jersey & kennedy

❝ herewecome. Life is a mystery, everyone must stand alone, I hear you call my name, And it feels like home, When you call my name it's like a little prayer, I'm down on my knees, I wanna take you there, In the midnight hour I can feel your power, Just like a prayer you know I'll take you there I hear your voice, it's like an angel sighing, I have no choice, I hear your voice, Feels like flying, I close my eyes, Oh God I think I'm falling Out of the sky, I close my eyes. Heaven help me ❞ LIKEAPRAYER. © CJ.POMME'

Aujourd'hui était un jour comme un autre, mais pour une raison qu'elle ignorait, Kennedy avait très envie de se rendre à l'église cet après-midi là. Ne soyez pas surpris, la jeune femme s'y rendait très souvent, elle était d'ailleurs une fervente croyante et pratiquante - bon, pas trop non plus mais tout de même ; c'était sûrement pour cela qu'elle s'entendait si bien avec les aînées Mc Clair. On dit souvent que les opposés s'attirent, mais Kennedy, elle, croyait plutôt à la théorie du qui se ressemble s'assemble. Et lorsqu'elle s'était réveillée ce matin-là, seule dans sa chambre d'hôtel, elle avait eu une folle envie de se retrouver entourée de gens qui partagaient ses valeurs et qui la comprenaient.

Après avoir sauté le petit-déjeuner, elle avait pris une douche puis s'était préparée. Comme cet hôtel était déprimant ! La plupart des gens qu'elle y croisait étaient soient des couples clandestins, des jeunes paumés qui se posaient pour une nuit, quelques familles et ... c'était tout. Quoi qu'il en soit, Kennedy allait finir dépressive si elle continuait à vivre ici. Cette chambre qui était censée être son domicile provisoire commençait à l'être depuis un peu trop longtemps. Mais voilà, elle n'avait toujours pas de nouvelles de Mark et le manque commençait à se faire ressentir, malheureusement elle n'était pas certaine qu'il en soit de même de son côté. Kennedy s'en voulait tellement. Mais ce qui était fait était fait et elle n'avait plus qu'à attendre de recevoir un signe de la part de son mari meurtri, par sa faute.

La jeune femme décida de se rendre à l'église à pied. Après tout l'endroit n'était pas si loin de son hôtel et puis, respirer un peu l'air frais lui ferait le plus grand bien. Elle espérait même croiser Mark. Mais en même temps, redoutait de croiser un ou une Magnolienne qui se rappellerait du scandale du centre commercial. Inutile de préciser que si tel était le cas Kennedy allait bien vite se retrouver rouge comme une tomate. Après s'être élancée dans la rue, elle regretta bien vite d'être venue à pied. Evidemment qu'elle allait croiser des anciens voisins, quelle idiote. Kennedy pressa le pas en baissant la tête. Une fois de plus elle se sentait ridicule. L'arrivée à l'église fut un tel soulagement qu'elle lâcha un soupir une fois entrée dans l'imposante bâtisse. Se rendant compte qu'elle avait soupiré un peu trop fort dans la demeure du seigneur, Kennedy porta une main à sa bouche. Après avoir repris son sérieux, elle se dirigea vers le bénitier, mit quelques gouttes d'eau bénite sur son front, sa poitrine et ses épaules de façon à former une croix, puis alla s'asseoir du côté droit de la nef (sisi vocabulaire) sur un siège froid et peu confortable. Elle ne se mit pas à prier, seulement à penser, à méditer, et s'évader un peu de ce monde de brutes. Elle ne remarqua pas que quelqu'un venait de s'asseoir à côté d'elle.

Quand on vivait avec une mère comme Judith Livingstone, difficile de passé à côté de la religion. Très croyante, elle avait essayé de transmettre ces valeurs auxquelles elle croyait tant à ses enfants… Si sur certains points, Jersey n’était pas du tout d’accord avec sa mère, sur celui-ci, elles étaient plutôt sur la même longueur d’ondes. Jersey était croyante, mais ce n’est pas pour autant qu’elle était forcément très pratiquante… Les messes du dimanche matin, par exemple, n’étaient définitivement pas sa tasse de thé. Tout de même, elle restait très attachée à l’une des coutumes chrétiennes : aller se confesser. Dès qu’elle se sentait mal pour quelque chose, par exemple, lorsqu’elle avait l’impression de ne pas respecter sa ligne, lorsqu’elle dépensait trop d’argent dans une paire de chaussures, ou encore, lorsqu’elle sortait avec le mari d’une amie, elle allait directement se confesser. En fait, cette dernière raison était un peu la venue de Jersey Livingstone à l’église ce matin-là.

