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Impossible de se concentrer avec ce
jardinier...

(Je n'ai pas put résister, désolée.)

William essuya son front du revers de la main, éreinté.
Il venait de sortir triomphant d'un périlleux combat à main nus avec un redoutable Dicotylédones Anémocores, plus vulgairement appelé Pissenlit. L'ennemi était tenace, et provoquait le jeune homme chaque semaines, par sa simple présence.
Il faut croire que le travail de jardinier est beaucoup plus hostile qu'on ne le pense, s'amusa t-il.

L'apprenti Dame Nature se redressa, reprenant possession de sa fidèle alliée, la tondeuse à gazon. Cela faisait à présent un bon quart d'heure que cet engin de la mort lui anéantissait les oreilles, le poussant au supplice. D'ailleurs, il ne devait pas être le seul dans le voisinage à endurer ce tapage, et il était lui même surpris qu'aucun voisin n'ai jusqu'ici fini par ouvrir sa fenêtre afin de lui balancer pantoufles, tomates ou tout autre projectile plus ou moins dissuasif.

Le temps était radieux ce jour là, en dépit de l’automne, plutôt bien entamé. Défiant toute logique, le soleil avait même poussé William a retirer son t-shirt. Posé sur le perron de la maison, celui-ci attendait bien tranquillement que son propriétaire finisse de s'activer dans le jardin des Fitzgerald.
D'ailleurs, c'était bien la première fois que cette famille faisait appel à lui. La demande avait surpris William, mais il s'était empressé d'accepter, trop heureux de pouvoir tromper son ennui le temps d'un après midi. Au contraire de son frère Christian, l’inactivité avait toujours eut tendance à insupporter le garçon, à le mettre mal à l'aise.
Malgré tout, il devait reconnaître qu'il fut légèrement déçu de ne pas tomber sur Katya : échanger quelques mots avec la jeune fille était toujours un plaisir. Mais à la place, c'est son frère James qui l'avait accueilli, avant de remonter illico presto s'enfermer dans sa chambre avec ses bouquins.
Un drôle de bonhomme celui là, pensa t-il en achevant sa besogne.

William fini de tondre les derniers brins d'herbes et coupa le moteur de la tondeuse. L'engin poussa un dernier rugissement du tonnerre avant de sombrer dans un profond mutisme -Ô combien savoureux. Ses oreilles sifflèrent quelques secondes avant de s'habituer au calme habituel qui régnait sur Magnolia Cresent. William souffla, satisfait de lui même.
Il se retourna, s’apprêtant à rejoindre le perron, quand une présence inattendue le fit sursauter. Là, assis tranquillement sur un transat se tenait le petit dernier des Fitzgerald, rêveur. Ses yeux semblaient perdu dans le vague... Dans le vague, vraiment ? William suivi son regard, qui le ramena à sa propre personne. Non, décidément "le vague" ne semblait pas être le mot le plus approprié pour désigner son torse.

La scène ne dura que que quelques quart de secondes, si bien que William n'était pas tout à fait sur de ce qu'il croyait avoir vu.

« - James ? »

James Ҩ William

« Rien n'est jamais plus exaltant qu'admirer la nature. La beauté des formes et des couleurs. On s'en perd presque dans la volupté du vent. »

Alors que James était descendu dans le jardin pour profiter du soleil et ainsi pouvoir se concentrer sur ses croquis, il du avouer qu'il n'avait gère avancé. Il faut dire que sa concentration s'était dissipée à la minute où le jardinier avait enlevé son t shirt, la chaleur devenant étouffante.

Il était près à s'y perdre un peu plus longtemps quand une voix vint le faire sursauter.

- James ?

Non seulement la voix venait le ramener à la réalité, c'est à dire qu'il était entrain de délibérément matter les torses d'un garçon, sans vergogne, mais la provenance de la voix semblait sortir de la bouche du propriétaire du torse précédemment convoité.

