Elle marquait un point. Oui, Andrew cuisinait, non il n'était pas une fille. N'avait-elle pas eu suffisament de preuves la nuit dernière ? Si elle voulait, Andrew pouvait lui en fournir de nouvelles, il leur suffisait de retourner dans le lit ... Mais ils auraient tout le temps pour ça plus tard. Ou pas.

Non c'est parce que je suis un mec parfait et unique, nuance.

Il le pensait vraiment, ou presque. Bien sûr, il avait quelques défauts, mais il était si chou qu'on pouvait tout lui pardonner. Et puis, ses cupcakes étaient tellement orgasmiques. On ne pouvait lui tenir rigueur de ses taquineries ! Enfin, peut-être Lou n'était-elle pas de cet avis. Peut-être était-ce pour ça qu'elle tardait à répondre à la proposition d'Andrew. Il lui avait proposé d'être son amoureuse, sa Jasmine, sa warrior girl (qui l'attendrait à la maison et lui préparerait à manger). Et elle, elle commençait une phrase sans la finir. Piètre consolation pour le jeune homme. Elle n'avait pas dit oui tout de suite, elle ne lui dirait donc pas. Il se sentait nul et idiot. Mais quelle honte ! Se prendre un rateau, ça faisait mal. Ils n'avaient pas été sur la même longueur d'ondes. Lui avait cru au grand amour, elle ne cherchait qu'un coup d'un soir avec lequel vider ses burnes ah bah non ça va pas. Quelle ironie du sort, dire qu'il pensait comme elle habituellement. Dire que pour une fois, il avait vu les choses différemment. Les sentiments, tous des connards, vraiment. Et Lou alors, était un peu comme eux. Il ne voulait pas d'une fille comme elle ? Bien sûr que si, il la voulait elle. C'était pas compliqué.

Mais bien sûr que si je veux une fille comme toi, je te veux toi ! Tu dis des conneries. Il s'approcha d'elle et posa ses mains sur les épaules de la jeune fille, prêt à la secouer pour la raisonner si elle ne voulait pas entendre raison. Lou, je te voulais, je t'ai eu, je te garde.

Oui, il apparentait un peu Lou à un objet. Mais si elle ne changeait pas d'avis, il était prêt à la capturer et à l'enfermer dans sa cave. Il demanderait même à Milou de la surveiller. De toute façon, les rues n'étaient pas sures pour le petit animal en ce moment, ce n'était pas plus mal qu'il ait une occupation le forçant à rester sous le toit Davies. D'ailleurs, Andrew allait avoir un discussion sérieuse avec lui, et le sommer de rester chez ici quelques temps, il en allait de sa survie. Mais il s'occuperait du petit chien sans famille plus tard. Pour le moment, il devait convaincre Lou d'arrêter d'être stupide et ... Ses pensées se stoppèrent net. Il analysa mot par mot la phrase que Lou venait de prononcer, pour vérifier qu'il avait mal compris. Il espérait, avoir mal compris. Mais apparemment non. Lou n'était pas disponible, ces mots résonnaient dans sa tête, si fort qu'il en avait mal. Il enleva ses bras de Lou, les fit tomber le long de son corps sans faire attention. Le choc était trop violent, il se sentait trahi, idiot, dupé, violé, arnaqué. Elle s'était foutu de lui, il était la pauvre conne de l'histoire.

T'es pas sérieuse, tu te fous de moi hein ouais ? Tu t'es dit allez, je vais faire de l'humour comme Andrew ... Il la regardait, attendant impatiemment qu'elle approuve puis rigole. Mais elle n'en fit rien, son visage restait toujours aussi sérieux. Putain ...

Il se frappa le front, dégoûté. Il lui en voulait, il s'en voulait aussi. Alors, forcément, son ton monta un peu ...

T'ES VRAIMENT DEGUEULASSE ! Je suis quoi moi ? la salope avec qui tu passes la nuit avant de te casser au petit matin ? T'aurais pas pu choisir quelqu'un d'autre pour tromper ton mec ! Pourquoi t'as fait ça, ça te fait rire ? Ah bah oui, berner Andrew Davies comment c'est trop rigolo, j'ai une vie trop hype moi je m'amuse comme une fofolle !

Il tenta de se calmer, d'abord en respirant doucement. Il ferma les yeux mais, quand il les ré ouvrit, Lou était toujours devant lui en petite tenue. Non, il n'avait pas rêvé, ce cauchemar était bien réel. Par réflexe, il ferma sa chemise en marmonnant.

Comment je me sens violé là ... T'approches plus de moi, grosse dégoûtante ! Je plains le mec avec qui tu sors

Dégoûté, il alla s'asseoir sur son lit. Le pire, c'est qu'il espérait toujours que Lou se mette à rire en criant "surprise", puis en expliquant que tout cela n'était qu'une blague, qu'elle était folle de lui et voulait avoir des garçons avec lui. Naïf.

A sa remarque de 'mec parfait' Lou eut un petit sourire, en temps normal elle lui aurait dit cash : mais bien sûr, sur un ton ironique mais elle se demandait si finalement il n'était pas un peu dans le vrai. Il avait certes de gros défauts, genre être un coureur de jupon, un grand gamin, susceptible, moqueur, vantard... enfin bon tout ça tout ça... Le fait est que malgré tout Lou l'aimait beaucoup trop. Tous ces traits de personnalité là faisait qu'il était parfait tel qu'il était oui. Malheureusement elle ne pouvait ainsi tout déballer, parce que lui dire ce qu'elle pensait vraiment de lui allait une nouvelle fois dans un autre sens que ses actes. Or, elle venait de refuser implicitement de sortir avec lui alors qu'elle en avait envie. Elle s'était cachée derrière le fait qu'Andrew ne voudrait sûrement pas d'une fille comme. Il prétendait le contraire, haaan mais pourquoi il devait être si mignon ? C'était injuste, vraiment. Il avait posé ses mains sur elle, dans une tentative désespérée de vouloir lui faire entendre raison. Mais c'était lui qui devait l'écouter, elle était sûre qu'après ce qu'elle allait lui dire, lui confier -car elle n'en avait jamais parlé à personne- il ne voudrait même plus la regarder en face.

« Non je suis sérieuse.. »

Il lui avait fallu une bonne dose de courage pour ne pas craquer et finalement lui avouer la vérité. Elle avait peur de sa réaction, mais elle avait tourné le problème dans sa tête et seule la vérité lui semblait être à peu près acceptable. Mais voilà, il fallait qu'Andrew l'accepte cette putain de vérité à la con. Elle y était donc allée doucement, elle ne pouvait pas en dire plus de toute façon, et bien sûr la réaction d'Andrew fut à la hauteur de la trahison qu'elle venait de lui infliger. Il ne la pensait pas sérieuse. Et pourtant, elle n'avait pas fait preuve d'autant d'honnêteté depuis bien longtemps. Elle le regardait qui était en train de s'agiter. Naturellement, il avait du mal à encaisser la nouvelle. Lou avait vraiment une faible estime pour elle. Malgré tout elle n'avait pas envie de regretter ce qui s'était passé entre Andrew et elle. Pourquoi l'aurait-elle regretté ? Dans le fond, elle l'avait voulu, et tout ce qu'il venait de lui là elle le voulait aussi. La seule chose qui la faisait chier c'est qu'elle ne pouvait pas satisfaire ses attentes, à moins d'être une grosse salope, et elle ne jouait pas encore dans cette cours là.

Quand il comprit qu'elle ne rigolait pas, il monta en pression. Elle n'allait pas lui dire de se calmer car à sa place elle se serait sans doute mis dans un état bien pire que ça. Néanmoins il se montrait très dur avec elle. Ses remarques si justes soient-elles, faisaient beaucoup de mal à Lou qui les encaissait sans rien dire. Jusqu'à un point. Il voulait bien qu'il soit vénère, mais elle n'allait pas le laisser dire n'importe quoi. Jamais elle ne s'était servie de lui juste comme ça parce qu'elle avait envie de tirer un coup. Non, non, avec Andrew c'était spécial. Ils avaient cette connexion qui faisait qu'ils s'entendaient si bien. Ils s'amusaient, se provoquaient, se disputaient, mais au final elle ne s'imaginait plus ne pas l'avoir dans sa vie.

« Mais non, mais non. » il l'avait lâché, s'était reculé, il était dégouté, Lou le dégoutait, et ça, ça faisait encore bien plus mal que tous les mots qu'il avait pu lui dire. « Je t'interdis de penser que je me suis servie de toi. Jamais... non, Andrew... »

Alors elle n'en puis plus. Lou était une véritable fontaine, et tiens les larmes n'avaient pas coulées depuis trop longtemps, donc elles choisirent ce moment-là pour arriver. Elle devait faire pitié, mais elle ne voulait pas donner cette impression. Elle était juste triste et déçue par elle-même. En fait elle aurait du se taire, lui sortir un truc de merde et puis voilà. Histoire réglée, elle serait rentrée chez elle, aurait avouer son crime à la personne concernée et aurait vécu le reste de sa vie seule parce qu'elle ne méritait que ça dans le fond.

« Andrew... » elle s'approcha de lui. « S'il te plaît, réfléchis, jamais je n'aurais couché avec toi si je ne ressentais rien pour toi. »

Quand il avait évoqué « son mec », Lou avait ressenti comme un coup de poignard dans le cœur. Ça devenait tellement dur de se justifier alors qu'elle ne pouvait rien dire d'autre. Enfin si elle pourrait, mais Andrew serait encore plus dégouté et c'était déjà assez.

« Lui et moi c'est compliqué, trop compliqué, et puis il y a toi. Et... j'ai envie d'être avec toi. Je m'en fiche du reste. »

Elle pleurait encore, faiblement, mais putain qu'est-ce que ça faisait du bien d'enfin dire ce qu'elle voulait vraiment. Il devait comprendre maintenant, pourquoi elle jouait toujours un coup blanc un coup noir. En fait elle était paumée tiraillée entre son cœur et sa raison. Et là, clairement son cœur prenait le pas sur tout. Elle s'aggripa à sa chemise, et planta son regard dans le sien, elle aussi pouvait faire les yeux du chat Potté !

Andrew restait interdit, face à Lou. Il attendait son explication du tonnerre qui réglerait le problème. Pourtant, il ne fallait pas régler le problème, au contraire. Seulement, Andrew était un connard que Christian n'allait pas tarder à renier. Connaissant Milou, il allait avoir du mal à le consoler. Alors, il aurait besoin de Lou pour surmonter cette épreuve, au moins comme une amie, à défaut d'avoir plus. Il était trop faible pour ne pas la pardonner. Même si Lou lui avait dit "désolé je ne peux pas sortir avec toi car je suis en mission pour l'état, c'est trop dangereux pour toi mes ennemis risqueraient de te tuer" Andrew l'aurait crue. Et le pire, c'est que la petite voix dans sa tête lui aurait dit qu'elle se foutait de lui, mais il l'aurait pardonnée quand même (bonjour, mes persos sont tous deux amoureux de deux jeunes filles à qui on donnerait le bon dieu sans confession et ils entendent tous les deux des vois dans leurs têtes).

Si tu t'es servi de moi, cette nuit tu m'as pris pour ton jouet sexuel, j'ai l'impression d'être une poupée en plastique gonflable là.

Il avait envie de se mettre des claques. L'heure était grave, il devait bouder Lou et attendre qu'elle se répande en excuses, qu'elle se jette à ses pieds et lui propose monts et merveilles pour se faire pardonner. Mais non, monsieur préférait faire de l'humour, comme si cette catastrophe ne venait pas d'avoir lieu. C'était plus facile, il préférait ça. Leur discussion prenait un tournant mélodramatique, c'était gênant. Comme si ce n'étaient plus eux qui la décidaient, comme si de mauvais scénaristes américains avaient pris le relai pour la réalisation de la scène. Ça n'allait pas du tout, ce n'était pas du genre d'Andrew. Okay, il avait eu un accès de rage et de sincérité, mais ça ne pouvait continuer. Il devait se reprendre, sinon Milou allait l'emmener chez le vétérinaire et le faire piquer. Mais Lou faisait de telles déclarations qu'il était forcément en proie à ses sentiments, c'était plus fort que lui. Il aurait bien fait taire son coeur, mais ce dernier hurlait à l'intérieur de sa poitrine, voulant absolument s'exprimer. Il nous faisait une vraie crise d'adolescence, alors Andrew, résigné, le laissa s'exprimer, encore une fois.

