14 février. Un jour comme les autres. Ou pas. C’est vrai qu’aujourd’hui est un jour particulier. Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin. Une journée sainte comme toutes les autres me direz-vous. Et bien non, parce qu’aujourd’hui c’est la fête des amoureux. La fête de ceux qui aiment. Enfin, savent aimer. Une fête commerciale en fait. Une fête où les grands industriels se font un paquet de frics sur le dos de gens assez idiots pour offrir des cadeaux à leur valentin(e). Oui, je l’avoue, je n’aime pas la Saint-Valentin. Mais que voulez-vous, quand on a vécu son enfance dans des favelas où les gens sont pauvres, où les guerres des gangs font rage, on n’a pas forcément était éduqué pour dépenser de l’argent aussi futilement. Bref. Vous l’aurez bien compris, aujourd’hui est une journée que je vais passer dans mon lit.

Sauf que en fait non, j’avais complètement oublié, je m’étais inscrit à la petite soirée organisée par le comité du quartier. Ca m’avait l’air marrant sur le coup, une soirée peinard avec une femme. Sauf que j’avais pas vraiment envie de bouger là sur le coup. Mais il le fallait. Je me levais donc, puis allait prendre une douche, y passant un bon moment. L’eau chaude me délassait, me faisant oublier pendant quelques instants le programme de ma journée. Je me rendais compte que je m’étais levé tôt aujourd’hui, pratiquement dix heures, ce qui changeait de d’habitude, me levant généralement à quatre heures de l’après-midi. Je ne savais donc pas ce que j’allais faire de la journée en attendant le soir. Surement une partie de play. J’allais donc enfiler un boxer puis trainer dans ma chambre jusqu’à midi, regardant un peu mon facebook et des trucs comme ça.

J’allais ensuite manger ce que ma sœur avait préparé, qui avait d’ailleurs l’air d’avoir envie de jouer les feignasses aujourd’hui, vu qu’on avait tous eu droit à des pates. Je remontais ensuite dans ma chambre, n’ayant pas envie de voir mon frère et ma sœur, trainant avec Shannon devant un Call Of Duty, puis vint l’heure d’aller me préparer. J’enfilais donc un jean et une chemise violette – ma couleur préférée – et une veste de costume, histoire d’être bien habillé mais en même temps décontracté. Je me regardais ensuite dans le miroir, ajustant quelques mèches de cheveux décoiffées pour avoir un résultat genre coiffé, ni vu ni connu, j’t’embrouille. Une touche de parfum, et j’étais fin prêt. Enfin, fin prêt physiquement, pas psychologiquement. Je sortais le petit papier de ma poche que j’avais reçu la veille, pour me convaincre que c’était bien ce soir, et relisait la note. J’avais de la chance, j’étais tombé sur l’hôtel, c’était plutôt cool et pas déplaisant, contrairement à certain d’autres qui devaient être moins bien lotis que moi. Surtout si ma Valentine n’était pas un thon. Enfin, ça on le verra sur place.

Je prenais donc ma voiture, direction l’hôtel. Arrivé là-bas, je demandais la chambre au réceptionniste ma chambre, lui montrant le bout de papier. Il me remit donc la clef de ma chambre, apparemment une suite selon ses dires. Mm, la soirée commençait plutôt pas mal. Je prenais donc l’ascenseur, direction la chambre indiquée. Arrivé, j’ouvrais sur un luxueux décor. Ah ben on ne s’était pas foutu de moi. Lit à baldaquin, jaccuzzi dans la salle de bain. La soirée allait être vraiment cool. Le seul problème, c’est que je ne connaissais pas ma Valentine. Et apparemment elle n’était pas arrivée avant moi. Boon, on allait l’attendre assis sur le lit. Je me servais une coupe de champagne posée à côté de moi, lorsque j’entendis derrière moi la porte s’ouvrir, dévoilant à mes yeux ma Valentine. C’était pas trop tôt.

Ma tête pivota sur mon corps, me permettant ainsi de pouvoir observer la personne qui rentrait dans la chambre. Un regard de haut en bas, et ma mâchoire du bas se décrocha lentement de celle du haut. Il n’y avait qu’un mot. Waw. Au pas de la porte se tenait Mya, une connaissance – vu que j’étais en fait sorti avec elle – dans une magnifique robe rouge passion. Pourquoi on s’était quitté déjà ? Bon, à ce moment même, je ne réfléchissais plus du tout. Je la vis sourire, ce à quoi je ne pus rendre qu’un sourire niais mais resplendissant et confiant, reprenant bien vite mes esprits. Elle s’approcha de moi, me faisant la bise, et je lâchais d’une voix douce un bonsoir en réponse au sien. Cela faisait un petit moment que je n’avais pas vu Mya, même si l’on était resté en bon terme depuis notre rupture. Juste un manque de temps chronique. On pourrait du coup rattraper le temps perdu ce soir.

