On est fermé !

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Ce soir - ou plutôt cette nuit - c'est à moi de faire la fermeture de la boîte. Je termine mon service, c'est à dire servir les derniers verres, nettoyer les différents liquides qui jonchent le sol, fermer à clé le bar derrière moi, et puis attendre que les videurs mettent dehors les derniers fêtards. Je sors me fumer une clope et réprime un bâillement de lassitude en voyant une gamine vomir sur le trottoir. Je suis presque sûre qu'elle est entrée avec une fausse carte celle là, elle fait à peine 18 ans. Peu importe. Je rentre à nouveau et attends que tout le monde soit parti. Je sors alors les clés pour tout verrouiller. A ce moment là, j'entends des bruits de pas. Depuis quelques temps, je suis un peu parano, surtout à 3h du matin lorsque je fais la fermeture. On ne sait jamais ! La musique a été coupée, la lumière aussi, je distingue un homme qui s'approche, je le sais à sa carrure, mais j'ai du mal à distinguer ses traits. Je me dépêche de fermer et de ranger les clés dans mon sac. Pour être franche, je ne suis pas tranquille et cherche un vigile du regard. Je ne pense pas avoir un futur extraordinaire, mais je ne tiens à finir dans la rubrique nécrologique du journal local à seulement trente ans. Finalement, c’est avec soulagement que je reconnais la personne qui arrive: il s'agit de Curtis, un bon ami. Mais qu'est ce qu'il fout encore là ? Je ne mets pas longtemps à m'apercevoir qu'il est un peu éméché, cela se voit à sa démarche, mais aussi à son haleine lorsqu'il arrive à ma hauteur. Salut Curtis... tu traînes ta carcasse d'alcoolique ? je lui demande, légèrement amusée. Cependant, il est un peu tard pour rencontrer un ami et la seule personne que j'ai envie de rejoindre à ce moment même, c'est mon lit.

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Devenir adulte, c'est admettre que la fuite est impossible, que les histoires sont courtes, sans importance mais qu'elles laissent des traces, pour des raisons qui nous échappent. Devenir adulte, c'est admettre qu'il n'existe pas d'ailleurs.

we are young.

En réalité, Curtis avait eu une semaine indéniablement éprouvante. Un problème de plomberie général semblait s'être abattu sur la ville, bénéficiant alors d'un honoraire des plus complet toute la semaine. Au fur et à mesure du temps, il avait prit l'habitude d'avoir une clientèle peu recommandable qui l’appelait à des heures inconfortables, mais jusque là, cette vision correspondait bien à sa façon de vivre. Avec cette panne générale, il avait passé des journées entières dans les maisons les plus strictes et les plus pimpantes du quartier. Il avait prit un effort considérable toute la semaine pour se conformer à leur milieu. De plus, Vera avait été absente cette semaine, prise par un voyage à l'étranger et ses enfants avaient été insupportables. Ses belles-filles avaient été insupportables, au plus juste. Lui qui n'avait l'habitude de bouger un petit doigt pour personne, il s'était retrouvé à conduire les filles dans leur activités, faire la vaisselle, et même faire à manger. L'arrivée du week end avait donc été largement apprécié. Vera était revenue et il avait prit cette décision : Se mettre la tête à l'envers pour oublier cette semaine si commune. Il s'était perdu à Cliffton Center, avait bu plus que de raison et avait récolté une panel de regard appréciateur sur sa personne. ( Il avait peut être aussi dragué, une ou deux filles, mais à l'heure actuelle, il ne s'en rappelait plus véritablement.)

Le dancing était vidé depuis un long moment déjà et il avait cessé d'être sociable depuis au moins plus d'une heure, préférant largement le loisir de planer dans un coin. Bercé par une musique répétitive et des effluves de vodka-téquila, il commençait à avoir quelques difficultés à définir ce qui se trouvait autour de lui, hormis peut être le sentiment de plénitude auquel il était plongé. Marchant vers le bar, il sentit une présence craintive autour de lui. ( Étrange, habituellement sa présence s'apparentait plus à l'attirance qu'à de la frayeur.)

- Salut Curtis... tu traînes ta carcasse d'alcoolique ? Demanda la personne en question. Après quelques secondes, il reconnut Tara, une amie à lui.

- Tara ! Dit-il en souriant largement. Il fut tenter de faire une accolade à la jeune fille, mais il était certain que son état compromettrait ses plans.

- Adorable, tu te portes comme un charme. Je suis tellement ravi de te voir, en fait ! S'écria le jeune homme, en tirant la jeune fille par la poignet vers le bar. Tu travailles ici n'est-ce pas ? Tu n'as pas envie de m'apprendre à faire des cocktails ? Demanda-t-il dans un enthousiasme démesuré. Sur ces paroles, il se remit sur le tabouret.

made by pandora.

