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Excuse moi, mais je crois que tu as
quelque chose qui m'appartient...

Les pas de William et de Gabrielle retentissaient sur le bitume de Magnolia Street, et venait troubler le calme de la rue. A une heure pareille, un dimanche matin, c'est sur qu'ils ne risquaient pas de croiser grand monde... Un ou deux chats, tout au plus, et encore, si celui çi n'avait pas mieux à faire.
En ce jour dominical, il était rare de voir les habitants de Magnolia sortir le bout de leur nez -ou même le coller contre leur fenêtre- avant au moins onze heure. Pourtant, les deux adolescents faisait exception à la règle : tout deux avait déjà commencé leur journée il y a une heure de ça. Pas par plaisir ou par choix, évidement. Mais William avait eut un entrainement de football matinal -le dernier avant la compétition qui les attendait mardi, et la jeune Montgomery était venue voler aux secours des nouvelles Cheerleaders qui n'étaient décidément pas au point en ce qui concernait cette fameuse rencontre. Même si cette dernière ne faisait désormais plus partie de l'équipe depuis qu'elle avait quitté le lycée cette année, elle restait attachée à son ancien poste, et venait parfois aider les nouvelles recrues, en cas de besoin.
Après leur besogne respective, c'est tout naturellement que William avait proposé à la jeune fille de faire le chemin du retour ensemble. Après tout, les occasions de passer du temps ensemble se faisaient rares depuis qu'elle était rentrée à l'université.

N°38, Magnolia Cresent. Ils y étaient. William salua Gabrielle, peut être un peu moins chaleureusement que s'il s'était agit d'un autre endroit. Mais ce n'était pas de sa faute : se sachant devant la demeure des Montgomery, William ne pouvait s’empêcher d'imaginer le jumeau de cette dernière, là, tout près, à l’affut, en train d'aiguiser son couteau. Bon non, là William exagérait peut être, mais pour le reste, c'était loin d'être si irréaliste que ça. Il se contenta donc d'un simple signe de la main, accompagné d'un sourire complice.
C'était sans connaitre Gabrielle. Bien déterminée à briser les interdits, la ledite Montgomery s'approcha de lui, se hissa sur la pointe des pieds, et déposa un baiser sur sa joue... Un peu plus rapproché de ses lèvres que l'aurait voulu la normale.
William n'était pas surpris. Ce genre d'actes était fréquents chez la jeune fille. Une fois de plus, elle cherchait à prouver à William qu'elle n'avait pas dit son dernier mot, et qu'elle pouvait être pleine de ressources pour obtenir ce qu'elle convoitait.
Mais a trop jouer avec le feu, n'allaient ils pas finir par se brûler les ailes ?

Alors que le jeune homme rebroussait chemin vers son petit cocon familial, il passa devant le n°14 de la rue. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite la paire d'yeux fixées sur lui.

Carl Spencer. C'était bien lui.
Autrefois, dans une époque pas si lointaine, les deux jeunes hommes avaient alignés ensemble plus de trois mots d'affilé dans une même phrase, et s'étaient peut être même échangé quelques sourires - si, si, je vous le jure !
Seulement cette belle époque semblait à présent révolue, et la seule chose que William recevait désormais de la part de ce dernier, c'était le plus souvent des regards noirs ou encore une attitude froide que William ne comprenait pas. Il avait beau se retourner la tête dans tout les sens, retracer son entière biographie, il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal, pour mériter un tel changement de comportement.
Ou alors, peut être que Carl était bipolaire, et que ses troubles neurologiques l’empêchaient d’exercer une vie sociable tout à fait normale, pensa William. Après tout, il ne fallait exclure aucune possibilité.
William observa Carl plus attentivement, dans l'espoir de trouver des indices d'un quelconque trouble psychique. Mais dés qu'il le vit, Carl détourna immédiatement le regard.
De plus en plus intrigué par ce comportement singulier, William fronça les sourcils. L'attitude du jeune homme restait un vrai mystère, mais un mystère sur lequel William comptait bien lever le voile. Feignant de ne pas avoir remarquer son étrange manège, le garçon inspira une bouffée d'air frais pour se redonner du courage, et lança d'un ton faussement enjoué :

« - Eh, Carl ! Alors, déjà debout ? Tu es tombé du lit ou quoi ? Alors, dis moi, comment tu vas ? Ca fait un moment qu'on ne s'était pas croisés tout les deux. »

Idiot, idiot, abruti. C'était quoi ce début de conversation ? Il ne manquait plus qu'une remarque sur la météo, et William remportait le super combo gagnant de la conversation la plus banale de l'année. Trop d'honneur, vraiment.
Cependant, ils allaient devoir se contenter de ça pour l'instant. Et puis, pour un type qui ne lui avait pas adressé la parole depuis au moins cinq générations, Carl n'allait tout de même pas trop faire son difficile, n'est ce pas ?

