Diana. Faire démonstration de sa force l’emplissait toujours d’une grande fierté, celle de ne pas être une jeune femme fragile et faiblarde. Cela l’amusait lorsqu’au lit, elle prenait le dessus sur Liam sans que celui-ci ne puisse lutter. En plus de l’impressionner, elle espérait qu’il l’admirait pour sa force et sa condition physique.
Maintenant délivrée de la faible prise de Jersey, Diana ne savait plus trop ce qu’elle devait faire. Jersey et elle se faisaient désormais face. Pour bien marquer le coup, la jeune femme était consciente qu’elle devait parler la première. Cependant, aucun mot ne sortait. La seule chose qui menaçait de s’échapper, c’était les larmes. Elle n’aurait aucun mal à les contenir et à vrai dire, elle n’en sentait pas encore le besoin mais il s’avérait bien plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé de soutenir le regard de la Livingstone. C’était très douloureux d’y plonger le sien et de se rappeler tous les bons moments passés en sa compagnie. Le mélodramatique était un registre qui ne convenait pas à Diana et elle détestait s’y aventurer mais lorsque la nostalgie la rattrapait, se réfugier derrière son allure d’insensible marâtre italienne ne suffisait pas. Elle était pourtant une femme forte, et était loin de se laisser abattre par quelque chose d’aussi futile qu’une amitié perdue. Elle devait se ressaisir et ne surtout pas manifester le moindre signe de compassion. Cela dit, si elle s’était laissé aller à la sincérité, celle-ci se serait sûrement exprimée à travers une claque en pleine figure pour Jersey, accompagnée de sanglots et de petites tapes faiblardes sur les épaules de la jeune femme. Elle lui en voulait de l’avoir abandonnée. Au-delà d’une simple confrontation d’égos, Diana avait réellement été affectée par le départ de son amie. Elle s’était réfugiée dans une haine qui la protégeait de la faiblesse à laquelle elle était en proie, car s’il y avait bien une chose que Diana détestait, c’était la faiblesse. Elle la méprisait au plus haut point. Il s’agissait de la raison pour laquelle elle avait du mal à s’entourer de personnes qu’elle jugeait faibles, cette chose l’effrayait. Elle n’était pas douée pour consoler les gens qui faisaient preuve de vulnérabilité. Ces personnes qu’elle considérait comme des victimes faisaient naître en elle un malaise qu’elle ne saurait expliquer, mais qui était probablement dû à sa rapide prise de conscience face aux difficultés de la vie lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle avait décidé de partir de chez elle. Elle avait considéré ses parents comme étant les premiers à l’avoir abandonnée. Et depuis, elle avait l’impression qu’on ne cessait de la laisser tomber comme une moins que rien, ce qui suscitait en elle un vif sentiment de rancune et surtout un désir de montrer qu’elle était plus forte, qu’elle valait mieux que ça. Elle se réfugiait donc dans cette coquille faite de dureté psychologique et de force presque virile.
Elle semblait de nouveau adopter cette attitude envers Jersey. Trouver abri derrière ce mur de froideur et d’indifférence la protégeait et l’empêchait surtout de se confronter à des sentiments tels que le regret, qu’elle considérait comme une preuve de faiblesse. Elle n’était pas faible et ressentait le besoin contant de s’en persuader. Et en ce moment, alors qu’elle sentait ses dernières défenses s’effondrer, elle avait besoin plus que jamais de se sentir puissante, voire invincible. Elle ne devait
Il était désormais temps qu’elle prenne la parole. Elle souffla donc un coup et s’éclaircit la voix, telle une chanteuse qui se préparait à faire des prouesses vocales. Attention, Diana Ciccone va parler, semblait-elle annoncer.
- Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle d’une voix qui ne laissait transparaitre aucun sentiment. La neutralité la plus totale, pas même une once de désintérêt ou d’un quelconque désintérêt mais pas non plus d’enthousiasme ou de joie. Un ton à la fois glacial mais qui, par sa banalité, pourrait inspirer confiance à son interlocutrice tout en la maintenant à une certaine distance. Parfaitement dosé. Diana pencha la tête sur le côté, apparemment prête à écouter ce que Jersey avait à lui dire. Rien de bien intéressant, d’après elle. Elle s’était confortée dans l’idée qu’un entretien entre elles deux n’arrangerait pas leurs rapports et lorsque Diana s’était mise une idée en tête, il était difficile de la persuader du contraire. Et Jersey était bien placée pour le savoir. Elle devait avoir appris des choses intéressantes à appliquer aujourd’hui, suite à ces années passées aux côtés de la Ciccone. Diana n’avait pas perçu sa tentative de la retenir comme une stratégie pour l’attendrir, mais elle allait tout de même des belles paroles qui lui seraient déballées.
Elle eut beau lutter contre cette impulsion, le désir était bien trop vif. Diana ne pu s’empêcher d’ajouter quelques secondes à peine après avoir posé sa question à Jersey :
- Que me vaut l’honneur de ta présence ?
