Code by Holliday


Aujourd'hui, j'étais de repos mais je ne comptais pas me la couler douce pour autant. Si je restais seul à la maison, il y avait de fortes chances pour que je sois rattrapé par un coups de blues et à mes yeux, il était hors de question que je passe une nouvelle journée à me lamenter sur mon sort. Si j'en avais eu la possibilité, je n'aurais vu aucun inconvénient à passer un moment agréable en compagnie de mes chers enfants mais chacun d'entre eux vaquait à ses occupations. Dubitatif, j'avais alors choisi de contacter mon frère et lui avait proposé qu'on se retrouve au complexe sportif pour se faire un petit duel sur le terrain de basket. Visiblement enchanté de ma proposition, il avait accepté mon invitation sans  hésiter une seule seconde tout en me promettant tout de même de me filer la raclée de ma vie. Une fois le rendez-vous fixé, j'avais donc fait en sorte de déjeuner rapidement afin de ne pas m'attarder à table puis j'avais effectué un petit détour par ma chambre dans le but de prendre une tenue de rechange. J'avais encore de la marge pour arriver à temps au complexe sportif mais j'eus rapidement envie de prendre la poudre d'escampette: ces dernières semaines, j'avais en effet remarqué que mon moral n'était jamais aussi bon que lorsque je demeurais éloigné de ma propre maison. Cette constatation ironique pouvait prêter à rire mais elle montrait surtout à quel point l'ambiance familiale était devenue délétère à mes yeux.  

D'ailleurs, même si j'étais particulièrement enchanté de passer un agréable moment en compagnie de Wyatt, je ne cachais pas que la proposition que je lui avais faite, était plus ou moins intéressée. Dans la mesure où nos rapports s'étaient énormément améliorés dans un passé récent, je voyais là une opportunité idéale d'évoquer un sujet pour le moins sensible qui me brûlait les lèvres tout en affolant mon cœur. Or, j'estimais qu'il était sans nul doute la personne la mieux placée pour me tendre la main et me délivrer de bons conseils. Si j'étais enfin décidé à parler, c'est que je m'étais rendu compte que l'étau n'allait pas tarder à se refermer sur ma personne et que je n'avais donc rien à perdre en dévoilant certains vérités que j'avais jusqu'ici bien caché. Après quelque minutes de route, j'arrivais finalement à destination et laissait mon véhicule sur le parking desservi à cet effet. Effectuant un petit détour par le vestiaire histoire de me changer et d'adopter une tenue plus adéquate, je jetai également un coup d’œil à ma montre pour savoir si j'allais devoir prendre mon mal en patience en attendant la venue de Wyatt. Logiquement, mon frère m'avait dit que Leona reprenait le boulot en début d’après-midi et j'avais donc bon espoir de le voir débarquer dans les plus brefs délais. Dans la mesure où mon couple partait en lambeaux, je me comportais de manière assez égoïste depuis que ma femme m'avait trompée mais cela ne signifiait pas pour autant que je ne pensais pas au bonheur de Wyatt et même si je ne connaissais pas personnellement Leona, j'avouais sans difficulté que je les voyais bien terminer ensemble tous les deux. D'ailleurs, si j'en avais l'occasion, je comptais en toucher deux mots à mon frère dès que nous en viendrions à aborder le sujet de nos vies amoureuses respectives. Quoi qu'il en soit, je ne me fis pas prier pour effectuer quelques paniers en attendant qu'il daigne pointer le bout de son nez et cela me permis de constater que je n'avais pas totalement perdu la main. 

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Ce que j'appréciais dans le fait de pratiquer du sport, c'est que cela me permettait de me dépenser sans compter et donc du même coup, d'évacuer toute cette tension qui s'accumulait dans chaque parcelle de mon corps. Les émotions négatives que je gardais au fond de mon cœur me donnaient régulièrement envie de sortir de mes gonds et pour éviter que cette frustration ne me pousse à commettre des actes inavouables, je veillais à me débarrasser de cette colère intérieure chaque fois que j'avais l'occasion de produire un effort physique pour le moins intense. En un sens, je me servais donc du sport comme d'un moyen d'expression de la même manière qu'un artiste utilisait la musique ou la peinture pour transmettre des messages et dévoiler ainsi ses sentiments au grand jour. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais l'âme d'un guerrier et que j'avais toujours détesté perdre car lorsque je tombais sur plus fort que moi et que j'étais contraint de m'avouer vaincu, cela me donnait l'impression de faillir et me ramenait automatiquement à la réalité du moment: autrement dit, j'étais alors confronté à mes échecs personnels et me rendait compte à quel point ma vie privée se fissurait à tous les niveaux.

Pour autant, je n'avais pas l'intention de déclarer la guerre à Wyatt ou bien encore de me montrer mauvais joueur si il venait à m'étriper. Aujourd’hui, j'étais beaucoup plus serein qu'à l'accoutumée et ma décision de reprendre ma vie par le bon bout n'était certainement pas étrangère à ce regain de forme. De plus, je ne pouvais qu'être comblé à l'idée de partager un moment seul à seul avec mon frère dans la mesure où même si on s'était beaucoup rapproché ces derniers temps, cette situation n'arrivait pas si souvent. Alors que je m’entraînais à faire des paniers et des dunks à tour de rôle, j'entendis soudainement une voix familière qui ne manqua pas de me taquiner parce que je venais de louper un tir. Me retournant instantanément, j'aperçus mon frère et le saluai chaleureusement tout en affichant un sourire de circonstance.

- Ce n'est jamais bon d'être trop confiant et crois-moi, j'ai plus d'un tour dans mon sac.

Lui passant alors le ballon pour qu'il puisse s'échauffer à son tour. Je le regardais s'entraîner tout en répondant à sa question avec une certaine ironie.

- Oh oui, tu as raison, je me sens complètement rouillé. Néanmoins, attends-toi à souffrir mon gaillard.

Sans attendre une seconde de plus, on se lança alors dans une petite partie amicale sans pour autant se faire le moindre cadeau et si l'on chercha en premier lieu à se taquiner, doucement mais sûrement, notre conversation se fit plus sérieuse.

- Alors dis-moi frérot, tu es heureux dans ta vie en ce moment?