Sous les rayons d'un soleil au plus haut sommet de ce ciel infini, son coeur tressaillait. Les ouïe dires allaient bon train dans le quartier de magnolia Crescent, dévastant son être de devoir se montrer hypocrite une nouvelle fois en la compagnie d'une femme dont elle méprisait l'existence, Kathryn McClair. Cette même femme s'était donnée pour mission de préparer à ses chers voisins, un festin de roi sous les coups d'une brochette bien garnie si ce n'était point un steak à griller sur les braises. Qu'elle en soit indignée d'avoir seulement penser mettre la blonde à la place de ces quelques pièces de boeuf. Les cœurs les plus pures n'étaient qu'autres que ceux des enfants. Les adultes vécurent suffisamment longtemps pour ne plus croire en un monde pacifiste et où son prochain lui tendrait une main bienveillante pour lui venir en aide. Car derrière toute femme adorable, se trouvait un poignard qui cherchait un chemin pour se planter dans votre dos. Sans l'insistance de ses proches, Johan aurait refusé poliment l'invitation néanmoins, la moitié de la ville s'y trouverait pour apprécier la bonté de cette famille de pasteur, protégée par leur foie en la vie et en un être supérieur que personne n'oserait haïr. Personne ? Sauf elle bien sur. Il n'était pas question de passer sur l'ensemble des commérages qui sévissaient entre leurs murs. Sa famille en fut une des victimes comme presque toute celle qui vivait dans cette rue. Pourtant leurs yeux restaient clos devant leurs accablantes preuves de mauvaise fois. Comment pouvait on seulement être aveugle à ce point. Leur crédulité leur vaudrait bien des malheurs. S'ils préféraient être aveugle, Johan choisissait de conserver la vue.

La maman s'apprêtait de vêtements décontractés, jeans et tee shirt ainsi qu'une paire de chaussures à faible hauteur de talon pour faciliter ses déplacements. Elle attacha sa longue chevelure blonde d'une pince brune tout en laissant deux mèches se balader sur son visage pour mieux l'encadrer. Elle positionna une touche de rouge à lèvre d'une couleur sobre et rosée, seule touche de maquillage qui viendrait égayer son visage pour la journée. Sa participation à l'évènement se devait d'être accompagné par un plat faits maisons. Mais entre les préparatifs de repas de familles, des tâches ménagères quotidienne et de sa faible envie de passer du temps derrière les fourneaux pour plaire à cette femme, Johan misa sur une limonade faite maison. Une recette qu'elle tenait de sa grand mère et qui suffirait à sustenter la soif des invités. Les ingrédients en place, seulement un quart d'heur lui fut nécessaire pour créer cette boisson adaptée à la saison qu'elle laissa reposer une demi heure au congélateur afin d'obtenir une boisson rafraîchissante. Le temps pour cette jolie blonde d'embrasser son mari qui s'était désisté pour mieux s'occuper d'Anaïs et de ranger les affaires de l'avant dernier. Une fois prête, elle fit route, à pieds, avec ses deux pichets de limonade, arborant un sourire factice tout en saluant les visages familiers qui prenaient la même direction. Rien que d'y penser, elle se sentait déjà mal à l'aise. Son visage qui se voulait expressif n'arrivait pasà se défaire de son appréhension. Pourtant, il était nécessaire de garder les apparences d'une femme qui appréciait son hôte sous peine de trouver de nouveaux ennemis pour les mois ou années à venir. Lorsqu'enfin, ses pas l'amenèrent jusqu'au jardin de la famille McClair, un long et profond soupir s'extirpa de ses lèvres pour diminuer l'anxiété qui la prenait. Et avec toute l'énergie disponible, finit par saluer la personne qui accueillait les voisins. "Bonjour Kathryn. Comme tu es rayonnante."