Non, t’abuses… pensa-t-elle.
Eh oui, le désir irrépressible de jouer sa salope s’était à nouveau manifesté, et elle n’avait pas pu résister. Elle avait pourtant voulu l’éviter, et elle pensait avoir chassé la réflexion qu’elle s’était fait auparavant de son esprit. Apparemment, non. Seule la formulation était différente, le message restait intact : ironiquement, elle présentait Jersey comme un mannequin snob qui daignait honorer Diana de sa somptueuse présence. Un peu pathétique, dans le fond. Cette remarque qui se voulait caustique pouvait également être interprétée autrement, et pourrait très bien faire passer Diana pour une petite envieuse aigrie. Super ! Mais il ne fallait pas se prendre la tête. Jersey avait fait le premier pas, et si leur entretien prenait une tournure embarrassante, elle serait sans doute la plus désavantagée compte-tenu de sa position. Diana maintenait la sienne, elle était clairement en position de force. Et le petit sourire qui étirait ses lèvres pulpeuses tout en illuminant son beau visage en était une preuve. |
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| Sujet: Re: Bye bye baby Dim 14 Aoû - 6:07 | |
| La honte prenait maintenant Jersey, jamais jusqu’alors elle n’avait eu l’impression de perdre autant sa dignité qu’à cet instant. Attraper le poignet de Diana pour la retenir, c’était prouver à tous – et surtout à la grande brune – à quel point le mannequin n’était pas aussi fière et sûre d’elle qu’elle ne le prétendait être. Son égo en prenait un sacré coup. Un instant, elle en était même venue à croire que Diana resterait de marbre devant les gros efforts que faisait la Livingstone. Du moins, à en croire l’expression parfaitement imperturbable qu’affichait la grande brune, comme si personne ne venait de lui empoigner le bras, et certainement pas son ancienne meilleure amie. Jersey pensait alors que la jeune femme continuerait finalement son chemin, après avoir pris soin de retirer tout de même la main qui lui serrait le bras, comme si il ne s’agissait que d’une vulgaire mouche. Quelle honte ça aurait été pour le jeune mannequin ! Finalement, quand elle pensait que tout ça ne lui coûterait rien, elle s’était peut-être tromper. Tout ça allait peut être lui coûter sa dignité, chose qui avait un prix beaucoup trop inestimable à ses yeux. Elle pensa même finalement lâcher le poignet de Diana, par elle-même, et retourner chez elle comme si de rien n’était, comme si elle n’avait jamais été prise de cette idée folle de reconquérir l’amitié de la Ciccone. Mais en y pensant bien, cela aussi aurait été signe de lâcheté, et tout ça ne ressemblait guère à Jersey. Quand elle voulait quelque chose, elle l’obtenait toujours. Tel était son dicton. Ca avait toujours fonctionné comme ça avec elle, et ce jour-ci ne ferait pas d’exception. Et, alors qu’elle retrouvait espoir, Diana se décida finalement à réagir…. La jeune Livingstone consternée face au miracle auquel elle venait d’assister, restait coite affichant un visage surpris, comme si elle venait de voir l’apparition de la vierge. Pourtant, ce n’était que la simple rotation de la tête de Diana vers elle qui l’avait mise dans cet état. Et le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’elle avait même eu le droit au sourire hypocrite en bonus ! Jersey allait lâcher un « Woaaaw » exprimant son étonnement de manière moqueuse, mais elle se ravisa finalement, réalisant que ce serait certainement mal pris du côté de Diana. Faut dire, même dans les moments les plus inappropriés, Jersey trouvait toujours la petite plaisanterie à placer. Elle restait donc silencieuse, attendant que Diana prenne la parole, ce qu’elle ne tarda pas à faire, demandant à Jersey de la lâcher. Cette dernière qui avait pour l’instant les yeux rivés sur ceux de Diana, cherchant à décrypter ses moindres expressions sans pour autant y parvenir, baissa les yeux vers sa main, qui tenait toujours le poigné de sa voisine. Elle sentit la main de celle-ci s’en emparer, pour la retirer, et Jersey se laissa faire. Pas qu’elle ne se sentait pas de poids fasse à Diana – même si c’était certainement le cas, elle ne se l’avouerait jamais – mais surtout qu’elle était encore beaucoup trop choquée, et dans un état pareil elle se laisserait dominer par n’importe qui ! Puis finalement, elle se sentirait un peu moins conne avec sa main posée ailleurs que sur le bras de ce qui fût avant sa meilleure amie. Lâcha-t-elle, l’air gêné. Puis, elle reporta son regard sur celui de la jeune femme, fronçant légèrement les sourcils. Les yeux plongés dans les siens, Jersey ressentit un soudain élan de nostalgie. Pourtant, s’il y avait bien quelque chose dont elle avait horreur c’était bien ça. Elle avait toujours dit que cela ne servait à rien d’être nostalgique, regretter le passé, c’était la chose la plus stupide que l’on puisse faire selon elle. Elle préférait laisser son passé là où il était, et d’avantage penser à son présent, plutôt que de s’apitoyer sur des souvenirs d’antan. Et pourtant, le regard bleu de son ancienne amie lui rappelait ce qu’elle avait vécu avec, tant de bons souvenirs… qui n’avaient pourtant aujourd’hui plus aucune importance. Maintenant qu’elle avait lâché le poignet de Diana, ou plutôt que celle-ci l’eut retiré