Je marchai dans la rue. Mon chauffeur m'avait déposé plus haut, je ne tenais pas à me faire remarquer alors que j'étais aussi en retard. C'est donc dans le froid à demi hivernale que je remontais la rue pour atterrir devant la belle villa de quartier. La musique raisonnait dans l'air. Une sacrée fiesta dis donc. Je remontais les marches vers la porte d'entrée. Je n'étais jamais vraiment en avance, voir ponctuel pour aller fêter le soir, préférant me ramener quand il y avait déjà une certaine ambiance. Seulement là, la fête avait commencé il y a deux heures. La limite à partir de laquelle ça commençait à faire tâche de venir. Enfin, j'avais toujours l'excuse de venir de loin. Je toquai à la porte pour la forme, me doutant que de toute façon personne ne m'entendrait avec la musique. Comme convenu personne ne vient m'ouvrir. Je m’invitai donc seul à entrer et allai tout bonnement déposer mes affaires avec celles des autres. Je me glissais ensuite dans la pièce principale attrapant un verre à moitié rempli avant de me diriger vers Emilie.

Emilie était une de mes ex avec laquelle j'étais resté en contact. La belle m'avait invité à l'anniversaire de son frère - que je ne connaissais pas - ce que j'avais rapidement accepté, connaissant l'esprit festif de la jeune femme qui ne pouvait être que de famille.

Je surpris donc la jolie blonde en l’étreignant au niveau de la taille avant de déposer un bisou sur sa joue. Son sourire ne tarda pas à apparaître alors qu'elle prononçait mon prénom dans un souffle. J'avais dû lui manquer sans doute. Enfin, je lui demandais comment elle allait avant de dériver sur son frère à qui je n'avais pas encore eu la joie de souhaiter son anniversaire. La jeune belle tout sourire me prit joyeusement la main, ne perdant pas une seconde pour m'emmener faire les présentations.
Le fameux grand-frère, aussi souriant que sa sœur pris congé de son cercle d'ami pour venir me taper la discute, moitié protecteur, moitié déconneur. Ça commençait bien, au bout de 10 minutes je risquais de ne plus savoir sur quel pied danser. Enfin, je finis par boire quelque gorgée du gobelet que j'avais attrapé en arrivant: Jet 27 avec un arrière-goût. Il devait y avoir une cinquantaine de personne ici, mais je ne craignais pas le LSD. Le mec nous fit alors approcher son groupe d'amis nous collant deux verres entres les mains pour trinquer. La soirée s'annonçait sympa.

Gentiment Jay avait accepté de venir à une soirée qu'organisait un ami pour son anniversaire. A vrai dire il avait la flemme mais rester chez lui à ne rien faire n''était pas non plus très passionnant. Alors le chanteur avait rangé de côté sa flemme et avait prit sa voiture, direction la ville d'à côté. Il ne savait plus trop où est ce qu'il avait connu Luke mais bon, ça devait être à une autre soirée sans doute. Tout ce qu'il savait c'était qu'il avait une soeur, Emilie assez mignonne et sa maison n'était pas à plaindre.
Comme d'habitude Jay était arrivé pile à l'heure, remonté comme une pendule. Il valait mieux que de venir trois heures après même si l'ambiance était pas pareil. De toute façon vu son état il préférait suivre l'évolution de la soirée. Une fois à l'intérieur il alla poser ses affaires et son cadeau avec les autres. Venir les mains vides à un anniversaire c'était pas très bien vu même si ce n'était pas grand chose.
Jay alla ensuite saluer Emilie et les personnes déjà présentes. Certaines le connaissaient déjà l'ayant vu jouer au bar avec son groupe ou bien juste sur ce satané site à ragots, enfin à moitié des ragots.

Deux heures plus tard l'ambiance avait explosé et les personnes présentes aussi. Ainsi que l'alcool qu'avait bu le chanteur. Il avait cessé de compter au bout d'un moment parce que de toute façon c'était même pas lui qui se servait tout seul mais quelqu'un trouvait le moyen de lui fourrer un verre dans les mains...Jay avait bien envie d'aller s'allonger un peu. Il chercha Luke du regard et le trouva en compagnie de sa soeur et de ses potes. le chanteur se dirigea vers le petit groupe.

- Hey Luke...!

- Tiens Jay tu tombes bien !

Ah bon...? Il lui présenta alors un type qui lui disait vaguement quelque chose, dans le noir ce n'était pas très pratique de retrouver si il le connaissait ou pas. C'est lorsqu’un néon vint les éclairer que Jay reconnut Holden et faillit en lâcher son verre de surprise.

- Oh mais je le connais...il est même amoureux de moi !

Pourquoi est ce qu'il avait dit ça ? Les autres le regardaient avec des yeux ronds ou bien des haussements de sourcils.

- Enfin non pas lui sa soeur ! Enfin Holden et moi on est pote, y'a rien de...bref je crois que je suis un peu pompette

Un des mecs répliqua que ce n'était pas qu'un peu en riant suivit des autres. C'est bien Jay a récupérer la situation maintenant il fallait qu'il arrête de fixer Holden comme si il allait le bouffer.

Le prénommé Luke me présentait donc ces camarades plus ou moins biens (dans tous les sens du terme) mes futurs camarades de soirée. J'évaluai donc peu à peu avec qui j'étais susceptible de passer une partie de ma soirée quand j'entendis sa voix reconnaissable entre mille interpeller le frère Luke. La confirmation tomba comme une sentence alors que ce dernier prononçait son prénom: Jay. Une grande farce. Je restais incapable de prononcer le moindre mot tandis que Luke nous présentait. Non mais qu'est-ce qu'il foutait là? Comment je pouvais tomber sur lui à autant de bornes de chez nous??? J'avais depuis plusieurs mois déserté les clubs que nous fréquentions ensemble pour ne pas tomber sur lui. Alors pourquoi? Pourquoi je tombais sur lui ici?? Je tentai de me calmer, me disant que tout irait bien, que la situation ne pouvait de toute façon pas être pire. Je me trompais. L'animal enfiévré et bourré qui se trouvait devant moi semblait en réalité se trouver à des millions d'années lumières. Un éclair insoupçonné vient cependant éclairer ses yeux bleus (qui me faisaient toujours autant fondre). Il ouvrit sa bouche finissant de me tuer:

- Oh mais je le connais...il est même amoureux de moi !

Je ne m'attendais pas à cela. Et d'ailleurs je n'aurai jamais cru que Jay était capable de dire de telles énormités. L'air me manqua instantanément, j'allais m'effondrer incontestablement d'une seconde à l'autre. Par miracle, (si on peut dire ainsi...) Jay sembla comprendre (avec un train de retard) qu'il avait grave merdé. Il se rattrapa alors tant bien que mal corrigeant que c'était non moi mais ma sœur dont il s'agissait en réalité. Mon dieu, c'était mieux que rien si on oubliait qu'Emilie savait que je n'avais pas de sœur. Eh merde. J'allais devoir agir rapidement.
Je m'avançais donc vers mon ami 'pompette' lui tapotant gentiment l'épaule d'un air complice. Oui, le fuir aurait conforté les gens dans la véracité de la première version alors que la proximité prouverait que oui il avait fait un terrible et regrettable lapsus. Je le gratifiais d'un sourire très amusé et très amical avant de lui dire sur le ton de la plaisanterie:

"Ah la la, Jay, tu sais bien que tu dois m'attendre avant de commencer à boire, que dirai ma sœur si elle savait que tu me draguais à sa place?"

Je serrai une seconde son épaule tout en me détournant vers Luke. A présent il fallait que je m'occupe d'Emilie qui savait que je n'avais pas de sœur. Qu'elle galère. Je demandais donc au frère:

"En parlant de sœur, je me ferai un plaisir d'emmener la tienne danser, j'adore vraiment cette musique, ce serait bête de passer à côté de ça!"

J'attendais qu'il accepte pour la forme, mais celui-ci préféra vanner sa sœur sur ses qualités de danseuse avant. Je risquai donc un coup d’œil à Jay. Je n'aurais pas dû. En croisant son regard, je vis de un qu'il me fixait, et de deux que sa manière de me fixer n'avait rien de chaste. Je sentais la catastrophe venir. Je pris donc la main d'Emilie, totalement troublé avant de l'entraîner avec moi sur la piste sous les sifflements goguenard de son super frangin. Une seule chose flottait à mes yeux alors que la jeune femme se déhanchait contre moi: l'expression de Jay, qu'est-ce ça voulait dire au juste?

