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we're not broken just bent. || ft. les Melrose.

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MessageSujet: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeVen 17 Jan - 23:17


Debout devant son miroir, Clara terminait de se préparer avant de prendre la route jusque son cabinet. Comme tous les matins, elle se fixait pendant une bonne dizaine de minutes pour se convaincre qu'elle pourrait survivre à cette journée. Mentalement, elle se répétait cette phrase « t'es une warrior, tu peux le faire », alors, gonflant sa poitrine comme pour se donner de la force, la jeune blonde pouvait commencer sa journée. Elle n'avait pas beaucoup de rendez-vous aujourd'hui mais devait tout de même travailler par à côté afin de régler certaines choses d'ordre administratives, mais devait surtout se dépêcher de préparer la maison pour le retour d'Austin à la maison. Bien que ce dernier considère qu'elle en faisait toujours trop, la jeune blonde ne lésinait jamais sur les détails quand elle sentait que la fin de semaine approchait, et que cela annonçait le retour de son fils aîné auprès d'elle.

La pile de dossiers sous les bras, c'est avec un sourire aux lèvres qu'elle parcourut le couloir qui la mènerait aux escaliers pour qu'elle puisse prendre le chemin du boulot. C'est cependant en passant devant la porte de sa fille qu'elle s'arrêta. Elle ne savait pas si cette dernière était là ou pas, si elle était déjà sortie ou même si elle était rentrée, afin de s'assurer qu'il y ait âme qui vive dans la pièce, Clara colla son oreille à la porte en essayant d'écouter le moindre bruit, le moindre mouvement qui montrerait que sa fille soit là. La relation entre les deux jeunes femmes était tellement spéciale, qu'elle devait en arriver à là pour s'assurer que sa progéniture soit sainte et sauve. Ce n'était pas quelque chose qui se faisait en temps normal  et si on la surprenait, elle risquerait d'avoir pas mal d'ennuis, mais elle s'en fichait pas mal, elle voulait être sûre que sa petite fille – qui n'était plus si petite que ça – soit bien vivante.

Lassée d'écouter à ne rien entendre, elle décida d'entrer pour en avoir le cœur net et si jamais elle était là, elle ferait mine de s'être trompée de porte ou de vouloir lui demander quelque chose. Elle n'était pas sûre de l'efficacité de cette technique, mais elle avait toujours conseillé à ses patients de tenter quelque chose avant de porter un jugement, lorsque ces derniers estimaient que la thérapie ne servait à rien. En l'occurrence, la patiente qui devait tenter quelque chose était Clara, quitte à se faire jeter dehors par Allie, au moins ça prouverait qu'elle est bien vivante et au mieux, qu'elle soit même en pleine forme.

« Allie, est-ce que tu pourrais... » dit-elle en tournant la poignée sans même frapper.

La psychologue n'avait aucune idée de comment enchaîner cette phrase pour ne pas qu'elle inutile, mais elle s'en fichait, Allie était là et semblait même occuper à faire quelque chose, quelque chose qu'elle ne saurait expliquer. Pour le savoir, elle devrait s'aventurer un peu plus dans la pièce, mais rien que les quelques pas qu'elle avait fait risquait de faire réagir la jeune demoiselle et pas de la meilleure façon du monde.


Dernière édition par Clara Melrose le Mar 11 Mar - 17:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 15:12

« Cher journal, aujourd'hui aux nouvelles de notre beau pays, une fusillade qui fait deux blessés dans une université où, si ça se trouve, j'irai l'année prochaine; une réforme de la NSA qui promet la fin de l'écoute téléphonique; l'Ohio met en place un système de peine de mort qui laisse le condamné souffrir plus longtemps; une fillette de quatre ans tue son cousin du même âge avec l'arme à feu de son papy. Et encore, nous ne sommes ni un pays en difficulté économique -si, pardon, c'est la crise à cause des spéculateurs-, ni un pays en guerre, ni un pays souffrant de famine. Parce qu'il y en a encore, aujourd'hui, dans un monde où l'on gaspille presque autant que ce que l'on produit, où l'on jette des produits pourtant encore tout à fait consomptibles parce qu'ils n'entrent pas dans les calibres resserrés de nos esprits étroits; dans le même temps, nous nous rendons compte que nous manquons de place, que nos poubelles débordent. À quand la pollution de la lune? De mars? De toute façon nous ne pourrions pas y vivre, paraît-il, quand bien même notre planète serait devenue irrespirable. Et moi, je vais aller en cours dans quelques heures, histoire de ramener des bonnes notes pour entrer dans une univ... »

Le stylo stoppa net sa course frénétique sur le papier recyclé du carnet où Allie avait pris l'habitude de griffonner toutes ses pensées, histoire de les extérioriser, histoire qu'elles ne l'étouffent pas de l'intérieur. On entrait. Rapidement, Allie referma son petit carnet et le fourra sous la couette de son lit, où elle était jusqu'à lors nonchalamment installée: ce journal, c'était sa cachette, son refuge, le seul coin où elle était libre parce qu'elle consentait à s'emprisonner dans ses mots. Là, elle disait tout. Là, elle était forte, elle avait une influence sur le cours de choses: elle écrivait son histoire, littéralement, elle était maître des lettres qu'elle formait, libre de crier ce qu'elle devait taire pour ne pas déranger. Un de ses pires cauchemars serait probablement qu'on sache qu'elle écrivait un journal, d'abord, mais surtout qu'on le lise. Or elle connaissait sa mère, toujours à fouiner, à vouloir savoir ce qu'elle pensait au plus profond de son être. Si elle venait à savoir que tout était tout simplement écrit, que son inconscient s'était étalé sur de petites pages aussi faciles d'accès, il y avait fort à parier qu'elle y jetterait un coup d’œil, sous couvert de vouloir rendre service à sa progéniture, au lieu de tenter de psychanalyser ses silences. Sa progéniture, justement, elle voulait le lui cacher pour lui rendre service également: si elle le trouvait, elle le lirait et Allie lui en voudrait. Au final, il valait peut-être mieux qu'elles ne sachent rien l'une de l'autre; au moins pouvaient-elles se cacher derrière leur feue complicité pour justifier de s'aimer encore. Parce que Allie l'aimait, même si tout semblait bien plus compliqué maintenant qu'elle avait appris à penser par elle-même.

« MAMAN! » Pesta l'adolescente en voyant le visage de Clara se dessiner dans l’entrebâillement de la porte. Une fois assurée que son carnet était bien caché, Allie se leva pour aller vers la porte, qu'elle ouvrit en grand. « Et c'est toi qui nous dit de toujours toquer avant d'entrer? Fais ce que je dis pas ce que je fais, hein. C'est typiquement humain, comme comportement, tu me diras. » Croisant les bras sur son torse, Allie hésitait entre la regarder méchamment ou tristement. C'est comme si sa voix lui criait de dégager tandis que ses yeux lui demandaient de la sauver, de trouver une solution aux maux humains. C'était trop grave, tout, partout, pas qu'aux États-Unis. Même dans sa maison tout partait en vrille: on ne frappait pas à la porte. Reprenant un peu son calme, la cadette Melrose détourna le regard, baissant d'un ou deux tons, jusqu'à presque chuchoter. « Qu'est-ce qu'il y a? »
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 16:48

we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Emma2 we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Images?q=tbn:ANd9GcQe3Urm9vUeoxssDYrfKYzvwvRv5GL4JmYwtmlPF1lXlI9Y_ZMfqnOI1ux6 we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  600full-diane-kruger

Isaac éclata de rire. Téléphone à la main, il parlait à Nathan depuis une bonne demi-heure, et il se racontaient des anecdotes de la vie, du travail, voire de famille. Souvent, les deux amis s'appelaient pour se détendre, entre deux réunions ou disputes familiales. C'était vraiment un des meilleurs amis d'Isaac, et même si Nathan avait Nolan, il n'était pas jaloux, Nolan était aussi un brave type. Il n'avait personne d'autre vers qui se tourner. Le plus grand ami d'Isaac, le père de Mike, était malheureusement décédé, et il avait eu du mal à s'en remettre. Depuis, même si le Melrose était copain avec la moitié du quartier, ses vrais amis de comptaient sur les doigts d'une main. Ce n'était pas si mal, et mieux que rien, même si Isaac aurait préféré être mieux entouré. Il se consolait avec des soirées détente avec tel ou tel voisin, c'était tout aussi bien. Assis sur sa chaise roulante de son bureau, Isaac avait le sourire jusqu'aux oreilles. Nathan venait de lui raconter ce que sa femme avait fait comme étourderie et cela l'avait bien fait rire. Isaac failli enchaîner que une histoire que lui avait raconté Nolan, mais il connaissait la tension présente entre les deux hommes récemment, et ne voulait pas envenimer les choses, ni prendre parti. Apparemment, Aaron et Lily avaient fugué ensemble, et les pères se mettaient l'un contre l'autre, peut-être pour se décharger la culpabilité. C'était peut-être résolu, mais le Melrose ne voulait pas tenter le diable. Et puis cela lui faisait du bien de rire, ces derniers temps il avait été fou occupé avec le travail, sa secrétaire étant encore en congé maternité. Sans compter le travail de la réception, les travaux de l'ouragan étaient encore en cours, et Isaac avait prévu de faire des agrandissements. Ainsi, sur sa table trônait des liasses de papiers et croquis, crayons et règles, pour les plans. C'était un peu le bordel, fallait se le dire. Mais Isaac n'était pas un pro du rangement et avait tendance à attendre que ce soit sale pour laver ou ranger. Procrastination dites-vous ?

Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le problème. Même si les papiers traînaient depuis une semaine, là tout de suite il était occupé -et il était toujours occupé- à écouter les conneries de l'Evans. Alors que les deux au bout du fil se bidonnaient comme des baleines, Isaac entendit un autre bruit que celui de leur voix, et tout de suite s'arrêta de rire. Soupira. « Putain. » il ferma les yeux et il entendit le « Quoi ? » de Nathan au bout de fil, avant de répondre. « Je dois te laisser, Allie nous fait encore des siennes. » Et il le salua avant de raccrocher. Allie, en haut, était encore en train de crier. Incurable cette petite. Toujours en train de réprimander sa mère, qui, Isaac en était sûr, n'avait rien fait de particulier. Mais Allie, comme toujours, se devait de penser qu'elle était la meilleure et que les autres devaient se plier à ses bons vouloirs et à ses idées sottes de monde où tout allait mal. D'ici à ce qu'elle allait manifester contre toutes les causes écologiques de la terre, il n'y avait pas des kilomètres. Vraiment, il ne voyait pas d'où elle pouvait sortir de telles idées, et ça le désespérait. Ne pouvait-elle pas être une fille normale, pour une fois ?

