Hello Mrs ∞ suzzie

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Ding. Dong.
Regardant du coin de l'oeil les petites décorations posées sur la fenêtre, Julia patientait devant la porte des Dekker en espérant vraiment que Zach soit là. Elle avait envie de le voir, il lui manquait, voilà tout. Et étant donné que la Fitzgerald ne connaissait rien de son emploi du temps - et Zach aurait beau le lui donner, elle l'oublierait - elle jouait sur la chance pour tomber sur un jour où il ne travaillait pas. Elle en avait peu, mais qui ne tente rien n'a rien. Il bossait trop, de toute manière. Ça ne lui laissait plus de temps ni pour lui ni pour eux et ça commençait à ennuyer Julia. La porte s'ouvrit et Julia se retint de se précipiter sur la personne qui apparut ; qui n'était non pas Zach mais sa mère.

« Bonjour Madame Dekker. Est-ce que Zach est là ? »

Julia n'espérait pas à tomber sur elle. À vrai dire, elle ne la voyait pas souvent, encore moins chez les Dekker et s'attendait plus à voir Mitchie que Suzzie, à la rigueur. Si ce n'était pas Zach qui lui avait ouvert, est-ce que cela voulait dire qu'il n'était pas présent ? Elle avait vaguement pris connaissance de la situation familiale, comme quoi c'était Zachary qui gérait la famille et rien que pour ça, elle lui tirait son chapeau parce qu'à cet âge, Julia ne jurait que par les fêtes et la glande - ce qui l'avait amené aujourd'hui à être forcée par ses propres parents à trouver un job, soit dit en passant. Mais ça devenait gênant de ne plus pouvoir se voir parce qu'il bossait. Pourquoi est-ce que sa mère ne faisait rien, elle qui était là cet après-midi ? Julia avait bien compris le principe, elle : elle avait laissé tout le boulot à ses parents. Bon, aujourd'hui, elle payait plus ou moins pour ça mais de toute manière, c'était le rôle des parents non ? S'assurer du bien-être de leurs enfants. Or, Julia avait bien remarqué que Zach n'avait pas l'air bien du tout dès qu'il s'agissait de ses parents. Bref, c'était d'une extrême à l'autre dans ce couple : l'une n'arrivait pas à se lancer dans le monde du travail, l'autre ne pouvait pas s'en détacher.

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Hello mrs →

Julia & Suzzie
★★★★★★

Au rythme effréné d’une chanson bien vivante de Joan Jett, j’essayais de corriger quelques dictées rendues la veille par les élèves en soupirant fortement. J’aurai bien voulu pouvoir lâcher ma tâche et bouger au rythme de « Bad Réputation » mais sérieuse –pour une fois- je restais sagement assise écoutant les dernières notes de la musique qui laissa vite sa place à une autre, plus détendue cette fois. Je pouvais tenter de me reconcentrer. Love is like a flame, burns you when it’s hot. Love hurts, love hurt. Cause abandonnée. Comment me focaliser sur “lé deux chiens blen” du jeune David alors que les paroles pleines de sens de « Love Hurt » résonnaient. Solution simple. Couper le son. Maintenant levée pour cela, je décidais qu’un café et les biscuits au chocolat achetés précédemment pourraient gentiment m’accompagner dans la fin de la correction. La tasse en main et l’assiette remplie devant les yeux, j’écoutais le calme de la maison. Zachary était parti de bon matin pour je ne savais quelle course urgente et Mitchie avait profité de sa journée et du fait que je sois tranquillement à la maison corrigeant mes copies pour partir du côté du centre-ville. Il aurait bien été mesquin de ma part de supplier Mitchie de rester avec moi, moi qui étais toujours de sortie et ne respectais aucun horaire –bien que ce soit moi qui les ai instaurés-. Je ne pouvais m’imposer soudain en “mère poule ” qui voulait passer la journée avec sa fille, même si c’était le cas. Je lui avais donc souris un coup, lui préconisant la prudence et étais retournée à mes copies. Je payais un peu mon manque d’attention et de maternité de ces derniers temps. Le pire était qu’avec même toute la bonne volonté du monde, j’avais beaucoup de mal à me sortir de cette attitude récurrente. Le psychothérapeute que je n’avais consulté qu’une fois, lui, avait simplement dit que c’était ma punition, que je me punissais seule de n’avoir su garder la famille unit même si dans les faits, je n’étais certainement pas coupable. Lorsqu’il m’avait dit cela, je me souviens l’avoir regardé, certaine que je ne remettrais plus les pieds dans son cabinet, que mon argent venait d’être jeté par les fenêtres et que la psychanalyse à de deux balles ne valait rien. Mais finalement, après plusieurs mois à y réfléchir, son raisonnement pouvait se tenir … un minimum. Je préférais ne pas retourner à mes réflexions, j’en oublierai les dictées et je devais impérativement les achever pour demain.

De retour au bureau, je passais un petit moment, plongée dans ma tasse de café et les copies avant d’entendre frapper. Gênée d’avoir de la visite alors que le travail n’était pas fini et néanmoins amusée de pouvoir sortir quelques instants des fautes de grammaires et d’orthographes, je me dirigeais vers la porte qui s’ouvrit sur une jeune personne que je connaissais tout juste. Principalement connue au travers des mots de Zach, la jeune Julia me faisait bonne impression et, de toute façon, mon fils étant assez grand pour savoir choisir sa petite amie, je ne pouvais qu’émettre un avis lointain sur tout cela. « Bonjour Julia. Zachary n’est pas encore rentré mais il ne devrait plus tarder, ça fait un bon moment qu’il est parti. » Souriant gentiment à la demoiselle que j’essayais de ne pas analyser pour ne pas m’immiscer dans leur relation, je rajoutais : « Tu peux l’attendre dans la maison, j’ai ouvert un paquet de biscuits au chocolat et tu pourras toujours m’aider à le vider ? » Je m’esquivais de l’embrasure de la porte pour la laisser passer si elle le souhaitait et gagnais la cuisine juste à côté en lançant : « Tu veux quelque chose à boire ? » Je n’avais pas attendu que Julia décide ou non d’entrer et un peu gênée bien que bizarrement enthousiaste, cette question avait été la seule trouvée pour me donner la meilleure contenance possible.