Non mais pourquoi est ce qu'il avait dit ce mot ? "Pompette", quelle idée ! Ca faisait méga féminin comme expression...En fait en y pensant Jay avait toujours utilisé ce mot, à cause d'elle. Parce que celui de "bourré" ne lui convenait pas, elle trouvait ça trop péjoratif et avait convaincu le chanteur d'employer pompette à la place. Dès lors ce fameux mot était entré dans son vocabulaire et le sortait sans réfléchir. En espérant que les gens pensent pas qu'il était gay, ou devenu gay dans une totale reconversion de lui même.

Bref, Holden pour son grand soulagement ne prit pas le choix de faire genre " mec je ne te connais pas" et entra dans son jeu au sujet de sa sœur, que bien sur le blondinet n'avait pas. Holden changea de sujet en demandant la permission à Luke de pouvoir danser avec Emilie et vue le regard de cette dernière ça semblait la rendre heureuse de pouvoir partager une danse avec le blondinet. Etait ce une des conquêtes de son ami ? Bah ce n'était pas ses affaires.

Holden fila donc sur la piste avec sa partenaire sous les yeux de Jay qui n'arrivait pas à dévier son regard. Sa prise sur son verre s'était raffermit et heureusement que son hôte s'intéressa à lui ou plutôt s’inquiétait sur ton teint pâle. Ouais les effets secondaires de ces tout nouveaux médicaments avaient mauvais effet sur sa couleur de peau.

- Ca va t'inquiètes...je vais aller me rafraichir un peu

Au moins comme ça Holden ne serait plus dans son champ de vision. Le chanteur exécuta ses bonnes paroles et alla donc à la recherche de la salle de bain, slalomant entre les gens. Une fois arrivé il fut quand même chanceux de ne pas tomber sur un couple en train de copuler dans la baignoire comme il arrivait souvent dans les soirées. Jay passa de l'eau froide sur son visage et se regarda dans le miroir qui lui renvoyait sa face blanche comme un cachet d'aspirine.

- Alala j'ai loupé Halloween...Allez mec reprend toi, c'est un ami, et les amis on a pas envie de leur sauter dessus...!

Après s'être assuré de sa motivation le chanteur retourna à la fête et à peine deux minutes passés on lui mettait encore un verre dans les mains après avoir échangés deux trois phrases. Ils allaient le rendre alcoolique à la fin...Jay soupira et but cul sec grimaçant sous le goût amer du liquide. Berk. Bon il était passé où son pote ?

En piste! La musique battait à mes oreilles et pour l'instant je ne m’amusais toujours pas. Dans l'état actuel des choses, je crois bien que ma relation avec Jay n'avait jamais pu être aussi pire. J'avais accepté de revenir avec lui vers une amitié factice par dépit. Ça ne me plaisait vraiment pas. J'avais l'impression d'être contraint vis à vis de lui. Et rien d'autre que ce sentiment ne mettait plus désagréable. C'était bien la chose que je pouvais supporter: être contraint. Enfin. Nous étions donc revenus à un pseudo schéma d'amitié. Je n'avais donc pas le droit de tirer la tronche parce que nous nous retrouvions à la même fête, totalement par hasard, a des centaines de bornes de chez nous. La situation n'avait rien de spécial, nous étions amis et nous nous retrouvions juste en soirée.
Mais alors bordel pourquoi m'avait-il regardé comme ça???? Il m'avait jeté maintes et maintes fois!! Pourquoi m'avait-il regardé comme si j'avais été une sucrerie?? Trop! Stop! Cela suffisait à présent! J'avais décidé de ne plus me laissé embobiner, ne plus me laisser porter au grès de sa bonne volonté à mon égard! Je ne devais plus penser à ça! Même si son regard avait été équivoque... Non! Définitivement non! Et de toute façon il y avait plus urgent dans la situation actuelle. Je devais trouvais une excuse vis à vis d'Emilie pour cette histoire alambiquée de sœur que je ne possédais pas.
Je reportais donc tant bien que mal mon attention sur la jeune femme qui, de par ses déhanchements contre moi, me facilita bien la tâche. Je lui glissais quelques mots suggestifs à l'oreille, histoire de porter son intérêt sur cela et non le précédent incident. Bien, quelle excuse allais-je bien pouvoir inventer cette fois? Reprenons, un mec 'pompette' (le mot avait une importance capitale) débarque et dis que son ex (moi) est amoureux de lui. Bingo! Je venais de trouver la parade parfaite contre laquelle personne ne pourrait rien! Je glissais donc ma main dans celle d'Emilie avant de l'entraîner vers leur minibar. Je la fis s'asseoir sur une des chaises surélevée et gardait sa main dans la mienne, la tête baissée. Cela allait être chiant ensuite mais qu'importe. Quitte à tous les baratiner autant que ce soit crédible. Je relevai la tête, scrutant ses traits avec les yeux les plus purs et innocents, avant de lui dire sur un ton timide mais résolu:

"Écoute Emilie, pour tout à l'heure, l'histoire avec ma sœur... Je peux tout t'expliquer. Tu as dû remarquer que je connaissais bien Jay, en fait… C'est un de mes meilleurs amis. Il vit dans mon quartier alors nous nous sommes rapidement rendu compte que nous venions ce soir ici. Je lui ai donc demandé un service en sachant ça. C'est pour ça que j'ai attendu deux heures avant de venir à mon tour. Il ne fallait que tous pensent que l'on se retrouvait comme par hasard ici, parce que... Il devait dire quelque chose en nous voyant, comme il l'a fait justement. Seulement il a trop abusé de l'alcool alors ce que je voulais qu'il dise a été complètement embrouillé. Mais le contenu y était: sœur, amoureux, moi. Emilie. Ce que je voulais qu'il dise à la sœur de son ami, c'était que... je suis amoureux d'elle."

La boucle était bouclée. Chaque élément avait était replacé et un nouveau puzzle prenait forme. J'étais vraiment le roi des baratineurs. Pour un souci de crédibilité, je m'avançais soudainement vers elle pour l'embrasser. Tout le monde aimait ma manière embrassé, c'était un fait établi. Enfin, le mieux pour moi à cet instant était tout de même de me faire rembarrer. Je priai très fort pour qu'elle le fasse alors que je reculai mon visage. Des larmes roulèrent sur ses joues. What? Je ne tardai pas à savoir:

"Holden, mon dieu... Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt?? Je... Très peu le savent encore mais je vais me fiancer... Je n'ai rien dit ce soir parce que je voulais m'amuser une dernière fois. Je... Je vais rompre mes fiançailles! Pour toi, je le ferai!"

S'il y avait bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas c'était celle-là! Enfin ma prière avait été exaucé je ne pouvais la laisser continuer. Je l'attrapai donc par les bras lui rétorquant vivement:

"Non Emilie! Ne fais pas ça! Jamais je ne pourrais me pardonner de briser un mariage, des fiançailles ou même un couple! Même si je t'aime! Je ne peux pas accepter une telle chose... Pardon de t'avoir dit tout ça, adieu..."

Je vidai un verre du comptoir cul-sec pour ajouter au dramatique avant de m’éclipser telle un ange déchu. Bon ce n’est pas tout ça, mais je n'étais pas venu pour des prunes moi! Je me glissais alors à la table, rejoignant la bande à Luke pour m'invitais à un concours de boissons. Luke me fit un clin d'œil (s'il savait le pauvre) avant de me lancer:

"Il parait que t'as une bonne descente! Je te propose un duel de vodka, le premier qui renverse une goutte vomit ou s'effondre a perdu!"

Je souris nous passions enfin aux choses intéressantes, et j'avais bien besoin de noyé mon chagrin d'amour'. Je surenchérissais donc avec un grand sourire:

"Tu t'es bien renseigné je relève le défi!"

Un sourire complice, les autres commençaient déjà à nous servir les shooter.

Jay cherchait parmi la foule Holden qui n'était plus au même endroit que tout à l'heure. Soit ils avaient arrêtés de danser soit ça a finit en galipettes. Rien que d'y penser le chanteur avait envie de vomir mais il se retint, parce que c'était pas très classe de salir le sol devant tous ce monde, et puis ce n'était qu'une impression.
Alors que Jay allait monter là haut pour voir son regard tomba sur Holden et Emilie, ou plutôt le blondinet en train d'embrasser la sœur de son pote qui était en larmes. Qu'est ce qu'il lui avait donc dit ? Ca l'amusait de briser les cœurs ? En tout les cas Jay ne savait pas quoi faire et son ami avait filer laissant la pauvre toute seule. Mollement le chanteur alla la rejoindre posant ses fesses sur le tabouret d'à côté. Un silence se fit puis elle lui avoua que Holden lui avait tout raconté. Au début le jeune homme crut que le blondinet lui avait dit la vérité et commença à stresser mais fut soulagé par la suite. Le blondinet s'était envenimé dans un gros mensonge méga dure pour Emilie qui n'aurait pas hésité à rompre pour aller avec lui.