sans grande difficulté, Jersey ne savait plus trop quoi dire, ni quoi faire. Elle restait là, muette, à regarder la grande brune. Elle cherchait comment démarrer sérieusement la conversation, mais son attention était trop absorbée par le moindre détail sur lequel ses yeux se posaient. Elle observait tout, sa tenue, son maquillage, son expression – et notamment son sourire qui lui rappelait vaguement celui que Judith Livingstone réservait aux « autres », ceux qu’elle n’aimait pas du genre les Fitzgerald ou les Ainsworth… Jersey recherchait, en fait, rien qu’un petit détail qui pourrait trahir la jeune femme, du rouge à lèvre sur ses dents, une tâche sur son haut, une mèche de cheveux qui rebique… Mais elle ne trouvait pas. Diana semblait incarner la perfection. C’était une femme réellement belle, Jersey devait bien l’avouer, et surtout… sexy. Chose que le mannequin avait toujours jalousé à son ex-meilleure amie. Certes, elle aussi était très belle, mais elle avait toujours l’impression d’avoir un air trop… mignon. Alors que Diana de son côté, elle incarnait la femme fatale, le fantasme de chaque homme… Jersey l’avait toujours enviée pour ceci. Qui aurait cru que la Livingstone, elle qui arborait toujours cet air si sûr d’elle, avait elle aussi ses moments de jalousie ? Diana l’a sortie bientôt de ses pensées, lui demandant finalement ce qu’elle voulait. Jersey resta muette, une fois de plus, ne sachant que répondre. Elle se voyait mal dire à Ciccone qu’elle venait faire la paix, ou une autre connerie de ce genre digne de gamine de douze ans. Diana reprit aussitôt, ajoutant ironiquement « Que me vaut l’honneur de ta présence ? ». Cette phrase arracha un sourire à Jersey. Elle se rappelait maintenant ce qui lui avait tout de suite plu chez Diana, lorsqu’elles étaient encore amies. Ca l’avait changeait de Bethany, qui elle, un véritable étant ange faisait un peu passer Jersey pour la méchante. Avec Diana c’était une autre dimension de l’amitié qu’elle avait appris à connaître, et ce n’était certainement pas l’angélique Hoskins qui allait lui en faire voir autant. Ah, elle regrettait cette bonne époque ! « Ah, ça m’avait manquée… » Dit-elle, laissant un fin sourire se dessiner sur ses lèvres. Dans un autre contexte, n’importe qui, qui aurait osé lui lancer ce genre de plaisanterie aurait eu le droit au regard assassin de Jersey, tuant dix fois sur place les personnes qui était assez courageux pour se moquer de la belle. Sauf, que quand celle-ci s’énervait ce n’était pas toujours rigolo… Une vraie furie. Elle détestait qu’on puisse rire de sa personne. Mais ce jour-ci, elle devait faire une exception. Si elle ne voulait pas se disputer directement avec Diana, valait mieux qu’elle laisse faire, sans prêter attention aux différents piques que la belle brune pourrait lui lancer durant ce tête à tête. Elle ne rétorqua donc rien, riant même de la remarque qu’elle venait de se prendre. Elle se contenait, même si sa tête bouillonnait d’une envie de dire que c’était faux. Sérieusement, Jersey avait beau avait un égo surdimensionné, elle adorait vraiment les gens de Magnolia, et il lui arrivait souvent de venir leur parler. Loin de là la star snob qui ne daignait adresser la parole à ses voisins que lorsqu’elle avait besoin de sucre. Jersey était une vraie habitante du quartier, elle venait souvent rendre visite à ses voisins, les connaissant pour la plupart depuis toute petite. Elle incarnait ce que sa mère avait toujours voulu être, et elle sans une pointe d’hypocrisie au contraire de Judith, qui en parfois usait beaucoup trop. C’était donc à son tour de parler… Pourtant, elle n’avait aucune envie d’expliquer à la Ciccone qu’elle avait été soudainement prise de la folle idée de lui rendre visite dans l’espoir que tout rentre dans l’ordre. Elle lui rirait au nez, et rentrerait chez elle sans même essayer d’entrer un minimum dans le jeu de Jersey. Elle n’avait pas envie de se taper la honte de sa vie… Alors, elle reprit un peu de sûreté dans ce qu’elle était en train de faire – c’est-à-dire chercher à, non pas retrouver l’amitié de Diana, mais au moins retrouver de bons termes. Dire qu’il y a quelques mois de cela, Jersey avait détesté la jeune femme, trouvant injuste qu’elle ne lui laisse même pas la chance de se faire pardonner. Mais, au final, Jersey avait beau dire derrière ses airs de fille prétentieuse et qui n’avait l’air d’avoir besoin de personne, Diana avait fini par lui manquer sincèrement. Bethany était adorable, mais il lui manquait cette touche de sûreté en soi et notamment un peu de méchanceté. Elle était trop gentille, et pour le coup, la jolie brune avait tendance à s’ennuyer avec. « Eh bien, j’espérai peut-être avoir une discussion avec toi. » Bon ce n’était pas très explicite, mais Jersey n’avait encore jamais fais ça avant. Normalement, quand elle se disputait avec quelqu’un c’était toujours l’autre qui venait accourir à ses pieds pour lui présenter ses excuses, jamais l’inverse. Elle n’était donc pas très habile dans ce domaine, les pardons, ce n’étaient vraiment pas son truc. Et pourtant… « Sérieux, je crois que j’aimerai… m’excuser. » Dit-elle avec mal. Mais, elle restait assez fière d’elle. Jersey Livingstone, tentait de s’excuser. Du jamais vu.
