L'avocat n'avait pas vu son meilleur ami depuis un temps, ce dernier avait finalement décidé d'aller prendre une bol d'air à l'extérieur de Magnolia, durant quelques semaines, une espèce de cure de désintoxication à sa manière. Fuir les problèmes entre guillemets, reprendre du poil de la bête pour mieux les affronter à son retour. Adrian quant à lui, avait eu le temps de se rabibocher avec Jay Black, mettre fin à leur guéguerre de CE2. Dans une lettre adressé au blondinet, Adrian avait annoncé la grossesse de Juliet, sa crainte d'éloigner une nouvelle fois Holden avec cet évènement. Il n'avait pas eu de réponse depuis, juste un message ce matin même où Holden lui donnait rendez-vous au parc, que les deux amis s'y retrouve enfin. Visiblement, cela faisait déjà quelques jours que le jeune homme était rentré à Magnolia, il avait peut être eu le temps de discuter avec Black, et les deux avaient probablement fini par se rabibocher...

L'avocat appréhendait un peu cet instant, il ne savait pas comment son meilleur ami allait réagir à tous ces changements. Une chose est certaine, Adrian n'avait pas voulu écarter son meilleur ami de tout ça, c'est pourquoi il avait prit le soin de lui écrire cette lettre, en espérant qu'il puisse comprendre et accepter.

Adrian attrapa alors son petit garçon. Ces temps ci, il lui faisait voir bien du monde. Car l'avocat était fier comme un coq de présenter sa progéniture au monde entier. Ce nouveau petit O'Conell qui faisait son bonheur et qui réussissait à lui faire oublier tous ses ennuis avec le monde extérieur. Il glissa donc logan dans son porte bébé, comme à chaque fois qu'ils sortaient entre "hommes". Il faisait un temps radieux, idéal pour se promener dans le parc! Il ferma donc la porte de sa maison à clé, puis se lança en direction du parc. Il ne savait pas si son ami était déjà, ou s'il devrait l'attendre. Adrian était à la fois heureux de retrouver enfin Holden, cependant, il n'était pas très confient. Il s'attendait à tous types de réaction de sa part, il le connaissait sous toutes ses formes.

L'avocat et son fils arrivèrent à hauteur du parc. Au loin, le blondinet attendait sagement, les jambes croisées, sur un banc. Adrian accéléra le pas jusqu'à lui. Une fois à son niveau, il afficha un grand sourire et s'assied à côté de lui. Holden écoutait la musique, et n'avait pas remarqué sa présence. Il avait le regard suspendu droit devant lui, il devait probablement méditer un peu. Adrian lui retira son écouteur de l'oreille, puis il afficha un plus grand sourire encore. Il lui dit alors: "Hey, c'est bon de te voir mec!".

Je lui avais demandé de venir. Ça peut paraître stupide de commencer par là, mais moi je ne le pense pas. Mais revenons à ce qui entraina cette décision.
Quelques semaines plus tôt, une lettre avait été livrée chez moi. A cet instant je ne me trouvais plus à magnolia, j'avais décidé de faire un 'break'. J’espérais secrètement qu'en m'éloignant, mes problèmes finiraient par se disperser. Grossière erreur. A peine revenu de Suisse, je découvrais une tonne de courriers d'appels, de sms, de mails, de quoi me rappelait qu'ici le temps était loin de s'être arrêté. Je triais le tout commençant par les lettres, sa lettre. Je me souvenais de l'aigreur de ma gorge en la lisant. Un fils, et apparemment sa lettre était postérieur à l'annonce de DS que je n'avais pas encore pris la peine de lire. Mon ami me connaissait vraiment bien, il savait ce que j'en pensais. J'avais donc fait ce qui me semblait être le plus simple c'est-à-dire ne pas lui parler avant de me calmer.

Nous revoilà aujourd'hui, dans ce parc sur cette balançoire à attendre que lui vienne, dans ce parc, sur ce banc, au milieu les notes éreintantes de mes écouteurs.

Je lui avais demandé de venir. J'étais prêt à affronter ce changement, le pire que j'aurais pu imaginer, celui auquel jamais je n'aurais voulu être confronté, malgré l'horreur de cette pensée! Je n'avais plus le choix, l'enfant était né. Il était temps de voir la réalité en face.

Mon oreillette me fut arrachée en même temps que l'angoisse juste avant de se jeter d'une falaise, je venais d'y être pousser, il ne me restait plus qu'à supporter la chute.

