Je regardais Clyde me dire ce dont il avait besoin et l'entraînais alors vers un premier magasin. Je m'aventurais parmi les robes et les jupes. Je choisis une robe droite décoltée bleu marine et une jupe en cuir. Je tirais donc mon amoureux jusqu'aux cabines d'essayages où j'essayai la robe. Je sortis de la cabine en me dandinant, peu habitué à ce genre de robes que Cinzia m'avait demandé d'acheter pour me rendre au travail - ah le domaine de la mode, éviter baskets - baggy. Je me montrais donc à Clyde et tournais sur moi-même pour regarder mes fesses dans le miroir. Cette robe m'allait vraiment bien. “Tu en penses quoi?” Je me tournais vers Clyde et le regardais. Je ne doutais pas que cette robe allait lui plaire étant donné le grand décolleté qu'il y avait. Je tournais donc sur moi-même et rentrais de nouveau dans la cabine avant d'essayer la jupe. Mais n'ayant pas de haut, je l'essayai sans demander l'avis de Clyde, et décidais après une longue réflexion de laisser la jupe ici et de prendre la robe. Je sortis donc de la cabine et emmenais Clyde à la caisse où je payais. Contente de mon nouvel achat, je sortis du magasin presque en sautillant avant de voir de magnifiques chaussures à talons noir que j'achetais sur le champ après les avoir essayé.

Après avoir trimbalé Clyde dans deux boutiques, c'était à son tour de se faire plaisir. Je l'emmenais donc dans une boutique pour homme et le laissais choisir des vêtements tandis que je lui en proposais d'autres. Les bras chargés, je le laissais entrer dans la cabine. “Prends en photo ce que tu essayes, je reviens, j'ai oublié quelque chose dans la boutique précédente.” Je sortis donc de cette boutique et retournais dans la boutique que j'avais repéré l'autre jour alors que je faisais une course pour Cinzia. J'achetais ce dont j'avais besoin et revins auprès de Clyde. “C'est moi.” Je le laissais sortir et regardais le haut qu'il essayait, j'approuvais et lorsqu'il voulu entrer dans la cabine, je le retins par le bras pour qu'il me fasse face. Je le regardais et sortis de ma poche la boîte à cigarette en argent que je venais de lui acheter. Dessus était gravé un "C". Je lui tendis, soucieuse de sa réaction et ajoutais ce geste par : “Je voulais te faire plaisir...” Je le regardais comme une enfant, et affichais une moue comme désolée, presque convaincue qu'il n'en avait rien à faire d'avoir une boîte où ranger ses clopes. Je m'asseyais sur le siège en face de la cabine d'essayage et le regardais, en souriant timidement.

J'avais peur que mon cadeau ne lui plaise pas, mais à ma grande surprise, il me regarda, ouvrant la bouche comme s'il essayait de me répondre quelque chose. Mais quelque chose semblait l'empêcher de parler. A la place, il sortit ses cigarettes et les rangea dans sa nouvelle boîte, comme un enfant. Puis il m'embrassa et me chuchota un merci à l'oreille. On se dirigea vers la caisse et il me proposa d'aller manger une glace. Je souris et répondais : “Oh oui, j'adore ça!” On quitta le magasin une fois que Clyde avait payé ses vêtements. Je regardais autour de moi à la recherche du marchand de glace. Je repérais alors un panneau coloré à l'autre bout du centre commercial. Je pris la main de Clyde et le tirais vers le glacier. Je me tournais vers lui et lui demandais : “C'est quoi tes parfums préférés?” Cela m'amusait que Clyde aime manger des glaces comme un enfant. Je l'aurai plutôt imaginé s'asseoir à la terrasse d'un bar et demander une grosse bière. Mais non, à croire qu'il s'était assagit. Sans m'en rendre compte, je m'étais mise à le regarder bizarrement. Je secouais la tête et réfléchis lorsque nous arrivions devant le glacier.

Il ne fallu pas longtemps pour que nous soyons assis sur le muret de pierre de la fontaine intérieure. Tout en mangeant ma glace, je levais la tête et regardais l'eau couler. Je tendis la main et touchais l'eau, la laissant dégouliner lentement sur ma main et mon avant bras, l'autre main tenant la glace que j'étais en train de manger. Clyde était assis en face moi, et mangeais sa glace en regardant en face de lui. L'idée me vint alors, que peut-être, voir sûrement, il s'ennuyait. Je fronçais les sourcils et soupirais puis je m'approchais de lui et lui glissais à l'oreille : “Clyde, on va fumer un joint?” Il tourna la tête brusquement vers moi et me regarda comme si'il avait vu un fantôme. Je le regardais avec un air innocent et haussais les épaules, en continuant de manger ma glace. Certes j'étais tutrice de deux adolescents, certes je travaillais déjà et n'avais pas fait d'études, certes j'étais connue pour mon sérieux et non pour ma quête de l'inconnu - ce qui me caractérisait tout à fait, mais le déroulement des événements de ma vie avaient fait de moi une personne ennuyeuse et bien trop sérieuse. Mais ce voyage à Toronto m'avait remis les idées en place, ainsi que les soirées en compagnie d'Ezra, puis Clyde. Je regardais mon nouvel amour, amour qui étais miens depuis déjà quelques temps mais qui restait tout nouveau pour moi. car il n'avait rien à voir avec les autres gars avec qui j'étais sortie, et son amour me faisait revivre. Je me sentais vivante, heureuse, protégée. C'était comme si j'avais attendu Clyde, comme si j'avais attendu ce garçon paumé mais libre, afin que je lui donne un sens à sa vie, et afin qu'il me rende cette liberté que j'avais perdue. Je pris sa main et la caressais avec douceur.