Tu ressens ... des trucks pour moi ?

Romantisme 2.0 bonjour. Andrew se frappa le front, il devait prendre quelques cours de dialogue sentimental, ça urgeait. Il nota dans son agenda virtuel de se louer quelques comédies romantiques pour les regarder avec Milou. Après tout, ça pourrait lui servir à lui aussi. Mais pour le moment, il devait se débrouiller avec son imagination. Il allait ouvrir la bouche, mais Lou le devança. A ce moment là, Andrew beuga. Elle voulait être avec lui, comme un monsieur et une madame qui forment un couple et sont amoureux et partent en weekend à la mère et que le monsieur porte un pull noué sur ses épaules et des mocassins sans chaussettes ? Ses yeux s'écarquillèrent, jamais on ne lui avait fait de si belle déclaration. Enfin si, Christian avait déjà dû lui dire des paroles dans ce genre, mais bizarrement, l'effet était différent quand ça venait d'une fille, et encore plus quand ça venait de Lou. Et summum, c'était encore plus déroutant quand Lou se jetait tout à coup à son cou en agrippant sa chemise.

Tu veux être avec moi, ça veut dire rester chez moi toute la journée et on se vautre devant la télé en mangeant des chips ? Ou alors, ça veut dire être avec moi pour du sérieux et du vrai ?

Doucement, il enleva les mains de Lou de son col de chemise, mais garda ses mains dans les siennes.

Déjà, rhabille toi, j'ai pas le droit de voir la fille d'un autre mec à moitié nue, j'ai des principes ! Il lui fit un petit sourire innocent. Ensuite tu vas voir ton copain en carton là, tu lui dis que tout est fini, et tu reviens ! En attendant je nous prépare des margarita et du guacamole ! Ah moins que tu n'aies envie de sucré ?

Voilà, tout était bien qui finit bien, Milou allait les mariés et ils passeraient leur vie chez Andrew pour que personne ne soit jamais au courant de leur relation secrète. Fun non ?

Il se sentait trahi, violé, dégouté. Lou le comprenait bien, mais ses intentions n'avaient jamais été celles-ci. Ce n'était pas simple pour elle aussi. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, enfin elle pensait ne pas savoir, mais entendre Andrew quelques minutes plus tôt qui lui disait vouloir sortir avec elle ; ça avait fait tilt. Une évidence. C'est ce qu'elle voulait. Bien sûr, ce n'était pas la solution la plus simple (trop simple sinon), elle posait même de gros soucis qu'il n'allait pas être simple de résoudre. Par ailleurs, l'entendre remuer le couteau dans la plaie -même de façon humoristique- lui faisait de la peine. Elle baissa alors la tête, ne sachant quoi lui répondre, parce qu'elle n'avait aucune défense valable à lui présenter.

Elle avait donc mis son cœur à nu, bizarrement ça avait été bien plus dur que d'enlever sa robe hier soir... Tout ce qui touchait aux sentiments n'était pas chose facile, c'était bien connu. Oui, elle ressentait bel et bien quelque chose pour lui. Il avait été presque aveugle de ne pas le voir. Cependant le ton de sa voix avait changé, elle se faisait plus douce. Encouragée par ce signe positif, Lou osa poser les yeux sur lui. D'un geste maladroit elle avait agrippé sa chemise se disant que s'il la rejetait une nouvelle fois c'était fini. Il n'arriverait jamais à lui pardonner, elle pourrait donc rentrer chez elle et bouffer du chocolat -bien qu'elle déteste ça- jusqu'à en éclater.

« Oui. »

Elle aurait pu ajouter tout un tas de choses magnifiques qui seraient venues accréditer ce qu'elle affirmait là, mais elle trouvait que ces trois simples lettres là résumaient le tout mieux qu'une belle tirade. Il prit ensuite ses mains, les enlevant de sa chemise toutefois il ne la rejeta pas, il décida même de garder ses mains dans les siennes. Avalant difficilement sa salive Lou se demandait bien ce que cela pouvait dire. Il s'était peut-être calmé, mais ce n'était pas pour autant qu'il allait lui pardonner. Elle le regardait, comme si elle allait monter à l'échafaud. Il lui demandait de prouver une nouvelle fois sa bonne foi. Certes. Elle comprenait qu'il puisse encore avoir des doutes, mais les justifications n'avaient jamais été le fort de Lou.

« Les deux. » dit-elle avec un sourire. « Une vraie relation oui. »

L'entendre parler de 'sérieux', c'était limite embarrassant. Il ne l'était jamais pourtant. Apparemment il ne rigolait pas avec les sentiments, Lou venait donc de lui découvrir une nouvelle qualité. Malgré tout, elle devait bien reconnaître que le sérieux c'était compliqué. Andrew lui demandait cash d'aller trouver cette fameuse personne et de casser avec elle pour ensuite venir passer la journée en sa compagnie et en celle de Milou Baaaah ouais elle ne voulait pas jouer sur les deux tableaux, mais la tout de suite, vraiment ? Elle n'était pas trop dans les conditions. Il ne voulait pas lui laisser une petite semaine ? Histoire qu'elle trouve comment présenter les choses parce qu'elle avait beau savoir quoi dire, une fois en face de ladite personne elle risquait fortement de perdre tous ses moyens. Elle aurait pu demander à Andrew de venir la soutenir moralement, mais non, il ne devait jamais savoir qui était cette personne. Jamais, jamais, jamais. Mais comment lui faire sortir cette idée de la tête sans passer pour une grosse garce alors qu'il lui proposait déjà de traîner ensemble dès lors qu'elle reviendrait fraîchement célibataire ? Elle ne voulait pas déclencher un nouvel esclandre mais elle ne se voyait pas s'habiller, sortir, et aller mettre un terme à cette relation comme ça, surtout qu'elle ne datait plus d'hier.

« Maintenant maintenant ? C'est délicat quand même. Je vais le faire ne t'inquiète pas, c'est pas ça le problème, c'est juste que maintenant, c'est peut-être pas le bon moment. »

Elle ne voulait qu'il la prenne pour une menteuse, elle était loin de l'être, mais le fait est que sa requête était difficilement réalisable dans l'instant. On ne sonne pas chez les gens comme ça, pour annoncer ce genre de choses.

« Tu comprends ? » elle lâcha ses mains pour passer les siennes autour de son cou. Elle se mit alors sur la pointe des pieds afin d'atteindre son oreille et de lui susurrer « Et puis je prendrai bien une petite douche... » dit-elle sur un ton plein de sous-entendu.

Une vraie relation, elle l'avait dit, pour de vrai. Andrew n'avait pas rêvé, enfin il ne pensait pas. Les lèvres de Lou avaient bougé, cela semblait une bonne preuve. Il n'était donc pas en proie à des hallucinations. Pourtant, il avait peur, quand même. Parce que tout cela semblait trop beau, leur discussion semblait tendre vers un point final : une vie de couple calme et harmonieuse. Le pire, c'est que ce n'était pas ça qui l'effrayait le plus. Il savait que Milou se ferait à cette histoire, qu'il accepterait la venue de Lou dans leur maison. Le problème, c'était l'autre inconnu qui visitait également la Casa Esperanza de Lou. Et puis, c'était Cricri. Il allait le renier, c'était certain. Cette situation était tellement bizarre. Ils parlaient, comme si de rien était, comme si tout était normal, alors qu'ils vivaient un des moments les plus what's the fuck de tous les moments what's the fuck. Comment Andrew pouvait-il faire des plans sur la comète avec l'ex de son meilleur ami ? Ex qui, en plus, avait dû être celui qui lui avait dégoupillé l'opercule pour la première fois. Berk, c'était trop dégoûtant. Il y avait des choses qui ne se faisaient pas. Se marier avec la première fois de son bro, c'était proscrit par la loi. Est-ce que Christian prévoyait de se marier avec Rose ? Non, lui il avait des principes et la laissait donc à Bryan. Mais Andrew, lui, n'avait aucune morale. Au lieu de laisser Lou à Monsieur l'inconnu qu'on ne sait pas qui c'est sûrement parce qu'il doit être moche alors Lou a honte de lui, il prévoyait de sortir avec elle. Si Andrew avait été à la place de Christian, il se serait renié. Enfin, il se serait renié lui. Si bien que, au final, on peut dire qu'Andrew s'auto reniait. Mais, au pire, ce n'était pas un problème, en soi.

Tu réalises que c'est une discussion qu'on n'a même pas le droit d'avoir normalement ? J'suis un gros connard. Il marqua une pause et tourna les yeux vers elle. Mais toi t'es une salope, alors on est ptet fait pour être ensemble.

Il haussa les épaules, l'air innocent. Puis, leva les yeux au ciel et eut un petit sourire en coin. Il la taquinait encore. Mais il n'avait pas le droit, on ne taquine pas l'ex petite amie de son meilleur ami. Mais bon, normalement, on ne couche pas non plus avec elle, vous me direz. Alors, quitte à pécher, autant en profiter. Lou envisageait même d'en profiter encore plus ! Effectivement, la jeune fille trouva la plus bateau des excuses bateau pour ne pas se rendre chez l'inconnu moche. En plus, elle proposait une douche. Dieu de dieu, mademoiselle le prenait par les sentiments. C'était comme proposer des cupcakes à un gourmand, du magret de canard à un gourmet, ou de l'alcool à un alcoolo. Mais Andrew devait être fort, il devait être un homme. Il ne devait pas écouter l'appel de cette sirène qui tentait de le corrompre, de l'attirer dans des contrées perverses et tendancieuses.

Ah non non non, ok pour que tu reportes à plus tard la fin de ta relation avec l'inconnu, mais une douche ! Tu es une fille prise, coquine !

Andrew ferma aussitôt les yeux et, comme si ce n'était pas suffisant, mit ses mains devant son visage pour se protéger.

Tu veux me corrompre mais je suis un homme bon, je résisterai à tes propositions alléchantes et polissonnes ! Enfin ... sauf si tu arrives à me convaincre !

Il osa ouvrir un oeil, pour la regardé, avide de voir comment elle comptait s'y prendre, si jamais elle relevait le défi.

La situation était certes déroutante, Lou avait néanmoins l'impression que les choses se déroulaient le plus naturellement du monde. C'était bizarre n'est-ce pas ? Alors que rien ne les poussait à être ensemble, eux avaient décidé du contraire et pourtant ce n'était pas chose simple. Ils devaient avoir un penchant pour les complications, être un peu maso. Lou s'efforçait de ne pas trop penser au monde qui continuait de tourner dehors, et qui lui cirait sûrement 'tu es une grosse pute'. C'est pour ça qu'elle voulait écarter le sujet de cette fameuse personne mystérieuse. Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas profiter de la compagnie d'Andrew pendant que rien ne les y empêchait ? A part peut-être leur morale mais c'est chiant. Ils avaient passé le plus dur c'est-à-dire la révélation compliquée des sentiments, plus dans le cas de Lou le facteur j'ai déjà un copain. Malgré tout ils ne s'étaient pas encore tirés dans les pattes, alors il y avait sans doute une infime chance pour que ça colle entre eux. Ils le voulaient tous les deux, après tout. Mais non, Andrew décida qu'il avait une conscience finalement, et donc mis sur le tapis le sujet qui fâche. Lou était consciente qu'il avait raison, oui. Quoi que leur situation aurait pu être plus compliquée, imaginez un peu ce n'était pas comme si elle sortait avec l'ex de sa sœur jumelle quoi Lui était un connard, elle une salope. Il la taquinait peut-être, mais le fait est que ce n'était pas faux. Donc dans un sens il pensait vraiment ça d'elle. Super. Elle tenta de ne pas se vexer, mais non ça ne marchait pas il l'avait piqué au vif.