Adrian m'offrit un sourire me disant que c'était bon de me voir 'mec'. 'mec', bon s'il m'en voulait d'avoir ignorer la naissance de son fils, et de ne pas lui avoir répondu, au moins ça ne se voyait pas. Je me levais dans une sorte de politesse maladroite tout en arrachant le deuxième écouteur:

- Effectivement, ça fait un petit moment qu'on ne c'est pas vu...

J'avisai du couffin qu'il trimballait, je retins mon corps de reculer, me rendant compte que je ne pensais pas le voir venir avec son fils. Je ne me laissais pas désarçonner et reprenez donc:

- Alors.. Quoi de neuf?

"Effectivement, ça fait un petit moment qu'on ne c'est pas vu..." répondit-il le plus simplement du monde. Aucun sourire sur son visage, même pas un signe d'affection quelconque. Adrian devait bien s'y attendre et en même temps... il connaissait si bien Holden qu'il n'en attendait pas moins de sa part. Et pourtant, c'était vraiment bon de le revoir, de se trouver là, "seul" avec lui. Il aurait bien aimé l'inviter à boire un verre, mais depuis la naissance de Logan, il évitait un peu ces endroits là. Et puis apprendre quelques semaines plus tôt qu'Holden n'entretenait pas si bien que ça sa santé, il ne valait peut être mieux pas tenter le diable hein!! Il acquiesça brièvement avant de poser son regard sur son fils, silencieux. Quand Holden demanda "Alors.. Quoi de neuf?" Adrian se demanda s'il faisait exprès d'être con. Il sourit et montra du doigt Logan en guise de réponse dans un premier temps. C'était lui le "quoi de neuf", il n'y avait rien d'autre à vrai dire. Tout ce qu'attendait Adrian, c'était qu'Holden n'ignore pas le petit garçon... pas comme son grand père qui n'avait même pris le temps de lui rendre visite.

Adrian reposa ses yeux bleus sur Holden puis répondit: "A part la naissance de Logan, je n'ai rien de très excitant à te raconter malheureusement...". Puis il plongea ses mains dans les poches de son blouson. Il laissa ses yeux se poser sur le décors du parc, scrutant les passants qui promenaient leur chien, leurs gosses ou les jeunes amoureux allongés plus loin sur l'herbe à se rouler des galoches à ne plus pouvoir respirer. Adrian se rappelait de cette époque où il venait passer un peu de bon temps en tête à tête avec Juliet, un temps révolu malheureusement. L'avocat passa ensuite une main sur sa nuque et ajouta: "Et toi alors? J'imagine que depuis tout ce temps, tu as de quoi tenir une longue conversation!" ajouta Adrian en voulant chasser le malaise qui depuis leur retrouvailles avait tenu les deux amis à distance l'un de l'autre. D'une voix calme, il souffla ensuite : "Tu vas mieux?"

Et voilà de nouveau réuni! Je lui avais demandé quoi de neuf, ne sachant pas comment aborder le sujet. Et je m'attendais biens à ce qu'il évoque Logan puisque c'est comme ça que s'appelait son fils.

Comment pouvais-je réagir face à ça? Je ne pouvais pas imaginer Adrian en père. Comment être totalement unique pour lui si maintenant il avait ce genre de responsabilité? Je ne voulais pas d'enfant, ni de femme. Cela signifierait juste la fin de ma jeunesse.
Adrian était mon duo, l'autre roue pour faire avancer la machine. Sans lui ça n'avait pas de sens, et j'avais eu dernièrement assez d'occasions pour m'en rendre compte. Alors que lui devienne comme nos pères me rendait malade. Et il le savait. Mais je ne sentais pas de reproche de sa part. Est-ce qu'il pensait la même chose au fond? Il ne savait pas qu'il allait être père il y avait quelque mois de cela. Alors son fils n'était pas désiré. Vu qu'il me l'avait emmené, je ne pouvais qu'être sûr cependant qu'il prenait cette nouvelle charge plus qu'au sérieux. Ce qui n'était pas forcément une bonne nouvelle pour nous.

Il reprit me disant que vu le temps depuis lequel on ne s'était pas vu, j'avais surement long à lui raconté. C'est vrai, j'avais surement plein de chose à lui raconté mais rien de vraiment important au vu de la situation actuelle.
Il me soufflait alors une question savoir si j'allais mieux. Tout mais pas ça. Je ne voulais ni y penser ni en parler, encore moins! Tout ça devait rester loin de moi, maintenant que j'étais revenu je voulais juste croire que tout ça ne s'était jamais produit.

