Une matinée assez tendre. Le printemps est là, le soleil montre à nouveau le bout de son nez, et sous un ciel bleuté, Magnolia s'éveille. Les commerçants ouvrent leur boutique. Adrian marchait donc ce matin là, serviette à la main, en direction du cabinet O'Conell. Le beau temps était probablement la raison pour laquelle l'avocat avait décidé de se rendre au travail à pieds. Il était encore tôt pour filer s'installer directement derrière son bureau. L'occasion donc de prendre un petit café à emporter. Il arriva donc jusqu'au Starbuck qui avait ouvert ses portes depuis peu à Magnolia. Là, il achetait un café allongé, payait sa commande puis repartit en direction de ses bureaux. Il s'arrêta en chemin pour boire son café, tranquillement assis sur un banc. Il posait alors son regard sur les voitures qui défilaient sous son nez, les passants, tout en avalant quelques gorgées de son café encore chaud. Il sortit ensuite de son sac le journal qu'il trouvait comme chaque matin sur le pas de sa porte, et l'ouvrait à la page des actus. L'affaire Firgemson à la une, "Une défense en béton, Joshua O'Conell pressentit comme étant le meilleur avocat dans cette affaire.". Adrian souriait, il était ravi que la presse honore si bien les compétences de son frère aîné, une opportunité de se faire son propre nom ici, et de redorer l'image du cabinet. Adrian se lança alors dans la lecture de l'article et les lignes qu'il lisait ne pouvait le rendre plus heureux. Aussi, intéressé par l'article qu'il lisait, il ne remarqua pas cette personne, près de lui, le saluant. Il leva les yeux de son journal, et découvrit... comment s'appelle t'il déjà? Ah oui, Isaac. "Oh, salut! Excuse moi, j'étais... ailleurs!" dit-il en tendant sa main pour la lui serrer. L'avocat afficha ensuite un large sourire. Les deux hommes s'étaient rencontrés quelques jours plus tôt, lorsqu'Adrian s'était adonné à une partie de golf avec son nouvel ami Scott Sheirman, rencontré quelques mois plus tôt dans l'aérogare. Isaac avait été convié à la partie. Il ne se connaissait pas beaucoup, mais pourtant, Adrian avait eu l'impression d'avoir déjà vu Isaac quelque part. Et ce dernier disait aussi l'avoir déjà croisé. Mais tous deux étaient incapables de se souvenir de quoi que ce soit.

Ladies and gentleman, this is mambo number five. ♪ Ecouteurs dans les oreilles, Isaac courait à un rythme rapide et régulier. Il était encore tôt, et la fraîcheur matinal laisserait place progressivement à la chaleur du midi. Pour éviter justement de courir sous la chaleur, même si l'on était qu'au printemps, le Melrose faisait son jogging tôt le matin avant d'aller à l'hôtel. Il partait de chez lui en sweat et jogging et se changeait à l'hôtel, où un costume l'attendait. Depuis un moment il s'était organisé ainsi, et il s'en sortait bien. Courir le matin lui permettait de se réveiller et être d'attaque pour une journée de paperasses. Que du bonheur. Ceci dit, il aimait ce qu'il faisait, c'était le principal non ? Avec Lou Bega dans les oreilles, Isaac était maintenant arrivé en ville, et ne tarderait pas à arriver à l'hôtel. Mais, comme souvent lorsqu'il avait de l'avance, il s'arrêta acheter une bouteille d'eau fraîche. Expirant et expirant fortement, il but une grande rasade d'eau avant d'apercevoir un banc où il pourrait s'asseoir un moment. Il baissa le son de sa musique, le temps de se reposer. Le Melrose s'était fait une playlist avec l'aide de son fils, une série de musiques qui bougeaient et qui lui permettraient de garder un bon rythme de course. Parce que courir sur du Beethoven, plutôt moyen.