« Oui tu es un gros connard, et de toute façon t'as toujours aimé les salopes, donc ça n'étonnera personne en fin de compte. »

Elle était sans doute mal placée pour bouder, cela dit les paroles d'Andrew avaient été bien maladroites... En dépit de tout, Lou avait innocemment dit qu'elle aurait bien pris une petite douche comme ça pour se réveiller un peu. Mais voilà, si Andrew était d'accord pour qu'elle n'aille pas mettre un terme à sa relation tout de suite, il n'était pas d'accord pour prendre une douche avec elle. Est-ce que quelqu'un comprend quelque chose à ce garçon ? Si oui, qu'il m'envoie le manuel illico presto ! Merci. Je le reconnais ça faisait un peu meuf en chaleur cette proposition, mais elle voulait simplement lui faire sortir de la tête cette autre personne qui comme on disait avant pouvait lui tenir lieu de rival. Mauvaise tactique cependant, car soit disant la raison qu'il invoquait pour refuser était qu'elle était et je cite « prise ». Enfonce le clou et tape plus fort, oh oui. Elle ne voulait pas penser à ça, elle. Andrew n'était pas celui qui allait devoir toujours porter l'étiquette d'infidèle. Et c'était un peu trop tôt pour en rire. Affichant une moue boudeuse que le jeune homme n'eut pas l'occasion de voir puisqu'il se cachait les yeux avec ses mains Lou le relâcha. Il demandait à être convaincu en plus. Il ne rêvait pas un peu trop ? Genre, elle allait sauter sur lui encore. Non, non, même par défi elle ne le ferait pas, fierté personnelle. Sinon, elle se pliait un peu trop à son bon vouloir et ce polisson risquait d'en profiter un peu trop souvent.

« Ah bah non, désolée, c'est une offre qu'on accepte du premier coup. Tant pis pour toi. »

Il fallait dire aussi que le 'salope' de tout à l'heure n'avait pas encore été digéré. Elle ne lui en voulait pas de l'avoir dit -enfin un peu quand même- mais maintenant elle se voyait tel que. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Lou ne s'était jamais rangée dans la catégorie bitch, et elle ne voulait pas en faire partie. Elle s'éloigna du jeune homme, consciente qu'elle devait le laisser un peu perdu. C'était de sa faute aussi wesh. Elle alla s'asseoir sur son lit, examinant sa chambre, le beau bordel qu'ils avaient laissé là la fit sourire, mais elle ne savait toujours pas comment tourner ce qu'elle avait envie de lui demander..

« Tu penses vraiment que je suis une salope ? »

Finalement être direct c'était la meilleure solution. Petit à petit elle commençait à sentir la culpabilité qui arrivait. Quand elle réfléchissait vraiment à la situation, elle se disait que c'était pareille à cette chambre, un beau bordel. Si Andrew décidait de faire face avec elle, elle se disait qu'il y avait moyen que tout rentre dans l'ordre, sinon... bah merde.

Andrew parlait souvent sans faire attention aux mots employés. Il avait arrêté depuis longtemps de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, c'était trop long. En même temps, Andrew était quelqu'un de très bavard, parler devait être l'un de ses sports favoris, après dormir. Surtout, parler pour ne rien dire, parler pour parler. Seulement parfois, il arrivait que les gens soient vexés par ses paroles, sans que Andrew comprenne pourquoi. Bien sûr, il n'était pas idiot, alors, la plupart du temps, il s'en rendait compte. L'expression du visage de ses interlocuteurs changeaient, se fermaient, et Andrew concluait alors que quelque chose clochait. Mais, comme lui se vexait très rarement - trop fatiguant - il acceptait mal que ses parole soient à l'origine de la gêne. Souvent, il soufflait, se désolait que les gens soient si terre à terre. Pourtant, quand Lou se renfrogna, il n'en fut pas agacé. Au contraire, il prit un air effaré, mais ne comprit pas pour autant ce qu'il avait dit de mal. Heureusement, Lou était une fille gentille et sympathique : elle lui facilitait la tâche. Le jeune homme se retint de sourire, mais ne put soutenir son regard. Il se mordit les lèvres, c'était donc d'être qualifiée de salope qui la gênait. Bien sûr, Andrew avait dit cela sans le penser vraiment, c'était plutôt affectif. Rien de plus. Mais que la jeune fille prenne ce mot tant à coeur lui plaisait : c'était une preuve d'attention, un peu tordue mais une preuve quand même. Connard comme il était, il envisagea d'approuver les dires de Lou, pour l'embêter. Mais il ne voulait la blesser. Il préférait aussi voir un sourire sur ses lèvres plutôt que ce regard triste sur son visage. C'était une grosse catastrophe, internationale, Lou transformait Andrew en grosse guimauve, en bisounours tout rose et tout gentil qui voulait faire des calins à tout le monde à Lou. Il la regarda et eut un léger éclat de rire. Il lui prit la main, mais ne dit pas un mot. Elle aurait sûrement compris qu'elle l'amusait. Et puis, après tout, sortir avec un mec et coucher avec un autre, qu'est-ce que c'est ? Imaginer un plan foireux où l'inconnu serait casé avec une rousse gênante ne pouvait pas tout résoudre. Mais il se garda bien de lui faire remarquer, loin de lui l'envie de tout aggraver. Lou était déjà suffisamment vexée. Pire, elle ne semblait pas vouloir en démordre, et n'eut pas le coeur à relever son défi. Quand elle lui expliqua qu'il était trop tard, il eut un nouvel éclat de rire, suivit d'un grand sourire satisfait qui ne voulait pas partir. Il regardait Lou comme on regarde un petit chaton et se trouvait affligeant. Il secoua légèrement la tête de droite à gauche et leva les yeux au ciel. Sa réaction agacerait peut-être la jeune fille, mais il ne s'en inquiétait pas : il saurait toujours se rattraper en temps voulu. Il était un peu trop sûr de lui mais le pire, c'est qu'il en avait confiance. A force de taquiner Lou, il risquait par atteindre un point de non retour. A ce moment là, le seul moyen de se faire pardonner serait sûrement de grandir de 20cm, de se muscler puis de prendre des cours de pompier strip teaser et de lui faire un show à l'américaine dont son plancher pelvien se rappellerait pendant longtemps. Mais pour le moment, tout semblait aller bien. Et puis, il était un peu maso : si se répondre en excuses - à plat ventre sur le sol - était le prix à payer pour la charrier un peu, qu'il en soit ainsi. Et puis, la faire rougir avec des paroles dignes de Casanova semblait être un de ses autres passe-temps favoris. D'ailleurs, il était temps qu'il se mette sur le mode bisounours. Lou venait de s'asseoir sur son lit, et lui demanda s'il la considérait vraiment comme une salope. C'était une mission de vie ou de mort, Lou semblait lui demander s'il était en mesure de sauver le monde ou s'ils allaient tous dépérir dans d'atroces souffrances. Alors il avança vers la jeune fille puis, une fois devant elle, il leva son menton pour la forcer à le regarder, droit dans les yeux. C'était gênant, il avait des frissons qui lui parcouraient le corps à la vitesse de la lumière, vers l'infini et l'au delà. Pourvu que Milou n'entre pas dans la chambre à ce moment là, il était du genre jaloux et n'apprécierait sûrement pas ce qui allait suivre.

Lou, tu es l'une des personnes les plus respectables que je connaisse.

Il se retint d'ajouter "après Katya" car, parler de la petite amie de son meilleur ami devant l'ex petite amie dudit meilleur ami n'était sûrement pas la meilleure chose à faire. Par respectable, il entendait que Lou n'était pas une fille qui ouvrait ses jambes à n'importe qui après deux verres dans le nez (voire moins). Non, elle n'était pas une salope. Même si, au pire, il ne voyait pas le problème. De nos jours, une salope est une fille qui couche et Andrew trouvait cette définition bien malheureuse. Car lui, il était par conséquent une grosse salope, mais ça ne gênait personne et on lui jettait rarement des cailloux ou des tomates quand il marchait dans la rue. Par contre, quand une fille était qualifiée de salope, elle était ensuite déshabillée puis lynchée sur la place publique. C'était idiot. Alors, si Lou avait peur d'être fouettée, Andrew préférait la rassurer. Même si l'idée du fouet ne lui déplaisait pas tant que ça, soit dit en passant.

Non, tu n'es pas une salope. Tu es un peu plus polissonne que ce que je croyais, mais je pense - enfin j'espère - que tu n'aurais pas fait ça avec n'importe qui. Rassure moi, tu ne l'aurais pas fait hein ouais ?

Il affichait une moue effrayée et préoccupée. Si elle lui avouait le contraire, si elle lui confessait qu'elle était arrivée chez Naya en se disant que ça serait aussi Noël pour son entrejambe ce soir, il allait se mettre à pleurer, vraiment. Ensuite, il se roulerait à terre en hurlant à la mort et espérerait que Milou viendrait le venger - en mordant Lou ou en déchiquetant sa robe en mille morceaux. Il attendait, impatient, que Lou avoue la vérité. Mais, au fond, il n'était pas naïf : Même si Lou aurait ouvert ses jambes à n'importe qui hier soir, elle n'allais décemment pas lui raconter. Ah moins qu'elle ressente le besoin inexplicable de ne dire que la vérité à Andrew et toute la vérité car il était l'homme de sa vie et qu'il devait donc tout savoir - des maladies sexuellement transmissibles qu'elle avait pu choper aux fantasmes inavoués qu'elle avait. Mais cette solution n'était pas possible, si Lou était une salope. Ah moins qu'elle ait changé durant la nuit, après avoir découvert quel étalon était Andrew. Ça, à la rigueur, c'était probable, crédible, réaliste, vraisemblable, plausible et possible. Il guettait donc la réponse de la jeune fille tel un chasseur guettant des perdreaux. Il la regardait, attendant la moindre réaction avec impatience. Si elle se faisait prier, il n'hésiterait pas à la secouer par les épaules en la sommant de répondre. Enfin, peut-être hésiterait-il un peu. Il faut dire que Lou était actuellement nue sous un Tshirt du warrior, c'était quelque peu déstabilisant. Certes, il lui avait proposé d'arrêter de tirer sur le Tshirt pour cacher ce qu'il ne devait voir, mais c'était surtout par peur qu'elle déforme son Tshirt. Que Lou se promène les fesses à l'air dans sa chambre ne le laissait pas de marbre et altérait forcément sa raison (et sa tête chercheuse). Cependant, il lui restait suffisamment de lucidité pour remarquer une chose importante : Lou décidait donc de ne pas se laver. Effectivement, elle semblait décidée à occuper son lit et à ne plus en bouger. En soi, cela ne dérangeait pas le jeune homme. Seulement, il n'avait plus accès à sa Casa Esperanza tant qu'elle ne lui appartiendrait pas entièrement. Ils ne feraient donc plus de galipettes aujourd'hui (ah moins que Lou ne le tente car il devenait bizarrement très faible en sa présence), elle pouvait donc retrouver une tenue plus décente. Pire, elle devait se laver, pardis ! Sale sur le lit d'Andrew, on n'a pas idée !

Attends, tu restes là alors et tu ne te laves pas ? Baaaaah mais c'est dégoûtant ! Dans la douche tout de suite !

Il l'attrapa par la taille et tenta de la traîner jusqu'à la salle de bain. Malheureusement, il se souvint à ce moment là qu'il était musclé comme un sushi et qu'il ne saurait sûrement pas aller bien loin. Enfin, Lou n'était pas obèse, non plus, et il réussirait probablement à l'emmener dans la salle de bain et à la mettre dans la douche. Mais après, il aurait probablement besoin d'un Energy Drink ou d'autre chose pour le revigorer. Mais il fallait que Lou soit fin propre, c'était une mission importante. Et puis, il arrivait à laver Milou - alors que le chien détestait l'eau - il réussirait donc à venir à bout de la petite fille.

En général Lou réagissait au quart de tour. Surtout quand elle était persuadée d'avoir raison. En l'occurrence, lorsque Andrew l'avait non sérieusement appelée 'salope', elle s'était renfrognée au lieu de lui crier haut et fort que c'était lui la salope. Bien sûr, cette option là ne marchait pas vraiment, car d'abord ce nom d'oiseau là n'était réservé qu'aux filles et ensuite parce qu'Andrew n'en était pas une. Elle l'avait pris dans le sens tu es un garce, c'est-à-dire une fille qui ne respecte pas les autres. Une fille égoïste qui s'en fichait de faire du mal à deux personne à qui elle tenait beaucoup mine de rien. Enfin ajoutez trois puisqu'il faut aussi compter Cricri qui ne serait sûrement pas content d'apprendre ce qui c'était passé entre son ex et son bff. Néanmoins ceci était une autre histoire. Très sérieusement, elle avait décidé de le bouder un peu, malheureusement elle n'était pas douée pour ça, elle préférait largement se confronter aux autres que de toute garder pour elle et finir par lui répondre avec des mini phrases. Elle attendait de lui qu'il sache la réconforter, c'était un peu un test en fait, bah oui elle voulait que son futur copain potentiel puisse savoir gérer les crises qu'il y aurait forcément entre eux. Elle ne fut pas déçue de le voir attentionné avec elle, il aurait pu l'enfoncer un peu plus et tel qu'elle le connaissais elle s'était plus attendue à ce genre réaction là. Mais non, il s'approcha d'elle, et lui releva la tête afin qu'ils puissent se regarder dans les yeux. C'était idiot, mais ça lui rappelait hier soir, il avait fait la même chose avant de l'embrasser. Alors elle se sentie un peu troublée, un peu perdue.

