Attention à la marche ! - Jules

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Jules & Julian

« On ne peut parler et se taire, alors qui gagnera ce combat ? »

Samuel Johnson a écrit : ❝ Presque toute l'absurdité du comportement émane du désir d'imiter ceux à qui l'on ne peut ressembler. ❞

Julian boucla la ceinture qui scellait sa besace et quitta l'amphithéâtre en silence. Le cours de psychologie sociale avait duré deux heures, comblées par la voix nasillarde de la professeur et, surtout, par le grognement bestial de l'estomac du garçon. Autant dire qu'il n'apparaîtrait plus en cours le ventre vide.
Il sentait ce foutu organe se tordre sous la pression de la faim, et demander toujours plus bruyamment son dû. Compressant avec ses mains son abdomen, Julian se jura de trouver rapidement une source de ravitaillement, même s'il n'avait encore fait aucun choix. Il élimina en deux temps trois mouvements le restaurant universitaire car il savait que l'attente exigée pour ne serait-ce que toucher son plateau et ses couverts lui serait fatale. Il songea un instant au snack qui ouvrait entre midi et deux un peu plus loin. Il y trouverait certainement un sandwich goûteux.
Il se décida pour le snack, tout en descendant les escaliers. Julian poussa la porte qui menait au hall d'entrée de la faculté et fut pris d'assaut par les dizaines d'étudiants qui s'activaient pour trouver, tout comme lui, de la nourriture. Il se sentit happé par ce flot d'humanité, et en lui, la nervosité grimpa.
Julian n'aimait pas, ou plutôt, ne savait pas comment faire face à autrui. Surtout quand autrui se multipliait comme il le voyait actuellement.
Déjà enfant, il préférait de loin jouer avec une ou deux personnes qu'aller au parc où braillaient des monstres par dizaines. Il ne savait pas comment se conduire correctement en société, surtout avec les inconnus. C'était l'une de ses plus grandes tares, sûrement dictée par l'éducation stricte, mise à distance physique, de son père. Il ne lui en voulait pourtant pas pour ça.
Se faisant violence, Julian s'engouffra dans cette marée bruyante et chercha à se faire un chemin. Quand enfin, à force de coups de coude et de feintes bien menées, Julian réussit à sortir de ce courant humain, il soupira. Enfin, il allait manger. Les vitres translucides des portes appelaient le garçon à l'extérieur, à la survie, à l'oxygène. Il se dépêcha d'atteindre cette issue, mais quelques mètres avant de quitter l'enceinte du bâtiment, il fut témoin d'une scène mi-drôle mi-pathétique.

Elle semblait tanguer sur ses talons, déséquilibrée par les feuilles qui débordaient de ses livres. Les ouvrages s'empilaient sur sa poitrine, rajoutant bien un bonnet ou deux à ce petit corps. Fixant ses cours pour éviter qu'ils s'échappent de son étreinte, la jeune fille luttait avec ses cheveux blonds pour qu'ils ne s'insinuent pas dans sa bouche. Soudain, incapable de voir le danger qui se profilait devant elle, marqué par la présence malhonnête d'une marche, elle s'élança en avant. Les feuilles la précédèrent, libres et volages. La jeune fille eut tout juste le temps de se protéger de la chute en l'amortissant d'une main.

Julian, face à ce douloureux spectacle, remarqua les autres témoins hilares qui ne s'avançaient pas pour aider la demoiselle. Décidant alors de réaliser sa BA, il s'approcha de la malchanceuse. S'accroupissant près d'elle pendant qu'elle se remettait de son infortune, il entreprit de rassembler quelques papiers et les cours de la blonde. L'oeil vif, Julian remarqua quelques gros titres qui annonçaient des cours de droit. Quand il eut sur les genoux le gros des notes échappées, il songea enfin à demander à la jeune fille si elle allait bien.

-Hum... Ca a l'air d'aller. Tiens, tes cours.

Il s'interdit de regarder la jeune fille trop longtemps. Juste le temps de vérifier qu'un hématome ou une bosse ne s'étaient installés sur ce joli minois. Il tendit les cours à la propriétaire et se releva aussi sec.
Tant d'initiative le dérangeait. Il s'efforçait d'être galant, éduqué, et tout ce qu'on voulait. Mais malgré tout, il parlait là à une inconnue. Et cette variable changeait totalement la donne.
Julian remit en place sa besace et sourit avant de saluer la malheureuse. Il était bien décidé à aller au snack et se remplir la panse bruyante qui vivait dans son ventre.