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| Sujet: Re: Bye bye baby Lun 22 Aoû - 4:00 | |
| Les hostilités étant engagées, le tout était désormais de se débarrasser le plus vite possible de cette plaie de Livingstone. De tous les membres de cette famille, pourquoi avait-il fallu que ce soit l’ainée qui vienne l’agripper par le bras ? Diana lui préférait largement ses petits frères, surtout le dernier, William. La jeune femme s’amusait de voir cet adolescent la courtiser et tenter de s’attirer ses faveurs en lui proposant de l’aider. Là, il aurait bien été capable de se dévouer pour porter son courrier… Cette simple idée l’aurait bien faite pouffer, mais la présence de Jersey la réjouissait beaucoup moins et faisait passer à Diana l’envie de rire. Elle aurait également préféré croiser le chemin de Christian, ce jeune homme sarcastique en total contraste avec les habitants de ce quartier. C’était à s’en demander ce qu’il fichait ici, et encore plus parmi les Livingstone… Mais on ne choisit pas sa famille, et ça, Diana était bien placée pour le savoir. C’était cet aspect de sa personnalité qui avait séduite la Ciccone, qui voyait Christian comme un garçon intéressant et singulier. Cela dit, elle le mettait dans le même sac que toute la famille depuis qu’elle avait décrété qu’elle devait éviter tous les Livingstone, à l’exception de ce cher William. Quant au père, il était assez amusant de constater qu’il était entièrement soumis à sa femme. Cependant, il était attachant dans sa vulnérabilité et surtout son manque de virilité et de dépendance. Diana l’appréciait, tout le contraire de la mère frigide et hypocrite qu’incarnait Judith Livingstone. Parmi les voisines, elle était probablement la première à avoir craché son venin sur le dos de Diana lors de son arrivée. Diana ne l’avait jamais sentie mais elle avait parfaitement cerné le personnage. C’était le genre de femme qui sauvait les apparences et qui, à défaut d’être parfaite, le prétendait avec ferveur. Malgré tout, et pour le bien de leur amitié désormais enterrée, Diana s’était toujours montrée très cordiale et polie envers la mère Livingstone.
Elle avait beau faire l’inventaire de cette famille, Diana était confrontée au seul membre auquel elle ne souhaitait pas avoir affaire. Et il ne s’agissait pas de Judith. En fait, Judith Livingstone aurait été une bénédiction. Sa fille, c’était toute autre chose. Pourquoi, pourquoi avait-il fallu que les choses tournent si mal entre elles ? Diana aurait tellement aimé pouvoir se réjouir de la réussite de son amie et de son retour dans le quartier. Elle n’aurait pourtant pas demandé mieux que de pouvoir à nouveau profiter de la présence de sa meilleure amie, et surtout de son soutien. Diana avait beau flamber et jouer les dures, elle s’était vraiment littéralement abandonnée à Jersey. Cette image lui semblait tout à fait appropriée puisque leur amitié avait eu à ses yeux autant d’importance qu’une relation amoureuse sérieuse. Jersey lui avait réellement brisé le cœur. Mais c’était bien trop dur pour Diana d’admettre qu’elle avait pu s’attacher à quelqu’un au point d’être affectée et d’en souffrir à ce point. L’idée même d’avoir pu accorder autant d’importance à une amitié lui semblait vraiment dégradante pour elle. Diana voulait juste retrouver son amie, celle qu’elle avait aimée et adorée. Rien n’aurait pu la combler plus. Mais la vie de la jeune femme était régie par des principes qui prenaient réellement le contrôle sur ses sentiments. Elle privilégiait l’image qu’elle renvoyait et qu’elle voulait donner à ses désirs les plus profonds. Si elle avait envie de pleurer en public, elle ne le ferait pas parce qu’elle ne voulait pas paraitre faible. Cet exemple était sans doute le plus banal parmi les autres, et sûrement le moins représentatif de la rigueur qu’elle s’imposait. Dans le cas présent, Diana était consciente de l’image qu’elle renverrait en excusant Jersey : celle d’une amie fidèle certes, mais aussi d’une putain de victime qui n’avait pas les couilles nécessaires pour tirer une croix sur quelqu’un qui lui était cher mais qui l’avait fait souffrir. C’était de tels choix qui l’avaient fait avancer dans la vie, et sûrement pas le contraire : si elle n’avait pas quitté ses parents, Diana n’en serait pas là aujourd’hui. Elle aurait pu décider de rester chez elle, de poursuivre sa scolarité pour assurer son avenir mais elle avait choisi d’avancer et d’évoluer, de ne pas stagner. Elle avait beau s’être trompée dans le choix de la personne qui l’accompagnerait dans ce nouveau départ, Diana ne regrettait pas sa décision.
