Scarlett était en vacances depuis le début de l’été, pourtant la fin de celles-ci approchait et elle avait la sensation de ne pas en avoir assez profité. Elle se retourna dans son lit se demandant ce qu’elle pourrait bien faire aujourd’hui. Ses proches étaient tous occupés ; Elias avait prévu un truc avec ses colocataires. Bryan passerait sûrement la journée avec Rose, Annie se retrouvait entrainée dans une histoire avec son demi-frère, Carl et Eli feraient leur vie de leur côté, Holden était fort occupé avant la rentrée et les Evans étant partis quelques jours, du coup Scarlett ne pourrait pas non plus voir Nate. La jeune femme se réveilla en douceur. Elle se rendit dans la douche et se prépara sans conviction même si elle ne pensait pas sortir de chez elle. Elle descendit ensuite dans la cuisine pour avaler un déjeuner rapide, mais elle eut la surprise de découvrir que sa mère était toujours là… sans doute avait-elle pris un jour de congé ? Scarlett sentit la bonne odeur des pancakes préparés par Arsinoé et elle s’installa à table pour en engloutir quelques-uns. « Si tu savais comme j’adore tes pancakes ! » Dit-elle en se régalant. Sa mère se tourna alors vers elle et lui proposa une journée shopping entre filles. Voilà de quoi occuper sa journée dignement, surtout avec l’argument que fourni Arsinoé de lui offrir toutes les fringues de ses rêves ! Quelle petite fille un peu passionnée de mode refuserait une telle proposition ? Il faudrait être folle ! Et puis, Scarlett se rendit compte qu’elle n’en avait pas vraiment profité pour passer de temps avec ses parents dernièrement… surtout avec sa mère qui n’arrêtait pas de travailler. Mais la connaissant, elle profiterait sûrement de cette journée entre elles pour soutirer quelques confidences à sa fille. Scarlett comprenait qu’Arsinoé cherche à s’intéresser à sa vie et en à savoir un peu plus, mais ça virait parfois en interrogatoire bizarre et c’était peut-être le côté qu’elle aimerait un peu moins dans cette journée. Bon ok, se refaire une garde-robe valait bien quelques petites confidences à sa mère. Elle s’empressa donc d’accepter tout en terminant son pancake. « Et comment que ça me dit ! Fais attention maman, tu me connais. Je risque de te prendre au mot. ». Lâcha la jeune femme d’un ton aussi enthousiaste que celui de sa mère. La bonne humeur d’Arsinoé était souvent communicative sur celle de sa fille. Scarlett sortit de table et allant prendre son sac à main avant de partir pour le centre commercial. Autant commencer en début de journée, si elles voulaient espérer faire ‘tous’ les magasins. Lorsqu’elles arrivèrent à l’intérieur du grand complexe, la jeune Spencer se rappela la belle soirée qu’elle avait passée ici à la Saint-Valentin. Elle avait découvert des endroits insoupçonnés du centre commercial. Elle eut un petit sourire en coin, mais se contint ne voulant pas que sa mère le remarque ou ne lui pose de questions bizarres. Heureusement, Arsinoé semblait plutôt préoccupée à refaire sa garde-robe. C’était donc pour ça qu’elles étaient venues ; aider sa mère à se rhabiller un peu. Dernièrement, elle ne s’était effectivement pas acheter grand-chose pour elle. Scarlett était partante pour l’aider, elle adorait passer du temps avec sa mère dans les magasins, en général elles avaient des goûts assez similaires. Après tout, c’était un peu Arsinoé qui lui avait appris à s’habiller avec l’harmonie et la classe reconnue aux Spencer. Avant de répondre, Scarlett jeta un coup d’œil à quelques vitrines. On sentait la fin des grandes vacances et donc la fin de l’été. Les magasins sortaient déjà les gros pulls et limite les doudounes d’hiver. Quelle horreur ! Il restait quand même quelques beaux mois avant. « Bon, ce n’est pas parce qu’ils ont déjà affiché les collections d’hiver qu’on va s’emmitoufler comme des grands-mères. Tu as besoin de quoi en priorité ? » Répondit alors Scarlett à sa mère. Vêtements, chaussures, manteaux ? Le choix était vaste. La jeune femme attendit donc la réponse d’Arsinoé avant de décider vers quel magasin se diriger.

