Citation :

Coucou, ce soir j'ai trop de copies à corriger, j'ai pris du retard, tu me connais.
Je vais donc rester tard dans mon bureau, ne m'attends pas.
Je t'embrasse

Lorenzo chercha le numéro de sa femme dans son répertoire, il hésita un peu, conscient qu'il s'apprêtait à basculer du côté obscur de la force. Il ferma les yeux et respira un grand coup, puis cliqua sur envoyer. Voilà, le mal était fait. Il venait de mentir à sa femme. Il posa son téléphone sur son bureau et, méthodiquement, éparpilla quelques copies sur son bureau, ajouta quelques stylos rouges, griffona quelques notes inutiles sur des post-it. La parfaite scène de crime. Préparer tout cela était inutile, car il manquerait l'élément le plus important : lui. Lorenzo ne passait pas sa soirée dans son bureau, ce soir. Il s'était fabriqué un alibi en carton, les copies serviraient de témoins. Il attrapa alors sa veste, passa son écharpe autour de son cou, ramassa ses clés et son portable. En passant la porte, il jetta un énième coup d'oeil, mais il ne pouvait rien faire de plus. Enfin si, il aurait pu rester, mais c'était impossible, il avait rendez vous avec le bonheur.
En marchant dans le couloir, il se sentait épié, comme si "connard" était écrit sur son front et que tout le monde lisait interloqué. Il regardait à droite, à gauche, saluait les quelques élèves qu'il reconnaissait. ll avait chaud, son col de chemise l'oppressait. Mais il n'avait pas le droit de transpirer : son emploi du temps était réglé à la minute et pas de place pour rentrer se changer. 17h, il était dans les temps.
Une fois dans sa voiture, sa main hésitait à mettre le contact. Chaque geste anodin semblait être un nouveau pas vers le péché. Pire, son cerveau lui répétait en boucle que ça ne lui ressemblait pas. Enfin, basculer du côté obscur, si bien sûr. Mais organiser toute cette soirée, spécialement le jour de la saint Valentin, ça n'était pas lui. A croire qu'il avait changé. L'ironie dans l'histoire, c'est qu'il devenait romantique, mais pas avec sa femme. Il y avait cette force qui le poussait à agir ainsi. D'où venait-elle ? Il n'en savait rien. Certains auraient répondu "de ton coeur bébé, tu la kiffes cette belle brune". Lorenzo aurait pris un air détaché, aurait levé les yeux au ciel puis répondu "Rien à voir les mecs, je suis Lorenzo Di Mascio, l'amour n'existe pas (même pas pendant 3 ans)". En attendant, il démarra sa voiture et effectua toutes ses courses. Coeur ou pas, kiff ou pas, il obéissait. Et le pire, c'est que ça lui plaisait. Un idiot petit sourire s'était installé sur ses lèvres et ne voulait pas prendre congé.

Une fois à l'hôtel, il se rendit directement dans la chambre numéro 10, aucune minute à perdre. La femme de ménage avait bien fait son boulot, c'était nikel. Vite, il tira la table pour la mettre au centre de la pièce. Il avait prévu une nappe - rouge - et même de la jolie vaisselle. Bien sûr, il avait tout acheté, hors de question d'emprunter quelque chose de chez lui ! Maniaque, il passa plusieurs minutes à aligner les couverts, tout devait être parfait. Une fois satisfait, il parcourut la pièce du regard : c'était vraiment moche. Il avait prévu le problème et sortit de ses emplettes plein de bougies et de jolis chandeliers. Il les disposa un peu partout, les alluma une à une puis éteint la lumière. A défaut d'être joli, les défauts étaient cachés. Et l'ambiance créée était très très plaisante. Oui, il en faisait beaucoup. C'était comme un nouveau premier rendez-vous. Pire, cela signifiait aussi "oui bon t'as pas l'exclusivité, mais je te vends du rêve quand même là, non ?". Tous ces préparatifs devaient palier au problème que Lorenzo ne pourrait jamais résoudre : elle resterait la seconde, dans l'ombre, cachée. Il était marié, elle était son élève. D'un côté, peut-être que ça lui plaisait aussi un peu, au Don Juan. Cacher, ça restait mieux que de dévoiler au grand jour. Il n'avait pas tant changé que ça, en fait. Avant, leur relation était aussi secrète. Avant, il avait eu d'autres relations secrètes en même temps. Chasser le naturel, il revient au galop. Pourtant, la petite voix au fond de lui - qu'il tentait d'étouffer sans succès - continuait à hurler qu'il ne faisait pas ça que pour lui. Il cherchait à lui plaire, à la combler de bonheur, à la voir sourire de plaisir. Il n'était juste pas encore prêt à l'admettre.