Je décidais donc d'embrayer sur le plus intéressant:

- Merci mais toi? Tu es père maintenant..

Je laisser un temps avant de reprendre:

- Je.. Tu m'as demandé d'être présent Adrian. Mais tu sais ce que j'en pense non? Des enfants et tout ça. Je ne veux pas que tout s'arrête maintenant, il est trop tôt pour ce genre de responsabilité je pense.

Je ne savais pas trop comment lui expliquer ma pensée de manière concrète. Et je ne voulais surtout pas qu'il se braque vu que j'étais certain qu'il ne pouvait plus se passer de Logan à présent.

"Merci mais toi? Tu es père maintenant.." répliqua Holden. Adrian se contenta dans un premier temps d'hocher la tête et posa ses yeux sur son fils. Il sentait le malaise qui, entre eux, s'étaient installé. Il ne savait pas comment y remédier, persuadé qu'Holden n'allait pas entrer dans son jeu et faire comme si de rien n'était. Il se doutait que la nouvelle avait été difficile à encaisser et loin l'envie d'Adrian se brusquer son meilleur ami. Il le mettait sur le fait accompli, ne lui demandant de toute façon pas son avis. Et quand bien même il s'opposerait radicalement à tout cela, Adrian n'avait pas d'autre choix, les choses étaient ainsi, Logan était là, et le jeune père devait de toutes évidences s'en occuper, l'éduquer, l'aider à devenir un homme. Et il voulait que Logan devienne quelqu'un de bon, quelqu'un qui ne lui ressemble pas. Il voulait qu'il ait une vie plus saine, plus "normale". Il y veillerait.

Adrian reposa ensuite son regard bleu azur sur son ami Holden quand ce dernier repris la parole. Il ne comprit pas où Holden voulait en venir en disant "Il est trop tôt pour ce genre de responsabilités". Adrian fronça les sourcils et répondit: "Oui bien sûr, je connais ton avis sur le sujet... mais je ne comprend pas où tu veux en venir au juste. Je ne t'ai pas demandé de prendre de quelconques responsabilités, il me semble?". Il comptait sur la coopération de son ami pour mieux saisir le fond de sa pensée.

Ce parc semblait vraiment petit d'un coup. Je m'emelais les pinceaux impossible d'être précis dans ce que je voulais lui dire et Adrian ne tarda pas à me le souligner. Il ne voyais pas où je voulais en venir.
C'est vrai la situation était plutot stupide. Je secouais la tête en souriant, avant de lui répondre:

"Bien sûr que si j'ai une grande responsabilité! Il faut bien que quelqu'un s'occupe de surveiller le papa poule que tu deviens, j'imagine que personne ne t'a fait fêté la chose comme il se doit. C'est donc à moi de t'empêcher de devenir un vieux gateux ultra-protecteur et inquiet durant les prochaines années!"

Je lui offrais un beau sourire, les yeux pleins de malice. Il est vrai que je n'étais pas pour cet enfant à la base vu ce que ça changerait entre nous, mais rien ne m'interdirait de le réquisitionner maintenant qu'il allait moins travailler pour assurer sa paternité.
Je repris rapidement, sentant le contrôle revenir sur la situation:

"Il fait plutôt froid pour un bébé ici, O'Conell ou pas je te propose de règler en allant s'installer au chaud dans un café."

Je ne pouvais pu dire bar, c'était une différence notable à l'avant et à l'après Logan. Et la différence chez moi était que je réussissais à penser à lui comme un être humain 'Logan'. Je ne detestais pas les enfants, juste les complications que ça entrainait. Je finirai bien par m'y faire de toute façon je le devais pour Adrian.

"Bien sûr que si j'ai une grande responsabilité! Il faut bien que quelqu'un s'occupe de surveiller le papa poule que tu deviens, j'imagine que personne ne t'a fait fêté la chose comme il se doit. C'est donc à moi de t'empêcher de devenir un vieux gateux ultra-protecteur et inquiet durant les prochaines années!". Adrian afficha un sourire timide, toujours un peu inquiet, et plutôt impressionné par la situation. Il voyait bien sur la mine fatiguée d'Holden que le désormais présent n'était pas à son goût. Il tentait juste tant bien que mal de faire bonne figure. O'Conell hocha la tête, et posa ses yeux sur le petit garçon qui se réveillait tout juste. De ses yeux bleus, le petit être observait la scène sagement. Adrian esquissa un léger sourire puis il soupira. Son regard vint rencontrer celui d'Holden, et il resta là, un instant silencieux.

