Certes, il faisait moins beau et moins chaud à Magnolia qu’en Amérique Latine, mais le beau soleil du mois de mai l’encourageait à pratiquer sa nouvelle activité du moment : le jardinage. Elle l’avait découvert récemment, et même si ça pouvait paraître un peu mamie, Naya s’en foutait, ça la détendait. Elle vivait pour elle, et pas pour les autres. Peu importe ce qu’ils pouvaient, son jardin ne sera que plus joli à la joie de la maitresse de maison Freeman avec qui elle s’entendait légèrement mieux depuis son retour.

La semaine dernière, Naya était allé au magasin de bricolage acheter tout l’équipement d’une jardinière qui se respecte. Elle était installée dans son jardin, à creuser, bêcher, planter, arroser, quand une ombre lui cacha le soleil. C’était Mme Smith – ou ex Mme Smith ? – qui observait ses jolis rosiers. Toute fière qu’on admire son travail, Naya s’était mise à lui faire la discussion. Elle aussi appréciait cette activité, et Naya l’invita donc à se joindre à elle la semaine suivante.

Et nous voilà donc à la dite semaine. Naya ne lui avait pas convenue d’heure pour passer, elle savait bien qu’elle passerait son après-midi à arranger les bandes de terres et à récolter les légumes de son petit potager. Quel bonheur de manger de bons légumes frais et sains de son jardin ! Rien à voir avec les légumes surcultivés bourrés d’OGM et arrivés à peine à maturité lors de leurs cueillettes. Naya sortit tout ce qui lui fallait de la petite cabane au fond du jardin et ramena tout ça près des haies qui avaient bien besoin d’un coup de sécateur. Mais à chaque chose son temps. Il fallait déjà débroussailler les fleurs qui bordaient l’allée. Il y avait du boulot, une petite main en plus n’était pas du luxe. Mais Kennedy ne semblait pas encore arrivée, il fallait pourtant se mettre à la tâche. L’ex cheerleader enfila une paire de gant et commença à arracher toutes les mauvaises herbes qui avaient eu le malheur de pousser dans les parages.

Kennedy & Naya

Kennedy avait pris l'habitude ces derniers temps de venir trainer dans Magnolia Street. Avec les beaux jours qui étaient de retour, pas question de rester terrée dans cette chambre d'hôtel sombre et déprimante. La jeune femme n'avait toujours pas trouvé de travail, c'est pourquoi elle s'ennuyait un peu plus chaque jour. Ses économies commençaient sérieusement à diminuer, et elle s'en inquiétait. Elle ne pouvait pas rester comme ça. Si cela continuait, elle devrait supplier Mark de la reprendre chez lui. Or il n'en était pas question. Kennedy était une femme soumise, d'accord, mais malgré tout elle avait sa dignité et celle-ci l'empêchait de se rabaisser de la sorte. C'est sur son 31 qu'elle était sortie la semaine dernière, conquérante, à la recherche d'un emploi en ville. La vingtenaire avait déposé des CV à plusieurs endroits : au supermarché en tant que caissière, au bowling et à la piscine en tant qu'hôtesse d'accueil, au centre commercial en tant que vendeuse ... Bref, elle espérait que l'un d'eux la rappelle. Elle avait même voulu postuler à la University of Arts et à Sterling High School en tant que surveillante, mais après réflexion elle s'y était résignée ; trop honteux de voir chaque jour des centaines d'élèves qui avaient lu ses douteuses mésaventures sur le blog de Dirty Secret. Et oui, plusieurs mois étaient passés depuis cette histoire, et Kennedy ne l'avait toujours pas digérée. Cet article avait été la honte de sa vie, et lorsqu'elle croisait un voisin, la première chose qui lui venait en tête était la suivante : qu'est-ce qu'il pense de moi désormais ? C'était en traversant la ville que la jeune femme était passée devant la jolie maison des Freeman que Kennedy enviait tant. Petite, elle s'était toujours imaginée avoir une grande et belle maison, un immense jardin avec piscine, plusieurs voitures, bref la belle vie quoi. Elle n'avait rien eu de tout ça. Un pincement au coeur naissait toujours en elle lorsque ses yeux brillants d'envie admiraient les batisses de Magnolia Street. Un sentiment qu'elle tentait d'enfouir au plus profond d'elle, car trop douloureux. Soit, c'était ainsi que la jeune Naya l'avait remarquée, plantée devant sa maison, et l'avait invitée à faire du jardinage la semaine suivante. Toute contente d'avoir enfin un peu de monde à qui parler, Kennedy s'était levée de bon coeur ce matin-là. C'était limite si elle n'avait pas compté les jours jusqu'à aujourd'hui, tellement elle était excitée à l'idée de faire quelque chose de sa journée pour une fois, et avec de la compagnie de surcroît ! Le pied. La brune s'était tout d'abord vêtie d'une jolie robe printanière, avant de se rappeler que ce n'était pas au salon de thé mais au jardin qu'elle était invitée. Elle s'était donc changée, optant pour un jean et des chaussures pas forcément très jolies. Une fois arrivée devant la maison, elle ne remarqua pas que Naya était déjà sortie et avait commencé sa tâche. Kennedy sonna à la porte, se frottant les mains d'impatience. « Qu'est-ce qu'il fait beau aujourd'hui alala. Ça fait plaisir ! » Oui, Kennedy Smith parlait souvent toute seule ...

