DS.net ne s'est pas abstenue de révéler au quartier l'erreur impardonnable qu'Adrian O'Conell avait commis quelques semaine plutôt. Une erreur dont il se serait bien gardé d'avouer, préférant plutôt laissant le temps faire les choses. Perdu, incapable de se confesser, il s'était pourtant préparé à toutes éventualités. Celui qui en temps normal défend ou accuse les autres devait à présent survivre à son propre procès. Il savait que Juliet ne laisserait rien passé, car après lui avoir avoué ses sentiments pour la jeune Sasha, Adrian avait déjà rompu le lien qui l'unissait à la jeune danseuse et désormais mère de son enfant. Elle allait certainement pleurer, crier, quitter Adrian et ne plus jamais rien lui pardonner. Il était allé trop loin cette fois-ci, et il n'y avait plus grand chose à sauver. Adrian en était conscient, il avait joué sa dernière carte, et risquait de tout perdre. Lui qui pourtant se sentait plus fort que les autres se rendait bien compte qu'il s'était fourvoyé pendant tout ce temps. Il ne savait pas encore comment il allait pouvoir faire face à un tel affront, à une telle confrontation... il avait simplement peur, mais se gardait bien de le montrer à quiconque. Il s'éloignait de plus en plus des personnes à qui il s'était pourtant attaché toutes ces années, préférant affronter le problème seul, sans l'aide de personne. Et comme on dit, il était bien seul dans sa merde. Le grand roi de Magnolia avait chut de son trône, sans même s'en apercevoir.

L'article venait de tomber, tous recevant cette petite notification tant redoutée sur son téléphone. Il avala sa salive, se disant qu'il ne pouvait plus y échapper, qu'il allait devoir faire face à la déception, aux larmes, à la colère de celle pour qui il avait si longtemps éprouvé des sentiments. Il pensait à Sasha, qu'il n'aurait peut être jamais du suivre, qu'il n'aurait peut être jamais du aimer... Mais il pensait surtout à Juliet, pour qui il était prit d'un profond regret d'avoir si facilement fait voler leur fiançailles en éclat. Il regrettait amèrement les années de bonheur qu'ils avaient partagé ensemble. Comme le suicidaire qui saute par sa fenêtre et voit sa vie défilé sous ses yeux durant sa longue chute, Adrian replongeait jusqu'à plus de 10 ans en arrière et constatait difficilement qu'il venait de tout gâcher en couchant avec Sasha. Il pensait à son fils, pour qui il devrait se battre jusqu'à ce qu'il devienne grand.

Angoissé, l'avocat s'approcha de la maison où il allait devoir à présent affronter Juliet, sachant pertinemment qu'il ne ferait cette fois ci pas parti des survivants. Il souffla, passa sa main sur son visage avant d'atteindre les dernières mètres qui le séparait de Juliet. Il poussa enfin la porte d'entrée ...

"Tu t'es souvenu de moi ? Tu peux pas te faire ta trainée alors tu viens à la maison ?". Nul doute, elle savait tout. Rien qu'à en voir sa mine pâle, ses yeux rouges, et ce regard si dur... l'avocat était certain de ne plus avoir rien à cacher. Il avança doucement dans le couloir. Il retira son manteau, silencieux, et posa son écharpe sur le dossier d'une chaise. Il passa sa main sur sa nuque, et répondit sèchement: "Je suis ici chez moi Juliet...".

Silencieux, il passa à côté d'elle, frôlant le tissus de son gilet, et s'approcha ensuite de l'évier où il passa ses mains sous l'eau froide pour les laver. Il coupa le robinet, attrapa ensuite le torchon suspendu à un crochet, et s'essuya les mains. Il posa ensuite ses paumes sur le rebord de l'établi, tournant le dos à la jeune femme, et baissa la tête. Il souffla. Il en avait mal au ventre, craintif, et apeuré par les évènements qui allait s'en suivre. Il avala avec difficulté sa salive, fermait les yeux. Et quelques secondes après lui avoir dit qu'il était ici chez lui, ll souffla : "Je suis vraiment désolé Juliet...".

Mais n'était-ce pas trop tard pour s'excuser? Vallait-il vraiment la peine de le faire? Il ne se voyait pas la prendre dans ses bras, convaincu qu'il méritait probablement le même sort que la jeune femme. Il finit alors pas se retourner pour lui faire face, saisissant le peu de courage qu'il lui restait alors. Elle était là, debout sur ses deux jambes, les bras croisés, le regard sombre et la mine fatiguée. Il mordit sa lèvre inférieur, attendant que Juliet se décide enfin à parler, à crier, à hurler même. Il se sentait désormais prêt à tout entendre...