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Julia s'en doutait : Zach n'était pas là. Sûrement au travail, pendant que sa mère restait à la maison à manger des biscuits au chocolat. Julia fut si vite prise de court qu'elle ne sut que répondre ; alors c'était donc ça, elle se la jouait maman cool alors qu'en vérité son fils était forcé de ramener lui-même de l'argent parce qu'elle ne faisait rien, se contentant de manger des biscuits au chocolat toute la journée. Au dépend de leur couple. Oui, Julia avait peur que cette situation nuise à leur amour ; après tout, c'était souvent ce qu'il se passait dans ces cas là. Les deux personnes ne se voyaient plus, se parlaient à peine et au final, ils n'étaient plus l'un pour l'autre que deux inconnus qui se croisaient une fois sur deux. Alors même si leur relation était récente, ce n'était pas ce que Julia voulait et clairement, Zach non plus. Ils s'efforçaient de se retrouver dès qu'ils le pouvaient mais ça devenait compliqué, avec leurs emplois du temps respectifs. Ainsi, Julia pensait sincèrement qu'elle aurait pu le croiser s'il n'était pas obligé de bosser autant parce que sa mère ne le faisait pas. Et cette dernière osait afficher un sourire heureux, comme si de rien n'était, comme si Julia venait vraiment pour prendre un verre avec elle.

« Euh, non. » répondit-elle en entrant. « Merci. » ajouta-t-elle en se disant qu'il valait mieux se montrer polie si elle ne voulait pas que sa belle-mère s'invente des préjugés. La maison n'avait pas tellement changée ; propre et rangée – et ce sûrement par Zach – des feuilles trainaient cependant sur la table de la cuisine près de laquelle Suzzie s'affairait. Ledit paquet de biscuits au chocolat trônant à proximité. En jetant un œil vers le salon, Julia put voir que les photos étaient toujours sur le manteau de la cheminée, à la même place que la dernière fois qu'elle avait fait une remarque là-dessus, le lendemain de son agression, à laquelle Zach avait répondu d'un ton sarcastique que "ce temps-là était cool". Les clichés avaient toujours cette tête de jeune qui riait, avec sa sœur et sa mère, en train de faire les fous, expression que Julia ne lui connaissait pas en présence de sa famille. Que s'était-il donc passé pour que tout change ainsi ? Pour que Zach change ?
Julia se demanda soudain si Zach avait parlé de leur relation à sa mère. Après tout, si celle-ci lui avait proposé d'attendre son fils à l'intérieur c'était seulement parce que la Fitzgerald avait voulu savoir s'il était là. Et de ce qu'elle en savait, Zach n'était pas du genre à se confier à sa mère. Alors même si tout le quartier était déjà au courant de tout ce qu'il s'était passé entre eux, peut-être que Suzzie Dekker n'avait pas l'habitude d'aller zieuter le site de Dirty Secret – ce qui valait mieux, Julia ayant la fâcheuse tendance de se retrouver dans des affaires affichées publiquement par l'anonyme.

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Julia & Suzzie
★★★★★★

Je n’étais pas plus à l’aise que n’importe qui face à l’inconnu. Et Julia était un peu … l’inconnu. Je l’avais déjà vu, nous avions pu user des termes de politesses et d’usage mais la chose s’était arrêtée là. Je ne connaissais d’elle que ce que Zachary avait bien voulu m’en dire. J’avais une bonne impression d’elle, ne serait-ce que parce qu’elle avait été choisi par mon fils mais finalement, je n’avais pas véritablement d’opinion à moi. Si la situation avait été un peu différente, si elle était arrivée avec Zach et que nous ayons pu parler plus … librement, sans doute que je me serais permise de nombreuses questions mais actuellement, je doutais que cela soit bien pris par Julia. Oh et puis qu’est-ce que cela pouvait bien faire ? Je n’allais pas l’interroger sur des maladies potentiellement transmissibles ni même lui faire un topo des précautions habituelles … ils étaient assez grands et mon statut de mère de ce côté-ci n’était plus vraiment valable. Je souhaitais juste apprendre à la connaître, rien n’interdisait cela et tout partait d’un bon sentiment. Prenant le temps de la réflexion, soit une à deux minutes, j’en profitais pour ranger sur un coin de table les fameuses copies de mes petits élèves, j’aurai bien le temps de finir tout cela ce soir.
Loin de me douter de ce que pensait véritablement Julia de moi, je me contentais de me questionner sur ce que Zachary avait bien pu lui dire à mon sujet. Certainement s’était-il plaint à juste titre de mon manque de maturité dans de nombreuses situations, de mes sorties nocturnes et de tous ces défauts qui lui rendaient la vie infernale. Julia devait être son confident sans aucun doute et si en vérité, l’avis de la jeune femme m’importait peu, je ne désirais pas paraître plus horrible que je ne l’étais. Vague sourire nostalgique en pensant qu’il fut un temps où je pouvais me targuer de faire preuve de responsabilité tout au long de la journée sans pour autant me départir de cette part d’immaturité.

