The triumph of our tired eyes. - Zachary Dekker -

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Le dimanche était le seul jour où la maison des Fitzgerald était étonnement calme, les parents avaient pour habitude de partir le week-end laissant la maison sous la responsabilité de Jaylann. James en profitait pour rejoindre en secret son petit pédé, Katya traînait avec cette conne de Ginerva et Julia, quant à elle était habituellement en train de se faire une intraveineuse dans des toilettes publiques accessoirement accompagnée de son copain mais aujourd'hui ils avaient décidé de faire leur petite affaire en haut ce qui agaça au plus au point Jaylann, mais dieu merci la maison était grande et elle n'aura pas à entendre ça.

Pendant ce temps, Jaylann traînait dans la cuisine, elle cherchait désespérément un boulot sur le net mais rien ne l'intéressait, elle avait 25 ans aucun diplôme aucun travail. Il est peut-être temps de s'y mettre pensait-elle. Cependant elle était prête à tout pour se faire de l'argent, mais manquait cruellement d'intérêt dans ce qu'elle faisait quand elle y était forcée, mais sans argent elle ne quitterai jamais Magnolia... À bout elle referma son ordinateur portable violemment et sorti de ses gonds, elle se dirigea vers la bouilloire et se prépara un thé pour se calmer.
Seulement, elle n'était pas seule, depuis combien de temps ? Très bonne question. Zachary était dans les escaliers, accoudé à la rambarde et l'avait probablement regardé s'énerver toute seule. Ni une ni deux, la jeune blonde repris ses esprits.

- T'es là depuis combien de temps toi ?

Le regard de la jeune femme était transperçant, elle n'avait concrètement rien contre Zachary mis à part de la pitié mais elle ne supportait pas d'être observée de cette façon.

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Zachary avait passé la nuit chez Julia, et s'était réveillé bien plus tôt que sa mie, comme d'habitude. Il avait, certes, envie de profiter d'un de ses rares jours de congés, mais il n'avait en aucun cas l'intention de prendre le risque de réveiller sa petite amie avant midi. Entendant du bruit au rez de chaussée, il était descendu en espérant trouver Katya ou James. Il n'avait pas vraiment peur de croiser sa belle mère, la sachant absente le week-end, mais ne s'attendait réellement pas à se retrouver en face de Jaylann. Il était donc descendu sans un bruit et attendait que la jeune femme s'en aille dans une pièce voisine pour pouvoir aller aux toilettes et remonter discrètement mettre un tee shirt. Malheureusement pour lui, l’aînée ne semblait pas vouloir bouger, et avait l'air d'avoir une humeur plus que mauvaise. Accoudé à la rambarde de l'escalier, il ne bougea pas d'un pouce, l'observant se taper une crise, riant intérieurement. Julia lui avait maintes et maintes fois parlé de sa sœur maléfique, qui n'avait fait que confirmer ses dires à chacune de leurs rencontres, et qui venait à nouveau de le faire.
Jaylann avait beau ressembler à sa mère, elle était loin de l'effrayer autant que cette dernière. Il était certes impressionné devant des personnes bien plus âgées que lui, mais une peste comme elle le faisait simplement rire. Soupirant légèrement, il jeta un coup d’œil à la pendule accrochée au mur en face de lui. « Je dirai cinq bonnes minutes. Mais t'inquiète, je ne dirai rien à personne sur ton caca nerveux. Quoique ça n'étonnerait personne. » Lui lançant un sourire, plus franc qu'ironique, il descendit les quelques dernières marches avant de se diriger vers la cuisine et de se servir un verre d'eau. Il n'avait pas fait cette remarque pour envenimer la situation avec Jaylann, juste pour lui montrer que ses pics de gamine pourrie gâtée et bien trop hautaine pour ce qu'elle était ne le touchaient pas. S'appuyant dos au plan de travail, il l'observa quelques secondes. A part la couleur de cheveux et la pigmentation de ses yeux, elle n'avait rien avoir avec Julia. Elle était certes, jolie dans son genre, mais pas au goût de Zachary. Les maigrichonnes, très peu pour lui!
Alors ils étaient là, face à face, Zach en train de boire son verre d'eau et Jaylann en train de le fusiller du regard. Il priait à vrai dire pour que l’aînée quitte rapidement la maison, pour ne pas avoir affaire à une énième prise de becs entre Julia et elle, chose qu'il ne pouvait définitivement pas supporter de bon matin. Essayant de sourire gentiment, il tenta un début de conversation. « Et euh sinon... Ahem, vous auriez quelque chose qui ressemble à du café ? »