Après avoir petit-déjeuner en compagnie de son père, elle avait pris une longue douche bien chaude et s’était habillée. Aujourd’hui, elle ne savait pas quoi faire de sa journée… Elle n’avait envie de voir personne, hormis Bethany, mais celle-ci était sûrement occupée par ses petits jobs. La seule personne à la limite que les nerfs de Jersey voulaient bien supporter aujourd’hui, c’était Kennedy. Or, elle n’avait pas vu celle-ci depuis un bout de temps… Elle savait qu’elle était en froid avec Mark, et pour cause, elle était sortis quelques fois avec lui c’est dernier temps, et il lui avait dit que Kennedy ne vivait plus chez lui. Dans le fond, Jersey était réellement peinée pour son amie, mais par peur, elle n’avait pas essayé de prendre de nouvelles d’elle… Peur de quoi ? Peur qu’elle la déteste. Elle ne savait pas si son amie était au courant pour Mark et elle, et elle espérait vraiment que non… Alors pourquoi le mannequin continuait à le voir ? Par envie, parce que dans le fond, elle n’avait jamais cessé de l’aimer depuis son départ lorsqu’ils étaient adolescents… Il avait été son grand amour, comme son plus gros chagrin. Elle avait été contente de le retrouver, mais voilà, elle commençait à culpabiliser… Alors rien de mieux qu’une petite visite au confessionnal, n’est-ce pas ?

Au volant de sa Mini Cooper, elle ne tarda pas à arriver à destination. Il n’y avait pas grand monde ce matin, et tant mieux, Jersey n’aimait jamais rencontré ses voisins lorsqu’elle venait se confesser… Le père avait tout son temps pour elle, et ils parlèrent assez longtemps ensemble. Au final, Jersey était sûre d’une chose : il fallait absolument qu’elle parle à Kennedy. Mais comment ? Elle n’aurait jamais le courage de lui téléphoner, ou pire de lui rendre visite… Quand bien même elle était déterminée. Pourtant, en sortant du confessionnal, elle restait quelque peu dépitée… Elle promena son regard à travers l’Eglise, et là son regard se posa sur elle. Kennedy. Ce devait être un message du divin, il lui donnait une seconde chance pour se rattraper, elle devait le faire ! Très vite, Jersey joint ses mains contre sa poitrine, levant les yeux au ciel, elle murmura un : « Merci mon dieu ! ». A ces mots, elle s’élança vers Kennedy qui était alors assise sur l’un des bancs de la nef. Celle-ci était en train de prier, Jersey hésita à s’asseoir à côté d’elle… Elle ne voulait pas non plus la gêner ! Mais bon, c’était le moment ou jamais.
Quand elle fut assise, elle fixa son amie sans savoir quoi faire… Elle ferait mieux peut-être d’attendre qu’elle ait fini. Mais les minutes commençaient à se faire longues, et de toute manière, Kennedy allait bien se rendre compte un moment ou un autre qu’elle avait de la compagnie. Alors, contre toute attente, Jersey lança sans trop réfléchir :

« Hey Kennedy ! Je te gêne ? »

Ouais bien sûr qu’elle la gênait… Pour le coup, Jersey se sentait un peu idiote, mais sans laisser le temps à Kennedy de répondre, elle reprit :

« Ouais bien sûr que je te gêne, excuse-moi. Mais j’ai vraiment besoin de te parler ! »

Elle espérait que Kennedy voudrait bien l’écouter, après tout, elles étaient sous l’œil du Christ et du tout-puissant !

