Je regardais ma mère, étendue sans vie sur le sol, son sang faisant une tache rougeâtre tout autour d'elle, lorsque j'entendis une sorte d'alarme stridente. D'un seul coup, je me levais d'un bond de mon lit, de la sueur perlant de mon front et de mon dos, le souffle court, les yeux écarquillés. Encore ce foutu cauchemar... Mon téléphone sonnait furieusement à côté de moi. C'était lui qui venait de me sortir de ce cauchemar. Je remerciais dans ma tête la personne qui venait de me réveiller et arrêtait de broyer le coussin que je tenais encore serré dans mes mains pour attraper mon téléphone. Vous avez un nouveau message... C'était Cameron. Il me demandait si je voulais aller boire un coup avec lui à Cliffton Center. Cette nouvelle était bienvenue. J'avais besoin de me calmer un peu et d'oublier ce cauchemar qui se répétait sans cesse depuis deux mois maintenant. Je lui répondit que j'étais là-bas dans trente minutes, sachant très bien qu'il me faudrait au moins trente pour me préparer et vingt pour être à Cliffton. Mais j'avais envie de faire attendre Cameron, ma perversité n'ayant aucune limite. Et puis c'était devenu comme un jeu pour moi, cherchant à le faire chier le plus possible, même si on était de bons amis.

Je me levais de mon lit, m'approchait de mon armoire et prit les premières affaires qui me tombait sous la main, n'étant pas du genre à passer une heure à choisir ce que j'allais me mettre. Je m'assurais quand même que ce que j'avais choisis aillent ensembles, connaissant Cameron et son goût prononcé pour la mode et le look Bon Chic, Bon Genre. Je me dirigeais rapidement vers la salle de bain, me déshabillait puis rentrait dans la douche. L'eau chaude, pratiquement bouillante, leva les angoisses qui me trottait dans la tête et me délassa, ce qui était le bienvenu. Je ne pensais plus à rien, et me laissait aller. Je sortis finalement de la douche un peu mieux. Je passais devant le miroir, me coiffais à la hâte, trouvant qu'une coiffure "décoiffée" m’allant beaucoup mieux. Je me dépêchais de sortir de la maison style "colonial" qui ressemblait tellement à ses voisines. Décidément, je détestais ce quartier.

Arrivé au bar, je regardais ma montre. Seulement quinze minutes de retard. Shit. C'était cinq minutes plus tôt que ce que j'avais prévu. Je rentrais à l'intérieur et remarquais Cameron assit à une table dans le fond, près du comptoir. Il attendait, un sourire aux lèvres, mais je savais pertinemment que cela le dérangeait que je sois en retard et qu'il passe pour un "sans-ami". Un sourire s'afficha à la commissure de mes lèvres tandis que je m'approchais de lui, très satisfait de moi-même. Tandis que je marchais, je détaillais mon ami, qui m'avait vu et me regardais, et remarqua qu'il était toujours aussi beau, et qu'il faisait toujours autant attention à lui. Cela ne me dérangeait pas plus que ça, mais j'aimais quand même le lui faire remarquer de façon sarcastique à chaque fois.

Lorsque je fus arrivé à la hauteur de sa table, j'ouvris la bouche pour lui parler, mais il fut plus rapide que moi. Ah. Je l'attendais celle-là. Une remarque sur mon retard. Haussant les épaules, je ne répondis rien et attendit debout, un sourire narquois sur les lèvres. La deuxième réplique ne tarda pas à fuser. Il me demandait si j'attendais une invitation pour m'asseoir. Je l'observais ensuite boire une gorgée de coca puis me le demandait avec plus poliment cette fois. Sa façon de le dire me fit glousser quelques secondes avant de lui répondre un peu fort que ceux qui étaientt autour l'entendent :

Julian . Mais voyons babe, j'attends que tu viennes m'embrasser.

J'émis un petit rire. Alala, c'était toujours aussi bon. J'observais Cameron rougir légèrement avant de se ressaisir. Je profitais de ce laps de temps pour finalement m'asseoir et appeler un serveur. Lorsqu'il s'approcha de nous, je lui commandais quelque chose à boire :

Julian . Une bière s'il vous plait, et apportait quelque chose d'un peu plus fort que du coca à mon ami s'il vous plait.

Je me retournais vers lui et souriait fièrement. Je m'étais retenu de toute mes forces de dire plutôt "petit ami", sachant très bien que ça il n'allait vraiment pas l'apprécier. Décidant finalement de changer de sujet, je lui demandais, toujours aussi fort pour que ceux autour l'entendent :

Julian . A part ça, mon coeur, tu vas bien ?

J'observais Cameron, attendant sa réponse, quant il me demanda tout bas si j'allais l’enivrer. Moi ? Mais non, j'étais un saint voyons. C'était juste que le coca, c'était pas très marrant. Alors qu'avec de l'alcool, Cameron serait surement beaucoup plus drôle. Et puis ce qui était bien avec ce bar, c'est que même si je n'avais pas encore vingt-et-un ans, âge légal en Amérique pour tout les trucs interdits aux mineurs, les serveurs ne nous demandaient pas notre âge. Sortant de mes pensées, je me penchais vers Cameron comme si j'allais lui faire la plus grande des confidences, et lui dit sur le même ton :

Julian . Mais non voyons, je ne suis pas comme ça.

Négligeant ma réponse, Cameron me sourit. Je savais qu'il allait se venger. Et au vue de son sourire, je voyais que ça n'allait pas être joli. Attendant de voir ce qu'il allait me faire, j'observais les environs. J'aimais beaucoup ce bar. Notamment car il était tranquille, que les gens ne se souciaient pas beaucoup de vous, et puis ils faisaient d'excellents cocktails. Et rien que ça, ça valait le déplacement. Mon regard se reporta sur mon ami tandis qu'il répondait à ma question d'une voix que je sentis boudeuse. Il me répondait qu'il n'allait pas bien car il n'avait pas eu son baiser.

