Cheeeeeeeeese !

Invité

Le couple Hamilton avait décidé d'inviter leurs amis Jonathan et Suzzie à dîner chez eux un vendredi soir de décembre. La date avait été fixée quelques semaines auparavant. Nolan s'était chargé d'inviter son ami Jonathan, se targuant d'avoir invité Suzzie pour avoir plus de chances de l'attirer au numéro 19 de Magnolia Street. Jonathan et lui avaient pour habitude d'organiser des barbecues durant l'été. Alors pourquoi ne pas transformer cela en fondues, une fois l'hiver venu ?Quant à Maureen, c'est à Suzzie qu'elle avait proposé de venir. Leur but était de réunir ses deux êtres que tout réunissait et qu'ils avaient très envie de voir ensemble. Et puis, il n'y avait rien de tel qu'une bonne fondue un triste soir de Décembre. C'était aussi un moyen pour les Hamilton de songer à autre chose qu'au triste anniversaire de la mort de leur fille, décédée le 14 décembre 2009. Deux longues années s'étaient déjà écoulées, pourtant, Nolan s'en souvenait comme si c'était hier.

Il était en train de dresser la table pour les quatre convives, tandis que Maureen faisaient chauffer le fromage au vin blanc. La cuisine était pleine d'odeurs alléchantes, et Nolan avait très hâte que l'heure du dîner arrive. Les enfants - Heather, Aaron, Elin et Nora Jane - étaient tous en vadrouille quelque part: chez un ami, en ville, ou Dieu sait où encore. Cela n'était pas sans inquiéter le père de famille qui les avait tous assénés de conseils. Il comptait bien garder son téléphone portable dans sa poche toute la soirée, guettant la moindre vibration au cas où il leur arriverait malheur. Oui, depuis trois ans on pouvait qualifier Nolan de paranoïaque. Il plia soigneusement les serviettes et les disposa sur la table. Un feu crépitait dans la cheminée, diffusa une douce et agréable chaleur. Il espérait que la soirée serait dans les mêmes tons: douce et agréable pour tous. Il était bien décidé à laisser sa morosité au placard et profitant de ce bon moment avec sa femme et ses amis.

La sonnette retentit. Il décocha un sourire à Maureen sortie de la cuisine, et se dépêcha d'aller ouvrir. Dehors, le froid était mordant, et il ne souhaitait pas laisser son premier invité dehors plus longtemps.

Invité

Cheeeeeeeeeese !

S'il y avait bien quelqu'un en qui Jonathan avait confiance dans le quartier c'était sans hésiter Nolan, le père de la famille Hamilton qui était tout de suite venu vers lui lorsqu'il s'était installé dans le quartier avec Amber tout juste âgée de quatre ans et qui avait déjà plus que son père comme parent après le départ précipité de sa mère qui les avait abandonné sans hésiter. Nolan était pour Jonathan son meilleur ami, ils s'organisaient régulièrement des sorties entre eux et il lui arrivait de se confier à lui concernant sa vie, Amber et même la femme pour laquelle il éprouvait une attirance sans limites, Suzzie Dekker.

Quand il lui avait proposé de venir ce vendredi il avait d'abord pensé à refuser, il savait que ce mois de décembre marquait l'anniversaire de la mort de Tessa, déjà trois ans depuis 2009, le père n'avait toujours pas fait son deuil et n'aimait pas trop en parlé même si Jonathan était parvenu à en discuter avec lui à une ou deux occasions. Il restait silencieux sur le sujet et préférait souffrir en silence et se contenter d'assurer la protection des enfants qui lui restait. Peu importe il serait là pour lui quand il déciderait d'en parler. Il avait accepté l'invitation quand en souriant Nolan lui avait précisé que Suzzie était invitée aussi, il savait qu'il ne pourrait refuser.

Il avait donc enfilé une tenue correcte avec chemise avant d'acheter un bouquet de fleurs pour Maureen, il avait hésité à en prendre un pour Suzzie également mais pensait qu'elle aurait trouvé cela bizarre qu'il lui en offre un alors qu'ils étaient invité chez les Hamilton. Heureusement pour lui il ne resterait pas trop longtemps dehors puisqu'il habitait juste en face de ses voisins. Il ignorait si Suzzie était déjà là quand il sonna à la porte et vit Nolan lui ouvrir rapidement.

« Salut Nolan !! » Dit il avec un léger sourire en lui serrant la main avant d'entrer pour échapper au froid qui régnait dehors, il se retourna vers son ami en lui tendant le bouquet. « Tiens c'est pour toi mon vieux, je sais que tu adores quand j'ai des petites attentions pour toi... » Il avait affiché un visage très sérieux avant de se mettre à rire, c'était une blague ridicule mais Nolan avait l'habitude, il regarda rapidement autour de lui mais ne vit pas Suzzie ou Maureen qui devait être occupé dans la cuisine, il sentait déjà la bonne odeur de fromage fondu...

Invité

Cheeeeeeeeese ! →

Nolan, Maureen, Jonathan & Suzzie
★★★★★★

La famille Hamilton, des gens charmants avec un passé pas si charmant. C’était la première chose qui me venait à l’esprit en pensant à la soirée à venir. Nolan et Maureen étaient des personnes adorables et si par certains côtés, le Nolan, père surprotecteur m’étonnait beaucoup, son attitude pouvait se comprendre. Du coté de Maureen, ce n’était pas tout à fait la même chose, elle paraissait plus juste et si, remonter la pente dû à la perte de Tessa était dure, son attitude paraissait plus contrôlée. La femme Hamilton avait ce côté secret et plus renfermée qu’auparavant mais cela n’empêchait en rien les relations positives entre nous deux. Je pouvais même sans doute employer le terme « amie » et cela me plaisait bien. Maureen était un bonne personne avec un lien mère-enfant qui me donnait envie de modifier celui que j’entretenais avec mes propres enfants et d’un côté, je l’enviais pour cela. Nous n’en étions pas vraiment à parler de tous les sujets avec aisance et certainement pas du drame familial Hamilton mais il nous arrivait de nous retrouver autour d’une quelconque boisson ou simplement dans la rue pour engager une conversation simple, comme deux bonnes copines, voisines.