"Tu es désolé ? Si tu savais à quel point je m'en fou de savoir que tu es désolé. Tu t'es bien foutu de ma gueule ! disant que tu étais désolé, que maintenant qu'il y avait Logan tu ferais des efforts !! et moi comme une conne j'y crois toujours. T'es horrible Adrian .. tu n'imagines même pas ce que tu viens de faire .." Oh que si il l'imaginait! Il s'en était même rendu compte bien vite, mais certainement trop tard. Et il était clair qu'il ne pouvait pas revenir en arrière. S'entendre dire que l'on est un monstre devient une habitude lorsqu'on s'appelle Adrian O'Conell. Mais l'entendre sortir de la bouche de celle que l'on pensait avoir de son côté toute sa vie durant, c'était à la fois désagréable et touchant. Adrian passa sa main sur son visage, continuant de fixer droit dans les yeux une Juliet énervée. Cette dernière repris: "T'as pris du plaisir hein, avoue que ça t'éclate, je ferme ma gueule et toi t'en profite pour coucher avec cette .... tu vas la baratiner elle aussi, lui dire que tu l'aime que tu vas faire des efforts, la demander en mariage, la mettre enceinte et te casser avec la première qui passe ? Bravo Adrian ... voilà le grand Adrian O'Conell sous son vrai visage ! Ah non j'oubliais !! elle tu l'aime !"... Adrian leva les yeux au ciel et s'approcha de l'îlot central. Il y attrapa son paquet de clope et en alluma une, sereinement. Il le savait, au fond de lui, si Juliet continuait à lui en mettre plein la tête, il finirait par s'énerver comme toujours. Il alluma donc une cigarette, et releva la tête. Il porta son regard vers le salon, et remarqua que le petit Logan n'était pas dans son petit parc à jouer. Juliet avait dû le coucher. Adrian avala sa salive, et fut pris soudainement d'une envie de s'enfuir avec son gosse sous le bras, pour ne plus jamais remettre les pieds à Magnolia et vivre loin... très loin d'ici.

Il tourna ensuite la tête vers Juliet et lui dit: "Je n'ai aucune excuse à te donner Juliet... J'ai couché avec Sasha, et je n'en suis pas fier." déclara t'il sèchement. Si l'on pouvait lire sur son visage les remords, il dissimulait très bien sa peine derrière ses mots, et sa froideur légendaire. "Je regrette... vraiment." ajouta t'il ensuite, toujours sur le même ton, puis il avala une bouffée de sa clope avant d'en recracher l'épaisse fumée blanche.

"Non, tu n'as aucune excuse à me donner, c'est vrai tu fais ce que tu veux après tout ! Je peux dire ce que je veux t'en à rien à foutre de toute façon. ça te fait ni chaud ni froid, ça ne te gène pas ... tu n'as même pas pensé à moi .. ou même à ton fils, Bravo il est beau l'exemple pour ton fils.". S'il ne laissait paraître le moindre sentiment, Adrian se sentait vraiment mal. Peut être tout autant que Juliet. Il ne la regardait pas, il ne voulait pas affronter son regard triste, il ne voulait pas accepter d'être celui qui lui faisait autant de mal. Et pourtant il était cette horrible personne que Juliet détestait à présent. Il n'était plus celui qu'elle voyait comme le messie, celui pour qui elle se plierait en quatre pour satisfaire le moindre de ses désirs. Il l'avait perdu, et ne la retrouverait sans doute jamais. Il tira plus intensément sur sa cigarette, jusqu'à s'en étouffer presque. Sa clope ne l'aiderait pas à se calmer non, pas cette fois-ci. L'heure était grave et s'il n'affrontait pas l'obstacle, alors il risquait de perdre bien plus que ce qu'il n'avait imaginé.

Juliet s'approcha de lui, et retira de ses lèvres sa cigarette qu'elle laissa ensuite tomber au sol. Elle devenait menaçante, et Adrian ne l'avait jamais vu agir de la sorte. Il avait à présent du mal à respirer, et sentait en lui l'adrénaline parcourir son corps entier. Son rythme cardiaque s'accéléra, son souffle se coupa a plusieurs reprises, et ses yeux devenaient rouges. Il souffla avant d'attrapa fermement le poignet de Juliet. Il releva ensuite la tête et plongea ses yeux bleus dans ceux de la jeune femme. Il avala sa salive et lui souffla, plus agressif que jamais: "Tu veux parler de Logan? T'es certaine de vouloir te lancer sur ce sujet Juliet? T'étais où tout ce temps hein? Ah ben oui, madame enfilait ses chaussons de danse et son tutu pendant que JE m'occupais de notre fils! Alors franchement ne vient pas me parler d'exemple à donner à qui que ce soit Juliet, reste en dehors de ça vraiment." . Oh oui, il faisait bien preuve de mauvaise fois, et il tentait même de détourner le sujet pour ne plus avoir à parler de sa tromperie. Mais il savait bien qu'il s'aventurait sur une pente dangereuse, et que Juliet n'allait vraiment pas le rater cette fois ci. Il lâcha son poignet et se dirigea jusqu'au centre de la pièce. Il prit sa tête entre ses mains, et souffla une nouvelle fois. Il se retourna subitement, faisant face à Juliet. Mais aucun mot ne put sortir de sa bouche, sa gorge était nouée, son coeur s'emballait, il voulait juste s'enfuir en courant comme le dernier des lâches. Il n'en était pas bien loin cela dit.