Quand Isaac arriva en haut, il aperçut, pas du tout surpris, qu'il avait raison. Tout de suite, il lança un regard noir à sa fille. « Qu'est-ce que tu baragouines encore ? Tu crois pas que tu l'a fait assez souffrir comme ça, ta mère ? » Puis elle se tourna vers sa femme. « Elle t'a dit quoi ? » Son ton était strict. Sec. Ferme. Ses sourcils étaient fronçés, il respirait vite, ses poings se crispaient. Son regard allait de Clara à Allie, d'Allie à Clara. Pour essayer de voir qui avait commencé. En général, il prenait toujours le parti de Clara. Sa femme, il l'aimait vraiment. Plus que tout. Leur amour datait maintenant de bien loin, et il savait que c'était réciproque. Il la connaissait, il connaissait sa fragilité, sa passion pour son boulot et la difficulté que c'était de se lever tout les matins et d'affronter les problèmes des autres. Pour cela, il la respectait, et il trouvait que leur fille ne s'en rendait pas compte. Avec ses idées délirantes sur le monde qui l'entourait, elle n'arrivait pas à voir les problèmes qu'il y avait dans sa propre maison. Ils étaient ses parents nom de Dieu ! Pourquoi n'écoutait-elle jamais ce qu'ils disaient ? Et ce n'était pas faute d'avoir essayé.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 18:16


Comme elle l'avait prévu, sa petite irruption dans la chambre de sa fille ne plu pas à cette dernière, elle aurait pu tout simplement tourner les talons en lui disant seulement que finalement c'était une fausse alerte et s'excuser par la même occasion, mais poussée par sa curiosité naturelle à savoir ce que sa fille faisait, où, quand et avec qui, elle jeta un rapide coup d'oeil à la pièce, voyant bien que la jeune blonde essayait de lui cacher quelque chose. Mais quoi ? Elle aurait peut-être pu le trouver si la jeune fille n'avait pas réagit avec agressivité à son égard. Malheureusement, entraîné par sa volonté de vouloir savoir pourquoi sa mère était aussi envahissante, elle avait poussé un « quoi » d'un octave trop haut, faisant que presque toute la maison pouvait l'entendre. La seule chose que craignait Clara à ce moment là, était que son mari qui ne devait pas être bien loin l'entende également. Lorsque a jeune blonde ouvrit la porte un peu plus pour la laisser entrer – elle n'avait pas vraiment d'autre choix, la Melrose étant déjà presque à l'intérieur – elle fit encore une fois une rapide inspection des lieux. Elle n'espérait pas trouver grand chose de la sorte, mais au moins ça lui permettrait de cerner un peu plus sa fille et ses centres d'intérêts, bien qu'elle ait comprit qu'elle adorait tout ce qui était écologique, s'intéressant peut-être même un peu trop de l'avenir de la planète plutôt que du sien.

« Ma chérie, je voulais m'assurer que... »

La psychologue fut coupée dans sa phrase par Isaac et comme elle l'avait redouté, il ne semblait pas être de bonne humeur. Elle se retourna vers son mari qui commençait déjà serrer les poings comme si il était prêt à les utiliser contre quelqu'un. Son ton sec et tranchant lorsqu'il posa sa question à Clara eut le don de la refroidir et pour ne pas montrer son anxiété face à l'homme en colère, elle serra un peu plus sa pile de dossiers sous son bras, s'approchant de lui en faisant des petits pas.

« Rien, Isaac, elle ne m'a rien dit et n'a rien fait non plus. C'est rien... »

Plus elle parlait, plus elle avait l'impression de perdre du volume dans sa voix qui se voulait calme mais qui était surtout apeuré. Elle connaissait son mari et savait qu'il était un peu impulsif, et qu'il lui arrivait d'avoir un comportement assez lunatique, frôlant des fois la bipolarité. Mais Clara avait apprit dans son métier que la patience, le calme et la compréhension sont les maîtres mots, certes Isaac était loin d'être un patient, mais ça ne l'empêchait pas d'utiliser les mêmes techniques avec lui.

« Je suis désolée de t'avoir dérangé Allie... » dit-elle en baissant la tête.

La dernière chose qu'elle voulait était que sa fille prenne tout alors que c'était elle qui venait de la déranger pendant qu'elle faisait on ne sait quoi. De sa main libre, elle la posa sur le poing crispé de son mari, essayant de le tirer légèrement vers elle en direction de la sortie, et bien que le poids qu'elle faisait mélangé à toute la volonté du monde ne suffirait pas à ce le tirer, peut-être qu'il ferait preuve de bonne volonté et sortirait de lui-même pour retourner à ses occupations.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 19:28

Dans sa théâtralité naturelle, Allie avait eu le malheur de riposter quelques décibels trop haut. De fait, elle avait attiré l'attention de son géniteur, jusque là occupé au téléphone à parler d'elle ne savait quoi avec elle ne savait qui. Probablement quelque chose en rapport avec son travail, peut-être avec un de ses amis friqués et prétentieux que la jeune fille trouvait ennuyeux au possible mais que Isaac encensait et estimait drôles et sympathiques. Quelle drôle d'idée. Ses pas résonnaient dans les escaliers à un rythme relativement assuré qui lui permit de couper Clara en plein dans son élan. Elles n'avaient pas besoin de lui pour régler leurs problèmes, d'ailleurs la jeune mère allait présentement lui expliquer pourquoi elle était entrée de la sorte, elles auraient pu discuter et trouver un terrain d'entente. Enfin, discuter, c'était probablement un grand mot. Allie aurait tout fait pour couper court à la conversation, trouvant un prétexte pour rester très superflue dans ce qu'elle avouait à sa mère, de sorte qu'elle reparte tranquille et laisse sa fille tranquille.

Seulement voilà, papa Melrose en avait décidé autrement. En le voyant arriver, Allie leva les yeux au ciel en serrant un peu plus ses bras contre elle. Il se mêlait de ce qui ne le regardait pas, comme d'habitude, et en plus il avait l'air en colère. Il reprochait d'ailleurs à Allie de faire souffrir sa mère, comme si elle avait quoi que ce soit à se reprocher. Elle n'avait rien fait à sa mère, elle n'avait jamais voulu lui faire de mal, elle demandait juste un peu de tranquillité. Elle ne voyait pas en quoi c'était la faire souffrir, et si c'était le cas elle n'y pouvait rien, elle ne voyait pas ce que pourrait lui apporter le fait de développer une relation de confiance absolue avec elle alors qu'elle lui en voulait terriblement dans le même temps. « Tu vois? C'est rien. » C'était Clara qui le disait. Il la croirait peut-être, elle, non? Il l'aimait, paraissait-il, elle. « Et puis de toute façon ça ne te regarde pas. » Si elle s'était tue, tout serait peut-être rentré dans l'ordre. Clara aurait réussi à le calmer, Isaac serait reparti. Seulement Allie détestait voir que sa mère allait une fois de plus laisser passer, comme tout, tout le temps. Si elle n'arrivait pas à dire à son mari qu'il s'énervait pour un rien, Allie le ferait. Qu'est-ce qu'elle avait à perdre? Comme Clara s'excusait, Allie haussa les épaules. « Toque, juste, la prochaine fois. » Réclama-t-elle un peu plus calmement, convaincue au fond que ça ne rentrerait pas dans l'ordre si facilement -ça serait trop beau. « Pardon d'avoir perturbé ta conversation téléphonique hyper constructive, papounet chéri. » Faisant battre ses paupières trop rapidement dans un ton provocateur et un sourire pas moins sarcastique, la blondinette soutint le regard de son père quelques secondes avant de ne le reposer sur sa mère, peu fière cette fois. Un instant elle douta: Clara essayait de le persuader de le calmer, et tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était renchérir. Mais voilà, c'était trop facile que personne ne lui dise jamais rien, qu'il monte et demande le silence et que tout le monde se taise comme si tout lui était dû. Tout ne lui était pas dû. Si c'était à elle de le lui faire savoir, elle le ferait.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 21:44

we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Emma2 we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Images?q=tbn:ANd9GcQe3Urm9vUeoxssDYrfKYzvwvRv5GL4JmYwtmlPF1lXlI9Y_ZMfqnOI1ux6we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  600full-diane-kruger

Isaac ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas pourquoi il était si énervé à chaque fois que sa fille haussait le ton. Qu'à chaque fois il ressentait le besoin de la rabrouer. Et pourquoi elle ressentait le besoin de lui tenir tête. Depuis sa naissance. Faut croire qu'ils avaient fait quelque chose de travers. Pourtant, ce n'était pas le manque d'amour. Malgré son autorité, Isaac était un homme aimant, et au fond de lui il aimait sa femme, autant que sa fille. Mais il ne supportait pas de ne pas avoir le dernier mot. Depuis toujours, il avait fallu qu'il domine, qu'il soit le premier, que les autres le respectent. Que les autres le reconnaissent. S'il se disputait avec Clara, c'était pour qu'elle prenne du poil de la bête, qu'elle arrête d'acquiescer à tout, et qu'elle ait un peu confiance en elle. En fait, il faudrait qu'Allie donne un bon de son orgueil à sa mère. Mais maintenant qu'il vivait avec Clara depuis presque vingt ans, il avait appris à la connaître et il savait qu'elle ne changerait pas. Et leur fille, non plus. C'est donc par ses éclats de voix réguliers que les Melrose réveillaient leurs voisins, souvent pour une broutille, ou un malentendu. Mais Isaac avait besoin de montrer à sa famille que c'était lui qui dirigeait. Que c'était lui le chef, en somme.