S'il y avait bien une chose qu'Adrian désirait à présent, c'est que les choses changent entre Holden et lui. Et qu'elles changent dans le bon sens. Car ces derniers mois avaient été un peu éprouvant, et leur amitié en avait pris un sacré coup. D'abord cette histoire avec Black, ensuite la dépendance de son ami à des substances illicites, et enfin ce départ sans vraiment donner de nouvelles et cette naissance imprévue... Adrian voulait repartir du bon pied, retrouver son meilleur copain, et une relation saine. Holden reprit: "Il fait plutôt froid pour un bébé ici, O'Conell ou pas je te propose de règler en allant s'installer au chaud dans un café.". Adrian fronça les sourcils, triste. Il sentait bien qu'Holden n'était pas à l'aise. O'Conell vint alors poser sa main sur celle de son ami, et lui souffla: "Ecoute... Je sais que c'est pas évident, et tu n'es pas obligé de faire semblant Holden. Et si ça peut te rassurer, j'ai pas non plus envie de faire une croix sur le passé... Fais moi confiance.". Il ne détachait plus ses yeux des siens, un regard qu'il connaissait bien et qu'il savait analyser mieux que quiconque. Adrian serra la main de son ami un peu plus fort.

Il fallait aller de l'avant, je me souviendrais toujours de cet instant. Celui où je décidais de prendre sur moi, d'être moins 'égoïste' comme on osait me le dire.
Le bambin ouvrit les yeux attirant le regard de son père. Je suivais malgré tout son geste et commençais à observer celui que je pensais responsable de ma peine. Ce qui m'avait toujours effrayé avec ses humains miniatures était leur tête anormalement grande pour leur corps. Pourtant, malgré ce physique dé-proportionné, ça restait toujours une créature 'magnifique'. On avait l'impression d'avoir l’innocence incarnée devant soi. Il fallait que je l'accepte. Lui n'avait pas demandé à venir au monde. C'est juste que ses parents n'avait pas fait attention, car jusqu'à preuve du contraire, il n'avait pas été conçu intentionnellement.
Tous ces faits pour me résonner et pourtant j'avais du mal à avaler la pilule. Surtout que j'avais appris qu'Adrian été amoureux, et la présence d'un enfant n'était pas le mieux pour mettre un point à son histoire avec Juliet pour en commencer une autre. Voulait-il en parler? Aucune idée, mais vu le temps je lui proposais plutôt enjoué, d'aller s'installer dans un café.

Adrian afficha alors un visage de tristesse, avant de couvrir ma main de la sienne. Il me souffla alors que je n'avais pas besoin de faire semblant et essaya de me mettre en confiance car lui non plus ne voulait pas tirer une croix sur le passé. Je restai interloqué une seconde.
J'essayais de rendre les choses plus simples car oui elles étaient compliquées, alors pourquoi couper mes efforts comme ça? Je lui demandais donc, commençant à perdre patience:

"Je comprends pas là... Je..T'es père maintenant, nan? A moins que t'ailles sacrifier ton fils sur une montagne, je pense que le passé est définitivement derrière nous."

Sa réaction me déplaisait, je pensais lui faire plaisir en affichant un visage sympathique qui acceptait la situation mais ça ne semblait pas lui plaire. Que devais-je faire alors? Ignorer son gamin et faire comme si rien ne s'était passé? Je retirai ma main faisant quelques pas avant de me retourner vers lui perdu et frustré:

"Tu veux un café ou notre entrevue est terminée?"

Visiblement, les dernières confessions d'Adrian n'était pas passées comme une lettre à la poste, pour preuve la réaction plutôt sévère de notre ami Holden. "Je comprends pas là... Je..T'es père maintenant, nan? A moins que t'ailles sacrifier ton fils sur une montagne, je pense que le passé est définitivement derrière nous.". Adrian accueillit ces mots avec difficulté, affichant un sourcil arqué. Il trouvait la réflexion de son ami injuste, alors que l'avocat tentait d'apaiser les choses et de faire comprendre à Holden que la naissance de Logan ne changeait pas l'ami qu'il était. Non vraiment, Adrian ne voulait pas se résumer à un vulgaire café dans ces brasseries miteuses du coin. La naissance de Logan ne l'empêcherait pas d'aller se torcher la gueule avec Holden comme ils le faisaient encore quelques mois plus tôt. A vrai dire, s'il était désormais père, il n'en restait pas moins un jeune homme que la fête pouvait intéresser et distraire. Il n'avait pas envie d'être rangé au stade des "vieux" ou "papy" de Magnolia.