Les mots qu'il ajouta par la suite n'arrangèrent rien. Elle était évidemment satisfaite de sa réponse. Il la trouvait respectable, ça voulait donc logiquement dire qu'il ne la prenait pas pour n'importe qui. Dans le genre réponse de loveur il était fort, oui oui. Elle le regardait donc en souriant un peu niaisement ou autrement dit en ayant un vieux sourire satisfait sur les lèvres. Mais voilà, mademoiselle n'était pas la seule qui avait besoin d'être rassurée. Il ne la prenait pas pour une salope, mais lui demandait quand même si elle ne faisait pas ça avec tout le monde. Bon, disons que Lou était encore émerveillée des précédentes paroles d'Andrew et qu'elle ne fera pas la remarque.

« Bien sur que non. Non. »

Argumenter ? Une autre fois, elle allait dire des choses gênantes après, or elle se trouvait déjà dans un situation inconfortable alors nous n'allons pas en rajouter. Toutefois elle fut amusée qu'il la trouve un peu plus polissonne qu'elle en avait l'air. Genre elle aurait du déjà lui montrer cet aspect là de sa personnalité alors qu'elle était déjà en couple. Certes elle avait fini par craquer mais encore heureux qu'elle ne chauffait pas Andrew depuis le début. Pour le coup, elle n'aurait pas eu le droit à sa magnifique phrase de tout à l'heure sur ô combien elle était respectable.

Et puis d'un coup d'un seul, Andrew décida que le moment film romantique devrait prendre fin. Il la priait presque de prendre une douche, bah c'est pas comme si elle habitait en face et que le plus judicieux si monsieur ne voulait pas se doucher avec elle était de rentrer, de se faire belle, et surtout de changer de fringues. Elle avait beau adorer sa robe, la porter encore la soûlait un peu et elle n'allait pas squatter toutes les fringues d'Andrew. S'il n'était pas très costaud, il n'en restait pas moins grand.

« Bah euh soudainement comme ça …? »

Elle ne pouvait même pas émettre d'objection, il avait décidé de la prendre par la taille alors qu'elle venait de se lever. Elle n'opposa pas grande résistance, et se laissa donc guider par le jeune en direction de la salle de bain. Ils étaient donc là, tous les deux dans la très belle salle de bain des Davies, ok.

« Et maintenant faut que tu me laisses tranquille, ce n'est pas digne d'une personne respectable que tu restes ici. » elle haussa les épaules.

Elle s'était fait la promesse à elle-même qu'elle n'allait pas réitérer sa proposition, un autre non l'aurait fortement blessé dans son orgueil en fait.

Lou s'était voulu aussi convaincante qu'une porte de garage, mais Andrew décida de s'en contenter. Certes, sa confusion le laissa d'abord perplexe. Il arqua un sourcil, surpris que Lou se taise ainsi, après un défense si laborieuse. Mais en fait, il aurait pu croire tout ce qu'elle lui disait, même si elle lui disait que Milou était un chat et non un chien, ou que Christian était une fille et non un garçon. Tout. Même les mensonges, les blagues. Et puis, il y avait plus important pour le moment : il fallait que la jeune fille prenne son bain. Les deux tourtereaux d'un soir n'avaient donc pas le temps pour une discussion futile et existentielle sur ce qu'était Lou. Elle était l'objet de ses pensées, et c'était suffisant. Après, sa frivolité ne venait qu'ajouter un peu de piment.

Oui soudainement comme ça puisque tu décides soudainement de ne pas te laver !

Quel exemple elle donnait à Milou, heureusement que l'animal n'avait rien entendu. Sinon, Andrew aurait été sûr d'entendre, un jour, l'excuse "je ne prends pas de bain parce que ton amoureuse ne se lave pas non plus !". Mais la jeune fille fut en fait facile à convaincre ... et à traîner jusqu'à la salle de bain. Elle ne se faisait pas prier, à croire qu'en fait elle voulait vraiment se laver. Andrew ne fit aucune remarque là dessus, après tout vu la nuit dernière, c'était compréhensible. Cependant, Lou qui le mette à la porte, c'était beaucoup moins compréhensible. Quelques minutes auparavant, la polissonne lui avait proposé une douche à deux. Désormais, elle le sommait de sortir de la salle de bain, c'était à n'y rien comprendre. Certes, elle s'était vexée après le refus du jeune homme, c'était sûrement pour cette raison qu'elle ne lui proposait pas une nouvelle fois de rester, il en allait de sa fierté et de son égo. Seulement de là à le congédier ainsi, il était chez lui, tout de même !

Te laisser tranquille ? Et donc, te laisser seule ici ? Or de question, c'est bien trop dangereux, j'aurais trop peur que tu te noies ou que tu t'électrocutes ! Je reste ici je n'aurais pas l'esprit tranquille autrement. Fais ce que tu as à faire ne te soucie pas de moi.

Il s'appuya contre la porte après avoir fermée cette dernière. Il tentait de garder son sérieux mais ce n'était pas chose facile, il avait conscience de l'exaspérer, cependant lui se trouvait très drôle, alors forcément ... Est-ce que Lou entrerait dans son jeu, se déshabillerait et prendrait sa douche en sa présence ? Il n'en savait rien. Et puis, était-ce un jeu ? C'était effrayant, mais il commençait à réaliser que, pour lui, ce n'en était pas un. Jouer à provoquer quelqu'un, c'est bon quand vous trouvez la personne sympa. Dire que Andrew trouvait Lou sympathique était le plus grand euphémisme que cette Terre ait pu porter. C'était ... une discussion normale - légèrement polissonne - qu'avaient deux personnes qui étaient ensemble sans l'être. Il fallait bien le dire, ils avaient tous les deux ce mot au bout des lèvres. « Couple ». Le seraient-ils un jour ? Rien n'était moins sûr. Andrew était effrayait, un frisson lui glaçait l'échine à chaque fois qu'il pensait ce mot. Pas qu'il ne veuille être en couple avec Lou. Même si sortir avec une fille n'était pas sa distraction favorite, une force centrifuge étrange le poussait vers elle, lui donnant envie de passer son temps, ses jours et ses nuits en sa compagnie. C'était ça, vouloir être en couple. C'était surprenant venant d'Andrew, même Lou ne cachait pas sa surprise. Pourtant, Andrew avait déjà eu plusieurs histoires sérieuses. Annie, Naya, Jules ... Pourtant, tout Magnolia semblait penser que, Andrew en couple était un concept aussi invraisemblable qu'un martien échoué sur notre planète. Cette idée vexait un petit peu le jeune homme, il était capable de sortir avec une fille sans pour autant devoir fournir des efforts surhumains. Mais heureusement pour lui, l'avis des autres le souciait peu. Pour celui de Lou, c'était différent, mais il espérait la faire changer d'avis rapidement. Enfin, il restait encore certaines barrières à enlever afin que leur souhait puisse se réaliser. Cet inconnu, déjà, auquel Andrew ne pouvait penser sans grincer des dents et serrer les points. Il ne savait pas quoi penser de ça, bien sûr il aurait dû virer Lou de chez elle, mais elle avait affirmé que c'était lui qu'elle voulait, pas cet inconnu dont elle n'osait même pas prononcer le nom. L'espace d'une seconde, Andrew avait imaginé que, en fait, cet inconnu n'existait pas, Lou l'aurait inventé pour ne pas pouvoir être disponible sentimentalement auprès du garçon. C'était crédible, et aucune thèse vraisemblable ne venait la contrecarrer. Aussi, Andrew préféra la chasser de son esprit, pour le moment. Il verrait bien assez tôt si Lou se foutait de lui ou pas. Mais la barrière qui préoccupait le plus le warrior n'était pas ce petit ami fantôme. Non, c'était bien plus grave. C'était Christian. Oui, son meilleur ami était une barrière, à lui tout seul. Comment expliquer à son meilleur ami qu'il avait des sentiments pour son premier amour ? Il avait retourné cette question dans son esprit plusieurs fois, puis lui avait finalement avoué. Bizarrement, Christian ne l'avait pas amoché, mais peut-être avait-il jugé que Julian l'avait déjà salement gâté. Cependant, il était parti sans rien dire, et c'était encore pire. C'était clair : il pensait certaines choses qu'il n'arrivait pas à dire devant Andrew, par principe, ou parce qu'il y a certaines choses qu'on ne veut pas dire à son meilleur ami. Mais quand son meilleur ami se révélait être un connard de première - Première place aux JO et tout le tralala - on pouvait se permettre de ne pas prendre de gants. Christian ne s'était pas aventuré pour autant, il s'était tût. Alors, des tas d'options étaient envisageables, le cerveau d'Andrew prenait un malin plaisir à les étudier une à une - et à torturer l'esprit du malheureux par la même occasion. Quoi qu'il en soit, même s'il ne connaissait les causes de la réaction de Christian, il était capable d'en tirer une conséquence effrayante et pas rassurante : Jamais il n'accepterait leur couple. C'était impossible. Après tout, malgré toutes les rumeurs racontant qu'Annie tournait autour de Christian, il ne s'était rien passé entre eux. Le bro code, il l'avait respecté. Andrew, lui, ce code, il l'avait jeté à terre et piétiné sauvagement. Il avait honte. Il ne pouvait faire ça à son ami. Mais, en même temps, il continuait à regarder Lou, cette petite fille (pas si) innocente qui se tenait devant lui, gênée et prude mais si surprenante, franche et amusante ... cette fille un peu trop comme lui, qui lui correspondait malheureusement un peu trop. Et tout en la regardant, il ne pouvait imaginer continuer sa vie sans elle. Ou alors, il faudrait qu'ils aient une engueulade digne de ce nom qui marquerait la fin de leurs aventures. Mais comme ça, mettre un terme, juste pour les beaux yeux de Christian, cela s'avérait très très compliqué.

Tu sais, même décoiffée, avec une légère gueule de bois, un teint pas très net et mon Tshirt trop grand, tu es magnifique.

Elle était le seul chef d’œuvre que ses yeux acceptaient de regarder pendant des heures, sans se lasser. Il était scotché, c'était dingue. Il en avait honte et, pire, il en avait peur. Peur des conséquences avec Cricri, mais peur des conséquences avec elle aussi. Instinctivement, sa raison lui indiquait de s'éloigner, de fuir cette puissance maléfique qui mettait son coeur à l'amende. Malheureusement, Andrew n'était pas encore du genre à devenir raisonnable, ce n'était pas sur sa liste des priorités. Pour l'instant, on trouvait sur cette liste "faire en sorte de sortir avec Lou et de rester meilleur ami avec Christian", "découvrir le nom de l'inconnu qui culbute Lou pour lui maraf sa tronche" et "trouver un moyen d'ouvrir un cupcake factory sans que ses parents puissent s'y opposer". Alors, se protéger de Lou, c'était vraiment le cadet de ses soucis.

Elle s'était laissé entraîné dans sa salle de bain, mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Il insistait en plus, on aurait dit qu'il la prenait pour son animal de compagnie. Aurait-il perdu Milou et donc en désespoir de cause il se rattrapait sur Lou ? Il est vrai qu'elle n'avait pas eu l'occasion de croiser l'animal depuis qu'elle était arrivée ici. Elle espérait que rien ne lui soit arrivé bien qu'elle ne porte pas les animaux dans son cœur. Elle ne voulait pas qu'Andrew soit triste de la perte de son chien, après c'est elle qui aurait dû le consoler... Or un Andrew triste n'était pas un Andrew. Par conséquent elle espérait tomber sur Milou avant de rentrer chez elle. Chose qui allait s'avérer compliquée puisque maintenant Andrew avait décidé de la séquestrer dans sa salle de bain. Il venait en effet de fermer la porte et de s'appuyer contre elle de sorte que Lou ne puisse sortir. Oh bah oui, elle allait se noyer en prenant un douche, s'étouffer avec le pommeau, puis décider de se sécher les cheveux tout en les lavant. Elle n'était pas si maladroite et conne que ça, il n'allait rien lui arriver. Elle prenait une douche tous les jours depuis dix-neuf ans, et elle n'en était pas encore morte. Il n'était donc pas sérieux, comme d'habitude, cependant elle ne voyait pas trop quoi faire pour se sortir de cette situation malheureuse.