C'est donc avec cela en tête qu'il avait monté les escaliers pour s'interposer entre sa femme et sa fille. Il leur disait de se taire, elle devaient le respecter, un point c'est tout. Pourtant, même si Clara s'y soumettait sans un mot, Allie le plus souvent ne pouvait s'empêcher de lui lancer une remarque sarcastique. Et cette fois encore, elle n'y manqua pas. D'abord, Clara tenta de calmer Isaac, de lui dire que ce n'était rien, rien et toujours rien. Puis elle s'excusa envers Allie et recula, posant sa main sur celle de son mari. Isaac la regarda dans les yeux, et il vit cette lueur qu'il connaissait si bien. Le mensonge. La peur. La soumission. Mais aussi du calme. De la sérénité. De l'apaisement. Fermant les yeux, il soupira, prêt à faire une exception. La main fraîche de Clara sur la sienne lui faisait du bien. C'était comme si elle l'apaisait. Depuis toujours, elle avait été capable de maîtriser les émotions du Melrose, avec un geste, une parole, un regard. Comme un médiateur, entre ses émotions et ses sentiments. Son amour avait beau être fort, ses impulsions l'étaient parfois encore plus. Et parfois, il ne les contrôlaient plus, même si Clara était présente. Parfois, cela dépassait l'entendement. Il cachait cette angoisse derrière un sourire, mais au fond, c'était toujours la même chose. Chaque soir, il s'endormait, avec la peur au ventre que le lendemain, cette part de lui se réveillerait, et qu'il perdrait le contrôle. Encore. Il était tiraillé. C'était le mot. Tiraillé entre ses sentiments, sa famille, leur bonheur. Et cette colère, cette haine qu'il avait contre ceux qui ne le respectait pas. Peut-être qu'il était lunatique, peut-être qu'il était bipolaire. Qu'il devrait se faire soigner. Mais à chaque fois que ses pensées traversaient cette idée-là, un mur de glace se levait et il se disait qu'au fond, non, il allait très bien, et que c'était les autres. La faute des autres. C'était eux qui n'allaient pas bien. Pas lui. Et c'est ainsi qu'il vivait, le cul entre deux chaises.


Alors que Clara était sur le point d'avoir calmé Isaac, Allie ne put se taire.  Elle renchérit sur les paroles de sa mère, sur un ton hautain et désagréable. Isaac vit que sa femme tressaillit. Bien sûr, elle savait que maintenant, c'était foutu. Se retournant lentement vers sa fille, il s'humecta les lèvres et les tint fermés, laissant peser un silence de mort dans le couloir. « Pardon ? » Ce mot résonna, fort et ferme, et fit l'effet d'une douche froide. Comme une pierre qui tombe dans l'eau. Comme un boulet de canon. Mais pas pour longtemps. Allie décida d'ignorer son père et de répondre d'abord à sa mère, d'une voix calme. Puis, elle changea presque d'expression dans la seconde et quand elle releva le visage pour parler à son père, ce n'était plus un visage serein, non. C'était une moue sarcastique, avec un sourire en coin, des paroles virulentes. En se moquant allègrement de son père, en pleine face. Croyait-elle vraiment qu'elle allait s'en sortir comme ça ? Qu'elle avait le droit de lui parler sur ce ton ? N'avait-elle pas compris, depuis le temps ? Sa main, qui avait pris celle de Clara, se resserra, et il dut se retenir pour ne pas la lui écraser. Il la lâcha et il se contenta de regarder Allie, puis, d'abord calmement, il prit la parole. « Tu veux vraiment jouer à ce jeu-là ? Vraiment ? » Il haussait le ton peu à peu. « Je suis ton père Allie, est-ce que tu le sais ça, au moins ? Tu t'en rends compte ? Tu crois que tu peux me parler sur ce ton ? Je te rappelle que tu vis sous mon toit, que tu manges grâce à mes revenus -entre autres-, que tu n'es qu'une enfant et que je peux très bien te mettre à la porte du jour au lendemain. Est-ce que tu le comprends, ça ? » Il agitait ses mains au rythme de ses paroles, qu'il accentuait de temps à autre, pour bien faire comprendre à sa fille ses propos. « Pardon ? J'entends pas. » rajouta-t-il sur le même ton, en voyant le mutisme de sa fille. Derrière lui, Clara était restée silencieuse, pétrifiée.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 22:43


Penser que ses excuses et que son ton calme pourrait apaiser les choses, c'était rêver debout, même si les choses auraient pu se calmer si elle avait encore un peu plus de force pour faire en sorte qu'Isaac s'éloigne de la chambre d'Allie. Clara sentait que la situation commençait à lui échapper quand elle sentit la pression qu'exerçait la main de son mari sur la sienne et bien que ça lui faisait un peu mal, elle préférait ne rien dire, il valait mieux qu'il lui malaxe la main au point de lui broyer les os qu'autre chose. Pour tenter de le calmer, d'un geste doux, elle commença à caresser sa main de son pouce, voulant se montrant rassurante. Ils ne purent faire qu'un pas avant qu'Allie ne décide de reprendre la parole pour lancer une pique à son père. C'était exactement le comportement qui échappait complètement à Clara, c'était quand même bizarre à dire et triste à avouer, mais la jeune psychologue avait eu beau faire face à pas mal de situations, être en face des cas les plus complexes, mais n'avait aucune idée de comment expliquer le propre comportement de sa fille et de son mari. Elle ne savait même pas de qui tenait Allie, ce qui était claire c'était que ça ne venait en rien de son côté, elle était beaucoup trop calme et cherchait trop à s'effacer dans le paysage pour que les piques que lançaient la jeune blonde, elle l'avait hérité de sa mère. Cependant, ce répondant, cette provocation et cette façon de toujours se soucier de la planète quitte à frôler le négativisme, ce n'était pas non plus Isaac, non, lui il était... spécial. Spécial dans son comportement, spécial dans sa façon de parler, spécial dans sa façon d'aimer également.

« Isaac s'il te plait, non arrête. »souffla-t-elle, partagée entre la douleur de sa main, son désir de s'imposer pour que tout ceci s'arrête, et sa volonté de ne pas empirer les choses.

Elle savait qu'elle était complètement en dehors du tableau, servant à l'instant seulement à faire passer les nerfs de son mari qui continuait de presser sa main comme un citron, mais elle ne voulait en aucun cas que les choses tournent mal, même si elles étaient en bonne voie. Elle pouvait ressentir toute la colère qui avait envahit le corps du trentenaire et n'était pas sûre de pouvoir calmer les choses. Lorsqu'il lâcha la main de Clara, la jeune blonde essaya de se mettre devant lui et Allie, de façon à jouer au mur séparateur. Avec la main qu'il venait de compresser, elle la posa sur sa joue, l'obligeant à ce qu'il la regarde dans les yeux, ces yeux qui exprimaient tan de choses qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer.

« S'il te plaît, viens, elle a comprit, c'est bon. »

Elle voulait que sa voix soit claire et distincte, sans pour autant que ce soit strict – surtout que vu son caractère, c'était quasiment impossible qu'elle s'impose avec ce genre de phrase – juste pour qu'il écoute le son de sa voix qui pourrait peut-être l'apaiser. Oubliant presque Allie, Clara voulait se concentrer sur son mari qu'elle voulait écarter de peur qu'il ne fasse quelque chose qu'il pourrait regretter par la suite
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 18 Jan - 23:47

Deux orgueils. Deux gros, trop gros orgueils qui se rentraient dedans, qui se bousculaient et faisaient nécessairement des dégâts. C'était comme deux forces qui explosaient l'une contre l'autre au point qu'elles laissaient une déferlante avaler la pièce de ses éclats de voix et de fierté. Allie aurait pu se taire. Elle aurait pu, comme sa mère, implorer pardon auprès d'un homme qui se devait de tout décider pour se sentir exister, se taire, se recroqueviller sur sa personne, faire le dos rond pour oublier et repartir à zéro. Seulement voilà, faire le dos rond, ce n'était pas le genre de Allie. Elle était douce et bienveillante, c'était certain, seulement quiconque souhaitait lui marcher sur les pieds devait savoir qu'elle savait aussi mordre. Bien entendu, elle ne mordrait pas littéralement son père, quoi que ce n'était parfois pas l'envie qui manquait; en revanche elle entendait bien lui délivrer quelques paroles sinon blessantes au moins piquantes dans le but de lui faire savoir ce qu'elle pensait. Si elle se taisait aujourd'hui, elle devrait se taire le reste de sa vie. C'était ce qu'on appelait l'effet de gel; persister dans une décision qu'on avait prise au préalable parce qu'y renoncer serait admettre nos erreurs. Parce qu'une fois qu'on avait commencé à agir d'une certaine manière, il n'y avait aucune raison de s'arrêter un mois plus tard plutôt que cinq minutes après. Allie ne commencerait donc jamais. Elle ne se tairait pas, pas maintenant pour ne pas être condamnée à se taire jusqu'à jamais. La meilleure défense, c'est l'attaque. Elle le savait, elle l'avait intégré. Aussi attaquerait-elle, aujourd'hui, demain, toute sa vie. Elle attaquerait son père, elle attaquerait les pollueurs, elle attaquerait les politiciens, elle attaquerait l'humanité entière. Bouclier imperceptible, bouclier inébranlable.