Je l'observais avec des yeux effarés, mon coeur ratant un battement, n'étant pas sûr d'avoir bien entendu. Il me demandait de l'embrasser ? Il était sérieux ? Lui, Cameron, le mec qui faisait plus attention à l'image qu'il donnait aux autres qu'à sa propre famille. Celui qui refusait toujours mes avances en me hurlant dessus, même si je le faisais exprès pour l'embêter. J'avais mal entendu. Ce n'était pas possible. Et pourtant, il avait bien dit ça. Je le voyais sourire bêtement, sûr de lui. Il me mettait clairement au défi là. Me ressaisissant, je lâchais d'une voix peu assurée :

Julian . Tu es sûr ? Enfin je veux dire, tu n'étais pas censé répondre ça.

Je l'observais toujours, et vit son sourire grandir encore un peu plus. Bon. Ok. Il voulait jouer à ça ? Cool. J'aime les défis. Et puis de toute façon, je n'avais rien à perdre, et puis il fallait parfois un peu tenter dans la vie. Je n'allais après tout pas me ridiculiser devant lui alors que c'était moi qui avait commencé ce petit jeu. Je passais une main dans mes cheveux, essayant de me donner une contenance. Puis, me décidant, je rassemblais tout le courage que je pouvais avoir et me pencher au dessus de la table.

Collant mes lèvres contre les siennes, étonnamment chaudes, je fermais les yeux et essayais d'empêcher mon cœur de battre à cent à l'heure. Puis, je me reculais rapidement et me rasseyais sur mon siège, mes joues me brûlant. Pourtant, ce n'était pas la première fois que j'embrassais un garçon. Je n'avais d'habitude aucune gène à ça, et je ne comprenais pourquoi j'étais dans cet état. M'enfin, j'avais gagné le défi, il ne s'y était pas attendu.

Je ne dis rien, baissant les yeux vers la table, le goût de ses lèvres toujours sur les miennes, tandis que le serveur amenait notre commande. Il posa la bière devant moi et je le remerciais distraitement, puis m'en emparais avidement, vidant la moitié du verre d'un trait. Je lachais le verre, et osa enfin me décider à jeter un coup d’œil vers mon ami. Il avait l'air dans le même état que moi, et je ne su que dire, tandis que le silence s'installait entre nous.

Le silence devenait pesant, et je ne savais vraiment plus que faire pour nous sortir de cette situation. Mon regard se portait sur mon verre, puis vers Cameron, et ainsi de suite. Je me demandais en ce moment ce que devait penser mon ami. Je n'aurais jamais du faire ça. Je voyais bien sur son visage qu'il était aussi mal à l'aise que moi, et je comprenais ce qu'il devait avoir en tête. Ce n'est pas tout les jours qu'un mec t'embrasse sur la bouche comme ça. Je lâchais un léger soupir, tandis que mon cerveau tournait à plein régime. Je me mordis violemment la lèvre, une vieille habitude que je n'avais jamais réussi à perdre. La douleur m'envahit, mais je n'y fis pas attention. J'étais plus préoccupé par mes réflexions. Finalement, Cameron cassa le silence, en me remerciant :

Cameron . Merci pour la bière mais es tu sûr que c’est une bonne idée de boire tu peux déjà pas me résister maintenant imagine après quelques verres !

Je le remerciais à l'intérieur de moi d'avoir briser ce silence pesant, et ne put m'empêcher de sourire bêtement à ce qu'il venait de dire. Finalement, ça ne se passait pas trop mal par rapport à ce que j'imaginais. Et puis Cameron arrivait à faire un trait d'humour malgré la situation, ça montrait qu'il ne m'en voulait pas ou tout autre chose. Je l'observais prendre son verre et en boire quelques gorgées et en fit tout autant, la bière coulant dans ma gorge me faisant oublier un peu mes pensées négatives. Il fallait que je reprenne contenance et trouve quelque chose à dire, pour ne pas perdre à ce jeu que je trouvais à présent un peu plus drôle avec le recul. Après tout, ce n'était qu'un baiser. Pas besoin de se mettre dans ses états. Et puis je n'avais pas relevé le paris pour perdre la face devant lui maintenant.

Julian . Avec plaisir. C'est sur que je pourrais pas te résister, tu es tellement sex babe ! Alors avec de l'alcool, je te sauterais dessus.

Je reposais mon verre, pratiquement vide, et lui lançait un regard de défi. Je n'avais rien trouvé de mieux, et savais que cela ne le dérangeait plus en publique après ce qu'il s'était passé. D'ailleurs, aucun de nous deux ne l'avait encore évoqué. Le silence allait retomber lorsque Cameron ajouta que j'embrassais bien, mais qu'il avait connu mieux. Relevant les yeux, je vis qu'il me fit un clin d’œil. Là, ça allait au delà de ce que j'imaginais. Je ne m'attendais, mais alors pas du tout à ça. Apparemment, cela ne l'avait pas dérangé plus que ça. Je fis un sourire crispé, le regardant dans les yeux, cherchant en vain quelles idées pouvaient bien passées derrière ses pupilles.

Que pouvais-je bien lui répondre ? Et puis il ne fallait pas que je me laisse encore décontenancer. Mes joues viraient à nouveau lentement mais surement au rouge, et je faisais tout pour éviter ça. Il avait déjà gagner trop de terrain. Je pouvais pas me laisser faire comme ça. Faisant tourner mon verre entre mes mains, j'essayais de réfléchir à ce que je pouvais lui répondre. Pff, il venait de me mettre dans une sale situation. Pour une fois, mon propre jeu c'était retourné contre moi. L'arroseur arrosé.... Je regardais autour de moi, le serveur était à quelque pas de nous. Je me penchais du coup vers Cameron, un air de défi traversant mon visage, et lui annonça :

Julian . Tu penses pouvoir faire mieux ? J'aimerais bien voir ça. J'embrasse très bien. C'est tout.