Bon, désherber le jardin des Freeman fut long et fastidieux, mais c’était fait ! Naya souffla un bon coup et observa le travail effectué. Good job ! Elle met les mauvaises herbes dans une brouette pour le compost et lorsqu’elle revint, Kennedy toquait à la porte. Visiblement pour la seconde fois vu sa mine agacée. Ah elle était enfin arrivée ! Un sourire sincère éclaira le visage de l’ex-lycéenne et haussa la voix pour attirer l’attention de son invitée


« Kennedy, houhou ! »


Naya agita sa pelle pour que Kennedy regarde vers sa direction. Elle était déjà en plein travail et un peu de main d’œuvre ne serait pas de refus. Naya partageait ce moment avec joie avec n’importe qui, mais était contente que ce soit l’ex compagne de Mr Propre. Quand elle y pensait, c’était une tepu quand même mais bon, la vie fait qu’on commet des erreurs et il ne fallait pas s’arrêter dessus. Naya n’avait jamais fait la connaissance de Kennedy, n’en n’ayant eu l’occasion et saisissait celle-ci à bras le corps.

La métisse posa son matériel au sol et retira ses gants pour accueillir son apprenti jardinière. Naya l’observa rapidement et vit qu’elle ne s’était pas tirée à quatre épingles. Ah, elle avait donc vraiment l’intention de jardiner ! Bonne nouvelle, bonne nouvelle.


« Bienvenue chez moi ! Tu es surement déjà venu, mais tu n’avais peut-être pas fait attention au jardin. »


En effet, quelques mois plus tôt s’était déroulée la fête de Noel du quartier, chez les Freeman. Soirée que Naya aurait préférée carrément effacé de sa mémoire mais malheureusement resterait gravé dans sa mémoire à tout jamais. Entre Nina, Andrew, son dos, piaouf soirée de merde. C’était après Noël et le nouvel An, après avoir réemménagé à Magnolia que Naya avait fait sa mini dépression. Bref , elle était allée se changer les idées et ce break lui avait fait beaucoup de bien.

Quand elle y pensait, c'était sacrément bizarre de se retrouver là à sonner chez les Freeman. Déjà à la fête de Noël elle n'avait pas été la plus à l'aise, même si évidemment tout le monde avait été invité sans sélection ; se faire inviter par Naya Freeman était quelque chose qu'elle n'aurait pas pu imaginer. A la base, la métisse lui faisait lui faisait penser à ces filles populaires et pétasses qui s'étaient moquées d'elle lorsqu'elle était plus jeune et qui avaient tout simplement fait de son adolescence un enfer. Alors se retrouver là avec l'une d'entre elle lui faisait tout bonnement une drôle d'impression. Elle n'avait pas changé en tout ce temps, pourquoi serait-elle plus intéressante aujourd'hui qu'il y a dix ans ? La brune crut même un instant être la victime d'une mauvaise plaisanterie. Kennedy fut tirée de ses songes par une voix qui l'interpella. Celle-ci se tourna face à l'aile droite du jardin et vit que la métisse était déjà là. Elle avait fait le tour ou ... ? Ah non, Kennedy remarqua qu'elle avait déjà enfilé sa tenue de jardinière et que ses gants étaient un peu salis.

