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Mesdemoiselles, vous avez de la visite !

William finissait tout juste son entrainement de football hebdomadaire, et finissait de se changer. La plupart des autres joueurs étaient déjà partis, pressés de retrouver leur canapés moelleux, mais William lui, avait prit son temps dans les vestiaires, et avait profité de ce petit moment de détente pour décompresser, et surtout pour faire redescendre l'adrénaline dont il avait fait preuve lors de la dernière mi-temps.
Ses joues étaient d'ailleurs encore légèrement rosies à cause de l'effort fournit. Génial. Willy le poupon, il ne manquait plus que ça, pensa t-il en s'examinant dans la glace.

Le jeune homme sorti en dernier des vestiaires, et referma la porte derrière lui. Il s'apprêtait à traverser le gymnase pour gagner la sortie, quand il aperçu à l'autre bout un petit groupe de Cheerleaders en train de s’entraîner. Il ne put résister à l'envie de s'approcher, et de s'arrêter quelques minutes pour les observer.

William reconnu immédiatement quelques visages familiers. Néanmoins, les filles n'eurent pas l'air de remarquer immédiatement sa présence, tant elles semblaient concentrées. Amusé de les voir ainsi à l'oeuvre, il s'adossa donc contre le mur, et regarda silencieusement le spectacle qui s'offrait à lui. Il laissa progressivement son esprit vagabonder au grès des chorégraphies et des figures que les Cheerleaders accomplissaient sous ses yeux. Néanmoins, il fut tiré de sa réflexion lorsque ses yeux se posèrent sur la ravissante Gabrielle. William fronça les sourcils. Que faisait elle donc ici, à la Sterling High School ? Le jeune homme n'ignorait pas qu'elle avait quitté le lycée l'année dernière, juste après avoir reçu son diplôme. Cela faisait d'ailleurs un moment que William n'avait pas eut l'occasion de la voir, et regrettait parfois son départ. Il n'était d'ailleurs pas le seul : les nouvelles Cheerleaders avaient parfois un peu de mal à remplacer l'énergie et le dynamisme de leurs aînées.
Intrigué par sa présence, il se mit à regarder fixement la jeune fille jusqu'à ce qu'il réussisse enfin à capter son regard.

C'est avec son habituel sourire ravageur que la charmante Cheerleader abandonna ses acolytes pour rejoindre William. Ce dernier la regarda s'approcher, le sourire au lèvres. Il était réellement content de la voir. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas croisé en sortant de son entrainement, et encore moins vêtue de son uniforme de Cheerleader. Et il devait reconnaître que cet accueil n'était pas des plus désagréables.
Une fois arrivée à sa hauteur, Gabrielle s'empressa de le saluer, d'une manière pour le moins... chaleureuse. Elle se hissa jusqu'à lui, et lui déposa un baiser. Trop près de ses lèvres pour être tout à fait innocent, trop loin cependant pour être totalement explicite. Ainsi, comme à son habitude, la jeune fille annonçait d'entrée ses attentions : elle n'en avait pas encore fini avec lui.
Pourtant, loin d'être aussi à l'aise qu'elle avec ce petit jeu dangereux, William ressentait un certain malaise à flirter ainsi avec la belle. Il n'en avait pas toujours été ainsi, c'est vrai. Pendant une certaine période, les deux adolescents s'étaient rapprochés l'un de l'autre. Mais ce début de relation hypothétique s'était rapidement interrompu. Non pas que les choses n'auraient pas put marcher entre eux deux -bien au contraire ! Le problème venait plus du jumeau de Gabrielle, qui semblait ne pas beaucoup apprécier l'attention que la gente masculine suscitait envers celle qui représentait la prunelle de ses yeux. Il l'avait bien fait comprendre à William, et lorsqu'il l'avait prit entre quatre yeux pour lui exprimer sa façon de voir les choses, ce dernier n'avait eut d'autres choix que d'abandonner la partie en cours de route. Pas le choix. On allait tout de même pas se faire la guerre entre partenaire de football, n'est ce pas ? Et puis, c'est vrai que dorénavant la situation était un peu différente maintenant que Sara avait débarqué dans sa vie...
William se recula imperceptiblement, mais sans se défaire de son sourire charmeur. Il répondit à la jeune femme d'une voix suave.

« - Gabrielle, quelle agréable surprise. Je te manquais tellement que tu t'es sentie obligée de venir me rendre une petite visite au lycée, où alors c'est les cours de philo dont tu n'arrivais plus à te passer ? »

Il baissa légèrement la voix, et reprit plus doucement en la fixant.