James écarquilla les yeux et prit soins de les baisser, les joues étonnement rougies. L'horreur atteignit son comble quand il vit des essais de crayons représenter les formes du jeune homme. Il refermait brusquement le carnet, les joues encore écarlates. Il marmonna des insultes incompréhensible à son encontre.

-Euhm.je. euh. Enfait.Je. Je me demandais..tu veux un verre d'eau ? Balbutiait-il, relevant timidement les yeux.

Il se sentait décontenancé, loin d'imaginer qu'il se serait fait prendre. Il aurait bien voulu se cacher quelques parts, bien loin du regard étonné et amusé du jeune homme. Il ajouterait cet instant aux évènements les plus gênants de son existence.

Finalement, il était pas mécontent que sa famille soit absente. Il ne savait pas combien de temps le jeune homme allait travailler, mais il sentait d'avance que leur prochaine entrevue serait considérablement gênante. ( Et puis, maintenant, il n'aurait plus jamais le courage de descendre..observer le jardin. )

Il relavait alors le regard, cherchant à identifier l'expression du garçon. Il n'avait pas beaucoup de connaissance dans le domaine et il ne s'était pas fait souvent avoir dans cet fraction de voyeurisme éphémères, mais les peu de fois où s'était arrivé, il s'était récolté un regard proche de l'hostilité. Oups ?
Cependant, le jardinier avait une mine amusée. Au final, il ne savait pas vraiment s'il préférait un regard courroucé ou un manque de réaction flagrant qui le faisait patauger.

Dés qu'il entendit sa voix, le jeune Fitzergerald changea radicalement de couleur, optant plutôt pour un rouge pourpre qui se maria à merveille avec sa tenue. C'est ce qui s'appelle pousser le perfectionnisme jusqu'au bout des pommettes, pensa William.
Cependant, il fallait bien avouer que sa réaction l'avait déstabilisé. En agissant de la sorte, il confirmait qu'il avait quelque chose à se reprocher. Pourtant, le jardinier continuait à se demander s'il ce qu'il avait cru voir était réel, ou sortait du fruit de son imagination. Ne sachant ce qu'il devait croire, il entreprit tout bonnement de faire comme si de rien n'était, et répondit aimablement à la proposition de son employeur.

« - Un verre d'eau ? Oh, si ça ne te dérange pas... Volontiers, ouais. Si je continues comme ça, je vais finir aussi déshydraté que ces pauvres pétunias. »

Il accompagna ses paroles d'un sourire reconnaissant envers son bienfaiteur. Ce dernier ne se fit pas prier et se releva d'un bond, apparemment trop heureux d'avoir un prétexte pour se sortir de cette situation gênante. Malheureusement, dans sa hâte, il oublia le carnet qui reposait sur ses genoux, et le fit tomber à ses pieds. Le malheureux carnet termina sa chute sur la pelouse, grand ouvert, et dévoilant ainsi... Ô surprise ! Les croquis exquis de cet artiste dans l'âme.
William s'arrêta net, décontenancé par ces formes qui lui étaient si familières, et pour cause ! Ce torse, c'était le sien. Son regard passa du carnet à James mal à l'aise, de James mal à l'aise au carnet, du carnet à James mortifié, de James mortifié au carnet, du carnet à James à l'article de la mort, de James à l'article de la mort à...
Cette fois, le doute n'étais plus permit. Le jeune et innocent petit James jouait bel et bien aux petits voyeurs à ses heures perdues. Et il semblerait bien que William tienne le rôle principal de ce petit spectacle. Cette révélation le déconcerta. Ne sachant quelle attitude adopter, le jeune Livingstone mit un certain temps avant de briser le silence gênant qui s'était installé. Finalement, il se décida à se pencher pour ramasser le petit carnet, le referma doucement et le tendit à son propriétaire. Un sourire amusé s'étira sur ses lèvres.

