Parfois, on pense être amoureux, et cela depuis des années. Et puis un beau jour, on se rend compte que cela n'était peut-être qu'une illusion.
Aujourd'hui, j'avais travaillé toute la journée - rythme inhabituel pour moi, Austin Russell, mais que je tenais tout de même assez bien depuis quelques semaine. Me levant à midi, j'avais travaillé quatre bonnes heures à l'aménagement de ma grange, et puis j'avais terminé par dessiner pendant les quatre heures suivantes. Exténué, j'étais allé prendre ma douche pour me détendre, et dans un excès de folie, je pris la décision de sortir le soir même. Avant, à Philly, je passais toutes mes soirées à boire et fumer le joint dans l'appartement que Katya, Nina et moi partagions. Mais en revenant ici, étant donné que j'abandonnais mes études, je savais que je devais prendre un rythme de vie normal, et apprendre à me prendre en mains. Chose difficile pour un grand enfant pour moi. Néanmoins, je ne sortais plus beaucoup, de temps en temps pour me détendre, ou alors pour voir Clyde. La dernière fois, nous avions apprit avec Carl qu'Harper, oui cette fille chiante et barbante, était enceinte de mon meilleur ami. Un Harpyde Clyper allait pointer son nez d'ici quelques mois, et le jeune bad boy n'était même pas au courant de cet heureux événement pas si heureux pour un gars irresponsable dans son genre et une jeune femme tutrice de deux adolescents perturbés et perturbants. Quoiqu'il en soit, je l'avais évité les jours qui avaient suivis cette horrible révélation, car j'avais bien peur de foutre les deux pieds dans le plat, et d'assister au pétage le plomb du jeune et futur papa Ainsworth.

C'est donc bien habillé que je sortis de chez moi. Un pantalon carotte bleu, un chemise en jean quelque peu ouvertes au col, des Clarks marrons et ma veste en jean. J'étais coiffé et parfumé pour l'occasion, prêt à passer une bonne soirée. A Philly, j'avais plus l'habitude recevoir mes invités en jogging, vieux tee-shirt et chaussettes trouées, avec sur la tête, des vieux bonnets pourris de rasta et tout le tralala. Mais tout le monde change, grandit, et j'en avais assez d'être le jeune Russell, couillon, stupide et tarré. Je savais que j'étais bien plus que ça, et désormais que j'avais déçu mes parents, je devais montrer qu'il y avait de quoi être fier de moi. Quelques minutes plus tard, je me trouvais dans Cliffton Center. Je regardais autour de moi, à la recherche d'un endroit où me réfugier. Puis j'aperçus LE bar de monsieur Ainsworth. Sans réfléchir, je m'y rendais et poussais la porte. Peut-être se trouverait-il là. Mais avec déception, je constatais rapidement qu'il n'y était pas. Sûrement se trouvait-il avec sa belle enceinte. Je soupirais et m'avançais au comptoir avant de commander une Pina Colada. Je regardais à côté de moi, une grande demoiselle, jolie, aux cheveux châtains clairs était là, l'air perdue. Je me penchais vers elle. "Tu t'es égaré? Tu sais qu'il n'y a que des pervers ici. Et il y a moi." Je lui affichais mon plus gros sourire et lorsque le serveur me donna mon verre, je le poussais vers la demoiselle en question et en redemandais une seconde, pour moi.

