Are we to old?

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Magnolia... Magnolia. Finalement, ce n'était plus comme si Adrian vivait ici, il était juste de passage ces derniers temps. Il se demandait bien quand est-ce qu'il se déciderait enfin à rester pour de bon. Mais temps que les choses ne s'arrangeaient pas avec Juliet, temps qu'il ne l'avait pas totalement reconquis, il préférait garder ses distances. La vérité, c'était qu'après cette année mouvementé, Adrian avait fini par décrocher complètement. Il perdait la plupart de ses procès, devait faire face au départ soudain de Joshua et Heathcliff. Il se retrouvait seul au cabinet O'Conell, mais aussi dans sa vie. Alors Magnolia ne lui manquait pas tant que ça. Même Holden. Il ne le voyait plus, et au final il ne s'en portait pas plus mal. Il y avait pourtant bien des personnes sur qui il pouvait encore compter. Lorenzo en était, et l'inviter à boire un verre au Dancing ce soir était inévitable. Il fallait bien ça pour s’acclimater à nouveau, non?

Assis à une table, Adrian attendait depuis quelques minutes. Lorenzo l'avait prévenu par sms, il n'allait pas tarder à arriver. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas vu? Adrian ne savait même plus. Quelques secondes plus tard, il jeta un oeil vers l'entrée, et aperçu Mr Di Mascio. Un sourire se percha au coin de ses lèvres, il était bien content de passer une soirée avec lui depuis tout ce temps. Adrian lui fit un signe de la main pour lui indiquer sa présence. Quand Lorenzo arriva à sa hauteur, Adrian empoigna sa main et lança : " Tu n'as pas pris une ride mon vieux ! Quelle est ta recette miracle? ".

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Lorenzo s'était souvent reproché d'avoir perdu contact avec plusieurs de ses amis. Délibérément, il reportait visites, conversations, soirées, verres ... Et puis les reports se transformaient finalement en annulation pure et simple. Depuis sa séparation avec Summer, il bénéficiait de suffisamment de temps libre pour réparer ces erreurs. Plutôt que de ruminer et déprimer seul dans sa chambre d'hôtel, il sortait énormément, renouer avec d'anciens amis. Son épouse ne l'avait jamais empêché de garder contact, n'avait jamais émis aucune critique envers l'un ou l'autre de ses amis. Mais inconsciemment, il s'était éloigné. Peut-être parce qu'il se sentait trop changé pour continuer à se lier au passé. Mais divorcer était comme faire un bon de 2-3 ans en arrière. Une bonne raison pour retrouver ses amis d'antan. Natalie, Carl, Lawrence ... Comme si chaque jour il découvrait une nouvelle personne oubliée au fin fond de son répertoire.

Cependant, il existait quelques amis avec qui il avait perdu contact, mais dont il n'était absolument pas responsable de l'éloignement. Adrian, en était un exemple criant. Ces deux là avaient toujours gardé un lien fort. Mais depuis quelques mois, Adrian pointait aux abonnés absents. Est-ce que ce changement coïncidait avec sa décision de divorcer ? Lorenzo n'aurait su le dire. Mais il le saura bien assez tôt : Adrian avait enfin ré apparu d'entre les morts.

Quand Lorenzo arriva, Adrian était déjà présent. Le professeur le salua tout sourire, avant de rire de sa remarque. « Alors là ... » répondit-il en touchant ses joues toutes douces. « J'imagine que le divorce, ça rajeunit un homme ! » Il leva les yeux au ciel, l'air innocent, avant de rire à nouveau. Il n'était pas particulièrement heureux de divorcer, néanmoins il ne pouvait nier que son couple ne fonctionnait plus, et sortir de ce climat orageux des derniers mois lui avait fait un bien fou. Summer lui manquait, mais au moins il respirait. « Mais c'est à toi de t'expliquer d'abord, où étais-tu passé ?? » Il leva les mains, paumes vers le ciel, mimant son incompréhension. Une serveuse passa près d'eux, Lorenzo en profita pour commander un whisky. Il n'était même pas sûr d'avoir discuté de son divorce de vive voix avec l'avocat. Il l'avait prévenu par téléphone, mais peu de temps après Adrian s'était volatilisé.