« - Tu as vraiment un don pour le dessin. Bon, ça ne m'aurait pas dérangé que tu accentue un peu plus ma musculature, mais c'est tout de même un bon début ! La prochaine fois que tu m'immortalises préviens moi, je m'arrangerais pour porter une couronne de laurier. Il parait que je ferais un excellent éphébe.»

Il rit doucement dans l'espoir de décrisper son interlocuteur.

« - Bon, ce verre d'eau, ça tient toujours ? »

James Ҩ William

« Rien n'est jamais plus exaltant qu'admirer la nature. La beauté des formes et des couleurs. On s'en perd presque dans la volupté du vent. »

- Un verre d'eau ? Oh, si ça ne te dérange pas... Volontiers, ouais. Si je continues comme ça, je vais finir aussi déshydraté que ces pauvres pétunias, répondit-il, le regard reconnaissant.

Plutôt soulagé de s'extirper de cette situation plus que gênante, il accueillit l'idée s'enfermer dans la cuisine avec enthousiasme. Dans la hâte, il fit tomber son carnet sur le page où il était précédemment penché.

Il silence troublant et gênant surplomba les quelques minutes qui suivirent. Sa gène était à son apogée et il n'avait plus aucune idée de qu'elle attitude adopter. Après un certain temps, le jardinier sembla se décider à ramasser le cornet et lui rendre. Il le refermait avec empressement, le rangeant, sous le regard amusé du jeune homme.

Il aurait bien voulu le fusiller du regard de se moquer ouvertement de lui, mais il n'eut pas l'occasion, celui-ci reprenant la parole.

- Tu as vraiment un don pour le dessin. Bon, ça ne m'aurait pas dérangé que tu accentue un peu plus ma musculature, mais c'est tout de même un bon début ! La prochaine fois que tu m'immortalises préviens moi, je m'arrangerais pour porter une couronne de laurier. Il parait que je ferais un excellent éphèbe.

Alors que la situation était des plus déplaisantes quelques minutes avant, James ne put s’empêcher d'éclater de rire face à sa remarque. Le jeune homme avait l'air d'être plutôt amusant. Et puis, sa phrase était comme une perche. Une immense perche.

- Naturellement. Je te préviendrais la prochaine fois pour que tu puisses prendre ton meilleur profil, lança-t-il, souriant, osant même un clin d'oeil. Excuse-moi de venir t'épier, mon coté artiste en herbe n'a pas pu s’empêcher d'être sensible à quelques choses qui se différencie du mobilier de ma chambre, rajoutait-il d'un sourire d'excuse.

- Bon, ce verre d'eau, ça tient toujours ?

- J'y vais de suite ! Cette fois-ci, il put s'éclipser à la cuisine l'âme tranquille.

Il finit par revenir quelques minutes plus tard, lui tendant un verre d'eau.

Une fois de plus, les éternelles pitreries de William étaient venues à sa rescousse, et l'avaient tiré d'un mauvais pas. Sa bonne humeur avait contaminé James en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "Dicotylédones Anémocores". Le garçon eut l'agréable surprise de voir son stalker attitré se dérider rapidement, et faire à un grand éclat de rire. C'est donc un Fitzgerald beaucoup plus souriant et détendu qui lui répondit, allant même jusqu'à lui lancer un clin d'oeil joueur. Il s'excusa d'avoir laissé libre court à ses impulsions, ce qui fit rire William.

« - Tu es pardonné. Quant à moi, permets moi de m'excuser de jouer les exhibitionnistes dans ton jardin, ce n'est pourtant pas dans mes habitudes. C'est vrai, je l'jure, je plaide innocent ! D'habitude, je porte au moins une feuille de vigne ! »

D'ailleurs, poussé par un élan de charité -ou de culpabilité, c'était difficile à définir-, James disparut aussitôt dans la cuisine. Le Livinstone profita de cet instant pour récupérer son t-shirt qui l'attendait sagement sur le perron, et l'enfila prestement. Inutile de retourner le couteau dans la plaie, n'est ce pas ? A peine avait il fini que James fit son retour triomphal, avec l'eau tant attendue. William le remercia poliment, avant de s'en saisir. Il leva son verre en souriant à James.

