Contrairement aux autres jours, Andrew arriva a l'école de bonne humeur. Et la présence de sa sœur a ses côtés - qui s'obstinait a le conduire tous les matins car elle n'avait pas confiance en lui - ne gâchait rien à son enthousiasme. La veille au soir, Andrew avait enfin capturé Lugia sur sa dernière version pokémon, et rien ne pourrait entacher une telle victoire. Vite, il chercha son meilleur copain, pour lui annoncer la nouvelle. Andrew n'était pas peu fier, les deux garçons avaient reçu le nouveau jeu en même temps, et depuis c'était à qui capturerait le plus de pokémon, à qui remporterait la ligue en premier. Malheureusement, dans la cour, aucune trace de Christian. Andrew grommela dans sa barbe - même si à 13 ans il n'avait pas encore de barbe. C'était à lui, qu'il devait l'annoncer en premier, mais garder cette annonce pour soit jusqu'à l'arrivée de son ami semblait être mission impossible. En plus, il le connaissait, et commençait à croire que Judith avait raison, quand elle répétait sans cesse "mon fils, tu es une vraie marmotte, que va-t-on faire de toi ?". A ce rythme là, Christian pouvait très bien se pointer à la sonnerie de la cloche, et le pauvre Andrew devrait garder son exploit pour lui jusqu'à l'heure de la récréation. Il n'osait pas aller voir ses copains, la tentation serait trop forte. C'est alors qu'il aperçut Erica Daniels, seule et pas loin de lui. Elle était plus petite que lui, mais c'était aussi la sœur de Maxim, un garçon de la classe d'Andrew, qu'il n'aimait pas trop d'ailleurs. Mais Erica n'avait pas besoin de son frère pour être intéressante. La petite fille était ronde, pour ne pas dire grosse, ce qui avait le don d'amuser le mini warrior. « Alors Eri, qu'est-ce que tu fais toute seule ? » Demanda-t-il en l'abordant. Les copain d'Andrew, moqueurs, affirmaient que la petite fille était amoureuse de lui. Andrew s'énervait toujours et finissait par les taper. Déjà que avoir une petite copine c'est nul, si en plus elle était grosse, rien n'allait plus.

hj : C'est pas très long

Elle aimait bien l'école, Erica. Enfin quand elle était en classe surtout, parce qu'elle apprenait studieusement ses matières et espérait que le temps ne passe pas vite. Elle ne voulait pas que la sonnerie sonne la récré tant attendue par tous les élèves normaux. Non, Erica préférait rester en classe ce qui lui éviter les moqueries des autres enfants. Elle était grosse et n'avait pas d'amis, c'était une réalité ... Elle passait ses récrés seule. Son frère était bien assez gentil de la défendre quand il le pouvait, elle n'allait pas rester avec lui et ses amis. Son banc était au fond de la coure, derrière des arbustes, Erica se l'était approprié pour passer ses longues récréations cachée par les gros arbustes qui permettaient qu'on ne la voit pas et qu'on l'oublie. Astuce de looseuse dépourvue de vie sociale. Le temps était très long, toutes ces récréations lui paraissaient interminables. Erica avait l'impression que tout le monde se moquait d'elle en la voyant seule comme ça. C'était un véritable calvaire d'être à sa place, même si rêvasser sur son banc, en pensant à son retour à la maison avec ses proches après l'école, l'aidait à tenir le coup, il y avait toujours quelqu'un pour la ramener dans sa vie, aussi merdique était-elle.

- Ça t’intéresse vraiment, Andrew ? demanda la petite fille, intimidée et le coeur battant à mille à l'heure.

Andrew était l'amoureux secret d'Erica, même si il était plus âgé qu'elle, la petite Daniels le trouvait très beau et pensait tout le temps à lui. Elle avait parfois la bêtise de faire semblant d'être marié avec lui quand elle jouait dans sa chambre (on touche le fond là mdr) et à l'intérieur de tous les cahiers d'Erica, on pouvait lire des colonnes entières qui inscrivaient le prénom d'Andrew.