Arrivé au banc où se trouvait déjà quelqu'un, Isaac s'assit à l'autre bord tout en reprenant de l'eau. Dieu qu'il avait soif. Il expira ensuite fortement puis referma sa bouteille, s'intéressant au journal de l'homme à ses côtés. Ah, l'affaire Firgemson. Le gros scandale du moment. Isaac avait entendu dire qu'un très bon avocat avait prit en charge l'affaire.. Sûrement un du cabinet O'Connell du quartier d'ailleurs, peti business familial apparemment. En parlant d'O'Connells, le visage de son voisin lui fut tout d'un coup familier. Tiens, mais c'était Adrian ! Les deux hommes s'étaient rencontrés il y a peu lors d'une partie de golf. Le Melrose s'était rendu au Club histoire de se faire une petite partie avec Nolan, s'il était dans les parages. Mais deux hommes s'étaient retrouvés en manque d'un joueur et avaient demandé à Isaac, toujours seul, de se joindre à eux. Il avait accepté avec plaisir, et il était devenu poto avec Adrian et Scott, remettant leur partie à tous les dimanches. Regardant sa montre, Isaac se dit que l'avocat devait lui aussi profiter d'un petit temps libre avant le boulot. Il le salua donc avec un sourire. « Oh, mais c'est le p'tit Adrian ! Alors, quelque chose d'intéressant dans ce canard ? » demanda-t-il alors, voyant qu'il était absorbé dedans. Adrian mit d'ailleurs un petit moment à lui répondre, puis comme sorti de sa rêverie, il s'excusa en le saluant à sont tour. Isaac lui serra la main qu'il lui tendait. Dernièrement, Isaac avait eu raison de croire qu'il avait déjà rencontré Adrian avat le golf.. Mais il préféra attendre un peu avant de jouer le flic..

Adrian referma son journal, laissant entrevoir la une. Son interlocuteur le salua et lui demanda ce que racontait d'intéressant ce quotidien. Adrian afficha un léger sourire, timide, avant de lui répondre: "Et bien on dirait que la nouvelle recrue du cabinet O'Conell est en train de faire ses preuves!" déclarait-il satisfait des exploits de son frère. Il passa sa main sur sa nuque et invita Mr Melrose à prendre place sur le banc. Ce dernier était habillé pour faire un bon footing matinal. Adrian lui préférait se rendre au complexe sportif pour courir, loin de lui l'envie de se mêler à la foule pour sa séance de sport hebdomadaire. Il n'aimait pas être vu autrement que dans son costume d'avocat. Il préférait s'exercer à l'abris des regards indiscrets.

"Alors? Remis de ta défaite? Scott nous a mis une sacrée raclée, j'aurais du me douter qu'il avait quelques années de pratiques derrière lui!" lança le jeune avocat à son interlocuteur, tout en laissant échapper un rire. Il repensait à cette aprem "Golf" entre mecs, où il s'était fait royalement laminé par son adversaire Scott Sheirman. Adrian était bien plus fort au tennis qu'au golf. Il tenterait de faire mieux la prochaine fois !

L'avocat pensait longuement, depuis la première fois qu'il avait vu Isaac. Ce visage lui disait bien quelque chose, mais encore fallait il avoir un peu de mémoire, et ça, ce n'était pas propre à Adrian. Il préférait alors laisser tomber, ne pas réfléchir plus longtemps, il finirait bien, par pure hasard, à sans souvenir. Il s'appuya contre le dossier du banc, y posait ensuite ses coudes, puis demanda: "Quoi de neuf Melrose? Je te trouve bien matinal !"

Isaac se rappelait d'une histoire racontée ça et là comme quoi un fils O'Conell était revenu, mais il n'avait jamais saisi ce qui s'était vraiment passé. Ce genre d'histoire -ou rumeurs- intéressaient Isaac, qui en entendait toujours trois mille par journée dans les couloirs de l'hôtel. Ce n'était pas ses oignons certes, mais les vies des gens l'amusaient et ça lui passait le temps quand il s'ennuyait. Bref, cette histoire l'intéressait et puis il trouvait ça un peu louche, aussi se permit-il de questionner Adrian. « Ah oui ! Joshua, c'est ça ? J'avais entendu qu'il était revenu, quelque chose comme ça ? » Il resta vague dans sa question, au cas où ce serait un sujet sensible.. « C'est bien s'il réussit, on en a besoin d'avocats dans cette ville. » Avec tout ce qui se passait, meutres, agressions ou disparitions, c'était bien la fête dans le quartier.