Assise sur cette chaise peu confortable qui lui faisait mal au derrière, Kennedy faisait le bilan de sa vie et réfléchissait. Elle faisait ça très souvent, et il fallait dire que ce n'était pas très réjouissant. Aucun des buts qu'elle s'était fixés adolescente ne s'était réalisé, mis à part peut-être un, et encore, elle avait encore réussi à tout faire foirer. Elle pria également Dieu de l'aider dans sa recherche d'emploi. Les CV déposés ce matin à plusieurs endroits ne manquaient pas, et avec un peu de chance, quelqu'un la prendrait. Et dire qu'elle avait 26 ans et toujours pas de travail … Kennedy se sentait vraiment minable. Heureusement, le seigneur, lui, ne la jugerait jamais. Du moment qu'elle se confessait ! Tiens d'ailleurs, il fallait même qu'elle se rende immédiatement au confessionnal au fond de la bâtisse. A cette pensée, la jeune femme ouvrit les yeux et esquissa un mouvement pour se relever. C'est là qu'elle s'aperçut qu'elle n'était plus seule. Quelqu'un était assis près d'elle, quelqu'un qu'elle connaissait très bien même. Sa gorge se serra, elle prit une seconde pour avaler sa salive puis se rassit. Jersey Livingstone.

« Euh, non, tu ne me déranges pas. J'étais en train de … enfin non rien. »

Pourquoi lui raconterait-elle sa vie après tout ? La dernière fois qu'elle l'avait fait s'était soldée par un échec. Cette amie à qui elle avait confié tout son cœur avait réduit son couple à néant. Mais Kennedy n'était pas vengeresse. Elle avait laissé l'encre couler sur cette histoire, espérant que bientôt tous les voisins aient oublié cette petite parenthèse. Alors, Jersey voulait lui parler ? Kennedy, de son côté, n'avait plus rien à lui dire. Muette, mais rancunière.

La brune ne répondit pas dans un premier temps. Les larmes lui chatouillaient les yeux mais elle ravala cette émotion honteuse. Que lui prenait-elle ? Elle n'allait pas se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps à ce douloureux souvenir. Pas maintenant. Pas devant elle. Elle avait bien assez de temps pour ça dans sa chambre d'hôtel. Kennedy pinça les lèvres, cligna des yeux puis ouvrit enfin la bouche. Elle laissa s'échapper de ses lèvres un fin murmure.

« Dis-moi. »

De toute façon, les deux femmes n'avaient rien en commun. Si l'une inspirait l'admiration et l'envie, l'autre laissait penser honte et misère. Kennedy se sentait diminuée à côté de la jolie brune qui fut autrefois son amie. Même dans l'avilité et la trahison, celle-ci réussissait et sortait toujours victorieuse. Elle lui faisait penser à sa sœur ainée, Columbia. Cette dernière avait toujours eu de mauvaises notes ni n'était la préférée des parents, pourtant, elle avait toujours réussi à faire sentir à Kennedy qu'elle n'était qu'une sous-merde. Et Kenny l'avait crue, et la croyait toujours d'ailleurs. Alors, qu'avait la traitresse à lui annoncer ?

Kennedy était toujours la même, et c’est ce qui encouragea en quelque sorte Jersey à continuer sa bonne action. Au moins, sa rupture avec Mark ne l’avait pas changée… Elle formulait des phrases hésitantes, toujours si peu sûre d’elle, un côté de la jeune femme que Jersey avait toujours trouvé mignon. Un court instant, il fallait avouer que le mannequin s’était un peu senti intimidé face à Kennedy, elle avait eu peur de lui parler pour s’excuser, peur qu’elle la déteste et surtout peur de sa réaction. Mais retrouver cette bonne petite Kenny était rassurant, même si rien n’était gagné, après tout, rien ne disait que la jeune Smith ne la détestait pas dorénavant… Jersey attendait que Kennedy reprenne la parole pour enfin se lancer. Dans un murmure presque inaudible, la jeune femme l’invita à lui dire ce qu’elle avait à lui annoncer. Son expression avait changé, elle semblait retenir un chagrin et Jersey se sentait coupable. Peut-être aurait-elle mieux fait de ne pas venir la déranger, peut-être que justement, elle ne faisait qu’enfoncer le clou… Mais la jeune Livingstone voulait vraiment continuer sur sa lancée, pour une fois, elle avait eu l’impression de faire les choses biens. Elle n’allait pas laisser des idées sordides lui prendre cette idée !