« - En parlant de philosophie, que penses tu de cette phrase ? "Les hommes ont peut-être découvert le feu mais les femmes ont découvert qu'on pouvait jouer avec". Moi, je trouve qu'elle s'applique assez bien, non ? Tu n'as pas changé Gabrielle. Toujours aussi persévérante, s'amusa t-il. »

Ah, quel tombeur ce prof de philo ! Qui pouvait encore prétendre résister à ses formes généreuses, son mono-sourcil soyeux et ses cheveux sponsorisés par Puget ? Quel séducteur, vraiment. A côté de lui, c'était sur que William -et n'importe quel garçon de son age d'ailleurs- faisait bien pâle figure. Il sourit, amusé par l'audace de la jeune cheerleader.

« - Le prof de philo, vraiment ? fit-il semblant de s'étonner. Quel dommage qu'il ne soit pas là aujourd'hui, il semble que tu vas devoir te satisfaire de ma bien décevante présence. Pas trop déçue ? »

Il agrémenta ses quelques mots avec son petit sourire en coin, dont lui seul possédait le secret. William se doutait bien que la jeune fille se remettrait bien vite de ce coup dur en sa compagnie. D'ailleurs, il faut croire qu'elle avait déjà très rapidement tourné la page : elle se rapprocha encore de sa proie, avec un petit sourire au bord des lèvres, et susurra :

« Tu me connais si bien... Mais... Ca ne t’a jamais dérangé auparavant... »

Touché, coulé. Une telle offensive ne s'esquivait pas aussi facilement. En prononçant ses simples mots, Gabrielle les renvoyait tout les deux à une époque où elle et lui avait été très proches, si proches que le garçon ne pouvait pas faire semblant d'avoir oublié. Une époque où William ne se faisait pas autant prier à recevoir les avances de Gabrielle. Une époque où "il" et "elle" aurait put s'associer un jour pour former un "nous". Une époque où... une époque où le garçon était encore libre comme l'air aussi !
Sara. Quel idiot ! Avec toute cette histoire, il en avait presque oublié sa copine. Quel genre de petit ami était il pour omettre ce genre de "petits" détails ? William se ressaisi aussitôt. Il s'en voulait d'avoir été aussi négligent, mais était à présent bien déterminé à se reprendre. Sa vie sentimentale était déjà assez compliquée comme ça, il ne voulait pas en plus en rajouter une couche en dépassant des limites qui n'étaient pas faites pour être franchies. Pour la première fois depuis le début de la conversation, William agit comme il devait le faire.

« - C'est vrai oui. Mais auparavant, les choses étaient différentes... Sara, ça te dit quelque chose ? »

Il avait murmuré ces mots avec douceur, inquiet de la réaction qu'allait adopter la jeune fille. Malgré le refus qu'il s'imposait, il tenait tout de même à elle, et espérait ne pas la froisser. Mais que pouvait il faire de plus ? Qu'y avait il à dire ? Qu'y avait il à faire ?
William soupira intérieurement. Ah, qu'il regrettait le bon temps de la maternelle, lorsque tout était plus facile, et lorsqu'avoir une amoureuse consistait uniquement à partager son goûter avec cette gamine qui paraissait si spéciale à vos yeux.

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William eut un léger sourire. Décidément, la persévérance de Gabrielle ne connaissait pas de limites. Il aurait été naïf de croire que le nom de sa petite amie aurait un quelconque effet sur la jeune Cheerleader. Son attaque avait piteusement ricoché sur son assurance, sans le moindre impact. D'humeur taquine, celle ci avait simulé une crise Alzheimer foudroyante, occultant totalement l'existence de la candide Van Wagner. Mais William n'avait pas encore abattu ses dernières cartes.

« - Rien du tout, vraiment... ? Peut être que le nom de Nathan Montgomery te rappellera quelque chose alors ? dit il avec un sourire en coin. »

Il savait que la jeune fille ne pouvait pas faire semblant d'ignorer son jumeau, et à quel point il avait joué un rôle décisif dans leur relation. Comme beaucoup de gens, William n'arrivait pas toujours à comprendre ce lien puissant qui les unissaient tout les deux, mais le respectait malgré tout.
Mais Gabrielle ne s’annonçait pas vaincue, et revient aussitôt à la charge. Elle plongea son regard chargé de sensualité dans celui de William, et lui demanda s'il était vrai qu'il ne ressentait plus aucun désir pour elle. Le garçon était troublé par la jeune fille, il ne pouvait pas le nier. En revanche, il pouvait encore essayer de le dissimuler, ce qui n'était pas une mince affaire.
William avait l'impression de n'être qu'un simple pion dans les mains de Gabrielle, qui avait elle même posé ses règles de sa propre partie. Qu'il le veuille ou non, il faisait parti de son petit jeu, et ne pouvait pas lutter contre ça. Gabrielle tenait les rênes, dans leurs échanges. Elle savait toujours prononcer les mots juste pour obtenir ce qu'elle voulait de lui, en encore pour le faire réagir. Et une fois de plus, elle avait visé juste. Aussitôt, William voulu la contredire : ce qu'elle venait de dire était parfaitement faux, et elle même était très bien placée pour le savoir.