- Reste avec ton fiancé, Holden est une vraie girouette sentimentale

Lança t-il tout en se versant un alcool dans son verre pour le boire. Il lui tapota ensuite gentiment l'épaule en compassion, après tout il comprenait sa douleur puis se leva la laissant dans ses réflexions. Elle le remerciera un jour.

Jay fit le tour de la pièce et trouva Holden en compagnie de Luke en train de faire un concours de boisson. Ca lui rappela ses occupations avec Heath au bar. Est ce que son ami tenait bien l'alcool ? Le chanteur s'approcha et les regarda descendre l'alcool un à un. Une silhouette se dessina à ses côtés et sans comprendre ce qui arrivait il sentit des lèvres se presser contre les siennes, et pas que ça.

- Euh...

L'alcool m'étant du temps à remettre les informations en place Jay eut du mal à reconnaître dans la seconde la visage de celle qu'il avait laissé un peu plus tôt. Soit une Emilie qui avait décidé de se venger d'une bien méchante façon

Le duel venait de commencer. Luke semblait remonté à bloc, l’œil flamboyant, le sourire en coin. Il me regardait droit dans les yeux à chaque verre qu’il vidait. Un adversaire coriace c’était certain. Cependant je l’étais tout autant. Surtout que j’avais eu un sacré entrainement. A force d’avoir écumé tous ces bars. Une question me vint alors à l’esprit. N’étais-je pas alcoolique ? C’est vrai, dès que tout allait mal je me noyais dans l’alcool et les femmes ou les hommes peu importe. Mais quand j’allais bien, je faisais la fête à outrance, et… ben ça ne changeai rien toujours la même débauche. Quoi que l’état d’esprit était différent. C’était surement ça qui comptait. Et puis, un alcoolique ne penserait jamais être alcoolique, donc j’étais juste un hédoniste tout compte fait.
Bref. Je chassai ces réflexions inutiles pour me reporter sur notre combat de titan. Un verre, puis un autre. L’alcool glissait le long de ma gorge aussi facilement qu’une vague se lance vers la plage. Je ne perdrai pas. Je lançai un sourire à Luke, lui faisant comprendre que c’était perdu d’avance pour lui. Ce à quoi il me répondit par un autre sourire. Apparemment j’avais trouvé quelqu’un de ma trempe. Autour, tous continuaient de chanter, danser, crier et de nous encourager. A combien de shooter en étions nous au juste ? Je n’avais pas compté mais je commençais à sentir l’emprise de l’alcool coulant dans mes veines. Je clignai des yeux et vidai le verre suivant. Cela commençait à faire beaucoup. Je coulai un regard vers Luke. Il semblait aller encore au mieux. Nan… Il n’allait tout de même pas gagner. Je serrai les doigts de ma main libre, me forçant à rester concentré et conscient. Je l’observais encore, il vidait au même rythme que moi, mais son sourire à lui ne s’estompait pas d’un poil. J’attrapais le shoot suivant avec moins de force que les précédents. Inconsciemment ma main refusait de me faire boire une goutte de plus. Je me fit violence et porter le verre à ma bouche, le visant avant de le claquer sur la table. Autour un tamtam incessant. Tous restaient attentifs sentant la fin du duel approcher. Je ne pouvais pas perdre, certainement pas.
Un détail attira alors mon attention. Emilie et Jay, serré l’un contre l’autre en train de s’embrasser. Elle se remettait vite décidemment, je plaignais bien son pauvre fiancé. Et Jay. Mon sourire s’effaça totalement. La foule se referma autour de la table finissant de me masquer le spectacle. Bon et bien puisque lui s’amusait et se trouvait apparemment entre de bonnes mains, je n’avais plus de raison de me soucier de lui, je pouvais me mettre définitivement bien, son état d’ébriété était à présent encadré.
De rage je vidai un nouveau verre. Je détestais perdre plus que tout. Le voir ainsi ne faisait que me rappeler que je l’avais lui perdu. Hors de question que je perdre autre chose ce soir. Le brouhahaha s’accentuait alors que je vidai un nouveau shoot. Devant le nombre vidé, un de nos arbitres (qui s’était auto-désigné arbitre) décida d’ajouter à la difficulté. Puisque trop d’alcool donnait envie de vomir un des trucs qui conduisait à la défaite à ce jeu. Avec chaque verre un chocolat à la liqueur à avaler. Alléluia ! Du sucre. J’allais me refaire. Mon visage s’illumina. Je ne perdrais plus. Plus jamais. Lui c’était amplement suffisant pour une seule vie. Nouveau shoot suivit d’un mon chéri. Le pied ! Je reprenais des couleurs sous l’œil dubitatif de Luke. Je le couvais d’un sourire triomphant. Amusé ? Oui. Cependant il n’eut pas l’air de se démonter. Le sucre me remontant, nous enfilions sans ciller plusieurs nouveaux shoots. Eh oui, ce cher arbitre m’avait redonné la pèche ! Il fallait que je songe à le remercier.
Quelques minutes plus tard, les paris commencèrent à se faire plus ardents et il n’y avait plus de chocolat. Zut. Je commençais à ressentir le poids plus oppressant qu’avant. Luke aussi commençait à s’essouffler. Mais il tenait bon le bougre, ne perdant pas le contact visuel. A quoi rimait au juste ce combat pour lui? Moi je me savais d'une nature incapable de refuser le moindre défi. Était-ce pareil pour lui ? Va savoir. Je me posais ces questions essayant de garder un minimum de concentration. Ma main commença à trembler. C’était épuisant d’ingurgiter tout cela. Je serrai plus fort le verre, ne voulant pas montrer de signe de faiblesse et me forçant ainsi à le porter à ma bouche. Ma vision se voila alors, j’atteignais ma limite. Cela faisait longtemps que je n’avais plus ressenti ça. Je clignai plusieurs des yeux. Mais mon champ était toujours aussi trouble. J’enfonçai profondément mes ongles dans ma paume libre, essayant de me ramener à un état un peu plus clair. La douleur me réveilla. Je vidai un autre verre, les enfonçant plus dans ma chair. Je ne tiendrais plus longtemps. Luke semblait en mauvaise posture. Je savais au fond cependant que c’était pire de mon côté. Nan je ne pouvais pas perdre. On nous resservit. Luke vida son verre. Moi non, je le tenais dans ma main tremblante, je n’en pouvais plus. Mais bordel je ne pouvais pas perdre. Déjà Jay, c’était pire que tout. Je ne voulais plus jamais rien perdre de cette façon. Mes supporters me criaient de le boire. Je restais immobile, sourd à leur prière. Ma tête allait exploser. Je levais finalement le verre à bout de force, l’image de Jay flottant devant moi. Si je gagnais ce combat, je pourrais réussir à le récupérer. Je bus le verre cul sec, le reposant avec fracas sur la table. Je vacillai, mais je ne voulais pas perdre. Jay. Mes yeux se refermèrent tandis que je m’effondrais sur la table. Des hurlements de joie raisonnèrent ainsi que des huées alors que Luke se redressait en vainqueur, poussant un cri de victoire. J’avais perdu.

L'incompréhension totale pouvait se lire sur le visage de Jay lorsque Emilie avait embrassé ce dernier. Si elle s’attendait à ce qu'il réponde à ses avances la demoiselle se trompait lourdement. Il ne faisait plus partie de ce genre là et encore mois quand c'était la soeur d'un pote, le jour de son anniversaire en prime. Certes le chanteur avait bu mais avait quand même l'esprit assez clair pour la repousser doucement mais sèchement. D'un regard il lui fait clairement comprendre qu'elle n'avait aucune chance et sans même s'excuser de son comportement Emilie s'éclipsa dans la foule. Non mais qu'est ce qu'ils avaient tous en ce moment ?

Jay reporta son attention sur le défi où les gens s'étaient bien regroupés autour. Heureusement que le chanteur n'était pas un nain de jardin. La bataille était rude entre les deux mais Luke avait l'air d'aller bien comparé à Holden qui n'arrivait même plus à avaler quoique se soit. Jay aurait voulu intervenir pour l'empêcher de faire une connerie mais il était trop loin et le bruit, la musique couvrait sa voix fatigué par l'alcool. Les minutes passèrent et les verres aussi puis Holden s'effondra sur la table. Luke leva les bras en signe de victoire alors que ses potes le félicitaient et ceux qui avaient pariés sur le blondinet faisait la tronche. Ils finirent quand même par s'inquiéter pour le perdant et l'hôte de la soirée leur suggéra de l'emmener dans une chambre là haut.