Je pris une mine boudeuse, mon égo en ayant prit quand même un coup, et croisait les bras, comme si j'étais en train de bouder. Je tournais la tête vers la table à côté de nous, attendant sa réponse.

J'avais toujours en tête ce que venais de me faire remarquer Cameron sur mon baiser. Qu'il avait connu mieux... Pff. C'était même pas vrai. J'embrassais très bien d'abord. Quel crâneur celui-là. Je l'avais donc mit au défi de me montrer qu'il embrassait mieux, sachant très bien qu'il ne le ferait pas. Je savais que Cameron avait un égo surdimensionné, qu'il n'aimait pas perdre, mais qu'il n'allait pas aller jusque là non plus. Délaissant ma contemplation de la table voisine, je reportais mon attention sur lui, et voyait sur son visage qu'il était vexé. D'ailleurs, sa réponse ne tarda pas. Je posais ma tête sur mon poing, lui-même accoudé la table, reprenant ma mine boudeuse tandis qu'il me disait qu'il pouvait faire mieux.

Un sourire naquit sur mon visage, tandis que je le voyais fulminer. Et bien qu'est-ce qu'il attendait ? Qu'il me le montre s'il en était capable. Je ne me faisais pas de souci pour ça, et puis même s'il le faisait, qu'est-ce que ça changerait ? Je venais de l'embrasser quelques minutes plus tôt, et sa fierté ne pouvait pas en prendre un coup de plus, car elle était au plus bas pour l'instant. Je lâchais un discret soupir, jouant avec une mèche de mes cheveux, lorsqu'il reprit la parole. J'en étais sûr, il n'allait pas le faire.

Cameron . T’adorerais que je te le prouve mais tu risquerais de ne plus pouvoir t’en passer ! Je ne voudrais pas devenir une obsession !

J'affichais un immense sourire. Alors comme ça il essayait de s'en sortir et de ne pas m'embrasser en disant ça hein ? Ça prenait pas avec moi. Je voyais bien que ça le gênait, et que c'est pour ça qu'il cherchait des excuses. Mon sourire s'élargit un peu plus. Vous voyez le Cheshire cat ? Et bien le même sourire. Jusqu'aux oreilles. J'avais gagné après tout. Une fois de plus.

Je ricanais doucement lorsque Cameron se pencha au dessus de la table et attrapa mon menton pour soulever mon visage... Pour m'embrasser. Je ne m'y attendais, mais alors pas du tout à celle-là. Il avait pourtant cherché une excuse une minute plus tôt pour ne pas le faire. Qu'est-ce qui l'avait fait changé d'avis subitement ? Je gardais les yeux grands ouverts, étonné, sentant pour la deuxième fois les lèvres si douces de Cameron sur les miennes. Le baiser ne dura que quelques dixièmes de seconde. Mon ami se recula vivement, faillit manquer de peu sa chaise et se ressaya vivement. Il avait l'air perturbé. Je passa par réflexe mes doigts sur mes lèvres, la sensation des siennes sur les miennes encore présente, et l'observait attentivement. Il était apparemment déstabilisé. Comme si de m'avoir embrassé l'avait dérangé. Lors du premier baiser, il n'avait pourtant pas l'air aussi gêné. Que s'était-il passé ? Pire, était-ce de ma faute ? Je le vis lever les yeux vers moi et me dire :

Cameron . Tu vois que je suis meilleur que toi !!

Je n'avais pas tellement pu en juger, étant donné que le baiser n'avait pas duré longtemps. Mais apparemment, il avait reprit de l’aplomb. Je ne savais pas que lui répondre, pensant vraiment qu'il n'allait pas le faire. Et pourtant si, il l'avait fait. Ce n'était pas vraiment le baiser qui m'avait choqué, mais surtout ça. Et puis comment allais-je faire maintenant pour le mettre dans une situation gênante ? Il était en train de gagner. Mon cerveau réfléchissait à toute vitesse, tandis que je le voyais tanguer sur sa chaise. Je le vis trembler discrètement, pendant que je l'observais avec des yeux de prédateur, cherchant le prochain coup que je pourrais lui faire.

Et là, une idée perverse me traversa l'esprit. Perverse, mais extrêmement géniale. Et si elle le laissait indifférent, je ne m’appelais pas Julian. Je lâchais un soupir de satisfaction avant de me lever de table, et d'aller m'asseoir sur la chaise qui était juste à côté de celle de Cameron. Ne le laissant pas réagir, je posais une main sur sa cuisse, voyant déjà qu'il rougissait, et rapprochait mon visage du sien, un sourire de prédateur aux lèvres, tandis que j'arrêtais ma bouche à quelques centimètres de ses lèvres. Je sentis son souffle chaud et saccadé, et prit un malin plaisir à le fixer dans les yeux.

Julian . Je veux bien te croire sur le fait que tu sois meilleur que moi, mais tu ne m'as même pas laissé le temps d'apprécier ton baiser, je ne peux donc pas en juger.

Étant donné le fait que me donner un baiser l'avait apparemment gêné, je lui demandais de réitérer son exploit. Ma main toujours sur sa cuisse, je posais l'autre derrière sa nuque, l'empêchant ainsi de reculer, et était à présent à quelques centimètres tout au plus de ses lèvres. J'avais énormément reprit confiance en moi depuis le premier baiser, et j'allais lui faire payer cher le fait qu'il m'ait défié, très cher. Je n'en avais pas encore fini avec lui. Et en ce moment même, il était en mon pouvoir.