D’ailleurs, cette personne rappelait à Diana pourquoi elle ne pouvait pas pardonner à Jersey. Ce petit-ami, ce marchand de tapis qui l’avait convaincue qu’ils seraient heureux s’ils s’enfuyaient tous les deux loin de chez eux. Celui qui lui avait vendu ses belles paroles et qui lui avait assuré qu’elle pourrait toujours compter sur lui fut le premier à l’abandonner. Le deuxième, si on prenait en compte ses parents. En tout cas, Diana n’avait plus jamais entendu parler de ce garçon après qu’ils se soient quittés. Elle avait imaginé qu’il était retourné chez ses parents en réalisant la vie de misère qui les attendait tous les deux. Il avait pourtant semblé confiant lorsqu’il l’avait convaincue qu’ils vivraient d’amour et d’eau fraîche. Visiblement, il n’avait pas pu s’en contenter et Diana non plus, ce qui expliquait sa soif de réussite et son ambition sans limite. Et avec le recul, Diana réalisait que ce pauvre type aurait été un poids dont il aurait fallu se débarrasser à un moment ou un autre. Il l’aurait empêchée d’accomplir certains actes qui furent déterminants dans sa vie, comme se rendre à New-York. Il voulait l’emmener dans un patelin perdu dont elle ne rappelait plus le nom. Trop peu pour la jeune femme, qui voyait les choses en grand. Quoi de mieux que New-York ? Jersey semblait elle aussi l’avoir compris… Diana avait beau renier cette époque de sa vie où elle s’était montrée assez naïve pour accorder sa confiance à son abruti de petit copain, elle en restait nostalgique. Tout d’abord parce qu’il s’agissait de son premier amour. Eh oui, cela en décevrait plus d’un mais Diana n’avait jamais été une adolescente sexuellement active, contrairement à ce que l’on aurait pu croire. Elle avait perdu sa virginité à la veille de ses dix-sept ans, à l’arrière d’une voiture avec son premier petit ami attitré, qui l’était resté jusqu’à leur rupture quelques mois plus tard. Sa première relation avait été plutôt sérieuse malgré la fin ridicule dont elle avait bénéficié. Elle n’avait jamais enchainé les relations d’une semaine. Lorsqu’elle se mettait avec quelqu’un, c’était pour durer.
Diana n’avait pas dérogé à cette règle concernant Jersey. Elle s’était engagée à durer auprès d’elle, mais pas non plus au détriment de sa fierté. Elle ne pouvait tout simplement pas lui pardonner. Elle ne devait pas faire preuve d’autant de lâcheté. Jersey l’avait abandonnée, tout comme ses parents et son ex petit-ami l’avaient fait. Mais plonger son regard dans celui de Jersey était réellement déchirant. Cette envie de craquer ne se manifestait pas pour le moins du monde sur le visage impassible de la Ciccone, qui haussa un sourcil à la remarque de son interlocutrice. Pour qui est-ce qu’elle se prenait, sa pote ? Laissez-moi rire…
Elle ne répondit rien. Celle-ci semblait tourner autour du pot en lui disant qu’elle voulait discuter. Sans blague ? pensa Diana. Elle se retenait de se pincer les lèvres en signe d’attente. Au fond, elle se raccrochait à la moindre parole de Jersey dans l’espoir que celle-ci lui manifeste de l’affection, pour s’assurer qu’elle comptait toujours aux yeux de cette dernière. Elle attendit donc qu’elle lui explique la raison de sa venue pour réagir, en lâchant un franc éclat de rire. S’excuser ? Alors ça, c’était la meilleure ! Diana allait s’épargner sa réflexion sur l’abandon perpétuel dont elle se sentait victime, elle se l’était fait bien avant. Elle n’était pas dupe et savait bien pourquoi Jersey venait la coller.
