Bon, ça c'était fait ! La Harper le cul contre la glace, le transport à l'hôpital et tout et tout ! Forcément, on ne se voit plus souvent alors il faut que l'on vive des choses fortes ensemble. La situation me faisait sourire, parce que je repensais à toutes ces fois où nous avions dû emmené la jeune Albright à l'hôpital: le coup du bras cassé à 9 ans, le pied écrasé par une roue de voiture à 12 ans, le ballon en pleine tête à 15 ans... on ne le comptait plus ! Mais je savais qu'Harper était très inquiète. Elle n'allait pas pouvoir prendre soin de ses frères et soeurs dans cet état là. "Je sais exactement ce à quoi tu penses Albright, mais te fait pas de soucis, je garderai un oeil sur les deux mioches!" lançais-je, et j'espérais vivement la rassurer un peu ! Je connaissais bien Ali et Lynn, je les ai vu grandir, donc je me sens tout à fait capable de reprendre le rôle de la grande soeur Harpy durant sa convalescence!

Elle était donc là, allongée sur son lit d'hôpital à attendre qu'un docteur vienne lui soigner ses bobos. Je m'asseyais alors sur une petit chaise juste à côté de son lit. On ne parlait pas très fort, car d'autres personnes pouvaient nous entendre. Vous savez, les box aux urgences, parqués comme des animaux! Et bien nous étions là dedans, et forcément, on ne peut pas s'amuser à parler haut et fort quand les cloisons ne sont que de vulgaires tissus. Je n'aimais pas l'hôpital, ça me rappelait trop ma mère... c'est ici qu'elle est décédée, donc forcément, je n'en garde pas le meilleurs des souvenirs.

Je posais alors mon regard sur Harper, et en la voyant dans cet état, je commençais à rire, sans plus pouvoir m'arrêter. Pourtant la situation était loin d'être hilarante! Mais la chute d'Harper restait un moment assez drôle quand on y repensait !

"T'aurais du voir ta tête Albright !" lançais-je en riant et en l'imitant ! Aaah, j'arrivais enfin à décrocher du visage de la jeune fille un petit sourire. Je m'attendais aux insultes qui allaient suivre ! Elle est folle cette nana ! Mais je l'adore !

Oui, me rendre dans un hôpital, surtout celui ci, n'était pas chose évidente pour moi. La dernière fois que nous étions venu ici, c'était pour rendre visite à ma mère. Mais nous n'avions pas eu le droit de la voir, du moins, je pense que ce n'était pas une mauvaise chose. Ma mère était arrivée complètement défigurée, brûlée de toute part dans cette incendie qui avait ravagé notre domaine familial. Pourquoi ma mère était-elle seule à la maison à ce moment là, pourquoi étions-nous sorti avec notre père. Et si au final tout ça avait un lien, et si tout était la faute de mon père. Un tas de questions que je me posais d'années en années... car oui, j'avais le sentiment que la faute revenait à Joey, comme s'il avait tout orchestré, comme si la mort de ma mère était finalement de sa faute. Je n'étais donc pas serein, craignant qu'il nous face la même chose à Heath', Claire et moi... et d'un autre côté, je me demandais s'il était vraiment capable de cela, s'il l'avait été du moins. J'avais l'impression qu'il l'aimait tellement à l'époque, mais que sa disparition ne l'avait pas pour autant affecté. Bref, j'étais perdu.