J'observais toujours Cameron intensément, attendant sa réaction, lorsqu'il me dit que j'étais mauvais perdant et que j'avais eu mon baiser. Sa voix me fit comme un poignard qui me transperçait, tellement elle était tranchante. Et cela me fit mal qu'il ne m'embrasse pas. C'était bizarre, parce que ce n'était au début qu'un jeu entre nous. Et là, je voyais que ça allait beaucoup plus loin que ce que j'avais imaginé. Même moi, j'étais allé beaucoup plus loin que d'habitude. Je n'avais pas réfléchit sur le coup, mes actes ayant été dicté apparemment par mes émotions. Je reculais légèrement ma tête, soudain ennuyé. Il avait raison, j'étais très mauvais perdant. Je lui avais demandé qu'il m'embrasse à nouveau, et ce n'était peut-être pas que par rapport au jeu.

J'entendis à nouveau sa voix résonner dans mon crâne, mettant quelques secondes à comprendre ce qu'il venait de me dire. Puis, il m'embrassa à nouveau. Cette fois-ci, le baiser dura plus longtemps. Je sentis qu'il y mettait tout son cœur, et ce baiser fut plus qu'agréable. Il posa sa main sur ma nuque, ce qui donna encore un peu plus de profondeur au baiser. Cet instant me parut durer une éternité. Je sentis sa main se posait sur la mienne et l'enlever de sa cuisse. Je ne put l'empêcher, trop concentré sur son baiser. Puis, son autre main glissa de ma nuque et il coupa le baiser. Je repris mon souffle, un sourire idiot aux lèvres, tandis qu'il se tournait vers la table et attrapait son verre.

Je l'observais un instant, fasciné. Là, il m'avait battu. Et il embrassait aussi très bien. Mais ça je ne le lui avouerais jamais. Fierté personnelle oblige. Je plongeais mes yeux dans les siens, essayant de le déstabiliser pour qu'il ne voit pas à quel point je l'étais moi-même. Apparemment, il attendait mes impressions. Et bien, je n'allais pas les lui donner tout de suite. Par pur sadisme. Je n'avais pas aimé la tournure qu'avait prit ce jeu. Et j'allais le lui faire savoir. Je me penchais vers son oreille, frôlant sa joue au passage, et lui dit de la voix la plus sensuelle possible :

Julian . Cela te dérange tant que ça que je pose ma main sur ta cuisse ? Pourtant, ça ne te dérange pas de m’embrasser… Tu ne joues le jeu qu’à moitié…

Puis, je reposais ma main sur sa cuisse, avant de remonter vers son ventre, la passant au passage sous sa chemise, et la posant sur ses abdos. Un sourire de carnassier s'afficha à nouveau sur mon visage. Cette fois, il n'arriverait pas à me la faire enlever s'y facilement. Et puis ce contact me plaisait bien. Je me rapprochais à nouveau de son oreille, l'effleurant de mes lèvres cette fois, et lui chuchota pour qu'il n'ait que lui qui l'entende :

Julian . Comme tu m'as dit tout à l'heure, pour ton baiser, j'ai connu mieux. Beaucoup mieux. Mais c'était quand même pas mal, et ça m'a beaucoup plu. Pourquoi ne pas aller plus loin ? Mhm ?

Là, je devais avouer que je jouais vraiment avec le feu. Mais j'avais envie de savoir jusqu'où il pourrait aller. Et puis cela ne m'engageait à rien. On était dans un bar quand même. Ma bouche descendit dans son cou, l'embrassant légèrement, jouant le jeu jusqu'au bout. Je le sentis frissonner sous mes baisers, et ne put m'empêcher de sourire. Qu'allait-il répondre à toutes ses provocations ?

Je l'embrassais une dernière fois dans le cou avant de remonter mon visage à hauteur de son visage, un sourire angélique au visage. J'observais ses réactions, et apparemment ces baisers dans le cou ne l'avait pas laissé indifférent. Je l'entendis murmurer, me demander à quoi je jouais, et que je ne savais pas contrôler mes pulsions en gros. A quoi je jouais ? Au même jeu que d'habitude, quelle idée. Sauf que cette fois, j'étais allé beaucoup plus loin. Mais en même temps, il l'avait cherché. C'était lui qui avait répondu à mes provocations, ce que d'habitude il ne faisait pas. Donc, c'était de sa faute. Et puis je savais très bien contrôler mes pulsions, j'avais fait ça juste pour le mettre dans une mauvaise situation. Et apparemment, j'avais réussi. Je sentis la main qu'il avait posé quelques minutes plus tôt sur la mienne s'enlevait d'un coup. Encore une preuve que j'avais gagné et qu'il abandonnait.

De sa main nouvellement libre, il prit son verre de bière et en but quelques gorgées. Je voyais bien qu'il évitait mon regard, et cela me conforta encore dans mon idée. Je ne pouvais rien faire pour l'instant, et attendait qu'il dise ou fasse quelque chose. La réplique ne tarda pas. Il me demandait ce que j'allais faire maintenant. Je ne savais pas encore. Sauter dans tout le bar en criant ma joie ? Non, je n'étais pas comme ça, j'avais la victoire modeste, même si je ne doutais pas que lui l'aurais fait sans aucune vergogne. En fait, je n'y avais pas encore réfléchit. A l'instant présent, je savourais ma victoire intérieurement. D'ailleurs, l'air hautain qu'il venait de prendre me fit rigoler doucement. Et après c'était moi le mauvais perdant ? La bonne blague.

Julian . Rien.