« Ah oui, sérieusement ? demanda-t-elle sans attendre de réponse puisqu’elle surenchérit aussitôt. Tu ne crois pas qu’il est… un peu trop tard pour s’excuser ? que le mal est fait ? »
Grossière erreur. Cela passerait peut-être auprès de Jersey qui, avec un peu de chance, ne rebondirait pas dessus et passerait rapidement à autre chose mais Diana n’avait pas pu s’empêcher de remarquer que sa dernière remarque sonnait comme le reproche d’une pauvre bonne femme cocue qui s’engueulait avec son mari. Une image tout à fait pitoyable en somme, et sûrement pas celle qu’elle désirait renvoyer durant cet échange. Elle s’auto-flagella mentalement pour s’être laissé dire une telle connerie. Il s’agissait désormais de sauver les meubles. Elle n’avait probablement rien foiré du tout, mais Diana était convaincue de s’être grillée.
OK, tu ne me donnes pas d’autre choix…
Il fallait passer à la vitesse supérieure. Diana baissa sa garde et prit le courrier de ses deux mains, qu’elle laissa tomber devant son nombril. Elle semblait désormais sage et ouverte au dialogue, et le sourire qu’elle arborait semblait inviter à un échange cordial. Enfin, en apparences… Car en une seconde à peine, son air s’assombrit comme si un orage était soudainement passé au-dessus d’elle. Son regard s’était fait dur et sa mâchoire serrée.
« Tu crois qu’il suffit de te pointer devant moi avec ton air de chien battu pour qu’on oublie tout et qu’on reparte sur de bons termes ? C’est vraiment ce que tu espères, là ? »
Diana ressentait-elle la moindre émotion en ce moment, alors qu’elle s’appliquait à se montrer aussi cruelle que possible ? Oui, et c’était bien plus difficile qu’elle n’en donnait l’impression. |
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| Sujet: Re: Bye bye baby Sam 12 Nov - 2:58 | |
| Les excuses n’étaient manifestement pas son truc. Après tout, elle n’était carrément pas entraîner à ce genre d’exercices ! S’excuser ne lui avait jamais été nécessaire, car petit un elle ne faisait quasiment jamais de conneries, et petit deux absolument tout lui souriait. Les seules fois où la phrase « excuse-moi » sortait de sa bouche, c’était plus pour demander le pardon de sa garce de mère… Pour le coup, la jolie Jersey restait totalement déboussolée par la réaction de Diana. Bah quoi ce n’était pas comme ça que l’on faisait ? Jersey pensait réellement que se pointer à l’improviste et demander pardon pouvait tout arranger ! Non elle n’était pas sotte, elle ne pensait qu’avec sa tête et selon elle le monde devait tourner comme elle le disait, à quelques détails prêts. Elle pinça ses lèvres, faisant la moue, tout en écoutant Diana. Ouais bah, c’était mieux que rien quoi ! Jersey aurait pu aussi très bien ne jamais s’excuser et regarder son ancienne amie de haut quand elle la croiserait dans la rue ! Après c’était un choix à faire, elle avait fait un pas, si Diana ne voulait pas la suivre… Non ! Elle ne pouvait pas abandonner aussi facilement. Jersey était une battante, et si elle faisait sa lâche devant une minuscule bataille comme celle-ci, qu’en serait-il de celle qu’elle entretenait avec sa chère mère depuis un bon bout de temps maintenant ? Elle y arriverait un jour, elle ferait payer à cette pétasse tout le mal qu’elle avait commis ! Jersey n’avait pas quitté sa voisine des yeux, l’observant de son regard bleu. Elle sentit son interlocutrice se refroidir, son regard devenait dur, son air s’assombri… Le mannequin frissonna, sentant son regard s’affoler. Mais la seconde qui suivit ce moment d’inquiétude, elle se reprit. Après avoir écouté la suite des paroles de Diana, elle répondit aussitôt : « Oui franchement, c’est ce que j’espérais. » Oui, elle pensait que se pointer comme ça avec son air de chien battu et ses excuses arrangerait tout. Enfin bon ! Pourquoi Diana se montrait-elle aussi compliquée ? Elle préférait peut-être rester une sans amie, et être le sujet des moqueries de la plupart des bonnes femmes du quartier… Après tout c’était comme une gloire pour certaine personne que d’être mentionner dans les commérages du voisinage. C’était comme une sorte de succès… Mais tandis qu’elle faisait un tabac à Magnolia, Jersey, elle, c’était devant l’Amérique tout entière qu’elle réussissait. Dans le quartier, on ne parlait quasiment qu’en bien d’elle. Et dans les médias, rare était les critiques à son sujet. La jolie Livingstone n’avait vraiment rien à se reprocher. Hors mis, encore et toujours, la cinglée qu’elle avait pour mère. Elle regarda la jeune femme qui lui servait anciennement de meilleure amie, reprenant un peu de hauteur et de sûreté. « Je pensais que tu m’aurais pardonnée, ouais. Je croyais qu’en faisait un pas vers toi, tu suivrais. Depuis que je suis partie, que je t’ai ‘abandonné’, tu sembles si seule