-J'y vais.

Sans demander son reste, froid et glacial, Julian réactiva ses jambes. Son estomac restait toujours vide.

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Julian & Jules

Attention à la marche !

Le Lundi était une grosse journée pour Jules, elle commençait à 8h00 avec de l'histoire du droit puis enchainait avec du droit civil. Et oui, la belle blonde était, malgré les apparences, intelligente et avait réussi à entrer à l'université de droit de Magnolia. Elle aimait ce qu'elle faisait même si elle était souvent débordée ce qui ne l'empechait pas d'être ,pour le moment, la première de sa promotion. Une fois son cours de droit civil terminé, Jules se dépêcha de ranger tous ses papiers mais comme à son habitude, tout débordait de ses classeurs et pochettes. Elle arriva tant bien que mal à sortir de la classe afin de se diriger vers son casier pour y mettre tous ses cours et pouvoir enfin aller prendre sa pause déjeuner et manger quelque chose qui calmerait son ventre grognant depuis le début de son dernier cours. La jeune femme marchait de manière bancale et ne voyait strictement pas où elle posait les pieds, ce qui faisait que son allure était plutôt lente sans compter les bousculades de ses camarades pressés d'aller à la cafétéria afin d'avoir une place et de pouvoir choisir les meilleurs mets.

Ce qui devait arriver, arriva. Jules n'avait pas vu la toute petite marche qui se trouvait devant elle, petite mais dangereuse. La jeune femme se sentit partir en même temps que toutes ses feuilles, elle réussit de justesse à ne pas trop se faire mal en ayant le réflexe de mettre sa main devant elle mais ses cours étaient éparpillés partout. Et personne ne venait l'aider. Elle resta quelques secondes à terre en essayant de se motiver à se relever et à ramasser ses cours. Ce fut à ce moment là, que Jules croisa le regard d'un jeune homme ténébreux qui l'aida de manière spontanée à ramasser ses cours et à vérifier qu'elle n'avait rien de grave. Jules fut surprise par cet élan de sympathie surtout venant d'un garçon ayant l'air plutôt solitaire et mélancolique qui ne s'intéresserait sûrement jamais au genre de fille qu'elle était mais qui n'avait pas hésité à venir l'aider. Puis enfin la voix du jeune homme se fit entendre :

-Hum... Ca a l'air d'aller. Tiens, tes cours.

- Merci beaucoup ! Je .. euh .. Comment tu ?

Jules n'eut pas le temps de finir sa phrase que le jeune homme s'était relevé et était parti aussi vite qu'il était arrivé, le tout accompagné d'un petit J'y vais. La belle blonde ne comprit pas tellement ce qui venait de se passer mais elle se dépêcha de se relever, fourra ses cours en vrac dans son sac et partit dans la direction de l'inconnu. Elle trouvait le jeune homme fort glacial et distant surtout pour quelqu'un qui venait de faire une bonne action. Elle le rattrapa vite et décida d'entamer la discussion :

- Salut ! C'est encore moi ! Tu ne m'as pas encore dit comment tu t'appelles ? Moi c'est Jules Robinson ! Je voulais te remercier pour ce que tu as fais c'était vraiment gentil de ta part, j'apprécie ! Si tu veux je te payes ton déjeuner, on pourra manger ensemble c'est ma manière de te remercier.

Jules lui faisait un grand sourire une fois son petit discours terminé.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Jules & Julian

« On ne peut parler et se taire, alors qui gagnera ce combat ? »

Samuel Johnson a écrit : ❝ Presque toute l'absurdité du comportement émane du désir d'imiter ceux à qui l'on ne peut ressembler. ❞