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La réponse de Carl tomba, tranchante comme un couperet. Ouuuutch, dur à encaisser. Et incompréhensible surtout. De ses plus loin souvenirs, William ne se souvenait pas avoir fait un jour quelque chose que Carl aurait put lui reprocher. Il avait toujours été poli, bonjour-bonsoir-merci. Il n'avait jamais essayé de draguer ses soeurs, de pisser sur leur clôture, de foutre le feu à son casier. Alors oui, William était un peu perdu. Tandis que le benjamin Spencer lui tournait le dos, le Livingstone s'interrogeait.

« - Eh, Carl, attends ! »

Les mots étaient sortis de sa bouche avant même que William n'en est vraiment eut conscience. Oups. Déjà, l'intéressé avait fait volte face, et le fixait d'un oeil interrogateur. Trop tard pour reculer à présent. Après tout, ce n'était pas bien grave, Carl lui devait au moins quelques explications.

« - On peut savoir ce qui t'arrive ? Être de mauvaise humeur ne t'autorise pas à agresser les gens, tu sais. Alors c'est quoi cette fois ci ? Tu vas enfin te décider à cracher le morceau, ou tu vas continuer de m'éviter comme un parfait idiot ? »

William ne savait si ses mots allaient le faire réagir, mais en tout cas il l’espérait. Qu'importe que Carl pousse sa crise et se transforme en vilain petit Hulk, du moment où exprimerait une quelconque réaction. Après tout, cette situation ne pouvait pas durer éternellement. Alors, il avait plutôt bien fait, non ?

Apparemment, William avait visé juste. A peine avait il fini sa phrase que Carl revenait à l'attaque. Et ce nouveau assaut promettait d'être au moins aussi corsé que le précédant. Il s'approcha de lui, un air menaçant sur le visage. Jusqu'ici, William arrivait à suivre. Ce qu'il ne comprit pas en revanche, ce fut lorsque le Spencer lui répondit une chose incompréhensible, à propos d'une certaine compagnie, ou un truc du genre.
Pardon ? Mais de quoi parlait il à la fin ? Le visage de William était emprunt d'une incompréhension totale. Carl dut le remarquer, puisqu'il ajouta qu'il ne voulait plus le voir s'approcher de Gabrielle. Loin de l'éclaircir, le Spencer venait de rajouter une nouvelle couche de mystère, ce dont William se serait bien passé. En plus de ça, il l'accusait de faire semblant de ne pas comprendre. Ah, ça, pas besoin de faire semblant, William était déjà parfaitement perdu. Et ce n'est pas les éclaircissements foireux que Carl lui fournissait qui allait l'aider. Exaspéré de ne pas le suivre, William fini par demander :

« - Mais de quoi tu parles, enfin ? Qu'est ce que Gabrielle vient faire là dedans ? »

Soudain, William comprit. Oooooh. Ainsi donc, Carl jouait les amoureux transi ? William imaginait déjà le Spencer, torturé, glisser des mots doux dans la boite aux lettres de la Montgomery. Mouais, bof, pas vraiment le genre non plus...
Cependant, il s'enquit :

« - Oh... Tu veux dire que... Tu es amoureux de Gabrielle, c'est ça ? Ecoute, sincèrement, je ne savais pas, mec... »

A présent, William avait la désagréable impression d'avoir mit les pieds dans le plat. Mais comment aurait il put le deviner, après tout ? Il faut dire que Carl n'avait pas vraiment le profil à jouer les Roméo transi...