chérie. J’aurai tellement voulu t’honorer de nouveau de ma compagnie, histoire de redorer un peu ton image dans le quartier… » Elle y était allée un peu fort, ok. Elle commençait à lui lancer des piques, insatisfaite que tout ne se passe pas comme elle le souhaitait. Elle était aussi orgueilleusement blessée, et il valait mieux ne pas descendre une Livingstone en public. Elles mordaient facilement après coup, même si au départ, elles abordaient un air de chien battu. Si mère et fille ne s’entendaient pas si bien, on pouvait nier une ressemblance dans leurs deux tempéraments… Elles fonçaient tête baissées vers les obstacles que leur présentait la vie, et réussissaient toujours à s’en dépêtrer. Alors ce n’était pas cette simple Diana Ciccone qui barrerait la route de Jersey Livingstone. Or, après une courte réflexion, elle comprit que ce n’était pas en agressant son interlocutrice qu’elle arriverait à en tirer quoi que ce soit ! Il fallait se montrer plus subtil. Diana avait beau être sombrement entêtée, la célébrité se promettait d’en tirer quelque chose. Et quand elle faisait une promesse, elle ne manquait jamais de la tenir, surtout un serment envers elle-même. « Pourquoi c’est si dur de me pardonner ? J’ai oublié de prendre des nouvelles de ma meilleure amie, mais je ne suis certainement pas la seule dans ce cas ! Remet-toi en question, bon sang… J’étais loin de tout pour la première fois de ma vie, j’essayais de réaliser mon rêve… Et toi, tu n’as même pas pensé une seule seconde à m’envoyer rien qu’un petit SMS d’encouragement ou prendre simplement de mes nouvelles. » On aurait pu dire que Jersey retournait la situation en sa faveur, et c’était effectivement le cas. Pourtant, Diana avait elle aussi quelque chose à se reprocher dans l’histoire. La jeune Livingstone était à New-York, en train de tenter de réaliser son rêve ! Pas un seul instant elle n’avait pensé à Magnolia, la seule chose qu’elle avait en tête c’était réussir. Elle était restée en contact avec ceux qui avait continué malgré son absence à prendre de ses nouvelles, et manifestement, Diana n’en faisait pas partie. Jersey y était aussi pour quelque chose, quand elle s’était rendu compte qu’elle n’avait pas entendu la voix de sa meilleure amie depuis fort longtemps, elle n’avait même pas cherché à l’appeler. Elle s’en était toujours voulu, et c’était pour cette raison qu’elle venait s’excuser aujourd’hui.
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| Sujet: Re: Bye bye baby Sam 28 Avr - 21:36 | |
| La franchise de Jersey la fit rire. Un rire irrésistible qu’elle n’avait pu retenir, semblable à ceux que provoquaient chez elle les conversations qu’elle avait pu entretenir avec la jeune femme à l’époque où elles étaient encore amies. Oui, ce rire était presque une manifestation d’attendrissement pour cette connasse de Livingstone qu’elle méprisait par-dessus tout désormais. Mais le fait qu’elle avait pu penser que ses plates excuses suffiraient à tout lui faire oublier et qu’elle l’avoue ouvertement en répondant avec affront à Diana était juste à mourir de rire. Pour le coup, elle aurait aimé la prendre dans ses bras pour cette bonne blague. Celle-là, c’était la meilleure ! Si les conditions s’y étaient prêtées, elle lui aurait volontiers tapoté l’épaule. C’était culotté de répondre quelque chose d’aussi spontané après la déclaration pour le moins cruelle de Diana. Il fallait le lui reconnaître au moins, même si la pauvre Jersey avait vraiment l’air d’une mendiante. La suite donna tout à coup moins envie à Diana de rire. Si le début de la réponse de Jersey restait assez neutre, ce qui suivait juste après l’était beaucoup moins et tranchait nettement dans le discours que tenait celle qui essayait de s’excuser. Casser Diana Ciccone n’était pas vraiment la meilleure façon de s’y prendre pour s’attirer ses faveurs, et Jersey devait choisir entre s’excuser et l’humilier. Le sourire que Diana arborait resta figé sur son visage face au petit pic que venait de lui lancer son interlocutrice, dont elle avait clairement sous-estimé le potentiel de mesquinerie. Cela n’aurait pas dû l’étonner, mais dès le début de leur échange Jersey l’avait mise sur un piédestal en s’attribuant elle-même le rôle de celle qui présentait ses excuses. Diana était le juge, et se faire rabaisser ainsi de façon aussi violente était loin d’être un plaisir pour la femme fière qu’elle était. Continue de sourire, se dit-elle. Elle ne devait absolument pas manifester une quelconque réaction qui pourrait faire penser à Jersey que sa remarque avait fait mouche. C’était ridicule. Diana s’était toujours fichée de la compagnie de ses voisins. Elle n’était pas des plus populaires en termes d’amitié voisin-voisin mais jusque-là, elle ne s’en était jamais plainte. Le