Ma réponse m'avait échappé, et avait fusé sans même que j'y réfléchisse. Je voulais l'embêter un peu plus, mais savais que ce n'était pas très sport, et puis il avait quasiment admit sa défaite, et je voyais que ça lui avait fait mal. Enlevant ma main de dessous son t-shirt, je m'adossais au dos de ma chaise, basculant légèrement la tête en arrière. J'attrapais dans ma poche mon paquet de cigarette Winston, et mon briquet zippo fétiche avec Marilyn Monroe gravée dessus, offert par mon père du temps où la famille n'avait pas encore explosé. Un petit éclair de nostalgie passa dans mes yeux. Puis j'attrapai une cigarette de ma main gauche et l'allumer de ma main libre. C'était ça que j'aimais aussi dans ce bar, c'est qu'on avait le droit de fumer. Je reportais ensuite toute mon attention vers Cameron, et lui tendit le paquet.

Julian . Allez, ne sois pas mauvais perdant. Tu en veux une ?

Un sourire satisfait s'installa sur mes lèvres, tirant au passage une latte, la fumée s'insinuant dans ma gorge. Dieu que c'était bon. J'étais là, une cigarette aux lèvres, Cameron a côté de moi, je venais de gagner pour la énième fois à notre petit jeu. Que demander de plus ? Je lâchais à nouveau un soupir de joie, avant d’appeler de nouveau le serveur. Ah oui, ce qu'il me manquait, un nouveau verre. Lorsqu'il arriva, je lui passais commande :

Julian . Un americano, s'il vous plait.

C'était le seul bar que j'avais pu trouver où ils faisaient les meilleurs cocktails. Et l'americano, c'était mon péché mignon. Et puis la bière, ça allait un peu, mais c'était pas non plus la boisson par excellence. Mon attention se reporta sur Cameron, puis lui demandait :

Julian . Allez, comme tu as perdu, à nouveau, je veux bien t'offrir une seconde boisson. Tu veux quoi ?

Lorsque je demandais à Cameron ce qu'il voulait boire, il me répondit que c'était aimable à moi de lui offrir un verre. Je sais. C'est tout moi ça. Je regardais le serveur partir avec notre commande, mon ami ayant commandé un mojito. Je n'aimais pas beaucoup cette boisson, notamment parce qu'il y mettait de la menthe, produit auquel j'étais allergique. Il avait intérêt à tenir son verre loin de moi, pas envie d'attraper des plaques de partout sur le visage. Je me retournais vers mon ami et vu que l'air goguenard que j'affichais sur mon visage ne lui plaisait pas beaucoup. Cool. J'avais gagné, autant en profiter. Je haussais les sourcils, comme pour le provoquer, puis me mordit la lèvre, réfléchissant. Il fallait que je trouve un nouveau truc. Histoire que ma victoire soit complète et indéniable. Un truc qui le mettrais mal à l'aise.

Je tirais une latte sur ma cigarette, le regardant intensément, essayant de le déstabiliser. Je voyais bien que cela ne marchait pas, mais j'essayais quand même. Je le vis me regarder durement, avant de me dire que la soirée n'était pas terminée. Sur ce point là, il n'avait pas tort, elle venait à peine de commencer. Et j'avais confiance en mes capacités pour gagner à nouveau. Je me sentais puissant. En réponse à sa provocation, je lui soufflais la fumée que je venais d'inspirer au visage. Je savais que cela lui déplaisait, étant donné qu'il faisait très attention à son apparence et qu'il risquait très fortement de puer le tabac froid. Je le vis reculer brusquement. Ah ! J'avais réussi à l'exaspérer. Tant mieux. Il reprit la parole après quelques secondes de battements, dégouté par mon attitude.

Cameron . De plus tu as triché tu savais que je n’allais pas te suivre il n’y a que toi à qui sa plait de tripoter un mec ! C’est donc une victoire déloyale de ta part !

Je le regardais, souriant. J'aimais beaucoup quand il se mettait en colère. Et puis ne savait-il pas que tout les moyens étaient bons pour gagner ? A la guerre comme à la guerre. Et puis ce n'était pas tricher que d'aimer tripoter un mec. N'importe quoi. Mais il avait raison sur le fait que je savais pertinemment qu'il n'allait pas me suivre sur ce terrain. Les mecs, ce n'étaient pas son truc, et il n'aurait jamais osé aller plus loin. Donc c'était une victoire semi-déloyale. Mais puisqu'il n'en avait pas eu apparemment assez, je n'allais pas le lâcher. Si il voulait me donner le fouet pour se faire battre, à son aise. On allait continuer notre petit jeu jusqu'à ce que je gagne à nouveau.

Et apparemment, il attendait que je lui donne les règles du nouveau jeu. Je réfléchissais, cherchant le meilleur truc où je me mettrais un peu en danger, mais en même temps où j'avais une chance de gagner contre lui. Ça pimenterait un peu la chose. Tandis que je tirais une nouvelle latte, une idée me vint. Pourquoi ne pas se lancer des défis ? J'aimais bien ce jeu. Surtout parce que généralement je gagnais, les gens ne me suivant pas très loin. Je l'observais, puis décidais de me lancer :

Julian . Non, je n'a pas triché. Je l'ai juste joué subtile. Et ça me vexe profondément ce que tu dis. Ce n'est pas parce que j'aime tripoter des mecs que c'était déloyal. J'ai gagné, un point c'est tout. Mais si tu veux, tu peux toujours prendre ta revanche. Et j'ai un truc qui me vient en tête. On a qu'à se lancer des défis chacun son tour, et voir qui abandonnera le premier. Et comme tu as perdu tout à l'heure, je te permet de commencer.

Je le regardais avec un air sévère, inspirant ma fumée de ma cigarette comme si ma vie en dépendait, tandis que je jouais avec mon briquet nerveusement. Il pouvait me demander tout et n'importe quoi, surtout avec son esprit tordu. Quelle idée j'avais eu de lui proposer ça. Pourtant elle m'avait semblait bonne au début.

