La folie d’un être naît souvent dans la douleur ressentie, une souffrance qui est parfois difficile à surmonter et capable de chambouler la raison de celui qui la possède, une peine si profondément ancrée dans un cœur ou une âme fragile, qu’il devient même essentiel de briser la barrière de la réalité pour survivre à ce mal qui le consume. C’était certainement ceux en mesure de se déconnecter de ce qui les entourait, de devenir différents d’eux-mêmes, loin du quotidien de la vie, qui devenaient les plus heureux. Katlina n’était pas de ceux qui arrivaient à se détacher de ses problèmes. Elle ne le voulait pas non plus puisqu’elle considérait les avoir fui depuis trop longtemps déjà, que ce soit dans son couple ou vis-à-vis de ses enfants. Il était temps de les affronter. Alors que le sort de sa famille était incertain et qu’elle se sentait impuissante, la mère Evans était venue faire un tour dans l’Église ce matin. Pas très croyante, du moins pas très pratiquante, Katlina se tournait parfois vers cette voie quand elle était dépassée par une situation ou qu’elle était en état de désarroi. Au cours de ces dernières années, elle avait trouvé une oreille attentive en la personne du père McClair. La mère Evans ne croyait pas toujours en ces prêchi prêcha, mais il avait néanmoins été de bon conseil à plusieurs reprises. C’est ainsi, que par amitié pour lui, elle venait parfois assister à des offices. Toutefois, aujourd’hui, sa présence n’avait rien avoir avec cette raison. Katlina avait eu besoin de venir se recueillir quelques instants dans cet endroit. Elle avait écouté la messe de l’Église, puis s’était écartée vers une des statues de saints pour allumer une bougie et formuler une prière pour le sort de ses enfants. Restée discrète au fond de la salle, elle s’était ensuite rapidement éclipsée pour ne pas attirer les regards et surtout qu’on ne lui pose pas de questions impertinentes. Capable de sortir les griffes à tout moment si on parlait mal de sa famille, la mère Evans n’avait pas eu envie de converser avec les voisins du quartier. Le ventre noué, elle était donc partie, sentant une vague de mélancolie parcourir son être par rapport à un passé plus heureux. Néanmoins, alors qu’elle avait déjà repris la route à pieds, en direction de chez elle, et laissé l’Église deux rues plus loin, une voix l’interpella et l’arrêta. Katlina la reconnut instantanément et se retourna. À sa grande surprise, Nicholas arrivait dans sa direction.