« Oh bah oui, je suis si stupide qu'il risquerait bien de m'arriver un truc comme ça. Nan, mais tu n'es pas sérieux, allez oust ! »

Il faisait mine de s'inquiéter pour elle, alors qu'en fait il voulait juste la mater sous la douche, mais quel vilain petit garçon ! Il n'avait qu'à pas dire non la première fois et il aurait même pu la prendre avec elle. Voilà, il réfléchirait à deux fois avant de la taquiner désormais. Elle n'allait pas céder, pas cette fois. Elle allait tenir bon, faire preuve de courage, ne pas se laisser avoir par son assurance et ses belles phrases. Elle restait donc là plantée devant lui, le regardant un petit sourire aux lèvres. Ne rêvez pas, sa réputation de strip teaseuse elle l'avait déjà gagnée hier soir. Elle n'allait pas faire comme s'il n'était pas là, et prendre sa douche, trop facile ! Il semblait néanmoins décidé à ne pas la laisser sortir. Ils n'allaient quand même pas passer toute leur journée dans cette salle de bain. Et puis, quelle heure pouvait-il être ? Sa famille devait sûrement se demander où elle était passée, et elle se demandait déjà quelle excuse elle allait pouvoir leur donner. J'ai dormi chez Zoë ne marchait malheureusement plus. Enfin bon, là n'était pas sa préoccupation principale, le plus important était de faire craquer Andrew, pour changer un peu.

« Je préfère rester sale, voilà, tu as gagné, je ne veux plus me laver. Ouvre maintenant. »

Elle s'approcha de lui, toujours collé contre la porte, étudiant la situation pour voir s'il n'y avait pas une chance qu'elle puisse trouver un moyen pour s'échapper de là. Etre en présence d'Andrew dans un espace si petit et confiné lui faisait plaisir, mais ça la rendait surtout nerveuse car elle ne voulait plus trop se montrer tactile et attentionnée envers lui de peur qu'il la prenne vraiment pour une grosse salope. Leur situation était déjà assez compliquée comme ça pour ne pas qu'elle en rajoute. Elle ne pouvait pas se montrer tout à fait honnête avec lui, dans le sens où même si cet inconnu n'était plus sa préoccupation première il existait toujours. Sa conscience lui criait d'aller d'abord régler les choses avant de poser vraiment des mots sur ce qu'elle éprouvait pour le jeune homme en face d'elle. Son cœur, quant à lui faisait des sienne, et lui disait clairement d'en profiter parce que ce qu'elle ressentait pour lui c'était spécial. De plus, Andrew en rajoutait un couche, il venait de pointer la triste vérité : Lou était cheum en ce moment même, mais il la trouvait quand même magnifique. Il voulait la faire pleurer ou quoi ? En fait non, il n'avait pas le droit de lui faire des compliments pareils et de lui demander ensuite d'être une personne respectable. Ce n'était pas juste. Il cherchait juste à la faire sourire comme une crétine, pour tirer avantage d'elle. Le pire c'est que ça marchait. Il venait de lui retourner le cœur, et son cerveau par la même occasion. Maintenant elle n'avait qu'une seule envie l'étreindre et l'embrasser. Il était si proche d'elle, ce serait criminel de ne pas en profiter. Elle osait à peine le regarder, mais c'était bien trop tentant de l'observer lui plutôt que le carrelage de sa salle de bain. Quoi qu'en fait c'était gênant un peu parce lui la fixait elle.

« Tu ne devrais pas me dire des choses comme ça, en plus. Ou me regarder comme ça. »

On aurait pu croire qu'elle se plaignait, mais non elle kiffait les compliments bien évidemment, surtout si c'était Andrew qui les lui faisait. Forcément ces mots là étaient plus agréables à entendre que son 'salope' de toute à l'heure. Mais ça n'arrangeait rien à ses affaires c'était même pire. Toutes ses bonnes résolutions partaient en fumée. Elle approcha alors son visage du sien doucement, sans oser l'embrasser vraiment vu que sa tête lui disait que ce n'était pas une bonne idée. D'un autre côté, un petit bisou c'était quoi ? Rien. Rien comparé à un strip tease, ou à une partie de tennis avec lui. C'était innocent, mignon, doux, attentionné. Finalement se prendre la tête pour si peu ça ne valait pas le coup. Alors Lou osa enfin l'embrasser, délicatement, sans doute avec un peu de retenu aussi, mais ça restait mignon quand même (a). Elle décida néanmoins d'interrompre leur baiser après de longues secondes.

« T'es chiant. » fit-elle un sourire aux lèvres, en fait c'était tout le contraire, mais l'avait sans doute deviné ça. Enfin c'était un peu vrai quand même, il la faisait craquer, il était chiant oui, mais elle en redemandait encore.

Malheureusement, Lou ne fut pas dupe une seconde, elle savait bien que Andrew racontait des bêtises dans le but de rester dans la salle de bain. Encore vexée d'avoir essuyé un refus, elle ne voulait pas en démordre : elle prendrait sa douche seule. Qu'attendait-elle ? Andrew avait son idée. Probablement voulait-elle qu'il s'excuse d'avoir dit non, qu'il lui avoue qu'il avait trèèès trèèès envie d'une douche en sa compagnie. Mais Andrew était aussi nigaud qu'elle : lui aussi, avait sa fierté. Alors jamais il ne reviendrait sur ses propos. Tant pis. Après tout, ce n'était pas la première et dernière fois qu'ils pouvaient prendre une douche à deux. Andrew était persuadé qu'ils auraient d'autres occasions, à l'avenir. Après tout, Lou lui avait dit, elle allait lâcher l'inconnu. Pour lui. Andrew se faisait peu à peu à cette idée, au fait qu'il semblait de nouveau s'engager dans une relation amoureuse à durée indéterminée. Il avait l'impression de ne plus être le même garçon que la dernière fois, quand il avait commencé à sortir avec Annie. C'était horrible, il avait l'impression d'être plus mature, presque d'être un adulte, et ça lui faisait peur. En même temps, ses 20 ans approchaient dangereusement. Il n'aimait pas du tout cette idée, d'ailleurs, et cherchait désespérément un moyen d'annuler le 1er juin prochain, de passer directement au 2 juin et de garder ses 19 ans un peu plus longtemps. 20, c'était changer de dizaine, c'était quitter définitivement le monde où tu peux manger des cookies entre les repas en te disant "pourvu que je ne me fasse pas prendre" plutôt que "pourvu que ça ne tombe pas sur mes fesses". Il avait l'impression que, quand il aurait 20 ans, il deviendrait grand. Qu'il le veuille ou non. Que son sens de l'humour légendaire prendrait la poudre d'escampette et serait remplacé par l'humour commun et ennuyeux des adultes. Et bizarrement, sortir avec Lou lui faisait penser à tout ça. Parce que devenir adulte, c'était aussi construire sa vie, son foyer. Sortir avec quelqu'un quand on a 17 ans n'est pas la même chose quand on en a 20. Forcément, on se demande si on gardera sa copine toute sa vie, si elle sera celle qui nous fera des enfants fils ... Andrew avait peur, subitement. Tout devenait trop sérieux. Le pire, c'est que Christian et Katya ne devaient vraiment pas avoir les mêmes préoccupations. Les deux amis avaient beau avoir le même âge, deux années scolaires les séparaient. D'ici un an et demi, Andrew serait normalement diplômé et entrerait dans la vie active, direction la boîte de papa. Avec Lou dans sa vie ? Il n'en savait rien. Dire que sa soeur, elle, était fiancée et comptait bientôt se marier avec l'autre idiot. Le temps passait trop vite, et Andrew avait peur de le voir défiler, avant. Mais avec Lou, c'était différent. C'est ça, qui était effrayant. Bien sûr, ils ne parleraient pas de tout ça. Andrew était magique parce qu'il était toujours en train de déconner. Le sérieux, dans sa bouche, ça sonnait faux. Il avait même du mal à comprendre pourquoi Lou ne restait pas perplexe quand il était sincère. Sûrement que, quand il lui dirait "je t'aime", elle lui répondrait "t'es trop drôle". Alors, chaque chose en son temps.

D'accord d'accord je m'en vais, chaque chose en son temps !

Mais il ne bougea pas pour autant. Il s'apprêtait à se décoller de la porte et sortir, quand Lou s'avança vers lui. Alors, il resta immobile, curieux de voir ce qu'elle allait faire. Le pousser dehors ? Le traîner dans la douche ? Non, elle l'embrassa. Rien de fougueux. Ce n'était pas un baiser "coup d'un soir", c'était un baiser doux qu'on donne à la personne qu'on aime. Malheureusement, Andrew ne pouvait s'empêcher de se demander si elle donnait les mêmes à l'autre inconnu. Il cacha maladroitement une grimace, puis ferma les yeux quelques secondes. Un gros bordel régnait dans ses pensées. Il regrettait avec amertume le temps où il ne se souciait de rien. En ce temps là, il se contentait de taquiner Lou, il ne savait pas encore que ses sentiments naissants étaient réciproques. Maintenant ... Il ne se reconnaissait plus mais ne savait dire si c'était bien ou non. Peut-être toute cette euphorie le faisait jouer un rôle qui n'était pas lui, qui disparaîtrait bientôt. Peut-être que, quand il redeviendrait Andrew le jem'enfoutiste, Lou regretterait son choix. Après tout, ils se le répétaient souvent avec Christian : ils n'étaient pas fait pour être un couple. Or, Lou semblait vouloir un couple.

J'arrête de te regarder alors ! Fais toi belle, je vais te préparer des pancakes avant que tu repartes. T'aimes les pancakes au moins ?

Lou remarquerait peut-être son changement d'attitude bizarre. Alors que, quelques minutes auparavant, il prévoyait de restait là, désormais il se hâtait de partir. C'était Andrew, il changeait juste d'avis comme de chemise.

Finalement est-ce qu'elle avait envie qu'il insiste et qu'il reste ? Mine de rien oui. Le truc c'est qu'elle n'allait pas lui dire. Elle savait bien que lui aussi avait un petit caractère. Que si Lou était têtue, Andrew était un véritable gamin qui n'allait sûrement pas lui dire ce qu'elle avait envie d'entendre juste pour prouver qu'il avait gagné. Comme c'était mature de leur part à tous les deux. Néanmoins elle ne s'attendait pas à ce qu'il jette l'éponge aussi rapidement. Il cédait et disait vouloir partir. Elle tenta de cacher sa surprise, d'abord. Très vite elle s'aperçut qu'en fait il n'en fit rien. Il ne bougeait pas, restait collé à la porte. Il n'était peut-être pas si décidé que ça finalement. Elle esquissa un sourire, oui oui elle voulait qu'il craque. Voir si elle pouvait avoir autant d'emprise qu'il pouvait en avoir sur elle. Malheureusement il venait de lui dire de très belles choses, et Lou céda à ses pulsions. Et encore elle s'était retenue. Lou était une fille qui avait besoin de montrer son attachement aux gens avec des gestes, des bisous, des câlins, et autres. C'était plutôt timidement qu'elle l'avait embrassé cependant. Elle était tiraillée entre ne pas trop le titiller parce que ça devait être frustrant pour lui, sachant que la demoiselle n'était pas totalement libre, ou justement agir comme si leur relation coulait de source. Elle s'était donc lancé à l'eau, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre, si Andrew allait une nouvelle fois la repousser, ou prolonger, ou bien lui dire qu'elle exagérait, qu'elle ne devrait pas. Qu'il n'en pense rien, n'en dise rien, n'en fasse rien ça par contre elle ne l'avait pas prévu. Et pourtant, il agissait un peu comme si elle lui avait donné une tape dans le dos. Pire il lui proposait de lui faire à manger. Non, ce n'était peut-être pas pire mais c'était un peu déroutant tout de même.

« Euh bah oui j'aime ça oui. C'est gentil de faire ça pour moi. Merci... je crois. »

Elle fronça les sourcils. Il était bizarre quand même. On aurait dit que toute leur petite scène d'avant n'avait été qu'un mauvais rêve. Il s'était finalement réveillé et avait décidé que jouer avec Lou n'était plus intéressant. Elle l'ennuyait ? Le soûlait ? Le dérangeait ? Elle aurait mis sa main à couper qu'il y avait anguille sous roche.