Pourtant, dire qu'elle ne vacillait pas face au ton accusateur de Isaac aurait été mentir. Elle tremblait presque en sentant un frisson remonter le long de sa colone vertébrale alors qu'il s'appliquait à lui expliquer qu'il pouvait la mettre dehors à tout instant, parce qu'elle était sa fille. Sa définition ressemblait plutôt à une sorte de bâtarde qu'il aurait accepté d'héberger par bonté d'âme. En voyant sa main se resserrer sur celle de Clara, Allie songea à acquiescer, puis se taire. Qu'il la lâche. Elle n'avait rien fait, elle était trop gentille, c'était son seul tort. Elle méritait qu'on la cajole, qu'on la protège, parce qu'elle ne répondait pas, elle, parce qu'elle en avait besoin, elle. Allie aussi en avait certainement besoin mais ça, elle ne l'avouerait jamais, au contraire. Seulement Isaac s'avança, et le fait qu'il lâche la main de sa mère fut comme un feu vert pour elle de repartir. Elle l'écouta attentivement, tremblant légèrement lorsqu'il fit savoir qu'il attendait sa réponse. Heureusement, Clara suggéra pour elle qu'elle avait compris. Heureusement... ou pas. C'est le moment que Allie choisit pour acquiescer. « Juste une précision: je suis ta fille ou ta chose? Parce que en général donner la vie ça implique un minimum de responsabilités, je suis presque sûre que c'est illégal de mettre son enfant mineur à la porte. Sans parler du fait que c'est totalement immoral, mais ça... » Il ne devait pas en avoir quoi que ce soit à faire. Elle serait peut-être mieux dehors, de toute façon. « De toute façon, bonne nouvelle, d'ici quelques mois je ne serai certainement plus là. » Quelque part, au final, Allie était peut-être un peu lâche: sa mère était là, elle prenait sa défense, et elle pouvait se cacher derrière le calme certain qu'elle parvenait à installer chez Isaac. Honnêtement, vu d'ici, elle semblait avoir une sorte de pouvoir magique. Alors que Allie parvenait à toujours un peu plus l'énerver, Clara le calmait. Elle aurait dû dire non. Savoir dire non, savoir dire ce qu'elle pensait. Tout aurait changé. « Je mange aussi grâce aux revenus de maman, elle existe, elle a peut-être son mot à dire. Je suis pas ta fille, je suis votre fille, tu n'as pas encore tout à fait le droit de vie ou de mort sur moi. Enfin en l'occurrence de me rendre SDF. » Pour peu que Clara s'y oppose... elle s'y opposerait, hein? Please? Allie n'en était même plus sûre c'était un coup de poker que de suggérer qu'il ne le ferait jamais: au fond, elle se voyait déjà chercher un autre logement...
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeDim 19 Jan - 16:22

we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Emma2 we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Images?q=tbn:ANd9GcQe3Urm9vUeoxssDYrfKYzvwvRv5GL4JmYwtmlPF1lXlI9Y_ZMfqnOI1ux6we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  600full-diane-kruger

D'un côté, sa femme. Douce, aimante, apaisante, sa main qui caressait la sienne pour le calmer, ou tout du moins essayer. De l'autre, sa fille. Sarcastique, irrespectueuse, impulsive, qui lui tenait toujours tête. Entre les deux, son coeur balançait, c'était le cas de le dire. Depuis le temps qu'il répétait à sa fille de le respecter, pourquoi n'obéissait-elle pas ? Pourquoi ne voulait-elle pas comprendre ? Des questions auxquelles même Clara n'avait pas de réponse. Isaac savait que sa fille ne changerait pas, mais il ne pouvait pas laisser ça passer. Alors qu'il venait de la seriner violemment, Allie garda ses positions et répondit à son père de plus belle. « Immoral ? Mais tu te crois maître de la morale peut-être ? Je crois qu'une fille qui réponds à son père n'est pas moins immorale que le père qui la fout à la porte. » lança-t-il, sûr de ses paroles. Cependant, même si Allie rendait son père fou, une part de lui était fière d'elle. Elle était autonome, indépendante et savait ce qu'elle voulait. C'était de bonnes qualités. Mais elle aurait du savoir que face à son père, ce n'était pas l'attitude à adopter. Clara répétait encore que c'était bon, que c'était rien, qu'elle avait compris. « T'appelles ça avoir compris ? » lui lança-t-il alors fermement, pris dans son élan. Clara était venue en face de lui, pour le regarder et le calmer, posant une main sur la joue. Mais Isaac était trop énervé pour que ça marche, et voilà qu'il reportait sa fureur sur sa femme. Il enleva la main de sa femme de sa joue avec un geste violent. « Arrêtes de lui trouver des excuses Clara, tu vois pas qu'elle essaye de t'amadouer ? Réfléchis dans ta petite tête ! » C'était sorti d'un coup. Tout seul. Isaac ne s'en voulut pas tout de suite. Tout de suite il était concentré sur sa fille, et sur sa punition. Mais au fond de lui, il savait qu'il allait s'en vouloir. Crier sur Clara, sur sa femme, qui ne faisait que tout subir. Mais il se réconfortait à chaque fois en se disant qu'elle n'avait qu'à apprendre un peu à s'assumer, sans quoi Isaac n'aurait pas eu à lui lancer des méchancetés à la figure.

Isaac retira alors violemment sa main de celle de Clara et avança d'un pas, en direction d'Allie. « Donc tu veux partir ? C'est ça ? Tu veux vivre ta vie seule, tu veux penser par toi-même, faire ce que tu veux, ne respecter personne ? Et bien, très bien. Très bien ! » Isaac ouvrit le placard du couloir, en sortit une valise, rentra dans la chambre de sa fille, ouvrit sa penderie, lui prit des hauts, des pantalons, sa trousse de toilette, posa le tout sur le lit, ferma la valise, la récupéra puis ressortit de la chambre, la valise pleine à la main. Il s'arrêta devant sa fille et jeta la valise à terre. « Ton choix. Tu restes, tu m'obéis. Tu décide de me tenir tête, tu pars. Vivre dans le froid, tu verras que ça te remettra les idées en place. » fit-il en regardant sa fille avec un visage très sérieux. « Ne t'avises pas de la défendre. » rajouta-il à Clara, menaçant. Fallait qu'elles comprenne qu'au bout d'un moment, fallait pas pousser le bouchon trop loin. 
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeDim 19 Jan - 18:19


Clara qui d'habitude savait où appuyer pour calmer les colères de son mari, avait l'impression que cette fois-ci elle allait échouer, elle sentait bien que la situation était hors de contrôle au moment où il lâcha violemment sa main et que même son regard ne suffisait pas à l'apaiser. Elle l'avait déjà vu entrer dans de telles colères, mais jamais de cette façon, elle avait même l'impression de ne plus reconnaître l'homme qui se tenait devant elle, s'en prenant même à elle qui tentait de calmer les choses.

Avec le temps la Melrose avait apprit à passer outre les remarques, piques et reproches que lui faisaient ses proches par rapport à son caractère, bien qu'elles soient blessantes. Elle avait apprit à se taire, à ne pas relever et à hocher la tête pour acquiescer, comme le disait sa grand-mère « dis oui et il n'y aura pas de bagarre ». Elle avait appliqué ça toute sa vie, mais jusqu'où devait aller l'application de ce conseil ? Elle voulait prendre la défense d'Allie mais ne voulait pas non plus se mettre Isaac à dos, elle les aimait tous les deux et se sentait partager par la situation. Encore une fois, en bonne soumise qu'elle était,elle se contenta de baisser la tête et de ne rien dire, même pas un soupire d'agacement, rien. Il avait peut-être raison après tout, peut-être qu'elle ne réfléchissait pas assez. Peut-être que tous ses diplômes qu'elle avait accroché au mur de son bureau, ainsi que ses années d'expériences ne signifiaient rien aux yeux de personne car ils n'avaient en réalité aucune réelle signification. Si même son propre mari finissait par lui dire ça, c'était peut-être qu'elle devrait penser à se poser des questions sur elle-même avant de vouloir régler le problème des autres.

Mais Allie qui ne comptait pas en rester là en remit une couche en soulignant qu'elle vivait également grâce aux revenues de sa mère, ce qui n'était pas en faux, mais qui aurait peut-être pu éviter d'être mis sous le feux des projecteurs à cet instant précis. Si elle voulait apaiser les choses, ce n'était pas la meilleure façon de procéder, surtout que suite à cette réplique, Isaac ne tarda pas à réagir et pas de la meilleure façon qui soit. Se refaisant tout ce qui venait de se passer dans sa tête, Clara était en train de réaliser que Isaac était sur le point de mettre Allie à la porte. Son mari allait mettre sa fille à la porte. Elle ne voulait pas que tout ça aille aussi loin et encore moins que quelqu'un se retrouve à dormir sous les ponts, mais comment devait-elle faire ? Elle commença par déposer la pile de dossier qui la gênait, sur l'un des meubles à côté d'elle et emboîta le pas à Isaac qui commençait déjà à ranger les affaires de la jeune fille dans une des valises qu'il avait trouvé dans un placard.

« Non s'il te plait, Isaac, attends. Ce n'est pas la bonne solution... »

Elle avait l'impression de courir un marathon tellement elle bougeait d'un côté à un autre. A chaque pas que faisait Isaac, elle essayait de lui reprendre les vêtements des mains pour les remettre là où ils étaient à l'origine. Mais elle n'avait aucune force face à cette bête en colère, c'était donc un combat perdu d'avance. Il reprit la parole une dernière fois et la blonde avait même l'impression que son visage s'était encore plus endurci, comme si c'était possible.Elle se retrouvait au pied du mur, soit elle prenait la décision de se ranger du côté de son mari – comme elle le faisait toujours – quitte à décevoir sa fille, se la mettre à dos mais ne pas craindre une colère de la part de ce dernier, soit elle décidait de se 'rebeller' et de se ranger du côté de sa fille qu'elle avait mit au monde et qu'elle aimait tant. Le choix n'était pas évident mais pourtant, tellement couru d'avance. Elle alla se poster à côté d'Isaac et sans même oser lever la tête vers Allie, prit une profonde respiration avant de parler.

« Tu devrais t'en aller Allie. »

Elle se pinça les lèvres pour ne pas éclater en sanglot, et à l'intérieur d'elle-même, elle menait une vraie bataille. Elle était consciente de ce qu'elle faisait, et surtout de la gravité de ses mots, mais que pouvait-elle faire ? Se lever contre son mari et risquer une colère qu'elle risquerait de regretter ? Préférant minimiser les choses d'une certaine façon, elle décida de se ranger de son côté et verrait plus tard pour Allie.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeDim 19 Jan - 20:41

Allie se contenta de lever les yeux au ciel alors que son père lui expliquait ce qu'était la morale. Définitivement, ils n'étaient pas sur la même longueur d'ondes, c'était la seule explication qu'elle pouvait trouver. Simple, efficace, trop peu réfléchie. Commode en tout cas. Elle doutait que ça puisse changer un jour: elle exécrait plus ou moins la totalité de l'humanité mais méprisait tout particulièrement les types dans le genre de son père, quoi qu'elle se reconnaissait parfois dans sa tendance à ne jamais en démordre. Ou plus exactement, il devait se reconnaître en elle, parce que comme il le lui avait clairement expliqué, elle était sa fille. La sienne. Sienne. Presque habituée à ses discours colériques, Allie était persuadée que la dispute serait aussi lancinante que les précédentes, que les voix monteraient du même nombre de tons à la même allure, qu'elles atteindraient des décibels qui leur étaient désormais familiers. Elle comprit que ce serait différent lorsqu'il demanda à Clara de réfléchir, méchamment. De quel droit lui parlait-il comme ça alors qu'il savait pertinemment qu'elle obéirait à ses moindres volontés sans broncher? Il n'avait pas besoin de hausser le ton, elle ne l'offusquerait jamais, ne s'opposerait jamais à lui: abuser de sa faiblesse était plus que malsain, à ce que pensait Allie. Pourtant le signaler à haute voix n'aurait fait qu'attaquer un peu plus la crédibilité de sa mère, et pour cette raison elle se tut, se contentant de regarder son père comme s'il était la dernière des ordures, un vaurien qui ne méritait pas l'amour de Clara. Elle ne le pensait qu'à moitié, ses yeux le hurlaient aux trois quarts.