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Au regard noir que Carl lui lança, William comprit qu'il avait fait fausse route. Le Spencer confirma aussitôt cette erreur, sans chercher à cacher son exaspération. Il fini par lâcher, une spectaculaire breaking news, aussi surprenant qu'innatendue : Gabrielle et lui formait un couple.
William écarquilla les yeux. Pardon ? Carl et Gabrielle ensemble ? Mais depuis quand ? Etait il en train de le faire marcher ? Il scruta le visage de son interlocuteur. Ses très fermés et sa mine rebutée ne laissait pas de place au doute : il ne plaisantait pas. William devait se rendre à l'évidence.
Mais alors, pourquoi la Montgomery ne lui avait encore rien dit ? Pire encore, pourquoi continuait elle à lui tourner autour ? Pourtant, il avait de son côté cessé ses avances depuis une certaine conversation avec le frère Montgomery. Ce dernier lui avait clairement exprimer son ressenti sur la relation qu'il entretenait alors avec Gabrielle, et se résumait à peu près ainsi : BAS LES PATTES. Par respect pour son ami, et co-équipier de football, William avait alors lâché l'affaire, un peu malgré lui. Mais ce désistement soudain n'avait pas été au gout de la belle Cheerleader, qui à présent n'hésitait pas à provoquer William pour tenter d'attiser en lui sa fougue d'antan. William devait reconnaître qu'elle savait comment s'y prendre, et qu'elle ne se reconnaissait pas facilement battue. Mais William tenait bon lui aussi de son côté. Et il avait de quoi tenir en effet : ne sortait il pas à présent avec la charmante Van Wagner ? Et la confiance que Nathan lui accordait n'était elle pas trop précieuse pour qu'il se permette de tout foutre en l'air ?
Quoiqu'il en soit, Carl devait ignorer cette situation, puisqu'il semblait en vouloir beaucoup plus à William qu'à Gabrielle. C'est d'ailleurs d'un ton assez sec qui lui demanda s'il allait réussir à se remettre de ses émotions. William tenta de dépasser la surprise des premiers instant et de retrouver une contenance. A présent qu'il savait, l'amertume reprenait le dessus. Il trouvait aberrant que Carl se permette de jouer à Roméo blessé dans son égo, sans même prendre la peine de considérer ses véritables responsabilités dans cette histoire. Et plus encore, il détestait être fuit ainsi comme la peste, alors qu'il ne savait même pas de quel crime on l'accusait. Sa réponse fusa aussitôt.

« - Alors, c'était donc ça que cachait ton comportement de parfait abruti ? Juste ça ? La prochaine fois que tu veux les drama, renseigne toi un peu mieux. Tu es en colère contre la mauvaise personne. »

Alors que William s'attendait à une réponse plus vive de la part du Spencer, celui ci sembla soudainement se calmer. Il ferma les yeux, et s'assit lentement à même le sol. Où étaient les cris, les tapements de pieds contre le trottoir, et les crises de jalousie pleines de testostérones auquel William s'attendait à recevoir ? A la place, Carl s'était radouci. La tension environnante était retombé d'un seul coup, à la manière d'un soufflet. Déstabilisé, et ne sachant pas quelle attitude adopter, le jeune Livingstone restait tout con, à l'observer, les bras ballants. Mais ce n'était rien, comparé à la surprise qui le saisi lorsqu'il entendit Carl reconnaître ses tords. Mais où était donc le terrible guerrier qui lui faisait face il y avait à peine quelques minutes ? C'était à n'en plus rien comprendre. Cependant, William appréciait que Carl réussisse à mettre son orgueil de côté, et ce pour proférer ce qui ressemblait vaguement à un début d'excuse. Ce n'était pas le moment de jouer les fines bouche. Ignorant son esprit rancunier, il prit place à côté de lui, s'asseyant sur le rebords du trottoir. Il l'observait du coin de l'oeil, gardant tout de même une certaine méfiance à son égard. A prêt tout, il venait tout de même de lui démontrer qu'il avait sa place dans le grand prix international de la bipolarité.
Cependant, Carl resta sage. Il fit part à William des problèmes qu'il rencontrait avec Daniel, le jumeau de Gabrielle, qui montait la garde autour de sa soeur comme un pitbull enragé. William esquissa un drôle de rictus lorsque le Spencer insinua qu'il ne pouvait pas comprendre cette situation. Une fois de plus, il s'était trop hâté dans ses réflexions, et en avait tiré les mauvaises conclusions.

« - Détrompe toi. Moi aussi j'ai du affronter le grand vilain dragon qui protégeait la princesse. Et c'était peut être même pire, parce qu'on était tout les deux dans la même équipe de foot. Il me tenait à l'oeil. »

Une grimace presque machinale apparue sur son visage à l'évocation de ce souvenir peu agréable.

