Le shopping tout seul était une activité que Lou n’aimait pas faire. Cependant, en cette rentrée, elle avait envie de faire de nouveaux achats. De voir que son ancienne garde robe allait être remplacée par une nouvelle. C’était toujours un bon moyen pour elle que l’année serait différente de la précédente. Il fallait aussi l’avouer : elle kiffait acheter de nouvelles choses, en particulier des chaussures. Après avoir fait une bonne partie du centre commerciale, Lou restait sur sa faim. Elle n’avait pas trouvé de choses qui l’avaient transcendée. En même temps, elle aimait bien faire du shopping avec quelqu’un d’autre juste pour que cette personne lui dise que ce qu’elle essayait lui allait bien. Seule, elle se trouvait toujours un défaut et n’achetait au final pas grand chose. Or, cette année Lou voulait vraiment prendre un nouveau départ, ce qui voulait dire beaucoup de nouvelles choses ! Déçue, elle allait se rabattre sur son magasin de chaussures préférées. Elle savait qu’elle trouverait toujours une paire qui lui ferait plaisir. Même si elle en possédait déjà beaucoup trop et qu’elle allait sûrement se faire taper sur les doigts par sa mère si celle-ci se rendait compte qu’elle avait une nouvelle fois craqué. Qu’à cela ne tienne, Lou était déterminée à ne faire ne serait-ce qu’une petit tour.

Elle entra dans le magasin et se rendit compte qu’il était désespérément vide. Il n’y avait qu’une seule vendeuse, et encore elle était en pleine conversation téléphonique, elle ne salua même pas Lou. Pas gênée pour un sou, Lou commença à faire le tour de la boutique. Plusieurs choses lui avaient tapé dans l’œil, mais elle se retenait d’essayer quoi que ce soit sauf si elle avait un coup de cœur. Et c’est là qu’elle les vit. Ses magnifiques bottines en velours noir à hauts talons. Elle n’en avait pas des come ça pour cet hiver, et il les lui fallait absolument pour compléter sa collection. Malheureusement, la jeune femme constata que la boîte de chaussure dans lequel il y avait sa taille était tout en haut de l’étagère… Comme tout à chacun le savait Lou ne mesurait pas plus de trois pommes et avait eu la bonne idée de mettre des ballerines car elle savait qu’elle allait beaucoup piétiner. Même en se mettant sur la pointe des pieds elle n’arrivait pas à atteindre la boîte. Jetant un regard noir à la vendeuse toujours à fond dans sa conversation, Lou se disait que c’était peut-être le destin qui ne voulait pas qu’elle les ait ces chaussures. « Merde. » fit-elle vraiment agacée. Réessayant une dernière fois d’attraper la boite en question, Lou commençait à s’impatienter et à surtout espérer que quelqu’un entre dans cette fichue boutique et la sauve de ce cauchemar.

Lou commençait sérieusement à s’impatienter. Elle se détestait d’être aussi petite, et surtout que cette vendeuse ne faisait rien pour l’aider. Lou l’entendait même glousser au téléphone, apparemment sa conversation était passionnante. Elle soupira, elle voulait abandonner et pourtant ce n’était pas tellement dans sa nature d’abandonner. Elle jeta un coup d’œil pour voir si un tabouret n’était pas à sa disposition quelque part, mais rien. Heureusement une voix sortit de nul part et proposait enfin son aide à Lou. En se retournant, Lou eut l’heureuse surprise de voir que c’était Elisabeth Spencer qui était entrée dans le magasin et qui lui offrait son aide. Elle ne l’avait pas reconnue, cela se voyait à l’air qu’elle avait affiché en voyant Lou. Contrairement à elle, Lou n’avait rien contre Elisabeth. Leurs rapports étaient neutres, toutefois par politesse et pour amitié envers Scarlett, Lou avait fait des efforts avec Elisabteh, pour compenser le fait d’ignorer totalement la présence de Carl… Mais Elisabeth n’était pas le genre à faire des efforts, pour une raison inconnue, elle n’était pas très réceptive lorsque Lou essayait d’engager la conversation. « Un 36 s’il te plait. » lui demanda-t-elle alors qu’elle s’exécutait sans même lui adresser un mot. Une fois qu’elle lui eut donné la boîte de chaussures. Eli lui murmura un léger au revoir avant de tourner des talons. « Attend ! » l’apostropha Lou. « Ça te dérange de me dire si elles me vont bien ? » elle lui indiqua du doigt la boite qu’elle venait de lui donner. Visiblement Elisabeth n’était pas très enchantée de voir Lou, mais cette dernière ne comprenait vraiment pas pourquoi et était bien déterminée à savoir. S’il fallait qu’elle force la main de la jeune Spencer elle le ferait sans hésitation.