Le soleil était déjà haut dans le ciel, plongeant la maison des Evans dans un bain de lumière que Nathan aurait bien aimé ne pas recevoir en pleine figure. En effet, celui-ci se trouvait affalé sur le canapé du salon, les yeux brûlants dû à la luminosité anormale pour un réveil en douceur. Les yeux plissés, il scruta par la fenêtre le jardin où nombreux oiseaux se nichaient les un derrières les autres sur l'unique arbre de la propriété. N'ayant pas bouger d'un fil, à part l'odeur buccale d'alcool qui remontait à ses naseaux, sa position de paresseux semblait être si agréable et paisible jusqu'au moment où il tenta de se redresser. Courbatures et points dans le dos, le combo ultime de la quarantaine. Le visage tiré par toute cette douleur, il s'essaya à l'anéantir à coup d'étirements. Une fois sur son postérieur, un relan de whisky remonta le long de sa trachée pour finir en rôt tandis que sa tête, elle, s'acharnait à commencer un concert de percussions. La vieillesse se faisait de plus en plus sentir pour l'Evans, supportant de moins en moins les cuites qu'il se prenait assez souvent. Tant bien que mal, il réussit à se mettre debout, le sol tanguant un peu, à la recherche d'un cachet d'aspirine. Heureusement qu'il avait toujours sa petite cachette dans la cuisine, et sans attente qu'il mit à fondre un cachet dans un verre d'eau. Durant l'attente, il ouvrit doucement la fenêtre donnant sur la rue afin de prendre un brin d'air et de purger son nez de l'odeur alcoolisée qui restait de la veille. Qu'avait-il fait pour en arriver là ? Comment était-il rentré ? Il n'en avait aucune idée, mais en tout cas, il était sûr d'une chose... Quelqu'un du quartier faisait un barbecue. A en juge par son odorat, cette affirmation n'était pas plausible, mais d'une sûreté indéniable et son estomac ne voulait pas le faire mentir. Son médicament prêt, il le bu cul-sec lorsqu'un vague souvenir de la veille refit : Quelqu'un lui avait rappeler que les McClair faisaient un barbecue ce jour là et que les voisins étaient invités. N'écoutant que son ventre, l'Evans décida donc qu'il était mieux pour sa famille, et son appétit, qu'il y aille. D'ailleurs, vu le silence qui régnait dans la maison, il ne devait y avoir personne, ou du moins personne de réveillé. Tant pis, il irait seul, comme si cela changeait de d'habitude...

C'est après une bonne douche, une séance de rasage et un choix minutieux de ses habits que le quadragénaire prit la route de la maison des McClair, armé d'un pack de bières. Sur la route, il sentit que la dernière soirée avait été difficile, quoi qu'il ait fait. Des courbatures dans le dos trahissaient son bien être mais il espérait être en état de doré l'honneur de sa famille, comme l'avait toujours voulu sa femme. Oui, il essayait de faire des efforts pour lui faire plaisir, mais il ne faut pas demander à un poisson d'éplucher des patates... Un barbecue chez les McClair voulait dire en langage Nathanien : Blague religieuses et faux sourires à gogo !

Arrivant devant la maison, il la longea, suivant le flux de personnes qui arrivaient au compte goutte, avant de poser le pied sur la pelouse du jardin bénie par les dieux. Il ne semblait pas être le premier vu le monde qui s'était installer à leurs aises, mais bon il en avait l'habitude, puis il se rattraperait bien plus tard si l'ambiance s'enflammait même si il ne fallait pas trop rêver. Cherchant où poser son pack de bières, il aperçu l'hôtesse de cette petite fête, rayonnante comme toujours, en compagnie d'une femme dont il avait entendu parler, Johan Robbins, la meilleure amie de Maureen, la femme de son meilleur ami à lui. Dans un sens, il se dit qu'il avait de la chance que Kat ne soit pas là avec lui, sinon elle aurait péter un plomb voyant Nathan s'approcher des deux femmes pour les saluer. En effet, il se trouvait que lorsque l'Evans fut plus jeune, il s'était tromper ( un peu volontairement faut l'avouer ) de Kat et qu'il avait tenter de flirter Kathryn McClair alors qu'il était déjà avec sa Kat avec lui. Depuis, mais bon, depuis toutes ces années, elle avait sûrement oublié leur mésentente et Nathan espérait qu'elle lui pardonne... Il avait été assez punis, double rouste par deux Kat différentes ! Une fois aux côtés des deux femmes, il tenta une petite courbure qui le fit frémir de douleur avant de se redresser comme si de rien était. " Bonjour mesdemoiselles. " commença-t-il avant de se tourner vers la McClair. " C'est à croire que Dieu à écouter mes prières, vous êtes toujours aussi ravissante ma chère. ". Son ton dragueur prenait le dessus sur son anxiété d'être sur le territoire du père McClair, un vieux grincheux tout rabougris jaloux du succès de Nathan auprès des femmes. Son sourire charmeur à destination de la jolie blonde devant lui en disant long sur ses pensées, même si pour l'instant, il avait surtout très faim.