Retour au présent, j’avisais le coup d’œil de Julia en direction des photos de famille et me demandais soudain si un jour, tout ce qui n’avait pas été dit ressortirait sur le devant de la scène. Je n’étais pas sûre du bien que cela ferait … Certains secrets de famille devaient le rester tandis que d’autres, pour le bien de tous devaient ressurgir un jour ou l’autre. De préférence un autre jour, un jour très lointain si possible ! Et pourtant, je me doutais que viendrait le moment où une question viendrait, de Zachary sans doute, sur ce qui avait changé leur famille. « Il a un tel sourire … je regrette qu’il ne le montre plus comme avant … » Je parlais du sourire de Zachary bien sûr et pourtant, il n’était pas seulement question de cela. C’était comme une réflexion inconsciente sur un passé regretté ou plutôt sur une part de regret. Je regrettais surtout qu’il ne soit plus ce jeune homme, en partie par ma faute. « Tu peux t’asseoir si tu veux. » Déjà oubliée la petite phrase nostalgique. « Vous aviez prévu de sortir aujourd’hui ? » Petite question dans le but de faire la conversation. Je n’osais pas trop en avancer dans mes questions, je connaissais leur relation mais rien ne m’avait été confirmé par Zachary. Je préférais en apprendre le plus possible en restant évasive. Tout dépendait de ce que répondrait Julia.

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Ces moments de silence, où plus personne ne disait un mot, embêtaient Julia. En général, elle ne trouvait rien à dire et rester debout à attendre Zach, avec sa mère dans la même pièce, la gênait. Elle n'aimait pas non plus beaucoup l'idée de parler avec son interlocutrice. Elle connaissait Suzzie seulement par ce que Zach lui avait raconté et autant dire que ce n'était pas ce qu'on pouvait espérer de plus glorieux. Bien sûr, Zach essayait de remettre la situation en question en parlant de ces moments où il avait adoré sa mère, mais l'idée principale que Julia s'en était faite restait, indéniable. Par politesse et pour avoir déjà vécu ce genre de choses, elle essayait de ne pas aller trop vite et d'attendre de mieux connaître Suzzie avant de s'en faire une option hâtive. Mais c'était dur.
Suzzie avait vu le petit regard de Julia vers les photos et n'avait put s'empêcher de répondre. Elle aussi avait remarqué que le sourire de son fils avait changé ; c'était déjà ça. Mais aussitôt évoqué, elle changeait de sujet. Au lieu de s'asseoir, Julia se rapprocha juste de la table au centre de la cuisine et y posa les mains, histoire de se donner une contenance. La question de sa belle-mère lui parut déplacée. Lui répondre ne dérangeait pas la blonde, même si elle craignait quelque peu que les questions ne se suivent, mais elle avait bien remarqué que cette femme tentait de parler d'autre chose.

« Oui, on a... l'habitude. »

Ça faisait quand même étrange de dire ça à la mère de son copain. Mais elle devait quand même se douter que son fils ne se consacrait pas qu'à son travail ? Déjà qu'il y passait du temps - trop de temps - encore heureux qu'il sortait de temps en temps. C'était d'ailleurs grâce à ces fêtes que Julia et Zach avaient pu se rapprocher et apprendre à se connaître.

« Je l'ai déjà vu avec ce sourire. Quelques fois. »

Julia ne revenait pas sur le sujet pour embêter sa belle-mère, mais simplement pour comprendre. Des dizaines de questions lui rongeaient les entrailles mais elle s'interdisait de les poser à Zach parce qu'il lui avait bien fait comprendre que ce n'était pas un sujet qu'il souhaitait aborder. Mais d'une certaine manière, elle savait que sa mère avait les réponses à ses questions. Un sourire, ça ne disparait pas tout seul, il faut quelque chose pour l'aider à partir. Et Julia ne mentait pas en affirmant avoir déjà vu Zach l'arborer ; mais le même que celui sur les photos se faisait rare, dans les cas où il n'était pas changé.

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Julia & Suzzie
★★★★★★

En présence de Julia, je tenais à éviter d’enfiler mon nez de clown tout en veillant à ne pas trop m’immiscer dans quoi que ce soit vis-à-vis de Zachary et donc par liaison, à Julia. Entendre dire de la bouche de sa petite amie que Zachary parvenait tout de même à avoir une vie de jeune me rassurait grandement. J’étais responsable de son statut de travailleur alors que l’étiquette étudiant devrait encore lui être imposé et si je voulais changer, chose quasi impossible, je voulais avant tout que mon fils garde pour lui sa jeunesse et ne se détruise pas dans un travail qui n’avait pas franchement d’avenir. « C’est bien. C’est bien … » Je me laissais entraîner dans mes pensées qui, pour une fois, semblaient bien adulte et en oubliait presque la présence de Julia. « Vous deux … vous êtes … ensemble, c’est ça ? » J’affichais sans le vouloir un sourire qui représentait ce que je ressentais au fond. Qu’ils soient ensemble était en soit quelque chose qui me faisait plaisir. Pour Zachary, qu’il puisse avoir quelqu’un sur qui compter comme Julia et se sentir à l’aise avec elle. C’était tout ce qu’il me fallait pour être, semble-t-il, contente.