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« J'imagine que le divorce, ça rajeunit un homme ! ». Ah oui, c'est vrai. Adrian aurait presque oublié cette nouvelle. Ce n'était pas Lorenzo qui l'avait prévenu. Adrian avait téléphoné à Curtis quelques semaines plus tôt, lequel lui avait fait part de la chose. L'avocat n'était pas vraiment surpris, il s'y attendait. Il y a quelques mois, Lorenzo et lui se retrouvaient dans la même situation. Sauf qu'à l'époque, le divorce n'était pas envisageable. Il faut croire que le professeur avait changé d'avis depuis. Adrian grimaça puis soupira. Il était bien embêté pour son ami, mais osait espérer qu'il se portait bien malgré ce nouvel obstacle. « Mais c'est à toi de t'expliquer d'abord, où étais-tu passé ?? » ajouta Lorenzo, sommant Adrian de lui raconter le pourquoi de son absence. C'est vrai qu'il n'avait pas fait fort, il n'avait prévenu personne et à vrai dire, il ignorait si quelqu'un ici à Magnolia se faisait réellement du souci pour lui. "C'est une histoire compliquée.... Il soupira, esquissa un léger sourire et commanda également un whisky. Il détourna plusieurs fois son regard de celui de son ami, avant de se décider à l'ouvrir de nouveau: "Enfin pas tant que ça en fait. Tu sais.. Il y a eu la séparation avec Juliet, le départ de mes frères... J'imagine que j'avais besoin de souffler un peu et de m'enfuir d'ici. Mais je doute encore que ce fut la meilleure solution pour oublier et repartir de zéro!". Il rit, nerveusement puis bue une gorgée de ce doux breuvage. "Enfin bref, me revoilà! Je savais bien que je t'avais manqué! " lança t'il tout sourire.

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Adrian ne semblait pas enclin à parler de son absence, Lorenzo pouvait comprendre. Il avait traversé son lot de difficultés, et les hommes comme eux n'étaient pas souvent habiles pour les partager. Une question de fierté, probablement. Trop imbus pour paraître faibles, trop d'égo pour avouer qu'on a failli dans son couple ou dans son métier. Mais finalement, Adrian revient sur ses paroles et raconta sa vie, ses derniers potins. La situation devait donc vraiment l'affecter, pour qu'il en vienne ainsi à la confidence. Car ce n'était pas les quelques gouttes d'alcool ingurgitées qui pouvaient lui délier la langue de la sorte. « Même si ce n'était pas la meilleure solution, j'imagine que tu avais besoin de changer d'air un peu, pour ne pas exploser » Il stoppa là sa compassion, Adrian n'avait pas réellement besoin d'une approbation pour ses actes. Mais Lorenzo voulait seulement lui montrer qu'il comprenait. Il avait déjà fui Magnolia, par le passé, quand sa vie le dépassait.

« Bien sûr que tu m'as manqué ! » Il leva son verre en souriant, et trinqua avec son ami. Ce soir, c'était aussi pour rattraper tout le temps perdu. « Tu en es où aujourd'hui, avec Juliet ? » Lorenzo lui souhaitait simplement d'être heureux, qu'importe ce que cela pouvait signifier. Célibataire, en couple ou sur le point de se marier. Pour lui, ça signifiait divorcer, aujourd'hui. Mais il espérait néanmoins pour Adrian que sa relation n'ait pas connu le même sort.

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« Même si ce n'était pas la meilleure solution, j'imagine que tu avais besoin de changer d'air un peu, pour ne pas exploser ». Adrian acquiesça. Dans un sens, il était rassuré que son ami ne le juge pas, ou qu'il ne lui fasse pas la morale comme il avait pu arriver quelques mois plus tôt. Les deux hommes se comprenaient finalement, même s'ils étaient bien différents.

« Bien sûr que tu m'as manqué ! » ajouta Lorenzo. Adrian afficha un large sourire. Au moins quelqu'un l'avait attendu ici. Etrangement, Lorenzo avait le don de le rassurer, et de lui faire sentir qu'il était bien, ici, chez lui. Rares étaient les personnes qui ne souhaitaient pas chasser le O'Conell de cette ville! Mais après tout, Adrian se jouait bien de cette situation. Son côté manipulateur et sa froideur n'incitait bien que peu de monde à lui chercher des poux. Adrian leva également son verre : "À nous, Di Mascio !".