C'est le moment qu'il choisit pour continuer dans son jeu. Ils étaient bien trop têtus et cherchaient à aller plus loin l'un que l'autre; c'était à celui qui commettrait l'irréparable le plus rapidement. Une fois de plus ils s'étaient mal compris: Isaac pensait que Allie réclamait son indépendance alors qu'elle-même était persuadée que c'était ce que lui voulait, qu'elle parte. Elle, elle voulait juste ne plus le voir, là, tout de suite. Cela ne voulait pas dire qu'elle voulait s'éloigner de sa mère, moins encore qu'elle voulait coucher sous un pont. « C'est pas ce que j'ai dit. » Tenta-t-elle de clarifier, le ton serein bien que son regard se fasse fuyant et bien moins provocateur. Si même Clara n'était plus capable de le calmer, ce n'était certainement pas elle qui allait y arriver, seulement elle ne voulait pas renchérir. Trop tard.

Après s'être un instant éclipsé dans le couloir, Isaac revint dans la chambre devant sa fille, beaucoup moins sûre d'elle, qui sentait son cœur frapper contre ses côtes. C'était bien trop réel, tout d'un coup. Jusque là, elle avait pu se dire que les disputes allaient et venaient, que c'était leur manière de fonctionner et que, de toute façon, au fond, ils étaient une famille normale. Seulement voilà, elle se faisait littéralement mettre à la porte. Elle s'était toujours dit que ça n'arrivait qu'aux pompom-girls aux moeurs légères qui rentraient un jour enceinte et annonçaient à leurs parents qu'elles arrêtaient leurs études pour se consacrer à leur vocation de chômeuses aguerries. Faux. ça pouvait arriver à une fille réservée qui préparait les meilleures universités depuis des années et n'avait d'encombrant que son orgueil blessant. « Touche-pas mes affaires! » Demanda-t-elle vainement en voyant qu'il fouillait dans son armoire et remplissait la valise de quelques habits au hasard. Comme si ça allait changer quelque chose; comme s'il allait se pousser, lui demander de le faire elle-même et lui permettre de prétendre que c'était elle qui fuguait et pas lui qui la virait. Lui aussi était trop fier pour accepter de la laisser l'être. Clara essayait de faire le chemin inverse, Allie restait figée, définitivement plus apeurée qu'avant. C'était trop définitif, c'était trop fort, c'était bien trop stressant. Sa gorge se serrait. Heureusement que sa mère était là et qu'elle allait réussir à le calmer: elle l'emmènerait dans une autre pièce pour lui parler et Allie déferait la valiser, râlant au passage parce que son haut préféré était désormais froissé. C'était une affaire de quelques minutes. Pendant ce temps, il lui était un peu plus judicieux de se taire.

Bientôt, le déménagement fut terminé et une valise pleine tomba devant Allie, qui leva alors les yeux vers Isaac, reprenant son air insolent comme s'il lui collait à la peau. Selon lui, c'était à elle de savoir ce qu'elle préférait entre rester et se soumettre comme un bon petit chien ou s'en aller et vivre comme un cabot abandonné. Caniche à sa mémé ou clochard affamé? le choix aurait été rapidement fait pour la révolutionnaire qui bouillait en elle. C'était l'histoire du loup et du chien, au fond, la métaphore n'était pas si idiote: il s'agissait de savoir si elle tenait plus à la liberté qu'à sa vie, et sa poésie dramatique lui hurlait de mourir debout, de chanter Bella Ciao en claquant la porte, d'expliquer d'un air savant à son père que celui-là seul était digne de la liberté qui devait la conquérir chaque jour. Seulement il fallait l'admettre, outre les belles idéologies, le mieux était encore d'attendre que Clara réagisse. De cette manière, elle serait presque libre -et totalement d'ici peu- et aurait un toit sur la tête. Choix rationnellement bien plus efficace. Lorsqu'il demanda à Clara de ne pas s'aviser de la défendre, Allie soupira, agacée. Il allait décider de sa vie, à elle aussi? Il n'avait qu'à la virer tant qu'il y était. Au moins il serait maître de son petit monde une fois qu'il vivrait seul dans sa grande baraque qui puait le fric.

Clara fit quelques pas vers Isaac. Voilà, ça allait arriver. C'était là. Elle allait essayer de le calmer. C'était là; tout allait se passer exactement comme Allie l'avait prévu. Comme toujours. Comme ça se passerait également la prochaine fois. « Tu devrais t'en aller, Allie. » Avez-vous déjà reçu une gifle? Celle-ci était bien la plus violente que Allie ait jamais ressenti. Elle l'entendit claquer dans l'air, claquer contre son orgueil, claquer contre son cœur. Cœur qui menaçait d'imploser à tout instant. Elle fronça légèrement les sourcils, mimique presque imperceptible alors que ses yeux embués cherchaient ceux de sa mère, de la femme qui lui avait donné la vie, intrigués, perdus, demandant un réconfort qu'elle seule pouvait lui apporter, elle qui était pourtant actuellement la source de son mal le plus profond. Si elle ne pouvait plus compter sur elle, sur qui pouvait-elle compter, au juste? Le froid, oui. Son père semblait ravi qu'elle puisse faire l'expérience de cette toute nouvelle manière de vivre. Ravalant les quelques larmes qui menaçaient de la faire perdre toute crédibilité, Allie jugea que les quelques secondes de silence qui venaient de s'écouler étaient la preuve que Clara ne reviendrait pas sur les mots qu'elle venait de prononcer. C'était aussi le temps qu'il avait fallu à Allie pour les comprendre, les entendre, et en estimer vaguement la portée. Elle était virée de chez elle par ses parents parce qu'elle craignait qu'ils ne voient son journal intime. Eh merde, il était encore sous le lit celui-là. Il faudrait qu'elle songe à revenir en douce pour le brûler avant que ces crétins ne le trouvent.

Reportant un regard dégoûté et hautain sur Isaac, la blondinette empoigna la valise avec une conviction toute particulière, bien qu'elle n'avait en réalité aucune envie d'aller chercher un foyer ou faire la queue à une association contre la faim dans laquelle elle avait pensé à être bénévole quelques mois plus tôt. « Wow. Ok. Ciao. » Les mots, les mots, ils étaient bien faibles face à l'apocalypse qui lui tombait dessus, venue de nulle part. Elle était seule, elle serait seule, désormais. Tout le temps. Partout. La gosse abandonnée qui ne savait pas vraiment pourquoi, qui haïssait tout le monde et qui avait aujourd'hui encore la preuve que l'humain ne valait rien, prêt à renier sa progéniture parce qu'elle refusait de se soumettre. Elle crèverait debout.

Elle dévala les escaliers à toute allure, prenant soin de faire un maximum de bruit histoire de qu'ils ne l'oublient pas tout de suite alors qu'elle sortait visiblement de leurs vies. Elle était persuadée que c'était terminé, désormais. Elle n'allait pas se plaindre de ne plus voir Isaac, mais sa mère... sa mère, bordel. Jamais Allie n'aurait pensé qu'elle soit soumise à son mari au point de ne pas sauver sa fille. Quoi que, finalement, à y réfléchir, c'était tout à fait logique. À quoi s'attendait-elle? Qu'elle s'oppose à Isaac pour le bien de sa fille? Elle pouvait rêver. Finalement, même elle avait trop d'espoirs quant aux humains. C'était son côté utopiste, peut-être, que d'imaginer que sa mère l'aimait tellement qu'elle irait à l'encontre de ses principes. Tu parles. Crève, Allie. Crève, et en silence s'il te plait. Non, ça ne lui plaisait pas. Elle claqua violemment la porte d'entrée, incapable de bouger une fois qu'elle se retrouva sur le perron, le souffle court, le thorax contracté. Elle faisait face à la rue et jamais elle ne lui avait paru si hostile. Elle pouvait aller là où elle le voulait, désormais. Un comble quand on songeait qu'elle n'avait précisément plus nulle part où aller, là, sa valise à la main. Elle toquerait peut-être chez un voisin. Avec un peu de gens il appellerait une association de protection de mineurs.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeMer 22 Jan - 22:46

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Exactement comme dans un film comique hollywoodien, Isaac et Clara se suivaient dans la chambre d'Allie, plutôt Clara suivait Isaac pour récupérer les affaires qu'il dérangeait. A chaque fois il les lui reprenait des mains et arrivait à les jeter sur le lit, dans la valise de sa fille. Fille qui lui intimait de ne pas toucher à ses affaires. Croyait-elle qu'il allait l'écouter ? Il fallait lui donner une leçon, et une bonne. Au bout de plusieurs tentatives, il réussit à contrer les gestes habiles de sa femme et jeta la valise aux pieds d'Allie, en lui demandant de choisir. Partir ou rester.  Ok, c'était lâche. Et un peu impulsif, un peu trop poussé, mais que diable. Depuis le temps où Isaac s'acharnait à se disputer avec sa fille, là il avait enfin un moyen de lui faire comprendre qui dirigeait dans cette maison. Et Clara était apparemment d'accord avec lui. Encore heureux.

Sauf que voilà. Isaac avait beau vouloir la mettre dehors, il pensait qu'elle allait rechigner un moment mais se rendre compte que la meilleure solution était de rester. Isaac s'imaginait qu'elle l'aurait écouté, que l'idée de vivre dans la rue lui ferait peur. Qu'elle récupèrerait sa valise et s'enfermerait dans sa chambre. Mais Isaac ne pouvait pas penser plus faux. Et il aurait du s'en douter, avant de laisser cet ultimatum à sa fille, qui prit la mauvaise décision. Partir. Allie empoigna sa valise, déclara trois derniers mots, et descendit les escaliers bruyamment, avant de partir en claquant la porte, ce qui fit sursauter ses deux parents, qui restèrent silencieux un moment. Puis Isaac ferma les yeux, s'appuyant contre la rambarde de l'escalier en soupirant.