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Mon ami Curtis est bel et bien éméché. Il ne semble pas comprendre que la boîte ferme et que je suis sur le point de quitter les lieux. Après m'avoir - maladroitement - pris dans ses bras, il pose son postérieur sur un tabouret et s'accoude au bar tout en me demandant de lui donner un cours de mixologie. Euh... Curtis... on vient de fermer. J'essaye de lui faire comprendre qu'il est trop tard mais ça ne semble pas vraiment fonctionner. Curtis ne m'écoute pas, il a l'air ailleurs. Alors je pousse un soupir, bien résignée à me coucher plus tard que prévu, finalement. Un vigile passe et s'approche, il semble vouloir mettre le dernier client à la porte mais je lui fais signe de le laisser. Il est avec moi, on ne va pas tarder. Bonne nuit Mathis. Le susnommé s'en va donc, me laissant seule avec Curtis, sur lequel je reporte mon attention. Bon dis moi, que veux tu comme cocktail ? Je ressors mes clés, réouvre le bar et repasse derrière. Heures sup' pour Tara ce soir ! Mais à la vue du grand sourire que me gratifie Curtis, mon agacement s'envole et je suis prête à lui faire plaisir. Cependant, il n'a pas intérêt à casser quoique ce soit, sinon c'est moi qui vais avoir des ennuis. Ce boulot de barmaid est le seul truc que j'ai, et surtout le seul truc dans lequel je suis douée, alors j'y tiens vraiment !

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Tara répéta pour une unième fois que le bar était sur le point de fermer, Curtis ne daigna pas de bouger un poil. Soit son caractère bourru et borné l'amenait à ignorer les propos de la jeune fille soit il était véritablement trop loin pour comprendre quoique ce soit. Tara soupira, résignée au comportement de celui-ci, rouvrant alors le bar.

- Bon dis moi, que veux tu comme cocktail ?

A ces piètres mots, Curtis parut tout de suite beaucoup plus réveillé, lui adressant un large sourire. Il avait toujours voulu apprendre à manier ce genre de choses. Connaitre cet art semblait à ses yeux primordial, étant donné le nombre de soirée où il s'éperdait sur la semaine. Et puis, il fallait dire qu'il appréciait beaucoup Tara et passer du temps avec la jeune fille n'était pas des plus déplaisants.

En fait, dans une époque plus ou moins lointaine, ils étaient sorti ensemble. Vaguement. Mais lorsqu'où toute relation frôlait le cap des ennuis et des contraintes déplaisantes, ils ont tout les deux décider de se stopper là. S'arrêter toujours au stade de la bonne entente, de l'harmonie, du sexe et du plaisir. A quoi bon continuer lorsque ça se gâte ? C'est ce qu'il appréciait chez Tara, au fonds, ils n'étaient pas si si différent que ça tout les deux. ( Mais il ne le répéterait jamais, sans que Curtis ne comprenne pourquoi, lorsqu'on le comparait à lui, les personnes finissaient toujours pas être vexée.)

- Hmhmh. Une Sangria et une Margarita ! Lança-t-il la mine curieuse.

Curtis se leva vaguement de son tabouret, l'équilibre un peu louche. " Alors qu'est ce que je dois faire ? "

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Il me suffit de demander à Curtis ce qu'il souhaite boire pour qu'il se réveille ! Il répond sur le champ qu'il veut de la sangria et une margarita. Je ricane: il n'y connait vraiment rien ! Je vais te faire une margarita, car la sangria soit être préparée au moins un jour avant ! Je sors alors la tequila ainsi qu'une autre bouteille, j'ouvre le petit frigidaire et en sors des citrons verts. Ensuite, j'attrape un verre spécial et un shaker. Dans ce dernier j'y verse les alcools. 5 centilitres de tequila, 3 centilitres de triple sec, Cointreau si possible. Tu notes ? Je lance un regard amusé à Curtis qui s'était penché sur le comptoir pour voir ce que je fais. Je rajoute des glaçons et frappe au shaker ma mixture. Ensuite je m'occupe à givrer le verre: j'enduis le bord de jus de citron vert puis le trempe dans le sel. Je sers le cocktail dans le vert, le décore d'une tranche de citron vert aupréalablement coupée et le tends à Mister Thompson. Alors ? qu'en dis tu ? Je lui proposerais bien d'essayer par lui même, mais il serait capable de casser quelque chose... ou de se casser quelque chose !