Dernière touche, il mis quelques pétales de roses sur le lit (il avait même ramené des draps propres à madame la femme de ménage pour qu'elle en mette de qualité, et pas leurs vieux trucks miteux). Il était niais ! Il ajouta quelques roses dans le vase sur la table. Il avait pensé lui prévoir un autre bouquet, mais elle n'aurait pas pu le ramener chez elle, aucun intérêt. Et puis, il avait prévu mieux. Du regard, il vérifia n'avoir rien oublié, quand il entendit la clé tourner dans la serrure. Elle était là. Ses yeux restaient posés sur la porte, il voulait voir sa première réaction, quand elle découvrirait la scène.

Lorsque son réveil sonna puis qu'elle l'éteignit ce matin-là, Nina ne fit même pas attention ni à l'heure ni au jour qu'il était. Ce n'était pas comme si ça faisait plusieurs jours qu'elle pensait à cette date , non non ... C'était un jour comme un autre après tout, hein ? C'était en tout cas ce que Nina aurait aimé penser. Elle s'était donc levée, était descendue en bas dans la salle à manger, avait dit bonjour à sa cousine puis à sa soeur, comme chaque matin. L'air de rien. Et la première qui lui parlait de la St Valentin elle la zigouillait ! En fait Nina ne savait plus si elle devait désormais adorer ou détester cette fête. Elle avait toujours aimé la St Valentin, elle aimait d'ailleurs toutes les fêtes du genre ; Noël, Nouvel An, tout ça y passait. Elle était assez traditionnelle dans le fond ; sur ce point du moins. Pourtant, il y avait un truc qui trottait dans la tête de l'adolescente et elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Soit. Evane lui demanda si elle avait bien dormi, Nina acquiesça tout en se servant un verre de lait. Que dire à part qu'elle avait passé une nuit super agitée, elle n'avait presque pas dormi ; elle était crevée. Non Nina n'avait pas fait de bêtises cette nuit, elle n'avait juste pas réussi à fermer l'oeil hier soir.

Spoiler:

18H00 , Nina y avait pensé toute la journée. Lorenzo qui lui proposait de fêter la Saint Valentin avec lui, c'était juste wtf. En voyant le petit mot adorable qu'il lui avait écrit page 10, elle avait cru avoir besoin de lunettes sur le coup. Ça lui rappelait tellement le passé, les sorties secrètes du week-end qu'elle attendait toute la semaine pour le voir, les mythos qu'elle sortait à ses parents pour pouvoir sortir et Katya ou Naya beurk qui la couvraient. Cela lui semblait si loin mais si proche à la fois ! Si seulement Nina avait pu mettre cette année-là sur pause pour qu'elle dure plus longtemps. Mais évidemment la réalité l'avait rappelée à l'ordre comme il fallait. Alors, elle avait hésité à lui répondre et à accepter son invitation ; elle avait une certaine fierté après tout. Oui oui la phrase de l'étage elle l'avait encore en travers de la gorge, ça ne passait pas ! Si elle venait, il avait intérêt à balancer du lourd pour qu'elle lui pardonne. C'était ce qu'elle s'était promis mais au fond, elle savait très bien qu'à peine en apercevant son sourire elle aurait déjà oublié. Alors Ninou avait passé un sacré temps devant son miroir pour être la plus belle du monde ce soir - sisi la rime. Evidemment elle n'en avait pas fait trois tonnes, elle avait choisi de rester naturelle, comme toujours sans trop d'artifices. Puis elle avait choisi une jolie robe et des talons, comme d'habitude. Elle était belle peu importe ce qu'elle mette de toute façon, non ? C'était en tout cas ce que Lolo lui avait dit il y un an, et là étrangement lorsqu'il s'agissait de compliments sa mémoire fonctionnait bien tout à coup. La jeune fille avait fait un petit mensonge mignon à ses parents, leur expliquant qu'elle passait la soirée chez une amie célibataire elle-aussi, qu'elles allaient déprimer à deux et manger des glaces Ben & Jerry's devant Bridget Jones ; le cliché, l'excuse infaillible, ses parents l'avaient crue. Ils n'avaient même pas remarqué que leur fille était un peu plus apprêtée qu'à l'ordinaire, trop occupés à s'offrir leurs cadeaux respectifs de la St Valentin. Nina avait alors pris sa voiture, s'était rendue à l'adresse indiquée, le coeur battant. Elle n'était jamais entrée à l'intérieur de cet hôtel. De l'extérieur, il semblait imposant. Peut-être était-ce un signe ; elle était si stressée, et son rythme cardiaque le lui rappelait bien. Une fois devant la porte numéro dix, la jeune fille respira en silence quelques secondes. Il était encore temps de partir si elle le souhaitait ... Non, c'était bien la dernière chose au monde qu'elle désirait. Elle voulait le voir. Elle toqua doucement mais sûrement. Aïe, son coeur battait vraiment trop vite là. Il ne vint pas lui ouvrir tout de suite ; sur le coup Nina crut qu'il lui avait fait un plan foireux, elle devint toute rouge. C'est ce merveilleux moment si propice que choisit Lolo pour venir lui ouvrir. Nina ignorait si elle devait le prendre dans ses bras, l'embrasser, ou juste entrer. Pour le moment elle choisit juste d'entrer. Elle fit quelques pas puis ... Un sourire fendit son visage lorsqu'elle vit tout ce qu'il lui avait préparé. Mon dieu c'était magnifique. Elle resta silencieuse, un moment, à contempler ce décor digne des plus beaux film romantiques.