« J’ai fait du shopping tout la journée toute seule, et j’en ai marre de n’avoir personne pour me donner son avis. » elle lui fit un sourire. Elle espérait qu’Elisabeth ne prenne pas peur… Cette fille était bizarre. Peut-être l’enfant Spencer la plus difficile à cerner et pourtant Scarlett et Carl n’étaient pas non plus les gens les plus évidents du monde. « Si tu ne peux pas, je comprendrai. Je pensais juste que ça pouvait être cool. » rajouta-t-elle, faisant vraiment tout son maximum pour mettre à l’aise la jeune femme sans se montrer pour autant collante. Elle retourna vers là où étaient ses chaussures, prit la boite et s’assit sur un pouf prévu à cet effet. Elle enleva ses ballerines, et enfila une bottine. Lou était encore plus sous le charme qu’elle en avait presque oublié qu’elle avait demandé à Elisabeth de rester en sa compagnie. Elle releva la tête pour voir si elle avait changé d’avis, et eut la bonne surprise de voir qu’elle n’était pas partie. Lou ne savait pas trop pourquoi, mais elle s’en fichait, au moins elle pourrait avoir un autre avis. « Tu en penses quoi ? »

Si Lou se montrait aussi agréable avec Elisabeth, c’était pour la simple et bonne raison qu’elle voulait apprendre à la connaître. C’était la sœur de Scarlett, avec qui Lou s’entendait très bien, et surtout c’était l’ancienne meilleure amie d’Andrew. Ancienne… Andrew n’avait décidément plus beaucoup d’amis et Lou prenait conscience que c’était en grande partie de sa faute. Donc elle faisait au mieux pour essayer de recoller les morceaux avec eux. Non, ce n’était pas forcément de gaité de cœur que Lou agissait ainsi. Elle voyait bien qu’Elisabeth se montrait méprisante à son égard, qu’apparemment elle ne pouvait pas la blairer, mais Lou avait décidé de ne plus être égoïste et donc faisait un effort pour apprendre à la connaître. La première idée qui lui était passée par l’esprit était de lui demander de rester pendant qu’elle essayait ses chaussures. Certes des chaussures n’étaient pas là où on avait le plus besoin de quelqu’un mais elle n’avait pas vraiment réfléchi. Lou s’était donc assise en espérant qu’Elisabeth soit de bonne humeur et ne fuie pas comme elle en avait l’habitude. Heureusement, quand Lou releva la tête, elle eut l’agréable surprise de voir qu’Elisabeth se tenait toujours non loin d’elle. Elle la complimentait même sur ses nouvelles chaussures. Wahou. Évènement du siècle, elle semblait presque être enthousiaste. « Ah merci. Je vais les prendre ! » rien ne faisait plus plaisir à Lou qu’une nouvelle paire de chaussure. Remettant ses ballerines, Lou essayait frénétiquement de chercher quelque chose pour relancer la conversation. Wahou numéro deux. Elisabeth venait en effet de le faire d’elle-même. Comme si elle désirait vraiment parler à Lou. Elle avait réussi à lui faire sortir plus de mots qu’à Carl, alors qu’ils s’étaient retrouvés bloqués dans un ascenseur durant de très très longue et nombreuses minutes. Peut-être que finalement elle commençait à prendre la main avec les Spencer !

« Cette fille est juste incroyable. Elle m’a bien vu galérer avec cette boite à chaussures, et elle n’a même pas bougé le petit doigt. » répondit Lou en remettant sa nouvelle paire de botte dans sa boite. Elle se leva ensuite. « Heureusement tu es arrivée. Quel hasard. » dit-elle un petit sourire aux lèvres. Elle se doutait bien que dans la tête d’Eli ça ne devait pas sonner ainsi mais plutôt comme quelle barbe. « Tu m’accompagnes payer ça et je t’invite prendre un café ? Histoire de te remercier. » Lou ne laissait vraiment pas le choix à Elisabeth, elle se dirigeait déjà vers les caisses et s’imposa à la vendeuse incompétente qui daigna enfin poser son téléphone un peu plus loin. Elle paya ses nouvelles chaussures et prit la direction de la sortie. « Où veux-tu aller ? » impossible qu’elle puisse se défiler, pas quand Lou y mettait tant de bonne volonté.