Cela faisait plus de deux semaines que je n’avais pas pris de nouvelles d’Adrian ni de sa famille. Je savais qu’il avait eu un petit garçon (merci facebook) mais surtout, je ne voulais plus le voir depuis que je m’étais pris un léger vent quand je l’avais embrassé la dernière fois. Oui, ça avait peut-être été une erreur mais je le voulais plus que tout et j’avais cru que lui aussi, mais apparemment non. Du coup, je m’étais retrouvée seule et sur le cul face à ce refus… Je n’avais plus osé l’appeler ni même lui envoyer des messages. Non, je m’étais renfermée durant plusieurs semaines dans mon boulot et que ça. Même Gabriel n’était pas là en ce moment et je ne pouvais parler à personne… Quand j’avais appris la naissance du petit garçon d’Adrian, j’étais heureuse pour lui mais en même temps je souffrais tellement de le voir si heureux sans moi. Avait-il pensé à moi durant ces semaines où je ne m’étais pas montrée ? J’espérais car sinon, cela voudrait dire que je ne représente rien pour lui et qu’il ne se soucie pas de moi. En tout cas, j’aimerais vraiment qu’il vienne me voir, qu’il vienne de lui-même et qu’il me dise vraiment ce qu’il ressent. J’avais peu d’espoir mais comme on le dit l’espoir fait vivre.
Aujourd’hui était mon jour de repos et je voulais rester chez moi ne sachant quoi faire d’autre. J’aurais très bien pu aller faire les magasins mais si je retombais encore sur Adrian et qu’il me refaisait le même coup, je n’allais pas le supporter. Le pire, c’est que personne n’était là aujourd’hui. Tous partis en week-end pour pouvoir se changer les idées et puis profiter de ce temps pour aller au ski. Oui, mon père avait trouvé un petit avion pas cher et puis bon, ils allaient sûrement prolonger leur petit week-end d’un jour de plus. Enfin, je le verrais bien de toute façon. J’étais donc allongée dans le canapé en train de regarder la télé en mode chemise de nuit et robe de chambre avec une tasse de café. Je ne savais pas quoi faire. J’avais mon portable à côté de moi et je voulais à tout prix lui envoyer un message, mais j’en avais marre de faire le premier pas. Il fallait cependant que je le vois et je ne pouvais pas ne pas l’ignorer encore. Puis, peut-être que j’allais le déranger, peut-être qu’il serait avec son fils et sa fiancée… Rien que d’y penser je décidai de ne pas lui envoyer de message. Non, je ne ferais rien aujourd’hui. Encore. Lutter était la seule chose que je pouvais faire en ce moment. Je me levai de mon canapé et allai ranger la tasse dans le lave-vaisselle et montai dans ma chambre, pris mon ordi et redescendis pour le poser sur la table basse et aller contempler ma boite mail qui devait être remplie de quelques centaines de messages. Oui, j’avais tout déconnecté pendant ces semaines et seule la boite de mon travail marchait. Les autres, je ne m’en étais plus occupée du tout, je m’étais réellement concentrée que sur mon travail oubliant tout ce qui m’avait entourée. Mais Adrian était resté dans mes pensées jusqu’à en hanter mes nuits… Soupirant, j’allais sur ma boite et regardai le nombre de messages. Sans les lire je les supprimai un à un. Je tombai sur un mail d’Adrian. Je ne pris pas la peine de le lire et le supprimai également. Ca s’trouve c’était important, qu’importe, c’était trop tard.

Une vingtaine de minute plus tard, j’avais enfin fini de vider cette satanée boîte mail. Maintenant, je remontai dans ma chambre, pris mes affaires et allai dans la douche pour pouvoir me relaxer et faire le vide dans ma tête pour commencer à savourer la journée qui s’offrait à moi. Une fois ma douche prise, je m’habillai et me séchai les cheveux avant de les laisser comme tel et de redescendre dans le salon. Je regardai mon portable et me décidai enfin à lui envoyer un message. M’installant je cliquai sur les messages, sur nouveau et composai son numéros (que je ne connais par cœur of course !) et commençai à rédiger mon sms.