Là, Lorenzo enchaina : « Tu en es où aujourd'hui, avec Juliet ? ». Difficile de répondre. Adrian l'ignorait complètement. Pour l'instant, ils vivaient juste sous le même toit, et se contentaient de passer un peu de temps ensemble. "Tu sais, c'est tellement compliqué. Elle me donne l'impression que tout est terminé, et à chaque fois que je commence à me faire à l'idée, elle me rattrape, comme les sirènes de l'Odyssée. Du coup, je ne sais plus quoi en penser...".

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Lorenzo écouta le récit mouvementé de son ami, au moins il n'était pas le seul à avoir une vie amoureuse semée d'embuches et peu reposante. Avec Adrian, il se sentait souvent moins seul dans le malheur, plus normal. Même s'il était souvent désolé qu'il doive endurer de tels problèmes. Que faut-il faire pour mériter une vie simple et heureuse ? Lorenzo n'en savait rien, mais en tout cas, ils semblaient tous deux avoir failli aux épreuves.

« C'est une relation trop forte pour qu'elle soit vraiment terminée un jour, non ? Tu t'imagines ne plus avoir Juliet dans ta vie, un jour ? » Lorenzo ressentait le même sentiment. Avec Nina. Jamais elle ne sortirait de sa tête, même si finalement, il n'avait pas couru dans ses bras à la décision du divorce. Il ne pouvait pas non plus imaginer Adrian sans Juliet dans les parages. Qu'ils forment un couple ou non, ils étaient liés d'un lien trop fort pour qu'il se défasse un jour. « J'espère que ça se calmera pour vous, que vous trouverez une situation satisfaisante. Pour Logan notamment. » Lorenzo n'oubliait pas que son ami était déjà papa, alors que lui n'avait même plus d'épouse avec qui concevoir un enfant. D'ici 3 mois (putain), il atteindrait la trentaine. De quoi le faire démoraliser un peu plus. « Et j'espère que ça sera plus joyeux que moi, car même si j'ai l'air rajeuni, c'est vraiment pas la joie. » Il but une gorgée de son verre, cherchant ses mots. « Je vis dans une chambre d'hôtel, seul. J'évite Summer au lycée, car j'ai pas envie de la croiser avec Peter. Je sors de temps en temps, mais bon. » Mais bon niveau pieu, c'était pas trop ça. Seulement il n'était pas encore alcoolisé pour se plaindre sur ce terrain là.

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"C'est une relation trop forte pour qu'elle soit vraiment terminée un jour, non ? Tu t'imagines ne plus avoir Juliet dans ta vie, un jour ?". Justement, c'était là la véritable question. Et Adrian avait finalement eu le temps de se faire une idée sur la chose. Si seulement il avait écouté son ami bien avant de commettre cette vilaine bêtise, tomber dans les bras de Sasha Adamovitch... Il ne serait pas là à tenter de recoller les morceaux avec Juliet. Mais finalement, ceci n'était-il pas un mal pour un bien? Car finalement, le résultat de tout cela, c'était qu'Adrian s'était réellement rendu compte de l'importance que Juliet prenait dans sa vie. Avant sa tromperie, il se comportait comme un goujat envers la jeune femme, et lui faisait subir ses moindres sautes d'humeur. Aujourd'hui, il se sentait éperdument amoureux d'elle, et honteux d'avoir eu ce si mauvais comportement. La séparation avait donc eu l'effet d'un électrochoc, mais Adrian continuait à croire que les choses auraient pu s'arranger autrement, s'il avait au moins fait quelques efforts. Aaaaah les hommes . "Je ne sais pas si notre relation est trop forte, et si les choses vont finir par s'arranger. Mais je sais vraiment ce dont j'ai envie maintenant, je sais aussi ce qu'il me reste à faire... car je ne me vois pas séparé de Juliet et Logan..." souffla Adrian. Il soupira longuement, tandis que son amis lui fit part de ses soucis à lui. Leurs rencontres avaient souvent l'allure de séances de confessions, où les deux hommes abordaient la plus part du temps leurs problèmes de coeur, comme de vraies copines. Et s'il y avait bien une personne avec laquelle Adrian préférait se confier, c'était bien son ami Lorenzo.