« Zut, je suis en retard ? »

Elle consulta sa montre. Vraiment, cela lui faisait bizarre de parler avec celle qui fut l'année dernière la capitaine des cheerleaders. Quoi qu'il en soit, Naya semblait avoir quelque peu changé. Pour le peu qu'elle connaissait d'elle, celle-ci semblait être devenue moins arrogante et superficielle. Elle était même ravissante et son sourire faisait plaisir à voir. Kennedy la suivit un peu plus loin. En effet, elle n'avait jamais trop fait attention au jardin, en même temps elle n'avait été invitée qu'une seule fois avant aujourd'hui et c'était à la fête annuelle de Noël.

« Il est super joli. »

J'aimerais bien en avoir un comme ça, faillit ajouter la jeune femme. Les deux brunes firent un peu le tour du jardin pour que Kennedy admire un peu plus l'étendue de l'endroit. C'était vraiment superbe, des tas de fleurs de toutes les couleurs et quelques arbustes ornaient le lieu. Dans sa chambre d'hôtel, Kennedy, elle, n'avait qu'un bouquet de fleurs posé dans un petit vase sur une commode et c'était tout, pff. Cela lui faisait du bien d'être aussi proche de la nature. Mais, elle se posa alors une question. Pourquoi Naya s'occupait-elle de ces tâches-là, les Freeman n'avaient-ils pas un jardinier ?

« C'est ta nouvelle passion ou c'est depuis toujours ? »

Demanda poliment Kennedy, les mains croisées nouées devant elle. Le jardinage n'était pas l'activité préférée des adolescentes de son âge, à sa connaissance. Même si Kennedy, elle, avait toujours adoré travailler près de la nature, les mains salies par la terre. Mais bon, elle était un peu spéciale il fallait le dire. Bref, si elle était venue ici, ce n'était pas que pour bavarder en charmante compagnie mais aussi pour bosser. Pleine d'entrain et de bonne volonté mais un peu timidement, Kennedy planta ses mains sur ses hanches avec un grand sourire.

« Alors, on commence par quoi ? »

Elle craignit toutefois que la jeune Naya soit vexée par cette question qui les coupaient quelque peu dans leur discussion, et rougit donc un peu.

Mme Smith l’avait toujours intrigué. Du moins, lorsqu’elle l’avait remarqué. Car avant d’article de DS et avant de savoir qu’elle était l’ex Mme Propre, Naya ne savait pas du tout qui était cette brunette aux yeux bleus. Mlle Freeman avait cette mauvaise tendance à ignorer toute personne extérieur à son petit monde autrefois, et aujourd’hui, elle se détestait d’avoir pu avoir cette attitude si hautaine et qui mettait certain mal à l’aise. Pourquoi avait-elle eu besoin de cette supériorité ? Nous sommes tous des êtres humains après tout ! Il arrivait à Naya de repenser à ce qu’elle avait fait vivre à certaine personne pendant son lycée et elle s’en voulait énormément. Elle avait grandement changé aujourd’hui, depuis le déclic qu’elle a eu, mais n’allait pas s’excuser pour autant. Le passé est le passé ! Mieux vaut l’enterrer et faire comme s’il n’avait jamais existé plutôt que d’y penser pleine de remords.


« Non ne t’inquiète pas, c’est moi qui ai préféré prendre de l’avance ! Il y a tellement chose à faire ! »


En semaine, Naya ne trouvait pas le temps de jardiner, alors qu’elle ne faisait plus rien aujourd’hui. Quel comble ! Et pourtant, elle ne faisait plus aucune activité de pouf comme bronzer, faire du shopping, se moquer des gens autour d’un milk-shake. A vrai dire, les inscriptions universitaires reprenaient bientôt et Naya occupait toutes ses journées à rechercher sa nouvelle voie. Elle se rendait au campus directement, appelait des amis pour savoir ce qu’ils en pensaient, faisaient des recherches sur Internet. Et hop, il était déjà 19h ! Les journées passaient à une vitesse, Naya ne voyait définitivement pas le temps passer.


