Ce soir là, les Hamilton avaient invité les Cooper à dîner. La table était dressée, le poulet était au four et les cinq enfants des hôtes étaient sur leur trente et un. Tout était prêt pour recevoir ! Quelques semaines auparavant, c'était Christopher qui avait invité le couple chez lui et les Hamilton, en bons amis qu'ils étaient, lui avaient renvoyé la pareille. Christopher et Cameron s'étaient installés trois ans auparavant dans le charmant quartier de Magnolia Cresent. Nolan n'avait pas tardé à rencontrer le père de famille et marshal à la sortie de l'école. Ils avaient rapidement sympathisé et une certaine alchimie s'était créée entre eux. Nolan le trouvait drôle, souriant et fiable, il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi l'homme était toujours célibataire. Un homme en uniforme, cela fait pourtant des ravages !
Aux alentours de 18h30, on sonna à la porte. La jeune Tessa ouvrit aux invités et tout ce beau monde s'installa dans le salon. On comptait en tout trois adultes, six enfants et un sacré brouaha ! La joyeuse bande prit l'apéritif mais ne tarda pas à se mettre à table, les enfants d'un côté, les adultes de l'autre. Ils dînèrent tout en papotant de tout, de rien, de la pluie, du beau temps, du travail, des enfants.
Une fois le repas terminé, les plus jeunes montèrent en haut. Il y avait fort à parier que Cameron s'était retrouvé coincé dans la chambre des jumelles, du même âge que lui, - Maureen et Nolan soupçonnaient Elin d'être secrètement amoureuse de lui - alors qu'il aurait certainementpréféré jouer avec le grand Aaron. Au rez de chaussée, Nolan s'occupait de débarrasser la table (oui car c'est un mari modèle ) tandis que sa tendre épouse servait le café dans le salon. Nolan les rejoignit à son tour, s'installa près de sa femme et posa la main dans son dos.

De quoi étiez vous en train de parler ? demanda-t-il avec un sourire.

Recevoir, c'était quelque chose que j'aimais beaucoup. Certaines personnes rechignaient pourtant un peu à venir chez nous, parce qu'ils avaient du mal à supporter les enfants. Clairement, je préférais ne pas recevoir ce genre de personne chez moi. Mes enfants, c'est sacré, et on ne peut vraiment pas dire qu'ils sont exubérants. Evidemment il y a de l'ambiance, mais ça c'est normal ! Par contre ils ne crient pas, sont bien élevés. Mes enfants sont fantastiques et il n'y a pas de raison de les éviter.

Mais nos invités du jour semblaient être à l'aise au milieu de la petite troupe. Cameron avait à peu près le même âge qu'Elin et Nora-Jane, quant à Christopher, c'était un ami de Nolan qui semblait fort sympathique. Un homme chaleureux et souriant, ça ne m'étonnait pas du tout que Nolan s'entende bien avec lui ! Comme moi Nolan était quelqu'un de sociable, il avait le contact facile avec les gens et savait aller vers eux. La preuve en est que c'est lui qui a fait le premier pas vers moi, et pourtant nous n'étions que des adolescents. Galamment, je l'ai vu arriver avec son parapluie. Il pleuvait des cordes et j'avais oublié le mien... On ne s'est plus quittés depuis. Belle histoire, non ?

Alors que j'allais commencer à débarrasser la table, Nolan me prit de cours. Je décidais alors de servir du café et revenais avec mes tasses sur un plateau, présentant la sienne à notre invité. Nous avons alors, en attendant mon mari, discuté de tout et de rien. Quelques mots échangés sur les deux minutes dont Nolan avait besoin pour nous rejoindre. Une fois installé à mes côtés, il se montra curieux de savoir de quoi nous parlions. Je lui souriais en retour et passait ma main sur sa nuque d'un geste doux et lent.


Et bien on parlait de toi petit curieux !

Christopher était bien content d'avoir des amis qui avaient eux-mêmes des enfants. Ces derniers avaient une bonne idée des horaires surchargés ainsi que du travail supplémentaire à la maison, surtout considérant que Cooper était seul à s'occuper du petit Cameron, la mère de ce dernier ayant divorcé quelques années plus tôt. Alors lorsqu'il a vu la petite marmaille que Nolan venait chercher à la sortie de l'école, il ne put s'empêcher de saluer la persévérance du patriarche. Il devait bien en avoir trois! Et au fil de la discussion, le marshall découvrit qu'il avait deux autres enfants. Incroyable! Lui qui avait parfois de la difficulté à s'occuper d'un seul enfant. Christopher s'est mis à respecter Nolan et ils se mirent à parler de leurs enfants. De là s'amorça leur belle amitié. Depuis cette rencontre, ils s'invitent mutuellement à des soupers familiaux, même si au début c'était un peu plus compliqué pour Christopher, habitué à ne nourrir que son fils et lui. Mais depuis, il s'est habitué à leur présence dans sa maison un peu trop grande pour deux et en est très heureux.