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Cinq minutes... C'était déjà de trop. Jaylann était hors d'elle, mais elle ne lui ferait pas le plaisir de s'énerver et ne risquerait pas de réveiller Julia, une énième crise de nerfs ? Non merci, elle ne risquerait pas d'en venir au mains, elle n'en avait pas le courage. Elle se contenta de regarder Zachary de haut en bas lorsqu'il descendit dans la cuisine, il était agréable à regarder c'est sûr mais encore trop jeune pour Jaylann, pas étonnant qu'il convenait au gamine comme Julia se disait-elle. Elle ignora tout simplement sa remarque et continua son activité, elle se servit une tasse de thé et porta celle ci encore brûlante à ses lèvres. Le meilleur moyen pour elle de se calmer était bien évidement d'ignorer les gens, seule elle se sentait parfaitement bien. Puis elle repensa à ce qu'il avait dit "Ca n'étonnerait personne." Il était dur de contenir sa colère, encore plus quand vous vous appelez Jaylann Fitzgerald. Puis elle se souvint qu'elle n'était qu'une fille colérique et venimeuse qu'aux yeux des gens qui côtoyaient ses frères et soeur, ce qui la rassura, elle n'avait rien à prouver à des sous merde. Mais elle ne put s'empêcher...

- Parce que tu crois sincèrement que quelqu'un va te croire ? Je suis intouchable dans cette ville et puis regarde toi mon pauvre chéri depuis que tu es avec Julia tu es devenu un déchet... Elle s'approcha de lui doucement et lui caressa la joue. Toi qui était pourtant si charmant, quel gâchis... Elle fit une moue boudeuse et s'approcha de l'oreille de Zachary pour lui murmurer langoureusement : Si j'avais un homme comme toi rien que pour moi... Elle lui caressa brièvement le torse. J'essayerai de lui apprendre ce qu'est le respect de soi même. D'une légère pression de la main elle le poussa et se recula immédiatement après ces derniers mots, adressant un regard malicieux au jeune homme.

Zachary lui souri malgré tout et tenta une conversation, Jaylann était exaspérée, elle ne pouvait décidément pas avoir un moment à elle, sans cesse perturbée pour un rien. Il ne pouvait pas aller chercher son café en ville ? Ils ne pouvaient pas juste ne jamais se réveiller ?

- Dur de jouer les hypocrites, n'est ce pas ? Les sourires évite la prochaine fois, tu seras gentil. Et pourquoi tu ne te contenterais pas de ton verre d'eau, tout simplement ?

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Un dechet ? C'est à ce moment là que Zachary se rendit réellement compte que Jaylann le jugeait réellement sans le connaître. Il savait qu'elle méprisait sa sœur pour toute la drogue qu'elle pouvait avaler, et devait croire qu'elle l'avait entrainé dans tout ça. Ricanement légèrement, il songea au fait que sans lui, Julia n'aurait certainement jamais rien pris d'illicite. Haussant un sourcil au contact de la jeune femme, il soupira une deuxième fois en la fixant d'un air blasé. Le respect de soi même ? Comment pouvait-elle oser dire ça ? Elle, la fille qui glandait chez elle depuis la fin de ses études, face à un gamin qui bossait plus qu'il n'était sensé le faire à cet âge là, et avait pris la place du chef de famille à à peine seize ans. Il en avait vu plus que Jaylann dans toute sa vie, il en était certain. Et puis, à peine trois ans de plus, c'est ce qui la rendait si hautaine ? C'était pitoyable, tout simplement. Il aurait pu la toiser, lui répliquer une remarque acerbe ou encore exploser et lui dire tout ce qui venait de lui traverser l'esprit, mais Zachary était un pacifiste, et il ne s'énervait que quand la situation en valait la peine. Et Jaylann n'en valait certainement pas la peine. Il haussa de nouveau les sourcils. De l'hypocrisie. Non. Il essayait juste de faire les choses bien, comme d'habitude. « Ecoute, si tu appelles l’amabilité hypocrisie, libre à toi. Entretue toi avec ta sœur si ça te chante, mais ce n'est pas parce que je sors avec elle que j'ai droit au même traitement. Surtout vu que tu ne me connais pas. » Lui souriant de plus belle, il se retourna et fouilla un peu dans les placards, avant de trouver des dosettes d'expresso. Se préparant son café, il secoua doucement la tête. « Oh et... Intouchable tu dis ? Faut pas se sentir menacée, j'vais pas te bouffer. Tu vois, toi, t'es l'Allemagne, Julia, c'est la France. Et moi j'suis la Suisse. » Souriant à sa comparaison, plutôt bien trouvée, il se retourna à nouveau, une tasse fumante dans les mains. Et elle était toujours là, à le fixer, ou peut être à essayer de le désintégrer du regard, un peu comme Cyclope quand il enlève ses lunettes.