- Je m'en occupe !

C'était sortie automatiquement et les autres furent soulagés de ne pas avoir à s'occuper d'un mec ivre. Tous les mêmes. Heureusement que Jay tenait un minimum la boisson. Il sortit ses muscles et souleva Holden dans ses bras pour le porter comme une princesse, parce que ça m'étonnerait que son ami puisse marcher.
Le chanteur se dirigea donc vers l'escalier et monta à l'étage avant d'ouvrir une porte tant bien que mal. Il chassa sans aucune gêne les deux tourtereaux qui avaient élus domicile sur le lit et allongea Holden dessus doucement. Soupirant, il posa ses fesses sur le lit près de son ami.

- Quelle idée de s'être mit dans un état pareil...

Doucement Jay remit une mèche blonde à sa place.

J’avais perdu. Voilà tout ce qui flottait dans mon esprit. Ce sentiment intense est anéantissant. De vagues bruits me parvenaient néanmoins, altérés, comme si mes tympans venaient d’être exposés à un bruit d’explosion ou même comme si je me trouvais dans une espèce de cocon hermétique m’éloignant du mon extérieur. Autre que les bruits, certaines sensations glissaient sur moi, le froid intense sur ma joue droite, une chaleur fourmillante, agaçante, sur le reste du corps. Je détestais cet endroit. Je tentai dans bouger mais à la première tentative un affreux mal de crane me secoua, m’irradiant jusqu’à chaque extrémité. Je m’abandonnai donc à l’immatérialité de mes sensations, abandonnant définitivement la moindre tentative de comprendre ce qui se passait ou simplement de réagir. Quelque chose changea alors, la résonance des voix lointaines peut-être. Le froid s’éclipsa alors de ma joue en même temps que le poids qui pesait sur tout mon corps. Je volais ? Va savoir, en tout cas, la chaleur était devenue étrangement ‘chaude’ et rassurante. Je me laissais entrainer par cette brise réconfortante. Le bruit incessant s’estompa alors, remplacé par des sons lourds et cadencés, des tambours ? Le rythme continua, avalant ce qui restait d’autre fond sonore, puis, soudain, ce fut le silence. La chaleur apaisante céda la place à un atterrissage doux et contrôlé. Il faisait frais à présent. Je regrettais la douce chaleur d’antan. Quelques part sur mon front je la sentie à nouveau, alors qu’une douce mélodie s’élevait quelques instants. Une voix ? Je me concentrai, voulant saisir la source de chaleur au niveau de ma tête.
Mes doigts se refermèrent sur sa main. Je la fis glisser alors jusqu’à ma joue. La tenant contre, les yeux clos. C’était tellement agréable. Mes lèvres s’entrouvrirent alors, laissant enfin s’échapper quelques mots :

« C’est chaud… »

Deux mots déjà un bon début. Je me sentais presque de retenter une ouverture de mes yeux. Je forçai donc mes paupières sans plus attendre. Miracle ! J’entrouvrais mes yeux brulants (un début), même si je ne parvenais rien à discerner dans le noir. Doucement je revenais à moi. Que c’était-il passait ? Je me souvenais du défi lancé par Luke, de notre bataille acharnée. Et… Si je me réveillais ici ça voulait dire que… Je me figeai sur place. Je ne voulais pas y croire, non, non… Je m’étais battu si fort pour le vaincre, pour ne pas perdre et je me retrouvais ici… L’évidence m’échappa alors dans un souffle :

« J’ai perdu… »

Mes lèvres tremblèrent alors que je sentais le chagrin monter. Des larmes ne tardèrent pas à rouler sur mes joues. J’avais déjà assez mal aux yeux comme ça. Je les refermai écœuré. J’étais vraiment nul. Un concours de boisson ! Je tenais l’alcool ! Comment avais-je pu me faire battre ?? Une de mes pensées me revient alors. Jay, « Si je gagnais ce combat, je pourrais réussir à le récupérer ». Je ris intérieurement, me moquant de moi-même. J’aurais dû gagner en temps normal. N’était-ce tout simplement pas un signe ? Celui qui me disait que c’était foutu quoi que je fasse. J’étais vraiment ridicule au possible. J’eus envie de serrer les poings, mais ma deuxième main se referma sur une autre. Euh, à qui était-elle au juste ?

Alors que Jay recoiffait Holden, ce dernier bougea et lui prit la main avant de la glisser contre sa joue. Le chanteur sentit son coeur s’affoler dangereusement dans sa poitrine, comme si il cognait contre la paroi. Cela faisait méga mal, peu importe ce qu'il dise ou ce qu'il pense, le résultat était le même : il était amoureux de Holden Turner. Celui ci prononça trois mots qui sortirent Jay de son mal. Etait il si bourré que ça ? Vu son état il n'y avait pas de doute à avoir là dessus. Le chanteur lui laissa sa main car il n'avait pas envie de l’enlever et puis quelque part ça rassurait son ami de savoir qu'il n'était pas tout seul non ?
Les yeux de son interlocuteur s'entrouvrirent avec du mal mais se refermèrent rapidement. ce n'était pas grave il valait mieux qu'il se repose. Puis Holden sortit alors qu'il avait perdu dans un souffle que Jay entendit à peine mais les larmes qui suivirent elles, il les voyaient parfaitement.

- Holden...

Cela lui faisait mal de voir l'homme qu'il aimait ainsi, surtout pour avoir perdue pour un défi de boisson. Il sentit la main d'Holden se resserrer dans la sienne. La frustration ?

- C'est pas grave si t'a perdue...pour moi t'es toujours le meilleur et ça m'empêche pas de t'aimer...

Pourquoi est ce qu'il lui disait ça maintenant au juste ? Peut être parce qu'il y avait une chance sur deux que Holden ne s'en souvienne pas ou bien que Jay avait trop mal pour le garder pour lui. Il n'y avait personne aux alentours pour se livrer alors voilà, pas d'autres choix que de le dire directement au concerné.

Ma main se resserra sur une autre main. D’un coup je me senti drôlement con. Je restai un instant en suspens. Il m’avait semblait entendre mon prénom ? La personne me connaissait ? Nan, ce n’était tout de même pas Emilie qui revenait à la charge ? Je clignai des yeux, chassant les larmes et essayant d’y voir, mais bordel pourquoi il faisait si sombre ! La voix familière reprit je compris un mot sur trois soit perdu, meilleur et je t’aime… What the fuck ??? Ça ne pouvait être qu’elle pour me faire une déclaration ! Je ne voyais pas qui d’autre de tout façon ! A moins que je n’eus tapé dans l’œil de quelque invité présent lors de mon combat. Je relâchai la main que j’avais apparemment tenue contre ma joue. Ça me révulsait à présent. Comment avais-je pu aimer qu’elle me touche ??? Je touchai ma joue du bout des doigts. Non… C’était indéniable. J’avais aimé qu’elle me touche. J’avais déjà ressenti une chose similaire. Mais seulement quand lui que j’aimais m’avais effleuré. Cela voulait dire… que je l’aimais elle maintenant ?? Nan ! Ridicule ! Je lui avais menti ! Ce n’était qu’une excuse pour ne pas qu’elle pense que j’aimais Jay ! A moins que… Je n’en étais plus certain maintenant, mais si c’était justement le cas. Si j’avais voulu rétablir inconsciemment la vérité ? J’aimais donc Emilie ?
Je me remémorais son visage, c’est vrai qu’elle était mignonne et amusante, mais Jay… Bon attends ! Ne nous affolons pas. Il me suffisait de vérifier si j’avais bien oui ou non des sentiments pour elle. Je posais ma main sur la sienne, le cœur battant (mauvais premier signe), avant de me faire une idée de là où sa tête pouvait bien se trouver. Je me redressais alors difficilement, ne pipant toujours aucun mot. La lumière qui filtrait entre les interstices des volets commença à me donner une vague idée de sa silhouette. Je lâchai sa main, posant doucement mes mains sur son visage. Je restai là quelques instants, hyper concentré. Il ne fallait pas que je me rate et que j’embrasse genre son nez. Je m’approchais donc doucement puis doucement puis plus doucement puis je fis mouche. Je sentis ses lèvres, son souffle, un instant et je m’en emparais. Je fermais les yeux, me laissant emporter par ses lèvres que j’avais l’impression de connaître mais surtout qui me donnaient l’impression d’être faite pour embrasser ma bouche. Je relâchais ses lèvres à contre cœur, cependant l’évidence était là, irréfutablement je me sentais attiré par elle. Dans mes tripes, dans tout mon être, chaque partie de moi convergeait vers elle.
L’étape suivante fut moins amusante, je rouvrais les yeux, totalement désorienté alors que mes brusques gestes avait fait ressurgir ma chère et tendre migraine. Je retombais donc mollement sur le lit, me tenant ce qui me semblait être une sphère transpercée par des milliers d’aiguilles. Aucun son ne sortit plus de mes lèvres, je restais là, les muscles tendus et crispés. Je fermai les yeux le plus possible jurant contre moi-même :