« Adrian, je pense qu’on peut arrêter de jouer à cache-cacher. Et si tu es disponible aujourd’hui, je suis chez moi. Viens… S’il te plait Adri’… »

Je reposai mon portable sur la table basse voyant l’accusé de réception pour me confirmer qu’il l’avait bien reçu puis retournai dans la cuisine pour faire la vaiselle histoire de m’occuper l’esprit et de ne pas m’occuper de sa réponse. Il me manquait c’était affreux et une fois de plus je venais de faire le premier pas. Je l’aimais vraiment, je m’en rendais compte maintenant et je n’avais aucun contrôle de moi sur ce genre de sentiment… Faisant la vaisselle tout en réfléchissant, je ne sentis pas le couteau me couper le doigt. « Putain ! » Voilà, fallait que ça m’arrive ! Je jurai une nouvelle fois et montai dans la salle de bain pour trouver la pharmacie et renversai quelques flacons au passage. Je ne supportais plus trop le sang depuis un moment, c’était dur pour moi de voir ce liquide rouge sortir de moi. Je fermai les yeux et laissai mon doigt sous l’eau me sentant légèrement faible d’un coup. Je respirai lentement tentant de me reprendre et ça fonctionna. Gardant les yeux fermés, je mis mon doigt dans une serviette et allai me mettre dans le canapé pour me reprendre. Je n’aimais vraiment pas le sang, mais alors pas du tout… Soufflant, je me laissai aller au sommeil, sommeil bon ou mauvais, tant pis. Ca me faisait du bien. Enfin, je dormais, enfin je trouvais la paix.

Au final peut être que je n'aurais pas dû envoyer ce sms, je le dérangeais peut être dans sa nouvelle vie de famille... Bref, j'étais donc partie faire mon petit train-train quotidien dans ma cuisine pour essuyer et laver la vaisselle, qui me coûta presque un doigt. Je n'aime pas tellement le sang et en voir couler comme ça d'une partie de mon corps me rendait malade (hormis quand elle a ses règles hein xD). J'étais donc dans la salle de bain quand mon téléphone se mit à vibrer pour me dire que j'avais un message. Prenant la serviette et un pansement au passage, je descendis les escaliers et me dirigeai vers le salon pour m'allonger dans le canapé et fermer les yeux oubliant quelques instants que je venais de recevoir un message. Ce n'est que lorsque j'ouvris les yeux dix minutes plus tard que je vis mon portable clignoter au niveau des touches pour m'avertir du message. Le lisant, je soupirai de soulagement et pris soin de mettre ce foutu pansement autour de mon doigt en grimaçant puis fis mes affaires avant de laisser tout ça en bordel, au pire j'étais seule dans la maison et sortis tout en fermant derrière moi. J'allais voir Adrian, j'étais heureuse mais d'un côté j'étais tellement terrifiée, cela faisait trop longtemps que je ne l'avais pas vu... trop.

Qu'est-ce-que je devais lui dire ? Qu'est-ce-que ça allait donner ? Après tout c'était moi qui devait parler et mettre les choses au clair. Je devais assumer le fait de vouloir le voir pour savoir ce qui se passait entre nous, peut être que cela m'aiderait à aller mieux et surtout à moins penser à lui ? Bref ! Je devais tout lui dire, tout lui exposer et surtout arrêter de me cacher. De me cacher des sentiments que je ne veux pas accepter depuis un petit temps déjà...
Le parc ? J'y étais déjà depuis un petit moment, assise sur mon banc en train de regarder les personnes passer devant moi. Des enfants de cinq à dix ans venant pour jouer. Des couples tout jeune voulant se promener et être tranquille hors de la vue de leur parent et moi. Moi attendant sagement Adrian. Attendant que celui daigne se montrer pour que je puisse de nouveau admirer la beauté de son visage. Je voulais le regarder, sentir l'odeur de son parfum que je n'avais pas oublié mais qui me manquait... Plongée dans mes pensées, je n'entendis même pas le beau brun arriver dans ma direction et c'est lorsqu'il m'appela par mon prénom que je sursautai pour le regarder dans les yeux. Je baissai la tête pour voir une petite tête émerger du torse d'Adri. C'était Logan, il était venu avec son fils au parc. Il était mignon même si je ne le voyais pas vraiment et je me rendais compte de la connerie que je faisais en voulant à tout prix vouloir Adrian avec moi. Je ne pouvais pas faire ça mais entre la raison ou le coeur, parfois il fallait choisir le coeur... "Salut Adri'. Et c'est Logan si je ne me trompe pas ? Tu vas bien ?" Je ne voulais surtout pas rajouter le "depuis que tu m'as foutu un vent quand je t'ai embrassé", non, je ne voulais pas revenir dessus enfin, j'allais y revenir mais plus tard. Beaucoup plus tard. Que lui dire maintenant ? Je n'arrivais pas à détacher mon regard du sien et je ne savais pas quoi lui dire d'autre à part... "Désolée.. de tout ça." J'essayais de parler d'un ton détaché mais je n'y arrivais pas. La gorge nouée, je devais faire face à ce qui me rendait triste. Le temps des explications étaient venues...