« Attend, il y a quelque chose qui cloche ? »

Autant savoir tout de suite, s'il avait eu une soudaine prise de conscience et que Lou ne l'intéressait plus autant qu'elle le sache tout de suite. A cette idée là, elle fut prise d'une insoupçonnée mélancolie, un peu pareille que quand elle avait appris qu'Andrew n'était pas indifférent à Naya. Un sentiment assez triste, qui vous fait prendre conscience qu'en fait vous étiez vachement égoïste car vous ne voulez l'autre personne que pour vous. Enfin là c'était un peu pire, en l'occurrence elle espérait qu'il ne soit pas déjà lassé d'elle. Ou justement il voulait Naya et plus elle. Il avait eu Lou à quoi pouvait-elle bien servir maintenant ? Pour le coup elle se sentait un peu mal. Ou alors il n'avait pas apprécié qu'elle l'embrasse. Oui, voilà la personne respectable qu'elle était n'aurait pas dû faire ça. Elle aurait su se contrôler, respecter le fait qu'ils avaient décidé d'y aller doucement.

« Si c'est le cas, dis moi. Je préfère. »

Une vérité qui fait mal était toujours mieux qu'un gentil mensonge. Elle se préparait déjà psychologiquement. Elle faisait un blocage pour rester impassible, ne pas pleurer, ne rien montrer. Pourquoi elle imaginait le pire ? Justement parce que l'imagination était une garce, une vraie pute qui vous laissait penser n'importe quoi parce que tout était possible dans sa tête, même les films les plus dingues et peu crédibles. Là tout de suite, elle s'imaginait bien qu'il allait lui annoncer qu'en fait il était marié, près de deux fils qu'il cachait dans une de ses chambres d'amis (ce qui expliquerait le fait qu'elle n'en ait jamais vu la couleur). C'était pathétique, en fait. Elle se trouvait carrément débile, mais voilà comme déjà dit précédemment, Andrew comptait un peu trop à ses yeux...

Andrew s'apprêtait à s’éclipser, doucement mais sûrement, du lieu de tentations qu'était la salle de bain. Lou les fesses à l'air n'était vraiment pas une compagnie saine et conseillée dans une telle situation. Malheureusement, Lou décida de faire preuve de jugeote et réalisa que quelque chose clochait. Zut alors, pourquoi ne prenait-elle pas tout simplement sa douche ? Elle devait trouver ça louche qu'il décide de ne pas rester, qu'il abandonne si facilement. Après tout, l'autre inconnu ne devait pas réagir comme ça, il devait insister pour la voir sous la douche, lui. Andrew grinça des dents, cette situation était intenable. La présence de l'individu planait dans la pièce et lui faisait coucou à la moindre de ses réflexions. Et si Lou réalisait finalement qu'il était mieux qu'Andrew, qu'il avait plus de tunes et qu'il cuisinait mieux ? Après tout, Andrew n'était pas dupe, il savait qu'il était le mec "avant-dernier", celui avec qui tu sors, mais pas celui avec qui tu finis ta vie. Celui qui à bientôt 20 ans portait encore des converses et mettait du gel dans ses cheveux. Pas celui avec qui tu achètes la voiture familiale et avec qui tu pars en weekend dans les Hamptons. En soit, ça ne l'avait jamais vraiment dérangé, au contraire il ne voulait pas coller au modèle et se kiffait ainsi. Il kiffait passer ses weekends à jouer à Guitar Hero avec Milou plutôt qu'à faire du jogging avec son chien comme les traditionnels hommes du quartier. Cependant, il ne voulait pas que Lou lui donne de faux espoirs, en faisant croire qu'il lui conviendrait ainsi. Il n'était pas dupe. Même s'il ne savait pas qui était l'inconnu, il devait sûrement être mieux classé que lui dans le top 10 des meilleurs maris potentiels de Magnolia. Pourtant, leur relation était secrète ... Andrew ne comprenait pas pourquoi ils sortaient ensemble en cachette, et Lou s'était bien gardée de faire une remarque à ce sujet. La question lui brûlait les lèvres, mais il ne voulait pas parler de lui. Ne pas l'évoquer, c'était comme oublier son existence, même s'il occupait ses pensées de manière malsaine. Néanmoins, peut-être serait-il une meilleure excuse, pour Lou. Peut-être était-il mieux de répondre que c'était l'inconnu, le truck qui clochait, plutôt qu'Andrew.

Non non voyons, tout va bien, j'ai juste pensé que tu devais avoir faim.

Ou ne rien dire. Ça aussi, c'était bien, voire mieux. Sauf quand la demoiselle décide ensuite d'insister. Mentir une deuxième fois ? Impossible. Lui dire qu'ils n'avaient aucun avenir et que, donc, ça le saoulait de s'engager dans une relation qui prendrait fin dans quelques jours, quand Lou en aurait marre de jouer au tennis toute la journée ? Mauvais plan. Parler de son concurrent ? Autre mauvais plan. Andrew détestait les situations compliquées. Quand il faisait face à l'une d'entre elles, il fuyait, le plus souvent. Mais s'il se mettait à s'enfuir en courant de chez lui, ça semblerait très bizarre. Il devait donc affronter la réalité, et ça le saoulait. Il soupira, son regard fuyait celui de Lou. Dans quoi s'était-il encore malheureusement engagé. Et puis, si ça n'avait pas marché avec Christian, pourquoi cela fonctionnerait-il avec la copie conforme ? C'était idiot. Ils avaient parlé trop vite. Mais il ne voulait pas lui dire. Parce que même s'ils ne devaient vivre que quelques jours de bonheur, il voulait les saisir et les garder ensuite, dans un coin de sa tête, pour se souvenir, plus tard, quand elle serait retournée avec son inconnu chanceux.

Enfin ... c'est ce mec là, avec qui tu sors. J'étais pas au courant, je ne sais pas pourquoi, je ne sais même pas qui c'est ... C'est tellement bizarre ! Il est recherché par la police ? Il est moche et t'as honte de lui ? ou alors ... il marqua une pause, pour trouver ses mots sans tomber dans la niaiserie. C'est peut-être un mec trop génial et tu ferais une erreur de rompre. Sauf que je ne peux pas le savoir, je ne sais pas qui c'est !

Sous entendu, génial et mieux qu'Andrew. Il était un mec, jaloux, il mourrait donc d'envie de savoir qui était ce mec. Ce mec qui lui imposait de se cacher ... Enfin, quoi que, sur le coup, Andrew ne pourrait pas vraiment lui offrir mieux.

Ou alors, même, il n'existe pas et tu l'as inventé parce que on a passé une nuit sympa mais tu n'oses pas me dire que c'est sans lendemain. Alors, si c'est le cas, laisse moi aller faire mes pancakes tranquille !

Humour, toujours humour. Il n'était pas capable d'être sérieux deux minutes. Si Lou s'agaçait, il aurait le mérite d'avoir obtenu sa réponse : elle n'allait pas le supporter longtemps. Seulement Andrew restait Andrew, il détestait les prises de tête, les trouvait inutile. Se poser, ne rien faire, ne rien dire, c'était tellement mieux.

Il avait dans un premier temps opté pour la solution « je mens ». Il faisait comme si tout allait bien, mais bon elle le connaissait suffisamment pour savoir que ce n'était pas vrai. Il pouvait lui dire, il ne lui faisait pas confiance ? Ou alors il voulait la ménager parce que dans le fond ce qu'il avait à lui dire n'allait pas lui faire plaisir. Tant pis, elle s'en fichait, elle voulait la vérité. Elle croisa donc les bras, et fronça les sourcils. Elle était déterminée à le faire parler, par tous les moyens, même si cela devait impliquer qu'elle lui passe la tête sous l'eau et la frappe contre la table. Méthode Phoebie sisi. Néanmoins elle espérait bien ne pas en arriver à ce point là. Elle aurait été déçue de devoir insister. Ça ne devait pas être si dur de se confier à elle. Surtout que son changement d'attitude avait été brutal. Comme si elle avait fait quelque chose de mal. C'était peut-être ça la clé du mystère en fait. Elle avait fait quelque chose, dit quelque chose qui l'avait mis mal à l'aise. Elle pensait que c'était son baiser, oui, c'était sûrement ça. Elle s'en était doutée en même temps, il n'avait même pas réagi...

Elle s'apprêtait à insister, à lui dire qu'il pouvait tout lui dire même ses sombres secrets, mais elle n'eut pas besoin de le faire. Sa langue se délia seule. Il fallait affronter cette vérité-là, et pour le coup Lou s'en serait passée. L'inconnu mystère revenait sur le tapis et c'était bien normal. Agir comme s'il n'avait pas exister ne pouvait pas marcher bien longtemps. Alors c'est ça qui l'inquiétait ? Il tenait donc à elle pour de vrai ? Elle se sentie affreuse de lui faire subir une telle situation. Peut-être qu'au final elle aurait dû lui briser le cœur en d'un seul coup, il s'en serait remis plus vite que là, ou clairement Lou avait encore le cul entre deux chaises. Ce n'était même pas intentionnel, pour elle une chaise devait s'en aller, ça faisait un moment qu'elle y pensait d'ailleurs. Cette relation là elle y avait cru, vraiment, de toutes ses forces. En dépit de toutes les complications, de tous les risques. Depuis cet été néanmoins elle s'était rendue compte que ce n'était plus possible. Se cacher, n'en parler à personne, avoir peur constamment. Ne pas pouvoir compter sur l'autre quand on a besoin... C'était dur à vivre. Tenace Lou s'était accrochée. Et puis il y avait eu Andrew. Jamais elle n'aurait pensé s'attacher à lui de cette façon là, elle en était la première surprise. Cependant ça ne changeait rien à ce qu'elle pouvait ressentir aujourd'hui. Ne pas l'avoir vu pendant plusieurs mois, avoir failli le perdre au profit de Naya lui avait fait prendre conscience qu'il n'était pas qu'un simple ami. Il lui avait peut-être fallu beaucoup de temps pour franchir le cap mais elle n'allait sûrement pas le regretter ou même faire marche arrière. Sauf quand elle voyait qu'Andrew vivait mal la situation, la forcément ça lui faisait mal aussi.

« J'ai envie de tout te raconter, vraiment... Mais c'est pas si facile. »

Il allait forcément la juger, la prendre pour une grosse garce ou pire. Sa façon de la regarder ne serait plus la même, et pourtant il méritait de connaître la vérité. Un jour elle lui dirait. Pas maintenant, elle n'allait pas y arriver. Ça faisait trop d'un coup.

« Je ne sais même pas si tu le connais. Et puis ne dis pas de bêtises, Andrew... J'ai choisi. Je t'ai choisi, et point. »

Elle était nerveuse, elle ne pouvait décemment rien lui dire. Alors qu'en fait ça ne demandait qu'à sortir. Si vous saviez à quel point c'était horrible de toujours tout garder pour soi. Surtout que cela n'avait jamais été dans la nature de Lou. Elle s'y était faite difficilement, cacher ça à Zoë, à Julian. C'était une des choses les plus dures qu'elle avait eu à faire. Et maintenant à Andrew. C'était encore plus dur.

« Non, franchement là j'aurais aimé qu'il n'existe pas. » elle marqua une pause puis ajouta très vite « Non pas que je veuille dire qu'entre nous c'était une histoire sans lendemain, parce que c'est tout sauf ça. Enfin pour moi. »

En l'occurrence cela aurait été plus simple aussi. Toutefois la vie était une pute qui aimait bien s'amuser avec les sentiments des autres. Ils étaient donc là dans une salle de bain à parler de grands sentiments. Super.

« Je te demande juste de me faire confiance, je te promets que tu comprendras un jour. Mais je comprendrai que tu ne veuilles pas. Si c'est trop dur pour toi, ben... Je comprendrai voilà. »

Elle baissa la tête, penser à tout arrêter alors que ça n'avait même pas commencer... Dur.