« C'est vraiment pour moi tout ça ? Non parce que je me suis trompée de chambre je crois. »

Plaisanta-t-elle en riant. Nina porta une main à sa joue, elle n'en croyait pas ses yeux, qu'il ait fait tout ça pour elle. En fait elle ne savait même pas à quoi elle s'était attendue, en venant à ce rendez-vous. En tout cas pas à cela ; c'était bien mieux que ce qu'elle avait imaginé. C'était ce dont elle rêvait depuis si longtemps, lui, elle, eux. Nina avait vraiment l'impression d'être une princesse cette fois. Comment dire ? Il était trop mignon. Mais il était sadique à la fois ! : Comment était-ce possible de lui résister après ça ?

Quelqu'un toqua, Lorenzo sursauta. L'idée que ce ne soit pas Nina lui traversa l'esprit. Il ne fallait surtout pas qu'on le voit dans une chambre d'hôtel. Or, Nina devait avoir la clé. Peut-être n'osait-elle pas entrer. Peur de le voir en train de se changer, ou de payer en nature la femme de ménage ? Finalement, il se décida à ouvrir. C'était elle, ravissante comme un coeur (expression fort idiote, en fait, car un coeur c'est tout sauf ravissant, surtout les coeurs de boeufs que tu dissèques au lycée). Pire que ravissante, elle était pokante. Il se recula pour qu'elle entre puis poussa la porte avec hâte, vite. C'était un peu gènant, mine de rien. Pas d'etre en tete à tete avec Nina, ils avaient été bien plus intimes que ça. Et il espérait qu'ils le redeviendraient rapidement. La situation, était genante. Ils ne se cachaient plus à cause de l'age de la jeune fille, mais à cause de son statut marital à lui. Tout dans la pièce semblait lui souffler "tu vas tromper ta femme". Et la remarque de Nina n'arrangea rien. Bien sûr, elle faisait de l'humour. Mais lui, il avait du mal à en faire de même. Il regarda Nina, comme elle était belle. Pour cause, du sang italien coulait dans ses veines. Et dans ses yeux, brillait une petite étincelle malicieuse. Mais pourtant, devant son air si angélique, on lui aurait donné le bon dieu sans confession. C'était aussi pour ça, que Lorenzo était fou d'elle. Parce que sous cette auréole se cachait un petit diable, et il adorait ça. Elle n'était pas ... fade, ni rousse. D'ailleurs, il aurait pu la contempler pendant des heures. Mais ils n'étaient pas là pour ça.

C'était censé être pour toi oui, mais si c'est trop tu peux changer de chambre.

Il lui sourit gentiment. Après tout, si elle préférait chercher une autre chambre avec un éventuel garçon de son âge parce que on ne sait jamais il y en avait peut-être un dans les parages, il n'allait pas l'en empêcher. Il n'était qu'un homme comme les autres. Il avait aussi de nombreux points à gagner, aucun doute là dessus. Il savait que Nina lui en voulait, il avait beaucoup de choses à se faire pardonner.

Mais si tu as envie de rester, tu m'en verras ravi.

Il se dirigea vers le mini frigo, où il avait mis deux bouteilles de champagne au freezer (même si je ne vous l'ai pas raconté auparavant, pour laisser du souspèn'se). Il en prit une, la déboucha et servit deux coupes, qu'il prit ensuite. Il en tendit une à Nina, puis la regarda dans les yeux.

Salute, Nina, Felice San Valentino.

Il retint le "Amore mio" qui venait ensuite. L'appeler Nina, après tous ces "Mlle Van Valkenburg" sonnait comme une libération. Plus aucun interdit, barrière, borne, frontière, limite, à ne pas dépasser. Ils étaient libres, comme avant. Ils étaient dans leur petit monde à eux, rien qu'à eux, et c'est seulement maintenant que Lorenzo réalisait combien ça lui avait manqué. Ne pas être revenu pour elle ? Sornettes. Il ne pouvait pas chasser le naturel, Nina revenait au galop dans son esprit et dans son lit. En ce qui concernait Tiffany, il allait juste s'empêcher de penser à elle ce soir. Il avait juste un coeur trop gros pour y caser une seule personne à la fois. Enfin ...