"Alors? Remis de ta défaite? Scott nous a mis une sacrée raclée, j'aurais du me douter qu'il avait quelques années de pratiques derrière lui!" Isaac fit un sourire en se rappelant de cette sortie. Scott leur avait en effet bien mis la pâtée ! « Ouais, mais en rentrant chez moi j'ai fait une partie de golf sur la Wii et j'ai gagné, j'me suis sentit mieux (a) » Oui, le Melrose assumait totalement le fait de jouer encore aux jeux vidéos. C'était fun, ça passait le temps, bref, le meilleur truc à faire quand on s'ennuie le dimanche soir. Certaine devaient le trouver gamin, et avec de bonnes raisons, mais Isaac s'en foutait royalement de ce que les autres pensaient. Oui il faisait des blagues pourries et jouaient aux jeux vidéos. Et alors ? Personne ne le ferait changer.

Adrian était un curieux personnage qu'Isaac n'arrivait pas vraiment à cerner. Il était sympathique mais Isaac avait l'impression qu'il pouvait se changer en vrai démon lorsqu'il était dans le feu de l'action de son boulot. Heureusement, il ne l'avait pas encore vu ainsi, mais s'il continuaient de se voir, cela arriverait peut-être, un jour ou l'autre. En pensant justement à ce nouvel ami, Isaac n'arrivait pas à s'enlever de la tête qu'il avait vu Adrian bien avant la partie de golf. Le Melrose n'oubliait jamais un visage, et celui d'Adrian lui était de plus en plus familier, indiquant qu'ils s'étaient bel et bien vus auparavant. Cependant, où, c'était une bonne question. Le O'Conell lui demanda alors des nouvelles et le gérant de l'hôtel haussa les épaules. « Oh, ça va, ça vient, la petite routine je dirais. Je faisais mon jogging avant d'aller au boulot, comme tu peux le voir. » dit-il en désignant sa tenue. « Mais toi alors, comment va le petit Logan ? Il fait ses nuits déjà ? J'me rappelle qu'Allie nous en faisait voir de toutes les couleurs, à nous. » continua-t-il en soupirant avec un petit sourire. Il avait entendu la nouvelle comme tout le quartier d'ailleurs, que la famille O'Conell disposait à présent d'un nouveau petit adhérent, qui était très mignon, à ce qu'il entendait.

« Ah oui ! Joshua, c'est ça ? J'avais entendu qu'il était revenu, quelque chose comme ça ? » Isaac s'était bien renseigné. Enfin si Joshua n'avait que revenir, la nouvelle aurait été plus facile à digérer. Non, il n'était pas simplement revenu, il avait juste surgis, alors que personne ne le connaissait ici, mise à part le père O'Conell. Cacher pendant 25 ans l'existence d'un 3ème fils avait créé au sein de la famille O'Conell des tensions et d'important dégâts. Mais depuis, Adrian avait réussi à surmonter ça, il avait préféré l'entente avec son aîné à la guerre inutile et puérile. Les choses étaient ainsi, il ne pouvait pas faire autrement. Il savait que Joshua n'avait jamais demandé à naître ni vivre de la sorte. S'il y avait bien une personne à blâmer dans cette histoire, c'était Joey. Mais quand Adrian avait tenté de s'expliquer avec son père, il s'était fait envoyé sur les roses. Personne ne peut faire flancher le patriarche O'Conell, c'est une chose à savoir. « C'est bien s'il réussit, on en a besoin d'avocats dans cette ville. ». » ajouta Sir Melrose. Adrian sourit et répondit: "Exactement, et l'équipe fonctionne bien. Le cabinet O'Conell a de beaux jours devant lui!".

Les deux homme s'étaient donc rencontré lors d'une partie de Golf. Adrian s'était fait un nouvel ami depuis peu. Scott Sheirman, le frère d'Elias. L'avocat ne s'entendait pas avec le jeune frère de Scott, mais il avait réussi à nouer quelques liens avec l'aîné Sheirman, se trouvant de nombreux points communs par la même occasion. O'Conell était donc satisfait de cette nouvelle rencontre qui le sortait un peu de sa routine. Au moins, il osait sortir de chez lui pour s'occuper l'esprit à travers de nombreuses activités. Ca le changeait de sa relation ambiguë avec Holden Turner, ses conflits avec le reste du quartier... pour une fois il se sentait apprécié par quelqu'un qui avait prit le temps de le connaitre, et de lui faire confiance. Les deux hommes avaient donc rencontré Isaac Melrose cette fameuse après midi. Ensemble, ils avaient joué au golf, et s'étaient fait laminé par Sheirman. Il n'était jamais trop tard pour prendre leur revanche. Quand Isaac dit s'être entrainé le soir même sur sa wii, Adrian rit. "Bonne méthode pour progresser, j'approuve! Je devrais même essayer." déclara l'avocat, le sourire aux lèvres.