Alors forcément, revenir dans cet endroit, synonyme de disparition, tristesse, deuil... ce n'était pas pour moi non. Je ne voulais pas avoir à rester trop longtemps ici, mais pour Harper, je ne compterais pas les minutes. S'il fallait que je reste auprès d'elle toute la nuit, je le ferais sans hésiter. « On est au calme. On a le temps, donc si tu veux parler, je t'écoute tu sais. Je suis là pour ça Adri... ». Parler n'était pas vraiment mon truc, j'avais déjà fais l'expérience avec Heath' quelques jours auparavant, mais avais l'impression de mettre trop confié. Je m'étais alors mis tout seul dans une situation d'insécurité, dévoilant mes plus grandes faiblesses, me rendant un peu plus vulnérable. Et j'aimais avoir le contrôle sur tout... Mais parler avec Harper n'était pas quelque chose de difficile, puisqu'elle savait toujours tout. Les problèmes familiaux étaient devenus sa spécialité finalement, et si je lui racontais les miens, elle saurait comment m'aider. Malheureusement, je n'avais pas la force d'entrer dans le sujet... pas maintenant. "T'inquiète pas Harp', je gère l'affaire !".

« Mais ça me fait mal au dos et au cou cette position! » Toujours en train de gueuler celle là ! Haaa, je la reconnaitrais parmi tant d'autres la Albright. Elle est unique, et son caractère rejoint souvent le mien. Oui, nous sommes fais pour nous entendre, c'est certain. D'ailleurs, la différence d'âge n'a jamais été un problème pour moi. Harper, de part ses responsabilités quotidiennes, est de loin une des personnes dont je reconnais et j'admire la maturité. Enfin là, à la voir gigoter dans tous les sens, je voyais plus l'enfant que l'adulte, ce qui me rappela de bon vieux souvenirs ! "Harper Albright, stop ! Un docteur va venir, prend ton mal en patience ! Aaah, toi j'te jure !".

Ma main posé sur son frond, je me blottis contre elle, la prenant désormais sous mon aile. J'espérais au moins avoir le pouvoir de la rassurer, de lui montrer que j'étais là pour elle, quoi qu'il se passe. Oui, je suis abonné à la bisounourserie ces derniers temps !

Harper m’avait demandé d’aller lui cherche de l’eau, ce que je fis sans broncher. C’est vrai la pauvre ne pouvait pas se lever, je n’allais pas la laisser se déshydrater ! Je suis son meilleur copain, pas un monstre. Enfin, je devais être un monstre aux yeux de certaines personnes, plus particulièrement ceux qui connaissaient et fréquentaient Juliet Davies. Mais a quoi bon, il ne fallait pas que j’en tienne compte sinon je me ferais une mauvaise idée de moi même ! Nan, je préférais garder la tête haute, et foncer même si c’était dans le mur.

Bref je descendais rapidement les 3 étages qui me séparaient du hall de l’hôpital. Je ne voulais pas faire attendre mon amie qui était déjà bien mal en point. Une queue interminable devant le distributeur. Je devais donc attendre un instant avant de pouvoir passer commande à la machine. Ce fut ensuite mon tour. Alors que je glissais une pièce dans le distributeur de boisson pour y acheter une bouteille d’eau, je vis le reflet de mon amie dans le distributeur. Qu’est ce qu’elle faisait ? Pas le temps de me retourner qu’elle avait foncée dehors. Je récupérais rapidement la bouteille et me lançais à sa poursuite.

« Harper ! Albrigth reviens tout de suite ! » mais elle ne m’écoutait pas, elle était lancée sur son fauteuil roulant, et ne comptait pas faire demi tour. Je me mis à la suivre, lorsqu’elle se laissa volontairement au sol pour se cacher derrière une voiture. A quoi jouait-elle sérieusement ? Je n’étais pas d’humeur à faire un cache-cache !