Lorsque Maureen était venue me proposer de dîner chez eux, j’avais accepté sans trop de difficulté. J’étais assez souvent -pour ne pas dire tout le temps- partante pour une soirée tranquille. J’espérais simplement que venir chez les Hamilton si près de la date anniversaire du drame ne plonge pas le repas dans une certaine morosité. Ce n’était qu’après mon acceptation que Maureen m’avait appris au détour d’un étalage du supermarché, que Jonathan était également invité. Avec deux bons amis comme Nolan et Jonathan, je pensais pouvoir rayer le doute morosité de la liste. La présence de Jonathan avait d’ailleurs rajouté à ma volonté d’y aller même si j’étais persuadé qu’au cours de la soirée, je parviendrais encore à me tourner en ridicule. Incroyable habitude devenue un très bonne amie. Je pariais alors à l’avance sur le sujet de mon prochain faux pas : fromage éparpillé où il ne faut pas ou alors gaffe maladroite et dangereuse… des deux, je préférais la première sans aucun doute.

Habillée sobrement mais néanmoins chaudement, j’affrontais rapidement les courants d’air glacés qui traversaient la rue et rejoignis le numéro dix-neuf. Des chocolats dans une main, les deux pans de la veste dans l’autre, je ne réfléchissais pas plus et frappait à la porte. C’était une soirée simple et il n’y avait pas lieu de se questionner sur les conventions, les usages et toutes les formalités qui pouvaient paraître bien stressantes quelques fois. Ne voulant pas une nouvelle fois venir les mains vides ou avec une bouteille d’un certain vin, mon choix c’était porté sur des chocolats tout ce qu’il y avait de plus simple en ces temps de fête. C’était le genre de chose dont toute la famille Hamilton pouvait manger et c’était mieux que d’arriver les mains vides.

La porte à peine ouverte, j’aperçus Nolan et Jonathan, Maureen se situant sans doute dans la cuisine où dans une quelconque autre pièce. « Bonsoir vous deux ! » Un grand sourire sur le visage, j’entrais avant de finir congelé. « Cette bonne odeur de fromage me donnerait presque déjà faim ! » La fondue s’annonçait conviviale. « Vous avez abandonné la maîtresse de maison pour comploter ? »

Invité

Les Hamilton pouvaient avoir de merveilleuses idées, comme de mauvaises. Mais cette soirée-ci était en phase de se passer à merveille. C'était l'instinct de Maureen qui le lui disait, et il se trompait rarement. De plus, elle souhaitait vraiment que tout cela se passe sous les meilleures hospices. Un besoin urgent de compagnie en dehors de la tribu des Hamilton, c'était ce qu'elle et Nolan cherchaient afin d'éviter que les brides du passé resurgissent. Et elle savait tout autant que lui que cela ne les rendrait que malheureux et plomberait, par ailleurs, l'ambiance voulu. Aujourd'hui était un autre jour. Un jour heureux et loin de tous problèmes quelconques.

Jonathan et Suzzie se trouvaient être leur hôtes. Aucun d'eux n'était encore là et cela convenait parfaitement à Maureen qui n'en avait pas terminé avec sa fondue. Un sourire s'étira sur ses lèvres : elle n'était pas un cordon-bleu de la cuisine pour rien, l'odeur qui se dégageait de la fondue rassura immédiatement la mère Hamilton. Elle continua ainsi de s'affairer par des bruits casseroles par-ci et par-là. Elle se débrouillait comme un véritable chef et maniait l'ensemble correctement. Les hôtes auraient tout intérêt à apprécier cette fondue.

Elle entendit la sonnette. Flute. Un sourire lancé à son mari et elle retourna aux fourneaux pour éteindre le feu. Cela semblait s'animer dans le salon. Une voix masculine lui indiqua immédiatement qu'il s'agissait de Jonathan. Celle de Suzie intervint quelques instants plus tard et Maureen décida qu'il était pour elle d'aller les accueillir. Elle retira alors ses gants de cuisine et se délaissa de son inséparable tablier. Revenant sur le seuil de la porte, elle surprit la conversation du merveilleux trio et fit remarquer sa présence. « S'ils complotaient, je l'aurais su depuis bien longtemps ! » Un léger rire s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne vienne faire la bise à chacun d'eux. « Vous êtes arrivés drôlement tôt, je suis ravie ! »

Invité

Nolan ouvrit à son ami Jonathan, un grand sourire aux lèvres. Il le laissa entrer et prit les fleurs qu'il lui tendait.

Oh, mais il ne fallait pas ! Que va dire Maureen ?!

Il rigola à cette petite blague, à laquelle il commençait à être habitué d'ailleurs. C'était un petit jeu entre eux de se lancer ce genre de remarques. A peine quelques instants plus tard, on frappa à la porte à nouveau. Nolan ouvrit à Suzzie, qui avait déjà l'air d'avoir bien froid. Elle était habillé élégamment, sans en faire trop. En entendant cette histoire de complot, il regarda Jonathan et se mit à rire. Maureen arriva sur ces entre-faits, démentant tout complot. Nolan tendit les fleurs à sa femme, et prit les vestes de ses deux amis, qu'il alla poser dans une autre pièce. Il les rejoignit et les mena au salon, au milieu duquel trônait une table basse sur laquelle se trouvaient plusieurs assortiments de petits fours.

Faites comme chez vous ! Que voulez boire ?

Cette question s'adressait aux deux invités ainsi qu'à sa femme. Après leurs réponses, Nolan et Maureen s'éclipsèrent dans la cuisine quelques minutes, laissant leurs deux invités en tête à tête (a). Nolan chercha les bouteilles qu'il lui fallait, tandis que sa femme jetait un oeil à la fondue. Il vint vers elle et l'embrassa tendrement.

Tu crois que je devrais retourner maintenant dans le salon ? ou... j'attends un peu ?

