Nouvel An approchait à grands pas. Encore dix jours, certes, mais Andrew avait décidé de s'y prendre d'avance, poue acheter l'alcool. Non, il ne s'agissait pas d'une bonne résolution prise à l'avance, il avait juste l'intention de comater durant les prochains jours, avec Lou, dans son lit, or il voulait également servir à ses invités autre chose que du lait périmé.

Pour se faire, il avait demandé l'aide de sa douce (à chaque fois j'écris douche --'), non sans gêne. Il ne s'était pas aventuré dans un rayon alcool depuis bien longtemps, et il ne voulait pas accomplir sa première fois sans Lou. Si jamais il devenait fou, se jetait sur toutes les bouteilles pour tout boire, elle serait là pour le retenir (elle a fait de la boxe, je rappelle). Au début, il voulut proposer à son ancien meilleur ami qui refaisait doucement surface à l'aide de pokes sur facebook, mais accuser un nouveau refus aurait définitivement enterré son ego, or il en avait encore un peu besoin. Et puis, ça serait l'occasion de faire les courses avec sa copine, c'était une activité qu'ils n'avaient encore jamais expérimenté ensemble. Andrew était niais, il voulait touf faire avec sa belle. Ainsi, lors de son prochain passage au supermarché, sa petite tête penserait "oh je me souviens, quand je suis venu avec Lou ici, c'était tellement bien".

Ils entrèrent donc dans le supermarché, tel un vieux couple, Andrew poussant le caddie et Lou tenant la liste qu'ils avaient difficilement élaboré à deux. Prononcer chaque nom d'alcool fut une épreuve, pour l'un comme pour l'autre. Lou craignait que Andrew ne se désintègre à l'écoute du nom ; Andrew craignait que Lou se poser des questions typiques comme "était-il dépendant de cet alcool là ?". Mais ils étaient forts, ils réussiraient cette épreuve sans perdre tous leurs points de vie. "Il est où le rayon alcool ?". L'évitant depuis 2 ans maintenant, Andrew n'en avait tout bonnement aucune idée. Pourtant, à chaque fois qu'il l'apercevait, il reproussait chemin et s'engoufrait dans un autre rayon, comme si l'alcool aurait le pouvoir maléfique de l'attirer jusqu'à lui.

Lou n’avait pas su comment Andrew avait eu l’idée d’organiser une fête pour la nouvelle année, mais en tout cas, aujourd’hui son cher et tendre lui avait demandé de venir faire les courses pour préparer la soirée. Avec plaisir, Lou avait accepté. Elle s’était rendue compte ensuite que c’était surtout pour acheter tout ce qui est alcool qu’Andrew avait eu besoin d’elle. Il ne se sentait sans doute pas capable d’affronter ses vieux. Déjà on va passer le fait qu’ils n’ont pas vingt-et-un et qu’ils ne peuvent donc pas acheter de l’alcool solo mais bon (a). Lou avait envie de partager chaque moment de la vie d’Andrew, même si cela voulait dire une virée shopping dans le rayon alcool du magasin de ses parents. Après avoir établit un début de liste, ils avaient pris la direction du Super Market ensemble. C’était aussi la première fois qu’ils faisaient des courses ensemble, et ce serait le test parfait pour savoir s’ils pouvaient se supporter et vivre ensemble dans un futur proche. Certes ils venaient simplement chercher des chips et de la tise, mais c’était quand même un bon début !

Il poussait donc le caddie, alors que Lou tenait la liste dans sa main droite et un stylo dans la gauche prête à rayer les choses déjà acquises. Déjà Andrew demandait où était le rayon alcool. Il voulait commencer par le plus dur, d’accord. Lou mit quelques secondes avant de répondre à son amoureux, s’attendant déjà à essuyer quelques situations gênées. « C’est tout au fond à gauche. » dit-elle en lui montrant avec son doigt. Et oui, les parents de Lou tenaient la superette depuis quelques années maintenant, et la jeune femme connaissait donc le magasin comme sa poche. Elle s’y dirigea donc, Andrew la suivant, en silence. Lou n’allait pas supporter cette situation bien longtemps. Déjà parce qu’elle ne supportait pas le silence, surtout avec Andrew. En général ils avaient toujours un truc à dire, mais si c’était totalement idiot, ou futile. Ils étaient deux grands bavards et c’est aussi pourquoi ils s’aimaient si fort. Le silence qui s’imposait n’était tout simplement pas naturel. Une fois qu’ils arrivèrent dans ledit rayon, Lou s’arrêta devant les bouteilles de champagne. Ce n’était pas un alcool pour se mettre une mine de fou, c’était l’alcool bon enfant qui allait permettre à tous les invités de trinquer pour la bonne année. Lou décida qu’il était sage de commencer par ça. « Tu veux prendre des bouteilles de champagne ? » elle se posta devant les bouteilles en mode potiche qui fait le juste prix. « Ou alors tes invités ne sont pas assez dignes pour boire une bonne bouteille. » finalement elle essayait de la jouer cool ; sous entendu tes invités seront plus occupés à se torcher la gueule qu'à déguster une bonne bouteille de champagne. Qui sait, peut-être qu’après cette étape difficile le tabou au sujet de la cure d’Andrew ne sera plus de mise ? Lou adorerait entendre parler de ce chapitre-là de la vie de son chéri. Ça faisait partie de lui. Et Lou avait envie de toute connaître, même les côtés les plus sombres.

L'avantage de faire des courses au supermarché avec Lou, c'est qu'elle connaissait le magasin comme sa poche. Pour cause, sa mère et son beau-père en était les propriétaires. C'est donc sans souci que la jeune femme les guida jusqu'au lieu dit. Il appréhendait, forcément, même s'ils s'étaient appliqués à ne rien laisser au hasard. Leur liste étant déjà toute prête, ils devaient juste remplir le caddie et s'en aller aussi vite qu'ils étaient arrivés.

Malheureusement, le destin - Lou plutôt - en décida autrement. A peine entrés dans le rayon, Lou changea leur plan bien préparé, et proposa du champagne. Non, ce n'était pas sur la liste. Oui, Andrew allait devoir prendre une décision. Il regardait les bouteilles comme un ancien obèse regarde la vitrine d'une boulangerie. La question de Lou était simplement, pourtant Andrew se sentait comme un étudiant devant une copie blanche en plein examen. "Veux-tu prendre du champagne pour le Nouvel An ? Calculatrice et dictionnaire interdits, vous avec 4h". Il inspira un grand coup, et regarda Lou, ne pouvant fixer les bouteilles une seconde de plus. « C'est Nouvel An donc le champagne est de mise, non ? » Mais maintenant, il devait choisir le champagne, nouveau challenge. Ses yeux allaient de marque en marque, beaucoup étaient synonymes de mauvais souvenirs. Enfin, il tomba sur une bouteille qu'il ne connaissait que de nom. « Veuve Clicquot, prenons ça ... » Il attrapa une à une les bouteilles, mal à l'aise. Le verre froid contre sa peau fut pire que la goutte de vin de Thanksgiving. Il se contrôlait avec difficulté, et se haïssait pour ça. Cela faisait plus d'un an qu'il avait réglé ce problème, pourquoi n'était-il pas capable d'agir normalement ? Qui plus est devant sa petite amie, et dans le magasin de ses parents. Il devait y mettre du sien, vraiment, ou il risquait de transformer le supermarché en un carnage digne de la maison des marseillais à Miami. Une fois toutes les bouteilles dans son caddie, il regarda Lou à nouveau. « Maintenant on pourrait juste s'en tenir à la liste si possible, s'il te plaît ? » Son ton fut peut-être un peu plus cassant que voulu, et il afficha aussitôt un visage désolé. Mais il ne pouvait pas expliquer à Lou la guerre qui faisait rage dans sa tête.