Avec le temps, on finit par changer. Il y a quelques années, j'étais le garçon discret et timide qui observait sans jamais rien dire. Les filles, ou en particulier la fille que j'aimais ne connaissait même pas mon prénom et avait même du mal à retenir mon visage. C'est après le lycée, lorsque je suis partie à Philadelphie que j'ai du apprendre à me gérer seul, à aborder les gens, à ne plus avoir peur de ce que les gens peuvent penser. C'est ce qui m'a aidé, et c'est d'ailleurs pour cela que j'ai pris confiance en moi, car je me suis rendue compte que je plaisais un minimum et que je n'étais pas toujours rejeté, ce que je pensais être le cas auparavant. Quoiqu'il en soit, j'avais vu cette jolie jeune fille perdue au bar, et je n'avais pas hésité à l'aborder. Elle était grande, mince, élancée, ses cheveux raides châtains clairs descendaient dans son dos. Je regardais ses beaux yeux bleus en l'écoutant me répondre qu'elle cherchait quelqu'un à qui parler. Il fallait croire qu'elle m'avait trouvé. Je ris lorsqu'elle me demanda si je faisais parti des personnes que je qualifiais de "pervers". Je la regardais et m'approchais d'elle doucement avant de lui glisser à l'oreille, mais mains autour de ma bouche comme le font les enfants lorsqu'ils sont petits : "Je suis peut-être le pire des pervers de ce bar." Je m'éloignais, un sourire aux lèvres et face à sa mine dépitée, je riais de plus fort avant de taper brusquement dans son dos comme si elle était un mec et de lui dire : "Je rigole, je voulais juste sortir un peu. Je m'appelle Austin. Et vous Nymphe des bois, comment vous appelez vous?" Je lui souriais. Elle me faisait penser à la nana dans le Seigneur des anneaux, la peau très pâle et les yeux clairs perçant qui galope à cheval dans un halo de lumière très lumineux, sauvant les Hobbit et Legolas des méchant. Revenant à la réalité, j'apportais mon verre à mes lèvres, et me décidais enfin à poser mes fesses sur le siège à côté du sien. Sans pour autant la quitter du regard, je continuais de siroter ma Pina Colada. Je devais avoir l'air d'un abruti fini, mais je m'en fichais, il valait mieux qu'elle sache dès maintenant à quoi s'attendre plutôt que d'avoir la mauvaise surprise au cours de la conversation.

"Si je peux me permettre, vous êtes bien trop jolie pour venir ici. Sans rire, vous vous seriez faite agressée à la sortie de ce bar, mais je suis là désormais, prêt à vous défendre quoiqu'il arrive, tel un preux chevalier." Je souriais de nouveau et ne pus m'empêcher de penser à Clyde. Peut-être était-ce ici qu'il avait rencontré Harper. Chassant ces idées de ma tête qui me tracassaient déjà assez pour cela, je me reconcentrais sur la demoiselle qui semblait toujours aussi perdue, peut-être un peu mal à l'aise. Cela se voyait qu'elle n'était pas habituée à fréquenter de tels endroits, mais en fin de compte, ça ne lui allait pas trop mal.

Les présentations étaient faites. Maintenant il fallait aller plus loin, à commencer par cesser de se vouvoyer. Je n'avais que vingt deux ans, et en la regardant, je me doutais qu'elle n'était pas beaucoup plus âgé que moi, si ce n'était plus jeune. Je la regardais donc et lui demandais : "Alors Ruth, tu fais quoi dans la vie? Arrêtons de se vouvoyer." Je la regarde et souris. C'est alors que je me rends compte que plusieurs personnes nous regardent dans ce bar. En effet, ce ne devait pas être l'endroit le plus réputé pour faire des rencontres. De plus, Ruth était bien trop jolie et soignée pour traîner ici, et j'étais connue pour boire des bières avec le grand Clyde Ainsworth et non pour aborder les jolies nymphe des bois assise au bar, l'air perdu. Je passais la main dans mes cheveux et je me rendis alors compte que je n'avais abordé qu'une fois une fille dans un bar, et je ne me souvenais plus de son prénom. Je me souvenais juste que cela n'avait pas aboutit à grand chose, à part une claque et un verre de whisky sur la tête. Je souris à cette pensée et bus une nouvelle gorgée.