Aujourd’hui était une journée importante pour la famille McClair. Aujourd’hui, pas question d’aller au temple, Nicholas avait réglé tous ses dossiers la veille pour pouvoir se consacrer entièrement à sa femme, sa famille et son quartier. Ce gros évènement, Kathryn en parlait depuis des mois. Le barbecue annuel de l’année dernière était à peine fini que déjà elle pensait à la prochaine organisation. La veille le couple avait été faire les courses pour que tout soit prêt. Même si chacun apportait quelque chose, il y avait énormément de détails à régler, surtout quand on voulait que rien ne soit laissé au hasard pour que tout soit parfait, à l’image de la famille. Kathry gérait tout d’une main experte. Il avait l’impression qu’avec elle chaque petit détail se mettait en place avec une facilité déconcertante. Nicholas avait tout fait pout aider sa femme mais au final il ne s’était chargé que de quelques petites tâches sans grandes importance, comme ses filles qui fourmillaient au milieu de la pièce. Finalement il était partit se préparer, enfiler son costume et avait finit juste au moment où les premier invités arrivaient. En s’avançant vers l’extérieur il voyait sa femme saluer les invités et ses filles sagement alignées derrière elle. Il sourit. Il avait la plus belle des familles. Il était fier de sa femme, belle, arrangée, classe dans sa robe parfaite pour l’occasion. Il était fier aussi des trois têtes blondes qu’elle lui avait offerte. Et c’est le regard amoureux et un grand sourire aux lèvres qu’il avait rejoint Kathryn pour saluer à son tour les invités.

Très vite et bien entendu très naturellement les discussions s’enclenchèrent. Nicholas était un homme de contact. Il aimait parler aux gens du quartier et ils le lui rendaient bien. Après tout c’était la majeure partie de son boulot et même lors de fêtes dans le quartier il était en représentation. De loin il vit sa femme discuter avec Johan. Ça le fit imperceptiblement sourire. Il savait pertinemment ce que sa femme pensait de cette femme et son activité de pasteur, qui lui apprenait chaque jour à lire dans le comportement des gens, lui faisait dire que le sentiment était partagé. Il récupéra un plat et alla le poser avant d’aller saluer Johan. Lorsqu’il arriva vers elles, Nathan avait déjà fait sa place. Il n’avait pas vraiment entendu ce que le Evans avait dit, mais il en avait bien compris la teneur. Le ‘ravissante’, adressé à sa femme avec un grand sourire ne lui plut pas du tout. Les McClair connaissaient les Evans depuis plus de trente ans et malheureusement le passé entre Kathryn et Nathan n’était pas du tout à la faveur de ce dernier. Nicholas ne supportait pas Nathan, son air décontracté, ses réactions de gamin et surtout sa façon de parler à sa femme, ces petits sous-entendus comme un ado en train de flirter, c’était inacceptable pour le pasteur. Mais celui-ci – au contraire de Nathan – était un homme droit et respectable et il était hors de question qu’il s’abaisse à son niveau et gâche l’événement qu’était le barbecue. Il afficha donc sur son visage un grand sourire et s’imposa dans le trio. « Bonjour Johan, comment vas-tu ? » lui sourit-il. Puis il se tourna vers Nathan et lui tendit la main. Une poignée de main ferme et assurée. « Bonjour Nathan. Où est Katlina ? » Katlina était une femme bien, une femme digne. Il se demandait comment quelqu'un de sa classe avait pu un jour s’amouracher d’un homme immature comme l’était Nathan. Il était compréhensible qu’aujourd’hui le couple se déchire ! Le pasteur était au courant de ce qui se passait sous le toit des Evans, comme tout le quartier d’ailleurs et il était un des seul à soutenir Katlina et ses comportements. Il savait que quand elle était là Nathan se tenait mieux et ils ne seraient pas trop de deux pour maîtriser celui qui n’était pas vraiment digne du quartier. Nicholas lança un regard dur à sa femme, elle n’avait pas intérêt à s’abaisser à apprécier les flatteries de Nathan ! Ils lui avaient déjà fait le coup et il connaissait le bougre.