« Il avait été un petit peu laissé à l’abandon depuis que le jardinier a ses exams. Quel dommage ! Je l’ai repris en main et maintenant, même plus besoin de Tyler ! »


Bon, ce n’était pas très bien de priver un pauvre petit ado d’argent de poche, mais Naya y prenait tellement de plaisir, à tondre le gazon, arroser les fleurs et tout ça pour pas un sou ! Pas que les finances des Freeman aille mal, mais ça ne servait à rien de jeter l’argent par les fenêtres, Naya l’avait appris en Amérique du Sud où mes personnes sont nettement plus modeste qu’en Amérique. Elle s’était autrefois moqué de Sara Van Wagner et de sa mère Elena, qui était une des familles les plus pauvres du quartier et se demandait parfois comment elles arrivaient à vivre dans ce quartier résidentiel luxueux. Désormais, Naya compatissait mais n’ayant proche ni de l’une, ni de l’autre, elle n’avait pas pu les aider comme elle le voudrait.

Kennedy complimenta l’état du jardin des Freeman et Naya en fut plus que ravie. Lorsque c’était le jardinier qui s’en occupait, il ne s’occupait que de l’apparence du jardin, et non de ce dont il avait besoin. Naya avait tout repris, avait planté de nouvelles plantes, avaient fait peau neuve de la terre en la retournant etc. C’était comme un nouveau projet et Naya n’attendait que ça, d’en trouver un. Se sentir impliquer dans quelque chose.


« Oui j’ai commencé depuis mon retour d’Amérique Latine. J’avais besoin de m’occuper et j’ai testé le jardinage. Et c’est marrant en fait ! C’est long et parfois fastidieux mais c’est très occupant et surtout ça calme et détend je trouve ! »


3 mois plus tôt, jamais Naya Freeman n’aurait pensé une seconde dire cette phrase. L’Amérique du Sud ? WTF ? Il y a assez de petits mexicains aux Etats-Unis. Jardiner ? Pour quoi faire ? C’est salissant et Tyler s’en occupe déjà. DETENTE ?? Mais il y a le shopping pour ça ! Bref, Naya avait vraiment changé.

Kennedy regarda autour d’elle et demanda par quoi elles commenceraient. Il y avait plein de travail à accomplir encore et Naya fut gêné par la quantité de travail qu’il restait. Peut-être que la jeune femme ne voudrait plus lorsqu’elle lui annoncerait tout le programme ! Mais dan ce cas, elle lui dirait et Naya énumera alors les tâches restantes.


« Comme tu veux ! J’ai déjà désherbé le jardin avant que tu n’arrives, il reste maintenant à tondre correctement la pelouse, tailler des haies et les rosiers, arroser les fleurs et aussi planter cueillir les fruits et légumes murs du potager. »

Kennedy était assez impressionnée par ce jardin si paisible et joli. Décidément, la jeune femme en était très jalouse. Avec son minable pot de fleur elle faisait pâle figure. Bref, tout ça lui rappelait à quel point elle avait hâte d'avoir enfin un véritable travail et de faire enfin quelque chose de ses journées. Elle était pathétique de se réjouir d'une simple après-midi jardinage ! A croire que sa vie était si vide qu'elle se réjouissait d'un moindre évènement. Ce qui était un peu vrai, en somme. Kennedy se rappela d'ailleurs qu'elle pourrait passer à l'église en fin d'après-midi voir les soeurs McClair qu'elle aimait beaucoup. Mais il faudrait avant qu'elle repasse à l'hôtel malheureusement ; elle ne pourrait se rendre dans la maison du seigneur après avoir sali ses habits et plongé ses mains dans la terre.

« Ton jardin reste pourtant magnifique ! »

Kennedy fut étonnée que Naya la tutoie, après tout la plupart des ados de ce quartier la prennaient pour une Madame, qu'elle était, et elle ne se sentait vraiment pas proche des ados bien qu'ils n'aient généralement pas non plus une grande différence d'âge. Mais ce tutoiement était le bienvenu, cela la faisait se sentir plus "djeuns" ! Malgré tout, Kennedy avait déjà 26 ans. Cela lui fichait d'ailleurs le cafard d'y penser. 26 ans, ça approchait de la trentaine et dans quel état était sa vie ? Un désastre. Elle n'avait même pas une vraie vie de famille avec mari, enfants, petite maison ! Si elle avait su que sa vie tournerait comme ça.. Mais l'instant n'était pas à la déprime. Kennedy retroussa ses manches.