Au centre de la pièce, il était là, debout, ne sachant plus quoi dire pour sa défense. Un comble pour un avocat n'est ce pas? Il la scrutait du regard, guettant le moindre de ses gestes, il n'était pas à l'abris qu'elle se jette sur lui pour l'étrangler. Il retint son souffle lorsqu'elle pris la parole. "Attend ? Tu me fait la morale là ? Le plus qu'il a quelques choses à ce reprocher c'est bien toi Adrian, arrête de te mentir à toi-même ... c'est toi qui gâche tout comme tout le temps. Je me suis toujours privé de tout pour toi, pour la joie de monsieur, qui en retour n'offre rien que de la négligence....". Alors qu'elle élevait la voix, Adrian s'approcha d'elle. Au fur et à mesure qu'elle parlait, qu'elle lui servait sa colère sur un plateau, il cria à son tour, tentant de couvrir le son de sa voix éraillée: "Ferme la, ferme la Juliet! PUTAIN MAIS FERME TA GUEULE!". Le son de sa voix retenti dans la pièce, réveillant le petit Logan qui dormait à l'étage. Le petit garçon se mit à pleurer. Adrian serra les poing. Essoufflé il s'arrêta net dans sa course. Sur son front coulaient de grosses goûtes de sueur. Il n'approcha pas davantage, car en quelques secondes, Juliet venait de s'emparer du premier objet qu'elle avait sous la main, le cendrier. Elle lui lança en plein figure. Adrian eut le temps de se protéger avec ses bras. Le cendrier en verre s'écrasa au sol. Elle prit ensuite un verre, un dessous de tasse, son téléphone portable, et elle envoya tout en l'air. Juliet scanda: "Pourquoi tu fais ça ... je t'ai fais quoi pour que tu t'acharnes comme ça sur moi ... dit le moi en face que tu ne m'aimes pas autant que t'aime Sacha. Un peu de courage O'Conell ... aller DIT LE MOI !!!". Il reprit sa course, se dirigeant droit sur elle. Il l'attrapa par les épaules, la fit reculer de quelques mètres, puis la plaqua dos contre le mur. Il ne voulait pas lui faire du mal, simplement l'arrêter dans cette folie. La pauvre était furieuse. Il plongea ses yeux vitreux dans les siens. Le souffle de la jeune femme vint s'écraser contre les lèvres d'Adrian. Il la maintenait fermement contre le mur, ne la quittait plus des yeux. Elle lui échappait avec tant de facilité qu'il ne le supportait pas. Il voulait l'embrasser pour qu'elle cesse de lui crier dessus, pour lui montrer aussi à quel point il était navré. Il ne voulait plus qu'elle bouge, il ne voulait pas qu'elle parte.

Dans sa tête défilèrent de nombreux souvenir. Leur rencontre lorsqu'Adrian, à tout juste 9 ans, emménageait dans la maison voisine à la sienne. Il se souvient du premier petit mot échanger sur un bout de papier et déposé dans son casier, de leur remise de diplôme, de sa demande en fiançailles le soir même, de leur première fois. Il se souvint alors qu'il lui avait promis de la protéger jusqu'à la fin de sa vie... et l'instant présent lui montrait encore une fois qu'il avait tout raté. Les pleurs de Logan se faisait de plus en plus fort, et Juliet se débattait comme elle pouvait pour se sortir de l'emprise du jeune homme. Il resserra la pression sur ses bras, tentant de la calmer une bonne fois pour toute. Adrian était fou de rage, il redoutait le pire, qu'elle s'en aille. Elle s'arrêta, épuisée. La mine d'Adrian faisait désormais peur à voir. De ses yeux coulèrent les premières larmes... et a travers le son strident des pleurs de l'enfant, Adrian souffla: "Arrête Juliet, arrête... Je suis vraiment, vraiment désolé.". Il resta là, un moment à la regarder droit dans les yeux, triste et coupable.