Même s'ils avaient invité leurs amis à manger une fondue pour passer une bonne soirée, Nolan espérait aussi que cela rapprocherait un peu plus Jonathan et Suzzie. Son plan ? Les quatre bouteilles de vin prévues pour la soirée. Il fit un grand sourire à sa femme et l'embrassa à nouveau. Une fois n'était pas coutume, il était d'excellente humeur ce soir là. Sa journée avait été bonne, et la soirée s'annonçait encore meilleure ! Il jeta un coup d'oeil au fromage qui blopblopait sur le feu.

Ca a l'air délicieux !

Invité

Nolan bien évidemment entra dans le petit jeu de Jonathan, depuis le temps qu'ils se connaissaient ils étaient habitués l'un à l'autre et ce genre de plaisanterie simpliste étaient monnaie courante entre les deux pères de famille. Mais ils n'eurent pas le temps de discuter plus que Suzzie faisait son entrée en scène, une boite de chocolat dans les mains, il n'avait pas voulu apporté de vin, étant presque sur que son amie en apporterait mais il avait été mauvaise langue sur ce coup là, il adorait Suzzie bien plus qu'elle le pensait elle même, mais il connaissait malheureusement son penchant pour l'alcool. Il lui fit un beau sourire en la saluant et en écoutant sa remarque sur une idée de complot avant de rire avec Nolan tandis que Maureen arrivait à son tour mettant fin aux hypothèses sombres sur les deux amis, il lui fit la bise avant de faire de même avec Suzzie, juste avant que Nolan ne les débarrasse de leurs manteaux.

« Ce genre de soirée est tellement agréable en hiver qu'il serait dommage de ne pas en profiter le plus tôt possible Maureen. » Dit il avec un léger sourire avant de rejoindre le salon et de s'asseoir sur un des divans en compagnie de Suzzie, avant de lever la tête vers Nolan « Je veux bien la même chose que toi Nolan, je te laisse choisir. » Précisa t-il avec un petit sourire, il buvait de tout et s’accommodait parfaitement avec ce qui l'entourait, Nolan saurait choisir la boisson adéquate pour ce début de soirée. Il laissa Suzzie répondre à son tour et regarda les parents Hamilton s'échapper vers la cuisine, le laissant seul avec la femme qui l'avait charmé depuis si longtemps sans le savoir.

Nolan savait tout de ce que ressentait Jonathan pour la mère de Zachary et Mitchie, il lui en avait parlé il y a déjà plusieurs années alors qu'elle était toujours marié mais savait à l'époque qu'il n'avait rien à espérer. Mais depuis cinq ans tout avait changé et les discussions concernant Suzzie avaient pris pas mal d'importance dans le quotidien des deux amis, et cela même après le drame qui avait frappé le père de famille concernant Tessa. Certes il avait énormément changé mais leur amitié n'avait été que renforcé par le soutien moral de Jonathan. Quoi qu'il en soit il se doutait bien que les inviter tous les deux ce soir n'était pas sans arrières pensées.

« Il y a longtemps qu'il n'avait pas fait aussi froid, on est bien mieux à l'intérieur... Tu vas bien depuis la dernière fois ? » Il ne trouvait rien d'autre à faire que parler du temps, s'il continuait à se comporter comme ça avec elle, il y avait de forte chance pour qu'elle finisse par percevoir son malaise, il perdait un peu contenance avec Suzzie, sauf quand elle allait mal et qu'il devait la rassurer, dans ces moments là il était lui même et sur de ses mots, mais quand tout allait bien comme maintenant c'était une toute autre affaire, Nolan savait qu'il avait du mal à avouer quoi que ce soit à la magnifique brune assise à côté de lui et il aurait besoin de lui ce soir.

Invité

Nolan, Maureen, Jonathan & Suzzie
★★★★★★

Agréable complicité visible entre Jonathan et Nolan. C’était quelque chose qui ne pouvait que faire sourire. Les deux hommes pouvaient paraître bien différents et l’amitié qui les liait pourtant paraissait peu ébranlée par cet état de fait. En accord avec eux-mêmes, ils prirent à la plaisanterie mon interrogation de complot et Maureen surgit presque aussitôt répondant elle-même à la question. Quelque chose m’incita à penser que la soirée serait sympathique et se déroulerait au mieux. Il n’y avait plus qu’à se détendre et profiter de la bonne compagnie. Mon regard parcourut un instant la maison Hamilton tandis que les salutations d’usage se faisaient. J’étais toujours étonnée de voir qu’avec une telle fratrie, Maureen parvenait tout de même à garder une maison aussi bien ordonnée que possible et trouvait encore le temps de s’atteler aux gâteaux et à la tarte, et de profiter de moments de détente mérités. Je ne m’attardais pas sur le rangement pour revenir à la conversation et sourire aux mots de Maureen que Jonathan ne put que commenter. C’était tout à fait ça. Profiter de l’agréable soirée qui s’annonçait …

Dirigés vers le salon et débarrassés de nos manteaux, ce fut le moment crucial du choix des boissons. Pas que ce soit particulièrement important mais c’était toujours là que je me demandais bien ce que je pouvais répondre. « Qu’est-ce que tu nous proposes ? » Et c’était tout ce qu’il m’était venu. J’aurai pu dire un : comme vous deux ou comme Maureen mais non ! … Jonathan avait su répondre de suite et ne s’était pas montré difficile, d’ailleurs ce n’était pas un homme difficile et je lui trouvais facilement toutes les qualités du monde mais partiale comme je l’étais, je ferais sans doute mieux de m’abstenir de les énumérer. « Oh et puis non, je prendrais ce que tu mettras dans le verre, boisson surprise, je m’accommode d’à peu près tout. » Et voilà comment en finir avec le choix des boissons, c’était plus simple et surtout plus rapide. Nolan avait bon goût en matière de boisson et je lui faisais toute confiance pour bien remplir le verre enfin … façon de parler. Je tenais et c’était presque d’une importance pour moi, à rester la plus sobre possible. Hors de question de plonger le nez dans l’alcool trop fortement lors de cette agréable soirée.