Assise sur un tabouret, je fixais le mur avec une attention qui faisait probablement peur. Sur le fond blanc du mur, j’avais savamment étendu une bande de peinture couleur crème suivi d’une bande d’un vert pomme éclatant. Un petit espace blanc, il y avait une autre bande du même crème suivi d’un bleu poudre. Un petit espace blanc, il y avait une autre bande crème suivit d’une bande d’un jaune citron. Le croissant avait bien beau être en ébullition des plus complètes – car la famille McClair organisait ce qui semblait être une des nombreuses traditions du quartier, un barbecue pour marquer la fin de l’été et la rentrée, et la tête de Théodore était déjà passé à deux reprises dans le cadre de la porte de ce petit bureau qui donnait sur notre chambre pour me fixer la nuque. Je m’étais éloignée de la chambre après avoir dessiné les traits avec l’attention d’une chirurgienne pour aller dans la cuisine. Après m’être battue pendant une bonne heure, jusqu’à en avoir de la farine dans les cheveux, je m’étais retrouvé avec des petits gâteaux soufflés à la courge. Les cheveux encore plein de farine, j’en étais revenue à ma contemplation de moine. Je jure que si mes yeux avaient pu être des rayons lasers, j’aurais défoncé le mur de la chambre. Un craquement d’une des lattes du plancher me fit me retourner. Après qu’il m’ait demandé si ce que je faisais présentement était vraiment la chose la plus importante que j’avais à faire. « C’est important Théo… Alors je veux savoir ce que tu penses entre le vert, le bleu et le jaune. Je sais… C’est des couleurs neutres. », ripostais-je d’un ton demi-boudeur. Une main doucement appuyée sur mon ventre, je ne pouvais pas m’empêcher de prioriser ça sur ma douche et le restant des préparatifs que j’avais à faire avant de me rendre au 30, Magnolia Cresent. Je tournais la tête pour fixer les couleurs. « Je crois que je préfère que ça ne soit pas neutre… On avait fait ça avec Olivia… » dis-je en reportant mon visage sur les trois couleurs. Le fait que j’étais encore en pyjama était probablement ce qui justifiait le regard impatient de mon mari sur moi. On était attendu à quelque part et j’avais ces temps-ci activée la fonction escargot ou hibernation sans que ça soit vraiment claire. Le silence de mon mari était assez évocateur du manque de logique de mes priorités du jour. « C’est important, il reste moins de quatre mois et on n’a aucune idée de ce que l’on fait de la chambre du bébé. » tentais-je d’argumenter. Je me relevais avec un petit soupire, remettant à plus tard cette décision.

« Okay! Je vais à la douche! T’as gagné. » grognais-je avant d’aller chercher un baiser sur ses lèvres. « Mais si tu as pas choisi, c’est Pierre qui va choisir la couleur de la chambre du bébé. Namého! » rajoutais-je avant de sortir de la chambre avec un petit pas à demi-sauter. Après avoir sécher mes cheveux et m’être très légèrement maquillée, je me suis enroulée dans ma robe de chambre. Quand je revis mon mari, j’étais au beau milieu d’un désastre dans notre chambre. J’avais beau revenir d’une virée de magasinage trois jours plutôt, je me sentais quand à court de vêtements. J’avais donc sorti les six chandails, les trois pantalons et je gisais impuissant au beau milieu du désastre. Je soupirais bruyamment : « J’ai rien à mettre. ». Trente-deux ans presque, mais encore, j’agissais comme le faisait une adolescente. Au moins c’était un progrès non? On ne me retrouvait plus roulée en boule comme au courant des derniers mois. Je finis par opter par une jupe haute lignée et une chemise. En me regardant dans le miroir, j’enfilais un bracelet et un collier. Après avoir enfilé des petits souliers plats, je passais à la cuisine pour ramasser les petits soufflés.

À deux, nous partîmes vers la maison. Je serrais doucement la main de mon mari avant de toquer à la porte. « J’ai pas l’air trop… je sais pas… trop… enceinte, hein? », murmurais-je nerveusement quelques secondes avant que la porte n’ouvre. « Bonjour! Nous ne sommes pas trop en retard… n’est-ce pas? » demandais-je avec un tout petit sourire. C’était après tout la toute première fois depuis près de neuf mois que Théodore et moi nous nous mêlions ainsi au quartier. Nous aurions peut-être dû le faire un peu plutôt et j’en avais conscience. Avec un petit sourire stressé, je rajoutais un : « Il fallait bien amener un plat, n’est-ce pas? » en tendant le panier qui contenait les petits gâteaux soufflés. Tant pis au pire, j’aurais l’air de la voisine lèche-botte.