Lorsqu'elle y pensa, Nina se dit qu'elle était vraiment folle de faire ce qu'elle faisait. Mentir à ses parents, prendre sa voiture pour aller autre part que "prévu", se rendre à un rendez-vous avec son prof ... Ses parents la tueraient tellement s'ils apprenaient ça. Et s'ils appelaient maintenant, sur son portable, et qu'ils demandaient à parler aux parents de l'amie chez qui elle était supposée dormir ce soir ? Ou bien s'ils téléphonaient directement sur le fixe de cette amie imaginaire ? Sur le coup, Nina se maudit de n'avoir pas réellement prévenu une copine au cas où, enfin, elle leur avait dit vaguement qu'elle irait chez Claire mais sans précautions préalables. Cela l'embêtait de mentir à ses parents ... Un peu. En fait pas tant que ça, mais c'était le principe, c'était dans la tête. Elle se disait que ce n'était pas sérieux ; mais est-on sérieux lorsqu'on a dix-huit ans ?

« Non, je crois que je vais rester, ça me plait beaucoup. »

Répondit-elle en souriant. Et ses mots étaient faibles. Pour le coup, Nina n'avait pas du tout envie d'être sérieuse ce soir, pourtant, elle restait pour l'instant dans la réserve. Après tout il avait des choses à se faire pardonner et il le savait. La preuve, il lui avait fait cette jolie suprise. D'ailleurs elle n'osait même pas s'asseoir ou bouger quoi que ce soit dans la pièce, de peur d'abîmer ce décor sublime.

Ça tombait bien, c'est lui qui bougea, il partit vers le mini-frigo et revint avec une bouteille à la main. Il voulait qu'elle soit bourrée comme à la fête :o Nina regarda plus attentivement ce qu'il avait ramené. Oh oui champagne !!! Il la prenait par les sentiments là. Lorenzo lui tendit une coupe qu'elle ne se fit pas prier d'attraper. Ça lui avait donné soif tout ça. Mais vu que Nina était une jeune fille polie et distinguée, elle attendit qu'ils trinquent avant de boire. Lorenzo planta son regard dans le sien avant de lui souhaiter une joyeuse saint-valentin en italien (pour ceux qui avaient pas compris), la si belle langue de sa maman, cette langue qu'elle aimait tant. Elle avait droit à la totale ce soir. Nina arqua un sourcil, amusée. Est-ce qu'elle craquait, rentrait dans son jeu ou est-ce qu'elle le faisait mariner un peu ? Tout ce qu'il faisait était toujours tellement contradictoire. Un coup il se cassait un an sans prévenir, un coup il l'embrassait dans la salle de bain, un coup il lui disait qu'il n'était pas revenu pour elle, un coup il abandonnait sa femme pour elle, et surtout pour lui organiser une St Valentin de ouf. Alors quoi à la fin ? Nina avait peur qu'il lui vende simplement du rêve et que demain elle ne se réveille déjà, se rendant compte qu'en fait c'était simplement son naïf esprit qui lui jouait des tours. Point trop n'en faut, elle sourit d'un air malicieux, se contentant d'un :

« Grazie, Lorenzo. »

Avant de claquer tout doucement sa coupe contre celle de l'intéressé. Ça lui faisait un peu bizarre, à elle aussi, de l'appeler par son prénom. Depuis la fête de Noël, et même avant ça, les seules fois où ils avaient pu échanger étaient en salle de classe, comme Mr et Mlle tout le monde. Nina fit quelques pas dans la pièce et s'assit sur l'une des chaises installées près de là. La jeune fille croisa les jambes et but une gorgée de sa coupe de champagne, tout ça en le fixant. Un léger blanc s'installa entre eux, peut-être s'attendait-il à une autre réponse de sa part. Certes il lui avait fait la plus belle surprise du monde ce soir, mais il lui avait aussi fait et dit des trucs pas cools, et ce qu'il aurait du savoir, c'était que Nina était rancunière. Ok elle était folle de lui mais elle lui avait déjà bien assez couru après non ? A lui de courir à présent.

Nina décida de rester. Lorenzo se demandait sérieusement si elle avait envisagé de partir. Elle lui en voulait, c'était donc possible. Cependant, ne voulant pas être blessant, il se retint de tout commentaire. Mais honnêtement, il se demandait avec qui elle aurait pu être. Facebook aidant, elle savait qu'elle n'était plus avec ce Jeremy. Et si elle était là, c'est qu'elle n'avait personne d'autre en vue. Serait-il jaloux s'il en était autrement ? Il ne préférait pas répondre. Pour le moment, elle était là, avec lui, rien d'autre n'avait d'importance. Elle était si jolie, quand elle souriait (je me retrouve encore à faire des Rp lovers avec mes deux personnages wtf). Au moins, ses paroles ne la laissait pas indifférente. D'un côté, l'italien est la langue de l'amour, ça avait de quoi aider. Nina, elle, par contre, n'était pas décidée à lui faciliter la tâche. Un blanc s'installa et elle ne fit rien pour le rompre. Ok, elle lui en voulait, mais qu'elle ne s'attende pas à des merveilles : Lorenzo ne s'excuserait pas à haute voix. Ce tête à tête romantique était le seul semblant d'excuses qu'il pouvait fournir. Peut-être serait-elle déçue, il n'avait pas changé sur ce point, il avait toujours sa fierté d'italien, son ego exagéré. Toute cette préparation était déjà un gros effort, peut-être était-elle trop jeune pour s'en rendre compte. Mais Lorenzo ne lui fit pas la remarque, il voulait que cette soirée se déroule bien. Enfin, ce qu'il voulait, soyons honnêtes, c'est retrouver cette relation qu'ils avaient avant. Mais la connaissant, elle n'accepterait sûrement pas. Être la seconde, avoir le mauvais rôle ... Serait-elle prête à ça juste pour ses beaux yeux et quelques belles paroles ? Enfin, il espérait ne pas se résumer à ça.