Les souvenirs remontaient bien facilement à l’énoncé du sourire perdu de Zachary. Ce sourire qui me rappelait bien souvent qu’il n’était pu ce petit garçon dont j’étais si fière, comme toute mère l’était à la vue de son enfant. Il avait grandi et mûri. La rapidité avec laquelle les choses s’étaient passées n’était pas sans me permettre de me souvenir du départ du père de Zach. Un peu en même temps qu’il avait décidé de disparaître, mon fils s’était retrouvé à supporter le poids trop lourd d’une famille et d’une certaine manière, la tristesse de voir partir son père n’avait pu s’évacuer si simplement. Il paraissait parfois désinvolte sur le sujet mais le connaissant, je supposais aisément que des questions demeuraient encore. Des questions auxquelles je ferais tout pour ne pas répondre. Je ne savais pas bien si c’était plus pour moi ou pour eux, Zachary et Mitchie mais les réponses pourraient peut-être être plus désastreuses que bonnes. Je détestais mon ex-mari par certains égards mais je ne voulais pas que mes enfants aient ce sentiment vis-à-vis de l’un ou l’autre de ses parents. Parent … terme que je n’osais même plus employer auprès d’eux en parlant de moi comme si ce statut m’avait été destitué depuis ces cinq années. J’aimais et détestais à la fois cette part de moi qui avait trouvé refuge dans mon côté adolescente perpétuelle, le rendant bien plus présent qu’il ne l’était avant. Je sortais, je vivais parfois au jour le jour et ne m’occupais pas de la maison comme toute ménagère appliquée. La seule chose qui me cadrait un peu était mon emploi. Je savais me montrer responsable lorsqu’il s’agissait d’assiduité au travail et de rendement. Sans compter que j’aimais ce travail. Évoluer avec des enfants n’était peut-être pas ce que j’avais prévu pour moi étant plus jeune mais maintenant que j’étais plongée dedans, je ne pouvais que me dire que ce choix n’était pas si mauvais. Et une seconde chose encore, paraissait me laisser un semblant de maturité : l’amour que je vouais à mes deux enfants. C’était si simple et difficile à admettre à la fois. Je ne cachais pas mes sentiments devant eux, bien sûr mais je n’étais pas certaine qu’ils se rendent encore compte qu’ils étaient les plus précieux, un cadeau si unique … Et alors, je pouvais espérer expliquer mon comportement. Je pensais sans doute au début, que mes sorties multiples permettraient à Zachary et Mitchie de ne pas supporter leur mère un temps et surtout de ne pas me voir tel que je pouvais être au moment du divorce. Il s’avérait pourtant que, finalement, cette attitude soit plus moi une protection qui devenait de plus en plus ancrée et dont j’avais de plus en plus de mal à me défaire. Sans compter sur mes nombreux moments maladroits qui rajoutait à mon comportement, la part ridicule qu’il lui manquait. Et tout cela, tout ce rassemblement d’attitudes et de comportements avait quelque peu fané le sourire de Zachary. « Quand nous étions au complet, Zachary ne perdait pas souvent son sourire. Il y avait toujours l’un de nous deux pour tenter de lui en arracher un... C’est bien de savoir que tu lui ramènes ça. » J’avais commencé à penser à haute voix avant de me souvenir que Julia entendait mes paroles. Oui, il fut un moment dans ce passé qui semble tellement loin où nous pouvions espérer avoir la vie heureuse de toute personne vivant dans un quartier paisible et où mon mari s’intéressait à sa famille. Il s’occupait de Zachary puis de Mitchie quand elle est arrivée mais déjà apparaissait-il qu’avec elle, sa motivation avait baissé, rien n’était véritablement remarquable mais je n’étais pas passé à côté, ça avait été si flagrant pour moi. Sans doute que cela s’était passé ainsi parce que Zachary était le premier et que déjà, à l’époque, il n’était plus vraiment là. Je me demande maintenant, après tout ce temps, comment je n’avais pu rien voir, rien remarqué. J’étais persuadée de vivre une vie de famille simple et je me complaisais à placer des œillères là où il le fallait. C’était sans doute en partie pour cela que le réveil, il y a cinq ans, avait été dur, très dur. Chassant tout cela de ma tête, me rappelant que je ne voulais surtout pas y penser, je me servais un verre d’une boisson qui était restée sur le plan de travail de la cuisine avant de m’asseoir simplement sur une chaise, jetant un coup d’œil à l’horloge murale. « J’espère que Zachary va bientôt rentrer. Je n’aime pas du tout quand il passe trop de temps dans ce fast-food. Il en ressort toujours exténué. »

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Qu'avait-il pu se passer pour que ce sourire se fasse aussi rare ? Comment un père, qui était avant présent et aimant, avait-il pu partir du jour au lendemain sans un mot ? En laissant sa femme, seule, à la charge du reste de la famille. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Suzzie en avait été incapable. C'était donc Zachary qui s'en était chargé, trop responsable et mâture qu'il était pour son âge, alors que n'importe quel autre adolescent de seize ans serait resté immobile, les bras ballants, en demandant le repas du soir. À qui Julia devait-elle exactement faire ses reproches pour toutes ces tâches de trop imposées à son copain ? Zachary ? Non, ce n'était pas de sa faute s'il en était arrivé là et lui aussi le disait – ou du moins Julia le voyait d'elle même –, il en avait plus qu'assez. Mais il continuait, parce que lui contrairement à d'autres était conscient que s'il cessait ses efforts ça irait très mal pour sa famille, et ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Peut-être était-il trop mâture, dans le fond. Devait-elle en vouloir à son père ? Oui. S'il n'était pas parti, peu importe la raison qui l'avait poussé à faire une telle chose, rien de tout cela ne serait arrivé, et Zach serait toujours en train d'étudier, avec son éternel sourire ; non pas en train de l'afficher tant bien que mal à des clients dans un fast-food entre frites et hamburgers. Mais à quoi bon désapprouver les actions d'une personne qui était on ne savait où aujourd'hui, sûrement loin d'ici ? Même le fait que Julia soit de son côté ne rassurait pas forcément Zach, qui garderait toujours au fond de lui un instinct de protection envers sa famille. Alors Julia accusait sa mère. Si Suzzie avait eu le courage de prendre ses responsabilités, même si son ex-mari avait décidé de se faire la malle, tout le monde irait beaucoup mieux. Ce n'était pas l'enfant qui devait jouer à l'adulte ; à croire qu'elle n'avait pas bien pris conscience du mode d'emploi Avoir un Enfant. Et aujourd'hui, au lieu de tenter de réparer son erreur irréparable, elle se contentait de rester chez elle à manger des chocolats pendant que son fils se fatiguait à la tâche. Et elle osait encore prétendre ne pas apprécier qu'il passe trop de temps à travailler. Julia avait envie de crier, pour laisser sortir tout ce qu'elle avait sur le coeur. Comment cette femme pouvait-elle continuer encore et encore ce petit manège ? Pourquoi ne se rendait-elle pas compte du monde autour d'elle ? Mais la Fitzgerald se retint, se disant que Zach n'apprécierait pas qu'elle agisse comme ça. Mieux valait ne pas lui ajouter de tensions entre sa mère et sa copine. Pourtant le côté rancunier de Julia ressortait plus fort que jamais en cet instant et il était très dur pour elle de le calmer. Prudemment, elle se risqua une réponse.