J’arrivais donc jusqu’à elle, et l’observa, là par terre, levant innocemment les yeux vers moi. Pas un mot. Je bouillonnais. « Putain mais Harper, tu nous fais quoi là ? C’est vrai, t’as l’air vraiment intelligente là ! ». Je fis mine de l’applaudir, qu’elle comprenne qu’elle faisait vraiment n’importe quoi. J’étais en colère contre elle, parce qu’elle n’était pas capable de rester trente seconde sans bouger. C’était dans son intérêt, au final je n’avais rien à y gagner. Harper, quant à elle, ne faisait qu’aggraver la situation. Et si finalement elle ne s’était pas simplement cassée une jambe ? Face à ce comportement d’inconsciente de la vie, je l’attrapais par le bras, et la replaçais sur son fauteuil. Oui bien sûr, elle se débâtait comme elle pouvait, mais ma biche… nous n’avons pas la même force. Elle criait sa mère, mais tant pis, elle devait voir un médecin coûte que coûte. Je la poussais dans son fauteuil jusqu’à l’intérieur. Elle me prenait pour un imbécile ou bien ? Genre j’allais revenir dans la chambre, ma pauvre bouteille d’eau à la main pour finalement me rendre compte qu’elle s’était fait la male… J’vous jure, cette nana me rend dingue !

Harper me suppliait de faire demi tour, de ne pas la remettre dans son lit. Mais non, il fallait arrêter le délire. Elle s'était fait bien mal à la patinoire, et tant que nous ne saurions pas ce qu'elle a, elle ne bougerait pas de ce lit d'hôpital. Je me contrefichais de savoir ce qu'elle en pensait, l'important était qu'elle soit soigné le plus rapidement possible et qu'elle n’aggrave pas son étant de santé.

"Harper, tu vas attendre gentiment qu'on s'occupe de ton cas, et c'est le docteur qui décidera si tu rentres ou pas... et inutile de crier, ça ne m'impressionne pas.". Oui j'étais sévère avec elle, mais je ne voulais pas qu'elle continue cette scène. Elle devait désormais être patiente et ne pas en faire qu'à sa tête. Je la connais la Albright, elle se veut forte, robuste, mais ce n'est pas suffisant, du moins pas assez pour me plier à ses moindres caprices. Je resterais avec elle jusqu'à ce qu'elle puisse sortir de l'hôpital, j'espérais que ce serait suffisant pour elle. La raisonner était donc la seule chose à faire... cette tête de mule je vous jure!

Elle se mis à pleurer. Je m'arrêtais. Je me penchais au dessus de sa tête, elle disait être Harper Albright, que cette chute ne devait pas la conduire à l'hôpital. Puis elle me dit enfin qu'elle devait voir Cody le soir même et qu'elle avait besoin de le voir. Ok, ce n'était pas un problème. Elle l'appellera une fois dans sa chambre et lui demandera de venir. Et s'il faut que j'aille le chercher, je le ferai. "Harper, tu n'es pas Wonderwoman... tu dois d'abord te faire soigner et après tu rentreras. Pour ce qui est de Cody, rien ne l'empêche de venir ce soir te rendre visite... et puis tu ne sais même pas ce que le docteur va dire de ta blessure. Si ça se trouve tu seras chez toi ce soir. Donc arrête de faire ta gamine, et tout ira bien!"...

Je m'approchais ensuite de son crâne et y déposait un baisé, pour la rassurer. Je n'en revenais pas... elle s'était quand même jeté de son fauteuil pour se cacher sous une voiture ! Cette fille m'en fera toujours voir de toutes les couleurs!!!

Nous rentions ensuite à l'intérieur de l'hôpital. Le personnel nous regardait étrangement. Forcément, une furie qui sort à fond les ballons à l'extérieur, dans son fauteuil roulant... c'est un peu intrigant! Nous rentions dans l’ascenseur, puis nous arrivâmes vers cette grande pièce qu'Harper avait chercher à fuir. Je l'aidais à se hisser jusqu'à son lit, et rangea le fauteuil à sa place. Je posais ensuite mon regard sur elle... et lui tendait la fameuse bouteille d'eau qu'elle m'avait demandé d'aller chercher!