Il laissa Holden faire son cirque, ne préférant même pas répondre. S'il répondait, il finirait pas s'énerver, et comme toujours, la scène allait tourner au drame... Puis Adrian était fatigué de toutes ces disputes. Il était venu chercher un peu de réconfort auprès d'Holden, il n'était pas là pour se bagarrer. Le blondinet reprit: "Tu veux un café ou notre entrevue est terminée?". Holden savait que jouer à ce petit jeu n'allait pas enchanter Adrian. Ce genre de remarque avait bien souvent tendance à l'agacer, et naturellement, il ne se gênait pas pour le lui faire remarquer. L'avocat leva les yeux au ciel, et se leva du banc. Il récupéra le couffin dans lequel mini O'Conell se trouvait, et arrangea le col de son blouson de l'autre main. Il répondit ensuite: "Ah ça, tu voudrais bien que notre entrevue soit écourtée! Je ne te ferai pas ce plaisir "vielle boudeuse"!"

Donc notre entrevue ne prendrait pas fin immédiatement, il ne me ferait pas un tel plaisir selon ses dires. Parfait, je lui emboîtais donc le pas, lâchant toujours avec fierté:

"Parfait! Si tu veux bien me faire l'honneur de ta présence, allons-y."

Il me révoltait, et pourtant je poursuivais ce manège. Il savait que c'était nous, même si l'on s'exaspérait mutuellement, c'était impossible finalement de simplement tourner les talons, comme avec les autres.
Je lui emboîtais donc le pas renfrogné et vexé comme un poux. Il fallait toujours qu'il me contrarie oui. Malgré tous mes efforts et ma bonne volonté et encore m'harceler de surnom stupides et dégradant. Je m'arrêtais d'un coup, pour vérifier s'il me suivait bien. J'avais zappé que porter un bébé devait sans doute être lourd, le panier plus toutes les couches de vêtement et l'enfant lui-même. A tous les coups il n'avait pas pris de poussette pour se muscler, je lui lançais donc le voyant à la traîne:

"Tu veux un coup de main pour porter ton panier mamie?"

Il venait de m'appeler 'vieille boudeuse', alors mamie à côté s'était bien moins péjoratif! Quoi qu'il en soit je n'était pas certain d'avoir envie de marcher, mieux valait prendre une voiture pour gagner le centre-ville.
Je lui demandais donc sans plus de concessions:

"Ton machin ça s'accroche dans une voiture?"

Bien sûr je ne parlé pas de ces vieux monospaces que certains osaient qualifier de voitures, non non à moins que ce ne soit un coupé sportif, rien ne méritait une telle appellation.

"Parfait! Si tu veux bien me faire l'honneur de ta présence, allons-y." lança le blondinet. Adrian acquiesça et le suivit. Il se doutait bien que le jeune homme était quelque peu vexé, du moins il le remarquait si facilement. Personne ne connait aussi bien Holden qu'Adrian de toutes manières. Le jeune père attrapa le couffin et l'enfant, et tenta de rattraper son ami qui marchait bien vite à travers les allées du parc. Effectivement, porter Logan n'était pas évident. Le sac du bébé sous le bras, le couffin: Adrian était devenu un être responsable à la naissance de Logan, il ne devait pas déroger à la règle. Holden se retourna, et lança: "Tu veux un coup de main pour porter ton panier mamie?". Adrian leva les yeux au ciel, et afficha un large sourire. Il répondit, l'air moqueur: "Avec tes petits bras tu n'arriverais même pas à porter un sac de courses! Ceci dit, merci de ton attention, mais je vais me débrouiller va! Ne t'inquiète pas pour moi!".

Il parvint à remonter au niveau de son meilleur ami, et le bouscula légèrement par l'épaule, rien que pour le taquiner. Il souffla ensuite: "Allez Turner, arrête de faire la gueule!", mais le blondinet semblait très très vexé, alors Adrian n'insista pas. Il se dit que ça finirait par lui passer, comme toujours, et qu'après un verre de vodka, il montrerait son plus beau sourire. O'Conell soupira longuement, puis jeta un coup d'oeil vers son fils, qui naturellement avait reprit son activité préférée, le dodo puissance mille ! Il sourit, imaginant Logan devenir un jeune homme mollasson et flemmard! L'idée ne lui plaisait pas trop, en revanche, un bébé qui dort en permanence, c'est un bébé qui ne vous pose aucun problème.