Un sourire de contentement sur le visage, je regardais les Hamilton disparaître dans la cuisine me laissant avec Jonathan. Mauvais plan, très mauvais plan. J’avais envie de leur crier de revenir tant j’avais peur de trouver le moyen de me ridiculiser au cours de ce bref moment à deux. J’étais irrécupérable au plus haut point dès qu’il s’agissait de Jonathan. Le pire dans tout cela était que certaines fois, j’avais l’impression qu’il ne me facilitait pas la tâche. Je ne pouvais que faire preuve de légèreté et ne pas tenter de faire attention car le plus souvent c’était en prêtant trop garde à mes gestes et paroles que j’en venais à commettre l’irrécupérable. Répondre avec légèreté était alors mon but premier. « Je dirais qu’en effet, depuis l’hiver dernier, il n’a pas fait aussi froid. » Juste un sourire quelque peu moqueur et néanmoins amusé sur le visage, je trouvais la situation étrange et c’était bien le seul moyen que je voyais pour rétablir une ambiance détendue. Pour tout dire, c’était surtout la question de Jonathan qui m’avait amené à retenir un petit rire nerveux. Aller bien était toujours relatif et pour mon cas, j’évitais de penser cette notion. « Et bien, j’ai la pêche comme dirait Mitchie alors je suppose que ça va. » Légèreté. Maître mot de la soirée, c’était décidé. « Tu crois que ça ne va pas … être bizarre cette soirée si proche de … enfin pour eux deux. » Ce n’était pas vers moi ou même vers Jonathan que mon inquiétude soudaine se portait mais vers Maureen et Nolan qui souffraient encore beaucoup bien que leur vie continuait du … mieux possible. Je ne voulais pas les gêner au cours de cette soirée. Bien sûr c’était eux qui l’avaient programmé mais on ne pouvait jamais prévoir les retournements de situation. « Oublies, on ne serait pas là sinon. C’est bête… » Autant ne pas y penser et profiter simplement du moment. Légèreté, légèreté, c’était pourtant ce que je voulais !

[hj : désolée du retard et de la qualité.]

Invité

Suzzie semblait hésitante sur le choix de la boisson avant de faire comme Jonathan, laisser le choix à Nolan de décider pour elle ce qui serait le plus approprié pour ce début de soirée, ils n'habitaient pas bien loin tous les deux, ils pouvaient boire un peu sans risque de devoir prendre le volant et puis si vraiment elle ne pouvait se résoudre à rentrer chez elle, il habitait juste à côté... Il chassa cette idée de son esprit en se disant qu'il se mettait vraiment à penser comme un idiot. Elle répondit à sa remarque sur l'hiver, il n'avait rien trouvé de mieux que de parler du temps qu'il faisait alors qu'il avait la chance d'être en compagnie d'une femme formidable et merveilleuse, femme avec laquelle il tentait de passer pas mal de temps, tant il appréciait sa compagnie. Elle lui dit qu'elle allait bien avant de lui parler de Nolan et Maureen, il regarda en direction de la cuisine un cours moment en se posant des questions mais il connaissait bien Nolan, il souffrait encore de la perte de sa fille mais gardait la tête hors de l'eau.

Il reporta son attention sur Suzzie quand elle rajouta d'oublier ce qu'elle venait de dire, son argumentation se tenait mais il comprenait parfaitement sa réaction, ce n'était jamais évident de surmonter la perte d'un être cher, il n'osait même pas y songer vis à vis d'Amber, la perdre serait quelque chose d'horrible et jamais il ne s'en remettrait, elle était la seule famille qu'il avait contrairement à Nolan qui avait encore sa femme et ses autres enfants... Bien sur cela ne voulait rien dire, perdre quelqu'un procurait la même peine et la même douleur, il ne pensait pas une seule seconde que Nolan puisse se dire qu'il lui restait d'autres enfants pour compenser sa peine... Bref, il ne voulait pas trop y penser.

« Non mais tu as certainement raison Suzzie, cela fait trois ans maintenant mais la blessure est toujours profonde, mais nous ne sommes pas là pour repenser au passé, comme tu le dis nous ne serions pas là s'ils n'avaient pas envie de profiter de cette soirée avec nous. » Il lui fit un léger sourire et posa sa main sur le genou de son amie avant de la retirer au bout de quelques secondes, trouvant son geste finalement déplacé et mal venu dans cette situation. Bien sur il était son ami et la rassurait régulièrement quand elle allait mal mais ce genre de contact physique étaient peut-être de trop.

« En tout cas je suis content de voir que tu vas bien Suzzie, et content de voir que tu as le morale pour passer cette soirée avec moi... Enfin avec nous je veux dire.. » Idiot, quand il était en sa présence il avait tendance à oublier les autres et ne penser qu'à eux deux, du moins c'est ce qu'il avait envie, tout le monde lui conseillait de parler à Suzzie, de lui avouer ce qu'il ressentait mais il ne parvenait pas à se convaincre lui même.

Invité

Nolan, Maureen, Jonathan & Suzzie
★★★★★★

Je me sentais plutôt à l’aise chez les Hamilton et j’oubliais presque ma fâcheuse tendance à animer les soirées par un mouvement incontrôlé ou une parole trop vite prononcée. Je riais au nez de ma maladresse et j’espérais bien qu’elle ne me rattraperait pas sur ce coup-là. Je voulais pouvoir prendre de l’assurance et me lancer dans l’inconnu enfin, un petit peu … il ne fallait pas exagérer. J’étais ce que j’étais et je ne pouvais pas risquer de sauter dans le vide en ayant oublié l’équipement de sécurité. Comparaison à haut risque mais c’était un peu comme ça. Sans compter que la présence de Jonathan augmentait mes chances de ridicule. Une chance que le ridicule ne tue pas ! J’aurai déjà été foudroyée un bon nombre de fois sans cela !