"Tu vas me prendre pour un obsédé qui va tenter de coucher avec toi, mais que dirais-tu de sortir d'ici quand on aura fini nos verres? Tu as mangé? Tu t'es déjà allongé sur le sol dans la nuit en regardant les étoiles? C'est génial" Elle allait me prendre pour un fou, et elle avait bien raison. Mais j'avais toujours rêvé de faire la connaissance de quelqu'un en regardant les étoiles, allongé en plein de milieu de la route. Je l'avais souvent fait, mais seul, lorsque ça n'allait pas, mais je n'avais jamais partagé cette chose là avec quelqu'un.

La jolie Ruth qui me faisait face s'arrêta au beau milieu de sa phrase. Curieux de savoir ce qui l'avait arrêté dans son élan, je fronçais les sourcils en attente d'une réponse, mais rien ne vint, alors je secouais la tête. Etudiante en littérature. J'étais tenté de lui demander à quelle université lorsqu'un homme me coupa dans mon élan. Il criait et ne tenait pas debout. Je jetais un regard à Ruth et sans réfléchir, je sortis mon porte feuille, et payais. Je finissais mon verre et attendais patiemment que Ruth finisse le sien pour quitter ce bar qui commençait à craindre. Elle avait donc faim. Sans réfléchir, je lui pris la main et lançais : "Allons nous en d'ici." Je la tirais donc à l'extérieur du bar sans me soucier de si elle avait envie d'y rester ou non. Pour le coup, je jouais mon garçon responsable. Clyde était un fouteur de merde, mais il m'avait toujours dit de partir dès les premiers signes inquiétants : homme qui commence à crier, qui tombe par terre, insultes. Lui aimait foncer dans ces histoires là, alors que moi, elles me faisaient fuir. C'est donc sans réfléchir que j'étais sortie de ce bar en compagnie de la jolie Ruth. On se mit donc à marcher, et me rendant compte que je tenais toujours sa main, je la lâchais précipitamment et tentais de fuir le sujet en regardant autour de moi : "Désolé, mais ça craignait le bar... Qu'est-ce que tu veux manger? Il y a un restaurant Vietnamien au bout de la rue si tu veux." Je la regardais et lui souris. Je regarde autour de moi, il fait bon et c'est bien plus agréable ici plutôt qu'à l'intérieur de ce bar puant et infesté de vieux gros dégoûtant imbibés d'alcool.

J'attendis que Ruth acquiesce pour me diriger vers le restaurant Vietnamien. Il n'y avait personne devant nous, alors nous nous empressions de prendre commande. On attendit quelques minutes, en silence, puis je récupérais nos commandes, payais et quittais le restaurant sans plus attendre. Je pris à nouveau la main de Ruth pour la guider et l'emmenais dans les ruelles de Magnolia. Cela aurait pu paraître étrange, en effet, mais mes intentions étaient tout à fait légitime. C'est alors que je trouvais le chemin de béton qui menait à un skatepark. Lâchant la main de Ruth, je m'asseyais en tailleur par terre, posais notre nourriture devant nous et lui souris. "A toi l'honneur!" Je me mis à regarder le ciel en souriant comme un enfant. J'aimais tellement faire cela, cela me rappelait lorsque j'étais petit, et que j'entendais mon père crier sur moi, et me chercher partout, alors que moi, je me trouvais sur le toit de la maison à regarder le ciel. C'est alors que je me souvins de la conversation que nous avions avant de quitter le bar. "J'étais étudiant pour devenir dentiste. Mais j'ai arrêté. Pour l'instant je travaille pour payer mes études de graphisme à la rentrée."

Je me relevais alors et pris à mon tour à manger. Je me mis à manger en silence et lorsque j'eus finis, je m'étalais de tout mon long et souris. Ce soir, le ciel était particulièrement dégagé, ainsi avions nous accès à des centaines de petites étoiles brillantes qui scintillaient chacune leur tour. Je tournais la tête vers Ruth et lui dis : "C'est beau non? Tu n'as jamais fait ça avant?" Cela me paraissait inconcevable que quelqu'un n'ai jamais observé les étoiles comme ça. C'était une des plus belles choses qui existaient en ce monde, une des choses à ne pas manquer. Et si Ruth n'avait jamais vécu un tel moment, j'étais fier de lui avoir fait découvrir.

