Embarquement dans 1h, il fallait que je me dépêche où j'allais rater mon avion. Quitter Magnolia pour une journée ne sera pas de refus. Avec toutes les merdes qu'ils se passent, ce ne peut être qu'un plaisir. Parfois, je me dis que partir une bonne fois pour toute de ce trou à rats serait judicieux. Mais j'ai un peu fondé ma vie ici, et je sens bien que je vais y rester encore un certain moment... Bad ! Bon au final, on y est pas si mal quand on a un père cool, une copine qu'on aime et sans polichinelle dans le tiroir, pleins de potes, un frère et une soeur qui ne vous jugent pas... Ah, du flooz j'en ai plein les poches, et parfois je me demande si une vie plus modeste, ailleurs ne m'aurait pas rendu meilleur. Bref, fini de chialer.

J'arrivais à l'aéroport. J'avais rendez-vous à San Diego pour un séminaire sur les nouvelles juridictions, applicable en 2013 aux Etats-Unis. Ca allait être intéressant, je n'en doute pas! Mon sac en main, je payais et remerciais le taxi qui venait de me déposer à destination. J'avançais jusque dans l'aéroport, me dirigeais vers le panneau des vols, en espérant ne pas y trouver un "annulé". Mes yeux défilèrent sur le panneau, cherchant le numéro de mon vol. Et sans grande surprise, j'apprenais que mon vol aurait 1h30 de retard... Génial ! 1h30 à poireauter dans cet aéroport. Je soupirais, grommelait deux trois insultes destinée à la compagnie aérienne, et décidait de m'asseoir au chaud, dans la salle d'attente.

"Font chier... comme si j'avais que ça à foutre, attendre, toujours attendre."

Je sortais mon journal, et remarquais qu'un individu, assis juste à côté de moi avait probablement entendu ma réflexion et s'en amusait. Je me fis plus discret, ouvris mon journal, et me mis à lire.

« À ce que je peux voir, tu aimes cet aéroport autant que moi !» lança le jeune homme qui se trouvait à mes côtés à présent. Je ricanais, et tout en continuant la lecture de mon journal, je lui répondais simplement: " Les problèmes sont tellement récurrents que l'on s'y fait à la longue ! Heureusement que l'aérogart est spacieux.". Je tournais la page de mon journal, sans vraiment porter d'attention à cet inconnu. Il ne m'avait pas l'air déplaisant, mais j'étais tellement habitué à être abordés par des gens qui voulaient faire la discussion dans une salle d'attente que je ne daignais à taper dans la politesse. Le jeune homme enchaîna. La compagnie de vol avait égaré ses bagages... ça ne m'étonnait même pas, comme ça ne me surprendrait pas si un jour je débarquais à l'opposer de la destination prévue. Je remarquais chez cet homme un fort accent qui ne me paraissait également familier. Il précisa d'ailleurs qu'il venait de Londres. Je tournais alors la tête en sa direction, et afficha un sourire complice: "C'est donc ça! Je veux dire... l'accent. Encore un Anglais qui vient se perdre à Magnolia!". Il enchaîna d'ailleurs en se présentant. Scott Sheirman. Sheirman... Sheirman? Comme l'autre con d'Elias Sheirman? Et je compris pourquoi cet accent me semblait si familier. Par précaution, je préférais l'interroger sur cet éventuel lien de parenté qu'il pouvait bien avoir avec le Sheirman que je connais.

"Sheirman? Un parent d'Elias? Elias Sheirman?" demandais-je, tout en me remémorant mes derniers instants en compagnie de ce charmant Elias. Une bagarre à la fête d'Halloween, une carafe d'eau renversée sur mon pantalon à Thanksgiving... non, nous ne nous aimons pas. Enfin lui surtout, car je passe peu de temps à mépriser les personnes qui ne m'intéressent pas! Mais qui pouvait bien être Scott pour Elias? Son cousin? Son frère? Et pourquoi Heathcliff ne nous en avait jamais parlé? Il me demanda ensuite à qui il avait l'honneur. La plus part des gens ici me connaissent déjà, et ce sont fait un avis bien défini sur moi. Certains m'aiment, d'autres me détestent complètement... et à vrai dire je m'en fous!