Tu as décidé de ne pas être bavarde ce soir, ou as-tu perdu ta langue ?

Entre eux, la franchise avait toujours régné, avec ses avantages et ses inconvénients. Cela évitait les pertes de temps, ils se disaient toujours ce qu'ils avaient sur le coeur. Alors, il voulait que Nina soit franche, qu'elle lui dise pourquoi elle était venue le voir si elle décidait de garder le silence. Il but une gorgée de sa coupe et la regarda aller s'asseoir. Qu'attendait-elle ? Elle devait savoir que Lorenzo n'était pas bon aux devinettes, qu'il détestait surtout perde du temps avec ça. Sauf quand il s'agissait de problèmes mathématiques. Mais il avait compris depuis bien longtemps que les femmes étaient tout sauf logiques. Il ne se démonta pas pour autant et décida d'agir comme si de rien était, comme si Nina ne faisait pas sa petite adolescente immature et boudeuse. Il ne put s'empêcher de soupirer, pourvu qu'elle ne l'agace pas. Il mit alors un petit fond musical, espérant que l'atmosphère se détende.

Si ça te gêne, dis le moi, sauf si tu as peur de dépasser ton quota de paroles

Il se demandait si Nina se vexerait, prendrait la mouche, ou au contraire entrerait dans le jeu et lui ferait à son tour quelques petites remarques déplacées. Elle avait des choses bien pires à lui reprocher. En attendant, il se rendit une nouvelle fois au réfrigérateur et en sortit une assiette de bruschette (bruschettas pour les français) tomates mozzarella. Il les avait préparées ce matin, quand Tiffany était au lycée. Il se tourna alors pour lui faire face.

Tu as faim ? Je les ai faites ce matin

Il avança vers elle et lui tendit l'assiette avant même qu'elle ne réponde. Naturellement, il avait ajouté cette précision pour que Nina soit touchée de l'attention. Il croyait en lui et espérait sincèrement faire craquer la jeune fille sans passer par la case excuses. L'espoir fait vivre, disent certains.

Nina avait beau paraître un peu dure et brutale au premier abord, lorsqu'il s'agissait de la St Valentin ou autre niaiserie amoureuse du genre, elle retombait complètement en enfance et redevenait une petite fille émerveillée par tout. C'était là un des paradoxes chez elle et elle restait une enfant naïve avant tout dans ces moments-là. (Du coup Lolo est vraiment un pédophile :/) Pourtant il en fallait malgré tout beaucoup pour la faire craquer, n'oublions pas que Nina était aussi une fille exigeante et capricieuse, et ça Lorenzo semblait l'avoir compris car il avait mis le paquet. Assise sur sa chaise, elle avait envie de sourire comme une gamine mais se retenait. Pourquoi ? Parce que c'était trop facile. Ok lorsqu'elle était entrée elle ne s'était pas cachée : elle adorait ce qu'il avait préparé pour elle et les étoiles dans ses yeux le lui avaient certainement montré, mais maintenant elle jouait plutôt sur la réserve. Il lui demanda si elle avait perdu sa langue.

« Non pourquoi, tu veux venir vérifier ? »

Répondit-elle avec un petit sourire plein de sous-entendus. Elle but une gorgée de son champagne, puis posa sa coupe sur la table, décroisa les jambes et se leva. La jeune fille se rendit près de la station sur laquelle il avait posé son iPhone et changea de chanson avant d'augmenter un peu le volume. Non Nina n'espérait pas que la chambre 10 se transforme en discothèque mais il était vrai que la chanson que Lolo avait mise était un peu déprimante et tournait à la guimauve. Nina mit donc un truc un peu plus joyeux, d'ailleurs cela lui donna envie de danser mais elle se retint là aussi - tiens ce n'était pas son genre d'aller contre ses envies, pourquoi faisait-elle tout ça ? Alors elle retourna s'asseoir et retrouva sa position initiale.