« Bordel ça fait mal ! »

Ma voix ne fit que me transpercer les tympans et je couvrais donc mes oreilles à la place de mes tempes. Je n’avais qu’une envie, que le sommeil m’emporte une bonne fois pour toute. Plus rien ne tournait rond ici de toute façon ! J’étais sûr d’aimer Jay et voilà que j’aimais Emilie. C’était n’importe quoi ! J’allais bientôt me réveiller de mon cauchemar et je serais en train de gagner ce foutu duel ! Il le fallait, juste que je me réveille…

Sans un mot Jay regarda Holden se redresser dans la pénombre dans la pièce. Il ignorait si son ami l'avait reconnu ou pas...mais vu l'état dans lequel il était cela m'étonnerait beaucoup. Le chanteur voyait bien que les gestes de Holden étaient flous mais pourtant la main du blondinet trouva quand même le visage de Jay. Quelle douce torture que voilà...Normalement il aurait dû chasser cette caresse qui ne faisait que augmenter son mal mais ce soir non il n'avait pas envie. Peut être que l'alcool le rendait plus gentil en amour pour qu'il accepte ses sentiments envers Holden. Ce dernier d'ailleurs s'était rapproché dangereusement du chanteur, qui fixait avec un point d'interrogation énorme posé sur le visage le blondinet qui devenait de plus en plus proches. Et puis des lèvres se posèrent sur les siennes, avec un goût alcoolisés. Jay ferma les yeux profitant de ce baiser, quand bien même celui qui animait son coeur n'était pas très lucide. A contre coeur Holden rompit le baiser puis se rallongea sur le lit avant de s'exclamer qu'il avait mal. A la tête devrait être plus précis. Le chanteur serra brièvement la main de son ami :

- Je reviens...!

Il devait bien y avoir des médicaments dans cette baraque. Jay se leva et sortie de la chambre à la recherche de la salle de bain qu'il finit par trouver. C'était bien qu'il y'en ai deux car le chanteur n'avait pas envie de retourner en bas. Le chanteur fouilla dans les placards et finit par trouver du paracétamol pour les maux de têtes. Vraiment il se demandait ce qui passait par la tête d'Holden pour se forcer ainsi. Il y avait des moments où il fallait avouer sa défaite. Le chanteur attrapa un gobelet en plastique et versa de l'eau du robinet dedans pour que son ami puisse boire et prendre le cachet.

Il sortie de la salle de bain et retourna dans la chambre auprès d'Holden et le redressa un peu.

- Tiens, bois ça tu ira mieux après

Il lui aurait volontiers donner un calmant pour qu'il dorme mais vu le taux d'alcool dans le sang il ne valait mieux pas. Jay l'aida donc à prendre son paracétamol et le ré-allongea.

- Tu devrais te reposer maintenant, je reste là t'en fais pas

Sur ces bonnes paroles la porte s'ouvrit sur Luke qui venait voir si ça allait. C'était sympa de se préoccuper de l'état de santé de son adversaire.

- Bah il est comme quelqu'un qui a trop bu mais il s'en remettra

- Ok...si tu as besoin de quelque chose n'hésite pas Jay

Le chanteur hocha la tête en remerciant Luke avant de se retrouver à nouveau seul avec son ami.

Mon mal de crane m'épuisait. Heureusement Emilie partit en vitesse me chercher des médicaments relâchant ma main. Je restais là. Calmé. Je ne voulais pas qu’elle revienne. Je ne voulais plus de tout ça. Et la fête n’était pas finie, j’avais encore envie de m’amuser ! J’essayais de me redresser, à bout de souffle. Il faisait tellement chaud ici, s’en était presque insupportable. Je restai assis, en appui sur mes bras, l’esprit soudain vide. Peut-être que je pouvais prendre ma revanche sur Luke à présent ? Je m’en sentais capable (ou presque). Je fus pris d’un nouveau vertige, la vision noircie, et je me laissai à nouveau tomber sur le matelas avec l’étrange impression de ressentir les choses en retard par rapport à la réalité. Je restais étendu les yeux clos, des battements cardiaques frappant mes tempes en cadence.

Un autre bruit vient si mêler, mais je n’eus pas le temps de l’identifier que quelqu’un me surélevait pour me faire avaler quelque chose qui me ferait me sentir mieux apparemment. Je buvais donc le breuvage exquis avec une forte envie de vomir. Il me conseilla ensuite de me reposer, me rallongeant et m’assurant qu’il resterait là. Mais c’était qui ? Je ne réagissais pas, les membres trop engourdis à présent et le front humide de sueur ? Très glamour tout ça. J’entendis une nouvelle personne faire son entrée pour demander de mes nouvelles. Mon sauveur me prêta tous les symptômes ravageurs de la gueule de bois avant d’assurer à notre invité que je m’en remettrai. L’invité assura alors à Jay qu’il était là s’il y avait besoin de quoi que soit. C’était donc Jay qui m’avait apporté les médicaments et non pas Emilie. Ouf, depuis notre baisée je ne pouvais plus supporter le fait d’être près d’elle. Je n’avais pas choisi ces nouveaux sentiments et je ne voulais pas les affronter.

Mes doigts se refermèrent sur la couverture alors que je sentais la présence de Jay non loin de moi. Je n’osais pas bouger et d’ailleurs je ne m’en sentais plus la force à présent. J’avais un mauvais goût de médoc dans la gorge et l’impression de me trouver dans un four à pain, au milieu des flammes dansantes. Peut-être était-ce un avant-goût de l’enfer dans lequel je ne tarderais pas à bruler ?

Une goutte roula de la tempe vers le bas de mon visage. J’avais l’impression de me réveiller d’un ancien cauchemar. Je me souvenais avoir rêvé que l’on me brulait au fer chaud et en me réveillant mon dos me brulait et irradié littéralement. Cette fois il ne s’agissait pas que de mon dos. J’aurais était recouvert pas trois édredons que je n’aurais pas eu plus chaud. La gorge sèche je fis donc ce que je savais le mieux faire dans ce genre de situation :

« Jay, j’ai trop chaud, j’en peu plus là »

Appeler à l’aide, il me semblait que l’on aurait pu faire frire des œufs sur moi, c’était plutôt répugnant de m’imaginer en plancha mais bon tout cela n’était que métaphoriques, je ne comptais pas servir d’ustensile de cuisine.

Jay avait l'impression que c'était de sa faute si Holden était dans un tel état. A son retour dans le quartier il avait apprit que durant son absence le blondinet était devenu un vrai débauché, en même temps pour se taper la meilleure amie de celui qu'on aime il faut vraiment avoir un grain dans le cerveau. Et puis au final l'amour était réciproque ou bien peut être plus vu ce qu'il avait aperçu à la fête de Noël. Est ce que ça faisait plus mal de le voir avec quelqu'un d'autre ou de supporter de devoir garder un coeur qu'il n'arrivait pas à offrir ?
Le destin frappait à nouveau, jouait avec lui en les réunissant à une fête d'anniversaire où il avait une probabilité quasi inexistante que Holden y soit. Mais non ce dernier comme par hasard connaissait la soeur du héros du jour. Jay soupira et passa une main sur son visage devant tant de misère. La voix du malade le rappela à l'ordre. Apparemment il avait chaud, en effet des gouttes perlaient sur son front.

- Je reviens

Il ne tilta même pas sur le fait que son ami l'avait appelé avec son prénom et se leva avant de retourner dans le couloir. Il fouilla presque toutes les pièces, dérangeant un max de personnes et finit par trouver un seau. Rapidement il alla le remplir d'eau glacé et prit un gant de toilette avant de revenir dans la chambre.

- Désolé...ça a prit du temps

Il se pencha vers Holden et déboutonna la chemise de ce dernier puis il posa ses fesses sur le rebord du lit près de la tête de son ami. Il plongea le gant dans l'eau et lentement passa le linge humide sur son front et son cou.