« Oh, tu es allée en Amérique latine ? Mais ça devait être ... génial. »

Kennedy avait les yeux pétillants d'envie. Ce qu'elle aurait aimé voyager partout dans le monde si elle avait eu les sous nécessaires ! Combien de fois avait-elle rêvé de tout plaquer pour faire un road trip en Europe ou en Asie ? Décidément, cette fille avait huit ans de moins qu'elle et 100 fois plus d'expérience dans la vie ! Comme quoi l'âge ne voulait rien dire. « Je t'envie beaucoup. » voulut ajouter la gentille brune avant de se dire que ce serait peut-être un peu déplacé.

En outre, il était vrai qu'il y avait tant de chose à faire, le jardin était si grand. Kennedy ne savait vraiment pas par quoi commencer et puis, les initiatives ce n'était pas son truc. C'est pourquoi elle avait demandé à Naya par quoi elles commenceraient. Après tout c'était elle la patronne ici. La métisse lui fit brièvement la liste des tâches à effectuer et lui proposa de choisir à quoi elle voulait s'attaquer en premier. Naya lui montra la cabane où étaient entreposés les outils nécessaires au jardinage.

« Je vais commencer par tailler les rosiers je crois ! Ils en ont bien besoin ! Oh non enfin je veux dire ils sont très beaux ! Mais cela ne peut leur faire que du bien. »

Lança-t-elle avec un peu d'hésitation avant de se diriger vers la cabane et de s'emparer d'un sécateur. Pendant ce temps, Naya effectuait une autre tâche elle aussi. Kennedy se rendit qu'elle ne savait rien de son hôte et voulut s'intéresser un peu à sa vie. C'était la moindre des choses, non ? La brunette prit son courage à deux mains et afficha un joli sourire.

« Sinon, qu'est-ce qu'une jolie et jeune fille comme toi fait dans la vie ? »

En tout cas, Naya était ravie d’avoir pu trouver un point commun entre Kennedy et elle. Elle ne pensait pas ça possible, après tout Kennedy avait une demi douzaine d’année de plus qu’elle. De plus, c’était une madame, ce qui mettait clairement une distance adulte-adolescent. D’ailleurs, elle ne savait pas dans quelle catégorie Kennedy se rangeait elle-même. E n effet, il y avait les parents, les adultes d’une trentaine d’années, les jeunes adultes et les adolescents. Les jeunes adultes étaient les Adams, Jesse, Duncan qui ne pensaient qu’à faire la fête et s’amuser et les adultes étaient les personnes sérieuses qui travaillaient comme Lauren ou Frédérik. Kennedy ne semblait pas être une fille très fétarde vu son look discret et à sa connaissance, elle n’avait aucun travail vu qu’elle se permettait de venir jardinier en plein après midi, en semaine.

Kennedy la complimenta encore une fois sur son jardin et Naya rougit doucement. Ca lui faisait tellement plaisir que son travail soit reconnu ! Comme lorsqu’elle était encore cheerleader et qu’elle réalisait une choré particulièrement fantastique. Elle était à ce moment là récompensée par le tonnerre d’applaudissement lors des matchs. Mais là ? Personne ne semblait remarquer l’ardeur de son travail. Le jardin de Mme Evans était encore plus impressionnant, et la pauvre verdure des Freeman faisait pâle figure à côté.


« Oui c’était génial ! Je te conseille vivement d’y aller, c’est vraiment une destination qui te fait ouvrir les yeux sur le monde, t’en reviens changée ! »


Naya rigola, c’était vrai elle en était l’exemple vivante. La très hautaine et bitch cheerleader était devenue la douce et gentille militante écologiste. Mais mis à part ce changement, Naya avait vraiment apprécier son voyage. Les paysages magnifiques, les habitants chaleureux, la nourriture exotique, la culture hispanique. Rien à voir avec les clichés qu’on avait de Péruviens qui joue du la flûte de Pan !

Le fait que Mme Smith se rattrape dans sa phrase la fit sourire. Il n’y avait pas besoin de faire tant de chichi ! Si elles étaient là, c’était bien que le dit jardin en avait besoin ! Naya en était consciente, un si grand jardin avait besoin de beaucoup d’entretien. Kennedy s’attaqua alors aux rosiers. Elle ne savait pas s’il lui était déjà arrivé de tailler des rosiers, mais Naya ne voulait pas faire la chef autoritaire et lui montrer avant qu’elle ne s’exécute. Ce n’était qu’un jardin, ça repoussait si elle faisait une bourde. C’était un moment de détente avant tout !
A son tour, Naya sortit la tondeuse manuelle - pas besoin d’’électricité juste de l’huile de coude ! – et fit des allés retour à travers le carré vert. Au moins, c’était moins bruyant que l’engin électrique et ainsi, les deux jeunes femmes pouvaient discuter aisément.