Quand Adrian lui demanda de ses nouvelles, Isaac lui confia qu'il faisait son jogging matinal avant de commencer à bosser. Adrian lui n'avait pas le temps de faire son sport quotidien le matin, chose qui pourtant lui ferait beaucoup de bien et lui libèrerait l'esprit. Il hocha la tête et se dit qu'il devrait réfléchir à reprendre le sport, rien que pour sa forme physique. Il n'avait pas envie de se retrouver à trente ans à ne plus pouvoir entrer dans ses habits. Mais se décider à reprendre le sport était une bonne résolution aussi difficile à prendre que d'arrêter la cigarette. Et ça, l'avocat le savait bien, sans volonté de sa part, il n'irait pas bien loin.

« Mais toi alors, comment va le petit Logan ? Il fait ses nuits déjà ? J'me rappelle qu'Allie nous en faisait voir de toutes les couleurs, à nous. » interrogea ensuite mister Melrose. Adrian laissa une moue apparaitre sur son visage puis fini par répondre: "Disons qu'il ne se réveille plus à 4 heure du matin, c'est déjà une belle avancée. De toutes façons, je savais que la vie de parent n'allait pas être si évidente que ça, je m'y étais préparé. Et puis comme on dit, il faut profiter de l'époque où ils sont encore tous petits. Ca grandit trop vite ces choses là!". Adrian soupira puis ajouta: "Au fait, tu ne nous a jamais dit ce que tu faisais dans la vie Isaac !"

« Et bien, je t'invite à venir faire une partie avec moi, quand tu veux ! » indiqua le Melrose à Adrian, quand celui-ci approuva ses jeux sur la Wii. Cette invention était tout de même bien originale. Comme toute technologie d'ailleurs. Sérieusement, qui aurait cru un jour pouvoir parler à quelqu'un à distance en temps réel ? Envoyer des messages instantanés ? Faire Paris-Rio en 10 heures ? Bref, Isaac se disait que certaines personnes ne réalisaient pas combien de chance elles avaient, et devraient s'en rendre compte avant de vouloir sans cesse des choses encore plus vites.. Sérieux, le monde tournait à l'envers. Et le pire c'est que personne ne semblait vraiment s'en rendre compte. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Profiter de l'époque où ils sont encore tout petits. Adrian ne pouvait pas avoir plus raison. En grandissant, ça devenait assez chiant, en fait (a). Isaac n'avait pas vraiment eu à s'occuper d'Austin, mais Allie c'était une autre paire de manches. Elle pleurait sans cesse, ne voulait pas faire ce qu'on lui disait, bref. Cependant, le Melrose préférait sa fille maintenant. Elle travaillait, le rendant fier d'elle, et même si elle s'enfermait dans son petit monde d'ado rebelle et bornée, au moins, les cris s'arrêtaient. Quant à Austin, lui il était bien mignon quand il était petit, et restait sympathique. Enfin, dans les deux cas, ce n'était pas trop le cas d'Adrian, m'enfin, Isaac n'avait pas envie de rentrer dans les détails. Parler d'enfants avec un pote, moyen quoi. « Et bien tant mieux, les cernes, ça ne t'allait pas vraiment ! » rigola-t-il. Toujours le mot pour rire, Isaac tout craché.