« Donc pour te répondre non la musique ne me gêne pas, sur ma liste des trucs qui me dérangent il y a d'autres choses plus importantes. »

Elle leva son verre puis en but une nouvelle gorgée, après avoir esquissé un autre sourire, un peu plus hypocrite cette fois. Elle faillit lui demander si Tiffany allait bien. Mais Nina perdit soudain toute expression faciale, se rendant compte qu'elle allait peut-être un peu trop loin et que ce n'était pas le moment de gâcher la soirée. C'était la St Valentin ils n'allaient pas s'engueuler quand même. Elle leva alors doucement les yeux vers lui, avec un regard mi-désolée mi-bienfaitpourtoit'avaisqu'àpasêtremarié. Les italiens avaient beau parler la plus belle langue du monde, ils avaient aussi la réputation de l'utiliser pour conter fleurette aux femmes, c'était ce qui lui faisait peur. Et Nina en savait quelque chose, du côté de la famille de sa mère c'était des sacrés, mais nous nous égarons car cela était une autre histoire. Lorenzo repartit à nouveau vers le frigo et lui amena à manger cette fois. Cool elle adorait se faire servir comme une princesse. Il lui mit l'assiette sous le nez sans vraiment lui demander son avis. Nina baissa la tête vers l'assiette, cela semblait délicieux et elle le lui fit remarquer. Mais en réalité son estomac était noué par le stress et allait certainement l'empêcher d'avaler quoi que ce soit, elle n'avait pas du tout faim. Mais encore une fois puisque Nina était une fille polie elle allait manger malgré tout, il avait cuisiné ça pour elle c'était trop mignon. Franchement il était cute ce soir, mais elle se rappela ce qu'elle s'était ancré dans la tête en arrivant ici. Alors elle commença à manger, l'invita d'ailleurs à s'installer en face de lui pour en faire de même, avant de briser le silence, ne pouvant s'empêcher d'aborder le sujet.

« Alors ta femme fait la St Valentin toute seule ? »

Nina était déroutante. Elle était distante avec lui et, tout à coup, lui proposait de vérifier son intérieur buccal (amis de la poésie bonjour). Lorenzo ne put s'empêcher de rire gentiment, la répartie de la jeune fille lui avait toujours plu. Elle avait cette naïveté, ce regard angélique, qui lui permettait de dire n'importe quoi sans être vulgaire. C'est bien simple, Nina aurait même pu lui répondre "Eh salopard, prends moi par derrière sur le canapé et que ça saute, je veux que tu me culbutes toute la nuit et ne plus savoir marcher demain", ça aurait été poétique et romantique.

Chaque chose en son temps voyons, gardons ça pour plus tard ...

C'est vrai, pourquoi se presser. Nina était même de son avis, ils devaient aborder d'autres sujets auparavant. D'ailleurs, la jeune fille ne se fit pas prier et lui lança un pic plein de sous entendus. Des choses plus importantes ? Naturellement, elle devait parler de ce qu'il lui avait dit, à la soirée de Noël. De sa présence ici, aussi, alors qu'il était marié. Lorenzo soupira, elle l'agaçait. Il était prêt à bien des efforts pour elle, mais là ... Elle ne pouvait pas lui demander d'explications, il n'aimait pas parler sincèrement. Pire, il y avait certains aspects de sa vie qu'il ne pouvait lui révéler. Avant qu'il parte, leur relation était déjà secrète, pourquoi fallait-il que ça change ? Il avait espéré que Nina accepte de reprendre là où ils avaient arrêté, sans rien changer. Mais non, elle exigeait une discussion sérieuse, Lorenzo ne comprenait pas pourquoi. Leur relation avait beau être franche, elle n'était pas caractérisée par un dialogue profond et recherché. Pour cause, ils devaient toujours se cacher, ne pouvaient jamais sortir dans des lieux publics. Alors parler du film qu'ils avaient vu la veille, ou de la pièce de théâtre à laquelle ils venaient d'assister, c'était toujours très compliqué. Néanmoins, c'était quand même plus facile quand il avait une maison à lui tout seul. Il se souvenait, des après-midis qu'ils avaient pu passer à cuisiner chez lui, à matter des vieux films parce que ça fait distingué. Et maintenant, ils se retrouvaient dans un hôtel miteux. Parce qu'il était marié. Parce qu'ils ne devaient pas être là. Il essayait de ne pas culpabiliser, en se disant que après tout, il n'était pas le seul fautif : Nina aussi, était dans le pêché, puisqu'elle était là avec lui. Mais il ne voulait pas parler de ça à voix haute, il ne voulait pas parler de ses erreurs. Bon sang, ne pourrait-il jamais avoir une relation amoureuse normale ? A croire que non. Pire, Nina décidait même d'évoquer sa deuxième relation foireuse. Il leva les yeux au ciel, ne comprenant pourquoi elle remuait le couteau dans la plaie. Si elle cherchait à le tester, c'était à ses risques et périls, il n'était pas très patient. Cependant, il respira un grand coup avant de répondre. Il était venu ici en se promettant de faire des efforts car il le savait, il était grandement en tort. Même si le reconnaître à haute voix était une autre paire de manches.

Nous avions décidé, d'un commun accord, de ne pas célébrer cette fête commerciale. Tu aurais voulu qu'elle se joigne à nous peut-être ?