Parler avec Erica, c'était toujours rigolo. En effet, très vite, Andrew pouvait se moquer d'elle, car elle était grosse. Quand elle lui répondit, le regard plein d'étoiles, il hésita à faire durer le jeu encore un peu, ou à entrer en scène tout de suite. Finalement, il choisit de s'amuser un peu plus.

« Bien sûr que ça m'intéresse eh ! » affirma-t-il en s'asseyant à côté d'elle.

Discrètement, il jeta un coup d'oeil à gauche, puis à droite, par delà son épaule. Il vérifiait simplement qu'aucun de ses copains ne pourrait le voir, il ne voulait pas être l'objet de moqueries futures. Il en avait soupé des "Erica aime Andrew alors Andrew aime Erica. Si elle lui fait des bisous, il s'ra écrasé en d'sous !". Heureusement, le banc de la petite fille était à l'abri des regards voyeurs et moqueurs. Ou presque, puisque Andrew l'avait remarquée.

« Alors, pourquoi tu es toute seule ? » il répéta sa question, bien décidé à se moquer ensuite d'Erica, selon sa réponse. Le pire, dans cette histoire, c'est qu'ils auraient pu être amis. Mais une bonne vingtaine de kilos les séparaient malheureusement, et Erica était une persona non grata de par son poids. Une fois, Christian lui avait fait remarquer que se moquer n'était pas cool, cette fille était peut-être sympa, cool, intéressante. Ce à quoi Andrew avait intelligemment répondu que les réunion Weight Watchers n'avaient rien d'intéressant, mec.

Spoiler:

Erica n'en revenait pas, dire que c'était le plus beau jour de sa vie ne serait même pas exagéré dans de pareil circonstance. Son Andrew, qui était le fruit de ses fantasmes pré-pubères, venait lui tendre une main pour la sortir de sa triste solitude. Elle pensait aux pages de cahiers qu'elle avait rempli, des pages entières et pleine. Elle y alternait Andrew inscrit avec des coeurs ou des Erica Davies, pleins de sous-entendus à la relation amoureuse qu'elle espérait tant avec lui. Même si le fait qu'elle était persuadée qu'Andrew faisait partit des nombreux enfants qui se moquaient d'elle, Erica balaya cette mauvaise pensée. Les faits étaient là, elle ne pouvait que constater qu'Andrew s’intéressait à elle malgré ses kilos en trop. Toutes les fois où elle avait voulu lui faire des bisous sur la bouche quand son regard se posait sur ses lèvres, aujourd'hui ses rêves allaient sûrement s'exaucer à l'abris des regards indiscrets dans sa cachette. Bon, elle fantasmait peut être trop Andrew voulait juste être gentil et lui demandait ce qu'elle faisait toute seule mais c'était tellement improbable comme situation qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'espérer plus que ça.

- Je ... je sais pas trop en faite.. dit-elle d'une petite voix et en rougissant comme une tomate.

C'était un peu la honte quand même que son futur mari insiste sur le fait qu'elle soit toute seule. Erica se sentait honteuse de devoir se justifier de ne pas avoir d'amis, mais elle n'en voulait pas à Andrew. Elle savait qu'il demandait sa juste pour briser la glace et entamait une conversation. C'était adorable de sa part.

Après quelques minutes, Super méchant Andrew décida de passer a l'action. La séance de gentillesse n'avait que trop duré. Et puis, Erica commençait a le faire salement flipper. Elle avait les yeux rivés sur lui depuis le début, il regard globuleux qui devenait gênant. Peut-être que ses copains avaient raison, peut-être que la jeune fille était amoureuse de lui. Berk.