« Ecoute, c’était pour parler de Mark… »

Pour l’instant, elle commençait bien. Maintenant, plus que les excuses. En y repensant, elle avait plusieurs choses à se faire pardonner… Comme la fois où elle avait, sans le vouloir, annoncé à Mark que Kennedy l’avait trompé avec Holden. Mais après tout, elle ne pouvait pas savoir qu’il n’était pas au courant ! C’était écrit sur le site de Dirty Secret, en général, tout le monde lit les conneries que crachait ce démon du web. Enfin bref, elle ne voulait pas se chercher d’excuses mais quand même…

« Tu sais, quand je lui ai dit pour Holden et toi, je pensais réellement qu’il était au courant… Enfin, je n’essaie pas de me chercher des excuses, justement j’essaie de t’en faire. »

Elle avait utilisé le mot « excuses » c’était déjà un grand pas en avant ! Plus qu’à prononcer la formule magique, même si ça n’avait jamais été le fort de Jersey, les excuses. Elle avait beau exceller dans bien des domaines, les « cérémonies » pour implorer un pardon n’étaient définitivement pas son point fort… La dernière fois qu’elle avait essayé d’en faire, c’était à Diana, et à vrai dire, ça n’avait pas vraiment très bien tourné. Bref, elle y arriverait cette fois ! De nature très déterminée, quand la jeune femme avait une idée en tête, elle était décidée à la réaliser comme bon lui semblait. Alors, sans plus attendre, la fameuse phrase sortit de sa bouche :

« Excuse-moi Kennedy, j’ai mal agis… »

Voilà c’était fait, maintenant plus qu’à s’excuser d’avoir profité de leur rupture pour sortir avec Mark. Bon, sachant qu’elle n’était pas tout à fait sûre que Kennedy soit au courant pour ça, ce serait donc un peu plus délicat… Mais bon, il fallait bien qu’elle prenne ces risques si elle voulait que dieu lui pardonne d’avoir péché. Entendez mes prières seigneur, amen.

Le frêle cœur de Kennedy battait à tout rompre. Sans raison précise, le stress envahissait tout son petit être. Etait-ce la présence d'une amie qui l'avait déçue qui la rendait comme ça ? Ou l'atmosphère conflictuelle qui pesait dans l'église ? La nature imposante de la bâtisse n'arrangeait rien. L'église avait toujours eu le don de la calmer, mais de l'impressionner aussi. C'était comme si l'oeil du seigneur l'observait, et ça n'était pas des plus agréables. Mais au moins, elle se sentait protégée.

Mrs Smith leva les yeux vers la mannequin et posa sur elle un regard hésitant. Ce n'était pas l'hypocrisie qui la faisait agir comme ça, mais la timidité. La jeune femme avait toujours eu le don de se retrouver dans certaines situations gênantes, auxquelles elle n'avait jamais su réagir à l'improviste. Comme lorsque Scarlett et elle s'étaient retrouvées coincées dans l'ascenseur au centre commercial, par exemple. Comme lorsque Mark avait décidé de la mettre à la porte, aussi. D'ailleurs, cela faisait un bout de temps que la jeune femme n'avait plus de nouvelles de Holden, quand elle y réfléchissait bien. Il lui manquait. Kennedy avait fini petit à petit par annoncer à ses amis qu'elle vivait à présent à l'hôtel ; plus aucune raison ne la poussait désormais à passer chez les Turner. Quoi qu'il en soit, c'était pour l'instant dans cette silencieuse église qu'elle se trouvait, et la personne en face d'elle avait quelque chose à lui dire.

Kennedy l'écouta. Parler de Mark ... Evidemment, quoi d'autre ? Il était désormais le seul sujet de conversation des voisins à son sujet, alors ... Kennedy honnêtement n'avait aucune envie de parler de ça. Cela lui faisait déjà suffisamment de peine à son goût, inutile d'en rajouter. Les sujets qui fâchent étaient sans doute les plus difficiles à aborder pour elle. Jersey voulait sûrement bien faire, mais c'était peine perdue ; Kennedy en avait plus qu'assez. Elle savait très bien que tout ça était arrivé par sa faute même si elle n'était pas la seule coupable dans l'histoire, et s'en mordait les doigts chaque jour. Tant pis, elle se les mordrait aujourd'hui encore un peu plus.