« - Je bois à... à ton jardin, tiens. Longue vie à tes pétunias ! Et à notre rencontre aussi, aussi imprévisible qu’inattendue. »

Sans plus de cérémonie, il but une première gorgée désaltérante. Puis, semblant soudainement se souvenir de ses bonnes manières, il essuya sa main sur son jean avant de la tendre à son interlocuteur.

« - D'ailleurs, nous n'avons pas encore été présentés, du moins pas officiellement il me semble. William Livingstone, lycéen, jardinier à ses heures perdues. Et accessoirement le frère de la marmotte qui sort avec ta ravissante soeur. »

William savait qui était James, mais il ignorait si l'inverse était également valable. Au moins, comme ça, il serait fixé. Et quelque chose lui disait qu'avec une première rencontre aussi haute en couleur, il ne se ferait pas oublier de sitôt...

James Ҩ William

« Rien n'est jamais plus exaltant qu'admirer la nature. La beauté des formes et des couleurs. On s'en perd presque dans la volupté du vent. »

- D'ailleurs, nous n'avons pas encore été présentés, du moins pas officiellement il me semble. William Livingstone, lycéen, jardinier à ses heures perdues. Et accessoirement le frère de la marmotte qui sort avec ta ravissante soeur. Dit-il, tout en buvant une gorgée du verre d'eau que James venait d'aller chercher.

- Oh! Alors tu es un Livingstone! Je vois. s'exclama-t-il surprit, serrant maladroitement sa main. James Fitzgerald, enfin, je suppose que tu le sais. Et euh. Je n'avais jamais fais le lien que tu étais son frère, c'est vrai, avoua-t-il.

Ainsi donc, il était le frère du copain de Katya. C'est vrai qu'au fonds, ils se ressemblaient un peu tout les deux physiquement. Mais pour ce qui était du caractère...A entendre les dire de Julia, son copain était particulièrement paresseux. Alors que William, - à première vue du moins, semblait des plus énergiques et bavards.


- En fait, en y réfléchissant, c'est plutôt étonnant que nous nous ne sommes jamais rencontré plus tôt, j'ai l'impression qu'on reste avec les mêmes personnes ! Tu connais Satine Wainwright, il me semble ? J'ai vaguement parlé qu'on avait un nouveau jardinier et euh. Voila on a parlé un peu de toi, pour le coup. En fait, je connais plus sa soeur, Ginerva! s'expliquait-il.

Ne pas omettre toute la réalité n'était pas du mensonge, n'est-ce pas ? Bon, il est vrai qu'il avait apprit que Satine et lui se connaissaient depuis un moment et qu'ils jouaient des cap ou pas cap. Il n'était tout de même pas obligé de préciser que son nom avait été prononcé lors de leur "conversations de garçon" ? Non, non, vraiment, ce n'était pas nécessaire.

James finit par se reposer sur le transat où il était posé quelques minutes plus tôt, jouant distraitement avec son carnet entre les doigts.

- Jusque quand tu travailles ? Demande-t-il, la mine curieuse.

Lorsqu'il déclina son identité, le visage de James paru s'illuminer, comme frappé de l'illumination divine. Il venait de l'identifier comme étant "un Livingstone", c'est à dire un des membre de cette drôle d'espèce, résident au n°10 Magnolia Cresent. C'est vrai que les Livingstone, sans être pour autant être ce qu'on pourrait qualifier de marginaux, passaient rarement inaperçus. La mère d'abord, était archétype même de la mère de famille parfaite, si bien qu'on aurait put croire qu'elle sortait tout droit d'une publicité de produit de petit-déjeuner. Le père lui... eh bien, il n'y avait pas grand chose à dire dessus. Il était tellement insipide et effacé, rien ne servait de s'attarder plus sur le sujet. Leur fille en revanche rayonnait par sa beauté, qui l'avait d'ailleurs lancée dans le mannequinat et lui avait valu une renommée dans tout le quartier, et plus encore, dans tout le pays. Le fils aîné lui ne devait sa réputation qu'à sa célèbre flemme aux proportions gargantuesques. Tout le contraire de William, qui lui était une véritable pile d'énergie. Au final, toute cette charmante petit tribu avait tout pour prétendre concourir au titre de voisins parfaits. Enfin. Presque tout.
Mais pour le moment, l'heure n'était pas venue à ce genre de considérations. William serra la main du Fitzgerald avec enthousiasme.