"Erica, pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu m'as pris pour un de tes trucs de grosses que t'aimes trop bouffer ?" premier pic lancé, il en était fier. Il regardait le visage de la petite se décomposer. Il ne trouverait probablement jamais d'explication logique à son comportement, d'habitude il n'était pas un garçon si méchant. Sa sœur, l'ayant surpris une fois a se moquer d'Erica avec Christian, avait affirmé que si Andrew la vannait autant, c'était parce qu'il était amoureux d'elle, mais n'osait pas le dire a cause de ses quelques kilos en trop. Mais Juliet était une fille. Comme toutes les filles elle disait des bêtises. Andrew amoureux d'Erica était une bien bonne blague. Il n'était amoureux de personne et ne le serait jamais. Plus tard, il habiterait avec Christian, dans une maison immense et ils passeraient leurs journées à jouer aux jeux vidéos en mangeant des céréales. Aucune fille n'était prévue au programme de ce plan parfait.

"T'es sûre que tu ne sais pas pourquoi tu es toute seule ? C'est parce que tu n'as pas d'amis, Riri le gros kiri !!" ajouta-t-il en rigolant, sur un ton bien méchant.

Battant des cils face à son amour, Erica minaudait toujours quand Andrew commença à changer de ton avec elle. Quand il commença à lui demander pourquoi elle le regardait comme ça, Erica sentit son petite coeur brûlant d'amour s'accélérait. A peine, elle commençait à se sentir genre débile et se demandait si il avait repéré qu'elle était folle amoureuse de lui, qu'Andrew fit de méchantes allusion à sa corpulence, dirons-nous, assez importante. Elle avait l'impression de tomber et de ne pas s'arrêter, sa bouche était ouverte -ébahie devant la virage que le jeune Davies venait de prendre dans la conversation. Ses yeux commençaient par se remplir de larmes, elle était écoeurée par la méchanceté de son amoureux et l'effet qu'elle produisait en lui, du dégoût.

- Mais .. elle baissa la tête honteuse, ne sachant pas trop quoi rajouter à ce qu'il venait de dire.

Son souffle était court, elle était en état de choque. Bien sûr, on l'avait déjà insulté plusieurs fois mais c'était encore plus douloureux venant de la personne sur qui elle fantasmait jour et nuit. Ses rêves de "Madame Davies" s'envolaient comme toutes les colonnes écrites dans ses cahiers, elle se voyait déjà les brûler dans le jardin en rentrant et pleurer toute la soirée dans un coin de sa chambre. "Riri le gros kiri" qui n'a pas d'amis de surcroît, c'était une vérité : elle se mit à exploser en sanglant, le coeur meurtri par les paroles qu'Andrew avait tenu à son égard. Victime.

Spoiler:

Fin 2011, peu de temps après Noël Andrew marchait dans le quartier, se délectant du bruit de ses pas dans la neige, comme quand il était petit. Le garçon vivait dans une bonne humeur constante, depuis qu'il sortait avec Lou. Enfin. Sa quête qu'il menait depuis environ un an, était arrivée à terme. Certes, Naya ne risquait pas de lui pardonner de sitôt. Certes, Julian avait sérieusement amoché sa réputation en lui assenant ce coup de poing au visage. Mais Andrew s'en fichait. Depuis son retour, il avait bien senti que Lou l'attirait. Elle était différente d'avant, elle n'était plus simplement la copine cool parce qu'elle joue à des jeux de garçons. Elle était devenue une femme, avec les attributs féminins qui vont avec. A croire que, avant, quand elle était la petite amie de Christian, Andrew ne s'en était jamais rendu compte. Ou alors, elle était devenue bandante d'un coup.

Il devait aujourd'hui porter la bonne nouvelle, partout, tel un roi mage. Enfin, presque partout. Par exemple, il s'abstiendrait de passer par la maison vingt et un, refuge de son cher meilleur ami. Il devait encore réfléchir à une meilleure formulation que "eh bro, je me tape ton ex, ça va on est cool ?". Perdu dans ses pensées, il en sortit brusquement en apercevant cette jolie brune devant lui. « Bonjour jolie mademoiselle, on est nouvelle ici ? Ça vous tente un petit tour avec le meilleur guide du quartier ? » Envolé, l'image de Lou. Envolé, son statut tout frais de mec engagé. C'était encore trop récent pour y penser, quand il croisait une jolie jeune femme.