Oui, cette idée m'avait semblé bonne. Jusqu'à maintenant. Je voyais déjà un sourire se dessiner sur son visage. Je lâchais un soupir, tirant à nouveau une latte sur ma cigarette, attendant de voir ce qu'il allait bien pouvoir me faire. Et apparemment, il prenait un malin plaisir à faire durer cette situation pour que je puisse imaginer le pire. Inspiration, expiration. Tandis que je gardais ma cigarette à la bouche, je sentais que ma respiration se faisait plus forte. Et j'avais raison d'avoir peur. Le serveur s'approcha de nous et déposa nos verres. Je lui tendis un billet, payant ainsi toutes les consommations, même le coca-cola qu'avait bu Cameron avant que j'arrive. J'attrapais mon verre, but quelques gorgées de mon Americano, m'impatientant. Il faut dire que la patience ne faisait pas partie de la liste de mes qualités. Je tapais du pied, montrant mon impatience, lorsqu'il reprit la parole.

Cameron . Maintenant que nous avons nos verres je vais te soumettre mon idée. Tu vas me donner ta ceinture et me tendre tes mains pour que je puisse les lier avec ta ceinture. Ensuite tu vas te mettre à genou devant moi, je resterais assis bien sûr en tenant le reste de ta ceinture de ma main, et tu me diras « maître je t’obéirais en tout point tes désirs sont des ordres. »

Sur le coup, je faillis m'étouffer parce que j'étais en train de boire lorsqu'il parla. Je recrachais quelques gouttes du cocktail par terre, devenant tout rouge. Quoi ? Il voulait vraiment que je devienne son esclave ou un truc comme ça ? Non mais ça va pas ? Me ressaisissant, je lui fis face, mon visage reprenant une couleur à peu près normale. Voyant le sourire qui s'affichait sur son visage, je voyais bien qu'il était sérieux et qu'il voulait vraiment le faire. Comme pour enfoncer le clou, il me demandait si j'allais accepter son défi ou pas. Il me prenait pour qui ? Bien sûr que j'allais le faire. Même si après je ne pourrais plus jamais sortir de ma vie ou encore avoir de relations sociales. Je ne pouvais me permettre de me ridiculiser devant lui, surtout après lui avoir proposer moi-même ce jeu.

Julian . Ouais. J'accepte.

Je ne cherchais pas à négocier ou quoi que ce soit, ça lui aurait trop fait plaisir. Et puis je savais qu'il n'accepterais pas de changer vu l'air qu'il affichait. Je n'allais pas gaspiller ma salive pour rien. J'enlevais ma ceinture d'un air dégouté, la balançant dans ses mains le plus violemment possible, avant de me lever devant lui. Je le regardais de haut, puis lui cracha cette phrase :

Julian . Tu aimes tellement que ça me voir à genoux à tes pieds ou quoi ? Je vois que tu as apprécié le baiser, mais c'est pas pour ça qu'on va aller plus loin. Surtout dans un bar.

Je le regardais d'un air méprisant, avant de me mettre à ses genoux, essayant de me planquer derrière ma chaise pour que le moins de personnes puissent me voir. Je tirais une dernière taffe sur ma cigarette, fermant les yeux pour en apprécier toute la saveur, avant de la poser dans le cendrier sur la table, et de tendre mes mains vers lui, soufflant au passage la fumée de cigarette à nouveau vers son visage. Un demi-sourire s'esquissa à la commissure de mes lèvres. Je n'allais pas le laisser s'en sortir comme ça. J'allais un peu lui gâcher sa joie.

Julian . T’es beaucoup plus sexy vu d’en dessous mon chaton. Finalement je regrette pas de mettre mit à genoux devant toi, on pourrait en profiter tout les deux, non ?

Bien évidemment, je ne pensais pas un mot de tout ce que je venais de dire. Et cela m'avait presque écorché la langue de le lui avoir dit. J'attendis quelques instants qu'ils finissent de m'attacher, avant de reprendre :

Julian . Tu sais que si je t'excites, t'aurais dû me le dire directement, on se serait trouvé un coin plus tranquille. Ah et au fait, tu sais que la phrase que tu veux me faire dire est pleine de sous-entendus et que ça risque de me plaire ?

Je pris un air théâtral et déclamé comme un personnage shakespearien :

Julian . « maître je t’obéirais en tout point tes désirs sont des ordres ».
Bref, maintenant détache-moi. J'ai fait ce que tu m'avais demandé.

Je le regardais d'un air mauvais, attendant avec impatience que ça se termine. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui faire, mais ça allait saigner. Lorsqu'il finit par se décider à me détacher, je me relevais avec toute la dignité qui me restait, me rasseyait et reprenait ma cigarette en main. Si je ne fumais pas tout de suite, j'étais sûr que j'allais le frapper. Il fallait absolument que je trouve quelque chose pour le mettre dans la même situation qu'il m'avait mise. Et je savais déjà ce que j'allais lui faire. Bien sûr, j'allais la jouer subtile. Je n'allais pas me rabaisser à lui foutre la honte devant tout le monde, non, mais j'allais toucher le fait que Cameron avait sa fierté. Ne lui lançant même pas un regard, je bus dans mon verre puis me levais, lui faisant signe de venir.

Je me dirigeais vers les toilettes, regardant derrière moi pour voir si il me suivait bien, puis ouvrit la porte. Lorsqu'il passa, je fermais derrière moi puis m'installais sur le plan de travail de l'évier. Croisant les bras, je le regardais d'un air sévère avant de lâcher :

Julian . C'est à moi maintenant. Tu vas me faire un lap dance, tout de suite. Il n'y a que nous ici, donc j'attends. A moins que tu ne veuilles pas le relever ?

