Cela faisait quelques semaines maintenant que la tornade avait eu lieu à Magnolia, chacun avait déjà commencé ses travaux de réfection de leur maison. Moi, j’avais engagé des ouvriers que je payais comme il se devait, pour qu’ils arrangent au mieux le n° 8. Décidément, je n’avais pas de chance avec nos maisons. Notre première maison, à Boston avait brulée et celle-ci avait été prise dans la tornade qui s’était abattu début du mois sur toute la région avoisinante.

Un jour de congé, mais je m’étais levée de bonne heure. Premièrement parce que j’avais une sainte horreur de trainer au lit, puis parce que je voulais aller rendre visite à mon fils. Savoir où il en était dans ses travaux, pour l’aider, le conseiller à prendre tel ou tel architecte. Chose que je faisais depuis qu’il était petit, le conseiller et l’épauler pour ses projets. Sauf, bien sûr, quand il n’allait pas dans mon sens, où qu’il ne faisait rien comme je le voulais. Alors là je me fâchais, et je le réprimandais comme il se doit. Je savais qu’il avait peur de moi après ça. Mais je ne pouvais pas faire autrement, je me devais d’être encore plus dur avec lui qu’avec les autres.

En m’approchant de la maison n°57, je vis les dégâts que la tornade avait faits, elle était encore plus amochée que la n°8. Je m’attendais donc, quand j’entrai chez mon fils, à ce qu’il soit affairait à ses affaires pour la remettre en l’état. Alors que j’allais frapper, je vis la porte légèrement entr’ouverte, chose que je ne comprenais pas pour le moment, puis je m’avançai dans le hall, et je vis, dans le salon, mon fils, endormi, avachi tout le long du canapé, pas rasé, et en …. « QUOI ? EN JOGGING !» J’avais hurlé cette phrase en ne prenant même pas la peine de saluer mon fils.  Je m’en fichais si ça allait le réveiller. Cette vision m’avait mis hors de moi. Je n’acceptais pas qu’on ne fasse rien de ses journées. Surtout quand il y avait du boulot pour reconstruire sa maison. « DEBOUT ADRIAN ! » Je l’avais pris par la manche pour le sortir du canapé. Il fallait qu’il se lève, et qu’il aille se changer, et se débarbouiller. Il ne pouvait pas accueillir son père dans ses conditions, quand même. J’étais son père et il me devait le respect. Et là, de le voir endormi dans cet accoutrement, était pour moi intolérable et totalement irrespectueux. « File à la douche, on a des choses à faire. »

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De voir mon fils comme ça, comme une loque me mettait hors de moi. Alors que j’étais venue dans l’optique de passer une bonne matinée avec mon fils à faire des travaux chez lui, il me recevait comme ceci. Certes il n’avait pas été prévenu, mais quand on portait un nom de famille tel que les O’Conell, il fallait se tenir prêt à tout instant. Quel réveil que je venais de lui faire, mais il le méritait, il n’avait pas à dormir alors qu’il y avait tant de choses à faire. Il avait hurlé à la suite de mes cris, il voulait savoir ce que je faisais ici. Je lui répondis en baissant le ton de ma voix, qu’on avait des choses à faire. Sous-entendu des travaux de réhabilitation dans sa maison. La plupart devait se faire par des ouvriers qualifiés, mais je voulais passer un peu de temps avec mon fils. Cela faisait longtemps qu’on ne s’était plus accordé de moment tous les deux, et ces travaux étaient un bon prétexte à ceci.

Alors qu’il se dégagea de moi et s’éloigna pour fumer une cigarette, Adrian me demanda un peu de répit et ce que je faisais là devant lui, un dimanche matin. D’humeur massacrante, de sa faute, je lui répondis. « Qu’est-ce que je fiche… tu te fous de moi, ce n’est pas toi qui m’a dit dans la semaine que tu avais des travaux à faire afin de remettre en état cette maison ? » tout en continuant de parler, je regardai autour de moi, puis je fixais mon fils. « Alors je suis venu, n’étant pas en déplacement aujourd’hui. Et comme je dis toujours « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » Alors dépêche-toi ! » Moi, j’étais déjà prêt, j’avais troqué mon habituel costume de politicien, pour un jean noir un peu délavé ainsi qu’un t-shirt blanc à manche courte. J’étais classe, tout en restant opérationnel pour les travaux que j’avais prévu de faire ici. Le voyant qui mettait du temps à finir sa clope et à émerger, je le brusquai encore un peu. « J’ai pas toute la journée non plus. Alors change-toi en vitesse. » Je savais bien qu’Adrian n’allait pas apprécier mes ordres, mais c’est ce que je faisais toujours. Alors ce n’était pas aujourd’hui que j’allais changer. Encore moins maintenant, que j’étais d’une humeur de chien. Je sentais qu’il allait me faire regretter de m’être déplacé.