A peine avait-il évoqué le sujet qui fasse qu'Andrew voulait demander à Lou d'oublier, de faire comme s'il n'avait rien dit, comme s'il n'en avait pas parlé. C'était simple : il mourrait d'envie de connaître son identité mais, en même temps, il ne voulait surtout pas en parler. Mais sa langue était liée, elle ne voulait plus parler. Pour cause, elle n'était pas d'accord, elle était curieuse, elle voulait savoir. Connasse de langue. Et Lou lui répondit donc, mais la réponse n'était pas satisfaisante. Andrew était à peine surpris, il réagit à peine : il ne s'était pas fait de films, il savait que les chances de savoir était maigres. Après tout, si Lou l'avait caché pendant si longtemps, ce n'était pas pour finalement révéler le secret. Elle ne voulait même pas lui dire pourquoi, lui dire la raison qui les poussait à se cacher. Andrew pouvait s'imaginer tout et n'importe quoi, et il imaginait tout et n'importe quoi, d'ailleurs. Peut-être était-ce un espion au service de l'Etat, qui partait régulièrement en Laponie, et qui mettrait Lou en danger en s'affichant publiquement avec elle. Il priait pour que ce ne soit pas ça : rivaliser contre un espion, c'était compliqué et fatiguant. De toute façon, il ne saurait pas, Lou n'était pas décidée à lui parler. Mais qu'importe, elle lui avait répété des paroles bien plus importantes : elle l'avait choisi lui, et ça valait tous les noms et toutes les raisons saugrenues du monde. C'était tout ce qui comptait, après tout. Pour les problèmes d'avenir et les réglages de compte, on verrait plus tard.

Je, je ...

A vrai dire, il ne savait pas quoi lui répondre. Son coeur lui conseillait de la croire parce qu'ils s'aimaient comme deux bisounours et avaient passé une nuit magique à se faire des câlins comme les Teletubbies. Mais sa raison lui soufflait qu'elle devait être honnête et tout lui raconter. Sauf que - et heureusement pour une fois - Andrew était rarement raisonnable. Alors, il s'avança vers elle et prit le visage de la jeune fille dans ses mains.

Mais je te fais confiance, banane !

Puis, il l'embrassa. Il ne lui avait pas rendu son baiser tout à l'heure, trop préoccupé. Mais il en avait marre de toutes ces pensées prises de tête. Il ne voulait penser qu'à une chose, et il l'avait en face de lui. Il sourit comme un idiot en la regardant droit dans les yeux, puis, il lui donna un petit coup sur le nez du bout de l'index. Elle avait osé penser qu'il ne lui faisait pas confiance, non mais.

Maintenant va te laver, c'est pour ça qu'on est ici à l'origine ! Et moi je vais aller te préparer ces satanés pancakes car c'est plus sage. Par contre, t'éviteras de forcer sur le sirop d'érable parce que là ...

C'était ironique, non elle n'était pas trop grosse. Enfin, pas maigrichonne non plus. Juste bien. Mais il n'avait pas pu résister au plaisir de la taquiner. Certes, encore une fois, il ne se retint pas, mais elle pouvait en faire autant, elle pouvait le vanner également. De toute façon, Andrew ne voulait pas devenir sérieux, tant pis. Il n'allait pas encore une fois débattre du sujet avec lui même. Il la taquinait et le ferait encore longtemps. Il fit alors demi tour pour se diriger vers la porte mais, après deux pas, il fit volte face et attrapa Lou par le bras. Il la tira vers elle et posa sa main libre dans le dos de la jeune fille, pour l'attirer dans ses bras.

Enfin d'abord, redis moi que tu m'as choisi, s'il te plaît

Un grand sourire se dessina sur ses lèvres, celui qui lui fait deux petites fossettes et qui montre toutes ses dents. Celui qu'on ne doit pas faire très souvent car il marque les rides, aussi. Mais là, il était heureux, alors le reste ... il s'en foutait.

Elle ne savait pas vraiment ce que valait son argumentation. Elle était assez mince, et peut-être que ça ne suffirait pas pour convaincre Andrew. Il avait de bonnes raisons de douter d'elle. Le nier était impossible. Elle s'était défendue comme elle avait pu, essayant de ne pas trop en dire car le sujet était délicat. Une fois qu'elle eut fini de parler, elle s'attendit à ce qu'Andrew lui pose des questions, mêmes vagues, car à sa place elle l'aurait fait. Mais il fallait dire qu'elle était bien curieuse. Un peu trop d'ailleurs. Andrew, lui, avait décidé de passer outre, de lui faire confiance. Il n'allait pas le regretter, Lou s'en fit la promesse à elle-même. Mieux, il avait décidé de ne plus la repousser, s'octroya même quelques gestes de tendresse envers elle. Quand il s'était approché elle avait limite arrêté de respirer. Il avait pris son visage entre ses mains et lui assura qu'il avait confiance en elle. Ouf. Catastrophe évitée. Alors il l'embrassa, enfin. Elle n'était pas comme lui, elle, lui rendit ses baisers. Néanmoins elle ne pouvait qu'être contente. Il ne faisait pas semblant, il avait même son sourire de gamin accroché sur les lèvres. Ce qui prouvait aussi bien qu'il se sentait rassuré avait été la petite taquinerie qu'il venait de lui lancer sur son poids. Affichant une mine faussement choquée, elle le regarda alors qu'il s'apprêtait à vraiment quitter cette fichue salle de bain.

« Arrête de faire des cochonneries à manger alors, et puis mets toi à la muscu, c'est une activité de mec ça ! »

C'était facile, mais bon si lui avait le droit elle aussi non ? En plus, elle ne se formalisait pas, elle pouvait bouffer à peu près n'importe quoi sans prendre de poids. Bitch. Manger c'était son kiff en plus, Andrew n'allait sûrement pas lui enlever ça. Peu importe ses petites plaisanteries ! Quant à la blague sur la muscu, bah elle lui avait déjà dit hier soir, mais bon il devait bien savoir que c'était un maigrichon. Ça ne la dérangeait pas en fait, toutefois elle savait que les blagues sur son physique l'embêtait vraiment. Il n'avait pas le droit de se plaindre par contre, il avait commencé quand même !

Alors qu'elle pensait qu'il allait enfin la laisser prendre une douche en paix, il se retourna, l'attrapa et la prit dans ses bras. Il profitait de l'occasion pour qu'elle lui réitère ses propos. Là tout de suite elle eut envie de lui dire qu'elle avait choisi Milou. Qu'en fait son trip c'était les animaux, et qu'elle ne s'était rapproché de lui que pour mieux pouvoir atteindre Milou, mais elle n'en avait même pas le cœur. Pas quand il lui faisait ce genre de sourire là.

« Toi, voilà. » elle le regarda quelques instants sans rien faire. « Allez, oust maintenant, dehors ! Je dois me laver. »

Elle mit fin à leur étreinte, et le poussa dehors. Il abusait franchement ! A ce rythme là ils seraient encore là en mars Difficilement, elle avait réussi à lui faire quitter la pièce alors qu'elle refermait la porte derrière lui. Un sourire de crétine accrochée sur les lèvres. Il fallait qu'elle arrête, elle en devenait presque pathétique. Elle décida donc de se concentrer sur sa douche, quittant son pyjama de fortune, elle prit donc sa douche comme tout être humain normalement constitué. Désolée Juliet elle a piqué tes produits mais elle ne lui en voudra pas, je pense. Quand elle eut fini, elle s'enroula dans une serviette et s'assura qu'Andrew était bien en bas occupé à autre chose. Elle retourna dans sa chambre, là ou bien évidemment elle avait laissé toutes ses affaires. Elle se rhabilla donc, comme la veille, excepté qu'elle était propre, et que ses cheveux étaient mouillés. Elle avait beau adorer sa robe, là tout de suite elle ne demandait juste qu'à revêtir un de ses jeans. Enfin c'était déjà mieux que de se balader les fesses à l'air. Une fois qu'elle eut tout rangé, elle descendit, retrouvant Andrew appliqué à lui préparer le petit-déjeuner, ou le déjeuner, en fait elle ne savait même pas.

« Alors, j'espère que c'est prêt, j'ai faim ! »

Bien sûr son ton n'était pas sérieux, elle était déjà super contente qu'il fasse toute ça pour elle. Un garçon qui cuisine c'était rare de nos jours.

En guise de répartie, Lou lui conseilla d'arrêter la cuisine pour se mettre à la musculation. Sauf que leur couple fonctionnait à l'envers : à elle les gants de boxe, à lui les fourneaux. S'il se mettait à "une activité de mec", Lou devrait se munir de sa poêle et de sa casserole. Mais, bizarrement, Andrew n'était pas rassuré. Mais il ne fit aucune remarque, il risquait de passer pour une fille finie s'il disait quelque chose. Et puis, il commençait à se dire qu'il ne les ferait jamais, ces pancakes ! D'ailleurs, Lou le mit dehors. Elle avait décidément très envie de prendre une douche !

Oui oui je m'en vais, dit-il en rigolant.

Lou le poussait et, à vrai dire, il se laissait un peu faire. Sa cuisine l'appelait, après tout. Il passa tout de même dans sa chambre pour revêtir un pantalon. La tenue boxer-chemise de bûcheron, ça passe dans sa chambre, ça se tolère dans la salle de bains, mais il préférait s'habiller dignement pour descendre. Néanmoins, il n'eut pas le courage de boutonner sa chemise. Andrew adorait les chemises à carreaux, pourtant il détestait cette rangée de boutons si longue à fermer. D'ailleurs, plusieurs de ses chemises avaient des boutons pression, mais il était bien rare d'en trouver. Parfois, il était tellement flemmard qu'il enlevait ses chemises comme des Tshirts ... et cassait quelques boutons au passage. Heureusement, sa soeur était bonne couturière, elle avait même tout un stock de boutons prévus à cet effet. Andrew se demanda si Lou savait coudre, il retint de lui poser la question plus tard. Mais là, tout de suite, c'était pancakes.Une fois dans la cuisine, il sortit les ingrédients pour faire la pâte. Il tenta de se dépêcher, histoire de laisser reposer la pâte au moins quelques minutes. En attendant, il mit la table, sortit deux assiettes, couverts, verres, sets de table et serviettes. Ensuite, il sortit un peu de tout de l'armoire : sirop d'érable, mais aussi sucre, nutella et, surtout, la bombe de chantilly du frigo. Souvent, il faisait sa crème maison, mais dans les cas d'urgence, il fallait toujours avoir une bombe d'avance chez soi. Il sortit enfin le lait et le jus d'orange, puis il s'attaqua aux pancakes. Timing parfait, Lou descendit quand il s'attaquait à la fin du plat. Il jeta un rapide coup d'oeil et vit qu'elle portait la même tenue que la veille.

Dis donc, tu devrais t'habiller comme ça plus souvent encore, ça te va vraiment bien ...

C'était plus fort que lui, à chaque fois qu'il sortait une vanne il était obligé de sourire. A défaut de faire rire les autres, ses blagues avaient au moins le mérite de le faire rire lui. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie, l'heure était grave : Lou avait faim. Il posa alors le dernier pancake sur la pile puis porta le plat jusqu'à la table.

Voilà madame, bon appétit, régalez-vous ! Il s'assit et leur versa du jus d'orange à tout les deux, puis la regarda de nouveau. S'il manque quelque chose dis le moi au fait.

Durant une seconde, il eut un mouvement de recul. Qu'est-ce qui lui prenait ? Même avec sa soeur, il n'était pas comme ça. Il resta bloqué, la bouteille de jus d'orange ouverte dans sa main gauche, le bouchon dans la main droite. Quand il faisait le petit déjeuner pour Juliet, il la laissait mettre la table, c'est à peine s'il la servait ou l'attendait pour manger. Là, il ne manquait plus qu'un costume trois pièces et Andrew aurait fait le serveur parfait. Il secoua la tête et arqua un sourire. Bof, il y penserait plus tard. Peut-être était-il juste pris d'un tic bizarre parce que Lou était son invitée et tout le tralala. Peut-être, après tout, Andrew avait rarement des invitées, de sexe féminin j'entends. Enfin, il ramenait souvent des filles à la maison, mais pas le genre de filles à qui on offre le déjeuner. Le genre de filles qui étaient le déjeuner d'Andrew, plutôt. Mais penser à ça en mangeant était vraiment malsain. Il allait servir Lou en pancake quand il se ressaisit, il y avait des limites tout de même ! Alors, de façon tout à fait égoiste, il mit un pancake dans son assiette, l'arrosa de sirop d'érable puis le couvrit de chantilly. Il allait attaqué quand il écarquilla les yeux, effaré.

Oh mon dieu, j'ai oublié le chocolat !!

Il leva la tête vers Lou, comme s'il avait commis le crime du siècle. Vite, il fonça vers le frigo et attrapa le tube de sauce chocolat, pour ensuite revenir et sa place et en verser sur son pancake. Voilà, là il pouvait manger ! Le seul problème, avec Andrew, c'était que, autant il savait cuisiner, autant il ne savait pas manger. Enfin, si ... mais même un petit garçon de six ans mangeait mieux que lui. Il attaqua sa première bouchée, et sentit qu'il avait déjà de la chantilly tout autour de la bouche. Tant pis, Lou aurait droit au spectacle. Essuyer sa bouche avec sa serviette et gâcher toute cette chantilly, c'était un crime passible de peine de mort ! Non, il devait d'abord manger ce qu'il avait dans la bouche, puis se lécher les babines. Tant pis si son sex appeal frôlait désormais les pâquerettes.