« - Oui James, je sais. Katya m'a déjà parlé de toi, sourit il. Et oui, contre toute attente, oui, Christian est bien mon frère. Je sais bien qu'on ne se ressemble pas vraiment, mais pourtant... A part physiquement peut être. Et encore, tout le monde sait que je suis le plus beau ! »

Il dit cette dernière phrase en rigolant. Bien entendu, il n'en pensait pas un mot, et le ton tendre qu'il utilisa pour parler de son frère en témoignait tout à fait. Christian, avant d'être un grand frère lambda était avant tout SON grand frère, son superman attitré, celui qui méritait d'avoir son propre kitchissime mug "BEST BROTHER EVER".
Mais déjà, James détournait la conversation au profit de la célèbre famille de Weasley de Magnolia Cresent. William sourit lorsqu'il entendit son interlocuteur prononcer le nom de Satine.

« - Satine ? Un peu que je la connait ! Combien de fois cette fille m'a fourré dans les pires situations imaginables ? Mais bon, c'est un peu comme ça, de jouer avec elle. C'est de savoir qu'on fonce droit dans le mur, et d'accélérer quand même. Ca fait son charme, je suppose. »

A vrai dire, William déformait un peu les choses : il était vrai que Satine l'avait mit dans des situations pour le moins... inconfortables. Mais il était vrai aussi que de son côté, il lui avait amplement rendu la pareille. Mais ça, William se gardait bien de le préciser. Donner à l'innocente Satine des airs de grands méchants loup était toujours très amusant, d'autant plus que c'était loin d'être vrai.

« - Ginny, je la connais un peu moins. Mais je la trouve tout aussi attachante. Mais chut, ça reste entre nous, si elle savait ça, je perdrait toute ma crédibilité, rigola t-il. Mais d'ailleurs, comment ça se fait que vous parliez de moi ? Elles ne t'ont pas dit trop de mal de moi j'espère ? »

Plaisanterie, encore une. William savait pertinemment que les soeurs Wainwright n'étaient pas du genre à lui jeter des cailloux, aussi irritant soit il. Il regarda distraitement James s’asseoir, et répondit à la question qui lui était posée, avec un petit rire.

« - Jusqu'à quand ? Euh... Bah là, maintenant, j'ai tout fini. Tu ne trouves pas le jardin assez tondu à ton goût ? Attention à ta réponse, tu risques de me vexer sinon ! »

James Ҩ William

« Rien n'est jamais plus exaltant qu'admirer la nature. La beauté des formes et des couleurs. On s'en perd presque dans la volupté du vent. »

- Oui James, je sais. Katya m'a déjà parlé de toi, sourit il. Et oui, contre toute attente, oui, Christian est bien mon frère. Je sais bien qu'on ne se ressemble pas vraiment, mais pourtant... A part physiquement peut être. Et encore, tout le monde sait que je suis le plus beau !

James sourit à sa remarque, laissant cette affirmation en suspend.

- Alors comme ça Katya à parlé de moi ? Demanda-t-il, curieusement.

Cette question ne tintait pas comme une forme de méfiance envers sa soeur qui comploterait avec cette famille de Livingstone. Il été de notoriété publique que James était assez impulsif dans ses paroles et parfois d'une curiosité sans borne. Parfois presque trop maladroit, pouvant manquer de tact. Non, celle-ci était posée de façon à se demander qu'elle était les premières paroles et images qu'avait donc eu William de lui.