fait que Jersey ose prétendre le contraire l’insupportait, comme si elle essayait de la faire passer pour une exclue. Dans ses premières années à Magnolia Crescent, il est vrai que Diana avait dû un jour confier à Jersey qu’elle ne comprenait pas cet acharnement sur elle, la méchanceté de ses voisins, sur le ton de la plaisanterie tout en y mêlant une certaine dose d’incompréhension. « Oh Jersey, je vois où tu veux en venir, enfin ! Il ne fallait pas tourner autour du pot, dit finalement Diana, toujours avec ce sourire sur ses lèvres qui lui donnait un air absolument arrogant. Je vois bien que ça te démangeait d’en parler, tu as essayé de résister à ces bassesses et pour cet effort je t’applaudis solennellement » ajouta la jeune femme en se courbant légèrement comme pour mimer la révérence. Au fond, Diana savait que Jersey ne voulait pas en venir à aborder ce sujet et à se moquer son ancienne amie, et que ce pic lancé ne devait être qu’une réaction à chaud sous le coup de l’agacement. Mais dans le genre mauvaise foi, Diana pouvait exceller. Et elle comptait bien faire passer Jersey pour la peste de l’histoire car plus les secondes passaient, plus elle avait l’impression de manquer d’arguments contre le mannequin, à qui elle n’avait presque rien à reprocher. Elle l’avait abandonnée certes, mais Diana n’avait pas non plus essayé d’entrer en contact avec elle. Pitié, qu’elle n’aborde pas ce point, cette pute… « Merci beaucoup Jersey pour cette action sociale que tu étais sur le point d’accomplir, mais je n’ai pas besoin de ta précieuse aide. Je me porte très bien sans toi, tu sais, tu es loin de m’être indispensable, chérie. » Agacée, Diana ne put s’empêcher d’ajouter : « C’est dingue ça. J’ai des choses à te reprocher, mais je ne pensais pas que t’en viendrais à attraper la grosse tête. C’est pire que ce que je croyais, ma pauvre. » Cette remarque, elle ne l’avait pas contrôlée et l’espace d’un instant, le temps de la prononcer, elle avait quitté son insupportable rôle de châtelaine hautaine pour redevenir une simple jeune femme qui se querellait avec son ancienne meilleure amie, pour qui elle ressentait toujours de vifs sentiments auxquels elle se confrontait désormais. Car en l’absence de Jersey, elle avait fini par oublier ce que c’était que d’entretenir une telle relation avec quelqu’un, et finalement elle ne s’en était plus souciée. Lui faire face à nouveau faisait ravivait en elle des souvenirs qu’elle aurait préféré oublier tout simplement pour rester aussi impassible que possible. Mais comme elle le redoutait, Jersey aborda un point qui décrédibilisait toute l’argumentation de Diana qui se basait sur le départ de Jersey et le fait que celle-ci ne lui ait pas donné de nouvelles : comme elle l’avait bien fait remarquer, Diana n’avait pas non plus essayé d’entrer en contact avec la jeune femme. Logiquement, elle aurait dû faire le premier pas dans son rôle d’amie fidèle. L’entreprise de Jersey était risquée et naturellement, Diana aurait dû prendre de ses nouvelles afin de s’assurer que tout allait bien pour sa meilleure amie. Mais peut-être qu’au fond, elle s’en fichait. Il y avait sans doute une part de jalousie également. Pas tant dans le fait que Jersey devienne un mannequin reconnu, mais plutôt dans le fait qu’elle dépasse tout simplement Diana. C’était sa part d’égoïsme qui s’était sûrement manifestée. Pourtant, lorsqu’elles en parlaient, Diana avait toujours soutenu Jersey dans son projet et l’encourageait même. Le jugement de Diana était très certainement influencé par son expérience passée. Être abandonnée une nouvelle fois s’était avéré difficile, mais elle détestait se poser en victime. Elle préférait même faire une croix sur cette belle amitié en paraissant arrogante, mesquine, lunatique plutôt que d’avouer sa faiblesse. Mais une part d’elle-même l’encourageait à se confier à sa meilleure amie et à reconnaitre ses griefs. Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire, elle devait faire un choix. Deux possibilités assez extrêmement opposées s’offraient à elle. Et tout naturellement, elle choisit la facilité en haussant les épaules tout en souriant. « Je ne sais pas. Peut-être que je m’en fichais, qui sait ? Franchement, je t’avoue que je ne le sais pas moi-même mais est-ce que ça a une quelconque importance aujourd’hui ? » Diana avait clairement décidé de jouer la carte de l’indifférence jusqu’au bout, afin d’éviter de s’impliquer trop dans cette histoire. Au bout d’un certain moment, Jersey ne lui avait plus manquée. Et autant dire qu’elle s’était portée aussi bien à partir de ce moment-là. - Spoiler:
Vraiment désolé du retard !
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| Sujet: Re: Bye bye baby | |
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