Ce soir, donc, c'était dans la grande demeure des Hamilton que leur dîner avait lieu. Après le délicieux repas, les enfants se dirigèrent dans les chambres à l'étage, comme à leur habitude, et les adultes s'installèrent dans le salon pour un café. Sauf Nolan, qui débarrassait la table. Très sympathique de sa part. Lorsque le patriarche revint, il s'installa près de sa femme - Christopher ne put s'empêcher de penser qu'ils formaient un couple charmant - et leur demanda de quoi il parlaient. Maureen répondit en premier et le marshall renchérit: "Oui, je disais à Maureen que c'était très gentil de ta part de débarrasser la table! Les préjugés sur la femme qui doit faire toutes les tâches ménagères est malheureusement persistante, je suis toujours heureux de voir que ce n'est pas ainsi partout." Personnellement, Christopher n'avait pas vraiment le choix de tout faire par lui-même, étant seul à diriger la grande maison. "Et je tiens encore une fois à vous remercier pour le repas, il était exquis!"

Nolan venait de rejoindre son épouse et son ami dans le salon pour reprendre part à la discussion. Le café était servi sur la table basse et il se pencha pour prendre l'une des tasses mises à disposition. Après avoir demandé de quoi Christopher et Maureen parlaient, cette dernière lui dit avec amusement que c'était de lui dont ils parlaient ! Le policier, quant à lui, félicita Nolan pour avoir débarassé la table. Le père de famille sourit à Christopher. Il était clair que chez les Hamilton, le stéréotype de la femme qui s'occupe de toutes les tâches ménagères tandis que l'homme met les pieds sous la table n'avait jamais été d'actualité. Nolan n'avait jamais vu la vie de couple sous ce genre de cliché rétrograde. Maureen n'avait peut être pas de travail et s'occupait certes plus de la maison et des enfants que Nolan, mais le couple n'avait jamais vu cela comme de l'asservissement ou quoi que ce soit du genre. Chacun avait ses tâches et sa part de travail... et puis il préférait faire plaisir à sa femme et éviter toute scène de ménage ! De plus, de par son métier d'infographiste, Nolan travaillait souvent à la maison, dans son bureau, donc il n'était pas du genre à s'absenter de 7h à 21h, au contraire, il avait toujours été présent chez lui, pour sa famille, ça lui avait toujours tenu à coeur. La remarque de Christopher fit que Nolan s'interrogea sur la vie de couple et de famille qu'avait eu le policier, avant. On avait souvent en tête l'image du policier autoritaire et alcoolique. Nolan ne connaissait pas les raisons exactes de son divorce et ne l'avait jamais revu avec une femme. Il l'imaginait difficilement macho mais ne connaissait pas non plus assez l'homme pour pouvoir en juger... Christopher le coupa dans ses réflexions au moment où il salua la qualité du repas. Un sourire fier apparut sur le visage de Nolan et celui se tourna vers sa femme.

Tous les mérites reviennent à Maureen ! s'exclama-t-il.

Car oui, il avait beau avoir sa part de tâches dans la maison, la cuisine était le domaine de sa femme. En son absence, il parvenait à cuisiner quelques petites choses mais rien de bien fameux. Heureusement qu'il l'avait ! Nolan porta la tasse à ses lèvres et but une petite gorgée de café.

Nolan et moi, nous nous sommes toujours merveilleusement bien entendus, et ce de la façon la plus naturelle du monde. Je ne me souviens pas que nous ayons eu une discussion pour mettre au point les tâches imputées à l’un ou l’autre, ça coulait de source, on s’aidait pour tout, véritable binôme parfaitement rodé. Je sais que peu de couples ont cette complicité naturelle, ce qui cause d’ailleurs pas mal de mésententes. Les reproches fusent, les frustrations s’accumulent, tout ça pour une raison qui, à la base, n’est pas si grave que ça. Heureusement, nous avons réussi à éviter ce piège, et heureusement parce qu’avec cinq enfants, la maison doit être parfaitement organisée ! Si on veut que les enfants le soient, les parents doivent donner l’exemple.


Nolan n’est pas du tout comme ça, j’ai la chance d’être tombée sur une perle rare !


Et je ne disais pas ça pour lui faire plaisir, je le pensais sincèrement. Rien n’est plus agréable que de trouver son âme soeur si vite. Il est et restera le seul et unique homme de ma vie. C’est rare qu’une femme puisse dire ça n’est-ce pas ? Je n’en étais pas peu fière et n’avais aucune honte à n’avoir eu qu’un seul amant dans toute ma vie !