Lou n’avait aucune excuse pour faire traîner en longueur le moment fatidique où ils arriveraient dans le rayon alcool. Elle connaissait le magasin comme sa poche, et pour cause elle avait pratiquement vécu ici. Bon, peut-être pas. Mais le fait est que ses parents le tenaient depuis quelques années maintenant et qu’elle avait dû y trainer de gré ou de force. Elle ne pouvait donc pas faire semblant de se perdre ou un truc autrement débile qui aurait pu lui faire gagner du temps. Et puis après tout, peut-être que d’y aller franchement était la meilleure solution. Ils avaient donc atterri dans le fameux rayon et le mal être de Lou était palpable. Quant à Andrew il était calme. Étrangement calme. Lou lui jetait des regards du coin de l’œil, et assurément elle n’avait pas l’impression d’avoir son petit ami en face d’elle. Il ne parlait pas, ne souriait pas, ne faisait pas de blague débile, ne taquinait pas Lou. Tout ce qui faisait qu’il était lui avait disparu. Lou se dit que mettre un coup d’accélérateur à cette sorite shopping ne serait pas une mauvaise chose, mais voilà qu’ils passaient à côté du champagne élément manquant à leur liste. Un nouvel an sans champagne, ce n’était pas un nouvel an ! Toutefois, ce n’était pas sa soirée, et bien qu’elle serait sans doute considérée comme une maitresse de maison durant la soirée par les autres invités du fait de sa relation avec l’hôte, Lou n’avait aucun pouvoir de décision. Elle pouvait simplement aiguiller son amoureux. Elle avait cru bon de lui proposer du champagne, mais Andrew semblait apeuré à l’idée même de prononcer le nom de l’alcool. Les courses allaient être longues… Quand il lui posa une question, la jeune femme hocha frénétiquement la tête pour marquer son accord avec lui. Il fallait maintenant la choisir, ce qui relevait clairement du supplice pour Andrew. Lou le regardait, impuissante. Il prit une bouteille et la mit dans le caddie. Chose somme toute banale, mais qui avait l’air d’être un effort surhumain pour lui.

Il lui demandait de s’en tenir uniquement à la liste, comme s’il lui reprochait d’avoir pris une initiative. Lou aurait pu se vexer, si elle n’avait pas pu observer à quel point cela le mettait aussi mal à l’aise de se retrouver ici. Mais en même temps le rôle de potiche n’était pas fait pour elle, loin de là. « Pardon, j’ai cru que ça pouvait être une bonne idée. » elle n’avait pas répondu froidement. Elle avait haussé les épaules se concentrant désormais sur la liste, puisqu’Andrew le demandait si gentiment. « Je crois qu’on devrait prendre les alcools de base maintenant. Genre vodka, tequila et rhum. C’est plutôt au fond du rayon. » elle commençait déjà à quitter la tête de gondole qui proposait toutes sortes de promotions sur le champagne. Ils dépassèrent les autres alcools, ceux pour faire toute sorte de cocktails etc. et Lou continuait toujours de lancer des regards en billet à Andrew. Qui ne semblait pas aller pour le mieux. « T’es sûr que ça va ? Sinon je peux finir toute seule tu sais. » non n’avait pas envie qu’Andrew se sente émasculer, mais bon elle pouvait acheter quelques bouteilles sans son aide.

Sa dernière envie était de vexer sa petite amie, pourtant il eut l'impression que tel fut le résultat, aux mots que Lou prononça. Il s'en voulut aussitôt, et aurait souhaité se jeter à ses pieds pour la prier de le pardonner. Ce qu'il voulait simplement dire à demi-mot était qu'il n'était pas à l'aise, ici, et qu'il n'aimait pas ça. Mais en bon garçon, il était incapable de se faire comprendre correctement par sa copine, le problème de la plupart des hommes en somme (donc sortir entre personnes du même sexe c'est mieux, donc il faut autoriser le mariage gay CQFD). Souhaitant de tout coeur se rattraper, il attrapa sa main et l"incita à se retourner pour le regarder, avant de commencer à prendre d'autres bouteilles "Je suis désolé Loulou, je ne voulais pas être méchant. Tu as eu une très bonne idée, mais j'ai un peu de mal là, ici, tu vois" Son visage afficha une petite moue maladroite, crispée, espérant que Lou ne lui tiendrait pas rigueur du mauvais ton employé précédemment. "Non ça ne va pas super bien, mais je n'abandonnerais pas. Ce n'est pas mission impossible d'acheter des bouteilles wesh" Il était un peu énervé par le manque de détermination dont il avait fait preuve jusqu'à présent. Bien décidé à changer ça, il se rapprocha des étalages pour commencer à charger le caddie. "On a écrit combien de bouteilles de chaque ?" Il ne regarda pas sa petite amie. Ce n'était pas un acte de manque de respect, il voulait simplement tenir tête à ces fichues bouteilles, les regarder droit dans l'étiquette, montrer qu'il était le plus fort. Du temps où il était alcoolique, il n'avait aucun problème pour ça, alors hors de question qu'il se laisse dominer par ses anciens démons. Il était le plus fort, et prendre une bouteille dans sa main ne signifierait pas qu'il allait replonger. Il organisait simplement une soirée de Nouvel An de fifou, en tant qu'ancien clubber expérimenté.

Il se promit que, une fois chez lui, il expliquerait tout à Lou. Enfin, du moins une petite partie de l'histoire. Intérieurement, il mourrait d'envie de tout lui raconter, mais quelque chose le bloquait, l'en empêchait, et il était incapable de mettre le doigt sur cette varrière invisible qu'il dressait entre eux malgré lui. Peut-être la peur d'effrayer son amoureuse, ou la honte. Lui si peu soucieux des convenances était capable d'avoir honte, oui. Il ne se souciait pas de l'avis des autres, mais Lou n'était pas n'importe quelle autre, elle était celle à qui il avait proposé d'emmenager chez lui, et celle qu'il avait imaginé mère de ses enfants, dans un joli rêve il n'y a pas si longtemps.