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À quoi bon être agréable avec lui, que pouvait-elle bien y gagner ? Quand bien même Zachary serait quelqu'un d'intéressant elle ne pouvait se permettre de se rapprocher de lui par pure sympathie, si elle venait à s'intéresser à lui ce serait uniquement pour atteindre Julia. Elle avait souvent joué à ce petit jeu "atteindre Julia" le but était de lui faire mal, de plus en plus jusqu'à l'abandon, quitte à faire n'importe quoi. Cela va faire 20 ans déjà. Je m'essouffle, pensa-t-elle. Zachary n'avait l'air en soi pas d'un garçon désagréable, mais si il sortait avec Julia il y avait sûrement quelque chose qui clochait.

Pour Jaylann personne ne pouvait s'interposer entre Julia et elle, après tout que savent-ils de l'histoire qu'elles partagent ? Absolument rien. Ils se la jouaient tous grands justiciers, jugeant connaître les moindres détails ; Jaylann la grande méchante, l'hautaine, cherchaient-ils à la connaître elle ? Bien sûr que non, comment pouvaient-ils s'étonner de son comportement ?

- Je vois que monsieur a fait de grandes études pour connaître l'histoire ainsi. Tu me donnes réellement envie de te connaître Zachary.

Après ces mots, elle prit place sur une des chaises et le regarda l'air dubitatif, malgré sa remarque venimeuse elle voulait en savoir plus sur lui.

- Oh et, tu ne te sens pas menacé c'est cela ? Serais-je donc face à une force de la nature... Dis m'en plus sur toi, je t'en prie.

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Hypocrisie pure et dure ou amabilité soudaine de la part de Jaylann ? A vrai dire, il sentait l'hypocrisie dans ses propos et n'allait pas se gêner pour également feindre la gentillesse. Au moins, ça lui ferait passer le temps jusqu'au réveil de sa dulcinée. Que pouvait-il lui dire de réellement intéressant. Je bosse dans un fast food et je fais le job que ma mère ne fait pas ? Non, ça on allait éviter. Il pouffa au « force de la nature ». Remarque, c'était peut être le cas. Il aurait très bien pu un des fils illégitimes d'Eole, dieu du vent. Mais ça semblait peu probable. Pinçant légèrement les lèvres, il but une gorgée de son café après avoir, au préalable, soufflé dessus dans un geste totalement inutile pour le refroidir. « Que dire... ? Zachary, comme tu le sais déjà, 22 ans dans quelques jours. 70 kilos, un mètre quatre vingt, et j'ai eu la varicelle quand j'avais trois ans. » Haussant un sourcil, il se trouva plutôt amusant. Il n'avait, à vrai dire, aucune envie de raconter sa vie privée à la sœur de Julia, qui lui menait la vie dure depuis toujours. Julia ne savait pas la moitié de sa vie, alors pourquoi Jaylann aurait-elle eu le droit d'être au courant de certaines choses ? Pour rien, à vrai dire. Il se contentait alors de siroter son café, la regardant d'un air amusé. « Et toi alors ? Es-tu réellement la fille de glace réac au possible qu'on dit que tu es ? Ou c'est juste un moyen de se distraire, de faire chier le monde ? ». Voilà une façade que Zach ne montrait que rarement. Certes, il était joueur, mais il savait aussi mettre le doigt là où ça fait mal. Un talent hérité de son cher paternel, certainement. Il n'avait pas pour habitude d'utiliser ce talent, juste quand il sentait que la personne à qui il s'adressait était loin d'être honnête, et lui voulait du mal, à lui ou à un de ses proches. En l'occurrence, Jaylann voulait faire du mal à la fille dont il était amoureux, et ce par son intermédiaire, les blessant tous les deux. Elle pourrait s'épuiser à ce jeu là, s'évertuer à essayer de l'amadouer, il serait aussi réceptif qu'une huitre. Comme d'habitude.