« Salut ! C'est encore moi ! » Julian fit volte-face. Quelle fut sa surprise de voir à nouveau la blonde, ses feuilles dépassant toujours de ses cahiers, presque froissées. Ses cheveux toujours en bataille, indomptables. Elle n'avait pas pris le temps de se recoiffer après sa mésaventure.
Julian regretta soudainement de ne pas avoir marché plus vite. Il n'était qu'à un ou deux mètres de la porte qui le séparait de sa liberté. Qui le séparait aussi de la nourriture. Car son estomac continuait de gémir son désir d'être comblé.
« Tu ne m'as pas encore dit comment tu t'appelles ? Moi c'est Jules Robinson ! » Julian tiqua. Il n'avait aucunement envie de converser. Ni même de se présenter. Son nom avait fait bien souvent le tour du quartier et c'était d'ailleurs étonnant que ladite Jules -étrange prénom pour une fille, soit dit en passant-, ne sache pas à qui elle avait à faire. Magnolia Cresent, comme tout quartier chic, abritait bien des commères. Jeunes, âgées, mauvaises, réalistes. Tout y passait. Les violences de Julian n'avaient pas échappé à leurs jugements sévères, tout comme les conquêtes à la pelle de Joy, sa jeune sœur. Depuis quelques mois, le nom des King était souvent sali, comme si le malheureux destin qui avait sévi ne suffisait pas.
« Je voulais te remercier pour ce que tu as fais c'était vraiment gentil de ta part, j'apprécie ! Si tu veux je te paye ton déjeuner, on pourra manger ensemble c'est ma manière de te remercier. » Effroi. Julian eut envie de refuser sèchement et de partir aussi vite, mais il dépréciait fortement l'impolitesse. Un jeune homme normal n'aurait jamais décliné une telle proposition : manger avec une jolie inconnue. Mais Julian s'en sentait incapable. Depuis ses querelles avec Jay et sa décision de se cloître chez lui, le garçon n'avait mangé avec personne d'autre que sa sœur et son père. Il ne souhaitait pas que cela change : ses résolutions tenaient toujours. Après tout, c'était le mieux à faire, pour éviter de faire davantage de mal.
Se triturant les doigts comme un enfant qui se sait coupable d'une bêtise, Julian réfléchit à comment formuler sa négation.

-Euh, je m'appelle Julian...

Concession effectuée. Déjà un bon point. Le garçon avait appris d'expérience que lorsqu'on allait dans le sens des gens en premier lieu, ils avaient tendance à mieux accepter les divergences par la suite. Ainsi, répondant à l'une des questions de Jules, le futur psychologue se sentait rassuré. Peut-être la jeune fille se contenterait de cette information, déjà importante. Peut-être n'insisterait-elle pas sur sa proposition en acceptant d'avoir obtenu au moins une réponse.
Puis, comme prévu dans sa stratégie du discours, Julian annonça sa décision quant à l'offre de la blonde.

-... Mais euh. J'ai déjà mangé en fait. Là, je dois passer aux toilettes !

Aussitôt, le brun chercha au loin le petit symbole qui prévenait de la direction à suivre pour rejoindre les WC en question. Julian était chanceux : il n'avait pas besoin de pénétrer à nouveau dans la foule et pouvait s'éclipser par les escaliers. Rejoindre les sanitaires au deuxième étage était la solution à préférer.
En cet instant, il était légèrement fiévreux, sentant probablement que sa combine ne fonctionnait pas. Il tenta de sourire pour paraître plus naturel, mais le résultat en fut pathétique. Pour couronner le tout, son estomac enragé choisit cet instant de pause pour rugir à nouveau. Impossible que Jules soit assez sourde pour ne rien avoir entendu.
Julian fit le premier pas en direction des toilettes, essayant de passer outre le bruit peu convenant qui avait surgi de son abdomen. Il n'était pas du tout crédible, mais gardait un peu d'espoir : peut-être que Jules ne ferait aucune remarque et l'abandonnerait aussitôt. Ah, il croisa les doigts en priant à cette possibilité !

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Julian & Jules

Attention à la marche !

Jules sentait la gêne de son interlocuteur. Elle avait bien remarqué qu'il était presque le contraire d'elle, il avait l'air timide et renfermé. Elle s'en voulait presque de l'avoir abordé comme ça * il a du se sentir agressé le pauvre ! Tourne ta langue 7 fois dans ta bouche avant de parler Robinson ! * Puis à son plus grand étonnement, celui ci répondit à sa question :

"Euh, je m'appelle Julian..."

La blonde prit quelques secondes de réflexion et fit le rapprochement rapidement * mais oui ! Ca doit être Julian King celui dont la mère est décédée ! Ma tante m'a dit qu'il était perturbé mais je trouve qu'il est juste un peu renfermé en même temps qui ne le serait pas dans cette situation franchement ?! * La juriste fut coupée dans ses pensées par le jeune homme :

"Mais euh. J'ai déjà mangé en fait. Là, je dois passer aux toilettes !"