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Adrian m’énervait de plus en plus. Je tentai de garder mon calme le plus possible, je n’avais pas envie de déraper aujourd’hui. Je n’étais pas venu pour ça. "Oui mais... Je ne pensais pas que tu allais débarquer tac comme ça. Tu ne peux pas t'introduire chez moi et me sortir du lit de la sorte! Tu sais très bien que je ne fonctionne pas comme ça!". Je le regardais s’affaler sur le canapé, tout en faisant une pause, puis répondit. « TU ne fonctionnes pas ainsi, peut-être, mais tu te doutais bien que j’allais débarquer. Tu me connais non ? »  Puis, la tête dans le pâté il me demanda de le lâcher et de lui laisser le temps d’émerger. « Tu as 5 min top chrono » Lui annonçait-je, tout en tâtonnant ma montre pour bien appuyer mes dires. Il savait bien que je ne rigolais pas sur ça. J’étais même clément en lui accordant 5 min de plus. "Tu sais quand tu me parles de la sorte, j'ai juste envie de te foutre dehors à coup de pied au cul. Tu me gonfles, vraiment!" Il me l’avait dit sur un ton calme, puis me défia du regard. Mais je ne réfléchissais pas, je bondis sur Adrian, en m’approchant de lui, sans toutefois le toucher. Je lui répondis, donc, en décomposant un à un mes mots, pour leur donner de l’importance. « NE ME PARLE PAS AINSI, je suis ton père. » Puis mon fils, enfin, mon héritier présumé tenta de me calmer en me donnant une excuse que ça n’allait pas en ce moment. D’un ton aussi sec que le Sahara, et répréhensif, je lui répondis. « Ça ne va pas, mais fait avec Fils, tu crois peut-être que je me suis plaint moi quand ta mère est morte ? Tu crois que je me plains quand il m’arrive des merdes au boulot ? Tu crois que je me suis plains de vous avoir élevé toi et tes frères et sœur, seul, en l’absence de votre mère ? Non. Alors ce n’est pas avec tes petits problèmes que tu sois autorisé à te plaindre. » Plus je parlais, et plus je haussais le ton. J’attendais maintenant sa réponse. Il devait faire attention à ses mots. Il m’avait vraiment énervé, et pourrais prendre de très grands risque s’il continuait ainsi.

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« Tu as 5 min top chrono ». Adrian soupira. Maintenant qu'il ne vivait plus au numéro 8, il acceptait difficilement que son père s'incruste chez lui pour lui donner des ordres. Mais en même temps, il savait aussi que Joey ne voulait que son bien, et pour le peu de fois qu'il le voyait, il ne pouvait pas se plaindre de cette visite. Il se contenta d'acquiescer brièvement. Néanmoins, trop de fierté le conduit à manquer de respect à son cher père, et ce dernier de se prosterner devant lui en élevant la voix. Instinctivement, Adrian leva les bras, comme pour se protéger d'un éventuel coup de Joey. Il déglutit. Cette peur des coups de la part de son père, ça ne datait pas de peu... Est-ce que quelqu'un avait déjà été au courant? Non, car ici, tout le monde a ses petits secrets... oups!