Mais à l’aise ne m’aidait pas forcément à chasser le doute et, dans le doute, je l’étais souvent. J’avais eu peur un instant que ce ne soit pas le bon moment pour ce genre de soirée chez Maureen et Nolan mais finalement, il m’apparut logique de penser que si cela n’allait pas, nous ne serions pas là. Jonathan sembla du même avis et rassura la dernière part de doute et de crainte qu’il me restait. Oui, la blessure était profonde et je n’osais même pas imaginer ce qu’ils avaient vécu et vivaient encore et égoïstement, je ne souhaitais jamais le vivre mais les Hamilton avaient appris à évoluer avec cette blessure et comme nous l’avions dit chacun à notre tour, nous ne serions pas là si les choses ne pouvaient pas être … supportables. La phrase, le sourire et même le geste de Jonathan avait su me rassurer entièrement et j’espérais, définitivement. Le geste, des gestes semble-t-il instinctifs et innocents mais qui me faisaient à chaque fois l’effet d’une décharge électrique. Il s’empressa d’ailleurs de retirer sa main comme si le contact l’avait brûlé… Et moi qui avais encore le faible espoir que les choses changent, cela me persuadait un peu plus qu’il n’y avait pour lui qu’une forte amitié entre nous deux. Si seulement il pouvait en être de même pour moi, les choses seraient bien plus simples finalement.

Et puis il y avait toujours des moments, des phrases comme celle prononcée à l’instant qui faisait ressurgir l’espoir idiot et infondé que les choses pourraient évoluer. C’était bête et ça n’avait aucun sens, c’était une phrase innocente prononcée par Jonathan mais mon esprit proche de l’irrationnel et très fleur bleue par moment ne manqua pas de faire rejaillir l’espoir. Je me serais bien donné des baffes à certains moments… « Oh mais je suis vraiment contente de passer cette soirée avec toi et avec Maureen et Nolan. » Autant y aller franc-jeu et en tant qu’amie déjà, j’étais contente de passer du bon temps avec lui, je ne pouvais pas le nier. « Ça m’a rassurée de savoir que tu étais invité aussi. J’avais un peu peur de finir par faire le clown seule devant eux mais comme tu es là !… » Grand sourire de celle qui plaisante mais qui est à la fois sincère, le début m’avait échappé avant que je n’ai pu le réprimer. Il m’avait donc fallu agrémenter le tout d’une phrase ridicule pour que le premier aveu passe en douceur.

Invité

Passer du temps avec Suzzie était devenu un vrai plaisir avec le temps mais Jonathan était rongé de l'intérieur par cette flamme qui l'animait. Une flamme que son coeur faisait vivre mais que sa relation avec la jolie maman affaiblissait. Il voulait croire en cet espoir, imaginer une seule seconde qu'elle pourrait ne serait-ce qu'un jour ressentir ce qu'il pouvait ressentir lui même. Mais comment pouvait il penser cela... Suzzie avait bien suffisamment de problèmes avec ses enfants et sa vie de tous les jours pour avoir le temps de réfléchir à sa vie sentimentale, surtout avec lui... Un père célibataire depuis presque toujours, élevant seul sa fille dans un quartier paisible en apparence, bien sur il était bel homme et Amber ne cessait de blaguer à ce sujet concernant les femmes avec lesquelles il avait pu passer du temps, mais Suzzie ce n'était pas ce genre de femmes.

Il avait donc retiré rapidement sa main, craignant qu'elle le trouve trop direct, elle répondit la même chose que lui en confirmant qu'elle appréciait de pouvoir passer la soirée avec eux, et la suite de sa phrase créa un déclic dans l'esprit de John, elle était rassuré de savoir qu'il était lui aussi invité, sa présence lui faisait plaisir et était donc perçu comme bénéfique pour l'enseignante. Dans son esprit cela sonnait comme une déclaration mais simplement parce que c'est ce qu'il avait envie d'entendre, en vrai elle lui montrait juste qu'elle tenait à lui en tant qu'ami, simplement dans ce sens là. Il ferait mieux de tirer un trait sur cet espoir et sur ses sentiments, il avait beau vouloir suivre les conseils de Nolan ou de ses filles, bien que Scarlett ne soit pas vraiment la sienne, il ne pouvait s'y résoudre, ils avaient tous tort dans son esprit et il ferait mieux de conserver son amitié plutôt que de se compliquer la vie.

« Ah tu veux donc qu'on finisse par faire les clowns à deux devant eux ? C'est très aimable d'avoir pensé à moi pour tenir ce rôle Suzzie. » Dit il avec un grand sourire avant de se mettre à rire, bien entendu il plaisantait et elle devait s'en douter, il cherchait juste à détendre un peu l'atmosphère, il voulait vraiment passer une agréable soirée avec elle et leurs amis qui s'éternisaient un peu en cuisine, il se demandait si Nolan n'avait pas fait exprès de le laisser seul avec Suzzie, c'était bien son genre d'essayer de les rapprocher un peu plus après tout.

« Je plaisante bien entendu, tu verras on va bien s'amuser ce soir, et puis ce n'est pas notre première soirée tous ensemble après tout, et certainement pas la dernière. » Cette fois ci il ne put s'en empêcher une nouvelle fois et posa sa main dans le dos de Suzzie pour faire de très légers mouvements de haut vers le bas sans trop monter ni trop descendre, il ne voulait pas qu'elle s'imagine qu'il la tripotait... C'était juste un geste affectif. « Tu pourras oublier un moment tes problèmes ce soir, cela va te faire du bien tu verras. » Se détendre, l'objectif de la soirée.