Souvent les gens ne comprenaient pas l'amitié qui nous unissait Adrian et moi, mais en y réfléchissant bien, ce n'était pas si incroyable que cela que lui et moi soyons meilleurs amis. Tout d'abord, j'avais toujours rêvé, et ce depuis petite de devenir avocate, de travailler dans la justice, et mon caractère d’effrontée allait bien avec mes désirs de carrière, je passais mon temps à défendre des causes que je trouvais juste, qu'elles me concernent ou pas. Avec le temps, cela s'est un peu atténué, je me suis calmée, et j'ai appris à faire la part des choses entre ce qui était bien ou mal. Mais cela reste tout de même, et il m'arrive de savoir des choses que je ne devrais pas savoir. A ma connaissance, Adrian n'avait pas ce trait de caractère, mais nous étions tous deux de véritables têtes de mule, l'un contre l'autre, nous passions des heures entières à soutenir nos propres idées, si bien que les gens autour de nous ne supportaient souvent pas de nous voir ensembles. Adrian avait déjà du mal à se faire apprécier des gens, car avouons-le, je n'avais pas le meilleur ami le plus chaleureux qu'il soit... Mais peu de gens savaient qu'Adrian n'était pas comme moi comme il était avec les autres. Mais il restait toujours aussi dur. J'avais beau hurler, pleurer et gigoter dans tous les sens, il ne m'écoutait pas. Je savais qu'il ne désirait que mon bien, que c'était pour cette raison qu'il voulait m'emmener voir un médecin, mais je lui en voulais de ne pas me laisser le choix de choisir quoi faire. Certes, je n'avais pour l'instant que 20 ans, mais j'étais capable de prendre mes décisions seule.

C'est lorsque je me calmais, et me mis à sangloter qu'il s'arrêta. Il se pencha en avant, et me regarda. Je levais les yeux vers lui et parlais de Cody. Je ne le laissais peut-être pas beaucoup paraître ces derniers temps, mais ma relation avec Cody me travaillait énormément, et sans mentir, je m'endormais tous les soirs en pensant à lui et me réveillais tous les matins avec une image de lui en tête. J'en étais amoureuse, et cela était tout nouveau pour moi. J'avais eut deux trois copain avant, dont un, Zain, qui datait de la primaire. Il ne comptait pour ainsi dire pas, mais ayant passé quelques années de ma vie d'enfant avec lui, je préférai le compter comme tel. Adrian me dit que rien n'empêchait Cody de venir à l'hôpital, je me tournais vers lui et le regardais ébahie. Je n'avais pas envie qu'il me plaigne, qu'il me prenne en pitié et qu'il me balance des mots doux en pensant que j'en avais besoin. J'avais envie de courir, de rire et de faire des trucs fous, pas de passer ma soirée à m’apitoyer sur mon sort. Quand est-ce que ma relation avec Cody pourrait-elle être officielle si je restais ici? Puis, il dit ce qu'il ne fallait pas... Moi? Une gamine? C'en était trop...

« Je ne veux pas que Cody vienne ici. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça. Tu es cruel. » Je fronçais les sourcils, passais un doigt sous mes yeux pour sécher mes larmes, et je croisais les bras. Je m'appuyais sur le dossier, et le laissais me mener jusqu'à la chambre, sans broncher. Les gens autour de nous nous jetaient de drôles de regards, mais je m'en fichais, je n'étais pas là pour eux. Il m'aida à m'asseoir sur le lit et je m'allongeais. Je me mis à observer le plafond. La douleur était pénible, mais supportable. Il me tendit enfin la fameuse bouteille d'eau, je la regardais un instant, et donnais un coup dedans. Elle tomba au sol. J'étais une chieuse, et s'il ne l'avait pas encore compris, il allait en avoir la preuve...

Je lui tendais donc cette bouteille qu'elle se refusa de prendre. Pire, elle donne un coup dedans, et la pauvre tombait par terre. Je fronçais les sourcils et soupirais. Juste avant, Harper m'avait laissé entendre que j'étais cruel avec elle; non je n'étais pas cruel, j'étais raisonnable. Elle croyait quoi la petite? Qu'elle allait pouvoir sortir de l'hôpital et gambader comme une petite folle dans les prairies de Magnolia? Elle ne voulait pas que Cody la voit dans cet état, et bien je ne savais pas quoi faire. Elle était chiante à ne pas vouloir se faire soigner, une vraie tête de mule.