« - Enfin. Au final, il n'est pas si terrible que ça... Je veux dire, il te laisse la vie sauve si tu renonce à Gabrielle... »

William observa Carl en coin, tout en continuant sa phrase. Il était curieux de savoir ce qui se passait réellement dans la tête du jeune homme, et espérait y trouver une quelconque réaction à interpréter.

« - ...mais ça, je crois deviner que tu n'en avais pas vraiment l'attention, n'est ce pas ? »

William semblait avoir tapé dans le mille. Le sujet "Daniel" semblait avoir retenu toute l'attention de son interlocuteur, qui l'écoutait à présent avec attention. De temps en temps, il l'interrompait pour confirmer ses dires. Il alla même jusqu'à plaisanter en parlant de monter un club avec lui. "Les (ex-potentiels) amants maudits de la Montgomery", voilà qui sonnait plutôt bien. Cependant, ce soudain élan de solidarité masculine laissait William dubitatif. Décidément, le cas Spencer aurait surement beaucoup intéressé les spécialistes en psychologie. Menfin. Tant que Carl avait abandonné ses attitudes de mâle dominant, William n'avait rien à redire.
Cependant, il savait qu'il ne lâcherait pas l'affaire de sitôt. Et c'était tant mieux pour lui, le Livingstone ne comptait pas fourrer son nez dans de nouvelles complications. Que Carl garde sa princesse s'il le voulait, il n'avait pas l'intention de bouger le moindre petit doigt. Il confirma d'ailleurs sa pensée.

« - Grand bien te fasse. Moi, j'ai déjà lâché l'affaire depuis un moment. Gabrielle est mignonne, c'est vrai... Mais c'est fini les conneries, j'ai une copine à présent. Sara Van Wagner, son nom te dit peut être quelque chose ? Enfin bref. Les choses semblent être plutôt bien parties cette fois ci. J'ai pas envie de gâcher ça. Gabrielle, c'est de l'histoire ancienne. Moi, c'est le présent qui m'intéresse. »

Il marqua la fin de sa tirade d'un court silence pensif, durant lequel seul le chant des mésanges du quartier vinrent troubler le calme de la rue déserte. Mais William interrompit rapidement ce petit interlude en posant la question qui lui trottait en tête depuis déjà quelques secondes.

« - Mais au fait... Tu as dit que ta relation était secrète. Qu'est ce qui vous empêche de vous afficher ensemble, au juste ? »

Au fond, sa discussion avec Carl, c'était ni plus ni moins qu'une affaire de puzzle incomplet. Chaque élément était une nouvelle pièce qui venait s'ajouter au précédentes, et venait retracer l'histoire des prétendants de la Montgomery. Tout ce qu'ils leur restait à espérer, c'était eux qui avaient toutes les pièces en mains...

Fascinant cas que celui de Carl Spencer. Une vraie girouette, si changeante et si imprévisible que le jeune Livingstone peinait à la suivre. En réalité, il était presque sur que même avec l'aide des meilleurs neurologues du pays, les voix du bulbe rachidien du Spencer resteraient impénétrables. Un vrai mystère. Si on avait demandé à William de faire un rapprochement entre Carl et un élément naturel, c'est à un ciel d'été qu'il aurait pensé en premier. Tantôt doux et agréable, et puis tout à coup agité par l'orage intérieur qui faisait rage dans le coeur du garçon. Le calme avant la tempête. Et justement, la seule mention de Daniel avait sut réveiller les foudres de Carl, qui déversait sa colère à la manière d'un Zeus contrarié. Éclairs, vacarme, tremblements, nul ne savait à quoi s'attendre avant que la sentence ne s'abatte réellement. Et face à ce maître de la foudre, il y avait fort à parier que le petit mortel Daniel ne mettrait pas longtemps avant de se brûler les ailes.
Mais déjà l'ouragan Spencer s’apaisait, et un bout de ciel bleu revenait pointer le bout de son nez : le gentil Carl était de retour. Il lui dit poliment qu'il ne connaissait pas sa chère et tendre. William s'apprêtait à ouvrir la bouche pour lui donner plus de détails sur la charmante jeune fille en question, mais il se ravisa au dernier moment et haussa les épaules dans un geste vague. Après tout, à quoi bon ? Carl devait se foutre des tourments de son coeur comme de sa première chaussette, et William les imaginait mal lancés en plein conversation à propos de la gente féminine. Après tout, ils avaient déjà frôlé de très prés le bain de sang, inutile d'en rajouter. Et avec la chance de William, il n'était pas exclu que Carl lui annonce que Sara était sa soeur, sa mère, sa seconde maîtresse illégitime, juste avant de lui sauter à la gorge. Non vraiment, William n'y tenait pas.
A la place, la conversation dériva sur le mystère qui planait autour du pseudo couple Carlbrielle (Garl sonnait décidément trop mal), et le principal intéressé avoua qu'elle était à l'origine de ce secret. William ne comprenait que trop bien ce que le jeune Spencer s'évertuait à lui décrire, pour l'avoir vécu lui même. En revanche, il continuait de s'interroger sur les raisons qui poussait Gabrielle a la chasse au Livingstone alors que ses draps étaient encore imprégnés du parfum du jeune Carl. Il se demanda comment aurait tourné les choses si au lieu de finir avec la fidèle Sara, il avait cédé aux charmes de la fougueuse Gabrielle. Les places auraient elles étaient inversées ? Serait ce Carl qui aurait occupé cette place délicate et ambiguë qu'il avait actuellement ? Et serait ce William qui aurait fini par lui tomber dessus un beau matin pour tirer les choses au clair ? Il ne le saurait jamais. En revanche, et pour la première fois depuis le début de la conversation, William s'imagina à la place de Carl. Il se rendit compte que sa position n'avait rien d'enviable, au contraire, et se surpris lui même à être prit de sympathie pour le garçon.
Emporté dans cet élan d’empathie, William ne réagit même pas au sous entendu érotique qui se cachait derrière les mots du Spencer. BAM, même pas mal d'abord ! Il n'avait pas menti : pour lui, peut importait les bras dans lequel Gabrielle allait se réfugier, ceux de Sara, eux, lui seraient toujours ouverts.