La petite tribus s'approcha progressivement du véhicule de Turner, lequel demanda ensuite si le couffin s'attachait dans une voiture. Adrian rit, et se souvint qu'Holden n'avait jamais eu de petit frère ou petite soeur, et que naturellement, il n'y connaissait rien en bébé et accessoires de bébé! "Effectivement, ce machin s'attache! Tu veux que je t'apprenne? On sait jamais, si un jour je dois te confier mon fils, je ne voudrais pas qu'il se retrouve dans ton coffre !"

Jamais je ne pourrais porter un sac de courses? Et pourquoi, quand des gens pouvaient s'en occuper pour moi? Je décidais de détourner mon attention marquant le fait que ça pique ne valait même pas de réponse de ma part. J'étais sûr que ça l’ennuierait plus que de me voir répondre. Je souris malgré moi, profitant du fait qu'il ne pouvait pas me voir, vu qu'il marcher derrière. Peut-être que tout n'était pas perdu entre nous. Preuve en est que je me plaisais toujours à me chamailler avec lui.
Il me rattrapa rapidement, me forçant à reprendre un visage de circonstance, et d'un coup d'épaule me bousculant 'tendrement' pour me dérider la... face oui. Allez moi Turner, devait arrêter de lui faire la gueule. Je persistai, bien décidai à l'ennuyer encore un peu pour mon plaisir.

Comme nous arrivions à ma voiture je lui lançais sans préambule ma demande à savoir si son truc s'accrochait dans une voiture.
Il acquiesçât. Oui effectivement ça s'accrochait et il pouvait même m'apprendre comment. Je sourcillai pas certain d'avoir besoin d'apprendre ce genre de truc. Quoi que, quand on connaissait les envies de ma mère en ce qui concernait la suite, mieux valait que j'apprenne donc.
Je lui offris donc un air faussement intéressé et un sourire en coin avant de lâcher:

"Pourquoi pas, je penserais à en acheter un taille adulte pour toi, comme ça je pourrait vous promener tous les deux. On ne pousse jamais la tendance assez loin!"

Ironique bien sûr. L'idée que le plus grand célibataire de l'histoire de Magnolia se retrouve avec un couffin accroché dans sa voiture était plutôt inconcevable voir dénuée de sens.
Soit, il fallait bien une première fois à tous. Je déverrouiller l'engin avant de lui laisser la place. Ne sachant pas combien de temps il mettrait à le fixer je passais déjà à la suite plus joyeusement:

"Alors dans quel café veux-tu aller mère-grand?"

Adrian déposa le couffin sur le siège arrière. Il se lança alors dans la complexité de cette tâche, attacher un enfant dans une voiture et stabiliser cet espère de réhausseur étrange. Tout en appliquant la méthode instruite par Juliet, il tenta de familiariser son meilleur copain à ce genre d'activité. "Bien. Alors tu fais passer ça là, ensuite tu rattrapes cette lanière ici, que tu refais passé entre les jambes, tu clips une première fois, puis tu attrapes le tout que tu reclips encore. Bon au début, c'est pas simple, mais avec de l'entrainement, tu finis par devenir un warrior!" déclara t'il, l'air jovial. Il se retourna ensuite vers Holden, le regarda un instant puis soupira longuement. Il tentait d'intéresser un minimum son ami pour être certain de ne pas perdre le peu de complicité qu'il semblait leur rester. Il referma ensuite la portière arrière, puis se faufila côté passager. Il s'installa au fond de son siège, et plongea la main dans ses poches pour récupérer son paquet de cigarette... car comme toujours, il aimait fumer sa clope tandis que son accolite conduisait. Mais il s'arrêta, se souvenant qu'on ne fumait pas à proximité d'un enfant. Il grommela quelques injures à voix basse puis rangea son paquet. Holden s'installa à son tour à la place du conducteur. ""Alors dans quel café veux-tu aller mère-grand?"" lança t'il. Adrian hocha la tête, ne sachant pas vraiment où aller. Il haussa les épaules, réfléchit quelques secondes et lâcha: "Gordon Cofee... Il n'y a que ça qui me vienne... Si tu as mieux, je t'écoute !".

Holden démarra la voiture, et Adrian l'emmena sur un tout nouveau sujet de discussion. Ca faisait longtemps qu'il n'en avait pas parlé, et après tout, des meilleurs amis étaient fait pour tout se dire: "Comment ça va avec Jay?".