Je ne préférais pas répondre, lui laissant le temps de réfléchir à ce qu'elle disait, de toute façon elle changeait toujours d'avis. Je laissais la bouteille au sol, je la ramasserai quand elle aura vraiment soif! Je m'asseyais sur le petit siège juste à côté de son lit. Elle ne me parlait plus, elle me boudait je crois. Elle était trop mignonne quand elle faisait ça! "Boudeuse va!" lançais-je pour la taquiner. Mais elle ne me répondait pas. Je soupirais une fois de plus.

Avec Harper, il y avait toujours eu cette relation étrange. On se disputait sans cesse, mais on s'adorait. Nous n'avions pas besoin de nous dire des "je t'aime" à tout bout de champ, ni même nous faire des gros câlins... Harper et moi, nous étions amis, et de très bons, de très grands amis. Alors, nous étions censé tout nous dire, et quand je l'avais vu pleurer quelques heures avant à la patinoire, je savais qu'il se passait quelque chose. Et je savais que ce quelque chose avait un lien étroit avec Cody Montgomery, son nouveau petit ami ou je ne sais quoi d'ailleurs. Je tentais donc d'en savoir d'avantage à ce sujet, si madame daignait me répondre en vain.

"Harp'... si tu m'expliquais ce qu'il se passe avec ce Cody... je pourrais peut être y comprendre enfin quelque chose..."

Oui j'étais une boudeuse, et alors? Il devait avoir l'habitude avec moi... Mais ce qui m'énervait avec Adrian, c'est qu'il me connaissait trop pour prendre au sérieux mon boudage. J'étais sur le lit, j'attendais que le médecin vienne, et j'essayais d'ignorer mon meilleur ami, qui manifestement n'en avait rien à faire que je ne lui adresse plus la parole tant que j'étais en sécurité. Je savais que personne d'autre qu'Adrian pouvait prendre aussi bien soin de moi, je le connaissais, et je savais que ce qui importait le plus était ma sécurité, et malgré mon sale caractère, il savait que je l'en remerciai de tout coeur, car moi toute seule, je serai partie et je ne serai jamais revenu, peu importe ce que je pouvais avoir à la jambe, car moi, ce qui m'importait le plus, était la sécurité de mon frère et de ma soeur, sûrement pas la mienne...

Il me demanda alors de parler de Cody. Je baissais les yeux et regardais mes mains. Je les levais et me mis à jouer avec la lumière. Je souriais, tout en réfléchissant à ce que j'allais dire. Je ne voulais pas être maladroite et qu'Adrian ait une dent contre Cody. Je soupirai et tournais la tête de l'autre côté. Je fronçais les sourcils et je sentis une larme rouler sur mes joues, je l'essuyais et pris une longue inspiration.

« Il y a quelques jours, on s'est croisé par hasard devant le cinéma. On a fait un tour, cela faisait quelques temps qu'il me tournait autour, mais j'ai commencé à avoir des sentiments, on s'est embrassés, et on a décidé de se revoir. Mais je ne sais pas si cela va mener à quelque chose... » J'étais idiote de pleurer pour cela, mais j'avais tout simplement peur de souffrir, de perdre Cody comme j'avais perdu mes parents. Je tournais la tête vers Adrian et lui souriais timidement

J'avais bien compris que si Harper refusait de rester dans cet hôpital, ce n'était pas pour m'embêter. Elle ne voulait pas laisser son frère et sa soeur seuls. Depuis la mort des parents Albright, Harper était très soucieuse des deux petits. Je lui avais proposé mon aide, pendant qu'elle serait hospitaliser. Et elle savait qu'elle pouvait compter sur moi.