« - Ouais, je comprends ce que tu veux dire, acquiesça t-il doucement. En tout cas, tu semble bien déterminé à obtenir ce que tu veux, je trouve ça plutôt honorable. Tu dois vraiment tenir à elle, pas vrai ? »

C'était un réflexe qui l'avait poussé à poser cette question rhétorique. A vrai dire, William laissait ses mots s'extirper hors de sa bouche avant de laisser son cerveau exercer sa censure et son droit de véto. Advienne ce qu'il pourra. Et puis, il devait admettre qu'une part de lui même était curieuse de voir jusqu'au cette conversation allait les mener. Avec un début de journée aussi imprévisible, il fallait s'attendre à tout.

Si Carl tenait vraiment à Gabrielle ? Il s'arrêta de parler pour réfléchir. En fait il ne savait pas vraiment. Ils en étaient qu'au début de leur relation -enfin, soi-disant relation-, et Carl n'avait pas vraiment réfléchi au fait de si c'était du sérieux ou pas. Oui, le Spencer faisait peut-être les choses à l'envers, mais jusqu'ici, ça lui avait plutôt bien réussi, côté relations féminines. De toute façon, tout ça le rendait confus. William le perturbait un peu, avec ses questions étranges -et pourtant normales- qui remettaient en cause les sentiments de Carl. Qu'est-ce qu'il en savait, s'il était amoureux ou quoi ? Pour l'instant, il appréciait beaucoup Gabrielle, mais son flirt avec Renata prouvait qu'il ne considérait pas encore tout ça sérieux. Et puis Gabrielle apparemment pas non plus puisqu'elle jouait encore à la drague avec William. « Sûrement ouais. » répondit-il finalement. Il n'était pas non plus du genre à étaler ses sentiments, surtout à quelqu'un qu'il ne connaissait pas vraiment.

Bon, ça c'était fait. Maintenant que dire au Livingstone ? Rien dire semblait une bonne idée, car cela mènerait au départ du Spencer, ce qu'il désirait plus que tout. Déblatérer sa vie personnelle avec William n'était pas une de ses choses favorites, et même s'il s'était amusé, bon, il fallait y mettre un terme, sans pour autant se quitter en mauvais termes. Et puis il était fatigué, il avait faim, il avait froid. La combinaison des trois F qu'il ne fallait pas rencontrer chez le Spencer au risque d'une mauvaise surprise. Il n'avait pourtant pas eu le temps de faire beaucoup de sport, mais il en avait fait assez pour être essoufflé, transpirer, et du coup sécher et ressentir un froid intense dans son dos. Breef. « En fait, tu faisais quoi toi dehors, ce matin ? » demanda Carl à William, se disant que c'était une petite question auquel il répondrait sûrement vite, et ils pourraient retourner à leurs vies respectives. A moins que..