« Ce que je fais dans la vie ? Bonne question ! » répondit-il ensuite à la question d'Adrian. Il fit un sourire puis poursuivit, étonné qu'il n'en ai pas parlé. « Non, je dirige l'hôtel de Magnolia, en fait. Tu n'y es jamais allé ? » C'est en prononçant ces derniers mots que le Melrose eut une illumination. C'était Adrian, l'homme au carnet ! Depuis des jours ils se creusait la tête à essayer de retrouver qui il avait bien pu voir en possession de ce carnet noir. Carnet qu'il avait retrouvé dans les affaires perdues de l'hôtel, la petite boîte où les femmes de ménages déposaient ce qu'elles retrouvaient dans les chambres. Un soir il avait donc aperçu ce petit livret et l'avait ouvert pour chercher le nom du propriétaire. Mais ce qu'il avait trouvé, ça lui en avait bouché un coin. Non seulement il n'y avait pas de nom dessus, mais ce qui était écrit dedans était tout autant fascinant qu'étrange. Des pages et des pages sur la mort d'Alicia King. Isaac avait alors pensé découvrir le tueur. Qui d'autre que lui pouvait avoir inscrit des passages sur la vie de la morte, ses horaires de sortie, les personnes qu'elle avaient vues ? Le Melrose en était si bouleversé qu'il avait dès lors cherché en vain qui aurait pu avoir ce carnet. Mais les femmes de ménage ne se rappelaient plus de la chambre ni du jour, réduisant les chances de trouver à zéro. Puis les semaines avaient passées et il avait fini par abandonner, tout simplement. Passer sa vie à chercher quelqu'un parmi des personnes qui n'étaient peut-être même pas de Magnolia, ça va un moment, même si c'était fascinant. Et là, d'une intuition étrange, le Melrose associait le carnet à Adrian. Il fronça les sourcils mais attendit que Adrian lui dise si il avait été à l'hôtel. Si oui, alors il commencerait son interrogatoire. Si non, il irait continuer son jogging en enlevant cette histoire de carnet de sa tête. Cela lui avait déjà bouffé assez de neurones.

« Et bien, je t'invite à venir faire une partie avec moi, quand tu veux ! » . L'avocat afficha un large sourire en réponse à l'invitation de son interlocuteur à se joindre à lui pour une partie de golf sur wii. Tout était bon à prendre pour espérer gagner la prochaine partie contre Scott Sheirman et lui montrer qui est le maître ici ! Adrian souri de plus belle lorsque Isaac lui fit une remarque sur ses cernes. C'est vrai, l'avocat enchainait les journées, épuisé. Le fait que Logan commence tout juste à faire ses nuits lui permettait de récupérer un peu et de se sentir plus en forme la journée. Adrian ne s'attendait pas à être jeté dans la gueule du loup si précipitamment, il n'imaginait pas non plus que la vie de père de famille allait être aussi facile, mais il avait l'impression de tenir le bon bout pour quelqu'un qui se préoccupait aussi peu de monde qui l'entour. Il se sentait bien dans la peau d'un père, et puis il était fier d'en être. S'il foirait tout le reste, au moins, personne ne pouvait lui reprocher d'être un mauvais père pour Logan. Il se préoccupait suffisamment de l'éducation de son petit garçon pour être inquiété par quiconque. "Oui je me sens déjà un peu plus en forme, c'est vrai!" déclara t'il en soupirant.

Puis l'avocat questionna Mr Melrose sur sa vie, ses occupations quotidiennes. Le sujet n'avait jamais été évoqué depuis leur rencontre. Quand Isaac dit qu'il dirigeait l'hôtel de Magnolia, et qu'il demanda au jeune O'Conell s'il n'y avait jamais passé quelques nuits, Adrian acquiesça d'un large sourire. Il venait enfin de comprendre où il avait déjà croisé le père de famille. C'était donc ça, l'hôtel. Avant cela, impossible de savoir où est ce qu'Adrian avait pu bien rencontrer Melrose. "C'est donc là que je t'ai déjà vu ! Mon dieu, j'ai passé trois plombes à me demander où nous avions bien pu nous croiser auparavant. Gérant de l'hôtel ! Bien sûr! J'ai déjà passé plusieurs nuits dans ton établissement, c'est d'ailleurs très récents... il y a bien un ou deux mois de cela!".