« NE ME PARLE PAS AINSI, je suis ton père. ». Adrian écarquilla les yeux, et acquiesça une nouvelle fois. Il ne s'aventurerait pas plus loin. Il savait qu'il risquait gros en agissant de la sorte face à Joey. Il se contenta de lui faire part de ses "petits" soucis, ce à quoi Joey répondit: « Ça ne va pas, mais fait avec Fils, tu crois peut-être que je me suis plaint moi quand ta mère est morte ? Tu crois que je me plains quand il m’arrive des merdes au boulot ? Tu crois que je me suis plains de vous avoir élevé toi et tes frères et sœur, seul, en l’absence de votre mère ? Non. Alors ce n’est pas avec tes petits problèmes que tu sois autorisé à te plaindre. ». Voici un discours qu'Adrian n'acceptait pas vraiment. Il n'avait jamais eu l'impression que Joey avait été un père exemplaire, prêt à élevé ses enfants comme le ferait un vrai papa. Il avait passé son temps à la maison à leur crier dessus, à les juger, sans jamais leur donner un brin d'amour, et ça, Adrian s'en souviendrait toute sa vie. Son enfance avait été entaché par la mort de sa mère, et par les négligences de son père. Il n'avait pas d'heureux souvenir à raconter, d'où son attitude à l'égard des gens à présent, et son rapport avec l'amour, les femmes, et tout ce qui va avec. Adrian secoua la tête. "Tu ne sais pas de quoi je parle, tu ne sais rien de moi. Il s'agit bien plus que de "petits problèmes", j'ai tout perdu... Je passe mon temps à me battre avec ma conscience, alors que toi tu n'as jamais eu aucun scrupule à faire du mal autour de toi. Parfois je me dis que si j'avais été exactement comme toi, je ne me poserai aucune question, je me sentirais mieux dans ma tête. Je ne suis pas comme toi, et je ne veux pas l'être pour autant." dit-il, alors qu'il était pris d'une colère noire. Une fois de plus son père lui demandait de prendre exemple sur lui, alors qu'Adrian voulait être tout sauf comme Joey. "Avec mes conneries, je vais être obligé de faire une croix sur Logan, je ne serai pas là pour le voir grandir tous les jours. Pour toi, ça n'a jamais été un problème, tu n'as jamais été à la maison, et tu n'as jamais voulu l'être. J'avais besoin de ça, pour devenir quelqu'un de meilleur, mais j'ai été si stupide...".

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Apparemment ce que je venais de dire avait mis hors de lui mon fils. Un point chacun, balle au centre. J’étais prêt à me prendre ce qu’il avait à me rétorquer, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me dise ça. Aucun scrupule à faire du mal autour de moi, il me voyait vraiment comme un monstre sans cœur. Il avait tout faux, si j’agissais ainsi avec mes enfants, c’était pour les préparer au monde si cruel et injuste. Alors je ne lui permettais pas. Il ajouta, en entrant dans une colère noire, qu’il ne voulait pas être comme moi. « Oh, mais tu crois que je ne me pose jamais de questions, que tous mes agissements sont effectués sans réflexion au préalable ? Détrompe-toi, fils. » Je mis une pause en éclatant d’un rire jaune. « Tu ne veux pas être comme moi, mais réfléchis un peu avant de parler, et regarde toi, tu es EXACTEMENT comme moi, même pire. Tu as trompé Juliet, alors qu’elle, non, tu as un fils, c’est un O’Conell, ça c’est sûr. Tu avais tout pour être heureux, mais tu as fait de la merde. Et tu y retournes, comme si tu n’avais rien compris. Mais réagis… » Je m’avançai vivement vers Adrian, et pris ses bras entre mes mains et commença à le secouer comme un prunier. « Réagis avant qu’il ne soit trop tard, réagis avant de la perdre « réellement » ! » Ensuite mon fils m’annonça, toujours dans cette rage, que d’après lui je n’avais pas été un bon père. Mon énervement s’aggravait de pire en pire, je sentais que j’étais à deux doigts de craquer. « Mais tu ne sais rien de moi, de mes motivations, et agissement. Pour toi et tes frères, je suis le diable et votre mère l’ange. C’est facile pour vous, trop facile. » Je le lâchai ensuite, puis me retourna en passant ma main derrière ma nuque. Il fallait que je me ressaisisse, sinon j’allais faire un geste que je n’avais plus fait depuis des années, et que je m’étais interdit de faire subir à mes enfants. Je n’étais pas sûr alors, mais là j’en suis maintenant certain. Il fallait donc que je me calme.

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