J’invitais Mya à s’asseoir à côté de moi sur le lit, ne disant rien, lui servant juste une coupe de champagne avant de la lui tendre. Nous trinquâmes ensuite ensembles, se regardant dans les yeux. Je lui souriais, buvant ensuite une gorgée du liquide pétillant. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pu de champagne. Le goût était toujours aussi moyen, mais cela faisait toujours classe d’avoir une flute à la main. Je n’aimais pas particulièrement cette boisson, juste la classe qu’elle avait. Bref. J’observais autour de moi le décor, on ne s’était vraiment pas foutu de nous. Une suite entière rien que pour nous, apparemment décorée de rouge et de cœur pour la Saint-Valentin, et un jacuzzi dans la salle de bain. Pas mal, pas mal. Je regardais de nouveau Mya, l’ayant oublié un petit instant, pour lui demander : « Si non, toi ça va ? Tu t’attendais à tomber sur qui ? Je veux dire, pour ce soir, ton Valentin ? » Bon ok, Max, tais-toi. J’enlevais la veste que j’avais mise sur mes épaules avant de partir, et mon écharpe, étant à présent réchauffé. Il faisait assez froid dehors, mais la suite était assez bien chauffée.

Je buvais ensuite une nouvelle gorgée de champagne, ne sachant que dire. Je n'avais même pas pensé à acheter un bouquet de roses. Max', tu es un boulet. La première chose à faire pour faire plaisir à une femme, c'était de lui offrir quelque chose pour lui montrer qu'on pensait à elle. Et comme un boulet, je n'avais rien pris. Bon, réfléchissons, comment s'en sortir. La Saint-Valentin avait beau être une fête commerciale, ça aidait bien. Réfléchissant, mes yeux se posèrent alors sur un bouquet de roses rouges posées sur la commode à côté du lit. C'était un miracle. Cet hôtel avait apparemment pensé à tout. Je me levais alors, contournant le lit, et prenant le bouquet en le masquant dans mon dos avant de rejoindre à nouveau Mya. Je savais qu'elle n'était pas du genre fille extrêmement romantique, et moi non plus d'ailleurs, mais ça faisait un peu sans cœur d'être venu sans rien dans les mains. Je lui tendis donc le bouquet, souriant doucement. « Je sais que tu n'es pas du genre romantique et fleur bleue, mais j'ai quand même pensé que ça pourrait faire plaisir. » Ce n'était pas moi. Ca sonnait extrêmement faux. Mais j'espérais que mon sourire n°125 qui accompagnait mes paroles la convaincrait. Vous savez, le sourire extrêmement persuasif, qui pourrait soigné un cancéreux en phase terminale.

Je faisais tinter mon verre contre celui que j’avais tendu à ma Valentine d’un soir. « Et à tout ce qu’elle pourra nous apporter… » Je baissais les yeux sur mon verre, en buvant une nouvelle gorgée. Ne surtout pas penser au passé. La soirée se déroulerait comme elle devrait se passer. Apparemment pas dans une ambiance glacée, vu que Mya n’avait plus l’air de trop m’en vouloir, mais je savais que ce ne serait pas l’ambiance d’une soirée de Saint-Valentin non plus. Le silence s’installa rapidement, et je le brisais tout aussi rapidement. Bah quoi ? Si elle ne voulait rien me dire, il valait mieux que je fasse quand même un peu de conversation. Je lui demandais donc si ça allait et si elle s’attendait à moi. Elle me répondit d’ailleurs que non et qu’elle pensait faire une nouvelle connaissance, ajoutant en suite que c’était tout de suite moins drôle. C’est assez sympathique à entendre. Je devais lui dire quoi ? Que j’étais désolé d’être là et que ce ne soit pas tomber sur quelqu’un d’autre. Le sourire qu’elle afficha ensuite me fit comprendre qu’elle ne le disait pas méchamment, juste que la situation l’amusait apparemment.