« Bah là plus rien. J’avais été à New-York pour mes études mais ça ne s’est pas très bien fini alors je suis revenue à Magnolia. Et là j’attend la rentrée prochaine pour reprendre mes études mais je ne sais pas encore en quoi m’inscrire. Il y a tellement de matière et tant de savoirs intéressants à connaitre ! Je ne sais pas ce qui m’attirerait le plus. Et toi Kennedy ? Quel type d’études tu as fait ? »

Kennedy hésitait à prendre bien ou mal le fait qu'on la traite comme une Madame. D'accord elle était mariée mais d'un côté elle n'avait aucun travail et n'avait jamais travaillé d'ailleurs – même si elle était désormais en recherche active d'un emploi – puis elle n'avait que vingt-six ans. Pourtant elle n'avait pas vraiment le même train de vie que la plupart des gens de son âge. A vingt-six ans, généralement, on essaie de profiter de la vie au maximum avant la trentaine, âge où généralement on commence à fonder une famille si ce n'est avant, parfois après. Kennedy, elle, se sentait déjà comme une bonne trentenaire voire quarantenaire dont l'horloge biologique faisait tic-tac. Elle n'avait toujours pas réellement fondé de famille, et sa situation maritale était catastrophique. Il fallait absolument qu'elle fasse un travail sur elle-même afin de prendre les choses en main et de les arranger, sinon, vers quel désastre s'enfonçait-elle... Cela dit, c'était plus facile à dire qu'à faire.

La jeune femme balaya ces malheureuses pensées de son esprit et se reconcentra sur ces famieux rosiers donc. Elle passa un certain temps à s'occuper de tous, puis commença enfin la discussion avec l'adolescente qui elle faisait une autre tâche tout aussi nécessaire : tondre la pelouse !

« Oui, ça doit vraiment être super là-bas … J'aimerais y aller un jour. »

Bien sûr elle ne trouva pas utile de préciser que pour l'instant ce n'était même pas la peine d'y penser vu sa situation financière désastreuse. Elle choisit de taire ce détail afin de ne pas se ridiculiser plus. Malgré tout cela lui fit mal d'y penser.

Kennedy n'avait jamais taillé de rosiers auparavant, elle s'était mise la pression toute seule à ce sujet : et si elle foirait et taillait trop court, ou mal ? Les Freeman allaient sûrement l'envoyer bouler de chez eux et plus jamais elle ne serait invitée ! Kennedy ne voulait surtout pas qu'une telle situation arrive, c'était déjà un honneur d'être invitée chez les Freeman, alors elle s'appliqua du mieux qu'elle put. Une fois sa tâche remplie, elle alla remplir un lourd arrosoir qu'elle trimballa à travers le jardin afin de donner à boire aux différentes plantes et fleurs qui en avaient bien besoin par ce temps. Qu'est-ce qu'elle avait chaud, d'ailleurs ! Kennedy espérait que Naya l'invite après ça à entrer à l'intérieur de chez elle pour boire un verre d'eau ou quelque chose comme ça. Mais bon, elle n'allait pas lui quémander, ce n'était pas elle la chef ici, donc pas à elle de choisir le planning.

« Moi j'ai fait une fac de langues pendant deux ans, mais en fait ça ne me passionnait pas du tout … J'ai fini par changer de filière avant d'obtenir mon diplôme de troisième année, j'ai été en psychologie et au final j'ai abandonné aussi, quand j'ai rencontré Mark. Du coup … je n'ai aucun diplôme en fait non. » Kennedy baissa la tête, tout à fait honteuse de cette vérité qui lui éclatait à la figure. « Mais je suis en recherche de travail, j'ai déposé des CV un peu partout en ville ! »

Ajouta-t-elle avec un grand sourire plus enthousiaste cette fois. Elle avait jugé utile de préciser ce dernier point, pour sauver un peu les apparences, et aussi parce que Naya avait peut-être entendu parler d'un emploi qui se libérait quelque part qui sait.