Puis il y avait ce garçon, Cody, qui depuis plusieurs semaines lui tournait autour. Il était bien plus jeune qu'elle. Je ne le connaissais pas, seulement de vue. Alors je ne pouvais pas me faire une opinion sur lui, pas avant de l'avoir rencontré. J'étais tout de même inquiet, et ce à chaque fois qu'Harper fréquentait un garçon. Disons que j'avais tendance à trop vouloir la protéger... et j'étais aussi un peu jaloux. Mais pour une fois qu'elle choisissait un mec plus jeune qu'elle, je me disais que c'était elle qui mènerait la barque.

Je remarquais une larme sur sa joue, et je m'approchais d'elle. Je m'asseyais sur le lit, juste à côté d'elle. Au moins s'il est décide de se sauver encore une fois, je saurais être plus réactif!! Je lui fis signe de se décaler sur le côté, que je puisse m'allonger à côté d'elle. Elle se poussa un peu pour me faire de la place. Je m'allongeais donc. Elle parlait, et en même temps, jouait avec la lumière. Comme un gamin, je la suivais sans vraiment me poser de question. Nous avions tous deux les mains en l'air ! C'était rigolo à voir ! J'écoutais attentivement ma meilleure copine et tournais la tête vers elle. Je finis par lui répondre:

"Haaan, Harper Albright! Et tu l'as embrassé avec la langue?"... GAGNÉ! J'avais réussi à lui décrocher un sourire à cette boudeuse. Je reprenais " Pourquoi tu te poses tant de questions? Il te tourne autour, tu le kiff, il t'embrasse... il faut qu'il te demande en mariage pour que cette relation est un sens pour toi?!". En même temps, j'étais le premier à me poser trop de question. Juliet? Sasha? ... Bref, nous continuions à jouer avec la lumière, et j'attrapais sa main en vol, histoire de la déstabiliser un peu la ptite Albright. Je riais, surtout quand elle me donna un coup de coude !

Perdre ses parents, de quelque façon que ce soit, était toujours dur. Mes parents avaient fait le choix de partir de Magnolia, et j'avais du choisir entre ma carrière ou le bonheur de mon frère et de ma soeur. J'avais cru qu'ils reviendraient, et qu'ils s'occuperaient de nous, même à distance. Mais ils n'en firent rien. En réalité, ils étaient partis pour ne jamais revenir, et nous avaient abandonné. Je ne comprenais pas comment des parents pouvaient mettre au monde trois enfants et les oublier du jour au lendemain, les laisser derrière eux et recommencer leur vie loin de leurs vingts années de couple avec enfants. Mes parents avaient toujours été très important pour moi, j'avais toujours cherché à les rendre fiers de moi, à ce qu'ils m'aiment, et qu'ils n'aient rien à me reprocher. Lorsque je voyais Lynn, je remarquai dans son regard, dans son air souvent triste, qu'elle savait que nos parents ne reviendraient probablement jamais. Pour mon anniversaire, je n'avais eut qu'une enveloppe, avec un chèque et un rapide joyeux anniversaire écrit par ma mère. J'aurai sûrement du me mettre à pleurer en recevant ce petit mot, mais après avoir ouvert la l'enveloppe, j'avais couru jusqu'à ma chambre, et avais pleuré des heures entières. Depuis le départ de mes parents, j'avais l'impression que mes espoirs et les efforts fournis durant mon enfance n'avaient servis à rien, et j'avais l'impression de ne pas vivre ma propre vie, mais celle de ma mère, qui elle, avait refusé de l'accepter. La seule personne encore présente qui était capable de prendre soin de moi comme un parent était Adrian. Il avait toujours été pour moi comme un grand frère, et depuis que j'étais responsable de mon frère et ma soeur, il l'était encore plus.