Mon dieu, le rôle de père lui allait tellement bien quand je le voyais avec son petit bout en train de dormir. J'enviais ce moment présent qu'il partageait avec son fils, oui j'enviais vraiment son rôle de parent actuellement. Un pincement au coeur se fit ressentir et je dus détourner le regard pour ne pas me rendre encore plus malade. Son fils lui ressemblait et j'étais contente pour lui malgré ce que je pouvais ressentir en ce moment précis, mais... j'étais fière qu'il ait une famille à présent. Il me retourna la question et je le regardai vite fait en lui répondant brièvement: "Oui ça va, merci." En fait ça n'allait pas du tout mais bon, qu'est-ce-que je pouvais y faire moi ? Je voulais aller plus loin avec lui mais apparemment ma tentative de lui montrer à quel point je tenais à lui, était vouée à l'échec et rien ne pouvait y remédier. Enfin, si mais je ne voulais pas me disputer une énième fois avec lui. Puis voulant faire preuve de politesse, je voulus m'excuser de mon débordement de la dernière fois et je me fis... envoyer chier encore une fois. Prenant mon mal en patience je soupirais. Je ne pouvais pas craquer, pas maintenant. Je m'approchais de lui et plus particulièrement de Logan et lui caressai ses petites joues avec un sourire sur le visage. Ce petit ange était magnifique et tout le monde pouvait craquer voyant son petit visage. J'étais aux anges mais en croisant le regard d'Adrian je me sentis mal à l'aise. Oui, il me rendait mal à l'aise car je ne voyais pas pourquoi il ne voulait pas en parler. Me reculant et m'asseyant de nouveau sur le dossier du bac en posant mes coudes sur les cuisses, je le regardai et souris faiblement. "Dis moi, pourquoi tu ne veux pas en parler ? Pourquoi tu ne veux pas me parler tout court, Adrian ? Je pense qu'il faudrait que tu me dises vraiment ce que tu veux car j'arrive pas à savoir, moi, de mon côté." Voilà, j'étais partie, je n'allais pas m'arrêter et tout allait sortir d'un coup, me faisant mal au passage et lui faisant peut être mal aussi. Mais tant pis."Je sais pas quoi faire ! Tu me dis qu'on pourra bientôt être ensemble, ensuite Juliet fait son déni de grossesse et malheureusement je t'embrasse, tu te casses en m'ayant promis de ne pas m'abandonner et là. Maintenant, je te retrouve avec ton joli petit ange en train de m'envoyer chier et en étant distant avec moi. Mais merde ! Je sais pas si j'ai été clair dans mes paroles quand je te parlais, je sais pas si tu as bien compris ce que je voulais dire dans cette putain de lettre que je t'ai donné il y a maintenant deux mois environ ! Qu'est-ce-qui va pas chez toi, ou chez moi ?" Se levant et lui faisant face en ayant les larmes aux yeux, je plantai mon regard dans le sien et commençai à marcher pour me calmer mais je n'arrivais pas à m'arrêter. Non, tout devait sortir maintenant. "Tu crois que pendant cinq ans quand tu étais loin de moi j'ai fait quoi ? Tu crois pas franchement que je voulais revenir pour te dire à quel point je t'aimais ? J'ai essayé de te le montrer à plusieurs reprises, ça n'a pas fonctionné. J'ai essayé de passer à autre chose pendant ces cinq ans et j'ai pas réussi car tu revenais sans cesse dans ma tête !! J'avais besoin de toi et t'étais pas là, comme maintenant, t'es pas là alors que j'aimerais que tu le sois. Mais tu fuis, tu me fuis et je sais plus ce que je dois faire pour te retrouver..." Voilà, les larmes ruisselant sur mon visage, je les essuyai du revers de la main et je lui fis face à nouveau. Je n'avais pas été tellement tendre mais je m'en fichais, tout ce que je voulais lui dire était dit. Qu'il parte s'il le voulait, après tout c'est tout ce qu'il savait faire maintenant. Oui je m'en voulais de lui gueuler dessus comme je venais de le faire et surtout qu'il avait son fils, mais qu'importe. Je souffrais par sa faute et je ne savais pas quoi faire d'autre que de lui rendre la pareille même si cela me rendait malade. Au fond, ces paroles là lui montrent bien à quel point je l'aime.