« Et bien non. Mark n'est pas du genre à lire ce genre de blog, et moi non plus. »

Trancha-t-elle d'une voix posée. Ouf, elle faisait des petites folies là. Kennedy avait limite l'impression de 'répondre' à Jersey, chose qu'elle n'osait jamais d'habitude. Mais là le sujet l'exaspérait réellement. Elle avait envie d'en finir avec tout ça. C'en était trop.

« Si ç'avait été le cas, lui et moi ne serions certainement jamais allés au centre commercial ensemble ce jour-là, d'ailleurs. »

Ajouta-t-elle afin d'être certaine de bien s'être fait comprendre. Certes, si Mark n'avait pas appris la nouvelle de la bouche de Jersey cela aurait été d'une autre personne. Mais là n'était pas le problème. Le fait est que Jersey était pour elle bien plus qu'une simple voisine à l'époque. En outre, elle ignorait que Jersey aimait tant fourrer son nez dans les affaires sales de ses prétendues amies en allant directement en parler au mari. Soit. Elle haussa les épaules d'un air détaché, comme si rien de tout ça ne l'atteignait plus. Mais Kennedy n'avait jamais été très douée en théâtre.

« Tu m'as déçue, c'est tout. Mais j'accepte tes excuses. »

Quoi dire sinon ? C'était vrai, Kennedy l'excusait. Ce n'était pas la faute de Jersey, ce n'était pas elle qui avait trompé son mari avec son beau-frère, c'était bien elle. Voilà, tout était dit.

Bon, si un court instant Jersey avait cru retrouver cette chère petite Kenny, il fallait dire qu’elle s’était quand même quelque peu ‘dévergondée’. Enfin non, ce n’était pas vraiment le bon mot, mais la jeune femme semblait à présent un peu plus sûre d’elle… Elle faisait des progrès, Jersey était presque fière d’elle, même si c’était presque déplacé à ce moment-là. Enfin bref, apparemment ce n’était pas le genre du couple Smith de lire les potins de cette chère Dirty Secret… Jersey ne le savait pas, et de toute manière, quelqu’un l’aurait bien annoncé à jour ou l’autre à Mark. Bien sûr, c’était une mauvaise excuse, mais les faits étaient là, et le couple Smith était maintenant détruit, c’était entièrement la faute à Kennedy, bien que Jersey est un peu participée à cela quand même. C’était ce que se disait le mannequin pour se rassurer, même si dans le fond, elle continuait à s’en vouloir… Elle qui n’avait pourtant pas l’habitude de regretter ses actes – trop sûre d’elle pour cela –, mais elle n’en finissait pas de culpabiliser avec Kennedy. Faut dire, elle n'était pas l’amie la plus rassurante du monde… Les gens normaux, lorsqu’on leur faisait une crasse, ils réagissaient, mais au contraire, la jeune Smith gardait le silence, et au final Jersey n’avait jamais vraiment su si la jolie brune lui en voulait, jusqu’à aujourd’hui… Et apparemment, c’était décidemment le cas. Du moins, elle l’avait déçue, ce qui était compréhensible. Jersey s’était même déçue elle-même, et pourtant, ce n’était pas dans ses habitudes.

« J’aurai du prendre de tes nouvelles plus tôt, mais j’avais tellement honte… Tu sais, je t’apprécie réellement Kenny, même si je n’en ai pas vraiment l’air parfois. »

Assura-t-elle une bonne fois pour toute ; elle voulait que Kennedy le sache ça, même si au final, elle s’en fichait peut-être. Après tout, Jersey avait été traite, elle ne méritait dorénavant plus de la considération de son amie. Mais bon, Jersey n’avait pas fini ses excuses, le pire restait à venir… Elle avala sa salive, fixant le devant de l’Eglise pour se donner du courage.