Les cartons étaient presque finis d'être déballé, Erica jugea bon de partir faire un tour de dehors. Elle n'avait pas vraiment eut le temps d'allé redécouvrir Magnolia, qu'elle avait quitté il y a déjà bien longtemps. C'était l'occasion, encore une longueur de scotch à enlever et Natalie et Erica finiraient par s’entre tuer. Erica avançait sans trop savoir où allé, elle ne savait pas par où commencer. Elle allait droit devant en direction du parc. Elle ne ferait pas le nouvel an à Chicago, hélas ... Mais après tout, c'était elle qui avait décidé de revenir à Magnolia. Son regard croisa un garçon qui finit par l'aborder. A la première seconde où Erica se retourna, elle comprit tout de suite à qui elle avait à faire. Andrew Davies n'avait pas changé et Erica n'avait pas peiné à le reconnaître.

- Je ne pense pas être nouvelle ... dit-elle en laissant ses mots un peu en suspens. Erica Daniels.

La jeune fille lui fit un large sourire à moitié amusée par la situation, à moitié malicieux suite à sa faute. Erica était très rancunière, encore plus qu'à ses 10 ans. Les années avait passé, mais Andrew Davies restait le garçon qui lui avait brisé le coeur d'une façon plus qu'odieuse.

Quelle ne fut pas la surprise d'Andrew quand la jeune femme affirma ne pas être nouvelle. Laissant planer le suspense, il en profita pour se creuser la cervelle. Pourtant, cette jeune fille ne lui disait toujours rien. Quand elle se présenta, le coeur du garçon s'arrêta, une micro seconde, sous le choc. « Gros Kiri ??? » laissa-t-il échapper, sans s'en rendre compte. Erica était transformée, métamorphosée, un mélange de bombe et de femme fatale. Sur le coup, Andrew commençait à croire qu'il avait eu tort, de lui faire vivre un calvaire, étant enfant. Christian lui avait une ou deux fois affirmé que c'était sa faute, si elle avait quitté le quartier peu de temps après. Il n'en avait eu que faire, mais aujourd'hui il hésitait à regretter : les femmes fatales sont très dangereuses, et à la vue du sourire diabolique qui trônait sur son visage, Andrew aurait parié que, intérieurement, Erica rêvait de le découper en morceaux puis de l'incinérer. Le tout, en se délectant du spectacle.

« Dis donc Riri, tu t'es métamorphosée depuis la dernière fois ! Qu'est-ce que tu as fait toutes ces années ? » Il lui aurait bien demandé l'adresse du centre pour obèses qui lui avait chamboulé la façade, mais aujourd'hui Erica était assez svelte pour lui mettre un bon coup de pied bien placé, alors il garda sa question - pourtant amusante - pour lui. Désormais, si Erica sortait un chalumeau pour le brûler, et qu'il s'enfuyait en courant, elle était tout à fait capable de le poursuivre. Voire de le rattraper, Andrew n'avait jamais été très sportif, et il n'aurait pas atteint le bout de la rue que déjà son souffle haletant le forcerait à s'arrêter, et à tomber dans les griffes de cette nouvelle Erica. D'un autre côté, mince comme elle était désormais, elle n'avait plus la tonne de graisse nécessaire pour cacher ledit chalumeau entre deux bourrelets. Mais par principe de précaution, Andrew préférait se tenir sur ses gardes.