Lou n’était pas vexée, dans le fond elle était plutôt mal à l’aise et essayait de rendre la situation la plus normale possible. Elle savait bien que son attitude était vaine justement parce que la situation n’était pas normale et ne le serait sans doute jamais. Elle allait simplement devoir apprendre à vivre avec ça, car ça faisait partie d’Andrew. Comme lui luttait, elle devait lutter à ses côtés. Sans en faire trop. Elle s’en voulait donc un peu, de ne pas savoir gérer la situation telle la Wonder women que Andrew voyait en elle. Avant qu’ils ne quittent le rayon, Andrew tenait quand même à clarifier les choses, il était simplement tendu et il ne fallait pas que Lou s’en offusque. Très bien, ça elle l’avait compris. « Mais oui je sais. » répondit-elle doucement. Elle n’avait pas envie qu’Andrew se sente coupable, elle pouvait très bien comprendre que la situation était difficile à vivre pour lui, entouré de tous ses vieux démons. Elle lui fit donc un sourire rassurant, et ils prirent la direction des alcools un peu plus festifs. Cependant elle voulait s’assurer qu’Andrew était en état de continuer et qu’il n’allait pas faire une crise d’angoisse au beau milieu du rayon. Le fait qu’elle lui demande avait peut-être réveillé l’orgueil masculin qui sommait chez lui parce qu’il affirma, plus motivé que jamais, que ce n’était pas une sinécure d’acheter quelques bouteilles. Ouf. Lou était rassurée. Finalement il fallait simplement le brusquer un peu pour que le warrior en lui se réveille ! Ils allaient pouvoir terminer leurs emplettes tranquillement. « D’accord, de toute façon on en a pas pour longtemps je pense. » elle voulait le rassurer, bientôt ils allaient quitter cet air toxique et reprendre leur vie normale.

Jetant un coup d’œil à la liste, Lou cherchait le nombre de bouteilles qu’ils avaient indiqué devoir prendre. La jeune étudiante n’avait jamais organisé une fête d’une telle ampleur, et elle comptait sur la générosité de certains convives pour alimenter un peu leur buffet. Déjà qu’Andrew prêtait amicalement sa maison, les autres pouvaient bien faire un effort et ramener une petite bouteille. « Je crois qu’on s’était mis d’accord sur une dizaine de bouteilles. » elle leva les yeux vers lui. « Tu penses que c’est suffisant ? » Lou avait vraiment peur de voir trop petit, ou trop grand. Elle ne savait pas vraiment quel était le juste milieu. Surtout que l’invitation Facebook n’était pas une mesure précise ; par conséquent il se pouvait tout à fait que la quarantaine d’invités prévue se transforme en une soixantaine. « Est-ce qu’on compte sur le fait que certains ramèneront un truc ? » enchaîna-t-elle aussitôt, ne laissant même pas à Andrew le loisir de lui donner une réponse. Et voilà, Lou commençait à réfléchir et en général ce n’était vraiment pas bon signe. Elle stressait, un peu.

Lou se voulait rassurante, ses paroles avaient le don de toucher Andrew, et de le rassurer. Il ne méritait pas tant d'attention alors que ses agissements depuis leur arrivée étaient aussi écliptiques que désagréables. Le suivre était pire que sauter dans un train en marche, pourtant Lou avait accepté le voyage. Le jeune homme attrapa alors la main de sa petite amie pour la serrer fort, en guise de remerciement, un geste accompagné d'un petit sourire, témoin de sa sincérité. Même s'ils étaient ensemble depuis bientôt un an, son passé était difficile à gérer et il ne pensait pas que Lou relèverait un tel défi. Mais elle s'était exécutée, avec brio, pour le plus grand plaisir de son petit ami. Sans crier gare, une envie soudaine de tout lui raconter, de partager avec elle son passé, naquit dans son esprit. Peut-être que celle-ci ne survivrait pas jusqu'à leur retour chez eux lui, mais en tout cas, il se pressa pour la fin des courses, impatient de rentrer.

« Une dizaine de bouteilles ça me semble peut-être un peu juste, on ne sait même pas combien de personnes viennent exactement » Il creusa doucement ses méninges, tentant de chercher parmi ses vieux démons, des souvenirs pas trop dangereux lui indiquant la quantité de bouteilles à acheter. La tâche était délicate, il s'appliquait à choisir des images où il n'avait pas l'air d'une épave, ni où le goût de son ancien ami lui reviendrait en bouche, pour le tenter. La maison numéro 10 fut le lieu de bien des fêtes, durant ses années de lycée. Mais il avait pris soin de les classer dans la case "mauvais souvenirs à oublier" de son esprit. Aujourd'hui, il devait les ressasser calmement, tout en gardant en tête qu'il en était pleinement capable. La sensation était étrange, comme s'il avait si bien évité de penser à ces soirées qu'elles avaient finalement quitté son passé, comme si le travail de réminiscence demandait un effort énorme. Mais enfin, il visualisait. Le frigo du garage, rempli de bouteilles. Les paniers à légumes contenant deux ou trois packs de bière, et autant d'avance à côté du frigidaire. La rangée de vodka, la tequila dans la porte, avec les citrons. Et la limonade, les jus ... ça y est, il se souvenait. « Alors si mes souvenirs sont bons ... » Il se tut, gardant ses forces pour se concentrer. Il attrapa alors, les bouteilles de vodka, de whisky, de tequila, de ceci ou de cela, et les tendait à Lou, à chaque fois, tacitement chargée de remplir le caddie. Une fois le petit manège terminé, il contempla leurs achats. « Il ne manque plus que les jus et tout ça, les packs de bière aussi, et ça sera bon je crois, non ? » demanda-t-il, avant de répondre à la question que Lou posait à son tour. « On vit dans un quartier de bourges radins, alors je dirais non ... Au pire, on gardera les restes pour fêter nos 21 ans ! » il lui fit un grand sourire.

Il lui avait doucement attrapé la main, et avait assorti ce geste d’un sourire rassurant ; il n’avait sans doute pas envie de froisser Lou. Il devait faire face à ses vieux démons, étape obligée s’il voulait continuer d’avancer. Dans cette configuration-là, Lou ne savait pas où se placer. Elle apprenait à son rythme comment se comporter. Ce n’était pas si facile d’être la petite copine d’un ancien alcoolique. Surtout pas à vingt ans. Son passé était mystérieux, et Lou ne gardait que peu de souvenirs de l’ancien Andrew. Certes elle se rappelait certaines de ses fêtes, notamment lorsqu’elle avait le plaisir d’y venir accompagnée de Christian, mais sinon elle n’avait jamais détecté qu’Andrew puisse être dans un si mauvais état. Aujourd’hui encore, elle avait bien dû mal à imaginer son Andrew comme ça. Le voir lutter à ce point lui ouvrait brutalement les yeux. Toutefois, elle essayait de ne pas montrer son trouble et sa gêne. Elle s’y prenait peut-être mal, peu habituée à cacher ses émotions, mais Lou faisait un effort, essayait vraiment. Elle venait de lui dire qu’ils avaient prévu une dizaine de bouteilles. Andrew trouvait cela insuffisant. Ses quelques souvenirs d’organisateur de soirée lui commandaient que Magnolia serait rempli de débauché prêt à tout pour se mettre une bonne mine spéciale Nouvel An. Elle acquiesça à sa remarque, préférant le laisser faire. Apparemment il avait remis sa super mémoire de fêtard en route, puisqu’il décida de remplir lui-même le caddie. Lou le regardait faire, fier de lui. Toucher une bouteille ne semblait plus être un aussi gros supplice comme s’il l’on venait de le marquer au fer rouge et qu’il dut brutalement retirer sa main, de peur de se faire marquer à vie.