Adrian écoutait son pote, et découvrait sa nouvelle vie de célibataire, de divorcé. Aux yeux d'Adrian, Lorenzo et Summer avait toujours semblé être le petit couple parfait, un des mariage les plus solides de Magnolia.Et pourtant, il était forcé de constaté que ce n'était pas vraiment le cas, et reconnaissait tout de même chez son ami le mérité d'avoir fait de nombreux efforts pour tenter de sauver son mariage. Ca n'avait pas fonctionné, et puis au final, Lorenzo serait peut être plus heureux en étant divorcé. A l'entendre parler, on pouvait encore en douter, mais cette séparation lui permettrait probablement d'assumer enfin ses sentiments pour Nina, ou rencontrer une autre femme qui sait? Tôt ou tard, Lorenzo sortirait de cette épreuve plus fort et probablement plus heureux. "Peter? Mafield ou quelque chose du genre? Le grand frisé complètement bizarre?" s'étonna Adrian. "Avec tout le respect que j'ai pour Summer, je dois dire qu'elle tape vraiment dans le discount cette fois-ci!". Conscient du caractère déplacé de ses propos, Adrian tenta de se rattraper: "Ecoute mec, ce divorce c'est peut être pas si mal tu sais. Je me dis que si c'est pas la joie maintenant, ça le sera tôt ou tard. Et avec ta belle gueule, je ne m'inquiète pas trop pour toi!". Il bue une gorgée de son verre, puis plongea la main dans sa poche pour y récupérer les clefs de sa maison, qu'il avait depuis peu déserté pour se contenter de la chambre d'ami de Juliet, le but étant d'être au plus près d'elle, même pendant la séparation. "En revanche, j'aime pas te savoir obligé de dormir à l'hôtel.". Adrian posa les clés sur la table, et les poussa vers la main de Lorenzo. "Tiens, prend les, et fait comme chez toi..." souffla O'Conell.

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Désolée du retard

Lorenzo était sincèrement désolé pour son ami. Forcément, on se rend toujours compte de l'importance des gens quand on les perd. Lorenzo en avait fait les frais. Et maintenant qu'il divorçait, il comprenait que c'était trop tard, qu'il avait perdu Nina pour de bon. Il avait été idiot, de penser qu'il pourrait courir vers elle et l'étreindre comme si de rien était, comme si ces longues années ne s'étaient pas écoulées. Ce tome de sa vie était terminé, il devait reposer ce livre et entamer le prochain. « Alors bats toi tant que tu le peux encore, je donnerais n'importe quoi pour avoir ta chance » Il but une gorgée de whisky, avant d'ajouter « Avec Nina, j'entends » Si jamais Adrian ne comprenait pas de qui il parlait. Bien sûr, il ne regrettait son mariage, il garderait à jamais ses moments avec Summer au chaud dans sa mémoire. Mais son coeur avait toujours respiré pour Nina. Et maintenant qu'il réalisait que c'était trop tard, il se cherchait un usage, se sentait totalement inutile. Si seulement il avait été réaliste plus tôt, alors de rêver d'une autre quand il partageait encore le toit de Summer. Mais non, son esprit avait vagabondé ailleurs, donnant envie à son coeur et à son corps ... Qui aujourd'hui se retrouvaient là, bras ballants, sans plus personne du tout à étreindre.

Adrian lui passa néanmoins un peu de baume au coeur, en vannant Peter. Lorenzo eclata de rire, surpris mais appréciant la comparaison. « Merci Adrian » souffla-t-il avant de lui lever son verre, puis d'y porter ses lèvres à nouveau. Bien sûr, que Peter était une version discount et que Summer visait plus bas maintenant qu'elle n'avait plus Lorenzo, non mais ! « T'as raison, je dois juste arrêter de m'apitoyer sur mon sort, parce que ça craint et c'est pas avec ça qu'on va me trouver intéressant. » Pour ne pas dire sexy. Il avait déjà fait du repérage, un ou deux soirs avec Carl, mais il devait passer aux choses sérieuses. Certes il avait une belle gueule, mais il approchait également des 30 ans, mine de rien. Et 30 ans, c'est pas un peu tard pour commencer une colocation ? « Euh, tu m'invites à emmenager chez toi, là ? Comme une colloc de deux vieux garçons ? Merci en tout cas. » Il lui sourit, sincèrement. L'hôtel devenait bugétairement un peu intenable pour lui ...