La blonde fut surprise par ce que venait de lui dire Julian * c'est la pire excuse que j'ai jamais entendu ! En plus de ça son ventre grogne à des kilomètres ! Je pourrais l'entendre de dehors tellement il a faim, il doit vraiment vouloir m'éviter *

La jeune femme baissait la tête toute triste puis la releva pour répondre au jeune homme mais celui ci avait disparu, elle eu juste le temps de le voir rentrer dans les toilettes pour hommes. C'est tout naturellement qu'elle se posta devant la porte attendant que le jeune homme mystérieux sorte. Au bout d'une interminable attente, Julian pointa enfin le bout de son nez.

- Coucou c'est encore moi ! Tu sais tu étais pas obligé de trouver une excuse pour décliner ma proposition. Tu aurais pu juste dire que tu ne voulais pas je ne me serais pas vexée pour si peu par contre le fait de trouver une excuse bidon , ça, ça me vexe. Je sais que tu es sois disant perturbé et tout ça ! Mais c'est parce que les gens te connaissent pas et en plus après un tel drame normal que tu sois un peu à l'ouest. Bon maintenant je peux te l'offrir ce déjeuner ? Je m'en fiche que tu sois maboul , oups, euh perturbé je veux dire, je veux juste te remercier. Et sache que je ne lâche pas l'affaire, c'est pour ça que je veux être avocate.

Jules lui fit un sourire auquel personne ne pouvait résister du moins en théorie ...

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Jules & Julian

« On ne peut parler et se taire, alors qui gagnera ce combat ? »

Samuel Johnson a écrit : ❝ Presque toute l'absurdité du comportement émane du désir d'imiter ceux à qui l'on ne peut ressembler. ❞

Un pas, puis deux. La jeune fille ne semblait pas le suivre. Julian risqua tout de même un regard par dessus son épaule pour vérifier. Elle restait là, le regardant s'éloigner. Ah ! L'espoir fait vivre mais parfois, les souhaits se réalisent. Julian se convainquit en un sourire que Jules abandonnait. Qu'elle irait chercher un autre accompagnateur pour son repas. Qu'elle l'oubliait définitivement. Pour autant, uniquement par stratégie et précaution, il s'obligea à aller jusqu'aux toilettes. Les escaliers montés, il tourna à gauche comme c'était indiqué, et s'engouffra dans les sanitaires. Il n'avait nullement envie de libérer sa vessie, alors il attendit quelques minutes adossé contre le carrelage glacé. Il faillit se munir d'un livre et commencer sa lecture mais son ventre le tiraillait trop pour cela.
Il décida de sortir cinq minutes plus tard, jugeant que c'était le temps idéal pour être crédible. Le tic-tac de sa montre devint bientôt insupportable. Les secondes s'enchaînaient mais semblaient avalées par l'attente. Julian commença à s'impatienter, à la fin de la troisième minutes. Il commença le décompte à trente seconde de sa libération. Vingt-neuf. Son estomac gronda longtemps. Vingt-quatre. Julian se décida à choisir à l'avance quel sandwich prendre. Vingt. Il hésitait entre le fameux chèvre et tomates séchées, ou le basique jambon-crudité. Dix-sept. Le fromage le tenta et la salive humidifia ses lèvres. Quatorze. Avec une bouteille d'eau ou un soda ? Une canette bien fraîche de jus d'orange. Dix. Julian compta sa monnaie imaginaire. Sept. Il changea la boisson sucrée par une bouteille d'eau. Cinq. Manquent vingt centimes. Deux. Julian s'avança vers la porte, issue de la libération, gouffre vers la vie. Il tira la poignée vers lui en même temps que cliquetait la seconde fatidique. Tant pis, ce sera un sandwich jambon-crudité et une bouteille d'eau. Au moins, ce sera équilib...
« Salut, c'est encore moi. » Julian, sous la surprise, fit un léger écart. Jules. Elle ne l'avait donc pas oublié définitivement. Ses grands yeux bleus le fixaient de telle manière qu'il se sentait pris au piège. Rat face au chat. Lapin face à l'aigle. Gazelle effrayée face aux lionnes stratèges. Et comme tout gibier, Julian avait une envie terrible de décamper. De prendre ses jambes à son cou. Le danger qui l'accompagnait partout se faisait bien silencieux, soudainement. Où se cachait sa colère, dévastatrice, grimaçante ? Son dégoût, vomissure sanglante ? Sa culpabilité ? Disparue. Il ne restait là qu'une surprise, dérangeante. Comme le genre de cadeau que l'on déteste mais qu'il nous est interdit de refuser.
En silence, Julian laissa la jeune fille parler. Il voyait ses lèvres bouger mais n'entendait pas les mots qu'elle prononçait. Ses pensées étaient obnubilées par une chose : comment se débarrasser de Jules ?
Le fils King n'avait rien d'un idiot, et il avait vite compris qu'il était tombé sur une jeune femme trop sûre d'elle et trop bavarde. Et surtout, trop têtue. Ses espoirs de manger en paix étaient en train de s'effondrer. Comment faire ?
De loin, il entendit le mot « drame » et revint un peu à la réalité. Il attrapa le fil au vol et tenta de suivre les propos de Jules sans qu'elle remarque son ignorance. Lorsqu'elle le déclara légèrement à côté de la plaque pour la première fois, Jules esquissa une grimace spontanée. Tranquille, celle-là, à insulter un inconnu. La jolie blonde lui proposa alors de l'accompagner manger. Julian cherchait encore une réponse à fournir que sa tête vacillait déjà de gauche à droite pour refuser. Enfin, elle lâcha son superbe « maboul » qui décontenança un instant Julian. Sa tête s'immobilisa une seconde, ses yeux s'agrandirent en d'étranges soucoupes, sa bouche s'ouvrit, béante. Une seconde dura cette figure d'étonnement trop expressive. Il réactiva son crâne de plus belle.
Jules acheva sa tirade en un dernier mot. « Avocat ». Oui, et alors ? Cela ne pouvait certainement pas l'excuser pour ses propos un peu offensants, surtout compte tenu du peu -voire de l'absence- de relation entre elle et le fils King.