« Oui. On est ensembles. »

Zach lui en avait donc parlé. Il restait proche d'elle, malgré le mal qu'elle lui faisait ; c'était peut-être une bonne chose dans le fond, signe que Suzzie restait une mère pour lui – peut-être aussi le signe que celle-ci faisait enfin des efforts. Et Zachary était assez grand pour savoir à qui il pouvait se confier ; dans le cas contraire, Julia serait là pour le rassurer. Parce que non, elle n'allait pas prendre sa belle-mère comme bonne amie et se mettre à lui raconter tout ce qu'il lui passait par la tête. En ce moment, ses pensées étaient plutôt négatives, en particulier pour Suzzie.
Celle-ci semblait décidée à poursuivre ce jeu qu'elle avait lancée ; parler du passé puis détourner la conversation sur autre chose. Manque de bol pour elle, Julia l'avait repéré et ce changement de débat ne marchait pas avec elle. « Il y avait toujours l’un de nous deux pour tenter de lui en arracher un... » L'un de nous deux ? Au premier abord, la Fitz' s'était dit qu'il s'agissait de Zachary et de sa mère ; tellement complices, dans le temps, qu'ils ne perdaient jamais le sourire l'un en face de l'autre. Mais vu de cette manière, la phrase n'avait plus vraiment de sens. Il s'agissait donc de Suzzie et son ex-mari. La Dekker semblait avoir autant envie de parler de cet homme qu'elle souhaitait l'oublier ; peut-être était-ce la raison pour laquelle elle changeait de sujet à chaque fois qu'elle estimait en avoir trop dit.
La question, à force d'entendre les confidences de Zach puis celles de sa mère à l'instant présent, lui brûlait les lèvres. Julia s'empêchait autant qu'elle le pouvait de la formuler et puis, tout bien considéré, se demandait pourquoi elle devait tant s'en priver. Si cet homme était parti sans prévenir personne, les interrogations avaient dû fuser de toutes parts. De ses anciens amis, de ses collègues de travail, des connaissances de Suzzie, de Zach, de Mitchie. Difficile de faire d'un abandon une chose invisible à la curiosité de ses voisins. Cinq ans plus tard, Suzzie devait être au point sur sa réponse et quand bien même ce ne serait pas le cas, il serait temps.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé... Madame Dekker ? »

Au risque de paraître impolie. Julia n'en avait que faire ; ni elle ni personne d'autre ne pouvait plus prendre de gants avec Suzzie dès qu'on abordait ce sujet. Il était temps de la réveiller.

« J'veux bien comprendre que vous ayez divorcé, mais pourquoi du jour au lendemain ? Et pourquoi il vient pas prendre de nouvelles ? Au moins de Zach et Mitchie ? »

Cette situation ne pouvait pas être habituelle. Du peu qu'elle en savait – parce que Zach lui parlait très rarement de son père – celui-ci était vraiment parti du jour au lendemain. Sans prévenir. Sans un au revoir. Alors que la veille il continuait de prendre soin de sa famille. Pas étonnant que tous les Dekker soient atterrés par la nouvelle. Pourtant il fallait bien quelque chose pour provoquer ce départ subite. Et, sauf erreur, seule Suzzie pouvait être au courant.

Inspiration, quand tu nous tiens ♥

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Julia & Suzzie
★★★★★★

Je ne savais pas ce qui m’avait pris de parler ainsi face à Julia. De mettre des mots sur mes pensées et de dévoiler ce que je pensais finalement de la situation de Zachary. Une situation totalement dépendante de moi, de mon attitude dans cette famille. Ca je le savais et je n’avais pas besoin de concrétiser mes pensées à haute voix pour m’en rendre compte. J’espérais doublement que Zach revienne vite. J’étais presque gênée en présence de Julia et lui faire la conversation sans la connaître m’apparaissait comme une tâche ardue. Ce n’était pas la peur d’être jugée, je savais bien que quoique je dise ou fasse, chacun se forgeait son opinion mais c’était plus … arriver à rester en dehors de la relation Zachary, Julia et donc surtout, de rester neutre. Plutôt difficile comme tâche, avouez-le ! Il était bien facile de considérer chaque fille comme indigne de son fils mais ça n’aurait pas été judicieux de s’en persuader. Surtout dans le contexte actuel des choses. Il allait falloir que je contrôle mes pensées et que surtout, je ne m’ouvre pas trop devant Julia. La vie de famille Dekker, la regardait un minimum et je considérais que le minimum était ce que Zachary avait pu lui dire. Rien de plus.

Mais cela restait frustrant, il y avait tant de choses à dire et je ne pouvais jamais les dires à personne. C’était peut-être surtout pour que Mitchie et Zach n’apprennent rien mais quelques fois, pouvoir tout lâcher et se débarrasser de ça était tout ce que je voulais. Au lieu de quoi, tenir un journal devenait tout autant vital et me permettait de tout dire, de tout écrire. Bien sûr, j’avais dû penser, même dans celui-ci, à rester dans le flou dans le cas extrême où les enfants tomberaient dessus et le liraient mais j’avais au moins pu extérioriser un peu ce que je me complaisais à ne pas dire. C’était pesant certains jours de ne rien dire aux enfants pour ne pas les blesser. Sans compter qu’en leur disant maintenant, après tant de temps, j’avais peur qu’ils me haïssent durant les trente prochaines années. Le choix que j’avais alors à faire sur leur dire et ne pas leur dire était vite fait, les comptes étaient vite mis à jour. Je préférais garder cela pour moi. Après tout, j’étais reine de l’esquive et du changement de sujet, je saurais éviter d’avoir à leur dire ce qu’il en était.