Bon, elle avait l’air de vouloir passer une bonne soirée, tout comme moi, malgré les différends qu’on avait pu avoir dans le passé. Elle me retourna ensuite ma question. A vrai dire je n’en savais rien, je n’avais pas réfléchi à sur qui j’aurais bien pu tomber. Cela m’avait paru idiot sur le moment, pourquoi faire des pronostiques sur l’avenir alors qu’on ne savait même pas ce qui allait nous arriver dans la minute. Je la regardais dans les yeux, faisant doucement tourner ma coupe de champagne entre mes mains pour ne pas en renverser. Je n’y avais pas pensé depuis qu’elle était arrivée, mais c’est vrai que j’étais content de la voir. Content qu’elle soit restée, qu’elle puisse me parler sans s’énerver, content de passer la soirée avec elle. Parce que l’on pourrait s’expliquer, mettre les choses à plat et enfin partir sur de nouvelle base. Je n’osais me l’avouer, mais Mya m’avait manquée. « A vrai dire, je n’avais pas vraiment réfléchi à qui j’allais retrouver ce soir. Mais je suis content que ce soit toi. » J’accompagnais mes paroles d’un sourire, essayant de détendre l’atmosphère.

Je me levais ensuite, allant chercher le bouquet de roses rouges posées sur la commode, l’hôtel ayant apparemment pensé à tout. Je rejoignis ensuite ma Valentine et le lui offrit, l’accompagnant de paroles à son égard. Elle répondit qu’il ne fallait pas, et je haussais les épaules, restant debout, mains dans les poches. Ce n’était pas moi qui l’avait payé, et je me foutais un peu de ce qu’elle pourrait en faire. J’étais passé pour le mec galant et gentleman, tout ce qui plaisait apparemment aux filles, c’était tout ce que je voulais. Les femmes se rendaient compte plus tard que j’étais un connard sans cœur. Mais ça c’était après que je les ai mis dans mon lit, donc cela ne me dérangeait pas. Après tout, la popularité ne fait pas tout, il faut y mettre un peu du sien. Avec Mya c’était différent, je n’avais pas voulu la mettre juste dans mon lit, je l’avais réellement aimée. Et je ne savais toujours pas ce que je ressentais encore pour elle.

Je vis Mya poser sa coupe de champagne et se diriger vers la porte fenêtre donnant sur le balcon puis sortir. J’hésitais à la suivre, ne sachant si elle voulait rester seule ou non, mais en même temps, rester seul debout dans la chambre, ça faisait légèrement débile. Je rejoignais donc rapidement la jeune femme, me postant à côté d’elle en m’accoudant à la rambarde, observant le vide en dessous de nous. Nous étions à peu près au dernier étage, et les quelques personnes traversant la rue en dessous de nous sous l’éclairage diffus des réverbère donner un côté irréel à ses formes mouvantes. Je fus pris d’un léger vertige, observant pour une fois la beauté des rues en pleine nuit. La seule lueur de la lune éclairant doucement le visage de Mya me fit penser qu’elle était encore plus belle comme ça. Qu’est-ce qu’il pouvait bien m’arriver pour que je pense comme ça ? Max’ reprend toi. Ce n’est pas toi, oublies tout ça et passe à autre chose. Mya pensait que tu l’avais trompée avec son horrible sœur, et c’était très bien comme ça, seul.

J’entendis tout à coup la voix de Mya me sortir de mes pensées, me faisant arrêter de l’observer d’un coup. Elle me demander qui avait inventé cette fête et si je trouvais ça niais. Bien sûr que je trouvais ça niais. C’était idiot. Je regardais à nouveau en dessous de moi. « Je n’en ai aucune idée, mais cette personne devait être très amoureuse de sa femme… En tout cas je trouve cette fête niaise tout autant, peut-être même plus. » Je relevais mes yeux vers elle, mimant un pauvre sourire, avant de lui demander doucement : « Tu m’en veux toujours pour ce que je n’ai pas fait ? »

J’observais la jeune femme qui me faisait face, attendant sa réponse. Celle-ci ne tarda d’ailleurs pas. J’observais un silence, essayant de garder mon calme. Pourquoi les femmes étaient toujours aussi compliquées ? Elles remettent toujours toutes vos paroles en cause, vous en veulent en souhaitant votre mort et préfèrent écouter les ragots plutôt que vos propres paroles. Je ne voyais même pas pourquoi j’essayais de me justifier et d’arranger la situation, c’était peine perdue. J’observais un silence, écoutant ce que Mya avait d’autre à me dire. Comprendrait-elle un jour que même si j’avais beau être un connard, je n’étais pas celui qu’elle était en train de décrire. Pour moi, la fidélité était importante, et je n’allais pas voir ailleurs lorsque j’étais en couple avec quelqu’un, cela en allait de mon honneur. Je ne dis pas que je n’ai jamais eu de coups d’un soir ou de trucs dans le genre, mais jamais quand je sortais avec quelqu’un. Et cela m’horripilais que Mya mette en doute mon honneur.