"Adrian O'Conell." Je lui serrais la main et acquiesçait d'un léger sourire.

C'était quand même hallucinant que l'aéroport perde des bagages. Et bizarrement, ça se produit très souvent. C'est pour ça que j'évite d'embarquer trop d'affaires qui ont de la valeur, j'ai toujours peur de ne rien retrouver. Le pauvre, il venait d'arriver, et il avait perdu une bonne partie de ses affaires. J'aurais fait un procès a l'aéroport s'il m'était arrivé la même chose! L'homme me demanda si notre petite ville du New Jersey était une bonne ville. Bonne ville, je n'en dirais pas autant, je levais les yeux au ciel et ris: "Mis à part les meurtres, les agressions, et une stupide conne qui s'amuse à révéler les moindres secrets des habitants, je n'ai pas à me plaindre! D'ailleurs, un petit conseil, fais bien attention aux personnes que tu rencontreras ici, personne n'est vraiment digne de confiance...". C'est vrai, combien de fois me suis-je trompé au sujet de personnes que je pensais être des gens de confiance? Des milliers de fois certainement!

Lorsqu'il dit son nom de famille, je me demandais s'il était de la famille d'Elias, et je n'avais pas tord puisque "Sheirman Bis" ri et me constata qu'effectivement j'avais déjà fait la rencontre de son petit frère. J'ignorais qu'Elias avait un petit frère. Je me contentais dans un premier de temps d’acquiescer d'un hochement de tête, affichant un sourire poli. S'il savait à quel point je ne m'entendais pas avec son frère, il ne se donnerait pas la peine de discuter avec moi. Scott Sheirman, puisqu'il venait de se présenter, me dit qu'il ne pensait pas qu'Elias puisse avoir des amis comme moi. C'est à dire? Il semblerait que mon interlocuteur m'avait déjà jugé sur mon apparence puisqu'il ajouta que j'avais de la classe, ce qui voulait probablement dire qu'il me casait dans la case des riches... où alors était-ce un compliment. Je ris à cette remarque, car non, Elias était loin d'être mon ami. C'était l'un des meilleurs amis de mon frère cela dit! "Je ne connais pas très bien Elias. Mais c'est un très bon pote de mon petit frère. Ils ont le même âge il me semble."

Puis Scott me demanda ce que je faisais dans la vie. Je n'aurais pas pensé être soumis à un interrogatoire en venant à l'aéroport aujourd'hui! Mais ce mec m'avait l'air sympa. Je le trouvais déjà bien plus avenant que son frère! "Nul doute, je suis quelqu'un d'important Sheirman!" lançais-je en riant. "Mais loupé, je ne suis pas docteur! Quoi que Docteur O'Conell, ça le ferait bien ! Non, je suis avocat... Enfin tu risques d'en entendre de belles à mon sujet ! Et toi Scott? Tu es venus chercher du boulot dans le New Jersey ?!" demandais-je en arrangeant ma cravate.

"Oh oui, pas de doute" affirmais-je en souriant jaune. Il n'allait pas s'ennuyer ici, c'est certain. Bientôt, il serait la prochaine victime de DS, et ses initiales trôneraient à côté des miens, dans ces fameux et si gentils articles! Si je pouvais me faire oublier de DS quelques secondes, ce serait parfait. Mais il ne lui suffit d'un rien pour attaquer. Disons que l'on ne peut même plus respirer sans risquer de se voir afficher dans les lignes de la jolie internaute. D'ailleurs, on ignore encore s'il s'agit d'une fille ou d'un mec, mais peu importe...