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Zachary ne disait rien d'extrêmement à son propos, des futilités, il n'avait peut-être rien d'intéressant à dire sur lui pensa Jaylann puis elle se souvint que dans cette ville, chaque personne avait quelque chose d'intéressant à dire sur elle, seulement il était plus amusant de le deviner que de l'avoir tout cuit dans la bouche. Sans grande surprise, il y eu un retour de question. Et toi alors ? Es-tu réellement la fille de glace réac au possible qu'on dit que tu es ? Ou c'est juste un moyen de se distraire, de faire chier le monde ? Ces paroles eurent l'effet d'une bombe chez Jaylann, elle se leva et donna un coup de poing sur la table de cuisine, le visage rempli de haine.

- Et toi visiblement tu ne vaux pas mieux que les autres. Tu n'es même pas capable de te faire ton propre jugement tu ne fais qu'écouter ce que les autres disent à mon sujet, as-tu déjà essayer de creuser en moi pour découvrir quelqu'un de plus beau que ce que tu vois maintenant ? Tu es tellement prévisible. Pas étonnant que ton père se soit barré, une famille pareille il y a de quoi se foutre une balle dans la tête.

Jaylann détruit du regard Zachary, au bord de la crise de nerfs elle prit une cigarette dans son paquet et d'un pas rapide se rendit devant la maison, claquant évidement la porte au passage.

C'était incroyable tout le monde était persuadée de la connaître, si elle était comme ça c'était pour une raison la vie avait été immonde avec elle, elle avait été bien souvent déçue par les personnes qu'elle appréciait, elle avait décidé d'être ainsi pour se protéger de tout cela. Seulement, personne n'avait envie de comprendre ça, il ne voyait que l'odieuse Jaylann méchante par plaisir, bande d'enfoirés pensa-t-elle en allumant sa cigarette. En crachant sa fumée, elle soupira :

- C'est pas possible, c'est un cauchemar...

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Zach haussa un sourcil, elle ne comprenait visiblement rien. Soupirant et levant les yeux aux ciels, il entreprit de lui expliquer. « C'est bien ce que ma phrase voulait dire, qu'il y avait quelque chose d'autre, là dedans » à ces mots, il pointa le doigt vers la poitrine de la jeune femme. Tressaillant à la dernière phrase, il essaya de se persuader qu'elle avait tort. Qu'il était parti avec une blondasse de vingt cinq ans. Qu'il les avait lâchement abandonnés. Mais la vérité était qu'elle avait frappé pile là où ça fait mal. Quelqu'un serait entré dans la pièce à ce moment là, il aurait sûrement considéré cela comme un combat de coq, rien de plus, rien de moins. Se tournant vers la fenêtre, il la vit sur le perron, en train de fumer sa cigarette, rageusement. Et la laisser faire et remonter aurait signifié sa défaite, en quelque sorte. Et puis, il fallait bien qu'elle comprenne qu'elle n'avait pas à se sentir menacée en sa présence, qu'il n'en avait réellement rien à battre de leurs querelles entre sœurs.Sortant à son tour, il tira une clope de son paquet et l'alluma, avant d'en prendre une grande bouffée. « Tu sais, si t'étais un peu moins sur la défensive, tu comprendrai peut être que depuis ce matin, j'essaie juste de te parler normalement. C'est pas en m'attaquant bêtement sur le départ de mon père que ça te fera gagner des points ». Tirant une autre bouffée, il laissa son regard partir dans le vide. « Et puis, si t'as l'intention de continuer ton petit jeu du j'essaie-de-te-blesser-avec-des-mots t'as déjà épuisé le seul sujet qui fait mal. » Se tournant légèrement vers elle, son sourire avait disparu, et avait laissé place à un sérieux plutôt étrange chez lui. « Tu veux savoir un truc utile sur moi ? J'aime pas être méchant, et j'le suis rarement. J'aime pas juger les gens. Et j'préfère me lever dans le calme qu'avec une nana qui m'agresse parce que je respirais dans sa maison. Après, t'en fais ce que tu veux. » Continuant à fumer, il la regarda, haussant un sourcil. Au fond, peut être qu'elle ne comprendrai jamais, qu'elle était trop bornée pour ça. Ou peut être qu'ils pourraient finir la matinée sans s’entre-tuer. Ça aurait plutôt agréable, d'ailleurs.

