Grognant un juron, je repoussais avec force la barrière qui protegeait la demeur des Evans. Salopard égoïste. La fureur bouillonait en moi, faisant legerement trembler mes membres tandis que je tirais avec frenesie sur ma cigarette devenue noir. Une volute de fumée s'échappa de mes poumons avant que je ne poussa la porte de la maison. Depuis des années déjà, j'avais cesser de frapper contre cette porte, personne ne daignait jamais se donner la pein de l'ouvrir dans cette maison et Matt devait certainement être entrain de dormir. Pestant à nouveau, je grimpais quatre à quatre les marches qui menaient à l'étage. En quelques mots à peine cet enfoiré avait réussis à me faire sortir de mes gongs, moi qui m'était promis de rester froid et maitre de moi-même, je devais un gamin colérique, un adolescent sans aucun contrôle. Un écho délicat de musique pénétra dans mon crâne tandis que j’atteignais le couloir, en moins d’une seconde je sus que mon meilleur ami n’était pas chez lui ; jamais il n’aurait supporté la mélodie qui emplissait le silence familiale. Figé devant la porte ouverte de la chambre féminine, je demeurais immobile. Tel un pantin sans envie, sans conscience je me laissais gouverner par un autre que moi-même. Mon regard se promena sur son corps, couvert avec simplicité et reposant mollement contre des cousins colorés. Lily. Jolie Lily. Mon cœur s’accéléra dans ma poitrine. Innocente rebelle, elle ignorait ma présence, poursuivant paisiblement sa lecture, laissant le voile de froideur qui recouvrait ses prunelles être balayé par les mots classiques de Flaubert. Ses longs cheveux roux bouclaient doucement le long de son dos, ces mèches de feu qui hantaient mes rêves. Prisonnier de mon pauvre corps, je me retrouvais soumis à mes désirs le plus secret. Etrangement, depuis quelques mois déjà, la vue de la petite sœur de mon meilleur ami me troublait au plus haut point … Sans que je ne puisse l’expliquer. Du plus loin que je me souvienne, Lily avait toujours fais partie de ma vie, coincée à la périphérie de celle-ci, seule ces flamboyants cheveux la rendait visible. Son corps esquissa un mouvement et mon palpitant s’emballa tandis que mon corps passait le pas de sa chambre malgré mon désir de fuir. Je n’étais pas amoureux de Lily, je n’aime rien, ni personne. L’amour était un sentiment futile et sans intérêt, pensais-je avec force, ignorant la petite voix contradictoire qui s’élevait en moi. La jeune fille était belle, séduisant même. D’une beauté peu coutumière, elle n’entrait pas dans les schémas classiques, son ossature fine et délicate paraissait trop fragile pour l’éclat violent de ces prunelles bleutées. Une modification rapide de sa respiration m’apprit qu’elle avait certainement perçut la présence d’un intrus. Un sourire sardonique aux lèvres, je me laissais tomber sur le lit près d’elle, callant ma tête entre mes bras repliées. Dans une attitude qui se voulait nonchalante, je sentis mon souffle se faire laborieux dans ma poitrine tandis que je rencontrais ses iris. Je voulais cette fille, cette femme, cette être à la lueur ternis. Je voulais posséder son corps, je voulais qu’elle m’aime, qu’elle ne puisse plus se passer de moi. Egoïstement je voulais lui ôter tout contrôle, me l’approprier et sans doute, lorsque je serai lassé, la jeter. Vieil habitude de séducteur, qui ne trouvait pourtant aucun écho dans mon ressentit actuel.

_ Evans, la saluais-je avec un sourire innocent, en ôtant mes chaussures avec le bout de l’autre pied, parfaitement à l’aise.

Allongé auprès du corps rigide de la belle Lily, je me délectais de sa beauté. Elle était si innocente, si inconsciente de l'effet qu'elle produisait sur moi, de l'effet que je produisais sur elle. Je parcourais sa chambre d'un regard curieux, rien ici ne trahissait la personnalité de la jeune fille et pourtant tout me paraissait imprégné de son essence. Mes chaussures frappèrent le sol dans un bruit mat, tandis que je m'approchais encore un peu plus d'elle. Une certaine distance s'était imposée d'elle-même entre nous, une pudeur affective, un dégoût haineux. D'une voix qui se voulait froide, elle me reprocha ma nonchalance, mon accoutumance à son espace vital. Ô délicate petite fleur, si tu savais comme je rêve de me plonger dans ton être, tout savoir de toi, tout prendre de toi ... Impertinente et obsédée, elle baissa le volume de sa musique avant de se replonger dans sa lecture. Mon regard ne quittait pas son visage, j'observais le délicat pli de concentration qui naissait entre ses magnifiques yeux bleus, le léger mordillement de ses lèvres lorsqu'une phrase - que je devinais plus profonde qu'une autre -trouvait un écho en elle. Un soupire glissa entre mes lèvres tandis que je m'obligeais à détourner mon regard d'elle. Cette fille n'était pas faite pour moi, me répétais-je en fermant les yeux. Lily Evans n'avait rien d'attirant. Rien du tout. Pas même ces magnifiques cheveux au reflet cuivré, ni sa peau de porcelaine, ou bien la finesse de sa taille ... Je réprimais un grognement contre le tour que prenait mes pensées. « Qu'est-ce que tu fais là Heath ? Mon frère n'est pas là ! ». Ouvrant un œil, je constatais qu’elle n’avait pas détaché les yeux de son maudit bouquin, aussi refermais-je mes yeux paisiblement. Simple curiosité ou autre émotion ? Sa simple question faisait naitre en moi, mille et une interrogation. Etait-elle troublée par ma présence à ses côtés ? Un élan de joie stupide et inutile envahis mon corps avant que je ne me reprenne durement. La désirer, passait tous juste, alors l'aimer ... mieux valait ne pas y songer. Mathys avait beau être mon meilleur ami, sa petite soeur était un être sacré, ne poser ne serait-ce qu'un doigt sur elle avec des idées impurs c'était signer la mort de notre amitié. Une amitié qui m'était bien trop précieuse ...

« Ça ne m’ennuie pas de l’attendre », rétorquais je au bout d’un moment de silence. « On ne peut pas dire que ta compagnie soit franchement repoussante, Lil’s. Après tous peu d’homme peuvent se vanter d’avoir un jour pu poser leur royal cul dans ce lit ! »

A dessin, je vulgarisais mes propos. Aucun spectacle n'était plus réjouissant qu'une Lily Evans agacée. Saisissant une mèche de ses cheveux entre mes doigts, je m'amusais un instant à l'enrouler autour de mon index. Rêvant à une vie qui n'était et ne serait jamais mienne.

« Veritas, Lily : as-tu déjà couchée avec un mec ? Dis moi tout, petite tigresse ! Matt n'en saura rien ! »


c'est bizarre desolée :/ ♥