« Écoute, il y a une autre chose pour laquelle j’aimerai m’excuser. »

Bon, elle ne pouvait plus faire machine arrière maintenant. Il fallait qu’elle dise de quoi il s’agissait. Elle tourna la tête vers son amie, son cœur s’emplissant presque de peur, elle le sentait battre à tout rompre… Comment allait réagir Kennedy lorsqu’elle lui dirait qu’elle avait profité de sa rupture avec Mark pour sortir avec ? Mal sûrement ; Jersey était foutue. Elle serra ses mains, devenues moites, et son regard se baissa soudainement vers celles-ci… Elle avait peur du regard de la jeune Smith, à cause de la honte sans doute. Mais, sans plus attendre, elle tenta de se lancer :

« Tu vois, après que Mark et toi vous aillez pris vos distances… Eh bien, il m’a proposée de sortir plusieurs fois, et je dois avouer que je n’ai pas hésité avant d’accepter. Au début, je pensais que ce n’était rien de bien méchant, que je ne te trahissais pas réellement… Mais voilà, au fil des jours, je me suis sentie de plus en plus mal pour toi, me rendant compte qu’au final j’étais vraiment une garce ! »

Voilà, ça c’était fait. Jersey était sincère, elle se sentait vraiment garce pour le coup, et ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Enfin bref, elle l’avait dit c’était le principal… Elle espérait que Kennedy ne le prendrait pas trop mal, même si elle ne voulait pas se faire d’illusion non plus.

Kennedy ignorait comment elle avait fait pour sortir des phrases comme ça à Jersey, mais en tout cas elle était assez fière d'elle. Comme quoi le livre "Comment avoir confiance en soi" qu'elle lisait à l'hôtel était efficace ! L'auteur était génial. Il conseillait de se répéter dans son lit chaque matin et chaque soir la phrase suivante "Tous les jours à tout point de vue, je vais de mieux en mieux". Cet ouvrage tirait ses idées de la méthode Coué, que Kennedy avait découverte il y a seulement très peu de temps. Autant dire qu'elle n'avait pas dépensé le peu d'économie qu'elle avait pour rien. C'était un investissement utile, au moins. Néanmoins, chassez le naturel il revient au galop, Kennedy restait avant tout une fille réservée. Et si elle avait osé dire avec fermeté à Jersey ce qu'elle pensait il y a un instant, pas sûr qu'elle réussisse à tenir la distance face à elle. La mannequin l'avait toujours impressionnée et il n'était pas à l'ordre du jour question que cela change, même si elle aimerait bien. Kennedy avait tendance à être impressionnée très vite, mais la popularité de son ex-amie avait renforcée ce sentiment. La jeune femme inspira bruyamment pour se donner du courage.

« C'est pas ta faute, c'est pas toi, Jersey ... »

Kennedy avait un peu eu du mal à se l'admettre à elle-même, mais si aujourd'hui son couple avec Mark était en miettes, ce n'était ni la faute de Jersey ni de Holden ni de quiconque d'autre. Elle avait essayé de ramener sur le devant de la scène la cupabilité des gens qui avaient participé au désastre, puis avait arrêté de se mentir à elle-même. Si elle n'avait pas cédé aux avances de Holden, si elle avait été forte et ne s'était pas laissée manipuler, si elle avait dit merde une bonne fois pour toutes pour la première fois dans sa vie, rien de tout ça ne serait arrivé.

« S'il y a quelqu'un à blâmer c'est moi je le sais. C'est fini de toute façon. Je t'en veux plus. »

Jersey sembla soulagée. Malgré tout elle ne semblait pas être décidée à partir, elle avait même encore apparemment autre chose à lui dire. Kennedy baissa les yeux mais était néanmoins tout ouïe. Elle les leva vers la jolie brune lorsque celle-ci commença à s'exprimer. Elle la laissa parler, raconter sa petite histoire. Kennedy ne lui coupa pas la parole, ne la gifla pas, ne s'énerva pas. Son visage ne changea pas d'expression pourtant si l'on regardait attentivement ses yeux on pouvait y lire toute la déception qu'ils exprimaient. Kennedy resta un instant silencieuse, complètement sonnée par la nouvelle. Elle ne savait pas quoi lui dire. Que répondre à ça ? Tu as profité de ma "séparation" avec Mark pour te taper mon mari et ensuite tu viens t'excuser mais sinon tout va bien ? Toute personne normalement constituée (Nina) aurait de toute évidence pété un plomb dans cette situation. Mais pas Kennedy. Elle baissa les yeux, blessée. Mais comme les larmes lui montaient et qu'il fallait à tout prix sauver les apparences, elle regarda ailleurs, comme pour trouver l'inspiration à quoi répondre. Malheureusement, le seigneur ne l'aida pas beaucoup.