Entraînée par mon but premier à ne rien dire, je faisais vite abstraction du monde autour et par prolongement, de Julia. Si ce n’était pas encore là une preuve de mon manque de maturité. Incapable de me concentrer sur une seule et même chose avant que mon esprit ne dérive ailleurs … Maintenant concentrée au possible sur Julia, préférant m’abstenir de trop penser à tout cela, celle-ci confirma ce qui semblait être une évidence soit : qu’ils étaient ensemble. Je n’avais rien à rajouter à cela. Zach était grand maintenant et savait faire ses choix, si Julia était ce qu’il lui fallait alors soit. Peut-être serais-je moins détendue et indifférente lorsqu’il s’agirait de Mitchie, ce n’était pas le même genre de tempérament, de personnalité et si je faisais confiance à Zachary pour savoir ce qu’il lui fallait et pour protéger sa sœur, je ne pourrais m’empêcher de dire un ou deux mots sur le choix que Mitchie ferait, j’en étais certaine. Ce n’était pas un manque de confiance ou quoique ce soit de ce genre mais Mitchie étant Mitchie … étant ma petite fille, la personne qu’elle trouverait ne passerait pas au travers de mon jugement.

De nouveau partie dans mes pensées, la question, les questions de Julia me prirent au dépourvu. Où ? Quand ? Il me fallut un moment avant de comprendre à quoi elle faisait allusion. Moi qui avais cru avoir su esquiver et changer de sujet avant que cela ne s’affiche au premier plan dans l’esprit de la jeune fille, j’avais tort. Je n’aurai pas dû en parler du tout. Je ne savais vraiment pas ce qui m’avait pris et je me détestais pour y avoir fait allusion. Évidemment que j’aurai du m’attendre à des questions ! Quelle idiote je faisais ! Julia avait beau être curieuse et sans doute en dehors de la route banalisée, ne pas répondre aurait été suspect, trop suspect. Je n’avais qu’à dire la même chose qu’à tous ceux qui posaient la question, ce n’était même pas faux e que je leur disais, c’était juste … ne dire que l’essentiel. « Ce qu’il s’est passé ? Il a trouvé ce qu’il lui fallait ailleurs … et il est parti, c’est aussi simple que cela. » Mais évidemment la jeune Fitzgerald n’était pas bête et le reste des questions avaient bien plus de mal à trouver une réponse adéquate parmi celles que j’avais pu fournir. Pourquoi du jour au lendemain ? Pourquoi ne prenait-il pas de nouvelles de ses enfants ? Parce que c’était un salaud doublé d’un enfoiré. Possiblement mais ça aurait été lui rejeter toutes les fautes et j’avais passé ce stade depuis quelques années. Alors quoi ? Je n’avais plus qu’à tenter une réponse simple, le plus simple sans doute, un peu trop simple peut-être. « Je n’en sais rien Julia. Il n’a pas eu le temps de me donner de plus amples raisons avant de disparaître. » Le mensonge n’était pas ce que je préférais. L’omission, je me débrouillais mais quand il s’agissait de mentir ouvertement, j’étais très médiocre. Pourvu que j’ai pu tout de même convaincre Julia car ma réponse était très nettement un mensonge. Ce n’était pas la meilleure façon qui soit de se débarrasser des questions embarrassantes mais tout lui dire pour que Zachary l’apprenne par son intermédiaire était hors de question, même hors de propos. « Je suppose qu’il a peur de la réaction des enfants maintenant. Il sait qu’il n’est pas parti de la meilleure façon possible et il ne veut pas entendre ce qu’ils pourraient lui dire. Il a laissé passer trop de temps et craint ce qui pourrait arriver. » Voilà qui était déjà plus vrai. Même totalement vrai. S’il était certain que mon ex-mari avait été un bon père bien que de moins en moins présent au fil des années, il était aussi certain qu’à présent, il craignait ses propres enfants. Ma réponse était alors totalement vraie et c’est en me rendant compte de cela que je commençais à stresser. J’avais agrémenté le tout d’un « je suppose » mais j’y avais mis tant de convictions que j’eus peur à mon tour que Julia comprenne ce que cela voulait dire. Je craignais qu’elle comprenne que mes suppositions n’en était pas et que j’étais au courant de plus de choses … jusqu’à connaître le ressenti de mon ex-mari … Trouver quelque chose à dire, vite. Mentir effrontément ! « En tout cas, il a disparu et personne ne sait ce qu’il est devenu, je n’ai donc pas plus de réponses que cela… »

[hj : j'ai vu ça Hello Mrs ∞ suzzie 2806429274

ça m'a donné matière à répondre même si *hum* j'ai mis un peu plus de temps que prévu à m'y atteler. ]

Invité

On dit que la curiosité est un vilain défaut. Mais n'est-ce pas préférable d'être curieux quand on sait qu'un proche souffre à cause de cette vérité qu'on cherche à connaître ? Bien sûr, Julia n'irait pas crier sur tous les toits ce que Suzzie lui révélerait – en partant du principe qu'elle n'essaierait pas de changer de sujet une fois de plus. Si elle avait quelque chose à dire à Zachary, elle devait le faire elle-même. Hors de question de servir de messager sous prétexte qu'elle était la petite amie de son fils. Cependant, ce n'était pas simplement en se disant que ces affaires ne regardaient que la famille Dekker que Julia arriverait à stopper sa curiosité. Elle ne voulait pas seulement comprendre, elle voulait aussi forcer Suzzie à se rendre compte que Zachary avait droit à la vérité. Parce que oui, la Fitzgerald en était sûre et certaine : Zach ne lui avait pas menti en disant que tout ce qu'il savait, c'était que son père était brûtalement parti. Par contre, Suzzie en savait plus que ce qu'elle avait raconté à ses enfants. Peu importe le fin mot de l'histoire, c'était toujours mieux d'être franche que cacher des choses. Par expérience, Julia pouvait dire que le mensonge provoquait plus de dégâts que la sincérité. Elle avait donc posé les questions qui la tracassaient, se fichant de paraître malpolie ou non. Et cette fois-ci Suzzie lui répondit sans chercher à divaguer sur un autre sujet. Julia s'approcha peu à peu de la table et prit une chaise, attentive aux paroles de Suzzie. Trouver ce qu'il lui fallait ailleurs ; pour elle ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose : Monsieur Dekker avait rencontré une autre femme et entamé une relation avec celle-ci. Soit. Se faire larguer était toujours mieux que se faire tromper.