Après avoir pris une quantité de bouteille qui lui semblait suffisant, Andrew fit la liste des choses qui leur manquaient. Lou avait pu suivre son raisonnement grâce à la liste papier qu’elle tenait en main. « Pour les boissons oui. Tu ne voulais pas qu’on prenne des chips et d’autres trucs comme ça ? » elle savait bien qu’il avait mis les petits plats dans les grands niveau nourriture et qu’il avait prévu de faire un bon nombre de choses faites maison, alors que la plupart des gens se seraient contenté de verser des chips dans un saladier. Aussi, quand elle lui demanda s’ils pouvaient compter sur la générosité de leurs voisins, Andrew eut une réponse assez dure, mais à laquelle Lou ne pouvait qu’adhérer. Elle lâcha un petit rire, même si une question ne voulait pas s’enlever de sa tête. Bizarrement elle y pensait depuis quelques temps maintenant, sans jamais avoir osé la poser à son chéri. Il lui tendait une perche. Elle décida de la saisir. « Dis, tu vas t’autoriser un verre pour célébrer nos vingt-et-un ans ? Ou bien, l’alcool est à jamais banni pour toi ? » Lou ne savait pas trop en fait. Est-ce que la maladie d’Andrew signifiait qu’il ne pourrait jamais apprendre à consommer de l’alcool en étant raisonnable ? Ou bien que l’alcool lui montait trop vite à la tête, et qu’il était obligé d’en boire toujours plus lorsqu’une goutte avait atteint ses papilles gustatives ? A part ce qu’elle avait vu dans les films, Lou ne savait rien. Ça aurait donc été bête de ne pas demander.

Il attendit que Lou lui confirme la possibilité de quitter le rayon que, ni une ni deux, Andrew poussa le caddie or de l'antre de torture. Il venait d'effectuer un effort surhumain, mais il ne fallait pas trop le provoquer non plus. Il avait hâte de rentrer et de décompresser. Devoir tenir le coup devant ses anciens copains lui donnait l'impression de jouer un rôle, de feindre que tout allait bien alors que non. Pourtant, il était relativement serein, il n'avait ressenti aucune sensation de manque intense. Seulement de vieux souvenirs remis au goût du jour par le biais de réminiscence, mais il s'y attendait. Alors, ressasser le passé plus longtemps n'était d'aucune utilité. Il préféra se concentrer sur sa jolie petite amie, sur son présent, et son futur. « Va pour des chips, au cas où, ça ne fera de mal à personne ! » Même si Lorenzo lui avait gentiment proposé de faire du rab dans ses biscuits apéritifs préparés maison, il préférait prévoir plus que de tomber en rade de nourriture au beau milieu de la soirée. « Je t'ai dit que Lorenzo nous donnerait des biscuits apéros faits maison, au fait ? » demanda-t-il en arrivant dans le rayon concerné. Il attrapa les paquets un peu au hasard, plus pour remplir que par pure passion.

Une fois son caddie suffisamment rempli, ils se dirigèrent vers les caisses. C'est alors que Lou lui posa une question un peu piège. En même temps, il lui avait tendu une perche, en évoquant leurs 21 ans. Il réfléchit un peu, la question ne méritait pourtant pas réflexion. La réponse était simple : selon les médecins, un alcoolique reste un alcoolique. Cependant, s'il retrouve des conditions de vie - physique et morale - suffisamment "normales", la vie du commun des mortels, il peut s'accorder un verre rarissime sans retrouver le besoin de tomber dans l'excès. Car le commun des mortels ne ressent pas ce besoin, propre aux alcooliques. Mais comment savoir s'il ne l'était plus, alors qu'il était même bloqué pour prononcer ce simple mot devant sa petite amie ? « Je sais pas » un réponse bien courte dont Lou ne se satisferait surement pas. « En fait, les médecins ont dit que si un al... enfin si je me rétablis complètement, que je redeviens n... enfin comme avant, je ne ferai pas de rechute en rebuvant un verre. » Il soupira avant de la regarder droit dans les yeux, dépité. « Le problème, c'est qu'il n'y a aucun moyen de savoir si c'est bon, aucun test à passer ou je ne sais quoi ! En gros, la seule façon de savoir, c'est de boire un verre quoi » Or, il ne voulait absolument pas faire revivre cet affreux spectacle à la jeune fille. Sans conviction, il commença à poser leurs différents articles sur le tapis roulant de la caisse.

Lou n’avait pas complètement faux en proposant de prendre des chips. Andrew semblait enthousiaste à cette idée, et surtout de quitter le rayon alcool. Il était même si pressé qu’il oublia de prendre quelques packs de bières au passage comme il l’avait précédemment dit. Lou ne lui fit pas remarquer tout de suite, de peur que le malaise revienne. Pour le moment ils quittaient doucement le rayon, et Andrew semblait respirer de nouveau. Alors qu’il poussait le caddie, et qu’ils arrivaient déjà dans le rayon confiserie, Andrew précisa à Lou que Lorenzo avait décidé de donner quelques biscuits apéritifs à Andrew. « Non, tu ne m’en avais pas parlé. C’est gentil en tout cas. Vous devriez vous faire des après midi cuisine parfois ! » (mode skyzo ON) dit-elle pour le taquiner. Elle ne remerciait d’ailleurs jamais le ciel d’avoir trouvé un homme qui savait et aimait cuisiner. Elle trouvait ça dommage qu’il ne puisse pas plus explorer sa passion, parce que ses parents ne trouvaient pas ça digne de leur fils. Alors qu’il avait ce regard enfantin quand il lui parlait de cuisine si bien qu’automatiquement elle fondait sur place. Elle avait même fait des efforts pour lui, essayant sincèrement de se mettre à la cuisine elle aussi. Efforts vains, puisqu’elle ne savait toujours pas faire des cookies sans les faire brûler. Bref, Andrew avait terminé de remplir le caddie de chips de toutes sortes, sans vraiment faire attention, et ils mettaient maintenant les voiles vers les caisses.

Evoquant leurs vingt-et-un ans, Lou s’était permise de poser une question à Andrew qui lui trottait dans la tête depuis plusieurs semaines maintenant. La maladie d’Andrew allait-elle toujours lui gâcher la vie ? Devait-il à jamais continuer à se contrôler, et peser le pour et le contre dès qu’on lui proposerait un verre de vin ? Lui-même n’avait pas de réponse. Lou commençait à se dire que certaines questions devaient rester sans réponses, et ça l’énervait beaucoup ! Elle qui aimait tout comprendre était bien déçue. Malgré tout, Andrew étaya sa réponse. Il ne semblait pas vraiment confiant. Lou, elle, était plutôt optimiste. Andrew était sur le bon chemin. La jeune femme pensait suffisamment le connaître pour le savoir bien moralement. Elle espérait que c’était aussi grâce à l’équilibre que Lou lui apportait. « Tu le sauras si tu es prêt un jour. Ne t’inquiète pas. » elle lui fit son plus joli sourire. Se voulait confiante face à l’avenir. « Ça fait combien de temps déjà que tu… que tu n’as pas bu ? » elle souvint subitement qu’il avait bu à la fête de Noël l’année dernière en grande partie à cause d’elle, et regrettait de ne pas avoir tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. « Bu à en perdre la tête, j’entends. » finit-elle par ajouter doucement, et en baissant les yeux vers le caddie pour ranger les courses qui avaient déjà été scannées. Le fait de faire toutes ses choses banales en parlant d’un sujet aussi sérieux était une bonne combinaison pour dédramatiser la situation. Du moins elle espérait bien qu’Andrew ne se ferme pas comme une huître s’il se rendait compte du petit manège (a).