« D'accord. »

C'était le seul mot qui réussit à sortir de sa bouche pétrifiée. Elle haussa les épaules, l'air de s'en fiche éperdument. Si Jersey était réellement son amie, elle saurait voir à travers. C'est ce que Kennedy se dit avant d'ajouter toutefois, n'en pouvant plus :

« Merci de ta sincérité. Au moins tu assumes et sache que je ne suis pas en total désaccord avec ton dernier mot. »

Là, c'était son bouquin de chevet qui parlait une nouvelle fois. Elle n'avait pas clairement dit à Jersey qu'elle était une garce certes, mais la brune avait admis elle-même en être une, Kenny n'avait fait qu'appuyer ses propos. Elle n'allait sûrement pas lui dire l'inverse, oh non.

Jersey était contente : Kennedy ne lui en voulait plus, reconnaissant que toute cette histoire était aussi en grande partie de sa faute. Le mannequin ne pipa mot, même si elle n’en pensait pas moins… Bien sûr que c’était sa faute, quand on trompait son mari, il fallait bien au moins reconnaître que s’il casse, elle en est l’entière responsable. Pourtant, le pire n’était pas dit… Jersey avait encore quelque chose à avouer à Kennedy, et ceci n’allait sûrement pas la ravir. Cette fois-ci, c’était bien de la faute de Jersey et elle n’aurait pas d’excuses. Pourtant, elle avait pris son courage à deux mains et avait réussi à avouer de ce qu’elle avait de si important à lui dire… Comme prévu, Jersey s’en doutait, Kennedy réagit mal, même si elle ne disait rien, ça se voyait à l’expression qu’elle abordait. Au début, elle lâcha un seul mot : « D’accord. » Jersey ne savait pas comment réagir. Elle fixait son amie avec des yeux inquiets, attendant la suite… Celle-ci continua à parler, remerciant le mannequin pour sa sincérité, mais avouant dans le même élan qu’elle n’en pensait pas moins que Jersey : que cette dernière était en effet une garce. Il fallait avouer qu’elle était assez surprise de la réaction de Kenny… Elle réagissait très bien, sans énervement avec un calme impressionnant. Sur le coup, Jersey avait beaucoup de respect pour elle, à sa place, dieu seul sait à quel point elle se serait énervée !

« Excuse-moi, vraiment. En tout cas, je trouve ta réaction admirable… Je ne sais pas comment tu fais pour rester si calme. »

Ce calme l’a perturbait presque, elle qui s’était attendu à une engueulade, mais non. Bien que ce fût peut-être mieux comme ça, Jersey aurait presque voulu que Kennedy lui crie dessus juste pour être sûre qu’après, si elles se réconciliaient, la haine était réellement passée. Pour le coup, là, elle ne savait pas trop à quoi se rattacher et ne savait pas non plus exactement ce qu’avait Kenny derrière la tête. Une situation presque déstabilisante.

« Dit ce que tu penses franchement, gueule moi dessus si tu veux mais je t’en prie ne soit pas aussi passive… »

Supplia presque Jersey avait un demi-sourire. Cela pouvait paraître stupide, mais elle s’attendait tellement à se faire presque gronder par son amie… Pour le coup, elle n’avait pas l’impression d’accompli sa mission correctement.

« Mais j’aimerai savoir un truc. Est-ce que tu penses qu’un jour ce sera possible qu’on reprenne notre amitié où on l’avait laissé ? Parce que tu sais, tu me manques Kenny. »

Elle savait que ce qu’elle demandait été assez déplacée… Mais Jersey était une femme exigeante, elle voulait le beurre et l’argent du beurre. En s’excusant auprès de son amie, elle n’attendait pas seulement qu’elle lui pardonne, mais qu’elles redeviennent carrément amies. Peut-être était-ce trop demander ? Sûrement, mais Jersey visait toujours très haut.