Je l’observais rentrer dans la suite pour aller se servir une coupe de champagne. J’avais beau être calme à l’extérieur, je bouillonnais à l’intérieur. Je n’étais pas du genre à laisser passer ce genre de chose, mais connaissant mon caractère impulsif, je préférais ne rien laisser paraitre. Seulement, c’est plus facile à dire qu’à faire. Lorsqu’elle fut revenue à côté de moi, je tapais du poing contre la rambarde du balcon, avant de me tourner vers elle, la regardant dans les yeux, lui répondant d’une voix dangereusement basse. « Je n’ai rien à te dire. Le fait que tu préfères croire ta putana de sœur à moi est quelque chose que je ne peux pas laisser passer. Ok, j’ai eu un nombre incalculable de coups d’un soir. Mais je t’es toujours été fidèle. Cela m’est complètement égale ce que tu penses… » Je me rapprochais un peu plus d’elle, donnant un coup du revers de la main dans la coupe de champagne qu’elle tenait dans la main, l’envoyant valser par-dessus le balcon, celle-ci allant se briser quelques mètres plus bas. « Je devrais peut être aller me taper ta sœur, tu auras au moins la satisfaction de m’accuser pour quelque chose que j’aurais vraiment fait. » Je lui lançais un regard noir avant de rentrer dans la chambre, me dirigeant vers la salle de bain pour me calmer.

J’ouvrais le robinet d’eau froide, en passant sur mon visage pour essayer de réfléchir correctement, avant de prendre la serviette posée à côté et de m’essuyer. Je m’observais ensuite dans le miroir, celui-ci me renvoyant une image impassible de mon regard. En vérité, au fond de moi, je ne pensais pas un mot de ce que je venais de dire. Mais j’espérais au moins que ça la ferais réfléchir. Même si je me haïrais par la suite pour ce que j’avais dit. Mais sous le coup de la colère, c’était sorti tout seul. J’avais enfin pu lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, même si je ne l’avais pas du tout imaginé comme ça.

Je retournais dans la chambre, observant celle-ci d’un œil morne. C’était le jour de la Saint-Valentin, fête des amoureux, et tout ce que j’avais trouvé de mieux, c’était m’énerver contre elle alors que je cherchais à nous réconcilier. Bravo Max’, 10/10. En tout cas, ce jour allait surement rester graver dans ma mémoire.

Mya Cleavers n'aurait jamais pensé passer une soirée comme celle ci. Tout laissait présager une ambiance des plus romantiques et pourtant à cet instant là c'était plutôt une ambiance électrique qui planait dans la chambre de l'hôtel. Alors que cette dernière en avait après son compagnon d'un soir, elle n'avait pas hésité à avouer ses ressentis au jeune homme. A première vue il ne bronchait pas mais le connaissant un minimum elle se doutait que Maxi n'allait pas en rester là. Mais tant pis, après tout il l'avait cherché. La belle était partit se rechercher une coupe de champagne et la buvait en se délectant de la scène. Elle savait qu'elle l'avait mis mal, et rien que cette idée lui procurait le plus grand bien. La brésilienne n'allait bien entendu pas en rester là, ce n'était pas marrant si elle était seule à blatiferer sur le sujet. Et puis, quelque part elle attendait des réponses, des réactions qui leur permettrai à elle et à lui de clore le sujet définitivement.