Andrew n'avait jamais eu l'idée de faire un après midi cuisine avec Lorenzo, probablement parce qu'il était plus agé. Mais maintenant que Lou le suggérait, il réalisé que c'était une excellente idée. Il nota dans un coin de son esprit de le proposer à son ancien professeur à l'occasion, et sourit à sa petite amie en guise de merci. Mais pour l'heure, ils devaient s'occuper de payer.

Alors qu'ils arrivaient en caisse, Andrew commença à poser un à un les articles sur le tapis roulant, moment unpromptu que sa petite amie choisit pour évoquer sa maladie. Il était mal à l'aise, d'en parler. Au centre, il avait appris à l'accepter, à chasser la honte qui l'envahissait quand il devait en parler. Oui, il avait honte de son comportement dans ces moments là, honte d'être dépendant de la boisson et de pouvoir se transformer en quelqu'un de complètement différent, juste pour satisfaire sa soif. « Oui j'espère » Il appréciait qu'elle le soutienne ... Néanmoins face à elle, sa honte revenait, car il souhaitait tellement l'impressionner, mais Lou garderait toujours en mémoire son piteux comportement du bal de promo. Il se concentra sur ses courses, prenant une à une chaque bouteille dans le caddie et la posant méthodiquement, mais Lou ne s'arrêta pas là et continua de plus belle sur le sujet. Il ne pouvait pas lui en vouloir, il s'était toujours douté qu'un millier de questions la taraudait. Et puis, il avait toujours voulu lui en parler, mais le courage lui faisait défaut à chaque fois. Bien sûr, il pensa automatiquement à la fête de Noël, chez Naya, où après avoir embrassé Lou, il avait eu besoin d'alcool pour évacuer la pression. Il n'avait bu que deux gorgées d'une boisson bien dilluée, mais pourtant il avait pris peur, quand il avait réalisé son geste. Lou affina alors sa question, se reprochant peut-être toujours d'avoir failli causer une rechute chez son petit ami. Dire que, sans tout ça, ils ne seraient même pas ensemble aujourd'hui. Si lui n'avait pas eu l'audace de franchir ce cap et de l'embrasser, où en seraient-ils aujourd"hui ? De même, s'il n'était pas parti pendant un an, qu'il était resté le même, formeraient-ils un couple aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr (tout ressemblance de ce dernier passage avec la réalité n'est absolument pas fait exprès). Et puis, il n'avait pas rechuté au final, alors il ne voulait pas que Lou se sente responsable alors que tout allait bien, finalement. « J'ai perdu la tête au bal de promo l'année dernière, mais je n'avais pas bu énormément. Donc ça remonte à Londres. Je n'avais pas trop envie de me faire soigner, au début, quand je suis arrivé là bas » Une nouvelle fois, un malaise l'envahit, et il baissa les yeux, honteux. Il remarqua alors qu'ils avaient finalement oublié les packs de bière, une bien bonne excuse tombée du ciel pour s'éclipser quelques instants et retrouver une expression normale. « Lou on n'a pas pris de bières au final, j'arrive je vais en chercher » Et il disparut avant même que Lou puisse faire la moindre objection, il avait besoin d'air. Il se mettait tout seul la pression et commençait à étouffer.

Une fois dans le rayon, il se dirigea vers les packs de bière, qui lui rappelèrent alors cette fameuse soirée ou avec un mec du centre, ils avaient fait le mur et s'étaient pris une murge avec une bière anglaise dont il ne se rappelait même plus le nom. Après cette fameuse soirée, il retourna seul au centre : son ami n'avait pas survécu à un coma éthylique. Alors qu'on les retrouva dans la rue au petit matin, Andrew était encore totalement sous l'emprise de l'alcool, il riait et tanguait avec son ami, il lui balançait des vannes, sans réaliser que ce dernier gisait en fait inanimé à côté de lui, et ne lui répondait pas. Cet évenement tragique eut le seul avantage de lui faire prendre conscience qu'il était en danger, un réel danger, mais il y laissa un ami qui lui manquait encore aujourd'hui. Car mine de rien, c'était Andrew qui menait toujours le jeu quand il s'agissait de faire le mur. C'était lui, qui était arrivé là bas bien décidé à ne pas obéir, à ne pas les laisser laver son cerveau. Sa tête se mit à tourner, il ne se sentait pas bien. Les médecins lui avaient dit que cet évènement le marquerait à jamais, qu'il devait toujours faire attention à ne pas se laisser affaiblir par ce douloureux souvenir. Mais c'était trop tard, il s'appuya contre les étalages et, doucement, il repensa à Ben, et à cette fameuse soirée, laissant la culpabilité l'envahir.

La façon dont Lou profitait de la situation pour interroger Andrew n’était peut-être pas la plus subtile du monde, mais pour le moment ça marchait plutôt bien car Andrew répondait à ses questions sans broncher. Elle avait simplement besoin d’en savoir plus à ce sujet, non pas par curiosité malsaine, mais tout simplement car le passé d’Andrew lui permettait de le comprendre à présent. Néanmoins, elle venait de faire une boulette, elle avait voulu savoir depuis quand il n’avait pas bu d’alcool, mais se souvint trop tard que la dernière fois qu’il avait bu c’était en grande partie à cause d’elle. En repensant à cette scène, Lou avait honte et se sentait ridicule. Pire, elle se sentait même coupable. Son comportement avait été détestable, et en plus Andrew avait failli replonger. Pourtant, malgré l’amertume des souvenirs, elle gardait cette soirée en tête comme magique. En effet, rien ne serait ainsi entre les deux amoureux si tout ne c’était pas exactement déroulé de cette manière à la fête de Noël. Malgré les quelques incidents, Lou était bien heureuse de la tourne des évènements. Andrew lui répondit donc que sa dernière perte de contrôle datait du bal, mais que celle-ci n’avait pas été la pire de toute. Londres était pour lui le pire des souvenirs. D’ailleurs, il s’était soudain souvenu qu’ils n’avaient pas pris les bières et avait illico presto décrété aller les chercher pour s’éclipser quelques instants. Lou avait bien vu comment évoquer Londres l’avait troublé. Mince, si elle s’était doutée qu’il allait aussi mal le vivre, elle n’aurait rien dit. Elle le regarda se diriger une nouvelle fois vers le rayon fatidique, légèrement inquiète.