Quand il les rouvrit quelques secondes plus tard, ce fut pour apercevoir Clara, pétrifiée. Isaac s'était calmée, et voyait bien que sa femme se faisait du mouron pour sa fille. Soupirant de nouveau, il se rapprocha d'elle et lui embrassa le front en la prenant par les épaules et en la regardant dans les yeux.

« T'inquiètes pas, elle reviendra. »

Isaac avait beau le dire avec le plus de sincérité possible, au fond de lui, il n'en était pas persuadé. Et s'il venait vraiment de mettre sa fille à la porte ? Et s'ils la retrouvaient droguée dans un coin avec un sdf à manger des carottes dans un chaudron, une chope de bière à la main ? Ou bien morte, avec seules ses empreintes à identifier ? Quel con. Mais quel con. Encore une fois, le Melrose se trouvait tiraillé. D'un côté il voulait récupérer sa fille, la faire rentrer bien au chaud à la maison. De l'autre, son orgueil l'empêchait d'avouer qu'il avait eu tort, et surtout, avouer son tort signifierait qu'il se soumettait aux bons vouloirs de sa fille, et ça il en était hors de question. Un gros dilemme se posait donc, et Isaac ne savait comment le résoudre. Peut-être que Clara et ses idées de psychologue pourraient donner des réponses.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeVen 24 Jan - 2:54


La décision d'aller dans le sens de son mari était lâche et elle en était pleinement consciente, surtout qu'elle était encore plus consciente de l'absurdité de la scène. Tout ce qui venait de se passer aurait pu se terminer autrement sans que quelqu'un n'ait à quitter le domicile, mais elle avait épousé un homme borné et avait donné naissance à une fille qui l'était encore plus et malheureusement, ils étaient tous les deux du genre  camper sur leurs positions. Lorsque trois simples mots sortirent de la bouche d'Allie, le cœur de Clara se brisa en mille morceaux et s'il ne l'était pas déjà lorsqu'elle a elle-même ouvert la bouche, il venait tout juste de se reconstruire pour se détruire de nouveau, juste pour que ça fasse encore plus mal. Elle avait bien vu la déception traverser le visage de sa fille lorsqu'elle osa lever la tête vers elle. C'était dans ces moments qu'elle se détestait vraiment, incapable de prendre une décision par elle-même ou de s'opposer à quelqu'un quand bien même il y va de la vie de son enfant. Elle avait confiance en Isaac et savait que la plupart du temps il prenait de bonnes décisions lorsqu'il s'agissait des enfants, mais pour le coup,elle n'était plus aussi sûre qu'il ait agit de la bonne manière.

Elle aurait voulu lui courir après, la prendre dans ses bras, lui arracher la valise des mains et lui ordonner de rentrer et de s'enfermer dans sa chambre, quitte à ce qu'elle boude toute la journée, tant qu'elle soit saine et sauve à l'intérieur, qu'importe ce qu'elle ferait. Mais au lieu de ça, la psychologue resta pétrifiée sans pouvoir bouger et même lorsque son mari s'éloigna d'elle, elle continuait de regarder devant elle avec l'espoir de revoir Allie traverser le couloir, valise en mains, prête à occuper sa chambre de nouveau. Les larmes qu'elle avait retenue coulèrent sur son visage et même la force de les essuyer pour les cacher avait disparu. Isaac qui avait sûrement remarqué son état de pétrification vint à sa rencontre avant de déposer ses lèvres sur son front en tentant de la rassurer avec une petite phrase, mais même ça ne suffisait pas. Lui qui d'habitude semblait trouver les mots pour rassurer sa femme et faire en sorte quelle soit constamment d'accord avec lui, n'avait pas réussit à faire en sorte qu'elle se sente mieux, au contraire. La blonde sentait quelque chose monter en elle, comme un sentiment de colère qui était refoulé depuis déjà un moment, mais cependant, elle n'arrivait pas à identifier contre qui était dirigé cette colère. Contre Isaac d'être aussi borné et autoritaire ? Contre Allie d'être aussi bornée que son père et provocatrice ? Ou contre elle-même, soumise et incapable d'affronter les choses sans qu'on ne décide à sa place ? A un moment, elle voulu se dégager de la petite étreinte du Melrose qui la tenait doucement par les épaules, mais quand elle plongea son regard dans le sien, elle vit le regard d'un père inquiet pour son enfant qui commençait à regretter ce qu'il venait de faire, et donc ne fit rien. Le repousser ne l'aiderait pas à aller mieux et ne ferait pas revenir la jeune adolescente plus vite. Quoi que.

Clara ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose mais la referma aussitôt avant de reculer de quelques pas pour s'éloigner d'Isaac. Elle était désolée pour lui, qu'il se sente ainsi, mais sa passivité venait de mettre potentiellement en danger la vie de sa fille et elle ne le supportait pas. Elle devait réagir et pour une fois, le faire réellement. Sans même un regard vers Isaac, la psychologue descendit les escaliers à une vitesse fulgurante en hurlant presque le prénom de sa fille, tout ça en même temps.

« Allie ! Allie ! »

Elle ne savait pas si sa fille pouvait l'entendre ou si elle était déjà trop loin pour le faire, elle ne savait pas non plus si Isaac lui avait emboîté le pas, mais elle s'en fichait, elle devait faire en sorte d'arranger la situation, comme elle le faisait toujours.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeVen 24 Jan - 20:04

Et maintenant, quoi? Allie était là, plantée devant chez elle, incapable de s'avancer vers la rue: elle savait que lorsqu'elle dépasserait la petite clôture blanche qui délimitait la propriété de ses parents, elle ne pourrait plus y remettre les pieds. Une fois qu'elle serait officiellement -et pour toujours apparemment- dehors, que ferait-elle? Elle devrait trouver un logement, d'abord. Trouver quelqu'un pour l'héberger, trouver un moyen d'aller au lycée tous les matins... Irait-elle seulement au lycée? Après tout, il y avait fort à parier que ses parents ne feraient plus rien pour elle; ils ne lui paieraient de fait certainement pas un appartement pour qu'elle aille à l'université. Quoi que, elle pourrait peut-être se débrouiller pour se faire héberger par Austin: il ne la laisserait pas tomber -et elle méritait plus que lui d'aller à l'université, soyons honnêtes.

Au final, en faisant quelques pas de plus, tremblante, Allie sentait qu'elle attrapait un mal de tête insupportable. Des tas de questions se bousculaient dans sa tête et elle réalisait combien elle était à la merci du monde entier, là, seule, mineure, encore lycéenne, sans revenus. À toutes ses questions elle trouvait une réponse parfaite: se trouver une autre famille. Elle pourrait aller chez Junie quelques temps, elle qui s'appliquait à lui expliquer qu'on pouvait faire confiance aux gens, elle accepterait certainement de l'aider. À moins qu'elle n'aille quelques temps chez son professeur, ce qui serait vraiment pratique pour aller au lycée mais aussi terriblement gênant. Il devait peut-être y avoir des auberges pour jeunes, dans le coin, non? Quelque chose de gratuit, si possible. Un job. Il lui fallait un job. Qu'est-ce qu'elle pourrait faire? Du baby-sitting peut-être? Une sorte de jeune fille au pair, si possible. Ou serveuse. Elle pourrait peut-être payer un loyer dans un endroit pas très loin du lycée, même si elle aurait beaucoup de mal à préparer son entrée dans des universités prestigieuses -et loin, très loin de Magnolia- en servant des cafés.

Elle devait replanifier la totalité de sa vie, et il ne lui restait que quelques centimètres pour le faire: elle avait beau avancer à pas d'une lenteur inversement proportionnelle à son envie de partir, la jeune fille quitterait bientôt le petit pan de jardin pour se retrouver dans la rue. À la rue. Ses jambes ne pouvaient pas avancer plus vite, elle serait tombée. Elle était pâle, elle le sentait: des sueurs froides la traversaient alors qu'elle avait une envie terrible de se recroqueviller sur elle-même et disparaître. Elle attrapa son crâne douloureux de sa main libre, continuant de traîner sa valise en fermant les yeux comme si cela lui permettrait d'y voir plus clair. ça ne marchait pas du tout: d'ailleurs, il lui semblait qu'elle entendait la voix de sa mère feutrée et un peu étouffée, comme en arrière plan, crier son nom. Elle devait rêver. Elle lui manquait déjà. ça allait être plus dur que prévu...

Les voix persistaient. Alors qu'elle pensait qu'elle devenait folle, Allie entendit la porte d'entrée s'ouvrir; elle se retourna alors vers la source du bruit, abandonnant sa lente traversée de l'allée qui bordait sa maison. Enfin, son ex-maison, elles étaient visiblement en instance de séparation irrévocable. Les doux traits de Clara se dessinèrent dans l’entrebâillement, laissant sa fille ressentir une sorte de once d'espoir. Son teint blafard et maladif exprimait déjà sa détresse, et pourtant ses yeux semblaient retrouver leur couleur en apercevant la possibilité que, finalement, sa vie ne soit pas totalement fichue. « Maman... » Appela Allie doucement, figée sur place, les lèvres tremblantes. Clara avait dit non. Si elle ne l'avait pas prononcé à haute voix -ce que Allie supposait-, elle avait au moins pris une décision importante et allant à l'encontre de ce que voulait son mari en descendant les escaliers en sortant pour rattraper Allie. Cette dernière ressentit alors une sorte de fierté, comme si elle considérait désormais que sa mère était parfaite. Elle avait besoin d'elle, même si elle aimait à prétendre le contraire, et la voir refuser ce que Isaac aurait voulu signifiait énormément pour la blondinette. Aussi fit-elle un pas dans sa direction, considérant que c'était déjà un pas de géant contre son égo. Elle était terrorisée, c'était un fait: elle n'était pas à l'aise chez elle mais elle serait certainement bien plus embêtée ailleurs. « Je dois vraiment partir? » Demanda-t-elle, sentant sa gorge se serrer. "S'il te plait, dis-moi que je ne dois pas vraiment partir"; c'était ça qu'elle voulait dire. ça qu'elle était incapable de dire. « Si c'est juste pour me dire au revoir tu peux faire demi-tour. » Reniflant malgré elle, Allie porta une main à son oeil droit pour en ôter une larme qu'elle n'avait pas su retenir en voyant sa mère. Finalement elle se faisait peut-être des idées: elle voulait peut-être effectivement qu'elle parte, auquel cas elle ne comptait pas jouer les faibles: si Clara ne voulait plus de sa fille, Allie n'allait pas admettre qu'elle, elle voulait encore de sa mère. Question de fierté. Si on la rejetait, elle ne prierait pas pour revenir; en revanche, elle rêvait qu'on la prie de rentrer. Elle rêvait de rentrer.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeDim 9 Fév - 17:04

we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Emma2 we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Images?q=tbn:ANd9GcQe3Urm9vUeoxssDYrfKYzvwvRv5GL4JmYwtmlPF1lXlI9Y_ZMfqnOI1ux6we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  600full-diane-kruger