Je n'ai jamais été doué avec les filles. Ainsi quand Ruth poussa un cri à la vue d'une sauterelle, je ne pus m'empêcher de rire, moi, gros lourdingue que j'étais. Mais à ma grande surprise, elle ne s'en alla pas d'un air vexé. Au contraire, elle s'allongea et posa la tête sur mon torse. Je me raidis à ce contact. Je n'étais pas habituée à cela. "Ruth, pour commencer, arrêtes de me tutoyer, je n'ai que 22 ans. Et non... Ca ne me dérange pas." Elle avait fait le mur? L'idée me vint alors qu'elle n'était peut-être qu'une lycéenne. Soit, qu'il en soit ainsi. Avec maladresse, je me mis à jouer avec ses longs cheveux châtains "Tu as fait le mur? Tu n'as pas le droit de sortir d'habitude?." Demandais-je en fronçant les sourcils. J'aimais ce contact. Même si mon coeur penchait pour Elin, et cela depuis des années, j'aimais le fait que Ruth est posé ma tête sur mon torse. Je regardais le étoiles et riais lorsque je vis la tête de l'arlequin qu'elle me montrait. Il y avait tellement de choses à voir dans le ciel étoilé. Parfois je voyais des formes telles que des coeurs, ou des animaux. J'étais conscient d'avoir beaucoup d'imagination, mais j'aimais cette part de folie chez moi qui me laissais voir des choses que d'autre ne voyaient pas.

"Parles-moi de toi..." Dis-je d'une voix douce. Nous étions là, à regarder les étoiles, l'un contre l'autre, alors que nous ne nous connaissions pas. Il fallait que j'en sache plus sur cette fille qui m'intriguait tant. J'avais conscience que cette situation reprenait les codes des scènes romantiques que l'on voyait dans les films et qui faisaient rêver les filles. Qui me faisaient rêver. Car sous mes airs d'abruti fini, j'étais un grand romantique. Continuant de jouer avec ses cheveux, je passais mes doigts entre quelques unes de ses mèches et me surpris à l'observer du coin de l'oeil. Elle était belle. Peu importe sous quel oeil je l'observais, elle avait toujours ce visage d'ange. Elle n'avait rien à voir avec Elin. Elin et ses cheveux rouges, Elin et son air hautain et satisfait d'elle-même. Pour une fois, je sentais qu'une fille appréciait ma présence. Mais je n'étais pas dupe. Je savais qu'en me connaissant mieux, cette fille prendrait la fuite, comme toutes les autres avant elle. Comme Nina.

Je n'étais pas habitué à rencontrer des filles, encore moins des filles comme Ruth, qui ont pour habitude de de participer à des concours de beauté et des trucs comme ça. Je la regardais, et passais de nouveau la main dans ses cheveux. « Et ça te rend heureuse tout ça? » Il y avait beaucoup de choses que je ne comprenais pas, mais je ne pouvais pas envisager que quelqu'un puisse se contenter de recevoir des prix pour son physique, et se contenter de cela. Ruth avait l'air d'être tenue en laisse par sa mère, et je supposais alors qu'elle risquait bien gros en traînant avec moi ce soir. Je soupirais. Certaines personnes n'avaient vraiment pas la vie facile, et sous ses airs d'enfants sage et stable, je me doutais bien qu'elle ne devait pas avoir la vie facile et que ce visage n'était qu'en fait qu'une image d'elle qu'elle voulait donner. Elle s'était entraînée à montrer la meilleure facette d'elle même.
« Je ne pourrai pas vivre comme toi. » Peu importe si je la blessais ou non, il fallait que je lui dise, c'était sortie d'un seul coup et je n'avais pu me retenir. Je n'avais pas la meilleure situation familiale qu'il soit, mais je savais m'opposer à eux lorsqu'il en était question. J'avais su le faire à mon retour à Magnolia Cresent et j'étais prêt à renouveler cet acte à n'importe quel moment si cela pouvait concerner mes choix de vies.