Durant son absence, Lou en profita pour ranger toutes les courses dans les sacs. Elle avait remis une à une les bouteilles dans le caddie, et avait réglé les courses étant donné qu’Andrew ne se pressait pas et que des gens impatients avaient commencé à se plaindre dans la file d’attente. Elle jeta un coup d’œil à sa montre, et fut surprise de constater qu’Andrew l’avait quitté depuis maintenant trop longtemps. Il s’était perdu ou quoi ? Elle hésitait entre passer une annonce radio pour signaler que le "Petit Andrew Davies était attendu par ses parents à l’accueil", mais elle décida finalement d’aller le chercher dans les rayons, n’en pouvant plus d’attendre. Elle laissa leur caddie dans un coin, en demandant à une caissière de le surveiller du coin de l’œil, sait-on jamais. D’un pas pressé, elle se dirigea vers le fameux rayon et aperçut d’emblée Andrew avachi dans un coin l’air totalement perdu. Elle se rua vers lui et lui attrapa la main. « Andrew ? Dis, tu vas bien ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Ça va ? S’il te plait répond moi ? Il se passe quoi ? Dis moi ? » elle était une véritable moulin à parole, mais ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle était totalement paniquée et ne savait pas quoi faire. Est-ce qu’elle devait appeler à l’aide ? Andrew était tout blanc, jamais elle ne l’avait vu comme ça. « Je suis là. » fit-elle finalement en le prenant dans ses bras.

Il ne se sentait pas bien, les souvenirs de Londres rappelaient à sa bouche le vieux goût de l'alcool, celui qui étanchait cette soif qu'il avait pourtant appris à maîtriser. Mais cette partie de son passé étaient synonymes d'un sentiment qu'il n'avait jamais retrouvé depuis : la liberté. Son retour à Magnolia fut synonyme de reprise des cours, plus que jamais il suivait le cours de la vie choisie par ses parents, tel un pantin inanimé, qui laissait les adultes le diriger. Il aurait voulu marcher seul, comme un vrai ptit garçon, à l'instar de Pinocchio. Mais son père était bien moins sympathique que Gepetto. Alors, pourquoi ne pas regoûter au plaisir de la liberté ? Il avait parfois pensé que sa seule façon d'éviter son futur, était de replonger, et d'en finir. Mais même après sa première rechute, ses parents n'avaient pas flanché, convaincus qu'ils pourraient re dessiner Andrew à leur image, alors qu'ils n'avaient jamais réussi en 20 ans.

Ses pensées étaient de plus en plus fous, son esprit était dangereusement attiré par cette solution de facilité. Il avait beau être un warrior, il avait abandonné cette cause, et préférait jeter l'éponge. C'est ce moment que Lou choisit pour apparaître. Totalement paniquée, elle le rejoint et se mit à l'assommer de mille et une questions. Lui, ne savait pas quoi répondre, que dire pour expliquer. « Rien rien » Il se frotta longuement le visage avant de la regarder, il détestait l'inquiétait, pour rien qui plus est. Il n'avait rien de grave, n'était qu'un pauvre gamin égoiste incapable de réaliser la chance qu'il avait, comme le répétait si bien son père. « Allez viens on rentre » Il attrapa deux gros packs de bière, sans grande conviction, avant de faire quelques pas vers la sortie du rayon. Il espérait seulement que Lou n'insiste pas, ou du moins pas maintenant. Dans cette vie qui l'enchainait, il lui arrivait parfois de suffoquer. Là, il avait juste besoin d'air.

Qu’Andrew mette autant de temps à revenir ne présageait rien de bon. Soit parce qu’il avait rencontré quelqu’un et qu’il avait commencé à raconter sa vie, pire, il avait même pu rencontrer Paul ou Johan et jouer au gendre parfait qui s’intéresse à la vie des parents de ses beaux-parents. Ou bien il lui était arrivé quelque chose. Après leur petite conversation, il n’avait pas l’air bien. Lou avait sans doute poussé la conversation un peu trop loin, et malgré tous les efforts pour prendre des gants, ça n’avait pas bien marché. Toutefois Lou n’en pouvait plus de garder ses questions pour elle. Elle avait l’impression de passer à côté d’une immense partie de la vie d’Andrew alors que son souhait le plus cher était de tout connaître. Elle partit donc à la recherche de son petit ami laissant ses courses à l’entrée du magasin.

Elle le retrouva avachi dans le rayon alcool, comme s’il venait de voir un fantôme. Elle se rua vers lui pour le secouer, l’harceler de question et elle n’obtint qu’une faible réponse. Il se releva, fit mine que tout allait bien, récupéra les packs de bière qu’il avait laissé à côté de lui et prit la direction des caisses. Lou ne savait pas trop quelle attitude adopter, comme si elle pouvait faire genre qu’elle n’avait rien vu, très franchement elle n’avait qu’une envie gueuler sur lui pour qu’il daigne lui donner une explication valable. Il venait de lui donner la peur de sa vie, et il n’allait sûrement pas s’en tirer aussi facilement. « Attend ! » dit-elle alors qu’ils se trouvaient en bout de rayon. « Je ne peux pas faire comme si de rien n’était. C’était quoi ça ? » Lou en avait marre d’être patiente, docile. La méthode douce ne lui donnait pas satisfaction, il fallait qu’elle adopte une autre solution, quitte à brusquer Andrew, à l’énerver. Tout ce qu’elle voulait c’était une réponse à ses questions. Elle s’inquiétait sincèrement pour lui, elle voulait comprendre, l’aider à aller, à avancer, à mettre côté ce passé qui continuait de la hanter chaque jour. « Je veux juste comprendre. » fit-elle sur un ton un peu plus doux. Certes elle était prête à brusquer Andrew mais elle n’avait pas non envie qu’il se braque. Elle le regardait dans les yeux, finies les paroles hésitantes, finies les regards fuyants. Elle ne lui demandait pas la lune ; pas même une explication dans les moindres détails, mais elle ne voulait plus de mensonges. Plus de « je vais bien », alors que ce n’était pas le cas, surtout pas quand il avait failli faire un malaise. S’il c’était vu blanc comme un cachet. Qu’il s’imagine Lou à sa place, l’air totalement déboussolée, qu’il prétende ne pas avoir envie de comprendre. C’était naturel, tout simplement.

Il aurait dû se douter, que sa petite amie n'abandonnerait pas si facilement. Sûrement pas après l'avoir vu désemparé, blanc comme un linge. Il avait formulé cet espoir impossible, qu'elle acquiesce seulement et le suive jusqu'aux caisses, où ils auraient récupéré leur caddie et seraient tranquillement retournés chez eux comme si de rien était. Malheureusement, c'était impossible. Lou était trop attentionnée et préoccupée par son petit ami pour oublier l'incident et le jeter directement à la corbeille avant de la vider. Il soupira avant de se retourner pour lui faire face. Son désappointement n'était pas motivé par l'insistance trop appuyée de la jeune fille, mais par sa faiblesse, à lui. Craquer en plein rayon du supermarché était un comportement digne d'un débutant, d'un faible. Il n'était pas un homme fragile, il avait appris à lutter contre son maladie, pourtant il y avait si facilement replongé, comme un plongeon rafraichissant dans la piscine par une chaude journée d'été. Maintenant, il affrontait les conséquences. Même si elles étaient hautes comme trois pommes et s'appelaient Lou Huntington. « Y'a rien à comprendre » Un bobard qu'elle ne croirait pas, même l'espace d'une seconde. Un mensonge qui allumerait les signaux d'urgence dans son cerveau. « Mayday mayday mon petit ami me ment il y a un problème ». Avec une réplique si peu convaincante, Lou risquait de revenir rapidement à la charge. Alors, il leva les yeux au ciel, malheureusement la solution magique n'était pas inscrite au plafond. Aucune idée de lui venait, aucune réponse miracle qui satisferait les craintes de Lou, sans trop en dévoiler sur les démons qui le hantaient, qui lui balançaient des souvenirs douloureux en pleine face lorsqu'il croisait le regard provocateur d'une bouteille d'alcool.