Et en l'espace de deux secondes, Isaac se retrouva seul . Sans sa fille, sans sa femme, toutes deux en bas, sûrement l'une essayant de parler à l'autre pour la convaincre de revenir. Mais voilà, Isaac était seul. Et le fait de se trouver seul, et de se le dire, lui fit une horrible choc. Seul. Il s'adossa contre la rambarde des escaliers et prit sa tête entre ses mains. Que venait-il de faire ? Ses mains glissèrent contre son visage et ses doigts de posèrent contre ses tempes et il ferma les yeux en fronçant les sourcils. Qu'avait-il fait.. Jeter sa fille dehors ? Mais quel père ferait cela ! Sans compter qu'il laissait sa femme le cul entre deux chaises, à devoir choisir un camp. Femme qui venait de se ruer derrière sa fille. Venait-elle de choisir sa chaise ? ..Seul. Quatre mots qui le ramenèrent à la réalité et le firent réagir. Pourrait-il vivre, sans sa femme, sans sa fille ? La question ne se posait même pas, il connaissait la réponse. Tout le monde avait ses défauts, mais il aimait sa famille, et il s'en voulait d'avoir agit comme ça. Mais c'était comme si ce n'était pas lui, comme si quelqu'un agissait à sa place. Isaac était perdu. De larmes commençaient à couler sur ses joues, et il ne comprenait pas d'où elles venaient. Lui, Isaac Melrose, le p'tit blagueur du quartier, le bon papa, qui venait de jeter sa fille à la porte et maintenant pleurait ? Quelque chose ne tournait pas rond, vraiment.  Qu'avait-il, avec ses sautes d'humeur ? Jusque là Isaac avait fait avec, il se disait que ça passerait, que c'était simplement dû au stress. Mais là, il ne pouvait pas le mettre sur le coup du stress. Et il commençait vraiment à se demander ce qui clochait chez lui. Il essuya rapidement ses joues mouillées et prit une grande inspiration. Il entendait la voix des deux filles en bas, et son cœur loupa un battement. Il fallait qu'il les rappelle.

Dévalant l'escalier, Isaac courut en direction de la porte et sortit pieds nus sur le pas de la porte, face à Clara qui tentait de raisonner sa fille. Il inspira, expira, à moitié essoufflé, et les larmes coulaient encore. Il ne sentait pas le froid contre sa peau, ni la neige sous ses pieds. Isaac les regardait avec un air triste. « Allie.. » souffla-t-il. « Rentre, s'il te plaît.. » rajouta-t-il. « Rentrez... » dit-il en regardant Clara d'un air de chien battu. C'était sans aucun doute la première fois qu'elles devaient le voir comme ça, et c'était la première fois que lui-même se voyait ainsi. Il voyait la haine dans les yeux de sa fille, le désespoir dans ceux de sa femme, et cela lui fit comme un coup de poignard. Isaac se laissa tomber à genoux. « Je suis désolé.. » Et une larme tomba dans la neige, formant un trou, comme le gouffre au fond duquel il  se trouvait.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeDim 9 Fév - 20:14


Elle faillit se casser la figure à plusieurs reprises en courant ainsi dans les escaliers, mais s'en fichait et continuait de hurler le prénom de sa fille pour qu'elle l'entende. Ce devait être la première fois qu'elle faisait ce genre de chose, qu'elle revenait en quelque sorte sur une décision qu'avait pris son mari, mais sans aller dans son sens. Elle avait beau aimer Isaac de tout son cœur, mais Allie était sa fille et elle ne pouvait pas accepter qu'elle se retrouve à la rue par sa faute, sans même qu'elle n'essaie de la retenir. Elle savait bien que son époux ne risquait pas d'être content de cela, mais est-ce qu'elle en avait vraiment quelque chose à faire à cet instant précis ? Il s'agissait de sa fille, pas d'une simple inconnue ! Clara était-elle en train de se rebeller? Peut-être, ou alors c'était tout simplement son instinct de mère inquiète qui prenait le dessus.

Elle fut plus que soulagée quand elle trouva Allie encore au pas de la porte, comme quoi elle ne semblait pas non plus réaliser ce qui se passait, ou alors elle avait l'espoir que quelqu'un la retienne, ce qu'était venue faire Clara. Elle était complètement essoufflée par le petit effort qu'elle venait de faire, comme si elle venait de courir des kilomètres alors que pas du tout, elle sentait son cœur qui battait tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait lui faire faux bond. Les yeux emplis de larmes qu'elle n'arrivait même plus à cacher tellement elle sentait que tout lui échappait. Le temps que la jeune psychologue reprenne une respiration à peu près normal, elle écoutait ce que lui disait sa fille et prenait conscience que même lorsqu'elle essayait de faire des efforts, les gens pensaient qu'elle allait laisser passer la situation encore une fois en ne disant rien. Mais pas cette fois ! Cette fois elle était bien décidée à faire en sorte que son petit bébé reste à la maison quitte à se mettre son mari à dos.

« Mais tais-toi tu veux ! » dit-elle sur un ton qui l'étonna elle-même, avant de foncer dans les bras de la jeune fille pour la prendre dans ses bras. Elle ne cessait pas de pleurer pour autant et n'arrivait même plus à parler, se contenter de resserrer un peu plus son étreinte autour d'Allie qui ne devait sûrement pas tout comprendre, mais elle voulait, par ce geste, lui montrer qu'elle tenait à elle malgré toutes les décisions qu'elle prenait – du moins qu'Isaac l'incitait à prendre – et voulait surtout qu'elle reste,elle ne pouvait pas s'imaginer une maison sans sa petite fille près d'elle, déjà qu'Austin était loin d'elle, si en plus on devait la séparer de la petite dernière, elle n'y survivrait pas. « Reviens, on va trouver une solution pour ton père... » dit-elle finalement comme si elle savait ce qu'il lui restait à faire alors que pas du tout, elle ne savait même pas si elle aurait le courage de retourner affronter Isaac si Allie décidait de rester, mais tout ce qui lui importait était que sa fille reste à la maison.

Lorsque la porte s'ouvrit derrière elle, Clara eut peur pendant un instant en voyant le visage de son mari apparaître, mais se rassura vite fait quand elle vit son expression de douleur au travers de ses larmes, lui brisant encore un peu plus le cœur. Elle s'était un peu écartée de sa fille en gardant cependant un bras autour d'elle de peur qu'elle ne s'en aille pour de vrai. Elle avait mal de voir son mari dans cet état, elle avait mal de penser que tout était arrivé par sa faute et surtout, elle avait mal en pensant à quel point la situation venait de dégénérer en un rien de temps alors qu'il n'y avait même pas besoin qu'on en arrive à là. Mais ce qui l'acheva encore plus, fut de voir son mari à genoux, implorant le pardon qu'il cherchait auprès des deux jeunes femmes. Il ne devait pas s'inquiéter pour Clara qui lui donnerait le sien de pardon, de toute façon elle l'aimait tellement qu'elle était prête à tout lui pardonner, quoi qu'il fasse, en ce qui concernait Allie, c'était toute autre chose, mais au moins elle devrait noter qu'il a quand même fait l'effort de lui courir après pour la retenir. « Oh mon amour... » dit-elle en lâchant finalement sa fille pour aller s'accroupir aux côtés de son époux. Elle lui prit son visage entre les mains et du bout de ses doigts, essuya les quelques larmes qui perlaient sur son visage, avant de déposer un bisou furtif sur ses lèvres. « On va rentrer si vous le voulez bien. » dit-elle en se relevant avant de tendre une main à Isaac pour qu'il se relève, et d'adresser un sourire à sa fille chérie.

La jeune femme avait réussit à arrêter de pleurer pour ne pas empirer les choses, elle avait eut son quota de larmes pour la journée et les deux autres étaient dans un état assez lamentable pour qu'elle en rajoute. Mais ce devait être la première fois que les choses tournaient aussi mal, en si peu de temps et qu'elle perde autant le contrôle de la situation. C'était même la première fois qu'elle devait voir autant de regret et de souffrance dans les yeux de son mari qui d'habitude était fière et ne revenait pour ainsi dire, presque jamais sur les décisions qu'il prenait, comme quoi, il ne cesserait jamais de l'étonner, ce qui l'inquiétait plus que ça ne lui plaisait.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeSam 15 Fév - 23:13