J'écoutais Ruth me raconter à quel point c'est difficile d'être elle, et j'eus alors un pincement au coeur. J'étais bien connu pour causer du soucis à mes parents, mais au final, je m'en sortais toujours bien, car le plus souvent, j'évitais mon père et n'assistais jamais aux disputes de mon père. Ma mère ne m'en demandait pas beaucoup, juste de ne pas rater ma vie comme je tendais tant à la faire. Et lorsque j'entendis Ruth parler, je me rendis alors compte que rien n'était pire que tout que devoir toujours se contrôler, montrer ce que les gens veulent voir, jouer un rôle à longueur de journée. Je soupire et passe la main dans mes cheveux tandis que je la vois se relever. « Tu es bien courageuse... » Je la regarde prendre une canette de soda et l'apporter à sa bouche et je soupire alors. Parfois on met trop de pressions sur les épaules d'adolescents. Trop jeunes pour vivre de telles choses. Trop occupés à obéir et non à vivre. Lorsque je vois des gens comme Clyde, qui en vérité ne font rien de leur journées, et d'autre comme sa copine Harper qui passe ses journées à nourrir les bouches de son frère et de sa soeur, je comprends que j'ai une belle ville à côté d'eux. Certes, je ne connais pas mon père, mais j'en ai tout de même un, qui m'aime comme si son sang coulait dans mes veines. J'ai une mère aimante et dévouée et une soeur que je considère comme la prunelle de mes yeux. Un meilleur ami taré, des amis toujours présents. Il me manque l'amour, rien de plus.
Je regarde Ruth s'allonger à nouveau. Je suis alors surprise de la voir lever la tête. Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je me sens alors troublé et je me sens rougir. Mais je continue de regarder ses yeux, puis sa bouche, et alors sans même me poser de questions, je dépose mes lèvres contre les siennes. Le baiser dure quelques secondes et c'est alors que je me rappelle que je ne la connais à peine et qu'elle est plus jeune que moi. Troublé, je me sépare d'elle et m'assois, passant la main dans mes cheveux, en panique. « Je suis vraiment désolé... » Je murmure difficilement alors. Je lui souris timidement et prends une grande bouffée d'air. Je ne veux pas qu'elle me prenne pour un obsédé sexuel et un profiteur. Je ne veux pas qu'elle se fasse un fausse idée de moi. Et je ne peux me rattraper, car ce qui est fait, est fait.

Un baiser, la demoiselle ne s'y était pas attendue, elle n'avait pas prévu ça en vérité même si la proximité de leur visage - elle n'y pense que maintenant - pouvait peut-être le laisser entendre au jeune homme; Elle ne lui en veux pas d'avoir uni leurs lèvres pour un cours instants, elle reconnait qu'elle l'y a peut-être poussé en se montrent trop proche de lui, en se montrant peut-être un peu trop jolie princesse en danger, désireuse de mener sa barque mais prisonnière de ce que d'autres souhaitent pour elle. L'homme est désolé, il le dit et rougit, mais la brunette de son côté cherche le moyen de le rassurer, de lui faire comprendre que non, elle ne lui tient pas rigueur pour cela, elle ne va pas le fusiller en place de grève pour si peu. Non, c'était même plutôt agréable elle doit le reconnaître, bien qu'elle ne connaisse pas le garçon. Elle n'a pas le temps pour les relations sérieuses, mais elle ne va pas non plus prétendre avoir une vie totalement sage et sans fréquentations un peu intime... Ce serait vraiment un gros, très gros mensonge. La jeune femme apprécie la compagnie de ces messiers et l'idée de plaire lui est naturellement très plaisante.