Bien que leur deux familles soient étrangement liées par une union, James était loin de connaitre la famille Livingstone. Certes, Christian avait assisté à quelques dîners familiaux chez les Fitzgerald - Qui devait d'ailleurs relever hautement d'une catastrophe, il imaginait la scène d'ici : Christian au milieu de remarques déplacées d'Henry, un match acéré de ping pong entre Julia et Jaylann et sans doute les deux plus jeunes, en l’occurrence James et Katya, entrain s'époumoner pour garder tout le monde vivant avant le plat principal. Il imaginait assez bien les quelques échos insolites que son frère avait du citer. Mais hormis ces quelques dîners, James ne connaissait pas beaucoup Christian. La plupart du temps, il semblait combler le mal aise que James provoquait (Il est vrai qu'il ne faisait pas d'effort avec tout le monde pour se rendre sociable) et passait la plupart du temps à taquiner gentiment James pour le faire réagir. Alors James s'efforçait de garder toujours Katya dans les parages pour ne pas qu'ils se retrouvent seul ( Une forme de lâcheté, dites-vous ?). Il n'était jamais imprévu qu'une boulette de papier, une main chatouilleuse ou une remarque surprenante jaillisse de nul part. Mais au final, il savait que ces gestes n'étaient jamais bien méchant.

- Satine ? Un peu que je la connais ! Combien de fois cette fille m'a fourré dans les pires situations imaginables ? Mais bon, c'est un peu comme ça, de jouer avec elle. C'est de savoir qu'on fonce droit dans le mur, et d'accélérer quand même. Ça fait son charme, je suppose.

James fut surprit en entendant ses paroles envers la benjamine Wainwright. Bien que James était tout juste entrain d'apprendre à connaitre la rousse, elle lui avait donné une toute autre impression. Elle semblait complètement maussade ou paralysée à prendre des risques, en s'enfermant dans des rêves ou derrière des excuses. Cependant, William et Satine ressortissaient d'une amitié d'enfance et combien sait qu'on est toujours indéniablement différent lorsqu'on se retrouve avec ce genre de partenaire. James était encore bien loin de la connaitre, mais pour l'instant, c'était l'impression qu'il avait d'elle.

- Vraiment ? J'ai l'image d'une Satine beaucoup plus sage de mon coté, lança-t-il, la mine à nouveau curieuse. Dans quelles situations incroyables t'as-t-elle déjà mise ?

James se perdit un instant dans les explications de William, bien amusé par ses anecdotes. "Mais d'ailleurs, comment ça se fait que vous parliez de moi ? Elles ne t'ont pas dit trop de mal de moi j'espère ?" termina-t-il, un rire au lèvre.

James réprima de peine un hoquet de surprise. Comment pouvait-il toujours le prendre de court de façon si cruelle à chaque fois ?

-Euh. Je.enfin, bafouillait-il, prit de court. On..On parlait des derniers évènements récent de notre semaine et, voila, je t'ai vaguement évoqué, lança-t-il, un sourire peu convaincu. Et étrangement, Satine m'a dit presque la même chose à ton sujet. Que tu étais une dangereuse personne amusante qui l'emmenait vers des situations abracadabrantes ! Véritablement, il ne pouvait pas lâcher " On était en pleine discutions de garçon!", pourtant ça brûlait à peine ses lèvres.

Alors que celui-ci à chercher à savoir combien de temps son jardinier éphémère allait rester, il masqua avec peine un éclat de rire.

- Jusqu'à quand ? Euh... Bah là, maintenant, j'ai tout fini. Tu ne trouves pas le jardin assez tondu à ton goût ? Attention à ta réponse, tu risques de me vexer sinon !

En effet, maintenant que l'expert lui disait, il put remarquer d'un coup d'oeil rapide qu'il avait terminé de tondre la pelouse. On ne pourrait surement pas le sermonner de vaquer à des occupations plus attrayantes.