Scarlett aimait beaucoup passer du temps avec sa mère. Elle avait toujours nourri une certaine admiration pour la femme qui l’avait mise au monde et élevée avec des valeurs bien à elle. On pouvait dire beaucoup de choses sur les Spencer, bizarres et mystérieux, ils n’étaient pas toujours la famille la plus comprise du quartier. Mais Scarlett ne changerait pour rien au monde ses parents, en particulier sa mère qui considérait ses enfants comme la prunelle de ses yeux. Au cours des années, elle avait toujours tenu son rôle sans faille malgré les secrets qui parcouraient la famille. D’ailleurs, Scarlett se demandait quel serait l’état de leurs liens familiaux si Arsinoé ne restait pas autant le pôle unificateur de toute sa petite tribu. La jeune Spencer sortit ensuite de ses pensées et se mit à observer les vitrines à côté de sa mère. L’été touchait à sa fin et les magasins sortaient déjà les collections d’hiver, pourtant Scarlett n’était pas d’humeur à s’emmitoufler dans des pulls et des manteaux bien chauds. Elle sourit néanmoins lorsqu’Arsinoé lui rappela qu’elle ne devrait pas venir se plaindre quand elle gèlerait en hiver sous sa couette. Scarlett ne pensait pas autant à ce genre de détails, comme le faisait sa mère. Si elle trouvait une tenue à son goût, elle craquait sans se soucier de savoir si elle aurait froid ou non. Bien sûr, elle essayait de suivre plus ou moins les saisons, mais à vrai dire elle voulait encore profiter de la fin de l’été. Elle se contenta de tirer la langue comme sa mère venait de le faire en guise de réponse, elles reprirent ensuite leur marche dans le magasin ; Scarlett demanda à Arsinoé ce dont elle avait besoin. Sa mère étant de nature économe, elle ciblait toujours avec un choix minutieux les vêtements nécessaires pour venir garnir sa nouvelle garde-robe. Arsinoé aurait pourtant bien raison de se faire plaisir. Malgré les marques du temps qui commençaient à s’installer sur son corps et son visage, Scarlett trouvait que sa mère était encore une très belle femme. Toujours habillée avec classe et beaucoup de goût, mettant ses courbes en valeur, il arrivait d’ailleurs que des hommes se retournent vers elle pour lui lancer des regards en coin. Arsinoé étant mariée, elle n’avait peut-être pas remarqué ces signes discrets, mais ceux-ci n’échappaient jamais à l’œil observateur de sa fille. Scarlett savait que tout n’était pas rose en ce moment entre ses parents, elle avait l’impression que le temps les éloignait davantage, comme s’ils ne se comprenaient plus comme avant. Et ces derniers temps, ce sentiment n’avait fait que s’accroitre alors que la jeune Spencer voyait sa mère passer de plus en plus de temps à la morgue. Elle ne prenait plus de temps pour elle, et prenait donc peut-être moins soin d’elle. Cette journée loin des morts lui ferait le plus grand bien. La remarque d’Arsinoé lui confirma ses pensées ; elle cherchait une jolie robe histoire d’éveiller à nouveau la flamme dans les yeux de son mari. Scarlett ne put s’empêcher de sourire, ce n’était pas tous les jours que sa mère laissait sous-entendre directement leurs problèmes de couple, mais la jeune femme n’était plus une petite fille naïve et la maman Spencer l’avait bien compris. « Tu es toujours jolie, maman. ». Lui dit-elle non pas parce qu’il s’agissait de sa mère –bon peut-être un peu pour ça-, mais parce qu’Arsinoé avait toujours dégagé un charme et une aura naturelle qu’elle ne soupçonnait pas. « On va te trouver ce qu’il te faut. ». Je suis sûre que papa ne fera qu’une bouchée de toi. Aurait-elle voulu ajouter. Mais même si elle s’entendait très bien avec sa mère, la jeune Spencer aurait trouvé inapproprié de lui dire ça comme elle aurait pu le faire à la copine du coin. C’était sa mère quand même. Scarlett suivit Arsinoé dans le magasin qui lui avait attiré l’œil, lorsque celle-ci lui retourna la question sur ce dont elle avait besoin… peut-être pour attirer un garçon elle aussi. La jeune femme sourit une nouvelle fois tout en rougissant légèrement, elle connaissait la manœuvre détournée de sa mère pour essayer d’en savoir plus sur sa vie amoureuse. Elle profiterait certainement de cette journée à deux pour lui tirer les vers du nez. Pourtant, Scarlett ne le prenait pas de travers. La question d’Arsinoé avait été posée avec beaucoup de délicatesse ; elle s’était toujours inquiétée pour ses enfants, et en tant que mère, il était normal qu’elle s’intéresse à ce qui se passait dans leurs vies. D’ailleurs, elle avait bien remarqué que sa fille n’écrivait plus autant dans son journal… les pensées ailleurs peut-être ? Scarlett farfouilla quelques robes dans le rayon sans encore trouver de perle rare pour sa mère, mais surtout pour se donner le temps de répondre. « Pourquoi pas, selon ce qu’on trouvera. C’est sûr que ce n’est pas les gros pulls d’hiver qui m’aideront pour ça. ». Répondit-elle simplement en souriant à sa mère, avant de se reconcentrer sur les vêtements. Elle fit glisser les cintres mais aucune robe ne sortait du lot pour le moment. Soudain, Scarlett se demanda alors si sa sœur Eli avait pu commettre la gaffe de lâcher un nom particulier devant sa mère.