"- Ce n'est pas grave tu sais je... Je suppose que je ne suis pas forcément innocente et étrangère à ce qu'il vient de se passer..." fait remarquer la brunette qui s'exprime avec un petit sourire gêné et des joues soudainement aussi rouges que peuvent l'être celles de son interlocuteur. Parce qu'elle n'a pas tellement cherché à provoquer ce qu'il vient d'arriver, autrement elle n'en aurait pas été à ce point gênée. Là, elle n'a rien contrôlé et c'est arrivé, c'est tout. C'est un peu délicat, elle a peur que l'homme le regrette, comme c'est l'impression qu'il donne en se relevant.

De nouveau la jeune femme jette un regard au ciel nocturne, parsemé de milles-et-unes étoiles. C'est un ciel si beau, la demoiselle ne regrette pas d'avoir faussé compagnie à sa famille cette nuit, elle ne regrette pas d'avoir quitté sa demeure. Et puis elle a fait une rencontre formidable. Elle apprécie déjà beaucoup Austin, et elle espère sincèrement qu'après cette nuit ils pourront se revoir.

Il y a avait une erreur à ne pas faire, et malheureusement, je la fis. Je ne pouvais résister au charme naturel de Ruth, et ainsi mes lèvres se posèrent sur les siennes. Le baiser fut agréable, même si je ne savais pas trop pourquoi je m'étais laissé aller. Ruth me plaisait, je la trouvais jolie et de bonne compagnie, mais elle ne ressemblait en rien à la fille de mes rêves. Elle paraissait vouloir dire oui à tout et à tout le monde, dans le seul but de faire plaisir et de vouloir incarner la perfection. Or, moi, j'aimais les chieuses, hautaines et égocentriques. Dure à avoir et à supporter, qui se font désirer mais qui savent toujours où elles veulent en venir. Nina, Elin... Toutes deux étaient ainsi, et c'étaient les deux seules filles dont j'étais réellement tombé amoureux. Je n'en avais eut aucune. Du moins, des choses s'étaient passées, sans jamais aboutir, car quelque chose nous éloignait. Quoi donc? La peur? Mais désormais, je me trouvais auprès de Ruth, que je ne connaissais pas, et je me demandais alors quelle serait la réaction de mes parents s'ils apprenaient que j'avais passé la nuit avec elle, à regarder et les étoiles - et non à essayer le matelas comme cette expression le suppose.
« Oui... » Répondis-je simplement en regardant ailleurs. Je me sentais si mal, et j'avais besoin de souffler. Ma connerie m'avait coupé l'appétit, et je regardais avec tristesse le sac de bouffe encore plein. Je ne pouvais pas rester plus longtemps avec elle, car les choses allaient recommencer de la même manière, et de toute façon, je ne saurai redevenir détendu et cool comme je l'avais été jusqu'alors. De plus, cette fille ne m'intéressait pas, ce n'était pas elle que je voulais, c'était Elin que j'aimais. Alors, il ne fallait pas que je lui laisse penser que je voulais d'elle dans ma vie, dans ma vie amoureuse. Je me relevais d'un coup, nettoyais mes vêtements et me grattais la gorge. « Je vais rentrer, je dois bosser sur ma grange demain... » Néanmoins, je n'étais pas un gouja. Alors, j'attrapais le sac que je lui tendis comme pour lui laisser ce qui restait, et lui tendis la main pour l'aider à se relever avant de commencer ma route, Ruth sur mes talons, jusqu'à la maison.

On dirait bien que la soirée commence de manière inexorable à prendre fin. Ce baiser a créé un certain malaise entre les deux jeunes gens la brunette le ressent. C'est un peu bizarre. Un peu décevant aussi. Parce que la brunette se serait vraiment bien vue rester encore un peu en compagnie de ce jeune homme. Dans une un peu meilleure ambiance. Et en fin de compte non seulement l'ambiance se transforme mais en plus l'homme dit qu'il doit partir en tendant le sac de nourriture à la demoiselle qui le prend d'un air un peu déçu. Elle serait volontiers resté un peu plus longtemps loin de chez elle. Mais si il s'en va alors autant rentrer chez elle. En plus l'homme est si agréable à côtoyer que rester la sans lui ne serait pas bien intéressant aux yeux de la demoiselle. Soudain elle se sent un peu lasse. L'excitation de faire le mur est un peu redescendue avec le fait que l'homme veuille partir.