-Je n'irai pas manger avec une fille qui m'insulte alors qu'elle ne me connaît même pas, c'est certain.

Julian avait cet air snob du type qui prend de haut une chiure de pigeon. Mais en même temps, il était vraiment, réellement, honnêtement, abasourdi par le manque de respect de cette jeune fille. Qu'elle s'énerve pour l'avoir trompée, c'était concevable. Mais qu'elle le juge, le critique, sans le connaître, en ne se basant que sur des rumeurs... Non. Les commères s'amusaient entre elles, mais pas devant l’intéressé. C'était juste un peu malsain, comme jeu.
Julian fit un pas de côté pour éviter la jeune fille. La planter là, tout simplement. Il se sentait presque énervé d'avoir eu affaire à elle. Et pourtant, il fit volte-face et la regarda droit dans les yeux, sans se défiler.

-Si j'avais un conseil à te donner, en temps que « maboul », c'est de ne pas trop te fier aux on-dits, lorsque tu seras avocat. Juste comme ça.

Julian avait bien insisté sur le terme qu'elle avait elle-même employé un peu plus tôt. Une amertume avait transcendé sa voix. Puis, murmurant un petit « Salut », il fit quelques pas en direction des escaliers, et de la porte qu'il espérait pouvoir enfin passer. Finalement, un sourire apparut sur son visage. Julian était ravi : la blonde avait creusé sa propre tombe, et Julian n'avait eu qu'à l'y pousser. Les gens bavards étaient souvent bien trop stupides et irréfléchis...

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Julian & Jules

Attention à la marche !

-Je n'irai pas manger avec une fille qui m'insulte alors qu'elle ne me connaît même pas, c'est certain. Si j'avais un conseil à te donner, en temps que « maboul », c'est de ne pas trop te fier aux on-dits, lorsque tu seras avocat. Juste comme ça. Salut.

Jules n'eut même pas le temps d'en placer une, chose qui arrivait peu souvent. Julian l'avait carrément rembarré en beauté. La blonde ne savait pas trop quoi dire, elle n'avait pas eu l'impression d'avoir été méchante ou de l'avoir insulté. Elle ne comprenait pas trop le comportement du jeune homme à son égard. Elle avait voulu être gentille en l'invitant à déjeuner mais ça avait eu l'effet inverse, le beau brun s'était braqué et était parti énervé.

La blonde ne voulait pas lui laisser cette impression d'elle surtout que ça ne lui ressemblait pas, certes elle était maladroite parfois mais sûrement pas méchante. En plus de ça, il s'était permis de lui donner un conseil sur sa carrière ! Elle le trouvait vraiment hautain et gonflé de lui donner des conseils en relationnel sachant que lui même était insociable alors que la blondinette était sociable et ouverte d'esprit. Elle aurait aimé se faire sa propre opinion du jeune homme en discutant avec lui mais son mal être avait pris le dessus et il avait refermé la barrière entre lui et les autres aussitôt que Jules avait entamé la conversation.