Il était à peine huit heures et le soleil rayonnait déjà, de sa douce chaleur de printemps. C'était la première fois depuis de longs mois qu'une matinée était aussi belle, et que le Melrose ne courait pas sous la pluie. Même en temps de neige il avait conservé ses habitudes sportives, hé oui, il ne fallait pas mollassoner juste parce que c'était l'hiver. Et puis courir réchauffait, c'était connu. Sachant qu'en plus Isaac n'avait pas de tendance au rhume, il avait une santé de fer depuis tout petit. Ce matin il s'était attendu, encore une fois, à courir sous la pluie et les gros nuages gris. Mais un rayon de soleil lui était arrivé en pleine figure -dans les yeux sisi- pour le réveiller, aussi s'était-il motivé -après avoir quand même injurié fortement le soleil, on se réveille pas les gens ainsi- pour mettre son jogging court et un marcel. Et hop hop, rock dans les oreille, le voilà qui était parti dans les ruelles de Magnolia, qu'il connaissait maintenant par cœur. Cela faisait quoi, dix-sept ans qu'il était arrivé ? Pfu, il n'avait pas vu le temps passer. Et maintenant que les enfants étaient grands, au moins il avait plus de temps pour lui, à se consacre à son hôtel, ses clients, et sa Wii. Bah oui, fallait bien se trouver des loisirs ! Remarque, maintenant il devenait un peu addict au golf, depuis sa vilaine défaite contre Scott, et tentait de d'améliorer. Tellement qu'il en avait peur, le golf c'était un peu un sport de vieux riche. Encore un préjugé de la société tiens. C'est fou comment le monde évolue en inculquant dans la tête des hommes des à prioris faux. Alors lui il porte du rose il est gay, elle est jeune et lui vieux, tiens elle le prend que pour son argent, oulah, elle est enceinte si jeune, c'est sûrement un viol.. Bref, le monde, ou plutôt la société dans laquelle ils vivaient étaient remplie de faux-préjugés qu'Isaac ne suivait pas. Mais parfois il ne pouvait pas s'en empêcher, certaines choses faisaient partie de la vie courante, et il s'en servait bien sûr pour pimenter ses petites blagues.

Il rencontra alors un des avocats O'Conell, justement Adrian avec qui il avait joué au golf avec Scott. Même s'ils n'avaient pas vraiment le même âge, ils s'entendaient bien, malgré également la réputation du O'Conell dans le quartier. Beaucoup de choses se disaient sur tout le monde et pourtant rien n'était vraiment vrai. Oui, par ce blog de Dirty Secret, le Melrose en avait entendu parler, et défendait ses enfants de croire ce qui était marqué dedans. Mais qui passait son temps à écrire de pareilles saloperies ? On disait d'Adrian qu'il était froid, calculateur, mystérieux. Pourtant Isaac l'avait connu enjoué et totalement souriant. Après, peut-être n'était-ce qu'une facette ? Le Melrose savait bien que dans ce quartier, tout le monde n'était pas vraiment ce qu'il disait être.. Bref, quoi qu'il en soit, il aimait beaucoup ce p'tit Adri. Avec qui il venait de parler gosse, ce à quoi une taquinerie avait fusé, Isaac n'en manquant pas une pour sortir des conneries. Bon vivant, il aimait manger, boire, raconter des blagues. Peut-être pour se sortir de cette éternelle routine infernale qui finissait par l'user. Heureusement qu'il pouvait compter sur ses quelques amis pour le divertir.

Ceci menant à cela, Adrian et lu parlèrent un peu de ce qu'il faisait dans la vie, et c'est en disant qu'il était gérant de l'hôtel que sa rencontre avec l'avocat lui était revenue. Décidément, fallait qu'il mange plus de poisson, c'était bon pour la mémoire. Il cherchait depuis si longtemps le propriétaire du carnet qu'il en devenait fou. Et à, toutes les pièces su puzzle se remettaient ensemble, d'autant plus que le O'Conell lui avoua qu'il était allé à l'hôtel récemment.. Les neurones du Melrose tourbillonnaient (sisi il en avait beaucoup, faut pas croire) dans son cerveau, cherchant à trouver la bonne question pour avoir l'information qu'il désirait. Mettre des sous-entendus ? Il risquait de ne pas comprendre. Y aller cash ? Plutôt pas mal, sauf que si ce n'était pas lui, ça foutrait un peu la merde.. Hm. « Ah ! Et qu'est-ce que t'y faisais, si t'as une maison ici.. ? » Payer un hôtel alors qu'on a une maison, ce n'était pas très normal. Et le Melrose ne voulait pas évoquer le carnet tout de suite, il fallait d'abord gratter autour du pot (a) D'autant plus qu' Isaac commençait à se demander si il n'y avait pas justement un gros quelque chose derrière ces gentils air du O'Conell...

Adrian avait donc reconnu Isaac, et il se souvenait bien de l'avoir croisé plusieurs fois à l'hôtel. Quand sa relation avec Juliet était au plus bas, il s'était réfugié plusieurs nuits dans la chambre 38. Il y avait trouvé la paix, et personne n'était venu l'y déranger. Il y était resté une bonne semaine avant de se résigner à rentrer chez lui, au numéro 8.