- Pardonne moi Holden...je n'ai jamais voulu te faire souffrir...mais il semble que même sans le vouloir je fais du mal

Devenais-je irritable alors que la chaleur me prenait tout entier ? Va savoir ! J’avais tout de même appelé à l’aide et Jay avait répondu à l’appel. Je devrais songer à le remercier pour tout ce qu’il faisait pour moi. Les gens s’habituaient à tort à la gentillesse des personnes généreuses oubliant au bout d’un moment que cette gentillesse qu’ils trouvaient au début exceptionnelle (car de nos jours elle se fait rare) l’était toujours tout autant même après que le temps à en profiter ait beaucoup passé. Enfin. Tout ça pour dire que je me retrouvais à nouveau seul, bien au chaud dans moi ou mes vêtements, enfin dans cette pièce. Je me mis donc à réfléchir aux différents sens du mot chaleur ne parvenant pas à me rafraichir le moins du monde. La voix de Jay arriva alors à point nommée, me sortant de ses pensées futiles pour s’excuser du temps qu’il avait mis à me porter secours. Je lui répondais d’une voix fatiguée :

« Non ça va ne t’inquiètes pas »

J’étais loin d’être au bord de la mort, je n’avais que des bouffées de chaleur ! Pas de quoi fouetter un chat. Enfin, je l’entendis se rapprocher de moi, avant d’ouvrir timidement les yeux. Il faisait tellement chaud, je m’étonnais qu’ils n’aient pas encore fondus. Il s’assit donc près de moi, avant de déboutonner ma chemise. Je ne pus m’empêcher de rougir ce qui de toute façon ne devait pas se voir vu l’obscurité et la chaleur qui me recouvrait déjà. Il trempa alors le gant avant de me le passer sur le front et le cou. Au contact du tissu froid et humide je ne pus m’empêcher de frissonner légèrement, fermant les yeux d’un coup et ponctuant tout cela d’un « C’est froid ».
Le contact avait beau surprendre, cela n’empêchait pas que cela faisait vraiment du bien. Je profitai du contact rafraichissant, les yeux fermés. C’était vraiment agréable comme un cocktail glacé sur les plages de Cuba. Mes pensées convergeaient vers d’agréables souvenirs quant Jay intervient à nouveau, me demandant pardon car il n’avait jamais voulu me faire du mal. Il posa sa constatation personnelle selon laquelle il faisait du mal quoi qu’il arrive et ce même malgré lui. Je rouvrais les yeux, l’observant un instant avant de lui dire sérieusement :

« C’est une chose commune que de blesser les autres, ça n’a plus rien d’extraordinaire, si ce n’est que de s’en rendre compte. Le savoir, je pense, c’est déjà un pas pour régler le problème. Et puis même si les amis se blessent, ça n’empêche pas qu’il se pardonne Jay, moi je ne peux plus t’en vouloir. Alors ne t’inquiètes pas »

Le temps était un facteur important dans ce genre de situation et quand on n'était pas chez soi on perdait du temps inutilement pour chercher quelque chose en particuliers. Jay était inquiet pour Holden et lorsqu'il revint avec le nécessaire dans sa chambre il fut soulagé de voir que son ami était toujours vivant. Il s'était excusé de sa longue absence et avait commencé à éponger le visage de Holden pour le rafraichir. Ce dernier avait frissonné en précisant que c'était froid. C'était le but, au moins il ne ressentait pas que du chaud, et ça faisait du bien.
Pour occuper le silence Jay se mit à parler, s'excusant d'avoir blessé Holden et sachant très bien que c'était de sa faute si son ami se trouvait dans un tel état. Jamais auparavant il n'avait été aussi loin. Le chanteur avait apprit pas mal de chose sur les activités du blondinet pendant son absence et autant dire que ça ne lui avait pas vraiment plu.
Même par amour Jay ne se mettrait pas dans des situations pareils, même si son état était proche du zombiesque il ne viderait pas son mal dans l'alcool ou dans la drogue. Il préférerait passer sa vie enfermé dans sa chambre à contempler son plafond blanc jusqu'à ce que quelqu'un décide de lui faire bouger son cul, comme Holden l'avait fait à une époque.

Les yeux de Jay croisèrent ceux de Holden qui avait répondu qu'il ne pouvait plus en vouloir et donc qu'il lui pardonnait. Ca aurait été avec plaisir que le chanteur se serait arrêté là mais non. Il était coupable de ses actes, c'était de sa faute si le blondinet l'aimait. Il lui avait pourtant dit de l'oublier mais lui même n'y arrivait pas alors Jay ne pouvait pas le blâmer pour ça.

- Je suis quand même désolé de tout ce que tu as du subir par ma faute...Ce n'était pas contre toi ce que j'ai dit l'autre jour, si je pouvais je le ferai mais je n'ai pas assez de cran pour franchir ce maudit pas ! Je comprend ta souffrance de ne pas pouvoir être avec la personne que l'on aime...

L'alcool ou démoniaque ou drôle ou encore mauvais, cette soirée aucun des trois, j'étais tombé à présent dans l'alcool sérieux. Alors que Jay était en train d’éponger ma fièvre, il avait entamé des excuses qui nous menèrent tout droit vers une discussion qui ne convenait ni tellement au contexte de la soirée ni même au lieu. Cependant rien ne nous arrêtait, je lui dis que je ne lui en voulais plus, (du moins c’est ce que je pensais à cet instant précis) et qu’il n’avait plus à se blâmer pour quoi que ce soit. Jay ne sembla pas cependant convaincu et repris de plus belle. Assurant que tout ce qui m’était arrivé était de sa faute. Je n’étais pas totalement d’accord, après tout j’avais moi-même décidé de comment noyer mon chagrin, j’étais loin de le faire de manière conventionnelle et encore plus loin d’être excusé pour raison sentimentales. Il poursuivrait m’expliquant que ce qu’il m’avait dit l’autre jour n’était pas contre moi. Je fronçai les sourcils, la dernière fois que nous avions sérieusement échangés quelques mots était la fois où nous nous étions rendus à la fête de noël. Le fait qu’il me demande d’être à nouveau son ami n’était donc pas contre moi, qu’est-ce que ça signifiait ? Qu’il ne m’avait pas juste demandé d’être son ami pour aller contre mes sentiments d’amour pour lui ? S’il en avait le cran, il franchirait le pas. Mais de quoi parlait-il ? Cela devenait à ni rien comprendre. Pourtant son expression elle était vraiment… Vraiment… Je sentis alors mes battements cardiaques qui percutaient peut être ma cage thoracique depuis un petit instant non-négligeable. Je sentis le feu me monter aux joues, pourvu qu’il ne remarque rien, nous étions amis à présent, il ne fallait pas qu’il l’interprète mal et décide de couper vraiment les ponts avec moi !

Je me répétais intérieurement : Amis, amis, amis, amis… Cependant son discourt n’était pas encore achevé. Il poursuivait en disant qu’il me comprenait, lui aussi savait qu’elle souffrance nous écrasait lorsqu’on ne pouvait être avec la personne que l’on aimait. Je m’arrêtais net. Jay était amoureux ? Maintenant ? Là ? Il me l’annonçait comme ça. Je sentais mes yeux vibrer sous l’annonce de cette nouvelle. J’étais son ami mais là c’était trop rapide, le savoir amoureux, peut-être même passionnément. La curiosité me brulait autant que l’horreur. Le même constat que ce soir de noël, être condamné à le voir aimer et être aimer en devant l’encourager. J’avais mal. C’était idiot, au vu de ce que j’avais ressenti tout à l’heure aux côtés d’Emilie, à moins que je ne les aime tous les deux. Enfin, cela n’était peut-être même qu’un caprice de ma part de ne pas vouloir me séparer de ses sentiments. Lui s’occupait bien de moi malgré la position gênante dans laquelle je l’avais mis. Je n’avais pas le droit de faillir de mon côté. Je lui offrais alors mon meilleur faux-sourire, faux par ma tristesse, mais ce que je lui dis ne l’étais pas :

« Ne t’inquiètes pas, tu finiras par y arriver j’en suis sûr ! Toi aussi tu as le droit d’être heureux comme tout le monde. »

Comme moi… ? L’alcool triste me prenait. Je refermais les yeux ne voulant pour rien au monde me trahir. Tout cela risquait d’être bien compliqué à l’avenir.

Pourquoi se livrait il maintenant, dans une situation pareille quand Holden était allongé sur un lit à la limite de s'endormir là. Il y avait vraiment un truc qui clochait chez lui. Pourtant son ami n'allait pas mourir alors pourquoi lui avouer, enfin il ne semblait pas avoir compris que le chanteur parlait de lui depuis tout à l'heure. D'un côté Jay se sentait soulagé mais d'un autre côté il était quand même peiné alors qu'il avait réuni son courage, ou plutôt l'alcool l'aidait un peu à se livrer c'était vrai. Heureusement qu'il n'avait pas atteint son quota de verre.