Invité

Nolan, Maureen, Jonathan & Suzzie
★★★★★★

Maureen et Nolan avait disparu depuis un bon moment maintenant et j’en arrivais à me demander si Maureen n’en avait pas profité pour se débarrasser de son mari discrètement ou plus possiblement, s’ils n’avaient pas un problème en cuisine. Pourtant, il n’y avait aucun bruit suspect et rien ne laissait deviner un quelconque souci. Je me faisais tout un film pour rien et préférait penser qu’ils mettaient juste un peu de temps pour finir de préparer tout. Ou alors, ils avaient décidé de nous laisser seuls un peu plus longtemps Jonathan et moi. Ce qui était un aussi bon plan qu’un mauvais. Ses contrôler était bien plus dur qu’il n’y paraissait, surtout lorsque Jonathan usait de petits gestes affectifs innocents que je ne pouvais m’empêcher d’interpréter … j’étais vraiment la reine de idiote …

A deux clowns, on aurait sans doute été mieux qu’à un seul et je riais en imaginant un Jonathan vêtu d’un habit de clown grotesque. Et même dans cet accoutrement, j’étais certaine de retrouver un très bel homme. J’étais définitivement perdue avec mes sentiments. J’aurai dû les chasser comme on chasse un pensée gênante mais bien que cela m’amène à avoir peur de ce que je pourrais faire voir, il était aussi devenu impensable, impossible de m’en séparer. Et une chose était sûre, ce n’était pas avec les gestes qu’il avait que je pourrais penser refouler ce que je ressentais. Et si d’un côté c’était un geste amical, pour mon esprit cela prenait un tout autre chemin. Claque mentale. Il n’y avait pas à penser ainsi. D’autant plus dur lorsque je le sentis dans mon dos. Ne pas réagir, ne pas réagir … Ne pas frissonner, ne pas … loupé. Rester discrète et trouver une réponse cohérente à formuler. Il était évident que je pourrais oublier tous mes problèmes, à l’instant présent je n’y pensais déjà plus le moins du monde. Et pour me détendre … c’était mal partie, j’étais tendue au maximum et m’efforçais de sourire innocemment. « Rajoute un nez rouge et une chemise à pois et là je suis sûre qu’on va bien s’amuser, tu seras encore plus beau. » Grand sourire. Claque mentale. Non mais qu’est ce qui m’avait pris ! Adolescente attardée, oui, le terme convenait très bien tout à coup. C’était tout à fait ça, on aurait dit une adolescence fasse au garçon qu’elle aime… pitoyable.

Il fallait que je trouve quelque chose à faire, une convenance à me donner ou je n’aurai plus qu’à me jeter du haut d’un pont ! Quoique d’ici, le premier pont se trouvait un peu loin … tant pis, je me jetterai du toit, pour peu que j’arrive encore à y grimper. Bon sang, il fallait que je m’éloigner ou j’allais encore dire des bêtises. Grand sourire plaqué sur le visage, je me décalais suffisamment pour ne plus être à portée de Jonathan et comme si de rien n’était je jetais un coup d’œil en direction de la cuisine. « Nos hôtes se sont perdus entre la salle et la cuisine je crois bien. On va finir par la passer à deux cette soirée. » Voix joyeuse, j’essayais de faire fi de ce qui s’était passé. « Pas que ça me dérange mais ça voudrait dire adieu fondue, bonjour plat réchauffé … ce n’est quand même pas la même chose. » Plaisanterie mise à part, il était bien vrai que je n’étais pas un cordon bleu en cuisine et cela depuis toujours, il aurait été dommage de louper une bonne soirée fondue pour du réchauffé. Encore fallait-il que Maureen et Nolan ne tarde plus.

Invité

Suzzie et Jonathan, c'était une histoire qui durait depuis des années maintenant, du moins une histoire à sans unique selon le père de famille qui était persuadé que la belle, et toujours jeune pour lui, femme ne ressentait pas la même chose que lui. Il y avait tellement de chose qui lui plaisait chez elle, il savait qu'elle avait des défauts par ci par là mais pour Jonathan cela faisait intégralement parti de son charme. Ses maladresses, sa façon de se comporter en sa présence, transformant des situations anodines en vrai pièce de théâtre comique. Il avait aussi toujours ce sentiment de malaise quand il se montrait trop proche d'elle, c'est un peu ce qui le poussait à éviter les contacts physiques avec Suzzie, pourtant par deux fois il venait de s'y laisser tenter. Il sourit en écoutant sa réplique sur la tenue de clown qu'il devrait porter avant de préciser qu'il serait encore plus beau...

Ces derniers mots restèrent en suspens dans sa tête un moment, elle le trouvait beau ? Sinon pourquoi aurait-elle dit ça ? Non non non... Il fallait arrêter de se faire des films, il y avait toujours une explication à tout, elle voulait se montrer gentille, charmante et agréable, c'était un petit compliment gratuit sans aucune arrières pensées... Il aurait tellement souhaité qu'il y ait une arrière pensée dans ses paroles là... Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle s'était légèrement éloigné de lui, voilà le signe qu'il attendait, elle ne voulait pas qu'il se montre si proche et si tactile avec elle, pour lui c'était clair, du moins pour ce soir, car il ne pouvait s'empêcher d'espérer vis à vis d'elle sans avoir le courage de lui avouer. Tant d'années perdues à se convaincre qu'il ne ressentait rien, mais il se mentait depuis si longtemps.

« Je pense que Nolan s'est simplement perdu dans sa collection de bouteille, mais à choisir je prend la fondue tu as raison. » Il ne pouvait rien dire de plus, il n'avait pas envie de réagir sur ce qu'elle avait pu dire, et il hésita même à se lever pour aller chercher ses amis, il était convaincu que Nolan avait fait exprès de le laisser seul avec Suzzie mais c'était une très mauvaise idée. Il passait pas mal de temps en sa compagnie mais ce soir ils n'étaient pas chez l'un ou chez l'autre et bizarrement il se sentait nerveux et nettement plus nerveux, il risquait de tout faire foiré avec un autre geste déplacé, ou des paroles trop directes. Mais il serait si simple de tout lui avouer une bonne fois pour toute...

« Suzzie.. Je... » Non mais qu'est-ce qui lui prenait ? Il comptait tout de même pas lui balancer ça maintenant, quel idiot, pourquoi n'arrivait il pas à garder son assurance avec cette femme. Se pouvait il qu'elle soit si différente à ses yeux, qu'elle soit réellement celle qu'il lui fallait et qui saurait lui faire oublier le passé et voir l'avenir sous de meilleurs auspices... Au fond de lui il voulait s'en convaincre mais avait peur. Il fallait trouver quoi dire maintenant. « Ta voiture fonctionne mieux depuis la dernière fois ? » Non mais n'importe quoi, il n'avait rien trouvé de mieux que sa voiture pour se sortir du pétrin.. Cela faisait des semaines qu'il avait réparé la voiture de son amie, bien sur qu'elle fonctionnait mieux, Amber serait entrain de se foutre de lui si elle avait pu assisté à cette scène...