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Si elle était sortie hors de la maison c'était évidement pour être tranquille, elle ne s'attendait en aucun cas à ce que Zachary la rejoigne. Elle ne cherchait pas à avoir le dernier mot, elle savait quand elle avait raison ou non, cette pseudo guerre entre elle et Zach était complètement stérile, elle le savait mais Jaylann était excessive dans ces propos, bien trop impulsive et lorsqu'elle s'en rendait compte elle pensait que se l'avouer était preuve de faiblesse, se retrancher dans ses idées une simple trêve. Alors elle préférait continuer à être ce qu'elle est supposée être, une jolie couverture mais des pages blanches, sa personne était inaccessible, il lui arrivait souvent de ne plus savoir qui elle était.

- Je n'ai rien contre toi.

Jaylann n'avait plus la force d'être méchante, elle s'en foutait de ce qu'il pouvait penser, elle était seule et le resterai l'avis des gens ne changerai rien à la donne. Elle détestait Julia, pas lui, même si il était dur pour elle de comprendre ce qu'il pouvait lui trouver.

Sa cigarette se consumait rapidement, il lui parlait, elle l'écoutait avec attention sans pour autant le regarder. Les yeux vides tout comme l'âme, elle prononça ces quelques phrases qu'elle regretta avant même de les prononcer.

- Je n'ai pas d'amis, la plupart du temps je suis seule, je repousse sans cesse le moment où je dois rentrer chez moi car même à ce moment là je me sens seule. Je déteste ma famille, si je leur parle c'est uniquement parce que je n'adresserais la parole à personne d'autre de la journée et je n'ai pas envie d'être aimable avec eux contenu nos histoires passées. Voilà, je suis une coquille vide, va vite le raconter à tout le monde.

Elle avait une voix douce, presque apaisante contrairement à son image. Mais elle restait fidèle à ce qu'elle était, son visage était dur.

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Zachary l'écoutait attentivement, la laissant parler, ou plutôt se vider, dire ce qu'elle ne disait pas depuis bien trop longtemps, à son humble avis. Penchant la tête sur le côté, il fumait lentement avant de se racler doucement la gorge et de prendre la parole. « Je ne vois pas pourquoi j'irai le raconter à tout le monde. Ca ne regarde personne. » Baissant les yeux, le regard posé sur sa cigarette, il pensait. Il savait très bien ce qu'elle ressentait, se sentir seul au monde et désemparé dès le retour à la maison. La situation était certainement différente, et en même temps similaire. Etrange. « Tu n'es pas la seule à vivre ça. Je ne rentre chez moi que pour remplir le frigo, et prendre des fringues. Faut pas croire que je n'aime pas ma famille. J'adore ma sœur. Et ma mère c'est... différent. Si je pouvais me barrer d'ici, et ne jamais revenir, je le ferai. Mais Magnolia, c'est une prison dont tu ne peux pas te sortir. » Et c'était peu de le dire. Mitchie avait besoin de lui. Sa mère serait complètement prise au dépourvu si il venait à partir. Il avait des obligations ici, douteuses certes, mais il y était soumis, comme pris dans un cercle vicieux. Une situation malsaine, dont il n'arrivait pas à se sortir. Si il restait, si il ne pétait pas un plomb et n'envoyait pas tout balader c'était bien pour Julia. Elle comprenait, elle seule. Du moins, il en avait l'impression. Il avait du mal à comprendre la haine de Jaylann à son égard. Certes, Julia avait l'air d'une peste au premier abord, il le savait car il l'avait considérée comme telle à leur première rencontre. Mais elle s'était révélée gentille, drôle, compréhensive et protectrice. Elle savait le faire rire quand rien ne lui donnait envie de le faire. Mais il savait que la famille Fitzgerald portait une histoire plutôt lourde, et cette haine ne faisait que confirmer son idée.

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La jeune femme connaissait l'histoire de Zachary, ce qu'il faisait pour elle et subvenir à leur besoin, elle admirait son courage mais il était cependant impossible de lui dire. C'était bien trop tôt, son image ne pouvait avoir changer en quelques minutes.

- J'ai envie de croire qu'un jour ou l'autre je pourrais partir d'ici. C'est une prison, certes luxueuse mais je m'y sens enfermée. Puis qu'est ce que je peux faire, je n'ai pas de diplôme, pas de travail, je n'ai rien pour m'en sortir pas même quelqu'un sur qui compter. Je ne comprends même pas pourquoi je suis encore sur cette terre, rien ne me retient après tout.