- Je ne pense pas...la personne en question ne le voit même pas...enfin tu devrais te reposer je vais arrêter de t'embêter

Le chanteur arrêta de l'éponger et regarda ce visage qui ne voulait pas le quitter depuis l'hôpital. Ca faisait vraiment mal et il n'arrivait pas à l'oublier, marqué à vie par cet amour impossible. Jay soupira et alla ouvrir la fenêtre pour s'aérer un peu commençant à suffoquer dans cette pièce sans pouvoir toucher l'autre personne qui était présente. Holden l'avait t-il reconnue quand il l'avait embrassé ? Ou bien prit pour quelqu'un d'autre ? Après tout le blondinet avait très bien pu réussir à l'oublier sans aucun soucis. Il avait suffit de le voir avec la Scarlett à la fête de Noël pour se poser la question. Il fallait avouer que lui même avait été débile de proposer une amitié...

Versatile, c'est ce qui me définissez le mieux. Je venais de passer du sérieux à la tristesse, en un instant, me refermant comme un nénuphar à l'aube. Belle image. Jay m'appris que la personne qu'il aimait ne l'avais pas remarquer. Eh ben merde. Quelle personne idiote! Déjà Jay l'aimait, ce qui semblait déjà relever d'un certain miracle mais en plus, en plus! Cette personne ne le remarquait pas! J'avais vraiment des envies de meurtre. Et à côté de cela, j'avais vraiment envies de ne plus me soucier de rien et d'être juste avec Jay, ami ou plus, peu importe. La seule chose que je voulais alors qu'il se levais pour aller ouvrir la fenêtre, juste après avoir dit qu'il me laissait tranquille, c'était qu'il revienne et que je... je l'embrasse! Un vrai caprice oui et cette versatilité. La tristesse de le savoir aimé une autre personne m'abandonnait pour ce désir fougueux. Comment y résister, je pouvais de mémoire retracer chaque trait, chaque courbe de son corps et de son visage tellement son image était encrée en moi. Alors là, maintenant que je quittai ma tristesse, je ne pouvais plus supporter l'idée de perdre davantage de temps au lieu de fêter avec lui. Je lui dis alors après avoir déglutis:

"Jay, Viens, la fête est pas encore fini pour nous, il est encore temps de s'amuser."

Je le regardais droit dans les yeux avant de lui faire un petit sourire timide. Il allait surement me prendre pour un fou mais bon il savait à quel point je pouvais être changeant (du moins je l'espérais). J'essayais de me redresser voir si c'était encore possible. Ma tête me tourna et ma vision revira au noir. Je perdais à nouveau l'équilibre et ma tête retourna à sa place sur le lit. Je jurai en grognant, tenant Jay au courant:

"Attend je me concentre et je suis à toi!"

Très dur de se concentrer dans ce genre de situation, je clignai bêtement des yeux, cherchant à chasser l'obscurité de mes yeux. Doucement je récupérer mon acuité. Parfait. Je relâchais ma tête avant de me redresser vers Jay. Pour lui demander le plus naturellement du monde:

"On y va?"

L'air frais lui faisait du bien, rafraichissant son visage rendue chaud par l'alcool et la chaleur de la pièce. Enfin ce n'était pas seulement dû à la chambre mais aussi par la personne qui s'y trouvait avec lui. Il n'y avait pas un chat dans la rue, seul le bruit de la musique brisait le silence de la nuit. Jay suivit du regard une petite ombre qui venait de passer, sans doute un chat, perdu dans ses pensées sombre. la voix de Holden l'interpella et le chanteur se retourna vers son interlocuteur qui voulait retourner en bas faire la fête. Il avait l'air très sérieux mais Jay n'était pas sur que son ami soit rétablie pour repartir s'amuser.

- Je ne suis pas sur que ça soit une bonne idée

Holden tenta quand même de se redresser et perdit l'équilibre quelque secondes après l'obligeant à retourner sur le lit. Jay soupira et referma la fenêtre, le blondinet était vraiment têtu. Le chanteur n'avait pas envie que son ami fasse un malaise et qu'il soit obligé d'appeler une ambulance à cette heure ci. Holden lança alors qu'il devais se concentrer puis se redressa à nouveau mais cette fois ci il tint bon. Quelque part Jay avait envie de rejoindre la fête pour oublier ses malheurs mais d'un autre côté il se sentait inquiet pour le blondinet.
Jay s'avança vers Holden et se tint devant lui pour dire :

- Ok mais tu bois pas trop alors et si tu te sens pas bien on arrête compris ?

Il attendit son approbation puis les deux hommes sortirent de la chambre avant de descendre rejoindre les fêtards. L’ambiance était toujours aussi folle et alors qu'ils avançaient certaines personnes se mirent à chuchoter, montrant Holden près de lui. C'était très bâtard de se moquer d'un mec qui aurai pu finir à l’hôpital, ou bien était ce pour autre chose ?

- C'est ça marrez vous...bande de cons...

Marmonna t-il dans sa barbe avant d'aller se servir un verre de vodka.

Show must go on ! La fête n’était jamais finie, et de multiples efforts me repoussèrent sur mes pieds, prêt à convaincre Jay. Celui-ci ne semblait pas trop assuré pour la suite et me fit promettre de ne plus toucher à l’alcool. Ça va je n’étais pas un gamin tout de même. Je ne n’avais pas besoin qu’on me dise quoi faire ou non. Je lui donnais néanmoins mon approbation légèrement agacé, après tout je lui avais gâché sa fête alors mieux valait ne pas le contrarier.
Nous quittions donc la chambre. Dans le couloir la lumière me brula les yeux et je me rendis compte que j’aurais mieux fait de rester allongé. Trop tard, il était hors de question de faire demi-tour, j’avais une réputation à tenir. Je serrais donc les dents continuant dans ce numéro d’équilibriste avant de m’attaquer à un défi de taille les escaliers. Je suivis donc Jay, effaré au possible de ces 23 marches à descendre. Une à une je les franchissais donc sans que rien ne puisse se lire sur mon visage, autre que mon sourire béat de soirée. Nous gagnions enfin le pallié principal. Je me soulageais intérieurement, cependant il m’en fallait vite, avant que je tombe dans les pommes. Jay marmonna un truc avant de se diriger vers le bar. Je bifurquai donc à droite vers la cuisine, tentant pour une fois de ne pas me faire remarquer. Deux, trois gars se trouvaient déjà là, plaisantant avec leur bouteille en main. Merde, pourquoi fallait-il que chez les autres il y ait toujours quelqu’un dans la cuisine ? Je ne me dégonflais pas leur souriant, vu qu’ils m’observaient depuis mon entrée avant de leur demander s’ils savaient où je pouvais trouver du sucre. Aucun ne savait comme par hasard, j’entrepris donc de le chercher tout seul. Je commençais par les placards du bas : assiettes, plats, casseroles, produits d’entretiens, pas de sucre. Et merde, mon premier choix était à nouveau merdique au possible. En haut donc, j’ouvrais un premier placard : céréales, farine, gâteaux et sucre ! Je savais que mes yeux s’étaient mis à briller, je tendais donc tout naturellement ma main vers l’objet tant voulu, mais comme s’il s’agissait su soleil, ma main ne put que l’attraper de loin, de manière factice. Je trépignais intérieurement de rage, combien de centimètres me manquait-il au juste ?? 10 ? 15 ? 2 ? Pas moyen de le savoir.
Une main surgit alors dans mon champ de vision, se refermant sur le paquet de sucre à ma place. Mes yeux s’arrondirent de stupéfaction ou d’horreur, alors que le sucre disparaissait de ma vue. Je me retournais donc pour voir apparaître le visage souriant de…Luke ? Qu’est-ce qu’il foutait là ? Mon regard interrogateur l’obligea alors à me donner une explication :

« Des gars m’ont prévenus que le mec qui s’était évanoui traquait du sucre dans la cuisine à quatre pattes sur le sol, je ne pouvais pas manquer ça ! Alors pourquoi tu n’es plus dans ton lit ? »

Je glissais un coup d’œil dans la pièce, les trois mecs n’étaient plus là, on m’avait balancé ! La cavalerie était donc là, je lui souris attrapant lentement le sachet de sucre dans sa main, qu’il ne lâcha pas cependant :

« Je vais mieux ! Je ne voulais pas manquer une minute de plus de ton anniversaire ! Et le sucre s’est parce que je n’ai rien mangé, je vais tomber dans les pommes si je n’en prends pas… »

Il lâcha donc le paquet, j’attrapais un verre vide qui trainait le remplissant de sucre jusqu’en haut, avant de le vider dans ma bouche. Je me retrouvais donc avec des bajoues de hamster le temps de tout avaler sous les rires de Luke. Je me sentais incroyablement mieux. Je revenais vers Luke lui en lui disant :

« Je te préviens, prépare-toi parce que je n’ai pas dit mon dernier mot, le prochain duel je le remporterai ! Sur ce, les toilettes m’attendent. »

Je le laissais là pour filer à la salle d’eau me soulager, j’avais pas mal bu en même temps. Je repartis vers la cuisine désormais vide pour piocher dans le frigo…une bombe de chantilly. Parfait, ça pourrait toujours servir, maintenant il me fallait trouver Jay ou Emily ?