Invité

Nolan, Maureen, Jonathan & Suzzie
★★★★★★

Et voilà comment j’étais certaine de l’avoir fait reculer. Entre mes paroles incontrôlées et bien pensées et mes agissements plutôt contraires, je devenais girouette. Je n’avais pas la capacité de rester calme et totalement détendue lorsque j’étais proche de Jonathan. Surtout pas ailleurs que chez lui ou chez moi. Il y a cinq ans, je mettais facilement cela sur le compte d’une petite attirance mais maintenant c’était un peu plus que ça et si j’en étais certaine, je ne voulais pas qu’il le sache. Pour lui, je n’étais qu’une amie et il n’était pas question qu’il se dise que j’étais tellement désespérée que j’avais vu en lui plus que cela. J’entendais déjà Zachary dire que j’avais vraiment des airs d’adolescente avec cette attitude. Il m’aurait même dit que qui ne tente rien n’a rien mais justement, c’était un peu ce que je voulais, ne rien tenter, ne rien avoir. Que tout reste ainsi et que je ne perde pas un ami qui comptait énormément. Et Zach m’aurait tout simplement sorti à l’instant que j’étais désespérante, ce à quoi j’aurai simplement souris avant d’esquiver vers un autre sujet.

C’était sûr, Jonathan avait remarqué mon écart mais je ne voulais surtout pas qu’il en tire de mauvaises conclusions, malheureusement je n’étais ni capable de lui faire comprendre les choses, ni même de lire dans ses pensées pour voir ce qu’il pensait vraiment. Au moins, tacitement, changea-t-il de sujet comme moi sans faire de commentaire … bon ou mauvais, je ne savais pas encore le dire. Perdu dans sa collection de bouteilles ? Il faudrait sans doute l’en déloger. Lancer une petite boutade à l’encontre de nos hôtes qui nous rassureraient quant à leur présence dans la maison. Quelque chose qui nous signalerait qu’ils n’avaient pas simplement disparus, ce que je me mettais à croire de manière innocente. Jonathan me ramena à la réalité. Mon prénom lancé ainsi comme s’il allait me dire quelque chose de très sérieux. J’eus peur qu’il ne me demande si quelque chose me gênait pour m’être éloignée ou me fasse remarquer quoique ce soit. Mais ça ne pouvait pas être ça, ce n’était pas vraiment le genre de Jonathan. Rassurée, je me tournais totalement vers lui avec le sourire, aussi clair et simple que possible. Sa question vint alors et je ne pus retenir un rire. La question était sérieuse soit mais pas autant que ce à quoi je m’attendais. Mais finalement, ce fut sa question qui m’ôta le léger doute comme quoi, il aurait pu tirer de mauvaises conclusions et je pouvais me détendre un peu plus. « Oh oui. Elle est parfaite maintenant. Une vraie voiture neuve. Merci encore. » Un rire dans la voix, j’étais de nouveau totalement joyeuse. Une simple soirée pour une simple question. « J’ai de la chance de t’avoir quand même ! » Ah non, ça n’allait pas recommencer ! Il fallait toujours que mes pensées s’extériorisent … vraiment, j’allais finir par croire qu’inconsciemment, je voulais qu’il comprenne certaine chose. Je préférais me rattraper rapidement. « Avoir un mécanicien à portée de main, c’est toujours utile. » Mais qu’est-ce que c’était que ça ?! Ce n’est pas vrai … j’allais vraiment finir par aller me terrer dans un igloo très loin de la population environnante à force de dire des choses stupides. Rattrape-toi ma fille avant de tomber en chute libre … Avec le sourire de celle qui plaisante, je regardais Jonathan avant de me lever. « Et, avoir un ami toujours présent, ça aussi c’est bien ! » J’évitais le soupir de soulagement après cette phrase enfin positive et regardait attentivement en direction de la cuisine. « On devrait peut-être aller vérifier qu’ils ne se sont pas endormis, la tête dans la fondue. Elle serait immangeable après ça. » Il était tant que je me fasse un stage dans les spécialistes de l’humeur, le mien était quelque peu … ridicule. D’une autre façon, j’espérais bien que les Hamilton reviennent avant de prononcer des paroles ou de faire un geste que je risquerais de regretter.

Invité

Elle avait voulu s'éloigner de lui et avait changé de sujet, il avait donc décidé de faire de même, ne souhaitant pas la mettre mal à l'aise avec des remarques ou des gestes trop directs envers elle. Cette situation était vraiment stupide, tout aurait pu être tellement plus simple s'il avait eu plus confiance en lui, du moins en elle, car il fallait bien l'avouer c'était ça le problème. Il savait ce qu'il ressentait lui pour elle mais ignorait si c'était réciproque et même si par miracle ça l'était, comment pouvait il être sur qu'il ne vivrait pas le même "drame" qu'il avait pu vivre avec la mère d'Amber. Pourtant depuis le temps il aurait du se faire à l'idée que toutes les femmes n'étaient pas comme elle. Et à force de côtoyer Suzzie depuis toutes ses années il avait pu apprendre à la découvrir et à la connaitre.