« Il est parti sans vous expliquer ? Rien ? »

Julia n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir oralement. Plus ça allait et plus sa vision du père de Zach se détériorait. Même Henry Fitzgerald finirait par revenir, s'imaginant qu'on avait besoin de lui – ce qui n'avait jamais été le cas de la jeune fille.

« C'est sûr qu'il y a de quoi lui en vouloir... »

Après cinq ans sans nouvelles, en ayant disparu du jour au lendemain, il y avait de quoi avoir peur des réactions s'il s'avisait de revenir. Finalement, Julia ne savait pas ce qui était le mieux. Qu'il ne revienne jamais, laissant des questions sans réponses. Ou qu'il réapparaisse avec, de préférence, des réponses. S'il resurgissait, ça ferait forcément un choc. Mais peut-être qu'il serait prêt à aider Zach. Ce qui ne serait pas si mal. La Fitz se retrouvait coincée entre son avis et le caractère de son copain et elle préféra abandonner, se disant que ce choix concernait la famille Dekker.

« Et vous ? Vous diriez quoi s'il revenait ? »

Sans s'en rendre compte, elle avait pris une voix légèrement direct, sèche. Elle ne s'inquiétait pas à proprement parler du morale de sa belle-mère, loin de là. Mais Suzzie aussi aurait une réaction s'il revenait, elle s'était quand même fait lâchée du jour au lendemain, elle qui le connaissait le mieux dans le quartier. Et c'était bizarre qu'elle ne donne pas son opinion sur la question, elle qui d'habitude ne se gênait pas pour le faire.

Invité

Julia & Suzzie
★★★★★★

Je me prenais à espérer, prier pour que Zachary arrive et me permette d’esquiver d’autres questions. Je n’avais aucune envie de me trahir sans le vouloir. Mes changements de sujets avaient déjà semble-t-il moins bien fonctionnés que ce que j’espérais. Je n’avais aucune envie que la vérité ressorte maintenant. Un jour peut-être, j’aurai le courage de tout dire aux enfants en sachant que la réaction des deux ne serait pas pour me plaire mais pour le moment, la lâcheté était un bienfait que je cultivais comme il se fallait. Julia, avec ses questions, ébranlait tout cela et ma version des faits semblaient tenir en équilibre précaire. Cinq ans de quasi-mensonge pour en arriver là … ce n’était pas le moment de tout laisser tomber et de regarder ma tour de Pise s’effondrer. Comme si la conversation allait s’éterniser j’avais vu Julia s’asseoir finalement et écouter, attendre mes réponses. Gênant, très gênant. Elle était la petite-amie de mon fils certes, mais ce n’était pas une raison pour lui confier toutes les histoires de famille et l’inviter à vivre sous le même toit que nous. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’avais toujours voulu rester une mère avec un juste jugement des choses. Rester au milieu, n’être ni trop stricte ni trop laxiste. Et si je m’étais promis de laisser Zachary comme Mitchie vivre leur vie amoureuse comme il l’entendait, je ne voulais pas non plus que cela change tout à la façon de vivre de notre famille, à la façon de fonctionner. Et ce qui était sûr, c’était qu’en admettant que je dise la vérité à Julia, la vie de la famille changerait. Et pas vraiment en bien … C’était sans doute que j’avais ma part de responsabilité dans tout ça. Je ne l’avais pas vraiment retenu à son départ et de cela, Zach et Mitchie en souffrait encore aujourd’hui.

Aussi en entendant Julia demander si véritablement, il était parti sans donner d’explication, je ne pus retenir une grimace gênée. J’avais peur de faire passer mon ex-mari pour un monstre avec tout cela et ça n’avait jamais été mon intention mais je ne pouvais pas non plus revenir sur mes paroles. Je devais rester fidèle à moi-même. « Se justifier ? Le fait de partir était suffisant je pense. Il a dit qu’il partait et qu’il ne reviendrait pas sur ce qu’il avait prévu. Après ça, je pense qu’il n’y avait rien à ajouter. » Quand à lui en vouloir. Je lui en avais voulu oui, mais plus aujourd’hui. Je m’en voulais plus que je lui en voulais. C’était une situation que j’imposais à Zach et Mitchie maintenant encore et je me sentais plus responsable de cela que je ne l’étais sans doute. Je préférais ne pas répondre à la phrase de Julia. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment une phrase qui demandait réponse, plus une constatation de ce que pensait Zachary avec cette version des faits.