Il avait suffit de cinq secondes d'inattention, le temps de se servir un verre, pour que Jay se retrouve seul. Holden s'était envolé ou l'avait tout simplement pas suivi pour aller il ne savait où. Bien que son ami soit assez grand pour se débrouiller tout seul ce n'était pas sur que vu son état cette règle soit applicable. Le chanteur avait vidé d'une traite son verre pour ne pas s'encombrer du gobelet puis était partie à la recherche du blondinet. L'alcool n'aidant pas, chaque fois que Jay voyait un blond il pensait que c'était Holden mais au fur et à me sure qu'il s'approchait de la personne ce n'était pas lui. Il embêta plusieurs personnes comme ça avant de trouver un pan de mur tranquille. Où est ce que cet imbécile était donc passé ?

Jay essuya la sueur sur son front dû sans doute à la chaleur de la salle avec toutes ces personnes qui se dépensaient sur la piste. Il aurait bien besoin de prendre l'air tiens mais pour le moment il devait trouver Holden. Jay repartie dans son enquête ne voyant plus trop où est ce qu'il mettait les pieds. Les spots lui faisait mal aux yeux avec leur changement de couleur en passant du rouge au vert sans oublier le bleu ainsi que le jaune. Le chanteur ne tarda pas à rentrer dans quelqu'un avec sa vision réduite. Ouf, ce n'était que Luke !

- Fais attention où tu marches mec ! Si tu cherches ton pote il doit être dans la cuisine en train de vider le sucre

Évidemment, comment Jay n'y avait il pas penser plus tôt ? Il remercia son hôte puis partie donc dans la cuisine où effectivement Holden s'y trouvait avec une bombe de chantilly à la main.

- Ah bah t'es là ! J'tai cherché partout !

Le chanteur s'adossa au mur manquant de peu de tomber en loupant son appuie mais fit comme si ne rien n'était. Il se sentait très fatigué et serait très bien capable de s'endormir tout de suite. En tout les cas son regard était fixé sur le blondinet, cherchant à le dé-flouter.

Je venais d’attraper une bouteille spray de chantilly, définitivement résolu à en user pour mon plus grand amusement. Je refermai la porte du frigidaire, mon butin à la main avant de me retourner pour voir Jay entrer dans la cuisine. Je souris, ce serait donc Jay. Il me trouva donc là, m’apprenant qu’il m’avait cherché partout. Ah oui ? Il m’avait cherché moi, partout. Je ne pus m’empêcher de lui rétorquer pince sans rire :

« Tu es tellement accro à moi que tu ne supportes plus que nous soyons séparés même une minute ! Eh bien me voilà maintenant tu m’as trouvé et ça tombe plutôt bien pour ce que je voulais faire. »

Je restais là mystérieux, préservant la magie des effets spéciaux. En effet, il fallait bien garder quelques secrets pour faire chavirer les cœurs ! Jay lui s’appuya contre le mur, à côté de la porte du garde-manger (j’avais fouillé toute la cuisine), manquant de perdre l’équilibre. Etait-il possible qu’il soit bourré ? Moi de mon côté je me sentais plus vivant et bien portant que jamais.
Je m’approchais alors de mon ami, la mine légèrement inquiète. Ce soir, en cet instant, tous mes conflits avec lui, toutes mes souffrances, je les avais oubliées. J’avais l’impression d’être revenu au temps de nos sorties de notre camping, les moments où nous étions justes heureux d’être ensemble, sans que tout ne soit si compliqué, sans que ça fasse mal. Dire que c’est moi qui avais tout gâché en lui révélant mes sentiments.
La vie avait suivi son cours et il semblait impossible de faire machine arrière, d’être à nouveau insouciants. Pourtant à cet instant, alors que je le fixai, j’avais l’impression que tout cela n’avait été qu’un terrible cauchemar, irréel, et que la réalité était bien à la joie de notre jeunesse partagée.
Je me penchais vers lui en lui faisant ma bouille innocente avant de lui demander :

« T’es sûr que tout va bien Jay ? T’as pas l’air dans ton assiette… Attend je vais te remonter le moral »

Je reculai les yeux malicieux, décapsulant la bombe de chantilly dans mon dos. L'autre qui s'attendait forcément à quelque chose resta immobile en bonne proie avant que moi (le prédateur) je me lance subitement sur lui. Ma main rapide, ne tarda pas à soulever son t-shirt avant que l'autre n'en spritch sur le ventre de Jay. Je riais de ma blague, traçant un grand cœur à la chantilly sur ma victime avant de signer d’un H à l’intérieur et de m’enfuir lentement en riant. Ce soir, la nuit risquait d’être un doux rêve.

Jay avait enfin fini par mettre la main sur Holden. C'était fou le temps qu'on mettait pour trouver une personne lors d'une fête. Encore plus quand on était pas très lucide. Le chanteur fit savoir à son ami à quel point il avait galéré pour le trouver. Ce dernier ne trouva rien d'autre à dire à part que Jay était accro à lui. Si il savait à quel point c'était vrai en plus. Mais sa dernière phrase était quand même très intrigante.

- Tu voulais faire quoi...?

Jay fronça les sourcils mais abandonna vite l'idée en voyant un mal de crâne pointer son nez. En plus de ça il avait failli se rétamer en voulant prendre appui contre le mur, en espérant que Holden n'ai rien vue. Celui ci venait de faire une bouille trop mignonne, du moins de ce que le chanteur devinait dans sa version flou. Apparemment le blondinet s'inquiétait pour sa santé.

- Si si ça va...!

Les solutions de remontage de moral par Holden étaient vraiment surprenantes. Comme lorsqu'il avait aidé Jay à remonter la pente en l'embarquant dans un camping improvisé au bord d'un lac. Il avait rien voulu lui dire au début pour le forcer à le suivre. Ce mec était vraiment irrécupérable et pourtant le chanteur était tombé amoureux de cet énergumène. Énergumène qui avait un regard étrange digne de la plus grande bêtise qu'il allait faire. Jay ne bougeait pas, de toute façon il était trop à l'ouest pour n'avoir même pas un minimum de réflexe. Cet état de loque lui valut une défaite et surtout d'être imbibé de chantilly sous sa chemise. Interloqué, Jay resta quelques secondes bouche bée avant de bouger son cul pour poursuivre Holden. Il allait le payer ça !

- Reviens ici Holden Turner !

Ma blague faite, je m’étais donc courageusement écarté de ce cher Jay dans le but de ne pas me faire tout de suite étrangler. La sauce ne tarda pas à tomber quand il m’ordonna de revenir en me donnant du Holden Turner. Je me sauvais de plus belle en riant à travers la cuisine avant de lui lancer une nouvelle pique pour le narguer :

« T’es trop méchant j’ai fait un cœur avec un H pour Holden dedans ! »

Et j’accélérai avant de m’engouffrer dans le fameux garde-manger. Je claquai la porte, renversant l’étalage de légume, (malgré le loquet du verrou) pour maintenir la porte fermée. Un peu con-con mais bon. Ni une ni deux je me tournai pour apercevoir une fenêtre riquiqui. Je pouvais tout franchir. Je me tournais une dernière fois vers la porte lançant à Jay :

« Tu m’attraperas jamais je suis le plus fort ! »

Rieur, je retournais à ma fenêtre tirant dessus comme un forcené avant de pouvoir enfin l’ouvrir. Je renversai ensuite un sceau d’eau pour grimper dessus avant de me faciliter le passage vers l’extérieur, la tâche ne semblait pas facile. La tête passa sans difficulté, mais pas moyen pour le reste. Je trépignais avant de finalement songer que me trouver une cachette était peut-être la solution la plus appropriée à cet instant.