C'était plus fort que lui, il fallait qu'il soit sarcastique. Après tout, Nina aussi, employait un ton condescendant. Certes, elle était un peu plus en droit que lui. Mais bon sang, il était marié, ne pouvait-elle pas comprendre que la situation était délicate pour lui ? Non, mademoiselle se payait le culot d'être égoïste. Oh il ne lui en voulait pas, bien sûr qu'il regrettait sa déclaration de Noël. Il voulait qu'elle l'oublie, qu'elle arrête de s'accrocher alors que c'était fini. Mais le problème, c'est qu'il ne voulait pas, que ça soit fini.

Arrêtons un peu, Nina, et soyons honnêtes : pourquoi tu mets Tiffany sur le tapis ? Oui je suis mariée à elle et pourtant je fête la Saint Valentin avec toi, ça te va ? Si j'avais voulu parler d'elle ce soir, je ne serais pas ici avec toi.

Il ferma les yeux quelques instants, pour se calmer. Dans sa tête, Jiminy Cricket ne cessait de répéter que cette soirée était une grosse erreur et que la fée bleue n'allait pas être contente. Pire, si Tiffany lui posait des questions demain, son nez risquait de s'allonger fortement. Mais si c'était le prix à payer pour quelques heures avec Nina, qu'il en soit ainsi.

Plus tard ? Ah très bien. Sur le coup Nina laissa s'échapper un petit rire puis redevint sérieuse. Lorenzo semblait énervé. S'il voulait que tout redevienne comme avant et que Nina ne se plaigne pas, ce n'était pas gagné. Certes il y a un an elle s'en foutait un peu de tout ça elle se doutait qu'il voyait d'autres filles enfin elle n'était pas bête non plus, mais voilà en un an la lycéenne désinvolte avait eu le temps de grandir. Et peut-être bien que maintenant elle ne s'en foutait plus.

Aborder le sujet Tiffany faisait d'elle une fille relou pour le coup, elle le concevait totalement. Mais voilà c'était plus fort qu'elle, ça la tracassait et elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il ne culpabilisait pas un peu pour tout ça. Elle avait posé sa question sur un ton à moitié sarcastique seulement. Nina se demandait réellement où la rousse passait la soirée ce soir. Elle était assez naïve pour penser que son mari corrigeait des copies le jour des amoureux alors qu'ils étaient mari et femme ? Nina était sceptique. Cette femme avait l'air bien gentille, mais malgré tout un peu conne. Enfin tant mieux pour elle, ça arrangeait Nina après tout. Il lui demanda si elle aurait voulu que la rousse se joigne à eux, pffff. Puis ce n'était pas une fête commerciale d'abord wesh, Nina trouvait ça très bien comme fête, presque aussi bien que Noël. Elle fronça les sourcils de façon mignonne.

« Non c'est bon. Si c'est commercial, pourquoi tu le fêtes alors ? »

Ok Nina ta gueule, clairement. Ce début de soirée commençait à prendre une allure que Nina n'aimait pas beaucoup, elle s'en voulait un peu d'avoir abordé ce sujet. Elle s'engueula toute seule par pensée. Etait-elle venue jusqu'ici pour mettre les points sur les i avec lui ou pour passer une bonne soirée ? Bien sûr c'était la deuxième option or elle n'arrivait pas à agir autrement, c'était son côté têtu qui prenait le dessus. Mais, ils n'allaient pas s'engueuler là, quand même ? Bon il fallait dire aussi qu'il était sexy quand il était en colère alors elle aimait bien l'énerver. (a) Puis il lui rappela que c'était avec elle qu'il fêtait la St Valentin et pas avec son officielle. Cela fit tilt, c'est vrai il n'avait pas tord. Nina se mordit la lèvre, sans pour autant lui répondre. Il semblait un peu exaspéré, par elle, un peu par lui-même aussi peut-être, elle ne savait pas. Cela ne lui plaisait pas et elle choisit de changer de sujet.

« Sinon, comment c'était à New York ? Tu ne m'as toujours pas raconté ... »

Non seulement Lorenzo était parti un an sans prévenir, revenu sans prévenir, mais il était surtout revenu marié – sans prévenir non plus. Lorsqu'elle y pensait Nina avait l'impression de passer pour une conne, que ce n'était pas Tiffany l'abrutie dans l'histoire mais bien elle. Elle avait besoin qu'il la rassure. Maintenant elle avait envie de lui poser mille questions, de savoir à quoi il pensait présentement, qu'il lui raconte ce qu'il avait fait pendant cette année-là où ils ne s'étaient pas parlé donc. Enfin, elle se posait surtout une question. Avait-il seulement pensé une fois à elle ?

