Echarpe autour du cou ? Check. Lunettes de soleils pour masquer la gueule de bois ? Check. Porte-monnaie pour s’acheter un croissant et un café sur la route ? Check.

Ce Dimanche matin –soit vers 2h de l’après-midi pour notre jeune McCormick, Minnie décida d’affronter le monde extérieur de jour et aller se poser sur un banc quelconque du parc pour prendre tranquillement son petit-déjeuner et observer nostalgiquement des petits gosses de trois ans faire des scènes pour de futiles bagatelles. Hum, oui bon, c’était plutôt pour échapper à l’atmosphère insupportable de la petite « famille parfaite » et ne plus assister à toute cette mascarade qu’elle préfèrerait se rendre ailleurs. Et quel meilleur endroit pour refaire la paix avec soi-même et pouvoir profiter des biens faits de la nourriture tranquillement que d’être avachie sur un banc de ce parc. Ensuite, il lui suffirait de balancer tout un tas d’ondes bien négatifs pour être certaine que personne ne viendrait lui chercher des noises. C’est vrai qu’elle avait déjà pensé à se trimballer dans la rue avec un panneau « danger : radioactivité » autour du cou, mais –hum- tout de même, elle se devait au moins de garder un minimum d’élégance. Même si là au moins, elle aurait été certaine qu’aucun petit importum ne viendrait chercher de ses nouvelles dans le simple but d’aller colporter des rumeurs à son égard.
En revérifiant une dernière fois son reflet devant le miroir, elle prit une voix aigüe criarde de groupie en pleine crise hormonale, plaqua sa main devant sa bouche pour dire :

« OULALALA, OH MON DIEU, Dieu tout puissant ! Vous savez quoi les fiiiiiiilles ? Minnie vient de changer de parfum et sa nouvelle odeur est IN-SU-PPO-RTA-BLE ! Qu’on la peeende ! »

Elle étira ses lèvres en un sourire moqueur, réarrangea sa coiffure et se fixa elle-même dans le blanc des yeux.

« Bon, prête ma belle ? On y va. »

Minnie hocha la tête, prit son sac et quitta enfin le cocon familial ; direction le parc.


Une fois sur place, son café dans une main, un donut dans l’autre (oui oui, elle avait finalement opté pour deux donuts caramels @.@), elle s’assit sur le seul banc vide du coin et entama la première phase de sa digestion. *Dieu, tu m’entends ? Tu ne pourrais pas baisser un peu la luminosité steu plaît ? Ton soleil est en train de me cramer la rétine.*

Bien heureusement que la jeune femme avait pensé à prendre ses lunettes de soleil. Elle enfila ses écouteurs, mis son baladeur sur lecture aléatoire et commença à bouger la tête au rythme de la chanson.

♫ « I love Rock n’ roll, na na na na na too much baby, I love ... »

Peut-être bien que quelqu’un finirait bien par avoir pitié de sa personne et préviendrait la jeune femme qu’elle était assise sur un banc nouvellement repeint dont la peinture était encore fraiche. Peut-être bien oui. o/

Minnie savourait paisiblement son donut, tout en appréciant la musique, au volume maximal, qui acheminait jusqu’à son cerveau. Elle était bien là, assise sur ce banc sans que personne d’autre ne vienne lui chercher des noises ou même lui faire tout simplement la conversation. Et d’ailleurs, elle n’avait besoin de personne. La jeune McCormick devrait sincèrement penser à faire cela beaucoup plus souvent. Elle y serait gagnante sur tous les points. Surtout que cette escapade lui permettait d’échapper à l’ambiance très festive (ahem) qui régnait depuis bien longtemps chez elle.
Et en ce moment même, la jeune femme ne pensait à rien. Et rien de mieux pour reposer sa petite cervelle. Seule la prochaine chanson que l’option « aléatoire » mettrait sur son chemin la préoccupait. *Elle n’est pas belle la vie hain !*

♫ « I used to roll the world. See would rise when I give the wooooooorld. Now, in the morning, I sleep alone ... »

C’était exactement cela, elle bien là. Même qu’elle était vachement bi …

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »

Ouioui, encore une fois, c’était bien trop beau pour durer plus d’un quart d’heures. Il avait fallu, bien évidement, que quelqu’un ait le sadisme de venir éclater sa bulle. Et généralement de la manière la moins délicate possible. Plus ça allait et plus Minnie pensait sincèrement que le Diable avait passé un pacte avec le Destin contre sa personne. Elle avait du avoir une vie antérieure pas très catholique.

Parce que oui, alors que pour une fois, elle appréciait la vie en contemplant le haut des arbres et la lumière du soleil filtrée par le feuillage de ces derniers et réduite par le port de lunettes de soleils, il fallait qu’un individu vienne tout foutre en l’air. Minnie McCormick devrait s’y être habituée avec le temps, et pourtant !
*MONDIEU, AU VIOOOOL ! C’EST QUI CET OBSEDE QUI ME TRIPOTE DANS LE PARC ?*
Hum, il faudrait peut-être lui faire parvenir qu’on venait juste de lui poser la main sur le genou et non de la déculotter en public. Et ce même s’il devrait revoir sa tactique d’approche.

Avec la délicatesse d’un phoque anthropophage, en gueulant comme une poissonnière, elle fit volte face pour tenter d’identifier son « agresseur ». Si elle allait porter plainte contre lui dans l’après-midi, elle pourrait au moins leur fournir un portrait-robot. Ainsi donc, elle retourna pour se retrouver nez-à-nez avec …

« MAXIM DANIELS ? Mais d’où tu me parles ? »
Vous aussi vous trouvez que Minnie était d’une politesse hors norme, n’est-ce pas ?

Rien de plus pour intriguer la jeune McCormick. Elle appuya sur pause, arrêtant à regret sa musique et se concentra sur cet interlocuteur improvisé et bien loin d’être désiré.

Maxim Daniels … C’était un ami de sa sœur. Elle l’avait même vu plusieurs fois traîner à la maison. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle appréciait le jeune homme, bien au contraire. Le moins qu’on pouvait y dire, c’était qu’elle le trouvait bien étrange. Minnie était certaine qu’il cachait de secrets bien lourds et qu’il n’en avait certainement après elle. *Maman, je suis sûr qu’il veut m’égorger pendant mon sommeil !* Et puis, c’était un journaliste quoi, soit un fouineur de première classe.

« C’est MI-NNIE et non Minerva ! Tu voudrais peut-être que je te l’épelle ? M. I. N. N. I. E. Franchement, les journalistes de nos jours, plus ce qu’ils étaient avant. »

*Et puis, il pense vraiment que je vais lui laisser mon banc avec cette tactique minable. C’EST MON BANC D’ABORD ! J’étais là avant hain !*

« Je ne sais pas comment ça marche dans ton monde, mais dans le mien, c’est le premier arrivé, le premier servi. Et puisque j’ai été là avant toi, il est hors de question que je te laisse ma place. Non, mais je rêve ! Et puis quoi encore ? Tu ne voudrais pas mon café aussi ? Mon t-shirt ? »

Sur les nerfs la McCormick ? Elle ne voit absolument pas de quoi vous parlez (a).