Je remerciais d’un salut de la tête notre invité qui me complimentait sur ma cuisine. Comme on dit les choses les plus simples sont toujours les meilleures, et je n’avais pas cherché à impressionner la galerie avec un plat hyper compliqué. Mais bien sûr, les compliments faisaient toujours plaisir, surtout que j’avais à coeur de satisfaire mon petit monde. N’était-ce pas mon but premier ? J’en avais tant rêvé de cette vie, de cette famille, de ces beaux enfants heureux et en bonne santé... Maintenant que je l’avais, je devais me montrer à la hauteur de la chance qui m’avait été donnée. Ce n’était pas difficile d’avoir envie de les combler, et bien entendu, nos invités, qu’ils soient de la famille ou pas, en profitaient.


Oh voyons arrêtez vous allez me faire rougir ! C’était juste un petit plat sans prétention.

Aux yeux de Christopher, Nolan & Maureen Hamilton étaient faits pour être ensemble. Si complices, si amoureux, si parfaits. Cooper n'avait pas encore rencontré son âme soeur - si ça avait été son ex-femme, elle ne serait pas partie aussi soudainement -, mais il avait bon espoir de la rencontrer un jour. Peut-être se trouvait-elle dans ce quartier? Lorsqu'il a emménagé ici, il y a de cela trois ans maintenant, rencontrer l'amour ne faisait pas partie de ses priorités. Le plus important avait été de changer d'air, de quitter la maison familiale remplie de souvenirs, d'espoirs, de rêves. Mais le temps passait, les blessures guérissaient, l'envie d'aimer se faisait ressentir. D'autant plus que voir le couple Hamilton si épanoui donnait envie au marshall d'en faire autant. Ce dernier sourit à Maureen lorsque celle-ci évoqua la perle rare qu'était son mari. "Vous faites une excellente paire alors! Vous êtes tous les deux merveilleux et accueillants, je n'aurais pas pu rêver mieux comme voisinage!" Séparés par seulement quatre maisons, on pourrait dire que les Hamilton font partie du voisinage direct des Cooper. Christopher était bien content d'être tombé dans un quartier aussi accueillant, sympathique et honnête. Ça lui faisait du bien, à son fils et lui. La proximité du voisinage était également quelque chose qu'il appréciait, même si certaines personnes semblaient plus curieuses et moins subtiles que d'autres. Sacrées pipelettes, il y en avait partout! Ces génératrices de ragots semblaient pleuvoir dans le quartier, en plus. Mais ce petit détail n'était rien comparé à la gentillesse de certains voisins, dont les Hamilton.

Et la matriarche Hamilton faisait de ta très bonne cuisine, en plus. De la magnifique prose pour la bouche. De quoi rendre jaloux certaines dames du quartier! Christopher rigola face à la modestie de son hôtesse et but une gorgée de son café. "Ne sois pas modeste, Maureen, tu mérites tous ces compliments sur ta cuisine! Il y a bien longtemps que je n'ai pas mangé quelque chose d'aussi réconfortant." Disons que niveau cuisine, Christopher n'était pas aussi doué que son ex-femme. Mais avec Cameron à nourrir, il a dû écraser son léger orgueil masculin et se mettre derrière les fourneaux pour tout apprendre de A à Z, mais sans en devenir un eunuque - un Cooper restait un homme, même avec un tablier! Un dîner comme celui que venait de leur offrir les Hamilton lui faisait rappeler la belle époque où quelqu'un dans la maison s'occupait de gérer la cuisine.

L'heure était aux compliments chez les Hamilton et Nolan était fier comme un paon. Il aimait et avait toujours aimé que les gens lui disent qu'il allait bien avec Maureen, car c'était la vérité. Ces deux là étaient inséparables depuis qu'ils étaient jeunes, et sa vie sans elle ne rimerait à rien. Mais il était encore plus fier lorsque le marshal complimentait sa cuisine, car c'était toujours un délice. Maureen était une petite femme modèle et c'était sa petite femme à lui ! Bon bien sûr elle n'était pas parfaite: le repassage c'était pas truc, elle avait peur de plein de trucs idiots, il lui arrivait d'avoir un transit intestinal difficile, mais elle restait parfaite aux yeux de son époux. Elle était drôle, gentille et attentionnée, elle avait la peau douce et cuisinait de merveilleux petits plats ! Que ferait il sans elle ? C'est là que Nolan se demanda comment il faisait, lui, Christopher, sans une femme à ses côtés ? C'était une question qu'il n'avait jamais osé lui poser mais maintenant, la curiosité le picotait. Il fallait bien qu'il ose, un jour, il fallait bien qu'il se lance !

Christopher, comment ça se passe avec la mère de Cameron ? Est ce qu'il la voit toujours ?

Le sujet était délicat et son malaise palpable. Il n'avait aucune idée de la vie de son ami avant son emménagement à Magnolia Cresent. Peut être était il divorcé, peut être était il veuf... Il était temps de le découvrir.

Nolan Hamilton a écrit:

il lui arrivait d'avoir un transit intestinal difficile