Rien ne pouvait aller bien dans une journée, rien ne pouvait fonctionner correctement sans que je puisse être assassinée de pensées envers Adrian et ma vie. Jamais je n'aurais cru qu'il prendrait une place importante dans ma vie et que durant cinq ans j'aurais bu faire abstraction de ces sentiments qui me rongent le corps, l'âme et l'esprit. Je ne suis qu'un oiseau enfermé en cage qui attend juste qu'on le libère pour voler et vivre sa vie. Mais je suis enfermée comme cet oiseau à regarder ce qui se passe autour de moi sans pouvoir réagir et sans pouvoir agir comme je le voudrais. Adrian me manque, c'est plus qu'évident, mais je ne peux pas faire ça à sa famille, pas maintenant. Je savais que je risquais gros en voulant lui parler et en voulant éclaircir certaines choses. Cependant, lui et moi savions que même si nous parlions de tout cela, ça nous mènerait nul part. Cela me rendait malade de dire que j'allais bien alors que j'avais qu'une envie : aller dans ses bras pour lui dire tout ce que j'avais à dire et pleurer toute ma peur et ma souffrance.
Le voir avec Logan me montrait à quel point il était fier d'être papa. Oui, il était fier et ça se voyait, il l'aimait ce petit bout de chou comme j'aurais pu l'aimer aussi. Secouant la tête je devais me résigner à observer le tableau dont j'étais témoin sans pouvoir y participer. Je le voyais se dessiner petit à petit devant mes yeux n'y voyant pas ma place et me sentant à l'étroit. Alors oui, peut-être qu'effectivement je n'avais pas de place dans ce tableau où se dessinait la vie d'Adrian et de sa famille. Non, je n'en faisais sûrement pas partie.

Après lui avoir déballée tout ce que je ressentais actuellement et tout ce que j'avais pu accumuler comme sentiments et émotions durant ces trois mois de retour à Magnolia, je me rendis compte que cela me fit du bien d'extérioriser tout cela. J'aurais dû le faire il y a bien longtemps mais je n'avais pas eu le courage, et c'est seulement sur un coup de gueule que je pus à nouveau lui parler de tout cela, m'ouvrant entièrement à lui. Jamais je n'aurais voulu me séparer de lui, mais le voyage et le pouvoir de partir autre part l'avaient remporté et à présent... je ne pouvais pas regretter mon choix. Adrian savait tout ce que je venais de lui dire, mais je voulais lui répéter encore et encore pour qu'il le grave dans sa tête. Mais... elle était loin d'imaginer ce qu'allait lui répondre son âme soeur inaccessible. Tout cela me laissa de marbre à vrai dire et je ne sus quoi répondre. Je ne savais pas quoi répondre car les cris du bébé me firent sortir de mes pensées. Ses pleurs étaient stridents et tout ça à cause de nous. Il ne se calmait pas et je perdais patience, je perdais patience à l'entendre pleurer et les larmes coulaient toutes seules sur mes joues. Je ne pouvais pas m'arrêter, c'était un ras de marré qui me passait dessus et quand Adrian prononça sa dernière phrase ce fut la fin. Un grand vide s'installa en moi. Je n'arrivais pas à respirer et les cris de Logan n'arrangeaient rien. Je devenais folle et il fallait que je parte d'ici. "T'en fais pas, je vais repartir pour la Californie. Ton souhait va être exaucé, Adrian O'Conell. Et je n'aurais jamais cru dire que Magnolia Cresent t'as bien fait ta réputation, tu la tiens bien." Tout ceci était méchant, mais j'étais triste, j'étais au bord du gouffre et je n'allais pas pouvoir m'en sortir. Adrian était le seul ami que j'avais eu à Magnolia, Adrian était le premier ami et Adrian resterait le premier homme que j'ai aimé. Cependant, il voulait que je parte. J'allais partir. Sans lui adresser un autre regard et me bouchant les oreilles pour ne plus entendre Logan, je partis. Je rentrais chez moi et plus particulièrement dans ma chambre où je fis le ménage à ma manière. Tout vola dans ma chambre et tout ce qui pouvait se casser, se cassa. J'étais folle et je perdais les pédales. Je finis par m'allonger par terre tenant une boîte contre moi pleurant encore et encore. Je ne faisais pas partie du tableau que dessinait Adrian, cela venait de se confirmer.