Son frère? Causer des problèmes? Je ne dirais pas ça comme ça, je dirais juste qu'Elias cherche souvent le bâton pour se faire battre. Sinon le reste du temps, c'est un bon garçon... je crois! Si on enlève les fois où il m'accuse de droguer tous les inviter d'une soirée, ou les fois où il me renverse une carafe d'eau sur le pantalon pour venger son ami Jay Black, ce n'est pas un grand bandit! Je me contentais d'acquiescer à la première phrase de Scott au sujet de son frère. Il ajouta ensuite qu'il avait été engagé à Rutgers, le pauvre! Les étudiants ne ménageaient pas les profs là bas, il allait certainement s'en rendre compte très rapidement. Puis il ajouta que c'était peut être l'occasion de passer du temps avec son cher frère... Mais il semblait user de sarcasme. Je souriais et levais les yeux au ciel. "Tu n'as pas vraiment l'air de t'entendre avec lui, je me trompe?". C'est vrai, la remarque de "Sheirman Bis" me laissait penser qu'il avait déjà eu des problèmes avec son frangin. Peut être que je me trompais aussi hein!

Scott se permis presque de douter de mes compétences, alors qu'il ne me connaissait pas. Sa remarque me fis sourire, il se voulait peut être provocateur, un peu comme moi au final. Je levais un sourcil, l'air dédaigneux et répondais avec humour: "Je suis le meilleur avocat de cette ville, tu devrais le savoir!"

J'ignorais qu'Elias avait un frère... non j'imaginais ce gamin fils unique. Je ne sas pas pourquoi! J'étais également fort étonné de découvrir Scott, un capital sympathie fort intéressant, quelques ressemblances au niveau du caractère et de l'histoire... nous allions bien nous entendre. Nous nous connaissions seulement depuis quelques minutes et pourtant, j'avais l'impression de le connaitre depuis plus longtemps, comme un vrai pote. Nous nous parlions comme si nous avions pris l'habitude de nous fréquenter régulièrement. C'était étrange mais cool! Il me confirmait alors que sa relation avec son frangin n'était pas au beau fixe, et précisa même que tout avait commencé le jour où le père Sheirman avait porté davantage son attention sur l'aîné que sur le plus jeune. Ce n'était pas sans me rappeler mon propre famille, qui avait doucement créé le conflit entre mes frères et soeurs et moi à cause d'un favoritisme exacerbé. Je souriais, et lui répondi: "Ah? Chez toi aussi ça marche comme ça? Mon père a fait la même chose, il s'est intéressé à moi bien plus qu'à mon petit frère et ma soeur. Disons qu'il savait comment les rendre jaloux, et ces deux là m'en ont voulu bien longtemps, encore aujorud'hui même d'ailleurs!". Je lui racontais ma vie, Scott n'était qu'un inconnu pourtant. Mais je me disais que toutes les personnes qui se sont un jour liées d'amitié ont dû passer par là aussi. Et puis, il faut dire que je me sentais relativement en confiance.

Scott me dit alors qu'il souhaitait enterrer la hache de guerre. Sage décision, choix ambitieux. Quand on connait le caractère de Sheirman Junior, on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre! J'acquiesçais d'un sourire bref. "Tu as toutes tes chances. Ca a fonctionné pour moi, mon frère fait moins la gueule qu'avant ! Il y a de l'espoir, bon courage!".

Après avoir remis en question mes compétences professionnelles pour plaisanter, il insista pour que je lui fournisse des preuves. Je lui adressais un joli doigt d'honneur en affichant un large sourire. "La voici ta preuve Sheirman!". Il rit, et je jetais un oeil au panneau d'affichage. Mon avion ne semblait pas être là avant un moment. Je baillais. Scott me demanda alors si ma femme n'était pas triste de me voir partir comme ça, et de la laisser seule. Je relevais la tête, ma femme? Il avait peut être remarqué ma bague de fiançailles... nous n'étions pas encore mariés.

"Juliet? Elle a l'habitude. Puis je dois être de retour ce soir, donc elle n'aura pas à m'attendre très longtemps! Et toi? Pas trop difficile de quitter ton Europe pour venir t'installer dans notre magnifique ville?"