- Eh bien...puisque tu demandes mon avis, je trouve que tu as une curieuse vision des distances. Tu ne remarques pas une légère asymétrie entre les brins d'herbes ? Lança-t-il, d'humeur taquine, tout en cachant une légère déception. Définitivement, la présence du jardinier était loin d'être désagréable. Ce fut sans étonnement que James accueillit l'idée d'un air maussade. Un humeur de courte durée car l'esprit de James n'était pas sans surprise et lorsqu'il avait envie de quelques choses, en soi découvrir un peu plus la personnalité de William, il pouvait se montrer imaginatif. Alors, pendant qu'il s'occupait à saluer et à remercier celui-ci, un plan presque douteux s'était dessiné dans son esprit, vaguement déterminé à le revoir.

A peine le jeune jardinier avait il fini sa phrase que James lui coupa l'herbe sous le pied (Ha. Ha. Ha), en s’enquérant de savoir ce que sa soeur aînée avait bien put laisser entendre à son sujet. Cette réaction fit rire William : vu l'amour que la Fitzgerald semblait porter à son frère, il était même étonnant qu'elle ne lui ai pas décrit le gaillard dans une magnifique Ode au Cadet. William s'imaginait déjà l'ex cheerleader, improvisant une toute nouvelle chorée accompagnant le vers "Les roses sont roses, les violettes sont violettes, mais crois moi mon Jaja, je n'aime que tooooi !" Cependant, l'idée de laisser planer un peu de mystère autour de leurs conciliabules pour tester la réaction de James et pour l'induire en curiosité n'était pas totalement désagréable.

« - Ouais, en effet. Mais si je te répétais ce qu'elle m'a dit, je devrais te tuer après, dit il avec une petite grimace, faussement désolé. »

Ce petit jeu ne l’avançait pas plus, certes, mais au moins, il avait eut le mérite de le divertir. Et puis, sa réponse était tout de même plus originale que d'avouer platement la vérité, à savoir que tout le monde décrivait James comme étant un garçon gentil, quoique légèrement timide et renfermé. Christian en avait même parlé comme étant "probablement l'un des membres les moins... caractériel de la famille Fitzgerald."
Satine aussi, semblait s'être ralliée à l'opinion générale. En entendant parler de sa complice, William ne put s’empêcher de s'emballer en décrivant la Satine que lui seul semblait connaitre. Quelque fois, il regrettait d'être l'un des rares à ouvrir les yeux sur la véritable personne cachée derrière le piano, et estimait qu'elle gagnerait beaucoup à être connue. D'autres fois en revanche, il n'était pas mécontent de cette situation, et se consolait en se disant qu'il gardait ainsi sa meilleure amie pour lui, et que personne ne volerait. C'était une pensée un peu égoïste, mais qui au fond ne faisait que traduire l'affection que William éprouvait pour la jeune fille. Malgré les nombreux voyages répétés que cette dernière effectuait, elle restait son pilier, son point de repère, aussi immuable années après années. Ils se connaissaient tout les deux sur le bout des doigts, et c'est pourquoi William ne fut guère étonné lorsque James lui avoua la vision qu'il avait gardé de la jeune pianiste. Il tenta à son tour de lui faire entrevoir la fille qu'il connaissait.

« - Voyons, laisse moi réfléchir... Ah oui, j'en tiens une ! Un jour, alors qu'on était gamins, Satine m'a "obligé" à croquer dans une carotte "pour voir ce que ça faisait". Je suis allergique aux carottes, au bout de quelques minutes ma langue était si gonflée qu'on aurait put aisément jouer au rugby avec. Une autre fois, elle m'a poussée à accepter l'invitation à prendre le thé d'une vieille dame sénile dont je tondais la pelouse, et qui a passé l'après midi à me montrer des photo de ses chats morts. Oh, ça allait encore, jusqu'à ce qu'elle me force à caresser Mistigriff, qui était empaillé, grimaça t-il. Oh, et il y a aussi eut cette fois où sa mère nous a surpris un matin alors qu'on était en plein catapultage de crottes de lapins dans le jardin de son voisin. Je crois que c'est à partir de ce moment là où elle a VRAIMENT commencé à me détester. »