Mais ce n'était pas le genre de la future avocate de baisser les bras, d'abandonner. Elle resta quelques secondes sans savoir quoi dire puis se décida d'aller manger quelque chose toute seule du coup afin de réfléchir sur son plan pour recroiser Julian et le convaincre de sa bonne foi et peut être de s'excuser aussi, si ca pouvait aider à le décoincer.

Jules avança d'un pas assurée vers la cafétéria de l'université sachant déjà ce qu'elle voulait prendre : un Wrap au poulet avec une salade et un jus de pomme en briquette parce que c'était plus drôle qu'en bouteille. Une fois à table, elle essaya de réfléchir à un plan pour Julian : Elle allait le suivre incognito pendant quelques temps afin de savoir où le jeune homme va et puis un jour comme par hasard, la belle blonde se trouvera dans l'un de ces lieux en même temps que Julian mais vraiment par le plus grand des hasards hein ! Et puis une fois devant, et bien, elle verrais sur le tas, après tout il fallait un peu de spontanéité sinon le jeune homme s'apercevra que tout était prévu à l'avance. Jules piqua dans sa feuille de salade verte tout en pensant à des techniques d'espions qu'elle avait vu dans le dernier James Bond qui pourrait lui servir dans sa quête pour parler à Julian King.

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Sans se retourner de peur d'avoir une mauvaise surprise, Julian descendit les escaliers. Il traversa le hall toujours bondé -à croire que nous étions dans un aéroport de New-York-, et passa enfin(!) la porte qui menait à l'extérieur. D'un pas déterminé, le ventre serré par la fringale, Julian se hâta de rejoindre le snack. La queue était longue, mais le jeune homme était certain que comparé à celle du restaurant universitaire, c'était un moustique. Il se contenta de cette idée pour ne pas perdre patience. De toute façon, il avait maintes façons de s'occuper. Déjà, il devait réfléchir à sa thèse, qu'il faudrait un jour ou l'autre terminer. Ensuite, il avait en tête ces conversations récentes, plaies ouvertes et sang à vif, avec Lou et Julia. Il faudrait bien qu'il s'en remette. Enfin, il pouvait se délecter d'avoir remis à sa place cette fille, totalement folle et perturbée. Jules Robinson. Comment pouvait-on juger quelqu'un si négativement sans se remettre une seconde en question ? Il sembler suffire à cette fille d'entendre une idée pour s'en convaincre. Quelques voisins déclarent un adolescent « maboul » et on colporte cette idée à qui veut bien l'entendre, et encore plus à l'adolescent en question. Franchement, où va le monde ? Il s'amusa de l'envie de Jules : devenir avocat avec une telle philosophie ? C'était ridicule. Il ne souhaitait à quiconque d'avoir un tel personnage en guise de défense. Une balade dans le voisinage et voilà que l'argument ultime tombait : « J'ai entendu Madame McClair dire que untel est le meurtrier, alors je suis certaine de la véracité de ses propos ! ». Totalement incroyable, comme raisonnement, vraiment.
Pendant que Julian était absorbé dans ses pensées, les clients du snack s'étaient peu à peu faits servir. Il avait avancé inconsciemment dans la file, et il ne restait que quelques affamés devant lui. Son ventre ravi commença à se réveiller de nouveau, faisant profiter l'entourage de ses gargouillements impétueux. Julian esquissa des sourires gênés et se tint le ventre. Bientôt, il serait repu, et il pourrait reprendre son étude là où elle s'était arrêtée.
La jeune fille derrière son comptoir lui demanda ce qu'il désirait manger. Comme prévu dans les toilettes, il n'avait pas assez de monnaie pour se régaler avec un sandwich au chèvre. Il préféra donc le jambon-crudités basique et une bouteille d'eau en guise de rafraîchissement. Il donna l'appoint à la demoiselle qui le remercia et lui souhaita un bon appétit.
Désormais, Julian n'avait plus qu'à trouver une place pour savourer son repas. Non loin de là, un groupe d'étudiants se levaient, libérant quelques mètres sur lesquels Julian s'imagina fort bien manger. Il se dépêcha de s'y installer avant que d'autres convoitent sa place.
Le soleil venait caresser ses joues, pendant qu'il mordait à pleines dents dans son sandwich. Les tomates se faisaient la malle et Julian devait s'essuyer après chaque bouchée pour éviter de s'en recouvrir le foulard. En dépit des brouhahas étudiants, le jeune homme profita de l'instant. Il s'avoua qu'il était heureux. Heureux de manger seul, plutôt que mal accompagné.

Spoiler:

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