Si je devais résumer mon caractère je dirais imprévisible ou incorrigible, ou peut-être animal, je crois Shelby me l'a sorti une fois ! Elle ne peut pas comprendre, j'ai dû me forger seul. Lorsque mes camarades rentraient chez eux faire signer leurs cahiers à leurs parents complètement gagalove j'imitais la signature de mes parents pour Amy, Sebastian et moi. Je m'occupais d'eux et je crois que cela m'a rendu légèrement caractériel, voir peut être beaucoup. Ils sont tellement usant, mais tellement attachant que j'ai finis par en devenir impulsif. Il ne fallait pas que je sois un jeune homme, il fallait que je sois l'homme de la maison, leur exemple, leur force. Je suis très débrouillard et de ce fait largement habile dans mes propos, peut-être un tantinet manipulateur. Toutefois, cela m'a certainement rendu matérialiste, le manque de tout est venu très vite, sous la forme d'une jalousie. J'ai alors entamé une course afin d'être le meilleur, dans tout et aux yeux de tout le monde à tel point que j'en suis devenu perfectionniste. En grandissant j'ai vite compris que mes charmes pouvaient être un atout majeur et l'ivresse de la jeunesse m'a emporté. Ok, la dernière phrase c'est du flan cramoisi, j'ai surtout suivi Shannon, et ce que j'ai vu m'a conquis. La fête, les filles, l'alcool et encore les filles. Je n'ai jamais eu aucun problème de ce côté-là, ce qui m'a rendu énormément sur de moi, et peut-être même égocentrique mais après tout, tout ce que je possède je ne le dois qu'à moi-même, et maintenant que mes monstres sont des grands j'ai bien le droit de me détendre.

Je ne suis pas friand de ce sujet, il me rend aussi faible que déterminé. Et déterminé je me dois de l'être pour faire face aux questions incessantes de mon petit frère ainsi que de ma petite soeur. La famille pour moi s'arrête à Sebastian et Amy. Accessoirement Shannon, mais lui s'est encore mieux que la famille, c'est une sorte de double, de jumeaux divin. Il fut un temps où nous étions cinq, mais cela remonte à bien loin... Je crois même qu'Amy ne se souvient pas, le doux visage italien de maman, c'est certainement d'elle que ma teigne de soeur tient son caractère. Personnellement je me souviens tout juste du rire de maman, en vérité je ne m'en souviens que dans mes rêves. Il faut avouer qu'ils n'ont pas été présent et qu'à l'heure actuelle ils ne le sont plus du tout, deux fantômes dans leur tombe de travail. Je suis donc devenu un père avant d'être un enfant, un frère, un ami. Je n'avais pas le choix, pour les deux têtes de piafs génétiquement modifiés pour me ressembler ! C'est Shannon qui m'a rendu ce droit à la vie de jeune et je lui dois une fière chandelle !

Hum... Il y en a bien un qui se dénote, aussi comique qu'attristant. C'était avec Amy, ma saloperie de petite princesse. Je lui en ai fait des misères à ce bout en train, mais cette fois-ci, c'est l'une des rares fois où je m'en serais presque voulu. Elle me rendait littéralement hystérique, j'ai toujours eu des facilités en cours mais je me souviens que cette fois là je tentais de réviser pour une interrogation. Tout ce que voulait la princesse se résumait à « cache-cache ». Elle venait inlassablement me piailler dans les oreilles avec sa voix de crécelle. Je le reconnais... J'ai craqué. Je lui ai accordé une partie qui a duré très longtemps, trop même. Elle s'est cachée dans les toilettes, j'ai subtilement... Non, j'ai verrouillé la porte c'est tout, durant plus d'une heure, légèrement, plus ou moins. Peut-être plus... Un genre de toute une après-midi... Quand elle est enfin sortie elle a pleuré comme un crocodile, il ne faut pas sous-estimer la quantité de larmes incommensurable que peuvent contenir ces petits corps ! Je m'en suis voulu une fraction de seconde. La fraction de seconde qui lui a fallu pour me mordre et courir dans sa chambre boudeuse.

Après des longues journées d'une pluie tonitruantes quelques perfides rayons de soleil perçaient les nuages de Magniolia Cresent. J'entrouvris la fenêtre de notre résidence, croisant les bras sur le rebord de cette dernière je scrutais la ruelle déserte. Un perfide sourire naquit, ce désert était mien. J'expirai lentement savourant le calme de la fin de journée, un calme qui fut d'une bien trop courte durée. La porte d'entrée claqua violemment.


Une seconde porte.


Cette fois j'ouïe un braillement que je ne cherchai guère à déchiffrer. Il suffisait d'un mot de travers et me connaissant j'aurais déboulé dans sa chambre dans l'unique but de la passer par la fenêtre - pas d'inquiétude j'aurais vicieusement glissé une benne à ordure en dessous -. Connaissant la demoiselle, elle s'avérait tout à fait capable de me lâcher un fourbe « et quand tu rentres bourré tu crois que t'es mieux ?! » malheureusement, nos deux caractères se trouvaient parfois être si rapprochant que cela en devenait meurtrier. Secouant la tête je chassais rapidement ses pensées de mon esprit, les pensées amènent à ruminer, ruminer amène à passer ma faussement angélique petite soeur par la fenêtre. J'entendis le clocher au loin sonner la demie, j'enfilais immédiatement mes baskets et dévalait l'escalier. Je scannai brièvement le grand salon de mes lapis-lazulis à la recherche de l'énergumène qui me servait de collègue, accessoirement de meilleur pote et optionnellement de frangin.


Celui-ci avait disparu en début d'après-midi, peut-être était-il allé au stade, c'est ce qui était prévu à la base mais j'avais déserté pour la flemmardise profonde, ce soir nous étions vendredi et vendredi rime avec beuveries. Après le boulot, nous trouverions un Sam et hop ! Pour être totalement franc le Sam était tout désigné. J'avais prévu d'engrener le petit Seavers, trop content de bouger avec les rois du quartier il ne pourrait qu'accepter de faire le taxis, de toute façon il n'avait guère le choix.