Kennedy assumait totalement le fait d'avoir trompé ce mari qui la rendait si malheureuse ; à son grand malheur elle n'avait jamais d'ailleurs eu l'occasion de le lui dire, Mark l'avait foutue à la porte avec perte et fracas sans qu'ils aient de réelle conversation. Jersey avait raison, elle non plus elle ignorait comment elle faisait pour rester de marbre face à une telle nouvelle. Un nouveau coup de couteau dans le dos, une nouvelle trahison.. Pourtant Kennedy ne s'énervait pas. Au fond d'elle, bien sûr, son monde était en train de s'écouler - à qui pouvait-elle réellement faire confiance dans ce quartier ? - mais aucun son ne sortait de sa bouche. Pas qu'elle ne voulait pas, juste qu'elle ne pouvait pas. Ce n'était pas dans son caractère de taper un scandale ou de tout péter lorsqu'elle était énervée. C'était peut-être une qualité rare mais en tout cas elle réussissait à contenir sa colère et son désarroi en elle. Kennedy était ce genre de fille dont on ignorait le réel fond de sa pensée. Et si Jersey s'était attendue à une autre réaction de sa part, c'est qu'elle la connaissait bien mal. Cette dernière semblait déstabilisée, Kennedy ingorait qu'elle aurait pu procurer cette sensation chez elle un jour ; d'habitude, c'était elle la mal à l'aise. La mannequin lui demandait dees explications, elle voulait en savoir plus, elle voulait que Kennedy dise ou fasse quelque chose. Quoi, elle voulait une claque ou des insultes, c'est ça ? Eh bien qu'elle se tourne vers quelqu'un d'autre pour ça, mais pas elle. Une nouvelle fois, ce n'était pas dans son tempérament, Kennedy n'était pas assez sûre d'elle pour assumer ce genre de réaction par la suite, et elle se gardait bien de le montrer.

« Non mais écoute euh ... je ne sais même pas quoi te dire voilà. » elle haussa les épaules et fit claquer ses mains sur ses cuisses. « De toute façon ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? »

Kennedy avait du mal à se dépatouiller de cette situation. Elle n'avait plus tellement envie de parler à Jersey présentement. Elle n'avait ni envie de se défouler sur elle ni de lui expliquer ce qu'elle ressentait vis-à-vis d'elle. Après tout elle devait bien s'en douter non ? Deviner ses pensées n'était pas bien difficile, même son regard trahissait sa déception. Elle se sentait simplement conne, voilà tout.

« Je savais pas que Mark t'intéressait en fait. »

C'est vrai quoi, depuis quand Jersey était-elle intéressée par son mari, car oui ils étaient toujours mariés mine de rien. Kennedy avait eu connaissance du fait que Jersey et Mark étaient sortis ensemble lorsqu'ils étaient adolescents, mais cette époque était révolue, non ? Les années étaient passées depuis cette période et les mentalités aussi normalement. Visiblement Jersey éprouvait toujours un petit quelque chose pour son mari, et ça ne lui plaisait pas même si ça elle se gardait bien de le dire.

La brune avait pris un regard innocent et demanda même à Kennedy si elle pensait à son avis qu'il soit possible que toutes deux redeviennent amies. Kennedy ignorait que Jersey possède autant de culot. Lui demander ça, maintenant, juste après avoir lâché cette bombe qui lui avait explosé à la figure ? Priceless. Si Jersey comptait enterrer son ex-amie sous-terre elle avait réussi. Honnêtement, Mrs Smith ignorait si la question de la mannequin était réellement sincère ou s'il s'agissait d'une provocation de la sorte tellement sa demande semblait déplacée et malvenue.

« Euh ... Jersey, je ne sais pas. Pas, pas maintenant en tout cas. »

Kennedy avait pris son courage à deux mains pour sortir ça et elle était autant fière d'elle qu'apeurée de la réaction de Jersey.