Jaylann n'avait plus aucune réticence à l'égard de Zachary, il n'était que tout les deux, comme si il n'y avait qu'eux au monde, elle ne pensait pas aux conséquences. Elle avait besoin de se livrer, de parler à quelqu'un et Zachary avait la voix douce, presque réconfortante, elle ne l'avait pas regarder jusque là, son regard se posa enfin sur lui et trouva repos dans ses yeux bleus.

- Je ne m'autorise pas ce genre de faiblesse, je vais sûrement m'en vouloir pendant longtemps.

Elle accentua sa phrase d'un sourire triste et détourna à nouveau le regard observant le quartier qui semblait désert en ce dimanche d'automne.

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« S'exprimer n'est pas une preuve de faiblesse mais de force. C'est avouer ses faiblesses qui te fait avancer. J'ai passé un moment à le comprendre aussi. » Lui souriant doucement, il reconsidéra Jaylann. Elle n'était pas si méchante, au final. Juste blessée. Par quoi ? Il n'en savait rien. Mais il savait juste qu'elle avait une rancœur si puissante envers sa famille qu'elle s'y retrouvait piégée, et sûrement coupable. Tirant de nouveau sur sa cigarette, il fit quelques ronds en regardant le soleil monter peu à peu dans le ciel. Ca serait une belle journée, mais surement glaciale. Il se les pelait d'ailleurs un maximum, étant juste en jogging. Tournant à nouveau la tête vers elle, il haussa les épaules. Elle avait l'air d'avoir réellement peur qu'il parle de cette conversation à qui ce soit, mais il ne le ferait pas. Il avait à présent un certain respect pour elle, voyant qu'ils se ressemblaient plus qu'ils ne le pensaient tous les deux. « J'te promets de ne divulguer le contenu de cette conversation à personne. Sauf peut être à mon chat. Mais il est pas très bavard. J'dirai à Julia que tu m'as agressé au saut du lit, si ça peut t'arranger. » Il ricana doucement, en tirant une dernière barre avant d'envoyer son mégot sur le trottoir d'une pichenette. Prenant sa tasse à deux mains, il les réchauffa au contact de la faïence tiède. Au final, la journée s'annonçait meilleure qu'il ne le pensait. Cette conversation l'avait un peu soulagé, de savoir qu'il n'était pas le seul dans cette situation, qu'il pouvait s'identifier à quelqu'un. Lui lançant un regard malicieux, il déclara « Me frappe pas hein, mais j'crois qu'au fond, t'es bien sympa. » Se retenant de dire, comme toutes les filles Fitzgerald, chacune dans son genre. Toutes les trois secrètes et fragiles, mais d'une manière différente.

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- Je ne suis pas encore prête à me remettre en question, je crois que je ne supporterais pas d'avoir passé tant d'années dans le déni...

Elle baissa les yeux et les porta vers Zachary, un petit sourire sur les lèvres.

- ... et puis je n'ai pas ton courage.

Si son image était devenue plus douce aux yeux de Zachary, elle n'était pas pour autant prête à changer aux yeux du reste du monde. Dans une autre ville, elle serait sûrement différente laissant place à la femme qu'elle est vraiment mais à Magnolia, c'était impossible. Jaylann ne pouvait être heureuse ici, elle avait toute une vie à recommencer.

Elle ne craignait pas que Zachary en parle à Julia, elle n'avait pas confiance en lui, pas encore, mais elle le croyait. Aussi étonnant soit-il, il réussit à la faire rire, pas un rire sarcastique quelque chose qui semblait réel.

- Tu en profiteras pour dire à ton chat que j'avais tord sur toi, tu es quelqu'un de bien et je suis désolée d'en avoir douter.

Elle lui fit un sourire sincère, comme elle n'avait pas eu l'occasion de faire depuis très longtemps. Ces quelques minutes passées en la compagnie de Zachary insuffla une sensation de bien être en Jaylann, comme libérée de ses chaînes pendant un cours instant.

Il commençait à se faire tard, Jaylann devait continuer ses recherches de travail et passer à la bibliothèque pour remplir sa journée.

- Tu m'excuseras j'ai mes amis les livres qui m'attendent impatiemment à la bibliothèque, essaye de passer une bonne journée Zachary.

Elle se dirigea vers la porte d'entrée, lui adressant un dernier sourire et disparu.

» Journée cuisine ▬ Zachary ϟ Suzzie
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The triumph of our tired eyes. - Zachary Dekker -

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