Le premier pique ne se fit effectivement pas attendre. Andrew laissa échapper une grimace, Erica était devenue l'égal féminin de son frère, un personnage détestable et moqueur. Il soupira, finalement l'ancienne lui manquait déjà. Être le dindon de la farce le fatiguait. Elle avait beau le railler, au fond il n'en avait que faire, ils n'étaient même pas amis. Andrew ne s'était jamais soucié de ce que les autres pouvaient penser de lui, ou des rumeurs qu'on pouvait colporter à son sujet. S'il ne s'agissait pas de personnes proches, ils pouvaient penser ce qu'ils voulaient. Et Erica collait parfaitement à cette règle. « Pourquoi tu "espères" que je n'ai pas une petite bite ? » demanda-t-il en mimant des guillemets avec ses mains, au mot opportun. « S'ils ne restaient que nous sur Terre pour repeupler la planète, je veux bien, mais excepté ça je ne vois pas ce qui motive ton espoir » Et puis, il était content d'être une crevette, au moins il ne prenait pas trop de place, et il ne défaisait jamais beaucoup ses draps quand il dormait. Et puis casser en deux sa copine quand il la prenait dans ses bras, très peu pour lui. ... Sa copine ! Il se frappa alors le front, se rappelant soudainement sa nouvelle relation amoureuse. « Moi ça va, même si tu n'as pas répondu à ma question, toi. Je suis des cours à l'université, Je suis revenu de Londres il y a 6 mois, j'y ai passé un an après le lycée. Oh, et j'ai une copine, qui a l'air satisfaite de mes performances, si ça peut rassurer ta grande inquiétude. » Oui, sa dernière phrase était pour se moquer de ses paroles saugrenues. Peut-être aurait-il dû d'abord s'excuser pour ce qu'il lui avait fait subir, dans le passé. Mais Erica était devenue trop mauvaise pour mériter des excuses. Et puis, il n'était pas maso, elle ne manquerait pas d'en profiter pour l'écraser. Et même si Ronflex s'était transformé en Skitty, son attaque attraction n'avait aucun effet sur lui.

« Mais pourquoi, pourquoi ? » demanda-t-il dans un soupir, les yeux rivés vers le ciel et emplis d'un désespoir profond. « C'est un sujet pourtant si passionnant » Il déconnait, et au passage prenait gentiment chaque parole d'Erica en dérision. Après quelques secondes de réflexion - peut-être trop courtes - il avait finalement conclu que Erica ne pourrait pas le brûler vif sur le trottoir. Elle semblait devenue une de ces barbies reine de la ville, comme Blair bidule dans Gossip Girl, cette série que regardait sa soeur. Et faire le sale travail n'était vraiment pas fashion. Certes, peut-être enverrait-elle plus tard un de ses sbires, ou son frère. Mais pour l'heure, il préférait continuer à rire, c'était bien plus plaisant.

« Traumatiser, moi ? Qu'est-ce que tu racontes ! On ne trouve pas plus gentil que moi à des kilomètres à la ronde ! » Il jouait avec le feu. Mais c'était soit ça, soit reconnaître qu'il avait été un traumatisateur de kiris par le passé. Or, s'il ne s'excusait pas ensuite, il allait s'en vouloir, au moins un petit peu. Or, ne voulant ni passer pour un connard, ni s'excuser, jouer la carte du "j'étais jeune je ne savais pas ce que je faisais" paraissait la meilleure solution à ses yeux. Et puis, frigide comme elle était devenue, elle risquait bien vite de se lasser de sa compagnie, et de le laisser là. Si elle le souhaitait, il était même ok pour lui laisser le dernier mot de leur conversation incongrue. « Et euh ... Oui j'avais bien vu que tu n'étais plus une bouboule, et que tu étais revenue. Je veux dire, tu te tiens là devant moi, forcément tu es revenue. Et puis je ne dois plus être capable de me cacher derrière toi, donc forcément tu as fondu. Magique d'ailleurs, c'est naturel ? Opération ? » Si Erica finissait par trahir son code des bonnes convenances, et à l'attaquer sur place, il ne pouvait pas dire qu'il ne l'avait pas cherché. « Et c'était bien, Chicago ? » demanda-t-il, l'air de rien, en passant du coq à l'âne. C'était plus fort que lui. Au fond, il regrettait son comportement d'avant, mine de rien ce n'était pas très gentil. Mais il détestait encore plus s'excuser, alors il faisait vite le calcul. Jouer au petit plaisantin et passer pour un connard fini, c'était plus appréciable, comme situation.