Songeant qu'une phrase plus ou moins acerbe et en tout cas totalement détachée lui permettrait de contenir ses émotions, Allie resta sur la défensive, comme toujours. Or comme on le sait tous, la meilleur défense, c'est l'attaque, d'où la volonté de la petite Melrose de crier à sa mère qu'elle n'avait pas besoin de sa faible pitié ou de ses remords mi-tus qui se solderaient en quelques pleurs et un au revoir soit-disant brisé. Si elle était vraiment brisée, elle n'avait qu'à dire non. Allie doutait qu'elle en soit capable.
Pourtant elle fut surprise -agréablement étrangement- du ton presque stricte qu'utilisa Clara pour lui demander d'arrêter de parler. Allie s'exécuta, déglutissant difficilement autour de la boule de nerfs qui semblait grandir en sa gorge, menaçant de la laisser pleurer à tout instant. Elle tentait de se retenir pour garder la tête haute. Elle ne devait pas montrer ses sentiments tant qu'elle n'y verrait pas clair, tant qu'elle ne saurait pas analyser cette crise -qui dépassait l'entendement- avec finesse et précision. Pourtant en voyant le regard embué de sa mère, qui se mit alors à courir vers elle, Allie comprit que ça n'allait pas être possible. Elle ne pourrait pas rester de marbre, comme elle l'aurait voulu. Elle se donnait de grands airs d'exploratrice invétéré, mais parcourir le globe seule lui aurait été réellement pénible. Elle était flippée à peine sortie de son cocon familial: comment pouvait-elle prétendre aller à l'assaut du monde? Pas seule. Pas maintenant. Elle était trop petite, elle venait d'apprendre à se servir d'un fer à repasser et comprenait encore qu'il lui était bien plus commode de rester confortablement accrochée à sa maison -et plus exactement à son foyer- au même titre qu'un bateau s'accrocherait à son ancre plutôt que de partir définitivement et vivre seule. Terriblement seule.
En sentant l'éteinte de sa mère, Allie se tint un peu plus droite d'abord, droite comme un "i", les bras le long du corps, le regard en direction de cette maison dans laquelle elle n'habiterait plus. Restant ainsi quelques secondes, Allie faillit bientôt à sa tâche de paraître forte et insensible. Ses yeux rougièrent légèrement, s'humidifièrent un peu trop pour contenir la seule larme qu'elle autorisa à contre cœur à rouler le long de sa joue, signe de faiblesse qu'elle jugea suffisant pour porter ses bras autour de sa mère, la serrant contre elle à son tour puisque désormais sa faiblesse l'y autorisait, au moins un peu. Elle avait pleuré, il était trop tard de toute façon: ça ne servait plus à rien de prétendre que les soubresauts de Clara ne lui brisaient pas le cœur d'un mal indicible. Elle ne savait pas le lui dire, elle lui en voulait terriblement, mais bon dieu ce qu'elle l'aimait. Elle ne voulait pas partir non plus: sa mère était une femme parfaite, à cela près qu'elle refusait de le voir et de fait de s'imposer.

Elle semblait néanmoins décidée à changer les choses puisque de son propre chef elle demanda à sa fille de rentrer, quitte à trouver une solution pour son père plus tard. Allie leva les yeux au ciel, refusant cependant de se défaire de l'étreinte rassurante de sa mère. « Comme s'il allait t'écouter... On ferait mieux de partir, toutes les deux. Hein? Juste toutes les deux. On peut faire ça non? Maman, s'il te plait, on peut partir. On le laisse là. Maman s'il te plait... » Son ton suppliant finit d’apitoyer Allie sur son propre sort: elle ne contrôlait absolument plus ses pleurs, son menton tremblotant, ses déraillements de voix qui trahissaient sa crainte immense. Lorsqu'elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir à nouveau, la blondinette eut un sursaut, s'écartant un peu de Clara en faisant deux pas en arrière. Isaac venait certainement demander à sa femme de rentrer, à sa fille de dégager. C'était certain, c'était sa décision, il était bien trop orgueilleux pour revenir dessus -Allie savait de quoi elle parlait. Et pourtant... lorsqu'elle vit son expression, elle sentit ses traits passer du mépris absolu à une forme d'intrigue et presque de peur. Elle ne l'avait jamais vu comme ça, dans cet état, certainement pas parce qu'il regrettait d'avoir fait subir quoi que ce soit à sa famille -a fortiori à sa fille. Non définitivement, quelque chose changeait. Il était brisé, réellement brisé, comme il était logique qu'il le soit, comme sa femme et sa fille l'étaient, comme il n'avait jamais été foutu de l'être.

Comme contagieuse, cette destruction intérieur finit d'achever Allie lorsqu'il tomba à genoux. Si elle y réfléchissait objectivement, elle aurait dit qu'il avait l'air fou, pieds nus dans la neige, tombant à terre pour implorer un pardon dont il n'avait eu que faire jusque là. Si elle l'avait juste entendu dire qu'il était désolé, la petite Melrose serait rentrée -pour sa mère, elle l'aurait précisé- et l'aurait regardé d'un air méprisant en se jurant de ne plus jamais lui adresser la parole. Seulement là, elle avait envie de s'asseoir, elle aussi, de tomber à cause de ses jambes tremblantes qui ne la tenaient plus. Elle voulait comprendre, elle voulait le prendre dans ses bras et en même temps elle voulait s'éloigner de lui le plus possible, comme s'il en allait de sa survie. Elle voulait l'éviter, ne plus le voir, qu'il disparaisse. Il lui faisait peur. Et dans le même temps, ce qui lui faisait peur, c'était aussi qu'elle n'ait plus peur. Elle ne le comprenait plus, c'était ça qui était effrayant. Jusque là elle le haïssait, mais elle savait pourquoi, elle savait qui il était, comment il pensait. Là plus rien. Le trou noir. Le malaise psychique. L'incompréhension psychologique. Elle se demandait si le diplôme de sa mère lui permettait de comprendre les réactions du père Melrose, mais Allie savait en tout cas qu'elle, elle ne saisissait plus rien. Elle ne pouvait plus le prévoir. Il n'était plus prévisible. Surtout, il s'excusait à genoux.

Alors que l'adolescente essayait d'analyser la chose et de digérer toutes ces informations contradictoires qui frappaient son cerveau perdu, elle vit Clara retourner auprès d'Isaac, se mettre à sa hauteur et l'embrasser avant de ne proposer de tous rentrer. Allie était totalement perdue, aussi resta-t-elle plantée quelques secondes, regardant Isaac avec insistance, toujours avec ce regard intrigué, apeuré, et encore peut-être un tantinet méprisant, histoire de ne pas baisser la garde avant d'être certaine que ça en valait la peine. Il pleurait. Il pleurait, bordel. Isaac Melrose, le voisin sympa, le manager irréprochable, le père sévère, le mari certainement dévoué quoi qu’autoritaire... Là, aussi misérable que sa fille, dévasté, brisé, bien plus que triste, dégoûté de ses propres actes, visiblement aussi terrorisé qu'Allie et Clara réunies. Ce regard perdu, ces yeux clairs tournés tantôt vers le sol tantôt vers sa famille glacèrent le sang d'Allie. Il n'était pas normal. Il n'était plus lui -et c'était peut-être mieux. Lorsqu'elle jugea le temps écoulé suffisant, la blondinette soupira difficilement, ne sachant plus très bien si ses dents claquaient de peur ou à cause de la neige. « J'ai froid. » Se contenta-t-elle de formuler, parvenant difficilement à aligner ces mots sans fondre en larmes. C'est très hésitante qu'elle approcha de quelques pas vers l'endroit où ses parents l'attendaient apparemment, ne sachant encore pas vraiment à quoi s'attendre. Pour la première fois les choses étaient allées si loin qu'elle s'était retrouvée quelques secondes SDF. Pour la première fois son père regrettait ce qu'il faisait et le lui avouait. Pour la première fois, elle avait l'impression qu'il était sincèrement désolé et la considérait malgré tout ce qu'il lui faisait subir -et qu'elle lui faisait subir, probablement. C'est pourquoi en rejoignant le duo Allie prit soin de passer du côté de sa mère, évitant tout de même Isaac qui pourtant captait toute son attention. Elle ne cessait de le regarder comme s'il était un étranger, comme si plutôt il était son père, qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Son vrai père. Pas celui qui la mettait dehors. Juste Isaac Melrose, le mari parfait dans la famille parfaite, le père aimant dans un foyer chaleureux. Lui. Il lui manquait; c'est pour ça qu'elle voulait rentrer et qu'elle se cachait, pour se faire, derrière sa mère. Elle était désormais à leur hauteur et attendit qu'ils se relèvent, regardant désormais Clara, encore paumée, demandant encore de l'aide, la force nécessaire pour franchir la porte dans l'autre sens, pour rentrer sa valise -de plus en plus lourde-, pour appréhender cette nouvelle ambiance tout à fait particulière et terriblement déroutante. Elle avait besoin de sa famille, de sa maison; ils étaient juste devant elle, et pourtant ils étaient difficiles à -re-trouver.
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MessageSujet: Re: we're not broken just bent. || ft. les Melrose. we're not broken just bent. || ft. les Melrose.  Icon_minitimeVen 28 Fév - 9:18

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Qu'est-ce qui lui avait pris, il ne savait pas. Isaac était perdu et tout semblait tourner autour de lui, il avait l'impression d'imploser. A terre, il venait de demander pardon à sa femme et sa fille, chose qu'il n'avait jamais fait. Clara s'approcha tout de suite de lui, et dans la candeur qui lui était propre elle lui parla avec sa voix douce en essuyant ses larmes, posant ses lèvres contre les siennes. Isaac ne comprenait pas comment il pouvait ressentir autant d'amour pour cette femme, qui l'avait toujours soutenu et aidé malgré les situations parfois difficiles. Il plongea ses yeux azur dans ceux de sa femme, et il ne vit qu'amour, tendresse (et chocolat). Quand elle lui prit la main pour qu'il se lève, une effluve d'odeur sucrée passa sous ses narines et il se rappela que Clara avait toujours aimé se parfumer. Étrange qu'il ne le remarquait pas assez souvent.  A présent debout la main dans celle de sa femme, il lui sourit, passa son autre main sur sa joue tout en caressant l'autre, pour lui montrer qu'il appréciait son affection. Isaac se tourna alors vers sa fille, qui était restée là, à quelques pas devant eux. Il la fixa pendant un moment puis elle dit qu'elle avait froid, et elle s'avança de deux trois pas. Isaac fit un sourire triste, à la fois étonné. Pour la première fois il arrivait à lire sa fille comme un livre ouvert. Pour une fois, il comprenait que tout ce qu'elle demandait était de l'attention, de la reconnaissance paternelle, de l'amour. Et Isaac ne sut pas pourquoi il ne lui avait jamais donné. Ses sautes d'humeurs régulières l'empêchaient de vivre, et il avait donc mis ses émotions et réflexions sérieuses en pause, le temps que ça passe – tout comme on attend que quelqu'un d'autre fasse chauffer le fer à repasser-. Mais il avait la trentaine, et le mal était toujours là, présent, mordant. Isaac déglutit quand il vit sa magnifique fille tout près de lui. Comment avait-il pu penser la mettre dehors ? La maison sans elle serait comme de la vinaigrette sans vinaigre balsamique .. (mots à placer coucou). Dans un élan de tendresse, Isaac, qui tenait toujours la main de sa femme, s'avança vers sa fille et la prit dans ses bras, emmenant Clara dans l'étreinte. Pour la première fois depuis bien longtemps, le Melrose sentait la douce chaleur des corps de sa famille contre son torse, et une autre larme lui échappa. « Pardonnez-moi. »
Pour la première fois, il se sentait père.
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