Isaac semblait intrigué. Pourquoi Adrian O'Conell était venu passer plusieurs nuits à l'hôtel s'il avait une maison à Magnolia. En ce temps, Adrian n'avait pas encore acheté le n°57 de la Main Street de Cresent. Et l'avocat pouvait comprendre que le gérant de l'hôtel se pose des questions. C'est vrai, en général, les hôtels sont faits pour les visiteurs, les touristes et non pas pour les habitants même de la ville. Mais voilà, l'hôtel était peut être devenu à cette époque le seul moyen pour Adrian de se retrouver seul,de se retirer pour la nuit, de s'éloigner de ses proches pour se retrouver. Isaac l'interrogea donc : "Ah ! Et qu'est-ce que t'y faisais, si t'as une maison ici.. ? ". Adrian hocha la tête, et il répondit tout simplement: "Disons que ça n'allait pas trop au sein de mon couple, mais aussi au sein de ma propre famille. Je n'avais pas encore acquis mon indépendance en achetant ma maison, donc plutôt que de dormir dans ma voiture, j'ai préféré prendre une chambre!". Il sourit puis soupira.

Des problèmes de couple, hein ? Rien d'inhabituel, ceci dit, sachant qu'à peu près tout Magnolia avait des problèmes de couple. Si l'on compte les divorces, les mariages arrangés, les cocus, les fausses familles, bref, que des mensonges, et rien qui ne choquait dont Isaac, qui avait bien l'habitude d'en entendre des vertes et des pas mûres le soir avec sa femme. Oui, le secret professionnel lui interdisait de donner des noms, et même d'en parler tout court, mais bon, quand on a rien d'autre à dire, ça égaye les soirées. Quant aux problèmes de familles dont parlait Adrian, bah, rien de choquant non plus. En résumé, Isaac n'avait rien appris de spécial avec sa question, et ça le contrariait. Son passage à l'hôtel était justifié, sauf 'il mentait d'ailleurs, et le Melrose ne voyait aucune raison pour laquelle il aurait tué Alicia King. L'enquête de sa mort était toujours en suspend, aucun élément intéressant n'ayant été apporté. Tout ce que l'on savait c'est qu'elle avait été retrouvée morte en bas des escaliers. Tel jour à telle heure, peut-être. Mais bref, même si Isaac n'était pas à fond dans l'enquête, ça lui arrivait d'y penser, et de se demander s'il ne côtoyait pas le tueur tous les jours. Ce qui serait, on se l'accorde, bien flippant.

Isaac décida alors d'y aller franco. Si les questions détournées ne menaient à rien, peut-être que la question directe réveillerait le O'Conell, qui ne s'attendrait sûrement pas à la question, et Isaac pourrait juger de son expression s'il était coupable ou non. « Ok, bon en fait je vais aller droit au but. Pourquoi as-tu tué Alicia King ? » Côté question directe, il n'aurait pas pu faire mieux. Mais ce faisant il espérait choquer Adrian, et voir sa réaction. C'est fou comme on peut déstabiliser les gens rien qu'avec des mots. Isaac croisa les bras et attendit, un petit sourire au coin des lèvres. Il aurait pu rajouter quelque chose à propos du carnet, expliquer pourquoi il l'accusait. Mais non. Car si Adrian était bien coupable, cela lui donnerait une explication valable. Alors que là, bim, cela lui tombait au coin de la figure sans qu'il ait pu s'en douter. En réalité, Isaac ne le croyait pas vraiment coupable. Le vrai coupable n'aurait pas laissé une évidence aussi grosse derrière lui, et Adrian, même si son côté mystérieux faisait demander ce qu'il cachait, était trop sensible pour commettre un meurtre. Quoique.. Après tout, les habitant de Magnolia avaient tous quelque chose à cacher, lui le premier, et en connaissance de cause la plupart des choses cachées révélaient une toute autre personne que la désignée. Ainsi, une petite fille sage pouvait tout à fait avoir tué son frère, ou un parent colérique avoir quelque chose de bien à cacher. Bref, Isaac se rendait compte qu'il ne connaissait vraiment pas Adrian, et il espérait ne pas avoir fait de conneries en lui posant cette question. Qui sait, s'il était embobinée dans l'histoire peut-être qu'Isaac étant tout près du but serait un bon moyen pour l'éliminer. Peut-être même que sa famille était dans le coup, tant qu'à faire. Tout était possible. Mais il fallait l'avouer, la famille O'Conell était louche, et la possession d'un carnet concernant la mort d'Alicia King n'était pas un élément en faveur du brun, qui avait des explications à fournir...