Voilà pourquoi elle se risqua à aller le rejoindre sur le balcon sans plus attendre. La jeune femme fut tout d'abord surprise par le geste de celui ci qui tapa le poing contre la rambarde. Il la fixa d'un regard qu'elle ne reconnaissait pas, en marmonnant des paroles qui la calma directement. Sur le moment, elle resta immobile ne sachant comment réagir, puis vint le coup porté à la coupe de champagne qui la fit valser dans le vide. Les paroles qui suivirent juste après la laissa complètement perplexe. Elle le voyait s'éloigner et rejoindre la salle d'eau surement pour aller calmer ses nerfs. La réaction impulsive et violente de Maximiano avait réellement troublé la jeune Cleavers. Elle l'avait rarement vu dans un état pareil, et les seules fois c'était quand son estime en prenait un gros coup. Cette réaction la fit alors réaliser à quel point elle avait été bête de ne pas avoir pris en considération sa version des faits. Après tout, ce n'était pas la première fois que sa sœur lui faisait des coups foireux alors pourquoi en avait-elle autant douté ?
Probablement parce qu'elle ne faisait confiance à personne, et cela depuis des années. Quelque chose dans sa vie lui avait complètement ôté cette idée de la tête. Maxi avait beau lui avoir dit plusieurs fois qu'il n'y était pour rien mais jamais elle n'aurait eu le déclic avant ce soir. Là, elle l'avait vu à travers son regard, ses paroles étaient plus que sincères.

Accoudée à la rambarde elle tenta de faire le vide dans sa tête. Il s'était passé ce qu'il devait se passer, mais maintenant qu'allait-elle faire ? Fuire, rester... ?
Elle entendit le jeune homme revenir dans la chambre. Elle décida d'aller le rejoindre, la moue inexpressive, puis alla se reservir à boire dans une nouvelle coupe. Elle but les quelques gorgées rapidement et croisa furtivement le regard de mister Hopper. Il semblait s'être calmé, mais du coup elle n'osait plus trop l'approcher après l'avoir vu dans cet état. Le silence plat régnait dans la pièce, on pouvait distinctement entendre les bulles du champagnes. D'habitude elle aurait surenchéri pour l'énerver un peu plus mais cette fois ci la réaction si inattendue de Maximiano l'avait quelque peu refroidi. Elle n'avait pas envie de se prendre la tête en cette soirée surtout qu'elle avait pris conscience de ses torts dans l'histoire. Non, pour une fois Mya allait rester humble et décida par conséquent de se taire jusqu'à ce qu'il s'excuse pour s'être emporté de la sorte.

La soirée avait dégénérée en quelques minutes, et tout ça à cause de moi. Si je n'avais pas fait sortir les squelettes du placard, que je n'avais pas parlé de cette vieille histoire, rien de tout ça ne se serait produit. On aurait passé une soirée tranquille, à discuter, un verre de champagne à la main. Quoi que... Je pense que ça ne se serait pas passé comme ça, étant donné que Mya avait encore de la rancœur, et me l'avait implicitement fait savoir. Je venais de briser cette tension entre nous, lui disant ce que j'avais sur le cœur depuis des mois déjà, et on pourrait peut-être repartir sur de bonnes bases... Si elle s'excusait. Je pense qu'elle avait maintenant compris qu'elle avait aussi des torts dans l'histoire et qu'elle me devait bien des excuses. Elle n'avait pas eu confiance en moi, ni en mes paroles, et avait préféré écouter sa sœur plutôt que moi. J'avais été blessé dans mon estime, et je ne le laisserais pas passer, c'était certain.

Je me dirigeais vers la chambre, sortant de la salle de bain, pour aller m'affaler sur le lit. J'en avais bien besoin. A ce moment là, Mya rentra elle aussi et alla se servir une nouvelle coupe de champagne. Je l'observais et un léger sourire s'installa sur mes lèvres, je n'avais jamais vu Mya comme ça. Elle avait l'air calme, inexpressive. Des expressions que je n'avais encore jamais vu sur son visage. Apparemment mon coup d'éclat l'avait refroidit. C'était le but. Qu'elle prenne enfin conscience que je ne mentais pas, que je n'avais jamais essayé de la tromper et que dans l'histoire ce n'était pas moi qui était en tort. Même si une coupe de champagne avait dû en payer le prix.

Mais maintenant, je m'étais calmé, car même si je suis très colérique, cela me passe aussi vite que s'est venu. J'étais à présent en phase de discuter tranquillement, sans rien casser, promis ! Mais j'avais l'impression que Mya avait quand même peur de m'approcher, pensant surement que j'allais encore tout casser. Quelle idée, je n'étais pas comme ça voyons. Oui, je sais, je me mens à moi-même. Je me relevais un peu, calant un coussin derrière mon dos, l'observant toujours en silence. D'ailleurs, celui-ci commençait à être pesant, et je ne savais que dire pour le briser. Je n'allais certainement pas m'excuser pour la coupe de champagne, et j'attendais ses excuses pour ne pas m'avoir cru. Même si je savais que je pourrais toujours attendre, Mya ayant autant de fierté que moi. Génial, la soirée allait promettre à ce train-là.