Erica était devenue une personne tellement détestable, Andrew en regrettait presque l'ancienne. Petite, Erica était drôle, principalement parce qu'elle ressemblait à un Ronflex certes, mais c'était rigolo. Désormais, elle s'était transformée en une poupée barbie hypocrite et glaciale, prête à le foudroyer du regard à la moindre remarque de travers. Aussi, Andrew n'étant pas à ce point masochiste, il préféra ne pas trop la titiller.

« Volonté et ambition ? Je retiens ... mais pour l'instant je n'ai pas besoin de miracles : je n'ai jamais été obèse moi ! » bon, d'accord, il la provoquait peut-être légèrement, mais ce n'était pas bien méchant !

C'est alors que la jeune fille vanta les mérites de Chicago. Aussitôt, Andrew se demanda pourquoi elle n'était pas restée là bas, puisque Magnolia ne semblait plus être assez bien pour elle. Trop classique, pas assez branché, probablement.

« Mais alors, pourquoi être revenue, si Chicago était mieux ? » Peut-être que princesse Erica n'avait pas été capable de régner sur une si grande ville, et s'était donc rabattue sur un quartier de moindre importance. Tout ça le faisait déjà bien rire, mais il se retint de toute remarque supplémentaire. Il avait déjà regardé Gossip Girl une ou deux fois, et les filles là dedans pouvaient être très méchantes quand elles le voulaient. Il ne voulait pas faire les frais de Erica 2.0.

« D'accord d'accord, mais je t'assure je ne vois pas en quoi volonté et ambition pourraient m'aider. Mais je note, sait-on jamais, si je fais une overdose de mcdo un jour, je ferai appel à eux. » conclut-il, toujours en se moquant délibérément d'Erica.

Honnêtement, il trouvait toute cette conversation avec Erica bien trop prise de tête, compliquée, ennuyante. En gros, elle le barbait, et il se creusait en vain les méninges pour trouver une sortie de secours, s'échapper de cet enfer. Enfin, il crut apercevoir une opportunité.

« Ah okay, c'est vrai être avec sa soeur c'est cool, je connais » commenta-t-il sans grande utilité. « En parlant de maison, tu rentrais chez toi là peut-être ? Je ne voudrais pas t'occuper plus longtemps » les doigts croisés dans son dos, il priait pour que Erica saisisse l'occasion et arrête de l'enquiquiner avec ses potes volonté, ambition et autres.

Son stratagème ingénieux fonctionna, Erica n'y vit que du feu et tomba dans le panneau. Fier de lui, Andrew réprima cependant ses émotions, afin de ne pas crier victoire devant la jeune fille. Elle avait quand même l'air un peu moins bête que quand ils étaient petits.

« Je te souhaite un bon café alors, j'espère qu'on se reverra à l'occasion ! »

Ce qui était totalement faux, en fait. Andrew espérait croiser Erica le moins possible. Heureusement, pour l'instant, ils ne fréquentaient pas le même établissement scolaire, puisqu'elle était encore une petite. De même, ils n'avaient certainement pas les mêmes activités : Andrew était un rebelle du skatepark, Erica une petite peste du centre commercial. Restait les fêtes de voisinages, où il ne manquerait pas de la voir, elle et sa haine qu'elle lui vouait. Il se savait fautif, il n'avait pas été des plus gentils durant leur enfance. D'un autre côté, c'était grâce à lui, que la jeune fille s'était forgée un tel caractère et, plutôt que de le haïr, elle devrait plutôt le remercier. En y pensant bien, Erica était là où elle était aujourd'hui grâce à lui. Sans Andrew, elle serait encore une petite boulotte dont tout le monde se moque. Et c'est l'air fier de lui que Andrew finit par tracer sa route, loin de ce monstre qu'il avait créé.