Déjà, se rapprocher d'elle. Toute révélation ne pourrait être que murmurée, chuchotée, prononcée dans un souffle audible par Lou et par elle seule. Des mots qui, à peine sortis de sa bouche, s'envoleraient dans le vent pour n'être qu'un vieux souvenir, flou. « J'ai craqué, je croyais en être capable mais j'ai craqué. Ce sont des souvenirs qui me reviennent, c'est tout. On peut partir maintenant ? » En dire plus ? Il n'en était pas capable. Il l'aimait, passionnément, de sentiments nouveaux qu'il n'aurait jamais cru ressentir un jour. Mais la honte était encore plus dévorante que l'amour.

Lou n’avait pas réfléchi avant d’arrête son petit ami dans les rayons du supermarché pour lui demander des explications. Elle en avait un peu marre qu’il fuit sans cesse quand il était question de ses problèmes personnels. A vrai dire, elle avait parfois l’impression d’être à des kilomètres de lui, alors qu’elle savait pourtant qu’ils avaient une relation profonde et intime, bien plus importante et adulte que toutes ses relations précédentes. Malgré tout elle n’avait pas encore reçu le manuel d’instruction fourni avec Andrew, et parfois elle avait bien du mal à comprendre ses réactions ou ses attitudes. En l’occurrence il était normal qu’elle soit inquiète après la façon dont il avait agi. Il préféra d’abord lui dire qu’il n’y avait rien à comprendre, il semblait totalement ailleurs. Au lieu d’être énervée de son mensonge, Lou fut touchée. C’était inexplicable, même si elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas chez Andrew elle avait l’impression d’une certaine manière de ressentir toute la peine qu’il pouvait ressentir, lui. Elle se faisait peut-être des films, certains la prendront une nouvelle fois pour une niaise totalement incapable de voir les choses avec un semblant de neutralité, et c’était absolument vrai. Néanmoins, elle restait sur sa position, elle partageait tout avec lui, les fous rires comme les pleurs.

Il roula ensuite des yeux quand il comprit que sa réponse n’était pas suffisante. Elle allait sans nul doute reprendre la parole pour l’inciter à se livrer vraiment, mais il se rapprocha d’elle pour lui murmurer quelques paroles. Il n’en disait pas trop, ni trop peu. D’un coup elle se sentit horrible d’avoir l’obliger à lui confier ses souvenirs si horribles pour lui. Elle baissa les yeux, un peu honteuse et désappointée. Ils étaient toujours très proche, et Andrew lui demander de quitter les lieux, ne supportant plus de se trouver ici. « Si tu veux. » dit-elle d’une petite voix, un peu comme une petite fille qui venait de se faire disputer par son père après avoir fait une bêtise. Il avait toujours le pack de bière dans la main, et Lou ne se sentait pas de faire la queue avec lui, n’osant toujours pas le regarder dans les yeux. « Et si tu allais ranger les courses pendant que je fais la queue. » demanda-t-elle sans vraiment lui demander en fait. Elle attrapa le pack de bière de ses mains. « A tout de suite. » fit-elle en l’embrassant doucement sur la bouche, et en prenant rapidement la direction des caisses. Elle se mit n’importe où, ne regardant même pas s’il y avait de la queue ou non. Voilà qu’elle faisait la même chose qu’Andrew. Prendre la fuite au lieu d’affronter les choses. C’était si peu Lou. Malheureusement elle n’avait rien trouvé à répondre à son aveu, il avait craqué, elle ne savait même pas pourquoi. Il n’était pas capable d’aller de l’avant, et Lou ne pouvait rien dire ni faire qui changerait la situation. Toutefois, elle se disait qu’en le laissant un peu tranquille, il aurait le temps de reprendre ses esprits. Et à vrai dire, Lou en avait besoin aussi.

Être honnête avec sa petite amie aurait dû le soulager d'un poids, lui qui détestait tant devoir lui mentir. Mais en réalité, il n'en était que plus perturbé. La réaction de Lou était imperceptible, lui qui avait pris l'habitude de lire en sa petite amie comme dans un livre ouvert, avait l'impression de ne pas la connaître. la situation était nouvelle, ils n'en avaient jamais vécue de telle, Andrew ayant toujours pris soin d'éviter ce sujet tabou. Mais Lou avait insisté, il avait expliqué ... Mais Lou ne pipait mot. Peut-être le jugeait-elle, éprouvait-elle de la pitié. Peut-être était-elle simplement choquée, ou déçue que son petit ami ne soit pas un warrior à tout épreuve, et devienne faible devant la boisson. Le jeune homme, lui, en avait honte. Alors, quand Lou prit les commandes de la situation, il en fut presque soulagé. Il la laissa prendre la bière sans broncher, puis la regarda s'enfuir, loin de lui, de peur d'attraper sa maladie. Peut-être que la confidence n'avait pas eu l'effet escompté, que Lou ne voulait plus de lui, voulait s'éloigner de ce garçon à problèmes. Il ne pouvait même pas la blâmer, à sa place il n'aurait pas été rassuré. Il avait longtemps nié son alcoolisme, comme si ne pas mettre de nom permettait d'en baisser la gravité. Puis, ses parents avaient pris les devants et, au centre, il entendit ce mot à longueur de journée. Alcoolisme, alcoolique ... les voix des médecins résonnaient encore dans sa tête, ils employaient toujours ce ton particulier en le disant, qui rendait presque cette maladie encore plus démoniaque. Heureusement pour lui, Andrew s'acceptait enfin aujourd'hui ... Mais il n'en était pas de même pour sa petite amie.

Seulement, pour l'heure, ils devaient encore rentrer chez eux. Il attrapa donc le caddie laissé devant la caisse, jetant un rapide coup d'oeil à Lou, encore dans la queue. Il se rendit jusqu'à sa voiture puis remplit le coffre, mécaniquement et sans réfléchir. Leur altercation aurait pu le laisser pensif, mais en fait Andrew refusait de s'y attarder. Au contraire, il voulait vite ranger ce mauvais moment dans la corbeille, avant de la vider et de s'en débarrasser. Mais déjà, Lou arrivée, impassible, et son visage neutre vint lui rappeler, non sans sadisme, leur petite discussion précédente. « ça a été ? » une question rhétorique, comblant ce besoin maladif de ne pas laisser de blanc dans leur conversation. Mais bien vite, ils redevinrent silencieux. Le trajet jusque chez Andrew se fit presque sans un bruit.