James sembla amusé à l'écoute de leurs missions commando, quoiqu'un peu écoeuré par le dernier point. Il avoua en rigolant que Satine avait dressé le même portrait à son sujet, d'un dangereux garçon, mais néanmoins sympathique. William esquissa un sourire : c'était du Satine tout craché ça, elle avait même réussi à prendre un peu d'avance sur lui, vis à vis de sa propagande calomnieuse. Il ne manquerait pas de l'évoquer à leur prochaine rencontre, ça !
Mais pour l'instant, l'heure était plutôt à ranger ses affaires, et à opter pour un repli stratégique chez lui, râteau à la main, désherbant dans l'autre. Il prévoirait sa contre attaque une prochaine fois. Seulement, James ne sembla pas de cet avis, et lui objecta avec malice qu'une légère asymétrie venait gâcher son chef d'oeuvre jardinier. Sa mauvaise foi amusa William, qui répliqua gentiment :

« - Heureusement que mon travail n'est pas parfait. Ca me donnera un prétexte pour revenir. »

Il serra la main de James, tout se félicitant intérieurement pour cette rencontre, aussi inattendue qu'imprévisible. Le jeune Fitzgerald s'était révélé être plein de surprises, et William se prit à espérer que leur prochaine rencontre serait au moins aussi divertissante que la première. Et ça, il n'allait pas être déçu...

James Ҩ William

« Rien n'est jamais plus exaltant qu'admirer la nature. La beauté des formes et des couleurs. On s'en perd presque dans la volupté du vent. »

James observa les plantes du jardin qui s'affichait devant lui avec une certaine honte et culpabilité. Très souvent James était impulsif et très souvent James faisait des choses idiotes. Ainsi donc, la destruction volontaire de ses Ligustrum japonica faisait partie des choses idiotes que James avait entreprit récemment. Au fonds, on pouvait apparenter James à un sombre manipulateur - En tout cas, en ce bref instant, c'est de cette manière qu'il se considérait. Lâcher des Otiorhynque carnassiers sur les belles plantes que sa mère avait prit du temps à entretenir, relevait d'une machination puérile de plus pour rencontrer le jeune homme.

Pour se rassurer, il ne put s’empêcher de se dire qu'il n'avait pas d'autres alternatives d'actions. La présence du jardinier l'intriguait et il voulait apprendre à le connaitre davantage. La façon la plus appropriée pour pouvoir le revoir, sans que ça ne paraisse déplacé, était de le faire revenir pour une innocente raison de plante dévorée. Au fonds, sa logique ne manquait pas de sens et de perspective.

Détournant les yeux de son crime douloureux, il rentra à l'intérieur de la bâtisse Fitzgerald pour signaler à Leeda les dégâts trouvés dans le jardin. Il eut un vague soupçon de remord en remarquant que sa mère semblait particulièrement contrariée de ne plus obtenir un jardin parfaitement cadré. Sur ce sujet, il n'avait jamais compris sa mère. Il était d'ordre publique que les Fitzgerald était une famille hors du cadre de Magnolia. Transformer son jardin de façon identique qu'au mère de famille parfaite ne rendrait pas leur famille meilleur. Du moins, ce lien lui échappait.

Elle prit un rapide rendez vous avec William, s’arrangeant avec lui pour qu'il passe dans l'après midi. En retard pour le comité d'élève, elle voulu confier la charge d’accueillir le jardinier à Jaylann, avant que James ne se propose volontaire pour cette tâche si fâcheuse. Puis, Jaylann était une fille tellement désagréable, l’accueil se déroulerait d'autant mieux avec James. Convaincue, elle partit en vitesse.