J'avais beau essayer de cacher ma larme, il le remarqua. On se connaissait par coeur lui et moi. Il s'avança vers moi et s'assit sur le lit, je me poussais et lui laissais de la place. Nous nous mirent à jouer avec nos mains et la lumière, comme deux gamins. Cet instant me remplit d'émotion, et je ne pus m'empêcher de sourire. Pendant cet instant, j'avais l'impression d'avoir retrouvé mon innocence perdue depuis presque un an maintenant. Je lui parlais ensuite de Cody, et il me demanda si je l'avais embrassé avec la langue. Je ne pus m'empêcher d'exploser de rire. Il n'y avait que lui pour me sortir des conneries aussi grosse que cela. Il me demanda alors si j'attendais une demande en mariage pour officialiser ma relation avec Cody, et je riais de nouveau.

« Mais quel abruti tu es Adri! Non mais au départ je ne voulais pas sortir avec lui à cause de notre différence d'âge. Mais je me suis rendue compte que nous étions tous deux mineurs, et qu'en réalité, ça ne posait pas de problème de côté là, j'étais juste trop coincée. Et maintenant, j'ai peur qu'il en choisisse une autre bien plus intéressante... Comme Amy ou Annie... » J'affichais une moue triste et fis un oiseau avec mes mains. Adrian m'attrapa alors la main et je répliquais par un coup de coude. Puis je riais. Je posais ensuite ma tête près de la sienne et fermais les yeux. On faisait cela avant, lorsqu'on était plus jeune et qu'on s'allongeait sur les pelouses de nos jardins pour regarder le ciel.

C'est vrai, quand nous étions plus jeunes (enfin j'ai toujours eu 5 ans de plus qu'Harper hein!), on passait du temps allongés dans l'herbe, sur une petite colline à regarder les nuages, et leur trouver des ressemblances avec des animaux, ou des objets. Bref, c'était l'époque où nous étions tous les deux insouciants, bref la vielle époque!

Elle me parlait de Cody, et je voulais faire rire cette boudeuse nulle en la matière! Une petite vanne pourrie sur le baisé avec la langue et elle éclatait de rire. Ca faisait du bien de la voir enfin sourire, même si ça n'effaçait pas ses larmes quelques minutes avant. Elle se lançait dans les explications, et je comprenais enfin. La différence d'âge entre Cody et elle n'était pas non immense, deux ans ! Attendez, Joey se tape bien une fille presque de mon âge! Et quoi? Harper n'était pas contente pour une fois d'être une cougar? Je souriais, rien que lorsqu'elle prononçait le nom d'Annie. Annie était en couple avec Heathcliff, et jusqu'à preuve du contraire, ça avait l'air plus que sérieux entre eux... Quant à Amy, je ne savais pas qui était cette fille, du moins je n'ai jamais eu le plaisir de la rencontrer...

"Oulala, attention, tu fais ta gougar Albright !" lançais-je en lui tirant la langue. "T'en fais pas pour Annie, je crois qu'elle a enfin trouvé chaussure à son pied avec Heathcliff... Après pour Amy, je ne peux rien dire, je ne la connais pas...".

Un silence s'installait progressivement, et Harper m'avait bien l'air pensive. Elle posait sa tête contre la mienne, et je la regardais du coin de l'oeil. "T'as fini de te poser des questions tête de noeud? Tu te tapes un mino, ça va, c'est pas la fin du monde! Et puis le mec te tourne autour, il t'embrasse tout ça... T'es bien compliquée dans ta tête !" disais-je en plaisantant. Mais d'une certaine manière, c'était vrai. Elle se posait trop de questions, et ce depuis toujours. Harper était une fille qui n'avait jamais vraiment eu confiance en elle. Elle était très souvent sévère avec elle même, et pour tout. En temps que meilleur ami, je n'étais pas seulement là pour la brosser dans le sens du poil. Je l'aidais bien souvent à se bouger les fesses! "Alors arrête de chouiner, profites-en pour sortir ton lasso à mec et bas toi pour le garder, le Cody !" ajoutais-je enfin !