« Tu me crois maintenant ? » Simple question pour briser le silence environnant, que j'avais pratiquement chuchoté, les yeux baissés sur les draps du lit. On aurait dit un enfant qui avait fait une bêtise et qui attendait que sa mère le punisse. Je ne baissais jamais les yeux d'habitude, mais je pense que c'était de circonstance, car je n'avais pas envie de remettre de l'eau dans le gaz en jouant à celui qui baisserait les yeux en premier. Si elle répondait par l'affirmative, j'espérais que le sujet serait clos, et qu'on pourrait enfin profiter de cette soirée.

Mya Cleavers avait toujours été jalouse de sa sœur. Cette dernière ne lui rendait pas la vie facile, mais il fallait avouer que l'ainée le lui rendait bien. Un élément déclencheur avait bien entendu été la cause de cette jalousie, et depuis tout ce qui aurait pu rapprocher les deux jeunes femmes les séparaient littéralement. C'était comme si que leur enfance avait été rayé d'une craie blanche et qu'elles étaient de parfaites inconnues. Cette situation n'avait pas été facile au début pour Mya, mais au fil du temps c'était comme si qu'elle y avait pris goût. Elle aimait la détester. Elle aimait les détester. Cette haine qu'elle avait envers tout le monde se traduisait par un parfait mal aise. Ce changement de situation, passé de San Fransisco à Magnolia Machin, l'avait complètement chamboulé. Ses amies lui manquait, l'ambiance lui manquait. Même si cela faisait à présent 5 ans qu'elle habitait le quartier, elle ne tarderait pas à y retourner. C'était un objectif qu'elle s'était fixé le premier jour où elle avait posé les pieds ici. Seulement, il ne fallait pas se mentir à soit même. Elle avait aussi crée des liens ici, plus ou moins forts. Et bizarrement, elle s'était habituée à y vivre et à être la badass du quartier. Elle n'oubliait pas son objectif de rentrer à SF mais elle prenait volontairement son temps. En ce moment, elle était à la recherche d'un emploi autre que le mannequinat. Ce n'est pas que cela lui plaisait pas mais elle avait envie de changement. Vous l'aurez compris, dans sa vie professionnelle comme sentimentale Mya était perdue.

Maximiano était quelqu'un avec qui elle avait accroché dès le premier regard. Physiquement il n'y avait rien à redire, et mentalement on pourrait plutôt croire qu'ils étaient incompatibles. Lui en beau macho et elle en petite peste prétentieuse, l'addition faisait forcément des étincelles. Mais c'est surement de ce genre de relation que la jeune mannequin avait besoin, pas d'un long fleuve tranquille et routinier. Et puis ils avaient aussi de nombreux points communs, et savaient les ménager dans leur relation. Ils s'étaient vraiment bien trouvés jusqu'à ce que Keira pute vienne y mettre son grain de sel. Forcément, son besoin de lui voler tout ce qui lui "appartenait" était plus fort qu'elle. Il faudrait que Mya songe à lui acheter une vie. Il n'en avait pas fallu plus pour que Mya mette un terme à cette relation, les photos étant révélatrices. Mais ce soir là, la réaction de Maxi lui avait clairement ouvert les yeux. Il aurait fallu une soirée saint valentin pour mettre un terme à toute cette histoire. Vaut mieux tard que jamais me direz vous. Elle qui n'accordait sa confiance en personne, devait bien avouer qu'elle s'était bien fait berné. Posant son verre sur un meuble pas loin elle regarda le jeune homme s'allonger. Il avait murmurer des mots l'air de rien, en baissant les yeux.

▬ Ouais mais la prochaine fois, évites de casser mon verre. fit-elle en un sourire en coin.

Elle s'approcha du lit, et le tira comme elle pouvait pour qu'il se lève.

▬ Allez, on est pas venu pour se faire la gueule. J'ai envie de profiter.

La hache de guerre avait été enterré, il était peut-être temps de passer à autre chose. Alors que la jeune femme s'apprêtait à l'ouvrir, quelqu'un toqua à la porte. Elle échangea un regard suspicieux avec le jeune homme et alla ouvrir. C'était le service de l'hôtel, amenant le repas. Elle ne s'y attendait pas mais c'est vrai qu'elle avait un peu faim.