Lorenzo prenait son mal en patience. La rancune de Nina était légitime, en fait, même si elle agaçait le professeur. Il avait été dur avec elle, il en subissait aujourd'hui les conséquences. Si ça n'avait pas été Nina, mais n'importe quelle autre jeune fille, il serait parti depuis bien longtemps, aurait laissé tombé. Après tout, une fille en valait une autre, pour lui. Mais pas Nina, elle échappait à cette règle, elle était unique et aucune fille de son âge ne lui arrivait à la cheville, malheureusement pour lui. Et puis, s'il était ici, avec elle, le soir de la Saint Valentin, c'est qu'il voulait passer la soirée avec elle. Ce n'étaient pas deux ou trois piques qui allaient l'en empêcher. Il fallait juste que Nina ait envie d'arrêter, qu'elle ne trouve plus de raison à continuer son petit jeu, qu'elle oublie, qu'elle comprenne ces choses non dites que Lorenzo mourrait d'envie de lui hurler.

Bonne question ... Je voulais simplement passer une soirée en tête à tête, avec toi, et j'ai pensé que tu devais apprécier ce genre de soirées. Je voulais juste te faire plaisir. Mais je me suis trompé, peut-être ? Si tu préfères, j'éteins toutes les bougies, j'allume la lumière et mets toutes les décorations à la poubelle.

Sa proposition était un peu provocante, en ce sens qu'elle poussait Nina à avouer que tout cela lui plaisait, même si elle était agréable comme une porte de garage. Il voulait qu'elle avoue ce qu'elle pensait. Enfin, peut-être sa rancoeur serait elle plus forte que son envie de passer une soirée romantique avec lui. Au moins, Lorenzo serait fixé. Il en avait plus qu'assez d'avancer dans le flou même si, il le savait bien, c'était lui qui se brouillait l'esprit. Il ne savait pas ce qu'il faisait, alors comment savoir où aller ? Il était marié et se retrouvait dans une chambre d'hôtel avec une de ses élèves et anciennes maîtresses. Son coeur battait fort, mais il ne savait dire pourquoi. La culpabilité qui lui conseillait d'arrêter tout sur le champ, ou l'excitation qui lui indiquait plutôt de prendre Nina dans ses bras pour l'embrasser ? Il ne pouvait dire la raison de ses préoccupations, peut-être par peur de la réponse. C'était donc ça, que ressentaient ces maris trompeurs, ceux qui inventent des excuses bidons à leur femme pour passer du temps avec une autre. L'italien était devenu comme eux, il ne valait pas mieux. Sur le coup, il eut une très mauvaise image de lui-même. Puis, il réalisa que, du moment que Tiffany ne l'apprenait pas, tout irait bien. Du moment que personne ne l'apprenait, plutôt. Après tout, sa femme ressentirait surtout de la peur, plutôt que de la tristesse, ce qui serait facile à gérer, d'après lui. Mais si ça venait à se savoir ... Les conséquences semblaient trop dramatiques pour qu'il y pense plus longtemps. Il se demanda alors si son père avait pensé ainsi aussi, quand il trompait sa mère. A croire que, chez les italiens, c'était un gène latent qui ne demandait qu'à se réveiller. Machisme oblige.

New York ... C'était magique.

Il but une gorgée de sa coupe et mangea une bruschetta, le temps d'ordonner ses idées. Tant de mots venaient à sa bouche et se battaient pour sortir en premier. Les premiers mois à NY avaient été magique : libre et indépendant dans une ville qui tourne à 100 à l'heure, et qui vous entraîne dans sa course folle. Il ne passait pas une minute sans rien faire. En plus, là bas, il n'avait pas été un simple professeur de lycée inculquant les mathématiques à des élèves détestant la matière. Il avait fait face à de vrais passionnés, des étudiants qui étaient là par choix et qui aimaient la matière, comme lui. Qui aimait les challenges. Après tout, si Lorenzo aimait les maths, c'était aussi parce que chaque problème, chaque énoncé, était un défi à relever. Le rital aimait les défis. Intelligent et logique, il aimait chercher. Mais ce qu'il aimait par dessus tout, c'était trouver et réussir. New York lui avait apporté tout ça.

Là-bas, tu as vraiment l'impression de vivre ta vie à fond. Tu n'es pas posé rangé dans une petite maison, avec tes habitudes que tu répètes inlassablement tous les jours. C'est une ville vivante qui te bouscule tous les jours, et c'est génial.

Et, peut-être, Lorenzo était-il nostalgique parce que, là-bas, à New York, il n'était pas encore emprisonné. Mais ça, c'était une autre histoire. Hors de question d'y penser maintenant.

Tu y es déjà allée ?

Il avait trop parlé de lui et détestait ça. Même s'il se savait être un sujet de discussion passionnant, il avait toujours eu pour coutume de faire parler ses interlocutrices, afin de les flatter, de les valoriser ... Tout était calculé, tout le temps. Si elle répondait non, il lui ferait la promesse de l'emmener un jour. Si elle répondait oui, il suggérerait de s'y rendre un jour, rien qu'à deux. Après tout, il était là pour la reconquérir.