Je souris, sachant très bien que ça allait le mettre mal à l'aise. Puis j'ajoutais très vite, pour le gêner encore plus :

Julian . Oh, et au fait, tu vas te déshabiller au fur et à mesure.

Je voyais bien sur le visage de Cameron que ce que je venais de lui demander ne lui plaisait pas du tout. Et j'en retirais une certaine revanche. Après quelques minutes, il ajouta qu'il était fier de son corps et qu'il acceptait. Tant mieux pour lui. J'étais encore trop énervé après ce qu'il m'avait fait faire pour l'entendre parler. J'avais juste envie qu'il se taise et qu'il le fasse. Ou ne le fasse pas, comme ça je pourrais gagner à nouveau. Cette solution m'arrangeait bien, mais bon, si il était décidé à le faire, je n'allais pas l'en empêcher.

Julian . Tu m'en vois ravi pour toi. Allez, j'ai pas que ça à foutre.

Je devais me calmer, j'étais trop énervé, et ça influençait sur ce que je disais. Je ne voulais pas être méchant, ce n'était qu'un jeu au début. Mais je n'ai jamais su contrôler mes émotions. J'espérais juste qu'il ne m'en voudrait pas trop après. Et puis il l'avait cherché. Je l'observais commencer à sortir sa chemise de son pantalon, puis il reprit la parole, à mon plus grand découragement. Il était vraiment décidé à faire reporter l'échéance le plus tard possible ou quoi ?

Cameron . Très bien. Et après c’est moi que tu accuses d’apprécier la situation tu vas pas me mater peut-être là !?

Je souris, et haussais les épaules, ne voulant pas lui donner une bonne excuse pour qu'il puisse recommencer à déblatérer. Calant mes mains derrière ma tête, je me reculais un peu afin de m'adosser au miroir derrière moi, observant Cameron enlever rageusement sa chemise, qu'il me jeta au visage ensuite. Je l'enlevais du bout des doigts, ne lui prêtant pas attention pour ne pas lui montrer qu'il m'avait encore plus énervé, et la pliait en boule, la gardant quand même dans mes mains. Je savais que ce geste allait l'énerver, lui qui ne supportait pas que ses vêtements soient froissés.

Cameron . Le spectacle te plait !! Tu aimes j’espère !!!

Julian . Tu peux pas savoir. Allez, bouge-toi d'enlever le reste.

Suivant mon ordre, il continua à enlever le reste de ses affaires, sous mon regard plus qu'observateur. Bon ok, je profitais un peu de la situation. Mais après, il avait bien profité du fait que je me mette à genoux devant lui, alors pourquoi pas moi ? Apparemment, il capta mon regard, car il me dit ensuite que j'étais un pervers. J'éclatais de rire, les yeux pétillants. Moi ? Un pervers ? Jamais de la vie. Je savais juste profiter des bonnes choses. Nuance. Il finit quand même par enlever son pantalon, le gardant à la main, surement pour ne pas le froisser lui aussi. C'était délirant. Comment pouvait-on être aussi maniaque et perfectionniste ?

Cameron . Voilà tu es content tu as pu bien te rincer l’œil !!?

Julian . Un pari est un pari babe. Mais j'avoue que tu l'as réussi même s'il reste encore ton caleçon. Refait un tour pour voir...

Je rigolais à nouveau, puis le vit se diriger vers moi, et me demander sa chemise. Je le regardais avec un air de défi. Il était à présent à quelques centimètres de moi. Et je l'observais sans vergogne, essayant de le mettre mal à l'aise. Non, je n'allais pas lui rendre tout de suite. Ce serait pas drôle aussi non. Je le regardais, souriant et une idée me vint. Je tendis mon bras gauche le plus haut possible, la chemise de Cameron dans ma main gauche. Si j'avais bien calculé, ça serait dur pour lui de l'attraper. Car même si il était grand, j'avais l'avantage d'être rehaussé grâce au rebord, et moi aussi, j'étais assez grand. Lui tirant la langue, je lui dis :

Julian . Bah viens la chercher si tu la veux.

Bon ok, cela faisait très gamin, mais n'empêche que ça allait beaucoup l'embêter. Je le vis s'approcher un peu plus, toujours pratiquement à poil, puis se pencher vers moi pour essayer de l'attraper. Je rigolais, avant de me pencher vers son oreille, et d'ajouter :

Julian . Au fait, c'est à ton tour pour le défi, et si tu me refais un coup dans le genre de celui d'avant, tu vas le regretter amèrement.

Cameron était toujours proche de moi, se tortillant dans tout les sens pour essayer d'attraper un pan de sa chemise. Je souriais narquoisement, profitant largement de la situation. Ça en était presque marrant de le voir se trémousser contre moi pour pouvoir récupérer le tissu. D'ailleurs, je ne put retenir un léger gloussement lorsqu'il posa sa main sur mon épaule pour essayer de s'élever encore un peu en hauteur. Je le vis tourner la tête vers moi, l'air méprisant, tandis qu'il me disait que j'allais le lui payer. Mon sourire s'élargit encore un peu plus. J'avais envie de voir ça. Je continuais d'agiter ma main avec sa chemise, m'amusant encore un peu de le voir sur la pointe des pieds en train de bouger dans tout les sens pour l'attraper.

Croisant son regard au bout de quelques secondes, je remarqua qu'il avait changé, et même s'il était toujours autant en colère, je voyais bien qu'il avait une idée derrière la tête. D'ailleurs, je sentis que la main qu'il avait posé sur mon épaule se déplaça dans mon cou pour le caresser, et je ne put retenir un frémissement. Fermant les yeux un court instant, je sentis ses lèvres effleurer les miennes. Je n'entendis que sa voix, juste avant qu'il ne m'embrasse. Je me concentrais sur son baiser, un peu surpris au début, avant de relâcher ma garde et de baisser le bras pour agripper à son épaule, mon autre main venant se placer sur sa hanche.

C'est à ce moment là qu'il en profita pour récupérer sa chemise complètement froissée, avant de couper le baiser et de s'éloigner de moi. Je rouvrais les yeux lentement, surpris de cet échange, mais encore plus du fait qu'il se soit servit de ça pour arriver à ses fins. Je le regardais dans les yeux, dans les miens ne traversant aucunes émotions, totalement vides. Il venait quasiment de se servir de moi, ou de ce que je pourrais ressentir pour lui. Je baissais les yeux, tandis que je le voyais au comble de l’exaltation, apparemment très content de sa victoire.

Cameron . Trop facile, tu devrais pas te laisser distraire aussi facilement…

Gardant les yeux baissés, je ne répondis rien, trop choqué par ce qu'il venait de faire. A sa place, je n'aurais jamais osé faire ça. J'avais mon honneur, et des principes. Et celui en faisait parti. Je lui en voulais un peu, mais comprenais qu'il avait fait ça pour avoir ce qu'il voulait. Après tout, tout les moyens sont bons pour gagner. Et c'était ce que j'avais utiliser quelques minutes plus tôt dans le bar. Je soupirais légèrement tandis qu'il me disait que c'était à son tour de me défier et qu'il voulait retourner dans le bar. Je levais un regard dur vers lui.

Julian . Non.

Net, concis. Le ton que j'avais employé était dur et sans appel. Je ne voulais pas qu'on retourne dans le bar, pour qu'il puisse m'humilier à nouveau en publique. J'avais donné. Le prochain défi se ferait ici. S'il n'aimait pas cet endroit, tant pis pour lui, je n'avais pas l'intention de bouger.

Julian . Je n'ai pas envie que tu m'humilies de nouveau en publique. Alors ça se passera ici. A moins que tu veuilles abandonner ?

Je lui lançais de nouveau un sourire narquois, attendant sa réaction.

Mon "non" fut clair et net. D'ailleurs, il fit arquer un sourcil à Cameron. Je jubilais intérieurement. Non, je ne retournerais pas dans le bar. Et il aurait beau croiser les bras le nombre de fois qu'il voudrait, je me changerais pas d'avis. Pour me foutre la honte en public encore une fois, merci bien. Je croisais son regard, n'ajoutant rien de plus, et je voyais que ça le dérangeait, qu'il voulait que je développe. Après quelques secondes, j'expliquais les réponses de mon refus, et sa réponse ne tarda pas. Il me disait que c'était moi qui abandonnais si je ne retournais pas dans le bar. Non mais n'importe quoi. C'était pas un défi de retourner dans le bar, donc je n'abandonnais rien du tout. En plus, je l'avais un peu mauvaise qu'il est joué avec mes sentiments. Si il comptait que je fasse ce qu'il me demandait, et ben il pouvait toujours y compter. Et puis je trouvais qu'on était plutôt bien ici. Non, j'déconne. C'est vachement glauque des toilettes, surtout ceux des mecs, mais au moins je savais que personne ne pourrait m'observer me faire humilier ou un truc comme ça.

Voyant que je ne bronchais pas, Cameron ajouta que je n'étais juste pas content du fait qu'il m'ait embrassé et que j'étais en quelque sorte un mauvais perdant. Même pas vrai. Bon ok, il m'avait énervé avec ça, et j'allais jouer au gamin capricieux, mais c'était pas de ma faute si je n'aimais pas qu'on joue avec moi. Je lui lançais un sourire, amusé, avant de m'approcher du rebord du plan du travail du lavabo et de laisser mes jambes se balancer dans le vide. J'attrapais Cameron par les pans de sa chemise ouverte et l'attirait vers moi, juste assez proche pour pouvoir commencer à reboutonner sa chemise. Je savais que ce geste n'allait pas lui plaire, j'accompagnais mon geste par des paroles, comme pour me justifier.

Julian . Tu ne vas pas sortir avec la chemise ouverte quand même ? Déjà qu'elle est froissée, les gens vont se poser des questions. C'est à moi de te décevoir, ce baiser ne m'a rien fait, je ne m'y attendais pas, c'est tout.

Je ricanais, sentant le malaise de Cameron. Je réfléchissais encore au moyen de ne pas sortir des toilettes. Je n'allais pas me laisser avoir par un gamin de dix-sept ans. Et puis je gagnais toujours à ce genre de jeu, je devais de nouveau faire abdiquer Cameron, il en valait de mon honneur. Je finis de boutonner sa chemise, n'en ayant même pas profité pour le tripoter. Je lâchais un soupir, avant de me remettre dans la position où j'étais précédemment, repassant mes mains derrière ma tête. Je l'observais tranquillement, un sourire narquois aux lèvres, avant de déclarer :

Julian . Je n'abandonne pas, puisque retourner dans le bar n'est pas un défi. Tu n'as qu'à le faire en devenir un. Je m’exécuterais et ensuite ce sera à moi de te défier.

J'ajoutais en me penchant vers lui et chuchotant, les yeux pétillants d'une joie contenue :

Julian . Et tu souffriras ta race.

Je lui lançais ensuite mon célèbre sourire de prédateur, celui dont même un requin aurait peur. J'attendais à présent de voir comment il allait prendre ce que je venais de lui dire, sachant très bien que cela ne lui plairait pas du tout. Mais bon, les règles étaient simples, rien ne m'obligeait à retourner dans le bar et je n'en avais pas envie. C'était suffisant et en aucun cas un abandon de ma part.Me recalant contre le miroir, je l'observais à nouveau avant de me dire que je n'aurais peut-être pas du reboutonner sa chemise. La vue était plaisante aussi avant. Je rigolais intérieurement.

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