"Lâche moi tu me fais mal ... Adrian lâche moi ..." Juliet lui échappa des mains lorsqu'il relâcha la pression sur ses frêles épaules. Il baissa la tête, et essuya du revers de sa manche ses joues. Il serra le poing. L'avocat ne s'attendait pas à ce que Juliet lui tienne tête ainsi. Elle semblait déterminer à partir, à ne plus se laisser faire. Adrian comptait bien la retenir. "Comme tu l'as dit, tu es chez toi .. je prends mes affaires et je m'en vais, je pars avec Logan. Je ne veux pas qu'il grandisse sans son père, tu viendras le voir quand je ne serais pas là. C'est terminé Adrian, je veux plus te voir !". Ces paroles étaient aussi aiguisées que le couperet d'une guillotine, d'ailleurs Adrian en perdit vite la raison. Ce qu'il redoutait le plus allait se produire. Juliet affirmait son intention de quitter le foyer, en emmenant avec elle son fils. Hors de question, Adrian ne la laisserait pas faire. Il s'était jusqu'ici occupé du petit garçon, une bonne partie seul. Elle ne prendrait pas Logan, il le lui empêcherait. Il refusait catégoriquement de devoir rendre visite à sa progéniture quand mademoiselle Davies le déciderait. Il accéléra le pas, parcourant les quelques marches qui le séparait du premier étage. Il hurla: "TU NE VAS NULEPART JULIET, TU N'EMMÈNES PAS MON FILS!". Il cogna dans les murs jusqu'à arriver dans la chambre du couple. Elle faisait ses affaires, et ne semblait pas être disposer à l'écouter plus longtemps. Il la regarda faire son affaire sans dire un mot, contemplant ce piètre spectacle dont il connaissait déjà la fin et elle n'était pas heureuse. Adrian ravala un sanglot, la belle histoire finissait là, sur une très mauvaise note. Juliet lui passa devant, l'écartant de son bras, son sac de voyage à la main. Puis elle se dirigea dans la chambre du petit, où elle sorti Logan de son berceau, puis lui enfila sa petite veste en jean qu'Adrian lui avait acheté plus tôt dans la semaine. Le jeune père observa la scène, impuissant. Elle avait son fils dans les bras, il ne pouvait rien faire. Il tapa dans le mûr et hurla une fois de plus "JE TE JURE JULIET QUE SI TU ME PRENDS MON FILS, JE N'EN RESTERAI PAS LÀ." . Le petit Logan cessa de pleurer, il regarda fixement son père, les deux garçons échangeant le plus profond des regards. Adrian comprenait alors qu'il allait devoir se battre pour récupérer Logan, car s'il n'arrivait pas à récupérer Juliet, il ne devait pas pour autant baisser les bras. Il se souvint de ce que Jay lui avait dit quelques jours plus tôt "Tu n'as pas le droit d'abandonner". Il déglutit et pencha la tête. Il ne quittait plus son fils du regard, jusqu'à ce que Juliet sorte de la pièce pour rejoindre le salon.

Elle quitta subitement la pièce, emportant avec elle l'être le plus précieux qu'Adrian pouvait avoir. Son coeur se déchira littéralement lorsqu'elle se dirigea vers sa voiture, installant le petit garçon dans son siège. Il s'avança pas à pas, sans un mot. Il était incapable de parler, tant cette scène, il l'avait redouté. Il observait Juliet, impuissant. Cette fois, c'est certain, elle partait pour de bon. Adrian ne savait pas où elle irait, il aurait autant préféré qu'elle rentre chez les Davies, au moins elle n'aurait pas été loin, et il aurait pu voir Logan rapidement. Elle partait comme ça, sans même dire où elle allait, impossible pour Adrian de les trouver le lendemain... Il devenait dingue, il serrait les poings.

Juliet avança jusqu'à la portière de sa voiture, Adrian s'était posté devant. Elle le poussa violemment. Il s'écarta. Elle démarra la voiture et fila le long de la rue. Adrian se retrouva seul, là, au beau milieu de Cresent, sans rien, juste des remords. Il soupira longuement. Il n'avait même pas envie de pleurer tant il était énervé. Mais comme le bon avocat qu'il est devenu, il garderait son sang froid et son calme en toutes circonstances... même si ce n'avait pas été le cas ces dernières minutes. Il resta là, une dizaine de minute à scruter la rue, le regard sombre, se mordillant la lèvre, les mains dans les poches. Il prit ensuite une grande inspiration, et se dirigea vers la maison. Il entra, monta à l'étage, et entra dans son bureau. Il s'approcha lentement de cette petite commode qu'il avait fabriqué avec son grand père lorsqu'il avait 15 ans. Adrian ouvrit le tiroir. Ses yeux se posèrent sur le contenu du tiroir, mais il n'eut pas à chercher très loin. Il releva la tête, le regard sombre, le visage froid. Sa main droite vint se poser sur un objet froid et lourd... il extirpa alors du fond du tiroir un révolver, prêt à s'en servir s'il n'avait pas satisfaction.

Run Juliet, Run.