Dans la queue pour payer ses achats, Lou était pensive. Elle réfléchissait à tout ce qui venait de se passer, et de ce qu’elle aurait pu faire ou ne pas faire pour que les choses se passent bien. Elle avait peut-être manqué de tact avec Andrew. Cependant, elle avait l’impression que si elle ne le pressait pas, ils ne feraient jamais d’avancée sur le sujet alcoolisme. Lou voulait lui prouver qu’elle s’en fichait, qu’elle voulait juste le comprendre, qu’elle ne le jugeait pas. Qu’elle affrontait la situation avec indifférence, si ce n’est qu’avec un intérêt purement désintéressé ; de tout jugement du moins. Ce n’était pas la bonne solution, elle ne savait pas s’y prendre grâce à elle, Andrew ne se sentait pas soulagé, ni même libre de se confier, grâce à elle, il avait juste failli se trouver mal dans le magasin. Super la copine. Alors, lâche, elle le quitta, et lui demanda d’aller ranger les courses pour gagner du temps. Il s’exécuta sans un mot, sans même régir au bisou qu’elle lui avait donné. C’était bizarre cette impression qu’elle avait, on aurait dit qu’ils se faisaient la tête, alors qu’aucune dispute n’avait été déclenchée. Lou avait bien envie d’insister, de savoir ce qui se passait, mais elle n’avait pas envie d’effectivement commencer une dispute. Elle paya donc son pack de bière et prit la direction du parking où Andrew avait déjà tout rangé. Elle ajouta le pack dans le coffre, et prit place dans la voiture. Dernière initiative de communication, Andrew lui demanda si ça avait été. « Parfaitement. » répondit-elle en le regardant avec un petit sourire.

Malgré tout, elle voyait bien que ce n’était pas encore ça entre eux. Andrew devait conduire, et Lou avait un peu peur, il ne semblait pas encore dans son assiette. Elle préféra le laisser se concentrer sur la route, et ne parla pas dans le trajet, ce qui lui demanda un effort surhumain. Heureusement que le supermarché n’était pas si loin, et bien vite ils regagnèrent Magnolia. Arrivés devant la maison numéro dix, Lou empêcha Andrew de sortir et lui demanda « Dis, tu es sûr que ça va ? » elle n’avait pas pu s’en empêcher, elle s’inquiétait vraiment pour lui. « Sinon, tu peux aller te reposer et je range les courses en attendant, ça ne me dérange pas. » Lou se montrait attentionnée, limite un peu faible, se la jouant femme au foyer type sa mère qui se mettait en quatre pour satisfaire son mari adoré. Dieu qu’elle aurait adoré que la situation soit aussi simple cependant ! Malheureusement la réalité était bien autre, et Lou se montrait particulièrement attentionné car particulièrement inquiète pour Andrew. Elle lui avait attrapé le bras avant qu’il ne sorte de la voiture, et ne l’avait toujours pas lâché. Elle attendait une réponse, et une réponse satisfaisante qui plus est.

Andrew était partagé par deux sentiments contradictoires. Il espérait que Lou trouve une excuse pour s'éclipser - un rendez-vous chez le dentiste, un cours de poney - afin de briser cette gêne ambiante qui ne disparaissait pas. D'un autre côté, il ne voulait pas rester seul, il avait peur, et surtout, il voulait lui parler, partager ses impressions, qu'elle comprenne ce qui lui prenait. Mais sa peur le prenait toujours au ventre, peur que sa petite amie le prenne pour un dérangé mental qui ferait mieux de se faire interner, à nouveau. « Lou ... » Il posa sa main sur la sienne, comme pour la retenir, si jamais elle menaçait de s'enfuir. « Ça va, je ne suis pas souffrant non plus. » Il leva les yeux au ciel, inspira profondément, avant de continuer. « Au début, à Londres, tu vois, je ne voulais pas me faire soigner. J'ai fait des conneries, on faisait le mur ... C'était cool mais totalement con. Après j'ai commencé à me soigner. Mais j'ai tout le temps, dans un coin de ma tête, la peur de replonger. Parce que je sais que j'aimais ça, c'était cool. » Il baissa les yeux, honteux de la suite. « Mais pour les autres, c'est effrayant. Une fois, j'ai vu un pote faire un bad trip, il ne s'en est jamais remis. Et je sais aujourd'hui que si je tiens le coup, c'est parce que je ne veux pas infliger ça aux gens à qui je tiens » Il s'appuya contre son siège en soupirant, repensant à Ben. « Cette nuit-là tu vois, c'était la pire de ma vie. Je ne savais pas quoi faire, il n'y avait rien à faire. Tu ne peux pas le ranimer, comme avec une noyade, ou lui donner des médicaments contre un trop gros rhume. Je devais le regarder, et c'est tout. Alors jamais je ne veux retourner dans un état comme ça. Mais parfois je me souviens aussi que c'était plus facile, cette époque là » Oui, Andrew avait commencé par boire pour se défiler de la vie imposée par ses parents, pour ne pas se conformer aux règles strictes et guindées de son quartier. Alors, aujourd'hui, quand un futur si miteux le menaçait, il repensait forcément au passé, comme s'il pouvait l'éloigner du présent.

Elle le retenait, impatiente de savoir ce qu’il allait lui dire. Si enfin, il pourrait faire preuve de courage et lui dire ce qui n’allait pas. Elle lui proposait aussi une autre solution, celle de prendre un peu de repos, un peu de recul. Honnêtement, elle ne savait pas ce qu’elle préférait ; affronter une vérité qui la ferait sûrement souffrir, ou le laisser s’échapper une nouvelle fois. Lou le tenait par le bras, mais il semblait qu’Andrew n’ait pas envie de s’enfuir. Il posa même sa main sur le bras de Lou, et elle sut qu’elle n’avait plus rien à craindre. Elle était même prête à l’écouter, à tout entendre. Enfin, il se confia. Elle l’écoutait attentivement, avait envie de poser des questions, de l’interrompre quand elle ne comprenait pas bien, mais elle préférait qu’il dise ce qu’il avait sur le cœur d’un coup. Cet ami qu’il avait vu faire un bad trip, il ne disait pas ce qu’il était advenu de lui. Lou présageait le pire. Elle comprenait maintenant pourquoi il avait l’air si faible tout à l’heure. Il avait dû repenser à cette époque et n’avait pas su gérer le flot d’émotion qui le submergeait. « Plus facile ? » fit-elle une fois qu’il eut terminé. « Ne dis pas n’importe quoi. » elle le regarda, toujours avec un timide sourire sur ses lèvres, tentative de le rassurer un peu. « Tu arriveras à mettre tout ça derrière toi, un jour. Et je t’aiderai. » Lou s’en faisait la promesse, jamais elle ne le laisserait tomber, quoi qu’il se passe entre eux. Pour l’heure, elle se doutait bien que cet aveu n’avait pas été le plus simple du monde pour un être aussi fier que l’était son petit ami. Par souci de le ménager, elle préfèrerait maintenant passer à autre chose. Ils avaient déjà une bonne base, puisqu’il avait réussi à se confier à elle.

« Et puisque tu n’es pas souffrant, tu peux ranger les courses avec moi. » elle lui lâcha le bras, et ouvrit la portière de sa voiture. Rien de mieux pour s’aérer l’esprit que de préparer la fête du Nouvel An. Ça serait l’occasion de tout planifier de A à Z. Elle sortit de la voiture, et ouvrit le coffre. Elle était bien contente d’avoir une activité festive à préparer. Les aveux que venait de lui faire Andrew l’avaient marquée, et même si Lou s’employait à montrer qu’elle arrivait à passer au dessus de tout ça, elle comprenait que le passé de son amoureux restait encore bien obscur à ses yeux.