Spoiler:

En posant cette question inattendue, William s'était étonné lui même. Pour qui se prenait il après tout ? Pour le courrier du coeur ? Et pourquoi n'allait il pas aider Carl et Gabrielle à se déshabiller et à se mettre en pyjama le soir venu avant d'aller les border, pendant qu'il y était ? Franchement, en conseiller conjugal, on avait déjà vu mieux placé. Pourtant, ça avait été plus fort que lui. La question lui avait brûlée les lèvres, et le seul remède à cette inflammation avait été de se libérer de son fardeau. C'était désormais chose faite. Pourtant, ça ne lui avait rien apporté. De la jalousie ? Pourquoi faire ? William n'avait jamais considéré que la jeune femme lui avait un jour appartenu. Elle était charmante, certes, séduisante, surement, mais elle l'était tout autant avec d'autres hommes. Et Carl était le premier à en faire les frais.
De son côté, ce dernier aussi avait paru décontenancé. Parler de Gabrielle qui faisait des galipettes en petite nuisette, okay, mais en revanche, parler de roses et de fleures bleues, ça, moyen. Il marmonna une réponse approximative, avant de ramener la conversation à un autre sujet.

« - Euh. Je revenais d'un entrainement de foot. On a un match très bientôt, tu comprends, répondit le garçon en désignant son sac d'entrainement. »

Il ne jugea pas bon de lui retourner la question. La réponse était déjà évidente, inutile de passer pour un abruti en plus d'un ex potentiel rival. Sur ce dernier point au moins, William espérait avoir été assez clair.

« - Ecoute... T'as pas de soucis à avoir. Je n'ébruiterais pas ta relation avec Gabrielle. Sois tranquille, j'ai mieux à faire. »

Puis il demanda, avec un sourire en coin :

« - Sans rancune ? »

Carl haussa un sourcil. William était-il en train de se vanter d'avoir un match ? Montrant au Spencer qu'il était plus fort que lui ? La blague. S'il y avait une autre chose que le Spencer n'acceptait pas, c'était que quelqu'un lui fasse comprendre qu'il était inférieur. Carl Spencer, inférieur à William Livingstone ? Mais pour qui se prenait-il ? Le fait d'être joueur de foot et de bientôt jouer un match acclamé par une dizaines de cheerleaders n'était pas montrer sa supériorité. Quoique Carl ne refuserait pas ce genre d'accueil. Bref, il se retint de rire en entendant le Livingstone raconter son histoire d'entraînement, comme s'il faisait forcément quelque chose de mieux que Carl. Ce dernier fut tenter de recommencer ses répliques agressives mais se rappela son petit manège et fit un sourire en coin. Quoi de mieux de sympathiser avec l'adversaire pour le faire tomber ? Comme s'il lisait dans ses pensées, William déclara alors que Carl n'avait aucun soucis à se faire par rapport à Gabrielle. Oh que c'était mignon, le petit brun n'allait rien dire. Le petit jeu de Carl avait marché après tout, il tenait le Livingstone à ses pieds. Un autre sourire malin fendit son visage tandis qu'il se leva pour repartir, ne voyant pas l'utilité de continuer la conversation. « Sans rancune. » répéta-t-il. Il ne le remercia pas de son geste, après tout, c'était normal d'obéir aux personnes plus âgées que soi (a). « Et bon match. » fit-il sarcastiquement, en tournant les talons.

Il sorti son ipod et ses écouteurs de sa poche, et les remit dans ses oreilles avant de recommencer à trottiner. Vite fait il se retourna, et aperçut William qui lui aussi avait tourné les talons pour rentrer chez lui. Carl resta un moment à le regarder, en se disant que c'était tout de même dommage qu'il se soit passé cela avec Gabrielle. Les deux garçons auraient pu passer du bon temps ensemble, Carl ayant remarqué que le Livingstone avait un caractère bien trempé et amusant. Mais le Spencer avait aussi capté que Will était espiègle, et le Spencer n'aimait pas ce genre de personne rusées qui pouvaient dire des choses et penser tout autre. Que lui le fasse c'était une chose, qu'on lui fasse c'en était une autre. Il n'aimait pas qu'on se joue de lui. Mais au moins, il savait que le Livingstone ne dirait rien, et c'était le plus important pour lui. La manière dont il l'avait abordé ou quoi, s'il avait été connard ou pas, peut importait. Maintenant, il avait des choses à dire à la jeune Montgomery...