Sûrement une raison de plus de me prouver que Julia était une personne de bien et que je pouvais cautionner sa relation avec Zachary, elle demanda ce qui se passerait si, un jour, il revenait. Je trouvais que la conversation allait bien trop près des lignes dangereuses et sans doute qu’après cette question, je devrais redoubler mes efforts pour changer de sujet. Mais, pour rassurer Julia peut-être, me rassurer aussi et d’une façon lointaine, rassurer Zachary et Mitchie, je réfléchissais à ce qui se passerait dans ce cas-là. C’était bien sûr de l’ordre de l’imaginaire. Jamais il ne reviendrait. Mais ne serait-ce que pour me persuader que je n’étais pas complètement fermée aux possibilités diverses et variées, je devais chercher la réponse à cette question. A vrai dire, j’y avais déjà songé et la réponse s’imposait facilement. Je ne serais ni pour, ni contre. Il aurait le même accueil que je réservais aux démarcheurs bien qu’à eux, j’accorde plus de sourires … « Je ne dirais rien. S’il revenait ce serait pour Zachary et Mitchie. A eux de choisir ce qu’ils penseraient du retour de leur père. » C’était tout à fait ce qui se passerait. Je serais une spectatrice de ma propre vie et des retrouvailles hypothétiques voire imaginaires des enfants et du père. « Je n’aurai aucun pouvoir sur la situation et je n’ai aucune envie de diriger le sens de leurs retrouvailles. Ils sont assez grands pour savoir quoi penser. Je pense que je veillerais juste à ce qu’il ne les blesse pas plus qu’ils ne l’ont été à son départ. » Je n’étais pas très mère protectrice la plupart du temps. Je pensais à eux, me demandant ce qu’ils pouvaient faire à l’instant présents et s’ils allaient bien mais je n’étais pas l’une de celles qui les couvaient. Ils devaient apprendre à voler de leurs propres ailes et je n’avais plus vraiment de directives à donner. Pour moi, il valait mieux cela qu’une guerre mère-fils ou mère-fille sur telle ou telle décision que j’aurai prise.

« Je crois que Zach a oublié que tu passais ou simplement de rentrer. Tu devrais peut-être lui envoyer un message pour ne pas que tu attendes inutilement. » Esquive loin d’être fine, c’était tout ce que j’avais trouvé pour ne pas répondre à d’autres questions et pour ne pas développer plus mes réponses.

[hj : enfin de retour, je peux répondre ! je m'excuse pour cette absence imprévue et qui a duré.]

Invité

Julia n'aurait jamais pensé pouvoir s'intéresser autant à ce que racontait sa belle-mère, mais elle se retrouvait finalement assise à la table de la cuisine des Dekker, le menton posé sur une main, à écouter. Elle était bien loin de la gêne et de la maladresse qui l'avaient envahies lorsque Suzzie l'avait invitée à entrer. Il avait suffi d'un regard vers les photos sur le col de la cheminée pour engager une conversation sur Zach, qui avait ensuite dérivé sur son père. La Fitzgerald avait commencé à poser des questions, le sujet n'ayant jamais été beaucoup abordé, et elle en avait encore, certaines choses restant sans compréhension. Elle imaginait alors ce que ça devait être dans la tête de Zach, qui n'en savait pas plus qu'elle. Et Suzzie ne semblait pas prête à lâcher le morceau, pour peu qu'elle soit au courant de quelque chose. Selon elle il était juste parti. Parti sans une explication, sans un mot, même pas un au revoir pour ses enfants. Pour Julia, ce n'était pas possible. De ce qu'elle en avait entendu, oui Dekker était détesté pour ce qu'il avait fait, mais ça n'avait jamais été un sale type non plus. Et seuls les sales types pouvaient faire des choses de ce goût-là. À la réponse de Suzzie, Julia ne put s'empêcher de souffler :

« Oh le salaud... Euhmm, pardon, continuez. »

Il fallait voir les choses en face, il était bien le goujat qu'il ne semblait pas être au premier abord. Et le voir revenir ne serait pas forcément source de réconfort, pas après tant de temps passé sans lui. Au moins, la réaction qu'aurait la mère de Zach avait l'air d'être juste. À sa place, Julia doutait de pouvoir garder une telle objectivité, mais c'était tant mieux pour Suzzie.
La Fitz haussa un sourcil à sa dernière remarque. Oublier qu'elle passait. Moui, il existait de meilleures formulations... Mais Zachary se faisait attendre et Julia n'avait pas l'intention de rester dans cette maison jusqu'à la saint-glinglin. Elle se saisit donc de son téléphone, composa un petit sms comme quoi elle l'attendait chez lui, mais n'épilogua cependant pas sur le fait que sa mère était présente. Zach savait qu'elle ne la supportait pas aussi bien qu'il l'aurait souhaité ; c'était peut-être juger sans savoir mais la blonde ne pouvait tout simplement pas s'en empêcher. Pendant les quelques minutes que le garçon mit à répondre, les deux femmes restèrent silencieuses, ne sachant qu'ajouter à tout cela. Julia ne voulait pas se lancer dans une discussion qui la retiendrait plus longtemps ici, elles avaient déjà bien assez discuté, voire sympathisé, pour un bout de temps. La réponse de Zach était négative, il travaillait ; ils devraient donc se voir plus tard. De toute manière, cette entrevue avec sa mère avait retiré l'envie à Julia de voir le fils Dekker ; elle aurait certainement eu du mal à ne pas revenir sur la conversation qu'elle venait d'avoir.

« Il bosse. J'le verrais plus tard, au revoir ! »

À une remarque discourtoise, réponse discourtoise. Ou du moins, Julia ne laissa pas à Suzzie le choix des bonnes manières et se dirigea d'elle-même vers la porte avant d'être raccompagnée. Son scrupule était revenu aussi vite qu'il était apparu en présence d'adulte, et elle eut tôt fait d'être dans la rue, débarassée de sa belle-mère. En fin de compte, une porte fermée aurait été plus souhaitable qu'un entretien avec celle-ci. Belle-mère-belle-fille, d'accord, confidente, non merci.

RP FINI.

» ∞ Do you wanna touche me there ? Yeah ! ∞ Cameron & Jules
» Benjamin ∞ Nice to meet you ∞
» Journée cuisine ▬ Zachary ϟ Suzzie
» Je suis là pour toi, bien plus que tu le penses.. | John & Suzzie ♥
» Chérie, je suis encore de sortie ! ▬ Mitchie ϟ Suzzie

Hello Mrs ∞ suzzie

Hello Mrs ∞ suzzie

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