Se levant comme le jeune homme l'aide à le faire la demoiselle emboite le pas à ce dernier pour quitter cet endroit où ils ont prit place un peu plus tôt, il y a un moment déjà ceci dit. Les voilà qui sillonnent maintenant les rues et la demoiselle ne sait même pas où ils vont comme ça. À vrai dire comme la nuit est bien noire et comme elle se sent l'âme romanesque ce soir elle se serait bien vue accompagnée jusqu'à sa demeure mais elle se doute que ce n'est pas là que l'entraîne le jeune homme puisque ce dernier n'a pas connaissance de l'adresse de la jeune femme. Alors peut-être bien que cela vaudrait le coup de demander où il l'entraîne comme ça.

"- Excuse-moi mais... Enfin ma maison c'est par là-bas. Alors je ne sais pas mais... Tu veux que l'on se dise au revoir ici ?" demande la demoiselle d'un petit air un tantinet... Peut-être désolé.

Ruth sur mes pas, je rentrais en direction du quartier. Je soupirais et ne la regardais pas, trop occupé à regarder devant moi. J'étais fatigué, mal à l'aise, et énervé contre moi-même. Je n'avais qu'une envie c'était de rentrer chez moi et de me coucher. J'entendis alors la voix de la demoiselle s'élever à côté de moi. Sans même le regarder j'empruntais une rue et répondis : « J'ai une voiture. » Je ne me risquais pas à lui jeter un coup d'oeil et sortis ma clef de ma poche avant d'appuyer sur le bouton pour l'ouvrir. Je montais côté conducteur et attendais qu'elle se soit installée pour démarrer la voiture. Je pris donc la direction qu'elle m'indiquait quelques minutes auparavant, et j'allumais une cigarette avant d'ouvrir la fenêtre. Je conduisais et fumais en silence, sans lui adresser un regard, ni aucun mot. Je ne savais pas quoi dire, et quand bien même je n'avais pas envie de lui parler. Il fallait que je respire et que je réfléchisse et sa présence n'aidait pas. On arrivait au quartier et je tournais alors la tête vers elle pour qu'elle m'indique où elle habitait.

HS : Désolée, manque d'inspiration ><

On arrivait dans le quartier. Elle m'indiqua sa maison et je m'arrêtais donc. Elle me demanda alors mon numéro et je cherchais un bout de papier dans ma voiture, avant d'attraper d'un stylo. J'écrivais soigneusement mon numéro et lui tendis, non sans intérêt, mais avec une timidité qui me faisait trembler. Elle sortit de la voiture, et je la regardais s'éloigner. Elle se retourna et me fit un signe de la main. Puis elle entra. J'avais donc remplit mon devoir de garçon bien élevé et prévenant, je m'étais assuré que la demoiselle soit bien rentrée chez elle pour démarrer.
Je me mis donc à rouler jusqu'à la maison numéro 38, celle des Melrose. Je garais la voiture et en sortais. Je la fermais à clef et marchais lentement jusqu'à l'allée sur le côté de la maison. Je la longeais et atteignis ma grange. Je l'ouvrais et entrais. J'allumais la lumière, me déshabillais et enfouissais mes pieds dans mes draps froids. Puis je me rendis compte que j'avais laissé la lumière allumé. Las, je me levais à nouveau et allais l'éteindre. Tentant désespérément d'atteindre mon lit, je me cognais deux ou trois fois, et je l'atteignis enfin. Je m'y lovais, et je m'endormis tout de suite.


Sujet clos