Il avait été sur le point de lui faire des aveux mais s'était rétracté de la pire des manières en parlant de voiture... Comme s'il n'en voyait pas assez la journée en travaillant dans son garage il en parlait aussi le soir chez des amis, bien qu'il venait d'utiliser cet excuse pour se sortir d'une situation embarrassante. Elle se mit à rire en le regardant avec ce si jolie sourire qui faisait rayonner son visage, il adorait la regarder. Elle confirma que la voiture marchait parfaitement bien avant de préciser qu'elle avait de la chance de l'avoir, encore une fois elle agissait comme s'il était très important à ses yeux, pour presque tout... Mais elle rajouta qu'elle parlait uniquement du fait qu'il soit mécanicien ce qui abaissa légèrement les pensées qu'il pouvait avoir vis à vis d'elle. Elle rajouta encore quelque chose alors que John ne cessait de la fixer, sa façon de faire était étrange, comme si elle voulait lui dire qu'elle l'appréciait, sans trop lui avouer. Peut-être qu'Amber avait raison, Suzzie aussi avait succombé à son charme légendaire comme elle aimait le répété en permanence... Non c'était improbable, pas elle, pas Suzzie.

John sourit légèrement à sa remarque sur la fondue et se leva du divan à son tour pour s'approcher d'un petit meuble ou se trouvait quelques cadres photos de la famille Hamilton, celle où tous les enfants étaient réunis... Il eut un petit pincement au cœur en voyant leur fille décédée avec ce joli sourire mais quitta le meuble pour s'approcher de Suzzie.

« Tu as sans doute raison, il vaudrait peut-être mieux aller voir, mais à mon avis ils doivent juste terminer de préparer la fondue et l'apéro, une soirée digne de ce nom n'est rien sans un bon verre. » Il lui sourit en continuant de s'approcher d'elle, peut-être un peu trop même, il posa à nouveau sa main dans son dos et pencha son visage vers le sien pour approcher sa bouche de son oreille. « Je suis content que tu sois là aussi ce soir. » Il posa ses lèvres sur sa joue pour l'embrasser doucement, un geste affectif mais amical dans lequel il avait essayé de ne pas trop montrer tous les sentiments qu'il pouvait ressentir. Il espérait quand même que Maureen et Nolan n'allaient pas trop tarder à les rejoindre.

Invité

Cela faisait un moment que Maureen et Nolan avaient disparu dans la cuisine. C'était un moyen discret de laisser Suzzie et Jonathan en tête à tête. Ce n'était un secret pour personne que ces deux là se tournaient autour depuis un sacré bout de temps ! Et puis Nolan n'allait pas se plaindre de pouvoir faire des bisous à la femme de sa vie dans la douce odeur du fromage fondu et vin blanc ! Mais bon, au bout d'un moment, ils allaient se poser des questions et débarquer dans la cuisine ! Il attrapa une bouteille de bourbon et une bouteille de vin italien qu'il avait achetée pour l'occasion. Il boycottait le vin français, ces sales mangeurs de grenouilles (a). Il revint dans le salon, laissant sa femme terminer les derniers préparatifs.

Je bois du whisky moi, sinon j'ai du vin, que voulez vous ?

Sur la table basse étaient déjà disposés des verres à whisky ainsi que des verres à vin. Il regarda ses deux invités et eut le sentiment de les avoir interrompus. John semblait un peu mal à l'aise, ce qui n'était pas habituel, et Suzzie encore plus... Ces réactions piquaient sa curiosité. Qu'avait il bien pu se passer pendant son absence ? Il espérait que son ami lui raconterait cela après le repas. Oui, Nolan se surprenait parfois à être une petite commère. Mais après tout, il tenait le rôle d'entremetteur ce soir, alors il avait bien le droit d'être au courant !

Maureen ne devrait pas tarder elle non plus, ajouta-t-il pour faire diversion.

HS: j'y connais rien en apéro américain moi xD

Invité

Après quelques remarques agréables de la part de Johnatan, le mari de Maureen demanda aux hôtes si l'un d'eux souhaitait boire quelque chose. Maureen, elle, se contenterait d'un simple verre d'eau gazeuse. L'alcool et elle entretenaient une relation particulièrement rare depuis la nuit des temps. A vrai dire, elle supportait très mal lorsqu'un brin d'alcool traversait sa gorge. Parfois, elle agonisait. Et heureusement, cela n'arrivait pas tout le temps. Aujourd'hui, elle ne voulait aucun malheur. Seulement un diner entre amis du quartier. Rien de plus.
Elle regagna la cuisine accompagnée de son mari. C'était le but après tout. Laisser ces deux tourtereaux seul dans la grande seule. Un sourire quelque peu mutin apparut sur les lèvres de Maureen. Cette dernière espérait que tout se passerait comme il le faudrait. Son mari, lui, se tourna vers elle et lui demanda s'il fallait attendre un peu plus ou intervenir tout de suite. "Non non, patientons encore. La conversation semble s'être lancée entre les deux.." Répondit-elle sûre d'elle. Elle savait pertinemment ce qu'elle faisait. Elle connaissait Suzie après tout. La question n'aurait pas du se poser.
Nolan l'embrassa délicatement en guise de surprise. Maureen sourit. C'est ce comportement qu'elle aimait le plus chez son mari. De plus, il en profita pour complimenter sa cuisine. Et, en effet, cela sentait bon. Maureen lui accorda un nouveau baiser et répondit après lui. "Il y a intérêt !".
Le temps passèrent et le couple Hamilton décida qu'il était temps pour eux de sortir de cette cuisine où l'odeur du fromage risquerait d'envahir entièrement leurs vêtements. Son mari lui emboîta le pas avec les bouteilles d'alcool et revint auprès du second couple - qui ne l'était pas tout à fait -. Maureen resta scotché à sa bouteille d'eau gazeuse, bien que boire un verre de vin de la dérangerait en rien.
Lorsque la Hamilton débarqua dans la pièce, Johnatan et Suzie semblèrent un poil mal à l'aise, ce qui laissait penser à Maureen qu'elle et Nolan les avaient dérangé d'une manière ou d'une autre. La brunette apporta quelques amuse-gueules du bout de la main et les disposa sur la disposa. Elle observa un instant le second couple et détourna vite le regard pour éviter tout soupçon ridicule. "Alors ? Tout s'est bien passé de votre côté ? J'espère que la fondue vous plaira" s'exclama-t-elle en guise de conversation. Elle savait mieux que personne que ces deux phrases n'avaient rien à voir l'une de l'autre. Encore une fois, elle tentait à faire la conversation.

Spoiler: