Il était près de 15h00 lorsque Eliza O'Conell rentra chez elle. Elle savait qu'à une heure pareille la maison serait déserte, et cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Bien au contraire, cela faisait une semaine que la belle faisait de son mieux pour rester le moins possible entre ces quatre murs, de peur de se retrouver en tête à tête avec l’aîné des fils O'Conell.

Vous vous demandez sans doute pourquoi. La raison est simple, il y a une semaine, Adrian et Eliza avaient passé une agréable soirée ensemble à regarder des films d'horreur tout en buvant du champagne. Sans doute trop de champagne à en juger le baiser échangé en fin de soirée. La belle en fut troublée, mais décida de ne pas y prêter attention, considérant que cela était certainement dû aux effets de l'alcool et aux absences répétées de son époux. Ainsi, elle ne jugea pas nécessaire d'annuler l'escapade qu'ils avaient prévu de faire à New York le lendemain. Ce fut une erreur. Une immense erreur... La jeune femme ne savait pas si c'était à cause du vin français, du romantisme des lieux, du charme de son beau fils, ou de l'absence pesante de son mari et de la crise que leur couple traversait actuellement, mais Eliza avait cédé à la tentation. Oui, Eliza avait trompé son époux dans les bras de son propre fils. Inutile de préciser à quel point la belle se sentait coupable et honteuse. Ne sachant comment gérer cette situation, la jeune femme n'avait rien trouvé de mieux que la fuite.

A peine arrivée chez elle, la jeune mannequin reçu un appel sur son cellulaire. C'était son amie Lauren. La seule personne au courant de « sa petite entorse au contrat ». D'ailleurs cette dernière avait aussi été confrontée au même problème, au même moment. Après une discussion de courte durée, Eliza se dirigea vers la salle de bain où elle se fit couler un bon bain chaud avant d'aller se préparer pour la soirée qu'elle venait de programmer avec son amie. Cette soirée leur feraient le plus grand bien, elles allaient pouvoir enfin oublier, le temps d'une soirée, leur extrême culpabilité, ou au contraire, la noyer dans un bon verre d'alcool.

A 17h45 , comme prévu, la jeune femme quitta la demeure familiale pour aller rejoindre son amie chez elle, après avoir prévenu son beau fils, 'Cliff, de ses plans pour la soirée.

* * *

Ce n'est que vers 3h30 du matin que Mrs O'Conell repassa le pas de la porte de la demeure familiale, ne sachant nullement que son époux était rentré de son voyage d'affaire dans la soirée afin de lui faire une surprise. Mais la belle n'était pas seule. Leur chauffeur l'accompagnait. Mais n'allait pas imaginer quoi que ce soit de peu catholique ! Dans son infini bonté, le quadragénaire aida Eliza a marcher jusqu'à chez elle, et la coucha même dans le lit d'appoint qui se trouvait dans la pièce la plus proche du hall d'entrée, avant de fermer la porte derrière lui et de disparaître.

* * *

Il était près de 8h00 quand Eliza se réveilla d'un sursaut. Elle venait de faire un horrible cauchemar, mais il lui était impossible de se souvenir de quoi il s'agissait, tout ce qu'elle savait c'est que ce matin une fanfare accompagnée de centaine de marteaux-piqueurs étaient en train de lui faire regretter les excès de la veille.

« - Plus jamais je ne boirais une goutte d'alcool... plus jamais....marmonna t-elle en massant ses tempes. Lorsque la belle ouvrit ses yeux emplis de fatigue, elle eut du mal à comprendre pourquoi elle se trouvait dans la chambre d'amis du rez de chaussé, et qui faisait aussi office d'archive pour les vieux dossiers de Joey. Après quelques minutes elle vit enfin clair dans son esprit et pu ainsi se rappeler de comment elle avait atterri là.

Prenant son courage à deux mains, Eliza s'extirpa des draps et alla prendre une douche dans la salle de bain attenante. Après un bon quart d'heure sous l'eau froide, elle sortit de la cabine et enfila un peignoir et se dirigea vers l'armoire à pharmacie où elle prit un aspirine.

C'est alors qu'elle entendit des bruits de pas dans la chambre où elle se trouvait quelques minutes plus tôt. Mais qui pouvait bien se trouver encore à la maison à une heure pareille?! Adrian allait toujours très tôt à la bibliothèque le samedi, Claire était chez Joy, 'Cliff avait soit découché soit si il était rentré il ne se lèverait pas avant 10h, et Joey était à l'étranger. Alors qui était ce ?! Les bruits de pas se rapprochaient. Eliza pensa alors au fait qu'en partant le chauffeur n'avait pas pu verrouillé la porte d'entrée, de ce fait tout le monde pouvait entrer comme bon lui semblait. Elle pensa ensuite au meurtre de Alicia King et à l'agression chez les Hamilton. Prise de panique, la belle attrapa la première chose qui lui tombait sous la main afin de se protéger d'un possible agresseur. Un bougeoir ferrait l'affaire. Après avoir prit une grande inspiration, comme pour se donner du courage, Eliza ouvrit la porte qui menait à la chambre , prête à frapper. Mais elle fut coupée en plein élan.

« - Joey ?! Elle lâcha 'son arme'. Mais... Mais qu'est ce que... Tu m'as fait peur ! Dit elle dans un rire nerveux avant de s'avancer vers son époux et de passer ses bras autour de son cou.

« - Je suis heureuse que tu sois rentré mon ange... Tu m'as tellement manqué... dit elle avant de l'embrasser tendrement. Elle plongea alors son regard dans celui de son mari, avant de baisser la tête, un peu honteuse lorsqu'elle prononça les mots suivant. Pardonnes moi pour ces dernières semaines. J'ai été ignoble avec toi...

« - Pardonnes moi pour ces dernières semaines. J'ai été ignoble avec toi...  avait elle prononcer d'une voix à peine audible, en baissant la tête, bien trop honteuse pour le regarder dans les yeux. Ce comportement qui ne n'était pas habituel chez la jeune femme éveilla les soupçons de son époux.

« - Chérie qu’est ce qui te met dans cet état là ?  Comment peux-tu dire ça ? Dit il d'une voix douce, approchant son visage du sien, tout en lui relevant délicatement la tête afin qu'elle puisse plonger son regard dans le sien.

C'était le moment 'idéal' pour lui avouer son infidélité. C'était maintenant ou jamais. Eliza fut tentée de tout lui révéler et par la suite de lui implorer son pardon, mais lorsqu'elle croisa le regard si tendre, si inquiet, si amoureux de Joey, elle ne pu se résoudre à lui dire la vérité. Elle ne pouvait pas lui briser le cœur de la sorte. Il ne méritait pas cela. Il avait déjà bien trop souffert par le passé.

Et puis, pourquoi prendre le risque de briser un coeur, et de ruiner un mariage pour une erreur qui ne se reproduirait sans doute jamais ?

Eliza décida que Joey ne saurait jamais rien de sa petite aventure. Si son époux n'apprenait rien, il ne souffrirait pas. Et la jolie blonde savait qu'elle pouvait compter sur le silence d' Adrian. Si elle gardait le secret, alors tout continuerait comme avant, même si a chaque fois qu'elle poserait son regard sur un de ces deux hommes, elle ne pourrait que se remémorer son horrible trahison.

« - Je ne veux pas te perdre Joey... Ton absence, ces disputes... Je ne veux plus revivre ça. Je sais que tu n'es pas partit avec plaisir, et que ce n'était pas facile tous les jours pour toi là bas, et au lieu de te soutenir, je n'ai pensé qu'à moi...

La blonde passa ses mains sur les joues de son mari et les fit glisser dans ses cheveux.
C'était tellement bon de le retrouver. Il lui avait manqué, elle ne pouvait que l'avouer.
Malgré leur relation quelque peu 'hors norme', Eliza savait qu'elle pouvait compter sur Joey. Il était le seul à savoir qui elle était vraiment, il connaissait son histoire dans les moindres lignes même les plus sombres, et pourtant, il n'avait jamais cessé de l'aimer. Bien au contraire. De plus, ils avaient une grande complicité, mais depuis qu'Eliza était venue vivre à Magnolia et que Joey avait multiplié les voyages d'affaires, il n'avait plus eu l'occasion de passer des moments à deux, loin des potentiels clients et des enfants.

La belle n'avait qu'une envie : retrouver l'homme qu'elle avait rencontré, l'homme qu'elle avait épousé. Ce Joey doux, chaleureux, tendre, amoureux, passionné, attentionné, attentif et paisible. Elle aimait cette facette là que Joey prenait soin de cacher aux yeux de tous. Le fait qu'il ait écourté son voyage était peut être le signe que 'son joey' était de retour. En tout cas, c'est tout ce dont rêvait Eliza.

« - Promet moi de ne plus partir aussi longtemps comme ça, pas sans moi... Tu m'as manqué. Dit elle en l'embrassant une nouvelle fois.

« - En échange, je te promet de ne plus t'embêter avec...mes envies d'enfants. Dit elle après un bref silence. Je comprend ton point de vue, et je sais que tu ne changeras sans doute jamais d'avis. Donc... cela va mettre sans doute un peu de temps, mais je vais essayer de me faire à cette idée et … de faire le deuil d'une possible maternité. Je n'imagine pas ma vie sans enfants, mais je l'imagine encore moins sans toi …

« - Je ne t’en voudrais pas te penser qu’à toi, alors que je n’arrive même pas à organiser ma vie pour t’accorder le temps nécessaire.  Depuis un certain temps tu ne vis pas le mariage dont tu as toujours rêvé n’est ce pas ! Un mari absent, qui refuse le souhait le plus cher de sa femme… 

Sur ce point là, Joey n'avait pas tord. Ces derniers temps, le charmant politicien avait consacré tout son temps et son énergie à son travail, mettant de côté sa famille et son épouse. De ce fait, Eliza devenait peu à peu comme les autres femmes délaissées de Magnolia. Chaque jour passé loin de son époux, la belle perdait de son éclat. La jeune mannequin avait l'impression de s'emprisonner dans une prison dorée et d'étouffer dans ce rôle de femme parfaite et heureuse qu'elle jouait au quotidien.

« -  Je ne peux t’emmener avec moi, tu vas t’ennuyer, puis je ne veux pas que tu connaisses cette vie stressante où on ne peut pas toujours profiter des bonnes choses.

« - Joey, chéri, je préfère m'ennuyer à mourir, que de rester ici, toute seule. Si on continue comme cela, d'ici un an, nous serons comme tous les couples de ce quartier. Et je ne veux pas leur faire ce plaisir. Je ne veux pas devenir une de ces bonnes femmes moroses et désespérées, qui trompent leur mari avec le premier venu pour mettre un peu de piment et de joie dans leur vie.

Eliza aborda ensuite le sujet sensible, qui était à l'origine de la plus part de leurs disputes ces derniers temps.

«- Eliza ce sujet se ronge, même si tu ne voudras pas l’avouer. Dit-il en tenant doucement ses bras. Tu veux savoir pourquoi je refoule sans cesse ce sujet ? La réponse est simple, aujourd’hui j’ai 50 ans et je ne pense plus avoir l’âge d’être le père d’un jeune enfant et étant énormément absent, je vais encore louper l’éducation d’un de mes enfants. Je te dis ça, peut être je me trompe… Mais sache une chose, je ne veux pas que tu tire un trait sur le rêve que tu as depuis longtemps. Si je t’enlève ça, j’ai peur que tu perds un peu de toi, de ta fierté et de ta personnalité. Je t’aime comme tu es actuellement alors ne change rien

« - Peut être que tu as raison, peut être que je n'arriverais jamais a m'y faire. Mais, si je ne tire pas un trait sur mon rêve, et si toi, tu ne changes pas d'avis à ce sujet là, alors, que se passera t-il ? Qu'est ce que nous deviendrons ? Un de nous deux va forcement devoir changer d'avis.

« - Tu es sur que tu n’as rien à me dire, je te trouve un peu fermée… dit il en plongeant son regard dans le sien.
« - Non, tout va bien, ne t'en fais pas. Dit elle en lui adressant un sourire. Je suis juste un peu fatiguée... et j'ai eu peur en te voyant, je ne pensais pas te voir à la maison de si tôt. En tout cas, je suis ravie que tu sois là. Merci d'être rentré plus tôt.

Eliza s'approcha de son mari et déposa un baiser au creux de son cou.

« - Une journée entière avec ta petite femme te tente ?