« - Gaby, soupira t-il doucement, tu sais bien qu'il ne s'agit pas de ça... Ca ne dépend pas uniquement de moi... Et il me semble que j'ai déjà eut l'occasion par le passé de te prouver mes véritables attentions, tu ne penses pas ? »

Tout en prononçant ses mots, William leva une main vers le visage de la Cheerios et replaça dans un geste tendre une mèche de ses cheveux. Ce geste témoignait de la tendresse et de la proximité que les deux adolescent avaient partagés autre fois. Malgré tout ses beaux discours, William savait qu'il était presque impossible d'oublier un beau jour les liens qui vous unissaient à une personne que l'on a un jour désiré.

L'allusion à Daniel ne fit pas beaucoup plus effet que celle à Sara. Quand Gabrielle était déterminée à obtenir quelque chose, rien ne pouvait la détourner de son but, même pas un petit William plein de bonnes volontés. Le garçon se sentait à présent comme enchevêtré au centre d'un gigantesque filet d’araignée, et plus il se débattait -contre Gabrielle et contre lui même-, plus le piège se refermait autour de lui. Gabrielle n'aura plus qu'à attendre que sa proie soit totalement immobilisé pour venir le cueillir, lentement mais surement...
Cependant, il gardait en tête les motifs de son refus, et n'était lui non plus pas prêt à s'avouer vaincu avant d'avoir combattu. Pour l'instant, il devait tout d'abord affronter le regard sensuel de la jeune fille, la proximité de leurs corps, et... et ne pas céder, bien sur. Cette tache s’annonçait au moins aussi dure qu'un treizième travaux d'Hercule. Et encore, il n'était pas au bout de ses peines ! Car non contente de le troubler par sa présence, la jeune Gabrielle plaida une nouvelle fois en sa faveur. Elle lui reprocha tout d'abord d'utiliser Daniel comme une fausse raison, mais aussi d'être le seul à pouvoir décider de l'avancement de leur relation. William protesta doucement.

« - Gabrielle... Tu ne peux pas me reprocher de vouloir agir le mieux possible. Tu sais bien que cette situation est tout aussi pénible pour moi que pour toi. Peut être même plus encore, car je me suis imposé un rôle que je peine à tenir. Et c'est d'autant plus dur qu'il s'agit de toi... »

Il baissa la voix, tout en la fixant.

« - ... et que tu es une personne à qui il est dur de refuser quelque chose, surtout lorsque l'on tient à toi comme moi je tiens à toi. »

Bloqué entre ses désirs et ses obligations, William Livingstone était à présent entrepétré dans une situation des plus inconfortables. Il ne savait comment s'en sortir, et Gabrielle était bien décidée à tout faire pour lui compliquer la tache. Tandis qu'elle se collait contre lui, effleurant d'un geste sensuel les lèvres du principal intéressé, celui ci était justement en prise dans un épineux débat avec sa propre conscience.
A vrai dire, Gabrielle n'avait pas eut totalement tord lorsqu'elle lui avait reproché de se servir de Daniel comme d'un prétexte. Daniel, tout comme Sara, n'était que des excuses supplémentaires pour ne pas céder aux charmes de la jolie brune. Il y avait quelque chose, c'était vrai, quelque chose d'autre... Mais ça, comment Gabrielle aurait elle put le savoir ? Et quand bien même, comment aurait il put lui expliquer ?
Non, se dit le garçon en son fort intérieur. Inutile de merder un peu plus encore. Elle ne doit pas savoir. Personne ne doit savoir.
Plein de douceur, William attrapa le poignet de la jeune femme, l'immobilisant dans son geste. Il plongea son regard dans le sien.

« - Compliqué ? Pas tant que ça. Un jour, tu comprendra, je te promets. Mais en attendant... »

Il recula d'un pas.

« - ....je vais devoir y aller, désolé. J'ai rendez vous chez les Fitzgerald dans une demi heure, je dois aller tondre leur pelouse, il ne faut pas que j'arrive en retard -à nouveau. Nous reprendrons cette conversation une autre fois, tu es d'accord ? »

Il avait conscience de décevoir les attentes de la ravissante Cheerleader, mais il savait également qu'il n'avait pas le choix. Peut être plus tard, lorsque sa vie aurait retrouvé un cours habituel, qui sait... ?
William relâcha la main de la jeune Montgomery, non sans y avoir exercé une légère pression sur ses doigts auparavant. Une manière de rappeler à la jeune femme qu'il ne l'oubliait pas, et qu'elle occupait encore une place toute particulière à ses yeux.