Bien sur qu'il avait dû lui faire une nouvelle remarque sur sa tenue. Elle soupira, elle savait bien qu'elle n'allait jamais le changer -et encore heureux- mais cette taquinerie là n'était pas très utile. Surtout qu'elle voulait vraiment se changer, ça devait limite une obsession dans sa tête. Alors elle ne répondit rien, de toute façon son autre obsession était de manger et celle-là allait se réaliser. Pour le coup Andrew n'avait pas fait les choses à moitié. Ça devait vraiment lui plaire, Lou trouvait que c'était un peu bizarre, cuisiner lui avait toujours pris la tête, même faire de la pâtisserie. Bizarre certes, mais très très plaisant. Elle prit donc place devant une assiette que le jeune homme avait installé pour elle, alors qu'il venait tout juste de terminer ses pancackes. Il lui versa un verre de jus d'orange dont elle s'empressa de boire une petite gorgée. Lui aussi était installé, et veillait bien à ce qu'il ne manque rien. Elle pourrait très vite se faire à cette façon de vivre... Reste à savoir si en fait Andrew ne faisait ça qu'exceptionnellement ou s'il voudrait bien lui préparer des petits-déjeuners un peu plus souvent.

« Mais c'est parfait tout ça. Tu as des talents cachés. Bon à savoir. » dit-elle en souriant. « Et bon appétit à toi aussi. »

C'était vraiment la première fois qu'elle avait le droit à tout ça. Elle était donc un peu émerveillée, et oui. Une chose était sûre, elle allait en profiter, car si jamais cette chance là ne se représentait jamais elle voulait au moins en garder un bon souvenir. Pensant qu'il allait la servir, elle attendit donc qu'il fasse quelque chose. Lorsqu'il prit un pancacke et le mit dans sa propre assiette Lou arqua un sourcil. Elle n'allait pas se formaliser pour si peu, enfin, elle n'allait pas lui faire la remarque parce qu'il venait déjà de préparer tout ça, mais là un mauvais point pour lui. Il aurait pu lui mettre dans son assiette. Enfin, elle se servit donc elle même, impatiente de goûter. Elle savait déjà qu'il ne blaguait pas avec la cuisine, mais est-ce que ses pancakes étaient à la hauteur de ses cupcakes ? Bien qu'il lui ait conseillé de ne pas trop forcer sur le sirop d'érable, elle n'allait pas pouvoir s'en empêcher. C'était l'un de ses péché mignon, alors elle mit la dose même si trop finirait forcément pas l'écœurer. Alors qu'elle allait avaler sa première bouchée, Andrew s'exclama qu'il avait oublié le chocolat. Observant déjà ce qu'il avait mis sur son petit-déjeuner Lou fut un peu surprise. Il allait vraiment manger tout ça ?

« Tu... mélanges tout ? »

A peine eut-elle le temps de poser ces questions qu'il avait déjà fait l'allée retour éclair de son frigo vers la table afin de renverser un peu de chocolat sur son pancake. Enfin, elle put attaquer elle aussi. Voilà, elle pouvait désormais rajouter à sa liste qu'Andrew allait lui faire prendre au moins dix kilos parce qu'il cuisinait trop bien. Quand elle disait qu'il était chiant, elle avait particulièrement raison. Alors qu'elle leva la tête vers lui pour le complimenter sur sa cuisine, elle ne put s'empêcher de remarquer la manière spéciale qu'il avait de manger. Il ressemblait un peu à trop à Jérémy pour le coup. Elle avait bien vu qu'il avait de toute façon des problèmes pour manger correctement hier soir quand il s'était mis de la crème sur le bout du nez... Mais là... Elle essaya de garder son sérieux, en fait elle s'en fichait pas mal, c'était juste drôle. Une fille n'aurait jamais fait ça, une fille ça s'appliquait quand elle mangeait, en particulier avec son copain, du moins dans les débuts, histoire de ne pas passer pour une sans gêne, alors forcément le voir si je m'en foutiste... la faisait sourire.

« Te regarder manger est un véritable plaisir !  » dit-elle pour le taquiner. « En plus je reconnais que tes pancakes sont vachement bons. Rappelle moi de ne jamais rien te préparer à manger. »

Elle haussa les sourcils et continua à manger. Sa mère avait voulu l'inciter à la cuisine, mais c'était une véritable catastrophe. Elle faisait toujours tout cuire trop longtemps, oubliait un truc, mettait trop de trucs, enfin, disons que la cuisine n'était pas faite pour elle. Qu'elle le soit pour Andrew n'était peut-être pas une coïncidence alors !

Lou semblait perplexe en le voyant ensevelir son pancake sous une tonne de nourriture. Il avait toujours fait ainsi, jugeant qu'il était mieux de manger un pancake sirop d'érable-chantilly-chocolat, plutôt qu'un pancake au sirop d'érable, puis un autre pancake à la chantilly, puis un autre pancake au chocolat. C'était une stratégie diététique purement réfléchie. Mais elle ne semblait pas plaire à la jeune fille.

Ben non je ne mélange pas tout, je me fais juste un petit déjeuner complet pour être en forme.

Il haussa les épaules, comme si ce qu'il disait coulait de source. Enfin, elle avait le temps pour s’accommoder à ses quelques habitudes particulières. Habitudes qui semblaient, en fait, être plus nombreuses que prévues. Quelques minutes après, ce fut sa façon de manger qui fut placée sous le feu des projecteurs. Andrew réprima un soupir, se demandant s'il pourrait manger tranquillement. Il le savait, qu'il mangeait comme un petit cochon, on lui disait souvent. Mais d'habitude, il s'en fichait. Que Lou ait un spectacle peu laborieux le gênait tout à coup. Seulement il ne pouvait rien y faire, il ne savait pas manger correctement, ce n'était pas dans ses gênes, c'était mal passé à l'impression. Il était le seul de la famille, d'ailleurs, comme le vilain petit canard. Alors, il préféra en rire, même s'il avait un peu honte, sur le coup.

Oh je peux faire encore mieux tu sais ... Il prit une nouvelle bouchée puis leva la tête vers elle, et lui parla en mâchant, la bouche grande ouverte, donc. Che peux te pôrler cômme cha auchi. Il finit ce qu'il avait dans la bouche avant de poursuivre. Finalement, ce n'était pas si pratique. Et tu n'as qu'à regarder mes pancakes au lieu de me regarder moi, s'ils sont si bons !

En tout cas, il était content de marquer un point avec la cuisine. Il ne devait probablement pas cuisiner aussi bien, l'autre gigolo ! Mais il se garda bien de faire la remarque, ne voulant aborder le sujet qui fâche. Ou plutôt, l'un des nombreux sujets qui fâche. Andrew secoua vite la tête, il ne voulait pas y penser. Le petit déjeuner était un moment sacré pour lui et il s'apprêtait à le gâcher. Il finit donc son pancake, et le suivant qu'il prit, en forçant le gigolo à rester hors de son esprit, non mais ! Quand ils eurent fini, Lou aida gracieusement le jeune homme à tout ranger. Il faillit lui proposer de faire la vaisselle, afin de le remercier, mais il jugea avoir dépassé son quota de railleries pour la journée. Et puis, si Juliet rentrait à ce moment là et les surprenait, elle risquerait de lui poser des questions par la suite. Même s'il ne racontait pas tout à sa soeur - il préférait largement se confier à Milou, qui était d'ailleurs passé quelques minutes auparavant pour réclamer sa part du petit déjeuner - elle avait quand même un minimum de jugeote, et aurait des soupçons quant à la présence de l'ex de son meilleur ami dans leur cuisine. Une fois que la cuisine fut fin propre, vint le moment tant redouté de l'au revoir. Andrew ne savait pas comment réagir : lui faire la bise, la prendre dans ses bras, la plaquer contre le mur pour l'embrasser fougueusement et lui proposer un petit tennis matinal avant son départ ? A force de taire les choses, de ne pas mettre un nom sur leur relation innommable, ils se retrouvaient bien embêté. Enfin, Andrew l'était, en tout cas, mais il ne savait ce qui se tramait dans l'esprit de la jeune fille à ce moment là. Alors, Andrew préféra rester neutre et simple, il tendit sa main à Lou. Après tout, une poignée de mains, c'était bien plus sécurisé. Peu de contact, moins de risques de tentations.

Alors euh ... à la prochaine ? Je t'appelle si un soir je me sens seul, c'est ça ?

Il se mordit les lèvres mais ne sut garder son sérieux et pouffa légèrement. Il était con. A la place de Lou, il se serait même mis une petite claque toute gentille mais bien méritée.

Quel spectacle il lui faisait-là. Presque aussi surprenant que sa danse d'hier soir. Excepté qu'elle préférait quand même le voir danser, que le voir manger. Quand elle lui fit la remarque il en rajouta une couche, bien évidemment. Mais il marquait un point, elle n'était pas obligé de le regarder. Après tout il était chez lui, et avait bien le droit de faire ce qu'il voulait. Elle décida donc de l'écouter, pour une fois. Elle termina donc de manger ce qu'elle avait dans son assiette, résistant à son envie de lui poser une foule de questions. Elle avait envie de savoir d'où lui était venu cette 'passion' pour la cuisine, si c'était ses parents qui lui avaient appris, ou encore sa sœur, et puis d'ailleurs où était sa sœur ? Qu'est-ce qu'ils allaient lui dire si elle faisait son apparition soudaine ? Allait-elle en parler autour d'elle ? Bref, dans sa tête ça allait encore plus loin. Elle secoua la tête, essayant par la même occasion de chasser toutes ses interrogations. Une fois qu'ils eurent terminé, ils rangèrent la cuisine d'Andrew tous les deux. Voilà, si ça ce n'était pas du travail d'équipe. Lou s'appliquait à la tâche car elle savait que ça serait les deniers moments qu'elle allait passer avec Andrew, les derniers moments dans leur petite bulle. Dès qu'elle aurait franchi cette porte, c'était fini. Du moins elle ne savait pas trop ce qui les attendait. Ils n'avaient pas vraiment défini ce qu'ils étaient désormais l'un pour l'autre. Si ce qu'ils voulaient était clair, ce n'était pourtant pas fait. Lou savait bien qu'elle avait encore des choses à régler et que sûrement Andrew aussi. Même si Lou avait été célibataire, ils n'auraient pu s'afficher comme marchant main dans la main. Et pour cause Christian n'aurait pas apprécié. Il fallait peut-être qu'ils en parlent tous les deux avant. Cependant Lou n'avait pas encore osé prononcé son prénom, puisque après tout qui était-elle pour donner des conseils à Andrew. S'il avait voulu de son aide il lui aurait demandé. Il devait savoir comment gérer ça.

Elle récupéra toutes ses affaires qu'elle avait laissé dans le salon et se dirigea vers la porte, se demandant déjà comment elle allait dire au revoir à Andrew. Elle n'eut pas très longtemps le soin d'y réfléchir puisqu'il lui tendait sa main, lui lançant une autre de ses fameuses plaisanteries. Elle le regarda, soupirant.

« Ah parce que je t'ai laissé mon numéro, merde alors ! » dit-elle ironiquement. « Et puis c'est quoi cette main, t'es pas sérieux. »

Elle roula des yeux, très franchement elle finissait pas ne plus savoir sur quel pied danser. C'était compliqué tout ça, vivement que ça aille mieux car elle avait déjà mal à la tête. Elle savait où elle voulait aller. Elle décida donc de prendre Andrew dans ses bras et de déposer un baiser sur sa joue. Ça restait sage, mais c'était mieux qu'une poignée de main.

« Si tu ne me rappelles pas très vite, fais attention car je sais où tu habites. »

Lui lança-t-elle mi sérieuse, mi très sérieuse. Elle ne savait définitivement pas où cela allait les mener, mais en tout cas, tout était bien différent maintenant. Elle ouvrit ensuite la porte de la maison. Saluant une dernière fois Andrew d'un signe de main, Lou traversa la rue, chercha ses clés dans son sac, ouvrit la porte le plus doucement possible, la referma avec autant de soin, monta les escaliers aussi avec prudence, et arriva enfin dans sa chambre. Elle se jeta sur son lit, pensive. Le plus dur restait à faire, en fait.